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Le Castor de janvier 2024
Ce numéro :
Contenu
:
Orson Welles, Franz Josph
d'Autriche, Montesquieu, Gide, Alphonse Allais, Arthur Conan Doyle,
Voltaire, John Dowland, Saint-Simon, Verlaine, Régnier, Jean d'Ormesson,
Ibsen, Beaumarchais, Jean Rosenthal, Diderot, Ponso du Terrail, Anna de Noailles,
Netanyaou (et son orchestre de renom), John le Carré, Agatha Christie, Péguy,
Corneille, Oscar Wilde, Mimi et Isabelle Perrin, Racine et Molière, Félix
Leclerc, Paula Hawkins et IXE 13.
Et voir :
Un INDEX de tous nos numéros,
depuis Janv. 2018 : ICI.
Chroniques
Les chroniques précédentes de nos
correspondants pourront être
à nouveau consultées quand elles auront été révisées et reclassées.
Copernique Marshall
De quoi parlait-on au juste ?
(ou l'art de ne pas se comprendre)
J'ai un ami de mon âge -
ou à peu près - qui m'est très précieux. Très précieux car, plutôt
que me flatter et me dire que j'ai raison, que je suis un exemple d'honnêteté
intellectuelle, que j'ai une mémoire sans faille, que je suis un des rares détenteurs de la vérité dans
certains domaines, etc., etc., ne se gêne jamais
pour me dire que je suis arrogant, dédaigneux, intransigeant, sans pitié
envers ceux qui n'ont pas nécessairement fait les études que mes
parent ont pu me payer, ni fréquenté
le milieu dans lequel je suis né (et
j'en passe, et des meilleurs), ne manque jamais l'occasion de me dire
que, du haut de ma chaire, je prononce régulièrement des jugements sans appels
; non seulement dans tout ce
qui m'intéresse vaguement comme les sciences, la littérature ou l'histoire,
mais en affirmant, par exemple, que toutes les
informations qu'on nous transmet dans les journaux, imprimés ou télévisés
ne méritent pas l'attention qu'on leur donne, ces informations n'étant
qu'une forme déguisée de propagande [*].
[*]
Je me suis permis, tant qu'à y être, et pour ne pas en oublier, de me
mettre sur le dos divers défauts qu'on reproche parfois à mes collègues
du Castor™, y compris - et surtout - Simon Popp qui, après
avoir lu cette note, me signalera sans doute que j'en aurai oublié quelques uns,
dont celui d'être misogyne...
Le problème, c'est que,
de son point de vue, il a parfaitement raison, mais de là à répéter que
je dis constament que tous les journalistes se ressemblent ou que tout ce qui n'a pas été écrit par un groupe
restreint d'écrivains
est, à mes yeux, sans valeur... me semble quelque
peu exagéré.
Voici dans la même veine
ce qu'il m'écrivait récemment à propos, justement, des plus récentes
"nouvelles" :
«Le sujet de l'heure (Hamas, Israël...),
nous fait oublier l'envahissement de l'Ukraine par ordre de Poutine
[...] cette guerre injuste et vaine qui dure depuis...»
(En voulant, j'ai cru
comprendre, attirer mon
attention sur un aspect de la vie auquel je ne devrais pas demeurer
indifférent... - Un autre de mes "défauts")
Voici ce que je lui ai répondu :
(Je vous prie de
pardonner ce qu'il a dû appeler mon
arrogance.)
Cher toi,
Tu m,excuseras mais
les heures inutiles que
j'ai perdues à analyser ce qui s'est passé durant
d'autres événements tout aussi captivants, comme la crise d'octobre ou la victoire
du PQ sur les Libéraux en... (tiens : je n'arrive pas à me souvenir de l'année...) et à d'autres
encore plus remarquables tels que la guerre du Vietnam, la guerre
des Six Jours (sic) ou les assassinats de divers chefs politiques
un peu partout au cours des dernièeres années, m'ont rendu hélas
incapables de me pencher sur ces deux escarmouches (comparés, par
exemples, à la 14-18 ou la 39-45).
Je
n'ai malheureusment plus ni la force ni le courage depuis un bon bout de
temps pour m'intéresser à des événements
qui, d'ici peu, à mon avis, feront partie d'un triste passé, mais vite
oublié.
Ça n'a aucun rapport,
je sais, mais j'ai encore en tête - tu
dois t'en souvenir - la photo de ce soldat qui fit face aux autochtones
lors de la crise d'Oka ou celle de l'énergumène qui ne voulait pas
que son ex-petite amie se fasse avorter. Les deux ont fait la une de nos
journaux pendant des jours, des semaines...
Tu vas me dire que
tout ça n'a rien à voir face à la misère et de la désolation qui règnent
présentement dans la bande de Gaza ou en Ukraine. - C'est que je ne
peux m'empêcher en même temps à celle du dernier tsunami au Japon (et
ailleurs) et à celles qui ont suivi : le dernier séisme à Cuba, les
trois derniers ouragans en Floride ou en Nouvelle Orléans, la tempête
du sciècle, la crise du verglas et le inondations au Saguenay...
Par où commencer ou
par où finir ?
(Voir le poème de
Voltaire ci-dessous. - Note de l'éditeur)
Deux blagues :
(Faut bien rire un peu)
Dans le site de l'UdeNap, présentement en état de restauration, est
mentionné un fait historique d'une grande importance et que la masse des
historiens oeuvrant dans le monde font des efforts pour qu'il soit oublié
et c'est celui d'une grève déclenchée par les profs d'histoire vers 140,
150 ans avant Jésus-Christ qui désiraient que leur salaire soit augmenté suite à la
troisième guerre punique. Bien assez qu'ils avaient
eu à enseigner les causes et les faits des deux premières, voilà qu'on en ajoutait une autre à leur affligeants travaux...
C'est Oscar Wilde qui, arrivant à une soirée, avait l'air fatigué. (Je crois te l'avoir déjà raconté.) - On le lui fit remarquer et il répondit :
"Je crois bien ! J'ai passé l'avant-midi à mettre une virgule dans un poème et tout l'après-midi à
l'enlever..."
Et je poursuis :
J'avais, ce matin, dans la liste de mes TTD de la journée (TTD = "Things To Do"
ou "Choses [importantes] à
faire", une liste de que toute personne intelligente dresse ou consulte tout de suite après son petit-déjeuner), cinq choses dont une, capitale,
qui était de transformer quelques CD en mp3, là depuis plusieurs
semaines et que j'ai immédiatement remis à demain. - Aux quatre autres
dont deux lettres à rédiger absolument avant la fin de la journée, un
rendez-vous à prendre pour mes pneus d'hivers et assister, ce soir, à une
réunion sur les frais de scolarité, j'ai pensé que je pouvais vraiment
pas, aujourd'hui, ajouter "L'Ukraine et la Gaza Srip"..
