Vol. XXXIII,  n° 7 - v. 1.3 Le seul hebdomadaire de la région publié une fois par mois Le lundi 6 mars 2023
 
Première édition
(L'édition finale paraît souvent  le premier jeudi du mois)


Votre première visite sur le site de l'Université de Napierville ?

Lisez cette page : Un monde à découvrir

Ce numéro :

Contenu :

Homère, Jacques Delarue, Sophocle, Michel Louvain, Euripide, Maupassant, Virgile, l'anonyme auteur de l'Évangile selon saint Marc, Gerald Moore, Pline le Jeune, Gilbert Bécaud, Maimonides, John le Carré, Dante, Shelby Foote, George Carlin, Rabelais, Cervantes, Bob Dylan, Shakespeare, Racine, Marcel Petiot (m.d.), Molière, Voltaire, Baudelaire, Higelin, Verlaine, Proust, Joyce, Faulkner, Céline (L.-F.), Green (Julien), Léo Ferré, André Gide, Isabelle Perrin, Victor  Hugo, Anne Manson, Zola, Moustaki, Balzac, Tolstoï, Tchekhov, Marcel Godin, Henry VIII, Monique Paquin, Dostoïevski, Henry James, Tacqueray, Reggiani, Walt Disney et Dietrich Fischer-Dieskau.

Pour l'édition courante du Castor, cliquez ICI.

Éditorial  

Comparés à ... nous sommes tous nuls

Comparés à  qui ? - À Homère, Sophocle, Euripide, Virgile, l'anonyme auteur de l'Évangile selon saint Marc, Pline le Jeune, Maimonides, Dante, Rabelais, Cervantes, Shakespeare, Racine, Molière, Voltaire, Hugo, Baudelaire, Verlaine, Proust, Joyce et Faulkner.

Mais nous faisons de notre mieux.

Surtout lorsque la mise au point d'un Castor™ est perturbée par 30 centimètres de partiellement nuageux et qu'il nous fallu attendre la déneigeuse pour nous rendre là où nous attendaient les dernières élucubrations de nos chroniqueurs.

Les corrections (fautes de frappe, non-sens et mauvais liens) suivront dans les jours qui suivent. - Pardon : au cours des prochaines semaines.

La direction

 
Chroniques  

Les chroniques précédentes de nos correspondants pourront être
à nouveau consultées quand elles auront été révisées et reclassées.

    Simon Popp  

Poussière est mon nom

Que faire quand ses plus proches ou plus anciens amis ou amies disparaissent ?

Voir à qui cette édition est dédiée. À la fin.

Croire qu'on va survivre encore quelque temps après avoir, à son tour, disparu ?

Je suis un fan inconditionnel de Pline le Jeune qui a laissé, de son passage sur terre, des traces que ce fut un homme qui a vécu il y a deux mille ans ; un homme qui se posait des questions comme nous nous en posons, vous et moi, tous les jours ; un homme qui pourrait aujourd'hui être mon voisin ; un homme ordinaire, quoi. 

Ah ! si c'était possible de laisser ne serait-ce qu'une partie de non pas ce que je suis, ou que j'aurai été, mais de ce que c'était que vivre une vie au moment où j'aurai vécu la mienne.

J'y travaille depuis depuis des années.

J'y parlerai des voyages que j'aurai faits, des livres que j'aurai lus, de la musique que j'aurai entendue, des vins que j'aurai bus, de certains couchers de soleil, des gens que j'aurai connus, jusqu'aux combats que j'aurai menés pour que des rongeurs en tous genres ne rentrent pas chez moi, sans oublier le femme que j'aurai aperçue, un jour, dans le Vondelpark d'Amsterdam... car si je n'en parle pas, si je n'en laisse aucune trace, tout ça va finir par disparaître, va se transformer en poussière comme tout le reste. Poussière aura été mon nom.

Poussière...

 Le Vondelpark d'Amsterdam :

*

Quand on demanda un jour à Walt Disney s'il croyait avoir réussi dans la vie, il répondit : «J'en suis certain. Je dois des millions de dollars.»

En argent d'aujourd'hui, il répondrait sans doute «des milliards», mais cela n'a aucune importance. Ce qui compte, c'est qu'il semblait à l'époque avoir été heureux ; heureux d'avoir réussi à faire ce qu'il avait toujours voulu... faire.

Mes ambitions ont toujours été plus modestes. Faire ce que j'ai toujours voulu faire, oui, mais d'abord et avant tout, j'ai voulu être heureux et en cela, n'ayant plus dix-sept ans depuis plusieurs dizaines d'années, je crois avoir admirablement réussi.

On m'a souvent reproché de ne pas avoir été ambitieux, Si l'on considère qu'être  heureux ne signifie pas qu'on a réussi sa vie, alors faudra me compter parmi les losers de ce monde. «Losers» dans le sens de «perdants», tels que les concevait un autre ami, mien, aujourd'hui décédé, l'écrivain Marcel Godin qui est mort le sourire aux lèvres sans quand même avoir réussi le rêve qu'il avait de fonder un «Club des losers» qu'il avait en tête vers la fin de sa vie. - Oh, il ne me jamais dit, mais je crois qu'en ces «losers» il n'aurait pas admis ceux à qui l'Évangile promet d'hériter de la terre [*], mais entre vous et moi, qu'est-ce que vous pensez que nous aurions fait, lui et moi, de cette pauvre planète où y'a des Putin, des Trump, des Kim Jong-un qui y naissent régulièrement ?

[*] Le regretté Mathieu, 5, 5.

Oui, j'ai eu ce but dans la vie : être heureux. - Deux si vous considérez qu'être heureux, c'est faire ce que l'on veut. Surtout le penser. - Et je ne vous ferez pas l'insulte d'en ajouter un troisième de qui dépendent les deux premiers : celui de gagner honorablement sa vie ou, dans mon cas, ma vie. C'est comme qui dirait... euh... être indépendant ; ne pas dépendre de la charité des autres pour manger, boire, dormir et ouvrir les yeux le matin.

