Site inexistant, pages
non sécurisées, liens automatiques non fonctionnels ?
Vous n'avez pas été les
seuls au cours du mois dernier à avoir eu des difficultés à nous rejoindre...
C'est une chose qui nous est également arrivé (façon de parler). Et plusieurs fois
d'ailleurs... À certains moments, on nous a même interdit d'amender nos propres
pages !
Tout cela à cause de la
firme Verio-Inc., la firme qui héberge actuellement notre site (via Newfold Digital,
Inc. ?). Son service s'est dégradé au point où il est
devenu carrément inacceptable : absences régulières sur l'Internet, difficultés de plus
en plus fréquentes à se (à nous !) brancher, absence de service, etc.
Trois fois au cours des
derniers six mois, leurs pointeurs vers notre site se sont avérés défectueux.
Dans notre dernière correspondance, nous leur avons indiqué
clairement la marche à suivre pour corriger cette situation. Notre
avis a été ignoré par le premier répondant, le deuxième et il
fallu attendre trois jours avant qu'un troisième nous écrive pour
nous dire qu'il avait trouvé la "faille" et qu'il avait
corrigé la situation en nous expliquant qu'il avait fait ceci et cela...
exactement ce que nous avions indiqué dans notre premier message qu'évidemment,
personne n'avait lu...
Dans les jours qui vont
suivre, nous déménagerons nos 50 gigaoctets de données vers un des hébergeurs
parmi les plus recommandés par : a) ses utilisateurs et b) les
critiques les plus indépendants.
Attendez-vous donc à
quelques heures d'absence au cours de la semaine qui suivra l'édition de ce Castor™,
particulièrement à compter du mercredi 6 septembre.
Nous vous remercions de
votre patience et au plaisir de mieux vous servir par la suite.
Voir, par ailleurs, le
mot de Maud Tessier un peu plus loin, Maud qui a eu l'affligeante tâche de
s'occuper de ces inconvénients
et qui proposera dès son transfert une toute nouvelle édition du site de
l'Université de Napierville.
De nombreuses surprises
en perspective.
La direction
Psst. : Nous vous
suggérons d'effacer temporairement notre adresse de vos favoris et de
surveiller votre pare-feu car certains fureteurs ont, à cause des défaillances
de notre futur ex-fournisseur, remis en question la validité de nos
adresses.
Ce numéro :
Contenu
:
Lara Fabien, Sophocle, John Le Carré, Chimène
Baldi, Wittgenstein,
Fenando Pessoa, Camil Samson, Louis-Ferdinand Céline, Georges Dor, André
Gide, Malcom Lowry, Oscar Wilde, Hugo, Baudelaire, Marie-Claire Blais,
Lamartine, Camille Ducharme, Copernic
(Nicolas), Hubert Aquin, Thelonius Monk, Boileau, Rick Allison, Jen
Roger, Céline Dion et Jean Lapointe, Jean-Ethier Blais, Adélard Godbout,
Émile Nelligan, Claude-Henri Grignon...
et...
plusieurs noms qui ont fait
partie de l'inteligentsia québécoise il y a une cinquantaine et même une
soixantaine d'années...
Et voir :
Un INDEX de tous nos numéros,
depuis Janv. 2018 : ICI.
Éditorial
À vos marques, partez
!
Vous connaissez ?
«Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse, et le repolissez,
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.»
C'est tiré "L'art poétique"
de Nicolas Boileau (1674), un poème didactique de onze cents alexandrins
(sic) dans lequel on peut également lire cette autre idiotie :
«Ce que l'on conçoit
bien s'énonce clairement.»
Les deux nous ont toujours
fait rire. Pas autant cependant que la réparti d'Oscar Wilde à qui
l'on dit, un soir, qu'il avait l'air fatigué :
«C'est que j'ai passé
tout l'avant-midi à mettre une virgule dans un poème... et tout l'après-midi
à la supprimer.»
C'est le genre de choses
(pas le Wilde mais les deux Boileau) que nous tenons responsables d'avoir rendu la poésie française presque insipide, sans saveur et
sans couleur jusqu'à la venue de Hugo, Baudelaire et Verlaine auxquels il faudrait
ajouter Lamartine. La poésie ? - Presque toute la
littérature ! (À l'exclusion de ceux qui ont refusé d'écrire de
l'officielle façon. C'est ce qui explique le prodigieux ennui que nous
avons tous à lire les communiqués gouvernementaux, les thèses de
doctorat, les actes notariés jusqu'aux méthodes d'emploi inscrits sur
les sachets en vente dans toutes les bonnes pharmacies.)
«Jouez votre
musique. Si elle est bonne, les gens accourront de partout pour vous
entendre. Si elle moins bonne, une chose restera en vous : vous aurez
joué votre musique.»
(Thelonius Sphere
Monk)
Et c'est dans cet état esprit
que nous entamons la rentrée cette année.
La direction
Maud Tessier
Emballez-moi ça car
on déménage...
Ce n'est pas précisément
ce qu'on m'a dit, mais c'est de cette façon que j'ai compris ce qu'on
attendait de moi.
Oyoye
!
J'ai
calculé que ça pourrait prendre jusqu'à 24 heures pour déplacer...
16,779 pages, 48,993
liens hypertextes, 11,725 fichiers GIF, JPG, BMP... sans compter les
fichiers PDF, les scripts, clips, notes, sections privées et divers
codes non annotés et dont je n'ai pas toujours (pour certains) réussi
à comprendre l'utilité car certains se réfèrent à des objets
disparus depuis longtemps...