Tu m'excuseras.
Ce sera pour une autre
fois, mais en attendant, corrige-moi si j'ai tort, le bonheur, la paix, la sagesse - ou un mélange des trois - ne devrait-il pas se pointer quand on se met, avec l'âge, à discerner le futile de l'important ?
Futile ce qui se passe en Israël en ce moment ? - On s'en
reparlera dans dix ans, dans cinq ans, dans six mois.
Et ne va surtout pas me dire qu"il faut que je
prenne position dans cette affaire". Je suis un des descenandats
de ceux qui, devenus résistants
en '47, ont su attendre que le vent tourne dans un sens ou dans l'autre
avant de s'affirmer te;s. Éventuellement, tu verras : j'aurai [eu] raison.
Mais puisque tu en es là :
Qu'est-ce que tu penses du 45e gala de l'ADISQ, des
nouvelles allégations d'agression sexuelle concernant un ancien entraîneur
des Blackhawks, de la première journée de grève du Front Commun, de
la taxe Carbone, des négociations avec les géants du WEB, de la
prochaine comparution en cour de Donald Trump ?
Ton ami, C.
P.-S. :
En ce moment, je suis en plus très occupé à me
demander, le
matin, si je dois quitter la maison à 5h30 ou 9h30 pour éviter les
vagues qui précèdent ou qui suivent les inévitables embouteillages...
J'ai dit "arrogance" ? - Ah, well...
Copernique
Simon Popp
Littérature
et littérature... (Pour poursuivre dans la même veine que le mois
dernier)
Je m'en voudrais de ne pas avoir cité le
mois dernier la boutade
qui suit avant d'avoir écrit encore une fois ce que je pensais de la littérature
où trop souvent les mots ou expressions "plaisir", "esthétique",
"source de renseignement", "communication",
"nouvelles idées", "expression de sentiments",
"récits", "histoire", "états d'âme"... s'entremêlent dans des discussions où chacun veut exprimer ce qu'il
croit en faire partie ou pas d'une activité qui consiste essentiellement
à juger ce que d'autres ont écrit,
mais parfois, aussi, écrire ce que d'autres vont lire.
"Il n'y a que ceux qui ne savent
pas ce qu'est la littérature qui veulent le savoir."
(Jean d'Ormesson)
Car il s'agit là une question
d'autant plus grave qu'on ne lui a pas encore trouvé de réponses
depuis deux ou trois mille ans qu'elle existe et qu'il est grandement temps qu'on s'y
penche...
***
J'ai demandé pour cette édition que la
chronique de Copernique passe avant la mienne parce qu'il y dit clairement
ce qu'il entend par l'Histoire, par rapport à je-ne-sais-plus-qui, qui
disait, que les nouvelles télévisées n'étaient des faits divers
examinés à la loupe.
Le même principe me revient en tête quand on me parle des bons et
des mauvais livres. Qu'on se le dise tout de suite : que ce soit dans le
domaine des romans, des essais, des livres d'histoire et des recettes,
il y en aura toujours des livres bien écrits et des livres illisibles.
Ça c'est mon premier critère quand je décide de poursuivre la lecture
d'un livre que je viens d'entamer..
Mon deuxième est celui de la forme.
J'attache beaucoup d'importance à la manière qu'on s'est pris pour écrire.
Je ne parle pas de si c'est écrit en vers ou en prose, si c'est sous la
forme de dialogues ou si les phrases sont longues ou courtes, si on a
attaché une certaine importance èa certaines rèegles de grammaire, je
parle de la façon qu'on a utilisée pour me dire quelque chose par
rapport à ce qu'on a tenu à me dire en ce sens qu'on en apprend plus en concentrant
son attention sur le comment les gens nous parlent par rapport à ce
qu'ils nous disent.
Mon troisième est un peu plus complexe.
Il s'agit de qu'on veut me dire. Si c'est pour me répéter ce que je
sais déjà, me dire d'une autre façon une vérité de La Palice (un "truisme"
pour ceux qui ne savent pas ce que c'est) ou qu'on essaie
d'attirer mon attention sur un détail d'une chose qui ne m'intéresse
pas, je cesse d'écouter. Pour moi, un livre doit m'enseigner comment
concevoir une réalité différente de celle dans laquelle je crois
vivre.
Un exemple :
Dans Citizen Kane d'Orson Welles, la
dernière scène, le dernier plan filmé donne un tout autre aspect à la
vie du personnage de ce Citizen dont on vient de nous présenter
tout ce qu'on pouvait apprendre de son enfance jusqu'à sa mort et
de qui l'on est certain d'avoir compris l'essentiel lorsque, tout-à-coup
une autre vision de ce qu'il était, supérieure à toutes celles qu'on
a pu s'imaginer nous fait spontanément dire : "Pauvre homme !"
Oui, je sais, c'est du cinéma, mais
c'est quoi la différence, quand on y pense, entre le cinéma et la Littérature,
cette chose qui nous présente une réalité de laquelle nous nous éloignons au
fur et è mesure qu'on lui substitue... (faut-il encore reciter
Proust ?)
Be seeing you ! comme disait le
prisonnier dans la série du même nom.
***
Et au rsique (bien calculé quand même)
de me répéter :
Copernique a été le premier à le
souligner et je l'ai répété si souvent que j'en suis rendu à croire que
ce fut moi ; qu'il existe une foule de mots
en anglais qui n'ont pas d'équivalents en français. - Les mots entrepreneur
(sic) et commuter, par exemples. - Mais le contraire
est aussi vrai : il n'existe pas d'équivalent anglais pour le mot récit.
On le traduit par le mot story ou narration qui ne sont
pas, à proprement parler, reliés à la stricte définition de ce
qu'est un récit par rapport à raconter une histoire (to tell a
story) ou narrer une suite d'événements (to narrate a series of
facts).
Par contre, il existe - toujours en anglais, une forte différence entre
les mots story (un récit) et history (l'histoire), ce qui, en
français, porte souvent à confusion, l'histoire n'étant pas une
suite d'histoires et lorsque je parle de ceux qui lisent des
histoires par rapport à ceux qui aiment la "littérature", j'en arrive à exprimer très mal ce que je veux
dire car je sépare les lecteurs en deux groupes : ceux qui
s'attachent au contenu d'un livre
plus attention à ce qu'on peut y lire par rapport à ceux qui considèrent
plus important ce qu'on ne peut pas y lire car l'un ne va pas sans
l'autre.
