André Gide, Gilles
Archambault, Noël et le Jour de l'An, In memoriam, Proust, Trudeau, Lévesque
et Drapeau, Beaumarchais, Simone Signoret, George Burns, Pierre Daignault,
IXE-13, Jackson Pollock, Maria Callas et Jocken Kowalski, Edna St-Vincent Millay, Robert Stanley
Weir, Basile
Routhier, Calixa Lavalée, Ronsard, George Pérec...
regret attendri ou désir
vague accompagé de mélancolie (Larousse)
souffrance causée par le regret obsédant de la patrie. On dit vulgairement Le mal du pays. Il se dit, par analogie, de
toute espèce de regrets, non seulement d'un pays, mais d'un milieu auquel on a cessé d'appartenir ou d'un genre de vie qu'on a cessé de
mener(Dictionnaire de l'Académie, 8e édition)
terme de médecine.
Mal du pays, dépérissement causé par un désir violent de retourner
dans sa patrie (Littré)
*
Simone Signoret a eu raison
quand elle a écrit, en 1976, La nostalgie n'est plus ce qu'elle était
car, si Gide, à la veille de mourir disait qu'il craignait qu'un jour ses
textes deviennent grammaticalement incorrects, Madame Signoret s'était
déjà rendu compte que le mot nostalgie ne signifiait plus ce qu'on
lui avait enseigné.
Qu'on parle de coutume à
perpétuer, de gestes à poser pour que les jeunes se souviennent du passé,
d'ancres à jeter dans la nuit éternelle (emportés sans retour), nous
serions bien mal intentionnés de vouloir interdire les décorations qui
ornent nos maisons durant ce temps dit des Fêtes (et qui ne font que
remplacer celles aux fantômes du mois précédent) mais de là à croire
que cela va nous rappeler le Bon vieux temps...
Quoqui'il en soit, que le
sapin qui orne votre maison soit fait d'un conifère récemment abattu ou
qu'il parvienne, en véritable aluminium, d'un Canadian Tire près de chez
vous, ne nous reste qu'à incliner humblement la tête et vous souhaiter un
Joyeux Noël et même une Bonne année.
La direction
Chroniques
Les chroniques précédentes de nos
correspondants pourront être
à nouveau consultées quand elles auront été révisées et reclassées.
Herméningilde Pérec
Et puis...
Je suis peut-être vieux - mettons : démodé,
près de terminer un certain voyage et même, pour utiliser
une expression de Simon, considérablement avancé en âge
-, mais plus j'écoute - une qualité qu'on developpe avec les
années -, plus je lis, plus je regarde ce qu'on me présente à
la télévision, plus je m'aperçois que mon cerveau n'a pas l'âge
de mes artères, qu'il réfléchit comme il réfléchissait il y a
vingt, trente, cinquante ans.
Vous allez me dire que c'est normal, qu'un
cerveau qui ramollit ne peut pas s'apercevoir qu'il ramollit étant
donné qu'il à la fois celui qui regarde et l'objet qu'il regarde
et je vais vous donner entièrement raison car j'ai connu une
grande tante qui se trouvait encore jeune, à 97 ans, parce
qu'elle se souvenait de la couleur de la robe qu'elle portait
quand on lui a présenté Sir John Macdonald, alors premier
ministre du Canada, en 1869... mais pas du nom de son mari, décédé
en 1916... sauf que je ne vous parle pas de mémoire - je
n'ai jamais pu me rappeler bien des choses comme la plupart des
numéros de téléphone de mes amis et souvent du mien - mais du
fonctionnement normal d'un cerveau, la pensée, par exemple, qui
passe d'un sujet à un autre à la seule mention d'un mot, d'un
nom ou à l'écoute d'une expression.
Ainsi, si je vous disais que l'autre jour, alors
que je lisais un sermon de Bossuet (quoi ? c'est interdit ?) , je
me suis mis à penser à tous mes amis proches qui sont décédés
au fil des ans, me demandant ce qu'il restait d'eux en moi pour
tout de suite penser à une poétesse que Madame Malhsti m'a fait
connaître et pour laquelle je lui suis extrémement
reconnaissant : Edna St-Vincent Millay dont j'ai eu le plaisir de
visiter la dernière demeure il y a quelques années en compagnie
de notre ami à tous, le Professeur Marshall.