Que ça doit être difficile, se réveiller et savoir qu'on n'est que le deuxième, troisième ou même dixième homme le plus riche du monde et apprendre que son yacht est plus petit, dans le genre trente centimèetres, que celui de son rival ; que son 747 est un Cessna à côté de l'Airbus-380 d'un autre et, en ce qui concerne ce dernier, savoir que son domaine volant n'a pas de cabinets de toilette en or massif...

J'écoutais récemment, dans un bar de deuxième classe [*], deux types comparer les performances de leur «pick-up's» et je me disais... mais quel monde je vis pour écouter des conversations semblables alors que j'hésite à avancer qu'untel est un grand auteur, comparable à Henry James, Arthur Conan Doyle ou - mais alors j'hésite beaucoup - Marcel Proust ou Joyce ?

[*] Vous savez comment on distingue un bar dans lequel on doit se trouver par rapport à un autre où sa présence est incongrue ? C'est César Ritz qui en a donné la réponse : «Si vous êtes chez moi et que vous devez consulter les prix, vous êtes au mauvais endroit.» [**]

[**] J'en connais une meilleure : «Vous savez comment vous pouvez savoir si vous êtes dans un bar de danseuses nues de basse classe ?» - C'est que les dernières choses que la danseuse enlève, ce sont ces souliers de bowling.

Ah, je vous venir avec mon éducation, mes connaissances, ma culture... Mais ça vient pas tout seul, ça : faut y mettre du sien. Comme si savoir que Shakespeare a écrit Hamlet ou que Beethoven a composé neuf symphonies dont la cinquième a des passages en 9/4 ou que les Croisades ont eu lieu avant Henry VIII... étaient des choses qu'on apprend sans effort.

Mais tandis que j'en suis là...

Y'a-t-il quelque chose de plus déroutant, de plus inexplicable, de plus incompréhensible que l'interdiction que les bonne manières nous imposent de ne jamais parler de sexe, d'argent ou de religion en société ; sinon vaguement et... que pour démontrer que nous partageons tous les mêmes idées ?

Toutes - mais sans exception - les femmes que j'ai connues m'ont dit qu'elles n'avaient jamais trompé leur maris. Mais ces maris qui, on sait, ont tous trompé leurs femmes, avec qui les ont-ils trompées ?

Qui est prêt, demain matin, de dévoiler au monde au monde entier, combien il ou elle gagne par année et que qu'il ou qu'elle fait avec son argent ? (Exception faite, bien sûre, de ceux qui se croient plus riches que les autres.)

Et vous en connaissez tous, comme moi, des gens qui se disent bons... - bons... quelque chose : catholiques, musulmans, juifs, hindoues, etc. - et qui, quotidiennement, vivent en concubinage, ne se tournent pas vers la Mecque vingt-huit fois par jour, mangent du jambon et ne visent qu'une chose : montrer à leurs voisins qu'ils sont plus intelligents qu'eux. Vous en connaissez, j'en suis certain. Les Auvergnats qui donnent à manger à des chanteurs sans le sous sont rares.

Je ne vous dirai pas avec qui j'ai ... dans ma vie, que je n'ai jamais volé, que les possessions terrestres ne m'ont jamais intéressé et que j'ai toujours mené une vie exemplaire, mais me faire dire, comme ça m'est encore arrivé la semaine dernière que j'étais égoïste, athée et riche, ben...vous savez quoi ? Ça m'a insulté. 

L'athée, surtout.

Simon

1...]

  Herméningilde Pérec


Quatre-vingt-dix ans

J'aurai, cette année, quatre-vingt-dix ans. Quand on a célébré mon quatre-vingtième anniversaire, j'ai pensé que, si je continuais à vivre au rythme auquel je m'étais habitué jusqu'alors, j'allais reculer devant la chaleur qu'allaient représenter les chandelles qu'on allait éventuellement allumer pour me... féliciter ? m'encourager ?  me souhaiter bonne chance ? Puis j'ai oublié. Je n'y ai même pas penser lors de mon dernier anniversaire. Mon quatre-vingt-neuvième.

Le problème en vieillissant, me disait mon grand-père, c'est qu'on reste jeune.

L'expérience m'a enseigné que c'était partiellement vrai ; que la majorité des gens de ma génération semblent n'avoir jamais été jeunes. À quarante ans, déjà, ils parlaient beaucoup plus de leur passé que de leur avenir.

Remarquez que c'était tout à fait naturel : quand on réalise, surtout au début de la cinquantaine, que ce que l'on est à ce moment-là risque d'être ce que nous allons être pour le reste de sa vie, il devient de plus en plus intéressant de se réfugier dans ce qu'on a été : jeune, beau et prêt à conquérir le monde...

Ça n'a pas été mon cas.

Mon grand-père ? Il est né au milieu du XIXe siècle...

H. Pérec

   Copernique Marshall

Les listes

Voici le premier d'une série de chroniques sur lesquelles je travaille depuis plusieurs semaines et qui remplacera ma série de «Ten best» que j'ai rédigée il y a une dizaine d'années et que, dans le cadre de la restructuration du site de l'UdeNap, on m'a demandé de traduire, ce que j'ai refusé de faire. Pour deux raisons sur lesquelles je ne veux pas revenir :

  1. Toutes les listes de films à voir, de livres à lire, de musique à écouter (etc.) contiennent des éléments limités aux connaissances de ceux ou celles qui les dressent et, en conséquence, ne peuvent qu'être limitées ou subjectives.

  2. Ce que l'on considère comme étant digne d'être classé numéro un, deux ou trois dans n'importe lequel palmarès un lundi pourra toujours se retrouver quatrième, huitième ou même vingtième le jeudi suivant.

Sauf que j'aime les listes.

J'adore les listes.