J'entends par là les moyens qu'on utilise pour nous dire quelque
chose, les faits dont on s'est servi, les décors, l'époque, les personnages qu'on
a inventés ou non pour nous la... dire !)
Vous comprenez ce que je veux dire ? -
Non ? Alors je vais me remettre à la tâche pour exprimer plus
simplement ce qui me
vient à l'esprit lorsqu'on me parle de l'écriture et de la lecture..
Chose certaine, et je le constate régulièrement,
l'on confond souvent les livres qui font partie de ce que j'appelle la
Littérature et ceux qui font partie
de son pendant, la littérature.
(J'entends par cette dernière catégorie les imprimés qui consistent
en des suites de nouvelles plus ou moins actuelles, des essais divers,
des opinions en rapport avec certains faits, la plupart des biographies
et une foule de guides qui peuvent aller du jardinage à l'art de
s'exprimer en public qui, en vrac, ne sont que des aides à mieux
comprendre son entourage, à vivre en paix avec soi-même, à se débrouiller
dans sa vie de tous les jours, jusqu'à des manuels de psychologie ou,
pire encore, des livres carrément destinés à nous influencer et qui ressemblent étrangement à de la propagande, ce qui inclut souvent, pour ces deniers,
la littérature journalistique.)
Toujours aussi abscons, abstrus,
amphigourique et sibyllin ? Alors passons à autre chose :
Je divise les livres en trois catégories
:
Ceux qu'on lit pour se renseigner
Ceux qu'on lit pour se détendre
Ceux qu'on lit pour se découvrir
(car découvrir quoi que ce soit, c'est se découvrir soi-même).
Quatre si j'ajoute tout ce qui sert à
comprendre et classer les premiers : les dictionnaires, les catalogues,
les listes de gros vendeurs et la plupart des comptes-rendus.
Et même en cinq catégories car il existe des écrits
qui ne servent absolument à rien. Les journaux, par exemple, qui nous
informeny qu'il y a eu un meurtre sur la quatrième avenue, angle de la
troisième rue, dans un quartier obscur de Santiego El Choclo au
Caraguay, le résultat d'un match entre deux équipes d'un sport pratiqué
exclusivement dans une banlieue de Quang Ping, en Chine ou la couleur de
la robe au décolleté plongeant d'une comédienne à une cérémonie
quelconque.
Le plus curieux dans cette division (vous
pouvez faire la vôtre), c'est que dans chaque catégorie on peut
retrouver des oeuvres d'une grand qualité littéraire, dignes d'être
classées parmi les chefs-d'oeuvre de la Littérature
et autant de navets auxquels on attribue des prix prestigieux.
À+
Simon
*
Erratum
Dans la précédente émission du Castor™
la dernière phrase de ma chronique se lisait :
«Plus y'aura de lecteurs de littérature,
moins ça fera de concurrence et, dans les salons ou les réunions
mondaines, il sera facile de séparer l'ivraie du bon grain.»
Elle aurait dû se lire :
«Plus y'aura de lecteurs de littérature,
moins ça fera de concurrence et, dans les salons ou les réunions
mondaines, il sera facile de séparer les intéressants des intéressés.»
La correction n'a pas pu être insérée à
temps.
1...]
Herméningilde Pérec
Vivre jusqu'à cent
ans...
C'était le titre d'un
article paru il n'y a pas très longtemps dans un magazine dédié aux
gens du "Troisième âge". (Comme s'il y en avait un
quatrième !)
Vivre jusqu'à cent ans,
c'est défier les lois que la statistique nous enseigne.
C'est vouloir aller au
ciel sans mourir, comme dit la chanson.
C'est réaliser qu'on est à la merci de n'importe quoi, de n'importe qui et de n'importe quand.
C'est ne plus avoir de personnalité, être un has-been à qui la Reine
(aux dernières nouvelles) nous adresse une lettre de félicitations,
comme si, vivre jusqu'à cent ans ne dépendaient que de nous.
Et la photo en première
page de ce magazine !
On voyait un homme dans
la soixantaine, presque sans rides, arborant une chevelure à la Cary
Grant au bras - ou presque - d'une femme dans la cinquantaine avancée,
en maillot de bain, mais prise d'un angle où l'on ne voyait plus ses
jambes - je dis "jambes" à cause des
jeunes filles qui nous lisent -, jambes donc, considérablement affectées
par la gravité, comme mon visage.
Du côté
paternel, le frère de mon père et donc mon oncle Gérard, mort à 98 ans et 7 mois, fut
un exemple parfait de ceux qui meurent en santé. Le matin de son décès,
il s'était levé tôt, comme c'était son habitude, avait procédé à
sa toilette habituelle qui consistait, entre autres, à se raser avec
avec un objet qu'on ne voit plus aujourd'hui que dans les Western, était
descendu en complet-cravate pour déjeuner en compagnie de sa «jeune»
soeur, Amilda. S'étant levé de table, il lui dit : "Mal dormi
cette nuit, je crois que je vais aller m'étendre un peu." Et
ce fut se dernières parole.
Belle vie, belle mort.
J'espère que la mienne
sera tout aussi... non pas paisible, mais digne.
Herméningilde
Jeff
Bollinger
Combien de temps encore
?
J'imagine qu'il ne nous viendra jamais à l'esprit - quand je dis "nous", je parle de tous ceux qui font partie de la race humaine - de tenter d'enseigner à nos frères, les chimpanzés, comment parler, écrire, chanter ou bâtir des maisons avec air climatisé ou chauffage central; encore moins comment construire des missiles intercontinentaux ou des armes de destruction massive.
En extrapolant, on peut penser que l'enthousiasme d'extraterrestres sachant se déplacer
d'étoiles en étoiles ne serait pas débordant à l'idée de nous faire comprendre que s'entre-tuer pour la possession - et le contrôle, faut pas oublier le contrôle - d'un des rares endroits au Moyen-Orient où il n'y a pas de pétrole n'est pas ce qu'il y a de plus brillant. Surtout que la fée électrique, non polluante, et à meilleure prix, est à notre portée
[1].
[1] Pas encore compris comment on s'y prendra pour installer de bornes de rechargement en Ouganda, dans le désert de Gobi ou certaines régions non-encore explorées de Pointe-St-Charles...
(Sans compter que de l'électricité, faut en fabriquer et l'amener là
où l'on doit s'en servir. - Oh que ce sera beaus voir toutes ses
touts reliées entre elles par des fils...)