J'ai pensé à elle à cause d'un poème qu'elle
a écrite plusieurs mois après la mort de son mari et qui se
terminait ainsi :
(Je cite de mémoire)
«Je n'ai peut-être pas été à la
hauteur de ce que tu attendais de moi, mais maintenant que tu es
disparu, je me rends compte que je t'ai laissé un cadeau
princier avant que tu t'en ailles : celui de ne pas mourir avant
toi sauf que je sais aujourd'hui que c'était un
cadeau au-dessus de mes forces.»
C'est ce qui me fait dire, vieux comme je suis
devenu avec le temps, démodé,
près de terminer un certain voyage et considérablement avancé en âge,
que j'en ai trop faits de ces cadeau princiers.
Et voilà que le coeur usé, on m'en demande
d'autres.
H. Pérec
Simon Popp
Et c'est reparti...
On m'accuse souvent d'être bougonneux, iconoclaste,
toujours prêt à prendre la position contraire dans un débat. - Or, je
ne me suis jamais opposé à ce qu'on me décrive de cette façon.
Quod Erat Demonstradum ou, en français :
C.Q.F.D.
En fait, si vous en voulez la preuve,
venez me visiter entre aujourd'hui et le lendemain - non : le
surlendemain - du Jour de l'An.
De toutes les périodes de l'année où
je suis enclin à trouver tout ce que je vois, entends ou touche être
une preuve de l'irraisonnabilité (ça se dit ?) de la race humaine... À
cette phrase, vous pouvez même ajouter le sens de l'odorat : l'odeur
des sapins me soulève le coeur. Quant au goût, quiconque a déjà été
soumis à la tourtière de ma mère ou à la dinde de ma belle-mère
sait de quoi je parle. De ma belle-mère, je me souviens lui avoir dit
que personne ne savait faire la dinde comme elle, ce qu'elle a pris
comme un compliment. Pour ma mère, j'ai déjà dit, pas assez
souvent, hélas, qu'elle avait appris à faire la cuisine chez les
Borgia et qu'il
était normal dans son cas de prier avant de se mettre à table. Et l'on
se demande aujourd'hui pourquoi je ne suis jamais malade ; elle m'a
immunisé contre tout.
J'insiste quand même pour le surlendemain
du Jour de l'An car j'ai connu des lendemains où certains fêtards n'en
finisaient plus de se plaindre que les Fêtes ne s'étaient pas dérouler
comme dans l'Ancien Temps... - Je ne suis pas
aussi vieux que notre Monsieur Perec, mais de l'Ancien Temps auxquels se
référaient ces plaignards, il était loin d'avoir fait partie de ceux
dont même sa grande tante aurait pu lui en parler, car elle s'en serait
souvenu.
Qu'importe ! Les commerçants, surtout
les restaurateurs, ont raison de dire que le temps des réjouissances
fait partie des meilleurs semaines de leur calendrier.
Or, je ne suis ni commerçant, ni
restaurateur.
Et puis, faut-il que je le répète
encore une fois :
On ne chante pas le Minuit chrétien
le soir de Noël, mais le Minuit - VIRGULE - Chrétiens
(avec un s) car c'est à vous qu'on s'adresse, Chrétiens (*),
pour vous dire qu'il est minuit et qu'un rédempteur vient de naître.
Simon
(*) Et ne m'embarquez pas dans les
calembours, je ne suis pas en état de rire.
Jeff Bollinger
Ô Canada ! Terre de nos aïeux...
(Ton front est saint de baîllons glorieux
Car ton bras sait où frapper
Il sait porter la croix
Ton histoire est un des pas pires...) [Voir note à la fin]
Né en 1977, je n'ai pas connu, évidemment, ce que pouvait être
les grands courants de pensées avant la Révolution Tranquille ; comment
les gens se comportaient en société, l'influence que pouvait avoir l'Église sur
la population en général, les moeurs sexuels de l'époque, ni même la
hierarchie qui pouvait exister entre les différentes classes de la société.
Quant à la politique...