Celles qui sont dressées par des experts, celles qui ont fait l'objet d'une attention particulière, celles dans lesquelles les expressions «les plus populaires», «les meilleurs vendeurs» ou les «les incontournables» sont exclues et surtout celles qui ne se rapportent qu'à la valeur intrinsèque des objets qui y sont mentionnés et non pas à leur intérêt historique.

[...]

Note de l'éditeur :

Copernique étant absent jusqu'au début de la semaine prochaine et le fichier de sa chronique étant partiellement corrompu, nous ne pouvons en donner immédiatement la fin.

Revenez nous voir le mois prochain.

  Jeff Bollinger

L'expérience

Est-ce à l'école, au collège, à l'université qu'on apprend toutes ce qu'on publie ici, dans ce Castor™ qui, on me souligne de temps à autres, est en train de se transformer en magazine pour intellos ?

Magazine pour intellos !

S'il n'y a que de intellos qui nous lisent, je n'ose pas me demander ce que lisent ceux ceux qui ne le sont pas.

Il est vrai que, quand j'y suis arrivé (il y aura onze ans dans quelques jours), on pouvait y lire des articles sur les grèves des étudiants, sur la nudité au cinéma (ou au théâtre)... mais jamais de politique. 

Jeff  

   Fawzi Malhasti


Texte choisi

   La confession de Guy de Maupassant

L'amitié entre l'historien Shelby Foote et le romancier Walker Percy dura plus de soixante ans ; jusqu'à la mort de ce dernier en 1990. - Shelby Foote lui survécut jusqu'en l'an 2005.

Vous pourrez lire leur biographie respective, en français aux adresses qui suivent :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Shelby_Foote

https://fr.wikipedia.org/wiki/Walker_Percy

Les deux avaient une admiration sans borne envers Anton Chekhov (ou Tchekhov) qu'il considérait comme un maître dans le domaine des contes et des nouvelles.

Dans différents interviews qu'il a accordés suite à la parution de sa monumentale Histoire de la Guerre Civile américaine
[voir la référence à la fin], Foote a mentionné à plusieurs reprises que Walker Percy et lui ont régulièrement tenté de comprendre comment Chekhov (voir ci-dessus) pouvait attirer - et soutenir - l'attention de ses lecteurs dans  ses contes qui, plus souvent qu'autrement, n'avaient ni début, ni fin, qu'ils n'étaient la plupart du temps qu'une description d'un moment dans la vie d'une personne souvent sans importance et qui ne contenaient ni commentaires, ni morales, ni principes de vie quelconque ; et qu'ils n'ont jamais réussi.

C'est une chose à laquelle je repensais l'autre jour en relisant un conte de Maupassant, qu'on considère être parmi les plus grands raconteurs d'histoires français, La confession qu'on pourra trouver à l'adresse mentionnée ci-dessous, et qui se termine, pour ainsi dire, dans un éclat de rire auquel chaque lecteur pourra trouver une signification différente.

Oh ! ce n'est pas du domaine de Les morts de James Joyce (tiré de ses Gens de Dublin), mais - et c'est là que je m'avance peut-être un peu trop - j'ai pensé que ce La confession est ou pourrait avoir été un grand poème.

   Références :

Sur le livre de Shelby Foote à propos de la  Guerre Civile Américaine, voir à :

The Civil War, a narrative - Wikipedia (en anglais uniquement)

Sur La confession de Maupassant, voir l'avis suivant :

Maupassant et ses trois nouvelles ayant pour titre La confession

Pour son texte voir à :

www.Athena.unige.ch

Et pour le texte de Les morts de James Joyce, voir à :

www.yeyebook.com

Fawzi

   Paul Dubé


Manipulations
Ou : Les déboires d'un disc-jockey
(Suivi de quelques remarques sur Jacques Higelin)

    Volume

Voici la représentation graphique d'un enregistrement de Je reviens te chercher chanté par Gilbert Bécaud :


Cliquer sur l'image pour un agrandissement

En voici une deuxième de Ma solitude de Moustaki, enregistré par Serge Reggiani :


Idem

Difficile de ne pas remarquer la différence d'amplitude d'un enregistrement à l'autre et  la presque absence de variations dans le premier, du début à la fin..

(L'amplitude correspond au volume demandé au système qui aura à reproduire ces enregistrements, i.e. : plus les lignes verticales sont longues (hautes), plus le volume sera ample. Ce volume se mesure en décibels ou db.)

Pour ceux qui, comme Géo Walter, le technicien qui assiste votre serviteur dans la préparation de ses émissions de radio, ce facteur est très important lorsqu'il s'agit de les diffuser à la radio ou via Internet.

En voici, autre exemple : 

Buenas Noches, mi amor enregistré par Michel Louvain en 1957 :


Idem

Dans le premier et le troisième de ces enregistrements, on ne peut faire autrement que constater que leur amplitude a été ajusté pour que le volume à reproduire soit plus élevé par rapport au deuxième.  - Ce genre d'ajustement est, heureusement plutôt rare. Nous l'estimons à quelque chose près de 3 à 5 % des dizaines de milliers que nous avons entendus ou étudiés. - Sauf que dans le cas de tous les enregistrements que nous avons examinés de Bécaud, nous avons noté que cette manipulation - car c'est une manipulation - était systématique. Une exigence de sa part ? De la part de son producteur ? Qui sait ? - Tout ce qu'elle impose, c'est qu'il faut en tenir compte lorsque l'on prépare une émission de radio pour que ceux qui l'écouteront n'auront pas à ajuster à la baisse le volume de leur appareil à chaque fois qu'elle se manifeste.

Des logiciels permettent d'égaliser ou équilibrer ce genre de choses sauf que, pour des puristes et pour des émissions où s'entremêlent des disques enregistrés à des périodes où les normes de fabrication variaient considérablement d'un producteur à un autre (disques à gravures verticales, à gravures horizontales, enregistrés ou distribués à des vitesses différentes, etc.), vaut mieux effectuer les corrections qui s'imposent individuellement.

