Vol. XXXII,  n° 4 - v. 2.0 Le seul hebdomadaire de la région publié une fois par mois Le lundi 6 décembre 2021

Décembre


Votre première visite sur le site de l'Université de Napierville ?

Lisez cette page : Un monde à découvrir

Ce numéro :

André Gide, Gilles Archambault, Noël et le Jour de l'An, In memoriam, Proust, Trudeau, Lévesque et Drapeau, Beaumarchais, Simone Signoret, George Burns, Pierre Daignault, IXE-13,  Jackson Pollock,  Maria Callas et Jocken Kowalski, Edna St-Vincent Millay, Robert Stanley Weir, Basile Routhier, Calixa Lavalée, Ronsard, George Pérec...

Bonne lecture !

Éditorial  

Nostalgie 

Nostalgie  - nom féminin: 

  • regret mélancolique [d'une chose révolue]... (LeRobert)

  • regret attendri ou désir vague accompagé de mélancolie (Larousse)

  • souffrance causée par le regret obsédant de la patrie. On dit vulgairement Le mal du pays. Il se dit, par analogie, de toute espèce de regrets, non seulement d'un pays, mais d'un milieu auquel on a cessé d'appartenir ou d'un genre de vie qu'on a cessé de mener (Dictionnaire de l'Académie, 8e édition)

  • terme de médecine. Mal du pays, dépérissement causé par un désir violent de retourner dans sa patrie (Littré)

*

Simone Signoret a eu raison quand elle a écrit, en 1976, La nostalgie n'est plus ce qu'elle était car, si Gide, à la veille de mourir disait qu'il craignait qu'un jour ses textes deviennent grammaticalement incorrects, Madame Signoret s'était déjà rendu compte que le mot nostalgie ne signifiait plus ce qu'on lui avait enseigné.

Qu'on parle de coutume à perpétuer, de gestes à poser pour que les jeunes se souviennent du passé, d'ancres à jeter dans la nuit éternelle (emportés sans retour), nous serions bien mal intentionnés de vouloir interdire les décorations qui ornent nos maisons durant ce temps dit des Fêtes (et qui ne font que remplacer celles aux fantômes du mois précédent) mais de là à croire que cela va nous rappeler le Bon vieux temps...

Quoqui'il en soit, que le sapin qui orne votre maison soit fait d'un conifère récemment abattu ou qu'il parvienne, en véritable aluminium, d'un Canadian Tire près de chez vous, ne nous reste qu'à incliner humblement la tête et vous souhaiter un Joyeux Noël et même une Bonne année.

La direction

Chroniques  

Les chroniques précédentes de nos correspondants pourront être
à nouveau consultées quand elles auront été révisées et reclassées.

  Herméningilde Pérec


Et puis...  

Je suis peut-être vieux - mettons : démodé, près de terminer un certain voyage et même, pour utiliser une expression de Simon, considérablement avancé en âge -, mais plus j'écoute - une qualité qu'on developpe avec les années -, plus je lis, plus je regarde ce qu'on me présente à la télévision, plus je m'aperçois que mon cerveau n'a pas l'âge de mes artères, qu'il réfléchit comme il réfléchissait il y a vingt, trente, cinquante ans.

Vous allez me dire que c'est normal, qu'un cerveau qui ramollit ne peut pas s'apercevoir qu'il ramollit étant donné qu'il à la fois celui qui regarde et l'objet qu'il regarde et je vais vous donner entièrement raison car j'ai connu une grande tante qui se trouvait encore jeune, à 97 ans, parce qu'elle se souvenait de la couleur de la robe qu'elle portait quand on lui a présenté Sir John Macdonald, alors premier ministre du Canada, en 1869... mais pas du nom de son mari, décédé en 1916... sauf que  je ne vous parle pas de mémoire - je n'ai jamais pu me rappeler bien des choses comme la plupart des numéros de téléphone de mes amis et souvent du mien - mais du fonctionnement normal d'un cerveau, la pensée, par exemple, qui passe d'un sujet à un autre à la seule mention d'un mot, d'un nom ou à l'écoute d'une expression.