... soit le site de
l'UdeNap et ses sous-sites d'un hébergeur à un autre. - Mais attention,
hein : 24 heures de travail continue plus les heures qu'il faudra que
notre nouvelle adresse se repande sur le WEB.
Mais
le Professeur est venu à ma rescousse :
«Mademoiselle
Maud, m'a-t-il dit, je ne ferai pas semblant de vous encourager en
vous disant "faites de votre mieux". Ce serait cynique de
ma part et même cruel.»
Il
sortit alors de son cartable la page qui suit :
Et il ajouta : «Remplacer
toutes les pages actuelles, sauf celles du Castor™ et ses références,
par cette page de base. Assurez-vous ce faisant que tous les liens qui les
unissent sont exacts - une affaire d'en maintenir une liste - et téléchargez
le tout. Cela devrait réduire votre temps de plusieurs heures. Après,
vous pourrez les recharger au fur et à mesure selon votre bon plaisir.»
Pourquoi
je n'avais pas penser à cette solution ? Je n'ai aucune idée. J'y
travaille depuis quelques jours et je ne vois pas comment je ne pourrai pas
atteindre le jour J, celui du mercredi prochain, le 6 septembre,
deux jours après la première édition de ce Castor™. Et -
c'est le côté le plus extraordinaire de la chose - je pourrai par la
suite vérifier un à un tous les fichiers par groupes sans avoir à
effectuer des recherches qui n'en finissent plus !
Trouvez-moi
un patron plus charmant !
À... mercredi ! (*)
Maud
(*)
... jeudi, vendredi ou peut-être même samedi : les modifications des
sources est une chose que ne se fait pas encore instantanément sur le WEB.
Chroniques
Les chroniques précédentes de nos
correspondants pourront être
à nouveau consultées quand elles auront été révisées et reclassées.
Simon Popp
Faut parfois se rendre à l'évidence,
non ?
Avez-vous, comme moi, au fil des ans,
perdu des ami(e)s ?
Attention, hein : je ne parle pas de "connaissances" ou de
personnes qui, par leur présence continuelle, ont fait partie de notre
entourage, c.est-à-dire du vôtre tout comme ceux qui ont fait partie
du mien, et qui ont fini par disparaître :
des collègues de travail, des voisins, des gens rencontrés par hasard
et même des membres de nos familles, mais de véritables ami(e)s à qui vous
et moi aurions donné sans crainte les clés de notre maison, l'accès à
nos
comptes de banque, confié nos enfants ou dévoilé nos plus intimes
secrets.
Cela m'est arrivé - je ne dirai pas souvent, ni régulièrement
- mais au moins trois fois au cours de ma vie, peut-être même quatre -
et je sens, depuis un bon moment
déjà, que cela est à nouveau en train de m'arriver. - En train
de... ? - Nah : c'est en marche depuis déjà plusieurs mois.
Y'a que j'ai refusé jusqu'à présent de m'en rendre compte.
Dans les trois, quatre fois précédentes,
ça avait débuté, comme disait Louis-Ferdinand Céline, à peu
près de la façon suivante :
Sans que je m'aperçoive immédiatement,
des «ami(e)s», comme ceuix que je viens de décrire, se sont mis
à disparaître.
Pas du jour au lendemain, mais peu à peu.
Un a cessé de boire ou a tenté à
plusieurs reprises ; un autre s'est joint à un parti politique
quelconque ; un troisième s'est
mis à écrire et un quatrième s'est tout simplement volatilisé en déménageant
à des kilomètres d'ici.
Pas tout de suite, mais petit à petit
et, éventuellement, il a bien fallu que je me rende compte que chacune de
ces personnes avait cessé de faire partie de mon univers d'abord
affectif, puis de mon univers disons "intellectuel" (en ce
sens que je pensais continuellement à elles) et puis finalement de mon
univers tout entier.
Et voilà que ça recommence avec une
autre.
Je veux dire que je sais que je suis à
deux pas d'accepter non pas ce qui m'arrive, mais ce qui est déjà du
passé.
Je pense à une chanson de Brel ("Ne
me quitte pas") et je me dis que s'il y a une supplication qui
n'a aucun sens, c'est bien celle-là.
Faut dire qu'il y a pire : "Un
nouveau jour va se lever" de Jacques Michel (1970).
Extérieurement, je sais que ça ne paraît
pas. Intérieurement, j'ai un brossard noir au bras gauche.
À+
Simon
1...]
Herméningilde Pérec
Vieillir III (et fin ?)
Trois choses
auxquelles on pense en vieillissant ou plutôt ce à quoi les gens, en général,
du moins ceux qui osent m'en parler, pensent quand ils m'en parle : le
silence, la solitude et la mort.
Je ne suis pas trop sûr
quant à la mort. Je veux dire la mort dans ce contexte.
Personnellement, je n'y pense presque
jamais. À celles de mes amis, des membres de ma famille, des gens de
mon entourage (on ne devient pas nonagénaire entourés de tous ceux
qu'on a connus)... oui ; mais en ce qui concerne la mienne...
C'est quelque chose qui
se résume en une citation de Proust que Copernique ou paul nous
rappellent régulièrement :
«Nous disons bien que l'heure de la mort est incertaine, mais quand nous disons cela, nous nous représentons cette heure comme située dans un espace vague et lointain, nous ne pensons pas qu'elle ait un rapport quelconque avec la journée déjà commencée et puisse signifier que la mort - ou sa première prise de possession partielle de nous, après laquelle elle ne nous lâchera plus - pourra se produire dans cet après-midi même, si peu incertain, cet après-midi où l'emploi de toutes les heures est réglé d'avance. On tient à sa promenade...»
(Le côté de Guermantes II)
Au silence et à la
solitude, cependant...