Car il en est d'autres variantes :


ferre_je vous voir encore
(Cliquez pour agrandir)

   Équilibre

Parallèlement à ces variantes, il en existe, parmi beaucoup autres [*], un qui est très sérieux et qui concerne l'équilibre entre deux groupe de sons. Exemples : plusieurs musiciens (trio, quatuor, quintet, etc.), un soliste et un orchestre ou un interprète (voix) et le ou les musiciens qui l'accompagnent.

[*] Notamment celui de faire disparaître les bruits de fond, l'ajout d'éléments non présents lors d'un enregistrement, jusqu'où on peut aller lors de la restauration de disques anciens, etc.

Dans un mini-essai sur les lieder de Schubert que j'ai rédigé il y a un temps déjà, j'ai fait part d'un exemple tiré d'un lied enregistré par le baryton Dietrich Fischer-Dieskau et le pianiste Roger Moore à deux dates différentes et pour la même marque de disques. En voici des extraits 

Das Wander (1952)
Dietrich Fischer-Dieskau, Gerald Moore

 

Das Wander (1972)
Dietrich Fischer-Dieskau, Gerald Moore

En oubliant certaines particularités dans ces deux  interprétations (notamment la vitesse) il est facile de se rendre compte que, dans un premier temps, le producteur (et son ingénieur du son) n'ont pas attaché une attention particulière à la différence qui existait entre l'apport sonore du chanteur (Fischer-Dieskau) et celui de son accompagnateur (Gerald Moore), mais dans le deuxième enregistrement, ils ont sans doute réalisé que les deux avaient une part différente à jouer et que le volume du piano qu'on devait y entendre  devait être traité en conséquence.

   À Higelin maintenant  

Pourquoi tout ce qui précède pour parler d'un auteur-compositeur-interprète qui a été, à notre avis bien mal traité par ceux qui ont produit la majorité de ses disques ?

Parce que, en préparant une éventuelle émission le concernant, préparation qui a exigé que nous - Géo Walter et celui qui écrit ces lignes - fassions l'écoute de pas moins de 104 de ses enregistrements, il nous a paru qu'il a été plus souvent qu'autrement, victime de mauvaises prises de sons, de mixages en post-production ne sachant pas trop quoi faire entre les paroles de ses chansons et sa musique, sans compter les trop nombreux amateurs prêts à l'accompagner en tapant des mains ou en chantant en coeur avec lui lors de ses prestations en public.

Faut quand même dire une chose, ou deux ou trois à propos de Higelin :

  • Ce ne fut pas un auteur-compositeur-interprète qui s'est contenté de chanter Manon, viens dans le ska ou de crier vingt fois de suite Que je t'aime sur trois accords.  

  • Que sa voix n'était pas ce qu'on appelle celle d'un chanteur-né et qu'en plus, elle n'avait pas la même force et que son étendue était limitée.

  • Et qu'en plus d'écrire des paroles qu'il faut LIRE trois fois avant d'en comprendre  le sens, il était prêt à expérimenter tous les styles de musique, de la valse au reggae et de la java entremêlée de sons électroniques.

Comment, dans ces conditions, enregistrer ne serait-ce que correctement, tout ce qui pouvait sortir de son imagination ?

Et c'est malheureux car, même après avoir passé plusieurs heures (à deux quand même), nous savons que nous n'avons atteint que la moitié (le tiers ?) de ce qu'il était capable de produire.

Un exemple de ce que nous avançons ?

Une chose qui, à la première audition,  paraît toute simple, mais qui ne l'est pas du tout parce que, justement, dans ce qu'on en a fait au cours de son enregistrement et sa post-production, ça a été de tenter de tout faire en même temps : faire passer et ses paroles et sa musique. Cela a fait qu'on entend par bouts que les paroles et par d'autres que la musique, au gré de celui qui a balancé le tout ?

Voici en un premier temps, ce dont on parle, suivi, dans un deuxième temps, d'un enregistrement de la même chanson par une de nos auditrices et dites-nous si nous avons raison :

Numéro 1 :

L'accordéon désaccordée
Jacques Higelin


Numéro 2 :

L'accordéon désaccordée
Monique Paquin

Vous pouvez les écouter plusieurs fois si le coeur vous en dit, mais s'il y a une chose que vous constaterez à la longue, c'est que les paroles sont très difficiles à suivre chez Higelin la musique qui les accompagne étant beaucoup trop omniprésente alors qu'elles sont d'une grande clarté chez Mme Monique Paquin chez qui la musique sert précisément à les mettre en évidence.

CQFD.

Comme d'habitude, vos commentaires seront bienvenus.

paul

P.-S. no. 1 : 

L'enregistrement Higelin est tiré de son treizième album studio, Paradis païen, paru chez Warner en 1998 - Numéro 3984246822.

Celui de Mme Paquin est tiré d'un CD dont nous avons fait l'éloge (si, si : l'éloge) en mars 2021 (vous en trouverez tous les détails sur ce lien). 

P.-S. no. 2 : 

Pour plus de renseignements sur ce que nous avons avancé dans la première partie de cette chronique, consultez les sites suivants (Wikipédia) :

 

L'extrait du mois


Docteur Petiot, 21, rue Lesueur


«La voiturette du premier secours fonce dans l'avenue de la Grande-Armée. Ce ne sont pas les passants qui la gênent, ni les voitures. 

«Il est 8h du soir en ce mois de mars 1944. Les Parisiens ne se hasardent guère dans les rues la nuit tombée, surtout dans ce quartier : les environs de l'étoile sont truffés d'administrations nazie, surveillées par des sentinelles qui ont la détente facile. Quant aux voitures, on ne voit guère que celles des Allemands ; encore sont-elles rares. La Wehmacht commence à réserver l'essence pour le front de l'Est. 

«La trompe d'alarme des pompiers ne dérange donc personne quand la voiturette vire à toute allure dans la paisible rue Le Sueur, avant de stopper devant le numéro 21, un hôtel particulier. Deux agents cyclistes attendent à la porte. Une fumée âcre empuantit la rue. 