Ainsi, si je vous disais que l'autre jour, alors que je lisais un sermon de Bossuet (quoi ? c'est interdit ?) , je me suis mis à penser à tous mes amis proches qui sont décédés au fil des ans, me demandant ce qu'il restait d'eux en moi pour tout de suite penser à une poétesse que Madame Malhsti m'a fait connaître et  pour laquelle je lui suis extrémement reconnaissant : Edna St-Vincent Millay dont j'ai eu le plaisir de visiter la dernière demeure il y a quelques années en compagnie de notre ami à tous, le Professeur Marshall.

J'ai pensé à elle à cause d'un poème qu'elle a écrite plusieurs mois après la mort de son mari et qui se terminait ainsi :

(Je cite de mémoire)

«Je n'ai peut-être pas été à la hauteur de ce que tu attendais de moi, mais maintenant que tu es disparu, je me rends compte que je t'ai laissé un cadeau princier avant que tu t'en ailles : celui de ne pas mourir avant toi sauf que je sais aujourd'hui que c'était un cadeau au-dessus de mes forces.»

C'est ce qui me fait dire, vieux comme je suis devenu avec le temps, démodé, près de terminer un certain voyage et considérablement avancé en âge, que j'en ai trop faits de ces cadeau princiers.

Et voilà que le coeur usé, on m'en demande d'autres.

H. Pérec

    Simon Popp   

Et c'est reparti...

On m'accuse souvent d'être bougonneux, iconoclaste, toujours prêt à prendre la position contraire dans un débat. - Or, je ne me suis jamais opposé à ce qu'on me décrive de cette façon. 

Quod Erat Demonstradum ou, en français : C.Q.F.D.

En fait, si vous en voulez la preuve, venez me visiter entre aujourd'hui et le lendemain - non : le surlendemain - du Jour de l'An.

De toutes les périodes de l'année où je suis enclin à trouver tout ce que je vois, entends ou touche être une preuve de l'irraisonnabilité (ça se dit ?) de la race humaine... À cette phrase, vous pouvez même ajouter le sens de l'odorat : l'odeur des sapins me soulève le coeur. Quant au goût, quiconque a déjà été soumis à la tourtière de ma mère ou à la dinde de ma belle-mère sait de quoi je parle. De ma belle-mère, je me souviens lui avoir dit que personne ne savait faire la dinde comme elle, ce qu'elle a pris comme un compliment. Pour ma mère, j'ai déjà dit, pas assez souvent, hélas, qu'elle avait appris à faire la cuisine chez les Borgia et qu'il était normal dans son cas de prier avant de se mettre à table. Et l'on se demande aujourd'hui pourquoi je ne suis jamais malade ; elle m'a immunisé contre tout.

J'insiste quand même pour le surlendemain du Jour de l'An car j'ai connu des lendemains où certains fêtards n'en finisaient plus de se plaindre que les Fêtes ne s'étaient pas dérouler comme dans l'Ancien Temps... - Je ne suis pas aussi vieux que notre Monsieur Perec, mais de l'Ancien Temps auxquels se référaient ces plaignards, il était loin d'avoir fait partie de ceux dont même sa grande tante aurait pu lui en parler, car elle s'en serait souvenu. 

Qu'importe ! Les commerçants, surtout les restaurateurs, ont raison de dire que le temps des réjouissances fait partie des meilleurs semaines de leur calendrier.

Or, je ne suis ni commerçant, ni restaurateur.

Et puis, faut-il que je le répète encore une fois :

On ne chante pas le Minuit chrétien le soir de Noël, mais le Minuit - VIRGULE - Chrétiens (avec un s) car c'est à vous qu'on s'adresse, Chrétiens (*), pour vous dire qu'il est minuit et qu'un rédempteur vient de naître.

Simon

(*) Et ne m'embarquez pas dans les calembours, je ne suis pas en état de rire.

   Jeff Bollinger


Ô Canada ! Terre de nos aïeux...
(Ton front est saint de baîllons glorieux
 Car ton bras sait où frapper
 Il sait porter la croix
 Ton histoire est un des pas pires...
)
 
[Voir note à la fin]

Né en 1977, je n'ai pas connu, évidemment, ce que pouvait être les grands courants de pensées avant  la Révolution Tranquille ; comment les gens se comportaient en société, l'influence que pouvait avoir l'Église sur la population en général, les moeurs sexuels de l'époque, ni même la hierarchie qui pouvait exister entre les différentes classes de la société. Quant à la politique...