Il y aurait long à écrire
là-dessus.
Sérieusement, je crois
que les deux sont des jumeaux.
On ne parle plus parce
que l'on ne nous écoute que de moins en moins et l'on n'écoute plus
car on sait trop ce qu'on veut nous dire.
Il me semble, cependant,
qu'à un âge pas si lointain, j'écoutais beaucoup parce qu'à ce
moment-là, j'avais depuis longtemps déjà appris que je ne
connaissais pas grand chose. par contre, je l'avoue, je je n'écoutais vraiment pas ceux qui
me le rappelaient.
La solitude ?
Pour tout vous dire,
c'est un cadeau du ciel qui n'en a vraiment pas l'air quand elle se présente.
Et pourtant...
L'isolement ? - Ça,
c'est autre chose, mais je n'en suis pas encore rendu là.
H. Perec
Jeff
Bollinger
Lire ou relire ?
Copernique, Monsieur
Popp, Monsieur paul et même Monsieur Pérec m'étonnent depuis quelque
temps en me signalant qu'ils lisent de moins en moins de nouveautés, préférant
consacrer leurs heures de lecture à la relecture de ce qu'ils
ont déjà lu où à des commentaires sur leurs auteurs favoris.
Devant la quantité de ce
qui paraît de mois en mois, notamment en ce temps-ci de l'année où
chaque éditeur propose leurs derniers titres sous le nom de "La
rentrée" (je viens de lire la liste que propose Gallimard !), je
peux comprendre qu'il soit difficile de faire un choix dans tout ce qui
va paraître au cours des prochains mois, semaines et même jours, mais
de là à ignorer complètement la "littérature"
contemporaine... ?
Paul et Simon ont une réponse
toute faite à cette question. Ils disent que, par siècle, trois,
quatre écrivains tout au plus finissent par sortir de la masse et ce ne
sont qu'eux qui sont importants, les autres ne faisant que répéter des
idées toutes faites, adaptées aux circonstances de moments. -
"Trois, quatre ?Mettons dix mis pas plus...", condescendait Simon l'autre jour, ajoutant :
"compte tenu de l'augmentation des écrivains ou de ceux qui
veulent le devenir à travers le
monde."
Monsieur Pérec est moins
catégorique dans son jugement, mais il pause une autre question encore
plus inquiétante. "Nous sommes en tant qu'être humains,
laisse-t-il sous-entendre, limités dans ce que nous pouvons
apprendre ou assimiler au cours
d'une vie, limités dans ce qu'on peut absorber au niveau de la connaissance et, pour
approfondir ce que nous connaissons, il devient difficile d'ajouter
constamment de nouvelles perspectives..." - C'est un point de
vue qui me semble très réaliste, mais qu'en est-il de la comtemporarité
- si je peux m'exprimer ainsi - de nos idées ?
Je peux très bien
m'accommoder aux lecteurs électroniques, aux ordinateurs, aux nouvelles
télévisées, à la politique actuelle et même aux changements
climatiques, mais à l'idée que je ne soit pas de "mon
temps" ni ne comprendrai pas, éventuellement, celui de mes
enfants, je me sens moins rassuré.
La réponse à cette épineuse
question (l'expression est de Simon), je l'ai par hasard trouvé,
l'autre jour dans un livre que m'a refilé Monsieur paul et dans lequel
on pouvait lire ceci :
"On fit un jour remarquer à l'éminent philosophe Wittgenstein combien les Européens du Moyen Âge qui avaient vécu avant Copernic devaient être stupides pour avoir cru, en observant le ciel, que le Soleil tournait autour de la Terre, alors qu'un grain de bon sens astronomique les eût convaincus du contraire. «Certes,
aurait répliqué Wittgenstein, mais je me demande ce qui aurait changé si le Soleil avait réellement tourné autour de la Terre. »
"De fait, rien n'eût changé. Quand nous observons la nature, nous y découvrons ce que nous voulons y voir, et nos découvertes s'accordent avec ce que nous croyons savoir d'elle à l'époque qui est la nôtre. La nature est désordre, puissance et chaos, et c'est la crainte du chaos qui nous pousse à lui imposer un ordre. Nous détestons l'incohérent.."
[*]
Ce que j'ai lu dans ce
bout de texte, c'est que, quelle que soit la période dans laquelle on
est appelé à vivre, on finit par ne lire que ce qu'on peut lire, de la
façon qu'on a appris à lire et trop souvent ce qu'on veut lire.
Certains passent d'un
livre à l'autre en n'attachant de l'importance qu'aux faits, aux histoires
qu'on y raconte, d'autres en essayant de comprendre ce que l'auteur a
vraiment voulu dire, puis d'autres encore en tentant de faire le
lien entre ce qu'ils connaissent ou croient et ce que l'auteur peut
penser, mais toujours dans un contexte qui semble hors-temps, mais qui
n'est, en réalité, tout aussi contemporain que le moment où la
lecture s'effectue.
La question, dans le
fond, ce n'est pas
quoi lire, mais
qui lire.
Et quels que soient
l'objet de leurs lectures, je ne fais que constater que les grands
lecteurs, ceux qui ne cessent d'être en retard dans ce qu'ils
veulent lire, finissent par se retrouver en compagnie de un ou deux,
parfois trois et même quatre écrivains avec lesquels ils
partagent non pas nécessairement les mêmes idées, mais une même vie.