«"C'est un locataire de la maison d'en face qui nous a appelé tout à l'heure par téléphone, explique l'un des agents. Y' a l'air d'avoir un feu de cheminée là-dedans. Nous avons sonné et tapé, mais personne ne répond.»

«Sans perdre un instant, les pompiers dégagent leur échelle portative, se hissent jusqu'au premier étage, brise un carreau et pénètrent dans l'hôtel particulier qui semble désert. On voit le rond lumineux de leur lampe-torche disparaître à l'intérieur et l'on attend. Dix minutes s'écoulent ainsi. Enfin, c'est derrière la porte cochère, un grand fracas de bar et de chaînes, et un vantail s'ouvre en grinçant. Les trois pompiers sortent : ils sont livides; le troisième , une jeune recrue, s'appuie à la porte, pris de nausée. Le caporal dit seulement aux agents : "Venez voir, c'est affreux !" Il les entraîne vers le sous-sol. Quelques instants après, l'un des deux agents remonte précipitamment, bondit jusqu'au café du Crocodile au coin de la rue et appelle le commissariat au téléphone : «"Venez vite, il y a une cave pleine de cadavres que l'on brûle dans le calorifère. C'est au 21, rue Lesueur. Venez vite !"»

C'est ainsi que le samedi 11 mars 1944, à 20h30, commence l'affaire Petiot.

Texte de : Jacques Delarue et Anne Manson
Le roman vrai de la IIe et de la IVe république
Deuxième Partie
, p. 560 - Robert Laffont, 1999


Le docteur Marcel Petiot
(1897-1946)

*

Copernique Marshall :

C'est en cherchant plus ou moins au hasard que je suis tombé sur le début de cet article paru dans le volume précité.

Le but de ma recherche était d'illustrer ce que je préconise souvent quand on est à la recherche de quelque chose de pas trop compliqué à lire [*].

[*] Oui, Simon, il y a des choses que l'on peut lire sans se sentir coupable et qui ne sont pas du domaine de la «Grande Littérature».

Mes règles - je les ai déjà exprimées ici - sont simples :

  1. Lire d'abord ce qu'on en dit sur la dernière page de la couverture du livre qui a attiré notre attention, mais ne pas nécessairement se fier à son contenu.

  2. Examiner la structure générale de son texte. Les longs paragraphes sont généralement un mauvais signe

  3. Y'a-t-il un index ? Le livre est-il divisé en sections claires et précises ? Est-ce que les chapitres sont de longueurs plus ou moins égales ?

  4. Toujours lire la première phrase. Pas celle de la préface, mais bien celle du texte proprement dit. - Fuyez les livres où cette première phrase a un ton condescendant ou n'a pas un sens précis.

  5. Puis, lorsqu'il s'agit d'un roman, lire les premières phrases des cinq ou six premiers chapitres.

J'aurais d'autres suggestions à formuler (comme celle de faire très attention au titre et, le cas échéant à son sous-titre), mais lorsqu'il s'agit d'une courte visite chez son libraire ou que l'on cherche à se procurer quelque chose avant de s'envoler vers le Sud, celles-là me semblent essentielles.

Dans ma recherche, j'avais retenu un titre en particulier, un titre pour lequel j'avais tout fait pour m'assurer que j'allais le classer dans ma catégorie de ceux à ne pas lire. Et pour vous assurer de mon honnêteté, voici comment je l'ai choisi :

Chez un libraire que je ne fréquente pas beaucoup, à Montréal, je suis rentré il y a deux ou trois semaines et j'ai demandé au commis derrière le comptoir s'il s'y connaissait en romans-policiers. «Un peu, m'a-t-il répondu. Mais vous cherchez quoi au juste ?» - «Simple, lui ai-je répondu. J'en cherche un mauvais. Un très mauvais. - C'est pour un article que je suis en train d'écrire...» [*] 

[*] Un peu à la manière du comte Robert de Montesquiou qui, un jour, entra chez un fleuriste et demanda une gerbe de fleurs hideuses... pour le mariage d'une de ses cousines particulièrement laide...)

Après quelques hésitations et en ayant tiré quelques uns de ses rayons, il m'en mis un entre les mains en me disant avec hésitation : «On m'a dit que ce n'était pas un de ses meilleurs...» - «Parfait !, je lui ai dit. Et s'il est particulièrement mauvais, je vous ferai signe.»

Cela étant dit, voici, selon ma règle numéro 5, les premières phrases de ce livre dont je ne vous donnerai ni le titre, ni le nom de l'auteur et dont je vais modifier les noms des personnages qui y sont mentionnés pour que vous ne me disiez pas que son auteur ou auteur a écrit ceci ou cela, que j'ai fait fausse route, qu'il ou qu'elle a gagné tel prix ou été sur la liste du palmarès de tel ou tel journal.

Tout cela, je le savais déjà.

Chap. 1 :

«Si X avait su qu'on allait la tuer, elle aurait peut-être offert un cadeau de Noël à Y, son marin, ou serait peut-être même allée voir le spectacle de fin de semestre de sa bambine à l'école...»

Chap. 2 :

«Z revêtait soigneusement son costume en s'efforçant de ne pas déchirer la mousseline blanche...»

Chap. 3 :

«- Qui a fait ça ? demanda A à X en tenant le port-folio de l'artiste. / - Quoi donc ? / - Ça, ici. / Il était nu dans la chambre d'hôtel. / - Ce que j'ai trouvé dans la poubelle...»

Chap. 4 :

«En traversant [ici le nom d'un grand magasin] X s'interrogeait : "Qu'est-ce  qui est pire : la puanteur de ce clochard minable ou l'odeur écoeurante des parfumeries du magasin ?" Après s'être fait asperger une cinquième fois par...»