La vie, telle qu'on la conçoit aujourd'hui était déjà en
place, du moins en puissance, au moment où j'ai appris que je vivais dans une Province, le Québec,
qui faisant partie d'un pays, le deuxième plus grand au monde, mais dont la
population ne dépassait pas dix pourcent celle des États-Unis et que les gens
qui parlaient français faisaient partie d'une minorité.
J'ai bien connu quand même, des tantes, des oncles, des voisins et même
des professeurs, nés dans les années
quarante ou cinquante, sinon trente, qui, eux, se souvenaient de la période pré-révolutionnaire
- si je peux m'exprimer ainsi.
Une tante, en particulier, aujourd'hui âgée de près de
quatre-vingt-dix ans qui, par sa façon de penser, de parler, par le vocabulaire
qu'elle utilisait et qui n'a presque pas varié depuis, par les souvenirs qu'elles nous racontaient, m'a
étonné tout en me renseignant beaucoup sur cette période. - Inutile de préciser qu'elle était - et est
toujours à ma connaissance - une fervente catholique, mais d'une catholicisme
si dépassé qu'il est difficile de croire aujourd'hui qu'il ait existé.
Parmi ses croyances, elle était convaincue que, quoiqu'il lui
arrive, elle irait au paradis ayant, dans sa jeunesse, communié neuf premiers
vendredis du mois trois fois de suite. D'autres convictions de sa part m'ont étonné
et m'étonnent ; comme celui d'être baignée en permanence dans la grâce de Dieu
parce qu'elle a,
un jour, vu de près le pape ; que les péchés véniels comptent, chacun, pour
une fraction du temps qu'elle aurait à passer au
purgatoire ; que de l'eau bénite à la maison est plus efficace pour éteindre
un incendie qu'un extincteur et ainsi de suite. - Le troisième
"secret" de Fatima a, entre autres, pour elle, une
signification particulière. Selon ce qu'on lui a dit, le pape, quand il en a pris connaissance, s'est écrié : "Pauvre Québec !"
et c'est à ce genre de croyance qu'elle attribuait tous les
"malheurs" qui frappent notre existence à nous, les catholiques du
Québec depuis la mort de Duplessis.
Ses héros ? Trudeau (père), Lévesque et Drapeau. Drapeau en
particulier car "il nous a fait connaître à travers (sic) le monde".
Entre les trois, elle n'a jamais vu de différence.
Son gros problème, ces temps-ci, c'est le REM qu'on veut
implanter dans l'est [de l'île de Montréal]. Comme elle habite près du pont
Jacques-Cartier, elle se demande s'il va passer devant chez elle. - Avec
Drapeau, il aurait au moins été enfoui.
Son pays ? Il n'en existe pas d'autres sur terre : c'est le
Canada.
Dire que je vais vieillir à mon tour et que Noël reprendra
sa place dans mes pensées.
Jeff
Note :
Ô Canada est l'hymne national du Canada. Les paroles en sont basées sur un poème
originellement commissionné par un lieutenant-gouverneur Théodore Robitaille pour la cérémonie de la Saint-Jean-Baptiste, jour de fête nationale des Canadiens français
au début du siècle dernier. Basile Routhier
en composa le texte et Calixa Lavallée la musique. Ses paroles
(1906) one été traduites (adaptées) en anglais par Robert Stanley Weir, juge et poète amateur de 52
ans en 1908. En voici le premier couplet.
Ô Canada ! Terre de nos aïeux,
Ton front est ceint de fleurons glorieux !
Car ton bras sait porter l'épée,
Il sait porter la croix !
Ton histoire est une épopée...
O Canada ! Our home and native land !
True patriot love in all of us command.
O Canada, we stand on guard for thee.
God keep our land glorious and free !
O Canada, we stand on guard for thee.
Robert Stanley
Weir
Basile
Routhier
Calixa Lavalée
Fawzi Malhasti Morceau choisi
Certes mon œil fut trop aventureux
De regarder une chose si belle,
Une vertu digne d'une immortelle,
Et dont [l']Amour est même amoureux.
Depuis ce jour je devins langoureux
Pour aymer trop ceste beauté cruelle :
Cruelle non, mais doucement rebelle
A ce désir qui me rend malheureux :
Malheureux, non, heureux je me confesse,
Tant vaut l'amour d'une telle maitresse,
A qui je vy, et à qui je veux plaire.