Jeff
Copernique Marshall
Échange de chapeaux
Au début du mois dernier, j'ai rencontré paul (pourquoi
persiste-t-il à écrire son nom sans majuscule, je n'en sais rien et je ne
ferai rien pour le savoir), paul donc, qui m'a expliqué ce dont il voulait
parler dans sa chronique de ce mois-ci. «À cause, m'a-t-il dit, de
personnes de mon entourage qui vivent stressés sans s'en apercevoir et qui,
pour s'en sortir, se lancent dans ce qu'ils pensent être des solutions qui,
visiblement, ne font que déplacer leur stress si elles ne l'augmente pas.» - «Je veux parler d'un
troisième monde.» ajouta-t-il.
«Aucun problème, que je lui ai dit, car je voulais
justement, lors du prochain numéro faire connaître une chanson d'une
interprète encore peu connue, mais qui mérite une attention.»
Alors voici :
D'une chanteuse de Melun, en Seine-et-Marne, Chimène
Badi, un enregistrement datant de l'an 2003 d'une chanson composée par
le québécois Rick
Allison (d'origine belge) fut longtemps le partenaire de Lara
Fabien (qui est également d'origine belge) : «Si javais su t'aimer».
(Cliquez sur les liens pour en savoir plus sur ces trois
incontournables de la chanson.)
Si j'avais su
t'aimer
(Chimène Badi)
À betôt !
Copernique
Fawzi Malhasti
Textes choisis
Analyse de «La Manic» de Georges Dor
(par le Professeur Olaf de Huygens-Tremblay,
chef-cascadeur - Faculté de Lettres -
Université de Napierville)
Si tu savais comme on s'ennuie à la Manic
Une entrée forte, précise et qui délimite en un vers de douze pieds, communément appelé
"alexandrin" [1], le thème du poème. - Ce thème n'est pas neuf (l'homme parti à la guerre, ou qui est en mer, loin de celle qu'il aime) mais il se situe, ici, dans un contexte mythique : celui d'un chantier hors-mesure où l'homme devient un super-homme et, ce qui n'enlève rien à ce mythe, un chantier dans le grand Québec qui, universellement, représente l'espace, la grandeur et le pays à découvrir. - Seul le premier vers d'un poème comme le célèbre «I wonder who's kissing her now» de Will M. Hough et Frank R. Adams et qui a été mis en musique par Joseph E. Howard en 1909 peuvent se vanter de posséder une entrée aussi percutante.
Tu m'écrirais bien plus souvent à la Manicouagan
Le poète qu'est Georges Dor ne succombe pas ici à la facilité qui aurait consisté à faire rimer «souvent» avec «Manicouagan» en scindant en deux ce vers de quinze pieds (une trouvaille) laissant la phrase se dérouler comme elle se déroulerait quand on écrit ; celui qui dit cette phrase n'est pas un poète mais un ouvrier d'où ce côté encore plus touchant, presque aussi poignant que le vers précédent.
Parfois je pense à toi si fort
Je récrée ton âme et ton corps
Je te regarde et m'émerveille
Le Professeur Léomé de l'Université de Surgères (Charente-Maritime) faisait remarquer que ces trois vers dont le dernier rime avec le dernier des trois suivants pouvaient avoir une certaine connotation sexuelle mais les travaux entrepris par son successeur, le Professeur Chollette (Marie) démontrent qu'il s'agirait plutôt d'une réminiscence subconsciente où le symbolisme de l'eau (vers suivants) renforce l'aspect évanescent du souvenir de celle que le narrateur a quittée. - Quant aux objections que les mots «fort» et «corps» n'offrent pas une rime riche, il faut comprendre que ce poème a d'abord et avant tout été écrit pour être dit ou chanté. - À ce propos, le Professeur Léomé a été, de toutes façons le premier à faire remarquer que les rimes en «orps» était relativement rares en français.
Je me prolonge en toi
Comme le fleuve dans la mer
Et la fleur dans l'abeille
Voir la note précédente pour le fleuve et la mer. - Pour ce qui est de l'abeille, natif de Saint-Germain-de-Grantham, il est évident que Georges Dor emprunte à son milieu - où l'apiculture est pratiquée commercialement (voir à Dzierzon, Jean) - contrairement à celui de son porte-parole qui semble être plus citadin qu'autre chose. - Une légère faute, fort excusable, car l'image est à point. - On retrouvera d'ailleurs plusieurs vers dans l'oeuvre de Georges Dor où les abeilles entrent un jeu dont une puissante image de la neige «qui bourdonne, qui bourdonne».
Que deviennent quand j'suis pas là mon bel amour
Ton front doux comme fine soie et tes yeux de velours
Deux autres vers de quinze pieds qui rappellent que ce poème est une lettre et que son récitant n'a pas nécessairement appris la versification chez les Frères Maristes avant de s'exiler à la Manic ; ses mots sont simples et ses images, tirées de noms de tissus, laissent supposer que sa dulcinée fait peut-être sa propre couture...
[2]
Te tournes-tu vers la côte nord
Pour voir un peu pour voir encore
Ma main qui te fait signe d'attendre
Soir et matin je tends les bras
Je te rejoins où que tu sois
Et je te garde
Ici, l'imagerie est tirée du départ ; de l'autobus ou du chemin de fer. - «Ne manque plus que la plate-forme et le mouchoir» écrivait à ce propos le critique littéraire Roger D. Beauchemin de
l'Intransigeant de Coaticook. - Nous ne sommes pas d'accord avec son interprétation : encore une fois, le récitant est un travailleur manuel et ce serait trop insister sur le départ dont il parle à peine quand les bras de ce travailleur (au quatrième vers) interviennent en force pour serrer celle qu'il aime.