Chap. 5 :

«- Incroyable ! B ne voulait pas avoir l'air de ne pas croire son amie, mais à la vérité, "incroyable" était un terme indulgent...»

Euh...

J'ai triché un peu, j'ai lu les dernières phrases :

«- Tu vas bien ? [un question posée 466 pages plus loin au "policier-enquêteur" qui a vraisemblablement résolu l'énigme de ce roman] / ... / - Je vais plus que bien. / Il sourit. / - J'ai tout.»

*

Qu'ajouter d'autre ?

Comparé au début de la chronique sur le Docteur Petiot, que seriez-vous tenté de lire après avoir lu ce qui précède ? 

Ma conscience me dit qu'il me faudrait au moins mentionner le début du roman auquel je voulais comparer les passages que vous venez de lire. Le voici :

«En vérité, si le vieux major Dover n'avait pas été foudroyé par une crise cardiaque aux courses de Tauton, Jim n'aurait jamais mis les pieds chez Thursgood. Il arriva au beau milieu d'un trimestre sans rendez-vous préalable - c'était en mai et pourtant on ne l'aurait jamais cru à voir le temps - envoyé par une de ces officines spécialisées dans le remplacement des professeurs de cours privés...»

Quoique le début qui suit m'a toujours impressionné :

«J’ai rêvé l’autre nuit que je retournais à Manderley. J’étais debout près de la grille devant la grande allée, mais l’entrée m’était interdite, la grille fermée par une chaîne et un cadenas. J’appelai le concierge et personne ne répondit; en regardant à travers les barreaux rouillés, je vis que la loge était vide.»

Bonne lecture !

1*]

Lectures


Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres, revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.

 

Silverview ou L'espion qui aimait les livres
John le Carré - Viking/Penguin, 2021 - Seuil, 2022 [*]

(Un deuxième coup d'oeil)
[*] Traduction d'Isabelle Perrin

Nous avons déjà parlé de ce livre lors de sa parution en novembre 2021. Ce que nous n'avons pas dit, parce que nous ne l'avions pas prévu, c'est qu'après en avoir lu les trois premiers chapitres, nous avons immédiatement cessé de le lire dans l'attente de sa traduction par Isabelle Perrin. Chacun de son côté, sans en parler à l'autre.

Ce n'est pas parce que, dans sa langue première il nous a paru trop difficile à lire. C'eût été pour Copernique (c'est Simon qui écrit cette phrase), une excuse car on sait - il le dit lui-même - qu'il a une meilleure connaissance de l'anglais que du français du moins en ce qui concerne la langue écrite ou plutôt la langue littéraire

Quant à Simon (c'est Copernique qui écrit cette phrase), sa conception de la littérature est trop particulière pour lui permettre de lire un livre comme tout le monde.

   Un détail en attendait la suite :

Avant de parle plus longuement de ce Silverview, le dernier de le Carré, décédé le 12 décembre 2020, il serait peut-être bon de mentionner que si, nous refusons presque systématiquement, à quelques années près, de lire des auteurs dont les livres n'ont pas été disponibles en librairie depuis au moins trente ans - "Cinquante !" tient à préciser Simon - le premier grand roman de Le Carré (L'espion qui venait du froid) date de 1963 (il y a 60 ans) et qu'en conséquence, ce n'est pas celui d'un auteur de la dernière pluie.

Il a son actif des dizaines de romans (et autres écrits) qui sont toujours disponibles en librairie et qu'il est un de ceux que nous considérons un grand auteur, mais un grand auteur de ceux qui sont, à notre avis, du côté de la littérature, au même titre que les Proust, Céline, Joyce, Green et Gide du siècle dernier, tous aussi importants que les Hugo, Maupassant, Zola, Balzac, Tolstoï, Dostoïevski, Henry James, Tacqueray, etc. du siècle précédent ; précédent à celui où nous sommes nés.

Et si on tient à le considérer comme un maître d'un style mineur (le roman d'espionnage), il faut comprendre qu'il n'y a pas de style mineur en littérature, que ce n'est pas à titre d'historien que Shakespeare a écrit ses Richard II et III, ses Henry IV et VI (etc.), ni à titre de commentateurs de l'aristocratie que Proust a écrit son À la recherche du Temps perdu, ni à titre de moraliste que Saint-Simon a écrit ses Mémoires.

De ce point de vue, un Sherlock Holmes, dans les mains d'Arthur Conan Doyle, n'est pas un banal détective privé, ni un Georges Smiley, un membre d'un fictif Circus où s'affairent des pions qu'on déplace sur un échequier politique.

À suivre...

   Simon et Copernique

Il y a dix ans dans le Castor


P'tite vie
(Suivi de : Lieux communs)

J'ai un de mes amis qui vient d'avoir soixante-dix ans. Il a encore des cheveux (en fait : il en a beaucoup ; ils sont à peu près noirs et il ne les teint pas). Il mesure quelque chose comme 1 mètre 80, ne fait pas trop d'embonpoint, est, comme on disait à l'époque, "propre de sa personne". Il est, de surcroît, célibataire. Son problème, c'est qu'il a un appartement, une auto, visiblement des sous, et il est encore non seulement présentable mais intelligent, cultivé et fort intéressant.

Vous voyez le genre d'ici ?

Incapable d'aller nulle part sans se faire accrocher par une veuve qui s'ennuie, une jeune - et même très jeune - dame qui en a jusque-là des "aventures" avec des va-nu-pieds, sans emploi fixe, qui en veulent à leurs beaux corps et qui ne possèdent que ce qui peut rentrer dans un sac de toile.

À ceux qui le connaissent, pouvez-vous, s'il-vous-plait, lui laisser la paix.

*** Fin de la petite annonce ***

Je ne sais pas comment ça se passe chez vous avec les quarts provisionnels, les déclarations de revenus, les "signez ici", mais j'ai l'impression, à chaque année, vers à peu près cette date, de me faire avoir et ce, depuis longtemps.