Je l'ayme tant qu'aymer je ne me puis,
Je suis tant sien que plus mien je ne suis,
Bien que pour elle [l']Amour me désespère.
[*]
Ronsard - Le
Premier Livre des Amours - CLXIV
Fawzi
[*]
Variante :
En luy plaisant je
cherche à me desplaire
Je l'aime tant qu'aimer je ne puis
Bien que pour elle [l']Amour me désespère.
Paul Dubé
Penser / Classer / Trouver (Ou : pourquoi, ça n'avance pas vite, mon
affaire)
Maude me jure que nous n'en avons jamais parlé
ici. Pourtant...
S'agit d'un article de Georges Pérec
paru dans la revue L'Humidité au printemps de 1978, qui
avait pour titre Notes brèves sur l'art et la manière de
ranger ses livres, repris dans un volume, Penser/Classer,
chez Hachette (Textes du XXe siècle) en 1985 et que j'ai
mis deux bonnes heures à retrouver dans ma bibliothèque,
prouvant de ce fait que si je l'avais déjà lu, je n'en avais
pas retenu grand chose sauf ce qui suit :
Pérec y mentionnait un de ses amis qui avait
conçu un jour le projet d'arrêter sa bibliothèque à 361 ouvrages.
Pourquoi 361 ? On ne l'apprend pas, mais le principe général
était - je cite - de s'imposer, de n'acquérir de façon
durable un ouvrage nouveau X qu'après avoir éliminé
(par don, jet, vente ou tout autre moyen adéquat) un
ouvrage ancien Z de façon à ce que le nombre K
d'ouvrages reste constant et égal à 361 :
K + X
> 361 > K - Z(1)
(1) Je laisse à Jeff le
soin de vous expliquer cette équation qui me paraît fautive,
le deuxièeme ">" devant, à mon avis devant plutôt
être un "=", mais n'etant pas mathématicien...
Je m'en suis [re]souvenu en
continuant de remodifier dans un format unique, à la demande de
notre Maude - détails suivent - les quelque 580 (et +)
chroniques que j'ai rédigées ici au cours des dernièeres années, attirant l'attention,
chacune, sur un enregistrement particulier de ma discothèque,
un autre plus ou moins récemment entendu chez un ami ou à la
radio, vu et écouté sur YouTube, y compris d'autres que divers
lecteurs ont soumis à mes trop sollicitées oreilles,
presque découragé devant l'énorme travail que ce
reclassement m'imposait depuis plusieurs semaines. Et il m'est
venu une idée.
Préambule 1
J'ai calculé qu'à raison d'un
enregistrement par jour (certains me prennent jusqu'à une
heure à réorganiser au format qu'on m'a proposé -
"on" faisant allusion au fait que j'ai participé à l'élaboration
de ce format) -, mon travail allait me prendre 19 mois (j'en
suis au sixième et n'ai réussi, jusqu'à présent qu'à me
rendre qu'au numéro
143). - Or 6 multiplié par 580 divisé par 143 moins 6 égalant
le nombre de 18, il a bien fallu me rendre compte que cela
allait m'amener au mois de juin 2023 + le nombre d'energistrements
qu'entre aujourd'hui et ce mois fatal j'allais en ajouter
d'autres...
Préambule 2
Monsieur Pérec (le nôtre, pas
celui mentionné au début de ce que je suis en train d'écrire)
n'étant pas le seul à se remémorer d'anciens - anciens
dans son cas, moins anciens dans le mien quoique... - anciens,
donc, souvenirs, je me suis rappelé l'autre jour d'un bonhomme que
j'ai rencontré il y a une dizaine d'années - peut-être plus
car c'était à l'époque des cassettes-vidéo au format VHS -
qui, toqué, s'était mis dans la tête de ne conserver dans
sa vidéothèque que cent films utilisant le même
principe énoncé dans le Penser/Classer de Georges
Pérec :
K + X
> 100
> K - Z(1)
(1) Même remarque.
D'où :
Une proposition que je viens de
formuler à la direction de laisser dans leur forme première,
en les regroupant, mettons dix par dix, mes 580 (+)
suggestions, tout en extrayant 100 qu'on pourrait
appeler mes 100.