Vous avez tous compris
les arguments, de part et d'autre, n'est-ce pas ?
Moi aussi.
Et tout le reste est littérature... (Verlaine, Jadis et Naguère)
Jeff
Fawzi Malhasti
Textes choisis
Ailleurs
Je brise tout ce qu'on me donne
Plus je reçois et moins je donne
Plus riche que forêt d'automne
N'aide personne
Bonheur m'alourdit et m'ennuie
Ne suis pas fait pour ce pays
Avec les loups suis à l'abri
Clarté qui bouge et toi qui gigues
L'amour n'est pas sous tes draps blancs
Au fond des cieux où sans fatigue
Le vent
Matin qui joue sur l'océan
Soir de gala rempli d'enfants
Ailleurs, cher amour, on m'attend
Il faut que tu y sois aussi
Sinon je ne sors pas d'ici
Cent fois mourir homme dans tes bras
Que vivre dieu là-bas sans toi
Te l'ai dit en janvier
Te le dirai en août
Félix Leclerc
Fawzi
P.-S. : La poésie n'est pas
disparue. Elle est redevenue chanson. - Avec ses mauvais et bons
troubadours.
Paul Dubé
John Dowland
Vous avez des fichiers sur votre disque fixe
ou vos disques fixes dont les noms et encore moins les contenus
ne vous disent rien ?
J'en ai des tonnes qui se nomment
"Temp", "Temp1",
"Temp2"..."A_effacer"...
J'en ai trouvé un la semaine dernière qui le
titre se lisait :
dowland_bream_essex.mp3
Aucune idée de ce qu'il contenait, mais comme
c'était un .mp3, je l'ai écouté et j'ai trouvé ce que j'ai
entendu joli.
J'ai pensé que vous l'aimeriez vous aussi.
Alors le voici :
Bonne écoute !
John Dowland
The Earl of Essex
Une demi-heure de recherche plus
tard, j'ai
compris que c'était une pièce (The Earl of Essex
Gualliard) de John Dowland (1563-1526), tirée de
ses Lacrymae (c. 1590) jouée
vraisemblablement pas un ensemble sous la direction du
guitariste Julian Bream (1933-2020).
Quant au chanteur...
Ou au texte... :
Anglais
Français
Can she excuse my wrongs with Virtue's cloak?
Shall I call her good when she proves unkind?
Are those clear fires which vanish into smoke?
Must I praise the leaves where no fruit I find?
No no: where shadows do for bodies stand
Thou may'st be abus'd if thy sight be dim
Cold love is like to words written on sand
Or to bubbles which on the water swim
Wilt thou be thus abused still
Seeing that she will right thee never?
If thou canst not o'ercome her will
The love will be thus fruitless ever
If she will yeld to that which reason is
It is Reason's will that Love should be just
Dear make me happy still be granting this
Or cut off delays if that die I must
Better a thousand times to die
Than for to live thus still tormented:
Dear, but remember it was I
Who for thy sake did die contended
Better a thousand times to die
Than for to live thus still tormented:
Dear, but remember it was I
Who for thy sake did die contended
Peut-elle excuser mes torts sous le manteau de la vertu ?
Dois-je la qualifier de bonne alors qu'elle se montre méchante ?
Y a-t-il des feux clairs qui s'évanouissent en fumée ?
Dois-je louer les feuilles quand je ne trouve pas de fruits ?
Non, non : là où les ombres tiennent lieu de corps
Tu peux être abusé si ta vue est faible.
L'amour froid est comme des mots écrits sur le sable
Ou aux bulles qui nagent sur l'eau.
Seras-tu encore abusé de la sorte
En voyant qu'elle ne te pardonnera jamais ?
Si tu ne peux pas vaincre sa volonté
L'amour sera toujours stérile
Si elle s'attache à ce qu'est la raison
C'est la volonté de la raison que l'amour soit juste
Chers amis, rendez-moi heureux en accordant ceci
Ou de couper les délais si je dois mourir
Mieux vaut mille fois mourir
Que de vivre ainsi toujours tourmenté :
Chère, mais souviens-toi que c'est moi
Qui, pour l'amour de toi, est mort en nous disputant
Mieux vaut mille fois mourir
Que de vivre ainsi tourmenté :
Chère, mais souviens-toi que c'est moi
Qui, pour l'amour de toi, est mort contesté
(Traduit avec www.DeepL.com/Translator_
Sans malice !
paul
L'extrait du mois
Lisbonne, 1755
«O malheureux mortels! ô terre déplorable!
O de tous les mortels assemblage effroyable!
D'inutiles douleurs éternel entretien!
Philosophes trompés qui criez: "Tout est bien"
Accourez, contemplez ces ruines affreuses
Ces débris, ces lambeaux, ces cendres malheureuses,
Ces femmes, ces enfants l'un sur l'autre entassés,
Sous ces marbres rompus ces membres dispersés;
Cent mille infortunés que la terre dévore,
Qui, sanglants, déchirés, et palpitants encore,
Enterrés sous leurs toits, terminent sans secours
Dans l'horreur des tourments leurs lamentables jours!
Aux cris demi-formés de leurs voix expirantes,
Au spectacle effrayant de leurs cendres fumantes,
Direz-vous: "C'est l'effet des éternelles lois
Qui d'un Dieu libre et bon nécessitent le choix"?
Direz-vous, en voyant cet amas de victimes:
"Dieu s'est vengé, leur mort est le prix de leurs crimes"?
Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants
Sur le sein maternel écrasés et sanglants?
Lisbonne, qui n'est plus, eut-elle plus de vices
Que Londres, que Paris, plongés dans les délices?
Lisbonne est abîmée, et l'on danse à Paris.
Tranquilles spectateurs, intrépides esprits,
De vos frères mourants contemplant les naufrages,
Vous recherchez en paix les causes des orages:
Mais du sort ennemi quand vous sentez les coups,
Devenus plus humains, vous pleurez comme nous.
Croyez-moi, quand la terre entrouvre ses abîmes
Ma plainte est innocente et mes cris légitimes
Partout environnés des cruautés du sort,
Des fureurs des méchants, des pièges de la mort
De tous les éléments éprouvant les atteintes,
Compagnons de nos maux, permettez-nous les plaintes.
[...]
Un calife autrefois, à son heure dernière,
Au Dieu qu'il adorait dit pour toute prière:
"Je t'apporte, ô seul roi, seul être illimité,
Tout ce que tu n'as pas dans ton immensité,
Les défauts, les regrets, les maux et l'ignorance."
Mais il pouvait encore ajouter l'espérance.