La vie, telle qu'on la conçoit aujourd'hui était déjà en place, du moins en puissance, au moment où j'ai appris que je vivais dans une Province, le Québec, qui faisant partie d'un pays, le deuxième plus grand au monde, mais dont la population ne dépassait pas dix pourcent celle des États-Unis et que les gens qui parlaient français faisaient partie d'une minorité.

J'ai bien connu quand même, des tantes, des oncles, des voisins et même des professeurs, nés dans les années quarante ou cinquante, sinon trente, qui, eux, se souvenaient de la période pré-révolutionnaire - si je peux m'exprimer ainsi.

Une tante, en particulier, aujourd'hui âgée de près de quatre-vingt-dix ans qui, par sa façon de penser, de parler, par le vocabulaire qu'elle utilisait et qui n'a presque pas varié depuis, par les souvenirs qu'elles nous racontaient, m'a étonné tout en me renseignant beaucoup sur cette période. - Inutile de préciser qu'elle était - et est toujours à ma connaissance - une fervente catholique, mais d'une catholicisme si dépassé qu'il est difficile de croire aujourd'hui qu'il ait existé.

Parmi ses croyances, elle était convaincue que, quoiqu'il lui arrive, elle irait au paradis ayant, dans sa jeunesse, communié neuf premiers vendredis du mois trois fois de suite. D'autres convictions de sa part m'ont étonné et m'étonnent ; comme celui d'être baignée en permanence dans la grâce de Dieu parce qu'elle a, un jour, vu de près le pape ; que les péchés véniels comptent, chacun, pour une fraction du temps qu'elle aurait à passer au purgatoire ; que de l'eau bénite à la maison est plus efficace pour éteindre un incendie qu'un extincteur et ainsi de suite. - Le troisième "secret" de Fatima a, entre autres,  pour elle, une signification particulière. Selon ce qu'on lui a dit, le pape, quand il en a pris connaissance, s'est écrié : "Pauvre Québec !" et c'est à ce genre de croyance qu'elle attribuait tous les "malheurs" qui frappent notre existence à nous, les catholiques du Québec depuis la mort de Duplessis.

Ses héros ? Trudeau (père), Lévesque et Drapeau. Drapeau en particulier car "il nous a fait connaître à travers (sic) le monde". Entre les trois, elle n'a jamais vu de différence.

Son gros problème, ces temps-ci, c'est le REM qu'on veut implanter dans l'est [de l'île de Montréal]. Comme elle habite près du pont Jacques-Cartier, elle se demande s'il va passer devant chez elle. - Avec Drapeau, il aurait au moins été enfoui.

Son pays ? Il n'en existe pas d'autres sur terre : c'est le Canada.

Dire que je vais vieillir à mon tour et que Noël reprendra sa place dans mes pensées.

Jeff  

Note :

Ô Canada est l'hymne national du Canada. Les paroles en sont basées sur un poème originellement commissionné par un lieutenant-gouverneur Théodore Robitaille pour la cérémonie de la Saint-Jean-Baptiste, jour de fête nationale des Canadiens français au début du siècle dernier. Basile Routhier en composa le texte et Calixa Lavallée la musique. Ses paroles (1906) one été traduites (adaptées) en anglais par Robert Stanley Weir, juge et poète amateur de 52 ans en 1908. En voici le premier couplet.

Ô Canada ! Terre de nos aïeux,
Ton front est ceint de fleurons glorieux !
Car ton bras sait porter l'épée,
Il sait porter la croix !
Ton histoire est une épopée...

O Canada ! Our home and native land !
True patriot love in all of us command.
O Canada, we stand on guard for thee.
God keep our land glorious and free !
O Canada, we stand on guard for thee.

                             
Robert Stanley Weir               Basile Routhier                    Calixa Lavalée

   Fawzi Malhasti


Morceau choisi

Certes mon œil fut trop aventureux
De regarder une chose si belle,
Une vertu digne d'une immortelle,
Et dont [l']Amour est même amoureux.

Depuis ce jour je devins langoureux
Pour aymer trop ceste beauté cruelle :
Cruelle non, mais doucement rebelle
A ce désir qui me rend malheureux :

Malheureux, non, heureux je me confesse,
Tant vaut l'amour d'une telle maitresse,
A qui je vy, et à qui je veux plaire.