Vous voyez le genre d'ici ?
D'abord on rétablie la présentation
(modifiée, il va sans dire, selon le dernier format) des
premières suggestions - une affaire qui devrait prendre tout
au plus six à huit semaines (hé : 580, ce n'est pas un
pique-nique) - puis un second travail pour en extirper 100...
Détails à suivre. - Film à
vingt-trois heure.
*
En attendant, voici ma suggestion
d'aujourd'hui :
Pardons : mes suggestions.
Elles me sont venues en préparant
ma 29e émission de radio de la quatrième série, dite
"Nouvelle série" sur la Chanson française (*),
chaque émission en comptant 52... (Tant qu'à être occupé...)
(*)Radiophile.ca - les dimanches
de midi à deux heures.
Il s'agit, UN, d'un
enregistrement de Maria Callas chantant, en 1961, "J'ai
perdu mon Eurydice" tiré de l'opéra Orphée et Eurydice
de Christoph Willibad Gluck. (1714-1787) dans un rôle tenu à
l'origine par un castrat.
Or les castrats, il n'y en a plus
aujourd'hui (le dernier, Alessandro Moreschi, est mort en 1922
non sans avoir fait un enregistrement de son unique voix)
ou du moins 'il y en a, on ne les utilise plus à l'opéra...
Par contre, se sont élevés depuis
un bon bout de temps déjà des mezzo, contre-ténors ou
haute-contres ou tout simplement altos dont un se détache particulièrement du
groupe Jochen Kowalski qui enregistrait en 1989 - DEUX - le
même air, mais en italien : Che Faro senza Euridice
(sic) - orcheste de chambre C.P.E. Bach sous la
direction de Hartmut Haenchen.
Vous en apprendrez un peu plus
sur ce Jochen Kowalski, notamment que, pour chanter le rôle
d'Orphée, à Londres, en 1989, il entra sur scène vêtu d'un
blouson de cuir, une guitare électrique à la main... en
consultat la page suivante :
(https://en.wikipedia.org/wiki/Jochen_Kowalski)
(En anglais uniquement)
«J'ai l'honneur de vous offrir un nouvel
opuscule de ma façon. Je souhaite vous rencontrer dans un de
ces moments heureux où, dégagé de soins, content de votre
santé, de vos affaires, de votre maîtresse, de votre dîner,
de votre estomac, vous puissiez vous plaire un moment à la
lecture de mon Barbier de Séville ; car il faut tout
cela pour être homme amusable et lecteur indulgent.
Mais si quelque accident a dérangé votre
santé ; si votre état est compromis ; si votre belle a forfait
à ses serments ; si votre dîner fut mauvais ou votre digestion
laborieuse, ah ! laissez mon Barbier ; ce n'est pas là
l'instant : examinez l'état de vos dépenses, étudiez le
factum de votre adversaire, relisez ce traître billet surpris
à Rose, ou parcourez les chefs-d'oeuvre de Tissot sur la tempérance,
et faites des réflexions politiques, économiques, diététiques,
philosophiques ou morales.
Ou si votre état est tel qu'il vous faille
absolument l'oublier, enfoncez-vous dans une bergère, ouvrez le
journal établi dans Bouillon avec encyclopédie, approbation et
privilège, et dormez vite une heure ou deux.
Quel charme aurait une production légère
au milieu des plus noires vapeurs ? Et que vous importe en effet
si Figaro le barbier s'est bien moqué de Bartholo le médecin,
en aidant un rival à lui souffler sa maîtresse ?
On rit peu de la gaieté d'autrui, quand on
a de l'humeur pour son propre compte. Que vous fait encore si ce
barbier espagnol, en arrivant dans Paris, essuya quelques
traverses, et si la prohibition de ses exercices a donné trop
d'importance aux rêveries de mon bonnet ? On ne s'intéresse guère
aux affaires des autres que lorsqu'on est sans inquiétude sur
les siennes.
Mais enfin tout va-t-il bien pour vous ?
Avez-vous à souhait double estomac, bon cuisinier, maîtresse
honnête et repos imperturbable ? Ah ! parlons, parlons : donnez
audience à mon Barbier»
- Pierre Augustin Caron
Beaumarchais
Préface à son Barbier de Séville
ou Les précautions
Inutiles.