Voltaire
Contexte :
Le 1er novembre 1755, à 9 h 30 du matin, la ville de Lisbonne est secouée par un grand séisme que l’on ressent jusqu’à Venise. Un incendie, qui durera près de six jours, se déclare aussitôt. Peu après les premières secousses, une énorme vague recouvre le port, emportant personnes et maisons, finissant de ruiner la ville basse. Beaucoup de citadins, fuyant les flammes, s’embarquent sur le Tage et sont engloutis par des vagues gigantesques. Le tribut en vies et en pertes matérielles est colossal : on compte environ 20 000
morts [*], et la ville est détruite aux trois quarts. Ce séisme ébranle savants et philosophes de toute l’Europe et ouvre un débat capital sur le malheur et la providence. On ne s’explique pas cette punition divine, qui s’abat sur le Portugal, grande puissance catholique, le jour de la Toussaint, et détruit les églises. Voltaire apprend la nouvelle trois semaines plus tard. Il écrit le Poème sur le désastre de Lisbonne, réflexion sur la destinée et l’existence du mal.
(Gallica)
[*] Le nombre varie énormément.
Certains historiens - ou plutôt : témoins de l'époque - ont avancé
jusqu'à 100,000 morts sur une population évaluée à 275,000.
Existent plusieurs documentaires sur le site YouTube de
cet événement.
Fawzi
*
Un mot de Simon à propos de
Voltaire
Voltaire ! Un auteur parmi la centaine
que l'on cite régulièrement, mais qu'on a cessé de lire depuis
longtemps. Il en est de même de Montesquieu, Rousseau, Diderot,
Beaumarchais... (aurais-je oublié Bernardin de Saint-Pierre ?), tous
ses "contemporains", c'est-à-dire de leur
"temps", de ceux qui parlaient, comme le veux l'expression
courante, "des vraies affaires" et non pas d'éternels problèmes, comme leurs
prédécesseurs : Corneille, Racine et Molière
qu'étrangement, de nos jours, l'on continue de présenter à la Comédie
Française alors que les pièces de ce Voltaire y furent présentées
pendant des années...
Avouez qu'il y a de quoi :
"Qui ? Moi, baisser les yeux devant ses faux prodiges !
Moi, de ce fanatique encenser les prestiges !
L'honorer dans la Mecque après l'avoir banni !
Non. Que des justes dieux Zopire soit puni
Si tu vois cette main, jusqu'ici libre et pure,
Caresser la révolte et flatter l'imposture !"
(Début
de Le fanatisme ou Mahomet le prophète de Voltaire
- 1742)
et j'ai bien peur que ce sera éventuellement
le sort de bien des chefs-d'oeuvre qu'on imprime aujourd'hui...
Simon
1*]
Lectures
Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables
critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres,
revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de
commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui
les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction
du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.
La fille du train
Paula Hawkins [*]
- Sonatine, 2015 - 380 pages
(Titre originel : The Girl on the Train -
Doubleday - Même année)
La fille du train est un thriller qui prouvera
encore une fois que mon intransigeante nature qui me pousse à ne lire que
des livres qui datent de cinquante ans et plus, (à condition qu'ils
soient toujours à disponibles en librairie) n'est pas si
intransigeante.
La preuve est que je n'ai non seulement lu ce
premier roman - publié sous son véritable nom - d'une
journaliste qui m'était parfaitement inconnue, mais qu'en plus, je
n'ai pas fait attention au fait - de quoi me le rendre encore
plus suspect - qu'il a connu un succès foudroyant, traduit en 42 langes
et vendu à plus de 18 millions d'exemplaires. - Voir à : https://fr.wikipedia.org/wiki/Paula_Hawkins.
Alors pourquoi l'ai-je lu ?
Parce qu'il nous a été présenté par un de ceux qui
étaient présents lors de la dernière séance du Club de lecture que j'ai le plaisir d'animer le troisième
vendredi de chaque mois en la Librairie À gauche de Valleyfield, Québec
(voir la section Publicité un peu plus loin), un certain Pierre***
à qui j'ai oublié de demander s'il me permettrait ici de citer son
nom au complet, Pierre*** donc, qui nous en a décrit le contenu si
bien - je crois qu'il s'en est pas aperçu lui-même - que je me me
suis mis à sa lecture dès le lendemain.
Disons, pour en résumer le contenu qu'il s'agit
d'un whodunit (qui-a-fait-quoi - il n'existe pas de
traduction française de cette magnifique contraction de trois mots
anglais), d'un whodunit donc, classique mais raconté par trois
femmes dont une sera assassinée, une autre qui sera (en partie) la
meurtrière de son assassin (ou de son assassine pour ne pas dévoiler
quoi que ce soit) et une troisième si alcoolique que sa narration des
faits est si ambiguë que la police ne voudra pas tenir compte de son
récit. - Le tout sur un fond de violences conjugales.
Rien pour déranger l'habitude séculaire d'un
bonhomme de mon âge qui n'en est pas à la découverte d'un de ces
polars dont certains faits
sont escamotés en cours de route à cause de l'amnésie d'un de ses
personnages, amnésie dans ce cas-ci causée par l'alcool. - Il en a
lu d'autres, de ces "fashionable amnesia thriller",
tels que certains certains critiques les appellent. Alors ?
C'est que tout le récit de cette " Fille du train
" est asynchrone en ce sens que les faits tels que l'auteur(e) nous les
présente ne se suivent pas dans un temps continu, ni à des
intervalles réguliers, ni dans un ordre quelconque et encore moins
logiquement, les indices parsemés ici et là, par exemples, sont
implantés dans un chapitre (disons plutôt dans une section (le récit complet en compte 38) tandis que leurs importances peuvent
être dissimulées dans une section précédente... ou suivante...
Et ça, ça a retenu mon attention.
Assez que je me suis mis à la fin de ma première
lecture, rapide, sans faire attention aux dates imprimés au début de
chaque section, à la reprendre attentivement, cette fois-là, presque
séquentiellement. Chapitre deux d'abord, puis le un, le trois, le
quatre, le deux, le cinq... tout en faisant attention aux récits
individuels de chacune des trois femmes qui y racontent leurs
souvenirs.
Parmi les découvertes que j'ai faites ? - Dans les
cinq, six derniers chapitres, tout à coup m'est apparu le récit de celle
dont la disparition a été mentionné plusieurs chapitres précédents
et qui explique tout
Y'aurait de quoi écrire un livre sur ce livre, mais
passons à deux autres de ses aspects:
UN -
À Pierre*** que j'ai revu récemment et qui m'a demandé
si j'avais deviné qui avait fait quoi (et quand) lors de ma
première lecture, je n'ai pas su quoi répondre. J'ai cette fâcheuse manie, quand je lis des policiers, ou n'importe quel roman,
de ne jamais porter attention à ce genre de choses. Ce qui fait de
moi, un très mauvais critique... en particulier de romans policiers, polars,
thrillers et whoduits.