Je l'ayme tant qu'aymer je ne me puis,
Je suis tant sien que plus mien je ne suis,
Bien que pour elle [l']Amour me désespère.
[*]

Ronsard - Le Premier Livre des Amours - CLXIV

Fawzi

[*] Variante :

En luy plaisant je cherche à me desplaire
Je l'aime tant qu'aimer je ne puis
Bien que pour elle [l']Amour me désespère.

   Paul Dubé


Penser / Classer / Trouver
(Ou : pourquoi, ça n'avance pas vite, mon affaire)

Maude me jure que nous n'en avons jamais parlé ici. Pourtant...

S'agit d'un article de Georges Pérec paru dans la revue L'Humidité au printemps de 1978, qui avait pour titre Notes brèves sur l'art et la manière de ranger ses livres, repris dans un volume, Penser/Classer, chez Hachette (Textes du XXe siècle) en 1985 et que j'ai mis deux bonnes heures à retrouver dans ma bibliothèque, prouvant de ce fait que si je l'avais déjà lu, je n'en avais pas retenu grand chose sauf ce qui suit :

Pérec y mentionnait un de ses amis qui avait conçu un jour le projet d'arrêter sa bibliothèque à 361 ouvrages. Pourquoi 361 ? On ne l'apprend pas, mais le principe général était - je cite - de s'imposer, de n'acquérir de façon durable un ouvrage nouveau X qu'après avoir éliminé (par don, jet, vente ou tout autre moyen adéquat) un ouvrage ancien Z de façon à ce que le nombre K d'ouvrages reste constant et égal à 361 :

K + X > 361 > K - Z (1)

(1) Je laisse à Jeff le soin de vous expliquer cette équation qui me paraît fautive, le deuxièeme ">" devant, à mon avis devant plutôt être un "=", mais n'etant pas mathématicien...

Je m'en suis [re]souvenu en continuant de remodifier dans un format unique, à la demande de notre Maude - détails suivent - les quelque 580 (et +) chroniques que j'ai rédigées ici au cours des dernièeres années, attirant l'attention, chacune, sur un enregistrement particulier de ma discothèque, un autre plus ou moins récemment entendu chez un ami ou à la radio, vu et écouté sur YouTube, y compris d'autres que divers lecteurs ont soumis à mes trop sollicitées oreilles, presque  découragé devant l'énorme travail que ce reclassement m'imposait depuis plusieurs semaines. Et il m'est venu une idée.

Préambule 1

J'ai calculé qu'à raison d'un enregistrement par jour (certains me prennent jusqu'à une heure à réorganiser au format qu'on m'a proposé - "on" faisant allusion au fait que j'ai participé à l'élaboration de ce format) -, mon travail allait me prendre 19 mois (j'en suis au sixième et n'ai réussi, jusqu'à présent qu'à me rendre qu'au numéro 143). - Or 6 multiplié par 580 divisé par 143 moins 6 égalant le nombre de 18, il a bien fallu me rendre compte que cela allait m'amener au mois de juin 2023 + le nombre d'energistrements qu'entre aujourd'hui et ce mois fatal j'allais en ajouter d'autres... 

Préambule 2

Monsieur Pérec (le nôtre, pas celui mentionné au début de ce que je suis en train d'écrire) n'étant pas le seul à se remémorer d'anciens - anciens dans son cas, moins anciens dans le mien quoique... - anciens, donc, souvenirs, je me suis rappelé l'autre jour d'un bonhomme que j'ai rencontré il y a une dizaine d'années - peut-être plus car c'était à l'époque des cassettes-vidéo au format VHS - qui, toqué, s'était mis dans la tête de ne conserver dans sa vidéothèque que cent films utilisant le même principe énoncé dans le Penser/Classer de Georges Pérec :

K + X > 100 > K - Z (1)

(1) Même remarque.

D'où :

Une proposition que je viens de formuler à la direction de laisser dans leur forme première, en les regroupant, mettons dix par dix, mes 580 (+) suggestions, tout en extrayant 100 qu'on pourrait appeler mes 100.

Vous voyez le genre d'ici ?

D'abord on rétablie la présentation (modifiée, il va sans dire, selon le dernier format) des premières suggestions - une affaire qui devrait prendre tout au plus six à huit semaines (hé : 580, ce n'est pas un pique-nique) - puis un second travail pour en extirper 100...

Détails à suivre. - Film à vingt-trois heure.

*

En attendant, voici ma suggestion d'aujourd'hui :

Pardons : mes suggestions.