Représentée et tombée sur le Théâtre de
la
Comédie Française aux Tuileries, le 23 février 1775.
Lectures
Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables
critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres,
revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de
commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui
les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction
du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.
A signaler :
Pierre Daigneault, alias Pierre Sauriol Les aventures étranges de l'agent
IXE-13 (l'as des espions canadiens) Tome 1 et 2 - Les éditions de l'homme, 2020
Éduqué en anglais, je n'ai connu les romans
à 10 cennes de Pierre Daigneault qu'à la fin des années cinquante
au moment où ils en étaient à leur dixième année, la majorité de mes
lectures de ce genre ayant consisté jusqu'à ce
moment-là en leur équivalent britannique, soit ceux de la série des Biggles
de W. E. Johns qui ont commencé à paraître en 1932 et dont les
derniers furent imprimés en 1970 peu après la mort de leur auteur : 97 volumes
- certains contenant jusqu'à 12-13 short stories - et dont j'en ai peut-être lu une
vingtaine. - Le
souvenir que j'en garde et qui, avec le temps, est sans doute plus
fantaisiste qu'autre chose, est celui de la manière qu'on découvrait
que le héros apparaissait dans les récits de ses aventures était sa
manie de frapper sa cigarette sur le dessus de sa main avant de la porter à ses
lèvres, chose qu'aujourd'hui on n'oserait plus écrire dans des
romans destinés à la jeunesse. (*)
(*) J'ai cru comprendre que ce geste et d'autres
ont été supprimés d'une réédition complète (?) des oevres de
W.E. Johns qu'on en aurait mis en marché en 1999.
Je saute par dessus IXE-13 temporairement parce que,
longtemps après, en avoir lu plusieurs épisodes, je me suis penché
sur le maître du genre que fut Pierre Alexis Ponson du Terrail
(1829-1871) auteur de lus de 200 romans d'aventures autour, entre
autres, d'un personnage qui a donné naissance à un adjectif , "rocambolesque", du nom
d'un de ses héros, le célèbre aventurier Rocambole.
On pourra en lire plus sur ce Ponson du Terrail dans
une page que je lui ai dédiée il y a plusieurs années ici
même.
Après avoir relu quelques épisodes de cet héros
de jeunesse que fut IXE-13, il y a quand même plusieurs années de
cela, j'ai tout de suite emprunté les deux volumes "anthologiques"
(?) précités, mais, sans en lire aucun épisode qu'ils contiennent,
je les ai immédiatement retrourné, après en en avoir lu la préface
par l'ex-cynique, Marc Laurendeau, qui aura eu beau vouloir être dans
sa vraie vie un sérieux chroniqueur, éditorialiste et
commentateur de l'actualité (à la radio et à la télévision) m'a
toujours paru être un journaliste ni-de-gauche-ni-de-droite, mais
surtout sans opinion ferme.
Et le voilà, en rapport avec le véritable phénomène
que fut Pierre Daigneault, alias Pierre Saurel, alias Albert
Brien, alias le Père Ovide des Belles
histoires des pays d'en haut, comédien, chanteur, concepteur et
animateur d'émissions folkloriques et le plus prolifique des auteurs
québécois de littérature populaire dont les romans à dix cents se
sont vendus jusqu'à 30,000 copies par semaine, le voilà qu'il
insiste pour parler d'un film de Jacques Godbout inspiré vaguement du
personnage IXE-13 où lui et ses ex-collègues du groupe Les
Cyniques ont connu quelques heures de gloire en 1971...
C'est à une édition sérieuse des récits de
Pierre Daigneault - qui ne viendra sans doute jamais - qu'on aurait
droit, Messieurs des Éditions de l'Homme.