Le 28 février dernier, mon comptable m'a fait signer un chèque énorme, me promettant un "retour d'impôt" équivalant à 70% de ce chèque et une augmentation de mon fonds de retraite de 100% qui, lui, sera taxable quand je l'encaisserai. À combien de pourcentage ? Probablement, d'après les dernières projections que j'ose me faire (il y a de moins en moins de jeunes et les baby-boomers sont sur le point d'encaisser les leurs), quelque chose comme dans les 60-70%. - Faites le calcul.

J'y pense à chaque année. - Et si, au lieu de signer ce chèque, je n'avais rien fait, il me serait tout même rester 40 à 50% de son montant. Et tout de suite.

On me dit que c'est pour mes vieux jours. - J'ai connu ce qu'on appelait dans mes belles années des vieux jours : ceux de mon père et de ma mère qui, à quatre-vingts ans, mettaient encore de côté de l'argent pour leurs vieux jours. (Faudra m'expliquer, un jour, pourquoi on met de l'argent de côté pour en avoir devant soi, mais il s'agit là d'une autre histoire.) - C'est un peu le principe de mettre de l'argent de côté (excusez la répétition) pour les mauvais jours et ne pas s'en servir quand des mauvais jours surviennent parce qu'il y en aura des pires.

Je connais au moins un principe, sauf que je ne l'applique pas : c'est celui de "Tu payes toute de suite ou tu paieras plus tard". Ça m'a l'air être une vérité de Lapalice.

Ce que je sais, c'est qu'on a beau essayer de me convaincre que je n'aurai jamais assez d'argent pour mes vieux jours, j'en aurai encore quand je mourrai (quand je me cadavrerai, comme j'ai récemment entendu) car mes parents en avaient et que quelqu'un, même si c'est le Gouvernement, héritera de ce qui me restera et ça me fait joliment scier.

*** Fin de la complainte du mois de mars ***

Au bar-restaurant où je vais déjeuner à presque tous les jours, y'a six ou sept serveuses aux corps ravissants. Elles ont entre vingt et trente ans et j'ai beau me pencher sur le livre que je suis en train de lire, je ne peux faire autrement que de lever régulièrement les yeux et admirer cette jeunesse insouciante qui croit que leur peau vaut son pesant d'or et qui joue des seins et des fesses.

Curieusement, elles se ressemblent toutes. Conséquence inévitable de la mode ou du goût de leur patron. Sauf qu'il a du goût, le bougre.

M'enfin, ce que je me demande, c'est ce qui leur arrivera dans vingt, trente ans. Seront-elles ces dames que je vois avec leurs rouge à lèvre, leurs mascara et leurs fonds de teint invisibles ?

Quand je pense à elles, je me souviens d'un ami libraire, aujourd'hui à la retraite qui, au début de sa carrière se faisait dire non continuellement parce qu'il n'était pas ce qu'on pourrait appeler un Adonis et qui, trente ans plus tard se faisait harceler par ses clientes devenues moins jeunes...

Quand elles seront vieilles, assises auprès du feu, dévidant et filant, pour paraphraser Ronsard, se souviendront-elles que nous les regardions du temps qu'elles étaient jeunes ?

Ajout dix ans plus tard :

Curieusement, au fur et à mesure que j'ai vieilli, les femmes que je me suis mis à regarder ont à peu toutes fini par avoir mon âge. - Sauf celles qui ont tenu à rester jeunes.

*

Lieux communs

Oui, cette semaine, je vais vous entretenir de lieux communs. À commencer par :

J'écoutais, la semaine dernière, un monologue de George Carlin dans lequel il disait que la majorité des gens sont stupides. C'est que j'ai fini par lui donner raison : c'est vrai que les gens sont stupides. Vous ne vous en êtes jamais rendu compte ? Faites comme Carlin le suggère : quittez la maison un de ces matins avec un petit calepin et notez les noms des personnes stupides que vous allez rencontrer au cours de la journée. À midi, vous en aurez déjà une bonne trentaine. Ce qui est inquiétant là-dedans, c'est que, quelle que soit votre destination, qui et à quelle heure vous allez rencontrer quelqu'un ou quelqu'une, il y en aura un ou une dans le lot qui sera d'une intelligence moyenne.

 Moyenne...

Réalisez-vous que la moitié de l'humanité est moins intelligente que la moyenne ?

 Avouez que ce n'est pas rassurant.

C'est comme quand on va consulter un médecin. Pour devenir médecin, il faut réussir des examens et avoir obtenu une note d'au moins 60%. Est-ce que ça veut dire que la plupart des médecins ne savent pas trop ce qu'ils font 40% du temps ? Et qui c'est qui a préparé leurs examens ? D'autres médecins...

Pensez aux chauffeurs de voiture que vous côtoyez, sur la route, au jour le jour.... aux cuisiniers qui préparent vos repas, par une chaleur de 50 degrés C, dans une cuisine mal aérée. Mais qui a l'idée de devenir cuisinier ?

Y'a pire : les gynécologues ou les proctologues (pour en revenir aux médecins).

Personnellement, je m'accommode assez bien de la stupidité des gens : je mange très rarement assis à une table, sauf quand j'y suis obligé (rendez-vous d'affaires, anniversaire d'un copain ou avec une dame avec laquelle je voudrais entretenir une relation plus intime) : je m'assieds généralement sur un tabouret dans un bar, avec un livre, sérieux (le livre), et de préférence près d'un mur où j'aurai le moins de voisins possibles. - Oui, je sais, un bar, ça porte à boire. Et puis quoi ? Après trois ou quatre verres, je me suis rabaissé au niveau de quiconque viendra s'asseoir à mes côtés. Et puis, dans un bar, on peut toujours se lever et s'en aller. Chose difficile quand on est assis à une table.

Y'a aussi mon humeur. Toujours à la limite du bougonnage. Elle chasse les ennuyeux, les fâcheux et les raseurs de première classe (car il y a des classes).