Dis-moi c'qui s'passe à Trois-Rivières et à Québec
Là où la vie a tant à faire et tout c'qu'on fait avec
Dis-moi c'qui s'passe à Montréal
Dans les rues sales et transversales
Où tu es toujours la plus belle
Car la laideur ne t'atteint pas
Toi que j'aimerai jusqu'au trépas
Mon éternelle
On a beaucoup reprocher à Georges Dor ces «rues sales et transversales» mais, encore une fois, nous sommes d'accord avec le Professeur Léomé qui faisait remarquer que les rimes en «réal» n'étaient que quatre dans la langue française ; que le mot «boréal» ne pouvait s'appliquer dans ce cas-ci vu la latitude de la Manic ; que le mois «floréal» du calendrier républicain eut été ici, plus que déplacé, tout aussi déplacé peut-être que l'ancienne monnaie espagnole ou une galère royale. - On notera cependant deux paires de rimes assez surprenantes : «Québec» et «avec» de même que «pas» et «trépas». - Quant aux nouvelles que celui qui écrit attend de Montréal, Québec et de Trois-Rivières (les trois principales villes du Québec si Laval n'est pas considéré comme une ville), les recherches entreprises par le Professeur Marie Cholette (déjà citée) ont démontré qu'aussi éloignés que pouvaient être les travailleurs de la Manic, ils recevaient quand même les journaux de façon régulière et qu'ils avaient même accès à la télévision (en couleurs). - On peut comprendre qu'il s'agit là, encore une fois d'une façon symbolique de parler d'éloignement.
Nous autres on fait les fanfarons à coeur de jour
Mais on est tous de bons larrons cloués à leurs amours
Y'en a qui jouent de la guitare
D'autres qui jouent d'l'accordéon
Pour passer l'temps quand y'est trop long
Mais moi je joue de mes amours
Et je danse en disant ton nom
Tellement je t'aime
Le désarroi dans l'âme du narrateur ne saurait être plus explicite que dans ce passage où s'entremêlent religion (crucifixion), musique, danse et fanfaronnades (le mot, d'ailleurs est mentionné implicitement dès le premier vers). - On remarquera que le mot «guitare» ne rime avec rien mais, en contrepartie, on retrouve dans cette strophe trois rimes en «on» : «accordéon», «long» et «nom».
Si tu savais comme on s'ennuie à la Manic
Tu m'écrirais bien plus souvent à la Manicouagan
Si t'as pas grand chose à me dire
Écris cent fois les mots «Je t'aime»
Ça fera le plus beau des poèmes
Je le lirai cent fois
Cent fois cent fois c'est pas beaucoup
Pour ceux qui s'aiment
Et nous arrivons ici au sommet de ce poème où l'on peut voir la retenue de Georges Dor, son doigté : il aurait pu écrire «mille fois», «cent mille fois» mais il n'exagère pas. Cette femme qu'il aimera «jusqu'au trépas» (voir ci-dessus), il ne demande, d'elle, qu'une lettre bien raisonnable, en somme : quelque chose qui peut, à la rigueur, s'écrire en une seule soirée. - Et l'on peut voir, en même temps, qu'au niveau poésie, il sait que les poèmes les plus réussis sont les moins compliqués.
Si tu savais comme on s'ennuie
À la Manic
Tu m'écrirais bien plus souvent
À la Manicouagan
À la reprise, les deux vers sont scindés et voilà bien le tour de force de ce poème : au départ, les rimes «souvent» et «Manicouagan» auraient pu choquer mais, une fois qu'on a entendu le reste, la surprise n'a plus d'emprise sur le lecteur. - Pardon : l'auditeur.
[1] Du nom, soit du poète (Alexandre de Bernay), soit du sujet d'un cycle de poèmes qu'on lui attribue dont le sujet était Alexandre le Grand, de regretté mémoire. (XIIe siècle)
[2] Voir à ce propos la thèse du Docteur Roger Malenfant : «Haute couture et bas de gamme dans l'univers quotidien des premiers habitants de la Nouvelle France avec ses répercussions sur l'économie lors de la conquête.» (Université de Rhéaumur, 1876)
Olaf de Huygens Tremblay
En préparation :
- Les grandes chansons de Jean Lapointe
- Céline Dion - Quoi éviter (5e et 6e volume)
- Le miracle de Sainte-Anne de Beaupré de Gaëtane Lemay,
Norman Spunt et Dick Johnston, tel qu'interprété par Jen Roger
Fawzi
Paul Dubé
Seriez-vous stressé par hasard ?
Pendant des années le trajet de mon bureau à
la maison ou de la maison à mon bureau n'a jamais dépassé un
gros quinze minutes. Pendant un longtemps même, il
s'est limité à la minute qu'il me fallait pour descendre ou
monter quelques marches. Et, pendant ces interminables déplacements,
jamais il ne vint à l'esprit de les multiplier plusieurs fois
par jour. Résultat : ma vie s'est déroulée dans deux univers
distincts, si distincts qu'il me fallait, passant de l'un à
l'autre, me réorienter complètement. Rentrant au bureau le
matin, par exemple, je devais consulter mon agenda pour savoir
quels rendez-vous j'avais pris la veille, l'avant-veille ou les
journées précédentes ou quels rapports il me fallait rédiger
au cours de la journée qui débutait, rendez-vous et rapports
oubliés la veille où j'avais, par instinct, repris la lecture
d'un roman ou d'un essai débuté l'avant-veille.
Les choses se sont mises à se gâter lorsque
j'ai dû commencer à voyager pour continuer à exercer mon métier. Ce fut
le début de longs déplacements en auto, en bus, en train, en avion
avec tout ce que cela pouvait impliquer : arrêts dans les haltes routières,
attentes dans les gares, les aéroports, absences prolongées
dans des hôtels pas toujours de première, maigres repas,
toujours seul ou en compagnie de voyageurs de commerce qui me
racontaient leur vie et leurs succès. Ce fut le début d'un troisième
univers qu'il me fallu organiser - meubler plutôt - différemment.