Elles me sont venues en préparant ma 29e émission de radio de la quatrième série, dite "Nouvelle série" sur la Chanson française (*), chaque émission en comptant 52... (Tant qu'à être occupé...)

(*) Radiophile.ca - les dimanches de midi à deux heures.

Il s'agit, UN, d'un enregistrement de Maria Callas chantant, en 1961, "J'ai perdu mon Eurydice" tiré de l'opéra Orphée et Eurydice de Christoph Willibad Gluck. (1714-1787) dans un rôle tenu à l'origine par un castrat.

Or les castrats, il n'y en a plus aujourd'hui (le dernier, Alessandro Moreschi, est mort en 1922 non sans avoir fait un enregistrement de son unique voix) ou du moins 'il y en a, on ne les utilise plus à l'opéra...

Par contre, se sont élevés depuis un bon bout de temps déjà des mezzo, contre-ténors ou haute-contres ou tout simplement altos dont un se détache particulièrement du groupe Jochen Kowalski qui enregistrait en 1989 - DEUX - le même air, mais en italien : Che Faro senza Euridice (sic) - orcheste de chambre C.P.E. Bach sous la direction de Hartmut Haenchen.

Vous en apprendrez un peu plus sur ce Jochen Kowalski, notamment que, pour chanter le rôle d'Orphée, à Londres, en 1989, il entra sur scène vêtu d'un blouson de cuir, une guitare électrique à la main... en consultat la page suivante :

(https://en.wikipedia.org/wiki/Jochen_Kowalski)
(En anglais uniquement)

 Voici la Callas et Joachen Kowalski :

                                       

Maria Callas                                            Jocken Kowalski (*)
                                                                                      
(*) ©-Felix-Feistel

*

Maria Callas

J'ai perdu mon Eurydice (1961) 

Jochen Kowalski :

Che faro senza Euridice (1989)

paul

 

L'extrait du mois


«J'ai l'honneur de vous offrir un nouvel opuscule de ma façon. Je souhaite vous rencontrer dans un de ces moments heureux où, dégagé de soins, content de votre santé, de vos affaires, de votre maîtresse, de votre dîner, de votre estomac, vous puissiez vous plaire un moment à la lecture de mon Barbier de Séville ; car il faut tout cela pour être homme amusable et lecteur indulgent. 

Mais si quelque accident a dérangé votre santé ; si votre état est compromis ; si votre belle a forfait à ses serments ; si votre dîner fut mauvais ou votre digestion laborieuse, ah ! laissez mon Barbier ; ce n'est pas là l'instant : examinez l'état de vos dépenses, étudiez le factum de votre adversaire, relisez ce traître billet surpris à Rose, ou parcourez les chefs-d'oeuvre de Tissot sur la tempérance, et faites des réflexions politiques, économiques, diététiques, philosophiques ou morales. 

Ou si votre état est tel qu'il vous faille absolument l'oublier, enfoncez-vous dans une bergère, ouvrez le journal établi dans Bouillon avec encyclopédie, approbation et privilège, et dormez vite une heure ou deux. 

Quel charme aurait une production légère au milieu des plus noires vapeurs ? Et que vous importe en effet si Figaro le barbier s'est bien moqué de Bartholo le médecin, en aidant un rival à lui souffler sa maîtresse ? 

On rit peu de la gaieté d'autrui, quand on a de l'humeur pour son propre compte. Que vous fait encore si ce barbier espagnol, en arrivant dans Paris, essuya quelques traverses, et si la prohibition de ses exercices a donné trop d'importance aux rêveries de mon bonnet ? On ne s'intéresse guère aux affaires des autres que lorsqu'on est sans inquiétude sur les siennes. 

Mais enfin tout va-t-il bien pour vous ? Avez-vous à souhait double estomac, bon cuisinier, maîtresse honnête et repos imperturbable ? Ah ! parlons, parlons : donnez audience à mon Barbier»

- Pierre Augustin Caron Beaumarchais
Préface à son Barbier de Séville       
ou Les précautions Inutiles.           

Représentée et tombée sur le Théâtre de la                 
Comédie Française aux Tuileries, le 23 février 1775.

Lectures


Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres, revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.