DEUX -
C'est en rappotrt avec une question qui a été soulevée lors de
sa présentation à notre Club de lecture : est-ce qu'on peut déceler
le côté féminin de l'auteur(e) dans la rédaction de ce roman ? -
Je crois qu'on a répondu non, mais ma réponse, lecture faite, est
un immense OUI. - C'est ce qui m'a tout de suite frappé, dès le
deux ou trois premiers chapitres. Un sorte de flots de pensées qui
surviennent toutes en même temps et dans lesquelles s'entremêlent
la réalité des faits, les émotions qui s'en dégagent ou des
souvenirs qu'ils soulèvent. J'y ai lu je ne sais pas combien de
paragraphes - si, si : des paragraphes et des courts de surcroît - où
quatre aspects d'une même chose sont décrits simultanément. -
"Y'a pas un homme qui pense de cette façon-là..."
me suis répété je ne sais pas combien de fois. - Et puis on
attache beaucoup d'importance à l'apparence et à sa personnalité
extérieure dans toute cette affaire, sa personnalité telle qu'elle
pourrait être perçue par ceux ou celles qui regardent leurs
narratrices. - Quant aux hommes qui figurent dans cette histoire, il
n'en ont aucune. Ces sont tous des êtres sans profondeur et
dont on ne retient que l'essentiel pour que l'ensemble soit
cohérent.
Mais qu'est-ce que je
connais des femmes, moi, qui n'en a jamais compris une ?
À elle de lire et nous dire si j'ai raison ou
non.
En bref :
À lire - Absolument OUI.
Pour son côté thriller ? - Non. Autant
s'en tenir à Roger Ackroyd.
Pour son côté astucieux ? - Oui et non. À
comparer au lieutenant Columbo.
Pour son côté littéraire ? - Oui. Mais se
familiariser avant avec Dashield Hammett, Sam Spade et Philip Marlowe.
Pour la qualité de l'écriture et de sa
traduction ? Rien à signaler.
Autrement dit : Arthur Conan Doyle n'a rien à
craindre. Ni même Agatha Christie. Mais on ne parle pas de la même
chose.
Sauf que, si je peux me permettre : définitivement
à lire. Parce que, comme le dit Copernique dans sa chronique
d'aujourd'hui, y'a certains aspects de la réalité qui ne doivent
pas nous échapper...
De **/5 pour les peut-être à ****/5 pour
les oui.
Sub modo.
paul
*
C'est un départ, it's a go
"Je ne juge pas : je condamne."
(Charles Péguy ?)
Je ne sais pas pourquoi l'on attribue cette
boutade [*]
à un écrivain aujourd'hui peu lu, totalement oublié, auteur de mystères d'inspiration médiévale,
de recueils de poèmes d'inspiration mystique, etc. - un véritable
bout-en-train, quoi -, mais comme je m'en sers souvent (je parle de
la citation et non de l'écrivain) ...
[*] On ne la retrouve pas dans tout ce que l'on cite régulièrement
de lui. - J'ai lu quelque part qu'elle faisait l'objet d'un
commentaire d'André Gide dans son Jouranl, en date du 3
novembre 1920. Or, vérification faite, elle se rapporte à une soirée
où étaient présents Valéry et Cocteau - dont Gide refuse de
rapporter les propos ce qui lui paraîtrait absurde (cités
hors contexte) - qui "exécutèrent ainsi Régnier,
Mme de Noailles et Ibsen." (Gide, Journal, La Pléiade,
1889-1939, p. 685).
Je ne m'en sers pas aussi souvent qu'on pourrait le
penser, mais j'avouerai que... assez souvent... - C'est pour
m'esquiver quand on m'accuse d'être intransigeant, plein de préjugés,
sarcastiques même, lorsque je déclare pas si ouvertement que je le
voudrais tel roman, tel
essai ou tel article paru dans un journal sérieux : illisible,
mal écrit, contenant que des lieux communs ou sans intérêt. Et ce
jugement, je m'en sers notamment pour vilipender (voilà le mot que je
cherchais !) les auteurs de ces romans et essais.
C'est que
j'ai trop de respect pour la Littérature,
la seule à mon avis méritant d'être lue, pour l'abaisser au niveau
des gros vendeurs, des guides pour mener une meilleure vie, des
journaux, des prophéties en tous genres (surtout dans le domaine de
la politique) ou des romans à dix cennes (quoique j'apprécie
quand même les auteurs de ces romans car je suis un grand
admirateur d'Alphonse Allais et de Ponson du Terrail et que je n'ai
jamais refusé de lire un IXE-13).
Une chose me paraît claire et celle-là, vous me
l'entendrez dire continuellement, c'est quels que soient les objets de vos lectures, quelle
que soit votre éducation, votre expérience, votre réalité de tous
les jours, il existe et il existera toujours de bons et de mauvais
livres pour vous ; mais également des semblables pour vos proches, vos amis, vos collègues, vos voisins
(i.e. : pour eux) et que tous leurs mauvais livres ont des côtés qui peuvent les rendre
excellents aux yeux de leurs proches, leurs amis, leurs collègues et
leurs voisins... et le contraire.
Un dicton - tiens - (je crois l'avoir déjà
mentionné) que si vous voulez vous assurer qu'une
personne ne vous connaît, demandez-lui de vous
acheter des livres...
Mes mauvais livres ? Ce sont ceux qui ne me font pas connaître
une nouvelle façon d'entrevoir ma réalité...
Et c'est ainsi que j'ai approché l'auteur dont je
voudrais vous entretenir dans l'essai dont le début suit et qui pourrait passer
pour quelqu'un qui n'a écrit toute sa vie que des romans de littérature
car il s'est presque limité aux romans dit d'espionnage...
pour des raisons qui ceux qui ne lient que des récits ne comprendront
jamais car sa Litérature ne pouvait être
rédigée qu'en arrière-plan.
Je ne sais pas où ni quand il a dit la boutade
qui suit, mais elle en dit long sur lui :
Un chat qui s'étend dans un endroit pour
dormir, ça ne peut pas être le début d'un conte ou d'un roman.
Mais un chat qui s'étend dans un wn droit où généralement
dort un chien...