C'est un vieux routier, longtemps banlieusard,
qui m'a enseigné comment.
«Il faut réaliser, disait-il, qu'une
heurede route le matin, une
heure de route le soir, comme en passent dans leurs autos des
milliers de banlieusards, ou de longs trajets pour se déplacer
d'une ville à l'autre avec tous les dépaysements que cela
implique, que les pensées qui nous viennent en ces moments-là
finissent psychologiquement par n'être que des prolongements
des mondes que l'on vient de quitter mais sans la possibilité
d'y agir ou d'y vivre.»
«Pour pallier les inconvénients de ces
situations, aurait-il pu continuer, il faut se créer un troisième
univers indépendant des deux autres tout en étant peu différent,
mais un univers où on peut être actif tout en n'y vivant
pas pleinement, les complétant en quelque sorte, sans
jamais avoir pour but de les remplacer.»
Qu'est-ce à dire ?
Un jour j'ai eu une mini-altercation avec un
client, dans une ville fort éloigné de mon domicile et ce à
quoi j'ai pensé par la suite ? retournant chez moi, pendant les
huit heures que ça m'a pris. - À des choses qui se résument
en quelques mots : «J'aurais dû lui dire ceci... il aurait
fallu que je rétorque...»
Stressé, je fus.
Si c'est votre cas, si c'est à peu près le
genre de pensées qui vous viennent à l'esprit en vous déplaçant
chaque jour entre votre demeure et votre bureau ou votre bureau
et votre demeure, revenez me voir le mois prochain et je vous
expliquerai comment je m'en suis sorti.
Avec illustrations musicales.
paul
L'extrait du mois
L'homme
«Beaucoup de choses sont admirables, mais rien n'est plus admirable que l'homme. Il est porté par le vent orageux à travers la sombre mer, au milieu de flots qui grondent autour de lui ; il dompte, d'année en année, sous les socs tranchants, la plus puissante des déesses, Gaia,
la terre, immortelle et infatigable : il la retourne à l'aide du cheval.
«L'homme, plein d'adresse, enveloppe, dans ses filets faits de cordes, la race des légers oiseaux et les bêtes sauvages et la génération marine de la mer ; et il asservit par ses ruses la bête farouche des montagnes ; et il met sous le joug le cheval chevelu et l'infatigable taureau montagnard, et il les contraint de courber le cou.
«Il s'est donné la parole et la pensée rapide et les lois des cités, et il a mis ses demeures à l'abri des gelées et des pluies fâcheuses. Ingénieux en tout, il ne manque jamais de prévoyance en ce qui concerne l'avenir. Il n'y a que la mort à laquelle il ne puisse échapper, mais il a trouvé des remèdes aux maladies
dangereuses.»
Sophocle - Antigone (Traduction de Leconte de Lisle - 1877)
Note de Madame Fawzi Malhasti :
Ce passage est cité en exergue du roman Under the
Volcano (1947) de Malcom Lowry.
1*]
Lectures
Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables
critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres,
revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de
commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui
les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction
du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.
Hubert Aquin (Prochain épisode, Cercle du livre
de France, 1965)
Avant de vous parler de ce «chef-d'oeuvre»
à propos duquel le critique Jean-Éthier Blais écrivait dans Le Devoir du 13 novembre 1965 : «Nous n'avons plus à chercher. Nous le tenons, notre grand écrivain. Mon Dieu, merci.»
[*]...
[*]À
se demander quels livres il avait bien pu lire avant d'écrire cette
aberration (et je suis poli).
J'aimerais vous mentionner ceci :
À force de ne lire que les "grands" auteurs (définition
suit), je suis de plus en plus incapable de lire non seulement ce qui
se publie de nos jours, mais les textes qui, avec le temps, ont fini
par devenir caducs, désuets, obsolètes (enfin : vous comprenez ce
que je veux dire) à propos d'événements et de courants de pensées
qui, pour certains, allaient être mémorables et qui se disaient être
de ceux devaient les commenter et dont on retrouve aujourd'hui
des résumés de leurs opinions (qui n'ont eu aucune influence ni
importance) que dans des
notes en bas-de-page de vagues anthologies.
Mais il y a pire : ces livres qui ont prédit des
malheurs qui ne sont jamais arrivés. Je vous reparlerai un de ces
jours.
Définition :
Les "grands auteurs" :
Ce sont ceux qui ont apposé et continuent
d'apposer leur sceau d'originalité sur des courants de pensée qui
furent accessibles aux hommes d'hier, le sont encore à ceux
d'aujourd'hui et continueront de l'être à deux de demain, mais
surtout des courants de pensée qui ont ont ouverts, ouvrent et vont
continuer d'ouvrir des visions nouvelles de la réalité.
*
À Aquin maintenant :
Je me demande qui a osé, récemment, me mettre
entre les mains ce "roman" qu'est ce "Dernier épisode"
dont il ou elle savait bien que je serais incapable de lire.
Je me suis essayé pourtant. Pour comprendre ne
serait-ce pourquoi il est encore en vente. Réponse : paraît qu'on
le cite souvent dans les cours de littérature.
Pourquoi lui et non "Les faux-monnayeurs"
d'André Gide dont il a adopté je ne dirai pas le style, mais la
structure ou le mode linéaire en boucles ?
Pourquoi lui et non Marie-Claire Blais dont l'écriture
en continue est plus simple et non bourrée de références inutiles
?