A signaler :

Pierre Daigneault, alias Pierre Sauriol
Les aventures étranges de l'agent IXE-13 (l'as des espions canadiens)
Tome 1 et 2 - Les éditions de l'homme, 2020

                             

Éduqué en anglais, je n'ai connu les romans à 10 cennes de Pierre Daigneault qu'à la fin des années cinquante au moment où ils en étaient à leur dixième année, la majorité de mes lectures de ce genre ayant consisté jusqu'à ce moment-là en leur équivalent britannique, soit ceux de la série des Biggles de W. E. Johns qui ont commencé à paraître en 1932 et dont les derniers furent imprimés en 1970 peu après la mort de leur auteur : 97 volumes - certains contenant jusqu'à 12-13 short stories - et dont j'en ai peut-être lu une vingtaine. - Le souvenir que j'en garde et qui, avec le temps, est sans doute plus fantaisiste qu'autre chose, est celui de la manière qu'on découvrait que le héros apparaissait dans les récits de ses aventures était sa manie de frapper sa cigarette sur le dessus de sa main avant de la porter à ses lèvres, chose qu'aujourd'hui on n'oserait plus écrire dans des romans destinés à la jeunesse. (*)

(*) J'ai cru comprendre que ce geste et d'autres ont été supprimés d'une réédition complète (?) des oevres de W.E. Johns qu'on en aurait mis en marché en 1999.

Je saute par dessus IXE-13 temporairement parce que, longtemps après, en avoir lu plusieurs épisodes, je me suis penché sur le maître du genre que fut Pierre Alexis Ponson du Terrail (1829-1871) auteur de lus de 200 romans d'aventures autour, entre autres, d'un personnage qui a donné naissance à un adjectif , "rocambolesque", du nom d'un de ses héros, le célèbre aventurier Rocambole.

On pourra en lire plus sur ce Ponson du Terrail dans une page que je lui ai dédiée il y a plusieurs années ici même.

Après avoir relu quelques épisodes de cet héros de jeunesse que fut IXE-13, il y a quand même plusieurs années de cela, j'ai tout de suite emprunté les deux volumes "anthologiques" (?) précités, mais, sans en lire aucun épisode qu'ils contiennent, je les ai immédiatement retrourné, après en en avoir lu la préface par l'ex-cynique, Marc Laurendeau, qui aura eu beau vouloir être dans sa vraie vie un sérieux chroniqueur, éditorialiste et commentateur de l'actualité (à la radio et à la télévision) m'a toujours paru être un journaliste ni-de-gauche-ni-de-droite, mais surtout sans opinion ferme. 

Et le voilà, en rapport avec le véritable phénomène que fut Pierre Daigneault, alias Pierre Saurel, alias Albert Brien, alias le Père Ovide des Belles histoires des pays d'en haut, comédien, chanteur, concepteur et animateur d'émissions folkloriques et le plus prolifique des auteurs québécois de littérature populaire dont les romans à dix cents se sont vendus jusqu'à 30,000 copies par semaine, le voilà qu'il insiste pour parler d'un film de Jacques Godbout inspiré vaguement du personnage IXE-13 où lui et ses ex-collègues du groupe Les Cyniques ont connu quelques heures de gloire en 1971...

C'est à une édition sérieuse des récits de Pierre Daigneault - qui ne viendra sans doute jamais - qu'on aurait droit, Messieurs des Éditions de l'Homme. 

Simon

*

Divers

Gilles Archambault
Dernières chroniques matinales
Boréal, 1996
Il se fait tard
Boréal, 2021

         

André Gide
Thésée
Gallimard, 1946
Ainsi soit-il ou Les jeux sont faits
Gallimard, 1952

      

J'ai parlé il n'y a pas si longtemps de quelques (?) livres écrits et publiés par des auteurs récemment décédés ou se sentant près de l'être. De d'Ormesson entre autres et puis de Pivot. Pas très charitablement si ma mémoire est exacte. Et voilà qu'un ami me met dans les mains le dernier "Archambault" en me disant que 18$ pour un livre qui fait à peine cent pages, c'était un peu "exagéré". Du contenu de ce "Il se fait tard", je vous en parle dans un instant, mais, en ce qui concerne le prix des livres en ce moment :

J'ai des collections de volumes que je me suis procuré au cours de longues périodes. Une série sur Proust en particulier dont le premier volume m'a coûté 4$ et le dernier 28$. Entre les deux, vingt ans se sont écoulés et, inflation pris en considération, leurs prix n'ont pas beaucoup varié. En 1960, par exemple, un livre de poche coûtait 60 cents. En argent d'aujourd'hui, le même devrait se vendre 5,50$. Faite le calcul. 