Sans plus tarder, Messieurs, Mesdames, laissez-moi vous présenter :
David John Cornwell, dit John Le
Carré
*
Partie un
J'ai relu cet été - eh oui ! nous sommes déjà en
automne ! - les neufs romans de John Le Carré dans lesquels le
personnage principal, même s'il n'en est pas toujours au premier
plan, est
George Smiley. En voici la liste :
(À noter : la date entre le premier et le dernier)
L'Appel du mort, Gallimard, coll. «Panique», 1963
(Call for the Dead, 1961), trad. Catherine Grégoire
Chandelles noires, Gallimard, coll. «Panique», 1963
(A Murder of Quality, 1962), trad. Maurice Rambaud et Marcel Duhamel, 187 p.
L'Espion qui venait du froid, Gallimard, 1964
(The Spy who Came in from the Cold, 1963), trad. Marcel Duhamel et Henri Robillot, 239 p.
Le Miroir aux espions, Robert Laffont, 1965
(The Looking-Glass War, 1965), trad. Jean Rosenthal
La Taupe, Robert Laffont, coll. «Best-sellers», 1974
(Tinker, Tailor, Soldier, Spy, 1974), trad. Jean
Rosenthal
Comme un collégien, Robert Laffont, coll. «Best-sellers», 1977
(The Honourable Schoolboy, 1977), trad. Jean Rosenthal
Les Gens de Smiley, Robert Laffont, coll. «Best-sellers», 1980
(Smiley's People, 1979), trad. Jean Rosenthal
Le Voyageur secret, Robert Laffont, coll. «Best-sellers», 1991
(The Secret Pilgrim, 1990), trad. Mimi Perrin et Isabelle
Perrin
L'Héritage des espions, Seuil, 2018
(A Legacy of Spies, 2017), trad. Isabelle Perrin
*
Note :
Je tiens à préciser que non seulement j'ai relu -
certains pour la troisième et même quatrième fois - ces neufs
romans, mais je les relus cet été simultanément en anglais et en français
car la traduction de Le Carré m'a paru, dès ses premiers écrit, un
aspect notable en elle-même.
Et j'ai même poussé l'audace jusqu'à regarder à
nouveau les
films et séries télévisées qu'on a tirés de ces romans - sauf
trois (je veux dire : trois desquels on n'a pas tiré des films) - dont, en
particulier, le Tinker, Taylor Soldier, Spy (La taupe)
et Smiley's People (Les gens de Smiley) dont on a fait, entre
autres, une
adaptation en douze épisodes avec Alec Guinness dans le rôle titre.
*
George Smiley
Pourquoi débuter ce mini-essai par un dénommé
George Smiley ?
Parce que, de tous les personnages créés par John
Le Carré, George Smiley, est celui le plus complexe et le plus
fascinant de tous. Il est intelligent, flegmatique et son sens
du devoir, ses réactions vis-à-vis ce qui est raisonnable et ce qui
ne l'est pas dans les situations auxquelles il a à faire face sont
exemplaires. Il est aussi authentique qu'un personnage de fiction
puisse l'être et, de ce fait, il est mémorable et attachant, mais
c'est à John le Carré, son créateur, que revient sa description la
plus exacte : il dit de lui qu'il fait partie de ces «humbles qui
n'hériteront pas le monde», ce qui le rend presque réel,
touchant même, et, de ce fait accessible à chacun d'entre nous.
Smiley ? C'est un homme d'«un certain âge» (d'une
cinquantaine d'années au départ et donc entre 105 et 106 ans
lors de sa dernière apparition pour ceux s'attachent à ce genre de détails...
[*]),
plutôt corpulent, au visage terne et sans charme particulier. Son
apparence est d'une discrétion... Ce qui le rend parfait pour le travail
d'espionnage dans lequel il est impliqué car il peut facilement passer inaperçu.
[*] Il est à la retraite lors
de sa première apparition dans L'appel du mort en 1961 et
est toujours à la retraite en 2018 dans L'héritage des espions
qui se passe vers 2005.
C'est un homme non seulement intelligent,
mais doué d'une force analytique très complexe, surtout connu pour sa capacité à résoudre des énigmes
et à démêler des complots internationaux Sa perspicacité mentale est
l'un de ses principales atouts..
Flegmatique ? Smiley est calme et toujours posé. Il ne montre que rarement ses émotions et garde souvent un visage impassible, quelles que soient les circonstances. Cette impassibilité lui permet de garder le contrôle dans des situations tendues.
Comment gère-t-il sa solitude, car Smiley est seul, bien seul. Son travail
l'a souvent amené à vivre une vie isolée, séparée de sa femme Anne.
C'est'un des thèmes récurrents de l'œuvre de John le Carré.
Smiley est un maître de l'auto-contrôle. Il peut garder son sang-froid même dans des situations dangereuses, ce qui lui permet de prendre des décisions réfléchies et de résoudre des problèmes complexes.
Et il profondément engagé envers son pays et son service de renseignement. Il est prêt à tout sacrifier pour protéger les intérêts britanniques et traquer les traîtres au sein de son propre gouvernement.
Finalement, contrairement à certains personnages d'espionnage plus conventionnels, Smiley est souvent confronté à des dilemmes moraux complexes. Il doit jongler avec des questions d'éthique et de loyauté, ce qui le rend plus humain et
plus réaliste.
Et pourquoi ces romans, films et séries télévisées
autour de George Smiley ?
Parce qu'ils sont, à mon avis, les plus représentatifs
de la personnalité de son créateur auteur, David John Cornwell, dit John Le
Carré (1931-2020), que je considère comme un des
grands romanciers qu'il m'a été donné de lire au cours des
derniers soixante et bientôt soixante-dix ans de lecture
ininterrompue.
D'aucuns vous diront qu'il fut plus personnel dans
d'autres oeuvres (titres à suivre) et ses souvenirs plus ou moins
autobiographiques (idem), mais les
masques nous en disent souvent plus sur ceux qui les portent, comme
disait un auteur que je cite souvent (voir page sur Jelly Roll Morton)
Dans la série que je viens d'énumérer, trois se dégagent
de l'ensemble par ; 1) la complexité de leurs intrigues, 2) les
artifices de style et même le vocabulaire que le Carré a utilisés
pour en décrire l'action ou les faits qui s'y déroulent, 3) la
diversité et la complexité de ses personnages et 4) les problèmes
de conscience et de moralité qu'ils soulèvent.
Ce sont :
L'Espion qui venait du froid (The Spy who Came in from the Cold)
La Taupe (Tinker, Tailor, Soldier, Spy)
Les Gens de Smiley (Smiley's People)
Un quatrième pourrait s'ajouter à cette liste :
Comme un collégien (The Honourable Schoolboy)
... dont l'action se situe entre les deux derniers.