Pourquoi lui et non Georges Pérec qui, au moins,
avait un certain sens de l'humour (pour ne pas dire du dérisoire) ?
Pourquoi lui faut-il un index de onze pages de
noms non-fictifs ?
Et quel est l'idée (car j'ai lu son premier
chapitre) d'écrire dix pages (280 lignes) pour rédiger en plus ou
moins 6000 mots répartis en 5 paragraphes dont le premier compte
pas moins de 70 lignes ou l'on nage entre mille eaux ?
J,ai feuilleté. Beaucoup. Mais n'ai pas réussi
à m'accrocher à plus de cinq ou six lignes à la fois...
Je suis un très mauvais lecteur pour ce genre de
choses.
Pour ce qui est du thème (il y en a un ?), y'a
quand même celui de l'homme qui cherche à écrire quelque chose,
mais quoi ?
Tout dire pour finalement ne rien dire ?
À question que je me suis posé vraiment par rapport à ce
"Dernier épisode",
son auteur et d'autres dont les écrits ont été publiés pendant
plusieurs années dans des revues comme Liberté, Parti Pris, Cité Libre, Le Magazine Mcleans...
ou l'intellectuel "Devoir" est : qu'est-il arrivé
à ces idées issues de la Révolution tranquille (voir ci-après) où
tous et chacun semblent avoir eu son mot à dire ?
Des noms ?
Albert Béguin, André Belleau, Maurice Blain, André Brochu, André Giroux, André Langevin, André Major, Claire Martin, Claude Gauvreau, Clément Marchand, Danielle Trudeau,
Fernand Dumont, Fernand Ouellette, François Hébert, François Ricard, Gilles Hénault,Gilles
Marcotte, Gérard Bessette, Gérard Pelletier, Isabelle Legris, Jacques Godbout, Jacques Renaud, Jean Filiatrault, Jean Le Moyne,
Jean Pellerin, Jean-Marc Léger, Jean-Marc Piotte, Lise Noël, Lucien Véronneau, Léo-Paul Desrosiers,
Marie Raymond, Marcel Rioux, Michel van Schendel, Paul Chamberland,
Pauline Lamy, Pierre Maheu, Pierre Vallières Rex Desmarchais, Rina Lasnier, Robert Charbonneau, Robert Élie,
Roger Rolland, Suzanne
Robert, André Major, Paul Chamberland, Pierre Maheu, Pierre
Vadeboncoeur, Pierre Vallières, Jean-Marc Piotte, André Brochu, Jacques
Renaud...
*
Épilogue ou commentaires additionnels :
Il n'y a que des gens qui, nés dans les années
quarante et au début des années cinquante, qui se souviennent peut-être
encore aujourd'hui - et qui la mentionnent parfois - de cette célèbre
Révolution Tranquille[*]
avec laquelle ont nous a rabattu les oreilles parler pendant des années.
[*] une expression inventée par
un journaliste de Toronto, soit dit en passant.
Questions rabat-joie à poser à ceux qui tiennent
absolument à vous en
parler :
Qui a fondé Hydro-Québec ?
Non, ce ne fut pas René Léveque, ni Jean
Lesage, mais Adélard Godbout, premier ministre de la Province de
Québec de 1939 à 1944, le grand responsable de l’étatisation de la
Montreal Light, Heat and Power, la Montreal Island Power et la
Beauharnois Light Heat.
Et qui a, entre autres :
accordé le droit de vote aux femmes ?
rendit obligatoire les études scolaires jusqu'à l'âge de quatorze ans
?
instaurer la gratuité de l'éducation au primaire
?
a donné son inconditionnel appui à la
construction de l'Université de Montréal ?
Godbout, Godbout, Godbout... Bizarre qu'on en
parle peu souvent.
Simon
***
Et à la personne qui m'a dit l'autre
jour qu'Émile Nelligan était - je ne souviens plus - le plus grand
ou était-ce l'un des plus grands poètes de tous les temps (sic),
j'ai pensé qu'elle apprécierait la photo qui suit :
Émile Nelligan
(circa 1933)
De gauche à droite :
Gonzalve Désaulniers, poète, avocat puis juge (1863-1934), Mme Désaulniers,
Émile Nelligan (assis) 1879-1941, Mme Madeleine M. (?) et Camille
Ducharme (1909-1984).
Vous avez bien lu : Camille Ducharme
qui fut l'inoubliable notaire Lepotiron dans la première série télévisée
des Belles histoires des pays d'en haut de Claude-Henri Grigon
(1966-1970).
***
Prochain épisode
John le Carré dont je viens de
terminer la relecture (en anglais et en français) de son Tinker,
Tailor, Soldier, Spy et le revisionnement de la série en six épisodes
d'une heure de la BBC et le plus récent film de Thomas Alfredson...
paul
Il y a dix ans dans le Castor™
Mensonges, fausses vérités et exagérations
Je me souviens avoir lu, il y a des années de cela, qu'au moment où l'impôt sur le revenu fut introduit aux États-Unis, un membre du Congrès s'est dit offusqué qu'un gouvernement ose penser demander à ses travailleurs de lui verser 1% de leur revenus :
"Je connais les gouvernements, disait-il, et je sais que, tôt ou tard, ce ne sera plus 1% qui sera la norme, mais 2 et 3%, et j'entrevois même le jour où ce sera
10%..."
(Aux dernières nouvelles, le taux marginal annuel, aux USA était de 39,6% au-delà de 400 000 $
alors qu'il est de 50% au Québec à partir de 135 000 $ et de 49% en France, mais au-delà
de [seulement] 500,000 Euros.)