S'il est vrai que mon premier "Pléiade" m'a couté 12$ et que le dernier 130$, la différence est à peine perceptible. Sauf qu'àa l'époque, 12$ était énorme alors que mes revenus ont, toutes proposrtions gardées, augmenté en conséquence.

Je ne peux pas vaiment ajouter autre chose à ce sujet parce que : a) j'achèete de moins en moins de livres et b) parce que les livres que je voudrais sont depuis longtemps épuisés et je fréquente de plus en plus les librairies d'occasion.

Néanmoins, oui, $18 pour un "Archambault" de cent pages, c'est pas mal de sous.

Dans ma bibliothèque, j'en ai retrouvé un autre du même auteur, celui dont vous pouvez voir la couverture ci-dessus. Sans prix, mais je suis certain qu'il ne m'a pas coûté l'équivalent en $ que ce dernier. - Et où l'ai-je retrouvé ? À côté de quatre autres de Gide, tous parus à la toute fin de sa vie, le dernier, deux ans après sa mort. Je les ai lus (relus) tous les cinq.

(Ce qui m'a paru curieux, ça a été le fait que je n'ai retrouvé qu'un seul volume d'Archambault alors que je me souviens, en sa présence, lui en ai sorti une dizaine... Que leur est-il arrivé ? Je n'en ai aucune idée...)

Sur les livres d'auteurs publiés vers la fin de leur vie

La plupart que j'ai lus ne m'ont rien appris de nouveau, mais il faut comprendre que je ne parle pas, en utilisant cette expression, de livres écrits au cours d'une vie et publiés après la mort de certains écrivains, mais bien de choses qu'ils publient de leur vivant ou qu'on découvre dans leurs manuscrits rédigées volontairement pour être publiés de façon posthume et qui sont, généralement dans la continuité de leurs ouvrages antérieures. Autrement dit, de livres destinés à la publication.

Les Mémoires de Saint-Simon ne font pas partie de cette catégorie, ni À la recherche du Temps perdu de Proust, ni le Journal de Julien Green, ni le Silverview de John le Carré dont je parlais le mois dernier.

Je parle essentiellement d'écrits rédigés par un auteur au moment où sa vie s'achève et qui veut laisser "un dernier message" à ses lecteurs sans que des besoins particuliers (genre : manque d'argent) les poussent à ce faire.

En ce sens, je n'en veux pas à Archambault d'avoir voulu publié son "Il se fait tard", mais j'avoue n'y avoir trouvé aucun plaisir. Je l'aurais feuilleté, comme c'est mon habitude, chez mon libraire, que je l'aurais laissé en place. Mon ami, le connaissant moins que moi, se l'est procuré et me l'a refilé et c'est tant mieux. - Moins bien que les derniers Pivot, mais considérablement mieux que les derniers "fonds de tiroir" de d'Ormesson.

Quant aux Gide, en excluant son "Oscar Wilde" paru chez Mercure en 1947 et peut-être, mais moins, son "Et nunc manet in te" chez Ides et calandes la même année, pour avoir lu plusieurs fois depuis les années soixante son "Thésée" (Gallimard 1946) et et son "Ainsi soit-il" (Idem, en 1952, un an après sa mort), j'en suis resté, après ma récente relecture tout aussi surpris de leur actualité. Ces deux livres doivent être classé, à mon avis, parmi les meilleurs que Gide ait pu produire, à l'âge de 77 et 82 ans.

Simon

Il y a dix ans dans le Castor


In memoriam

Ron McKenna
(décédé le 22 novembre 2011)

« Nous disons bien que l’heure de la mort est incertaine, mais quand nous disons cela, nous nous représentons cette heure comme située dans un espace vague et lointain, nous ne pensons pas qu’elle ait un rapport quelconque avec la journée déjà commencée et puisse signifier que la mort ou sa première prise de possession partielle de nous, après laquelle elle ne nous lâchera plus pourra se produire dans cet après-midi même, si peu incertain, cet après-midi où l’emploi de toutes les heures est réglé d’avance. On tient à sa promenade pour avoir dans un mois le total de bon air nécessaire, on a hésité sur le choix d’un manteau à emporter, du cocher à appeler, on est en fiacre, la journée est tout entière devant vous, courte, parce qu’on veut être rentré à temps pour recevoir une amie; on voudrait qu’il fît aussi beau le lendemain; et on ne se doute pas que la mort, qui cheminait en vous dans un autre plan, au milieu d’une impénétrable obscurité, a choisi précisément ce jour-là pour entrer en scène, dans quelques minutes, à peu près à l’instant où la voiture atteindra les Champs-Élysées... »