Un cinquième viendra, des années plus tard, jeter
un coup d'oeil fort différent en ce qui a trait au premier :
L'Héritage des espions (A Legacy of Spies)
"Il est en fait le personnage central de
l'univers romanesque de le Carré " nous rappelle son premier
grand traducteur, Jean Rosenthal [*],
mais attendez que je vous parle des Perrin, mère et fille...
[*] Préface à La taupe, édition
Bouquins, 1981.
À suivre
Simon
P.S. : Merci à paul pour m'avoir permis, pour ce
brouillon, d'utiliser son introduction habituelle (je ne juge pas...) !!
uw ro
Il y a dix ans dans le Castor™
Pourquoi je ne lis plus les journaux
Pour la même raison que je ne regarde pas les bulletins de nouvelles télévisés, ni n'écoute ceux diffusés via la radio : parce que je les ai déjà lus, regardés ou écoutés
ces journaux et bulletins, il y a de ça longtemps et parce que je trouve les nouvelles qu'on y rapporte aujourd'hui sans intérêt ou tout à fait insipides, quand ce n'est pas de la pure fiction. Et tant qu'à lire de la fiction, autant en lire de la bonne.
Il faut que je remonte très loin dans le temps pour retrouver ce qu'on pourrait appeler
"de vrais journaux" ; quasiment au début du siècle dernier, c'est-à-dire avant la première grande
guerre. C'était peu avant que la propagande s'infiltre dans le journalisme qui, dès que la liberté de presse fut rétablie (en
1870, du moins en France), se consacrait non pas à rapporter bêtement les faits mais également à en faire la critique et une critique souvent vitriolique.
Propagande ? Qui n'a pas entendu parler des fameuses et décisives
"victoires des alliés" qui, en 1914, se rapprochaient de plus en plus de Paris ? - Passons par dessus ce qui allait suivre : Vichy, la guerre du Vietnam, l'affaire des diamants africains, les dépenses folles du maire Drapeau, et j'en passe, et des
meilleures [*].
[*] Vous voyez ce que je veux dire :
ces "événements" qui ont fait l'objet de discussions à n'en plus finir dans leur temps, ben... (Note au 18 octobre 2023)
Je me souviens avoir vu, à la une d'un journal parisien du mois de novembre 1916, à la mort de François-Joseph d'Autriche, sa photo accompagnée du commentaire suivant :
"La mort aura été charitable pour cet assassin." - On ne publierait pas cela de nos jours. Quant à l'affaire Dreyfus, je vous renvoie aux textes de ce temps-là.
La politique, en 1900, y occupait beaucoup d'espace, mais c'était une politique différente de celle qu'on nous présente aujourd'hui
et les meurtres, accidents, incendies étaient relégués en troisième
page et souvent en entrefilets.
Aujourd'hui, s'il y a eu une altercation dans le métro, on en fait la
"une", sinon on se contente de répéter bêtement les nouvelles, pour la plupart en provenance d'agences de presse (Reuters, en particulier ou, en France, l'Agence France-Presse) quand ce n'est pas un fait divers local ramassé au hasard. Ah, oui, on parle bien de politique, mais il y a longtemps que j'ai lu qu'un député était lâche, incompétent ou tout simplement inintelligent. Même la pègre ou la Mafia a droit à un certain silence.
De petits scandales de rien du tout - et qui sont dans la continuité de scandales similaires - s'étirent en
longueur. On dit quelque chose une journée, le répète le lendemain en ajoutant un détail, puis on recommence le surlendemain, le jour après, sans commentaires. Surtout pas de commentaires qui pourraient porter à la sacro-sainte réputation
de celui qui scandalise.
Le plus embêtant, ce sont les nouvelles qui se terminent par "la police enquête" et auxquelles on ne donne jamais suite.
Autant lire Saint-Simon.
(Aucun rapport avec mon prénom)
Simon
Dédicace
Cette
édition du Castor est là pour ne jamais qu'on oublie...
Franz Joseph
Empereur d'Autriche
Roi de Hongrie
Roi de Bohême
Roi de Lombardie-Vénétie
Roi de Dalmatie
Roi de Galicie et de Lodomérie
Roi de Croatie-Slavonie
Roi d'Illyrie
Roi de Jérusalem
Grand-duc de Cracovie
Duc de Bucovine
Duc de Carinthie
Duc de Carniole
Duc de Silésie
Duc de Salzbourg
Duc de Styrie
Margrave d'Istrie
Margrave de Moravie
Comte de Gorizia et Gradisca
Comte de Tyrol
et assassin
né à Vienne le 18 août 1830
décédé dans la même ville le 21 novembre 1916
*
Qu'on peut comparer sans crainte à :
Léopold II
Roi des Belges
prince de Saxe-Cobourg et Gotha
duc de Saxe
«Ne dites jamais : "Quand
j'aurai du temps." - car
vous n'en aurai
jamais.
Le temps n'est pas une chose qui se donne, mais qui se prend.»
(Écrit à
la craie sur un mur de la station de métro
Lamotte-Picket - Grenelle, Paris, le 7 juillet 1978.)
Publicité
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Le Castor™, entièrement subventionné par les Éditions
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autres avis :
Fondé en 1900 par le Grand Marshall, le CASTOR DE NAPIERVILLE fut, à l'origine, un hebdomadaire et vespéral organe créé pour la défense des intérêts de l'Université de Napierville et de son quartier. - Il est , depuis le 30 septembre 2002, publié sous le présent électronique format afin de tenir la fine et intelligente masse de ses internautes lecteurs au courant des dernières nouvelles concernant cette communauté d'esprit et de fait qu'est devenu au fil des années le site de l'UdeNap, le seul, unique et officiel site de l'Université de Napierville.
De cet hebdomadaire publié sur les électroniques presses de la Vatfair-Fair Broadcasting Corporation grâce à une subvention du Ministère des Arts et de la Culture du Caraguay, il est tiré, le premier lundi de chaque mois, sept exemplaires numérotés de I à VII, sur papier alfa cellunaf et sur offset ivoire des papeteries de la Gazette de Saint-Romuald-d'Etchemin et trois exemplaires, numéroté de 1 à 3, sur offset de luxe des papeteries Bontemps constituant l'édition originale, plus trois exemplaires de luxe (quadrichromes) réservés au Professeur Marshall, à Madame France DesRoches et à Madame Jean-Claude Briallis, les deux du Mensuel Varois Illustré.
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