Plus encore : ce membre du Congrès ajouta que ce nouvel impôt allait rendre les honnêtes citoyens américains,
"cachottiers, menteurs et malhonnêtes". Ne s'était pas trompé, le bonhomme. N'avait pas prévu, cependant, l'éclosion des banlieues des grandes villes nord-américaines et, en particulier,
en ce qui nous concerne, celles qui se trouvent sur la rive sud de Montréal car la palme, au niveau des mensonges, des fausses vérités et des exagérations, revient aux habitants de ces banlieues qui, matins et soirs, font la navette entre leurs domiciles et le centre-ville de l'autre côté du fleuve.
Ce que j'ai pu en connaître des rive-sudiens qui m'ont juré, dur comme fer, et qui me jurent encore, que leurs trajets, dans les deux directions ne leur prennent pas plus que vingt minutes car ils voyagent tous en dehors des heures de
pointe.
"Heures de pointe mon oeil !", comme je disais à l'un d'entre eux, l'autre jour,
"Si je comprends bien, il n'y a qu'une seule et unique raison pour laquelle il y a des embouteillages sur les ponts, soirs et matins :
le tourisme."
Suis allé, il n'y a pas très longtemps, sur la rive-sud. À St-Lambert, plus précisément. À huit heures et demi du matin. À l'aller, aucun problème puisque j'allais du centre-ville vers cette hupée banlieue. Par le pont Champlain, naturellement, car le pont Victoria est à sens unique vers Montréal, à cette heure
"de pointe". Pour revenir ? Une heure que ça m'a pris. Et il était neuf heures du matin. Ce que j'ai pu en voir des touristes... - J'en ai même vu un qui se rasait au volant de sa voiture. Ne voulait pas, sans doute, qu'on le prenne pour un de ses nombreux sans-abri qui hantent les rues de Montréal.
À ces banlieusards (et pseudo-touristes), un vieux proverbe juif :
"Vous pouvez me pisser dans le dos, mais, je vous en prie, ne me dite pas qu'il
pleut."
***
Je lisais, comme si cela n'était pas assez effrayant, dans la
Gazette (The Montreal Gazette) du 7 septembre dernier, que, sur les 3 824 521 personnes qui habitent le Grand Montréal (l'île, la rive nord, la rive sud, et les banlieues à l'est et à l'ouest), plus
de 50 000 personnes n'étaient pas, depuis l'année dernière, des insulaires (par rapport à ceux qui habitent sur l'île). Dommage pour eux : ils ont tous un ou deux ponts à traverser et attendez : une fois rendus sur l'île, ils ne sont pas au bout de leur peine car il leur faudra un autre vingt minutes pour se déplacer quelque peu et trouver un parking. - Mettons quarante pour ceux qui viennent de la rive nord.
Et je n'ai pas terminé :
Je ne vous ai pas encore parlé des super-banlieusards : ceux qui habitent au-delà du Grand Montréal et qui font, chaque jour, le trajet de leur domicile au centre-ville (et vice-versa). Ceux-là sont
encore plus mal pris car ils n'ont pas tous à leur disposition un service de transport en commun digne de ce nom. J'en connais deux : un qui se tape 222 kilomètres par jour et l'autre 166. Le premier a l'avantage sur le second car il n'a que six ou sept kilomètres à faire en auto pour se rendre à une bus-gare (oui, je sais...) où il peut prendre un car vers Montréal, sauf que le dernier de ces cars quitte la ville à cinq heures trente du soir... L'autre est moins chanceux : c'est en auto qu'il doit voyager. Chacun passe entre une heure et quart et une heure et trois quarts à voyager le matin et le soir. Moyenne : trois heures par jour, cinq jours par semaines, quarante, quarante-cinq semaines par année. Faites le calcul : 28 jours de 24 heures. Et si vous êtes de ceux qui dorment 8 heures par jour, pensez plutôt à 6 semaines par année, assis 16 heures par jour dans une auto.
"Mais l'air est plus pure, les taxes sont moindres, nous avons une plus grande
maison..."
Parlez-moi de ces gens qui essaient de se convaincre qu'ils ont raison de se donner des coups de marteau sur la tête.
Mais, pour en revenir aux impôts (sur les revenus), je suis sur le point de me faire outrageusement violer. Je prends, sous peu, ma retraite et vous savez, comme moi, comment les milliards de pesos (c'est quoi la plus petite monnaie du monde ?) que j'ai accumulés au cours de mon existence vont être bouffés par l'État.
Qu'on se le dise : Simon Popp n'a pas fini de se plaindre.
Autre chose :
On m'a souvent décrit la misère comme étant la sensation de ne pas manger à sa faim chaque jour. Mais j'ai déjà entendu une autre définition :
Avoir, dans une famille, deux adultes et quatre adolescents (avec permis de conduire) et que trois
voitures... en banlieue.
Simon
***
Et puis ceci :
Esplanade du Grand-Marshall :
Le samedi 7 septembre, de huit heures du matin jusqu'au coucher du soleil :
Grande exposition d'autobus scolaires
*
Même endroit :
Le samedi 14 septembre, de huit heures du matin jusqu'au coucher du soleil :
Grande exposition d'automobiles qui sont entrées
en collision avec des autobus scolaires
Marcel
Proust
Une suite à une causerie animée
par Paul Dubé en la Librairie Côté Gauche
le cinq mai 2022
Le mot de la fin
«Pourquoi diable a-t-elle choisi Tarr ?» murmura Lacon... «De tous les gens au
monde à choisir comme confesseur, je n’arrive pas à en imaginer un aussi lamentablement inapte.»
«Je crains qu’il ne vous faille poser cette question à une femme, pas à nous»
répondit Smiley.
- John
Le Carré (La taupe)
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