Simon
*
Divers
Gilles Archambault Dernières chroniques matinales
Boréal, 1996 Il se fait tard
Boréal, 2021
André Gide Thésée
Gallimard, 1946 Ainsi soit-il ou Les jeux sont faits
Gallimard, 1952
J'ai parlé il n'y a pas si longtemps de quelques
(?) livres écrits et publiés par des auteurs récemment décédés
ou se sentant près de l'être. De d'Ormesson entre autres et puis de
Pivot. Pas très charitablement si ma mémoire est exacte. Et voilà
qu'un ami me met dans les mains le dernier "Archambault"
en me disant que 18$ pour un livre qui fait à peine cent pages, c'était
un peu "exagéré". Du contenu de ce "Il se fait
tard", je vous en parle dans un instant, mais, en ce qui
concerne le prix des livres en ce moment :
J'ai des collections de volumes que je me suis
procuré au cours de longues périodes. Une série sur Proust en
particulier dont le premier volume m'a coûté 4$ et le dernier 28$.
Entre les deux, vingt ans se sont écoulés et, inflation pris en
considération, leurs prix n'ont pas beaucoup varié. En 1960, par
exemple, un livre de poche coûtait 60 cents. En argent d'aujourd'hui,
le même devrait se vendre 5,50$. Faite le calcul.
S'il est vrai que mon premier "Pléiade"
m'a couté 12$ et que le dernier 130$, la différence est à peine
perceptible. Sauf qu'àa l'époque, 12$ était énorme alors que mes
revenus ont, toutes proposrtions gardées, augmenté en conséquence.
Je ne peux pas vaiment ajouter autre chose à ce
sujet parce que : a) j'achèete de moins en moins de livres et b)
parce que les livres que je voudrais sont depuis longtemps épuisés
et je fréquente de plus en plus les librairies d'occasion.
Néanmoins, oui, $18 pour un "Archambault"
de cent pages, c'est pas mal de sous.
Dans ma bibliothèque, j'en ai retrouvé un autre du
même auteur, celui dont vous pouvez voir la couverture ci-dessus.
Sans prix, mais je suis certain qu'il ne m'a pas coûté l'équivalent
en $ que ce dernier. - Et où l'ai-je retrouvé ? À côté de quatre
autres de Gide, tous parus à la toute fin de sa vie, le dernier, deux
ans après sa mort. Je les ai lus (relus) tous les cinq.
(Ce qui m'a paru curieux, ça a été le fait que je
n'ai retrouvé qu'un seul volume d'Archambault alors que je me
souviens, en sa présence, lui en ai sorti une dizaine... Que leur
est-il arrivé ? Je n'en ai aucune idée...)
Sur les livres d'auteurs publiés vers la fin de
leur vie
La plupart que j'ai lus ne m'ont rien appris de
nouveau, mais il faut comprendre que je ne parle pas, en utilisant
cette expression, de livres écrits au cours d'une vie et publiés après
la mort de certains écrivains, mais bien de choses qu'ils publient de
leur vivant ou qu'on découvre dans leurs manuscrits rédigées
volontairement pour être publiés de façon posthume et qui sont, généralement
dans la continuité de leurs ouvrages antérieures. Autrement
dit, de livres destinés à la publication.
Les Mémoires de Saint-Simon ne font pas
partie de cette catégorie, ni À la recherche du Temps perdu
de Proust, ni le Journal de Julien Green, ni le Silverview
de John le Carré dont je parlais le mois dernier.
Je parle essentiellement d'écrits rédigés par un
auteur au moment où sa vie s'achève et qui veut laisser "un
dernier message" à ses lecteurs sans que des besoins
particuliers (genre : manque d'argent) les poussent à ce faire.
En ce sens, je n'en veux pas à Archambault d'avoir
voulu publié son "Il se fait tard", mais j'avoue n'y
avoir trouvé aucun plaisir. Je l'aurais feuilleté, comme c'est mon
habitude, chez mon libraire, que je l'aurais laissé en place. Mon
ami, le connaissant moins que moi, se l'est procuré et me l'a refilé
et c'est tant mieux. - Moins bien que les derniers Pivot, mais considérablement
mieux que les derniers "fonds de tiroir" de d'Ormesson.
Quant aux Gide, en excluant son "Oscar Wilde"
paru chez Mercure en 1947 et peut-être, mais moins, son "Et
nunc manet in te" chez Ides et calandes la même année, pour
avoir lu plusieurs fois depuis les années soixante son "Thésée"
(Gallimard 1946) et et son "Ainsi soit-il" (Idem, en
1952, un an après sa mort), j'en suis resté, après ma récente
relecture tout aussi surpris de leur actualité. Ces deux livres
doivent être classé, à mon avis, parmi les meilleurs que Gide ait
pu produire, à l'âge de 77 et 82 ans.