- Marcel Proust

Dédicace


Cette édition du Castor est dédiée à :

 

Jackson Pollock
(1912-1956)

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 Toulouse-Lautrec : L'oeuvre lithographique complète  
370 photos des lithogravures de Toulouse-Lautrec     

Schubert
un essai de Paul Dubé
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Éphémérides
Là où s'accumulent les inclassables

Le mot de la fin


«La chose la plus importante dans la vie, c'est la sincérité. Une fois qu'on a appris à faire semblant, le reste est d'une facilité....»

George Burns - 1902-1996

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Note : Le Castor™, entièrement subventionné par les Éditions Vatfair-Fair de St-Romuald d'Etchemin, ne perçoit aucun paiement de la part des établissements ci-dessous mentionnés, ni faveurs, ni considérations spéciales.


Burgundy Lion
2496 ouest, rue Notre-Dame
Montréal, Québec
(http://Burgundy Lion.com/)


McBroue
329 rue Victoria
Salaberry-de-Valleyfield, Québec

http://mcbroue.com/


Librairie Côté gauche
33 rue du Marché, 
Salaberry-de-Valleyfield, Québec

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4115-A rue St-Denis
Montréal, Québec
http://www.dieseonze.com/

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Et sur rendez-vous seulement :

Vatfair, Planter, Hencourt

Avocats

Tour Marshalluk - Quartier Universitaire - Napierville

Téléphone : 88-06 - Sonner deux coups.

 

  
F. Charles Rein
Aurist & Acoustic

Instrument Maker

223 Baker Street
London, NW1 6XE

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Notes et autres avis :


Fondé en 1900 par le Grand Marshall, le CASTOR DE NAPIERVILLE fut, à l'origine, un hebdomadaire et vespéral organe créé pour la défense des intérêts de l'Université de Napierville et de son quartier. - Il est , depuis le 30 septembre 2002, publié sous le présent électronique format afin de tenir la fine et intelligente masse de ses internautes lecteurs au courant des dernières nouvelles concernant cette communauté d'esprit et de fait qu'est devenu au fil des années le site de l'UdeNap, le seul, unique et officiel site de l'Université de Napierville.

De cet hebdomadaire publié sur les électroniques presses de la Vatfair-Fair Broadcasting Corporation grâce à une subvention du Ministère des Arts et de la Culture du Caraguay, il est tiré, le premier lundi de chaque mois, sept exemplaires numérotés de I à VII, sur papier alfa cellunaf et sur offset ivoire des papeteries de la Gazette de Saint-Romuald-d'Etchemin et trois exemplaires, numéroté de 1 à 3, sur offset de luxe des papeteries Bontemps constituant l'édition originale, plus trois exemplaires de luxe (quadrichromes) réservés au Professeur Marshall, à Madame France DesRoches et à Madame Jean-Claude Briallis, les deux du Mensuel Varois Illustré.

Nous rappelons à notre aimable clientèle que :

1 - L'édition régulière du Castor™ paraît le 1er lundi de chaque mois.

2 - L'édition corrigée du Castor™, destinée au marché américain, paraît le 1er jeudi de chaque mois.

3 - De mini-éditions peuvent paraître le 2e ou 3 lundi de chaque mois.

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1 - Tous droits réservés. - Copyright © UdeNap.org. - La reproduction de tout ou partie du matériel contenu dans cette édition du Castor™ est interdite sans l'autorisation écrite des auteurs.

2 - Malgré l'attention portée à la rédaction de ce journal, ses auteurs ou son éditeur ne peuvent assumer une quelconque responsabilité du fait des informations qui y sont proposées.

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4 - La direction du Castor™ tient à préciser qu'aucun enfant n'est victime d'agressions sexuelles au cours de la préparation, pendant la rédaction et lors de la publication de son hebdomadaire.

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