En ce moment, je travaille pour un groupe de personnes dont l'une a un intérêt financier minime dans une affaire disons "importante", sauf qu'elle est compliquée cette affaire ; et si ceux qui sont au premier rang comprennent ce que je leur explique, l'individu dont je parle - et qui s'occupe généralement de choses "moins importantes" ne fait que poser des questions de plus en plus stupides. - Un nom à rajouter à ma liste quotidienne.

"Some people are stupid. Others are full of sh*t. An then you have those who are not stupid, not full of sh*t : they're f*cking nuts." (George Carlin. )

Sans compter que dans la partie "supérieure", dans cette partie de la population qui est au-dessus de la moyenne, y'a des emmerdeurs de tout premier ordre.

Décidément, la vie n'est pas facile.

Simon

Le courrier


Mme T

  47,000 (quarante sept mille). - C'est la quantité de satellites et de débris divers en orbite autour de la terre au dernier décompte.

Cliquez pour agrandir

M. Armand de Brouin - Ville Mont-Royal, Québec

  - 31 ans et ± 8 mois. - C'est l'âge que vous avez eu (ou que vous aurez) après avoir vécu 1 milliard de secondes.

Dédicace


Cette édition du Castor est dédiée à :

  
Vito Vosilla
(1925-2023)

Pages recommandées


Toulouse-Lautrec : L'oeuvre lithographique complète    
370 photos   

Schubert  
un essai de Paul Dubé
94 extraits sonores, 
45 photos, 5 vidéos, 7 annexes et de nombreux liens.

Best Sellers et Prix littéraires  
Une causerie autour de la lecture

René Char  
Un essai à la Simon Popp

Marcel Proust
Une suite à une causerie animée par Paul Dubé 
en la Librairie Côté Gauche le cinq mai 2022

Parmi nos autres pages :

Aceto, Le Caraguay, Aksoum, Les Coteaux...

Le mot de la fin


«I am a multitude.»

- Robert Zimmerman alias Bob Dylan

Publicité

Note : Le Castor™, entièrement subventionné par les Éditions Vatfair-Fair de St-Romuald d'Etchemin, ne perçoit aucun paiement de la part des établissements ci-dessous mentionnés, ni faveurs, ni considérations spéciales.


Toujours se renseigner (heures d'ouverture, etc.) avant de se rendre sur place

Burgundy Lion
2496 ouest, rue Notre-Dame
Montréal, Québec
(https://www.burgundylion.com/fr/bienvenue


McBroue
329 rue Victoria
Salaberry-de-Valleyfield, Québec

http://mcbroue.com/


Librairie Côté gauche
33 rue du Marché, 
Salaberry-de-Valleyfield, Québec

https://fr-ca.facebook.com/librairiecotegauche/

 
4115-A rue St-Denis
Montréal, Québec
http://www.dieseonze.com/

***

Et sur rendez-vous seulement :

Vatfair, Planter, Hencourt

Avocats

Tour Marshalluk - Quartier Universitaire - Napierville

Téléphone : 88-06 - Sonner deux coups.

 

  
F. Charles Rein
Aurist & Acoustic

Instrument Maker

223 Baker Street
London, NW1 6XE

Notes et autres avis :


Fondé en 1900 par le Grand Marshall, le CASTOR DE NAPIERVILLE fut, à l'origine, un hebdomadaire et vespéral organe créé pour la défense des intérêts de l'Université de Napierville et de son quartier. - Il est , depuis le 30 septembre 2002, publié sous le présent électronique format afin de tenir la fine et intelligente masse de ses internautes lecteurs au courant des dernières nouvelles concernant cette communauté d'esprit et de fait qu'est devenu au fil des années le site de l'UdeNap, le seul, unique et officiel site de l'Université de Napierville.

De cet hebdomadaire publié sur les électroniques presses de la Vatfair-Fair Broadcasting Corporation grâce à une subvention du Ministère des Arts et de la Culture du Caraguay, il est tiré, le premier lundi de chaque mois, sept exemplaires numérotés de I à VII, sur papier alfa cellunaf et sur offset ivoire des papeteries de la Gazette de Saint-Romuald-d'Etchemin et trois exemplaires, numéroté de 1 à 3, sur offset de luxe des papeteries Bontemps constituant l'édition originale, plus trois exemplaires de luxe (quadrichromes) réservés au Professeur Marshall, à Madame France DesRoches et à Madame Jean-Claude Briallis, les deux du Mensuel Varois Illustré.

Nous rappelons à notre aimable clientèle que :

1 - L'édition régulière du Castor™ paraît le 1er lundi de chaque mois.

2 - L'édition corrigée du Castor™, destinée au marché américain, paraît le 1er jeudi de chaque mois.

3 - De mini-éditions peuvent paraître le 2e ou 3 lundi de chaque mois.

Autres informations :

1 - Tous droits réservés. - Copyright © UdeNap.org. - La reproduction de tout ou partie du matériel contenu dans cette édition du Castor™ est interdite sans l'autorisation écrite des auteurs.

2 - Malgré l'attention portée à la rédaction de ce journal, ses auteurs ou son éditeur ne peuvent assumer une quelconque responsabilité du fait des informations qui y sont proposées.

3 - Tel qu'indiqué au début, les erreurs de frappe, de date et autres incongruités contenues dans ce Castor™ seront ou ont déjà été corrigées dans sa version destinée au marché américain.

4 - La direction du Castor™ tient à préciser qu'aucun enfant n'est victime d'agressions sexuelles au cours de la préparation, pendant la rédaction et lors de la publication de son hebdomadaire.

Liens :


*

Le Castor™ - Index (2018, 2019, 2020)

Le Castor™ - Fondation et équipe originelle

Le Castor™ - Organes affiliés

Le Castor™ - Édition précédente

Le Castor™ - Édition suivante

Le Castor™ - Édition courante

Le Castor™ de Napierville


107 rue Lippé
Les Coteaux, Québec
J7X 1H2
Canada