Simon
Il y a dix ans dans le Castor™
In memoriam
Ron McKenna
(décédé le 22 novembre 2011)
« Nous
disons bien que l’heure de la mort est incertaine, mais quand nous
disons cela, nous nous représentons cette heure comme située dans un
espace vague et lointain, nous ne pensons pas qu’elle ait un rapport
quelconque avec la journée déjà commencée et puisse signifier que
la mort ou sa première prise de possession partielle de nous, après
laquelle elle ne nous lâchera plus pourra se produire dans cet après-midi
même, si peu incertain, cet après-midi où l’emploi de toutes les
heures est réglé d’avance. On tient à sa promenade pour avoir
dans un mois le total de bon air nécessaire, on a hésité sur le
choix d’un manteau à emporter, du cocher à appeler, on est en
fiacre, la journée est tout entière devant vous, courte, parce
qu’on veut être rentré à temps pour recevoir une amie; on
voudrait qu’il fît aussi beau le lendemain; et on ne se doute pas
que la mort, qui cheminait en vous dans un autre plan, au milieu
d’une impénétrable obscurité, a choisi précisément ce jour-là
pour entrer en scène, dans quelques minutes, à peu près à
l’instant où la voiture atteindra les Champs-Élysées... »
La chose la plus
importante dans la vie, c'est la sincérité. Une fois qu'on a
appris à faire semblant, le reste est d'une facilité....»
George Burns - 1902-1996
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Note :
Le Castor™, entièrement subventionné par les Éditions
Vatfair-Fair de St-Romuald d'Etchemin, ne perçoit aucun paiement
de la part des établissements ci-dessous mentionnés, ni faveurs, ni
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Burgundy Lion
2496 ouest, rue Notre-Dame
Montréal, Québec
Tour Marshalluk - Quartier
Universitaire - Napierville
Téléphone : 88-06 - Sonner deux
coups.
F. Charles Rein
Aurist & Acoustic
Instrument Maker
223 Baker Street
London, NW1 6XE
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Notes et
autres avis :
Fondé en 1900 par le Grand Marshall, le CASTOR DE NAPIERVILLE fut, à l'origine, un hebdomadaire et vespéral organe créé pour la défense des intérêts de l'Université de Napierville et de son quartier. - Il est , depuis le 30 septembre 2002, publié sous le présent électronique format afin de tenir la fine et intelligente masse de ses internautes lecteurs au courant des dernières nouvelles concernant cette communauté d'esprit et de fait qu'est devenu au fil des années le site de l'UdeNap, le seul, unique et officiel site de l'Université de Napierville.
De cet hebdomadaire publié sur les électroniques presses de la Vatfair-Fair Broadcasting Corporation grâce à une subvention du Ministère des Arts et de la Culture du Caraguay, il est tiré, le premier lundi de chaque mois, sept exemplaires numérotés de I à VII, sur papier alfa cellunaf et sur offset ivoire des papeteries de la Gazette de Saint-Romuald-d'Etchemin et trois exemplaires, numéroté de 1 à 3, sur offset de luxe des papeteries Bontemps constituant l'édition originale, plus trois exemplaires de luxe (quadrichromes) réservés au Professeur Marshall, à Madame France DesRoches et à Madame Jean-Claude Briallis, les deux du Mensuel Varois Illustré.
Nous rappelons à notre aimable clientèle que :
1 - L'édition
régulière du Castor™
paraît le 1er lundi de chaque mois.
2 - L'édition corrigée du Castor™,
destinée au marché américain, paraît le 1er jeudi de chaque mois.
3 - De mini-éditions peuvent paraître le
2e ou 3 lundi de chaque mois.
2 - Malgré l'attention portée à la rédaction de ce journal, ses auteurs ou son éditeur ne peuvent assumer une quelconque responsabilité du fait des informations qui y sont proposées.
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4 - La direction du Castor™ tient à préciser qu'aucun enfant n'est victime d'agressions sexuelles au cours de la préparation, pendant la rédaction et lors de la publication de son hebdomadaire.