Vol. XXXIII,  n° 9 - v. 3.1 Le seul hebdomadaire de la région publié une fois par mois Le lundi 1er mai 2023
 
Dernière édition

Mai

10 mai : Journée mondiale des oiseaux migrateurs

11 mai : Journée mondiale des abeilles

15 mai : Festival international du gun à caulker

20 mai : Journée européenne de la mer

22 mai : Journée internationale de la biodiversité

23 mai : Journée internationale de la tortue marine

27 mai : Journée nord-américaine de la piscine hors-terre


Votre première visite sur le site de l'Université de Napierville ?

Lisez cette page : Un monde à découvrir

Ce numéro :

Contenu :

Reynaldo Hahn,  Émile-Auguste Chartier dit Alain, Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, Richard Hernstein et Charles Murray, Teresa Carreño, Paul Dupuis, Jean-Paul Jeannotte, Claude-Henri Grignon, Julie Fourchu, Swann, Geneviève Bujold, Anne Boylen, Charles Jarrott, Bruno Laplante,Clara Rodriguez, Richard Burton, Sacha Guitry, Elizabeth Taylor, Proust (Marcel), Michel Jackson, Hemingway, Arthur Buies, Cab Calloway, Edgar Allan Poe (bis), David Bachrach, Louis Bonald, Abraham Lincoln (bis), Réjean Ducharme, Gertrude Stein, Théophile Gauthier, James Burke, la Reine Victoria, Hitler et Lemaître.

Pour l'édition courante du Castor, cliquez ICI.

Chroniques  

Les chroniques précédentes de nos correspondants pourront être
à nouveau consultées quand elles auront été révisées et reclassées.

    Simon Popp  

C'est quand même assez surprenant, bizarre et curieux...

... que l'on se retrouve, un jour, décrit comme étant... je ne sais pas, moi... une personne qui est tout-à-fait le contraire de celle que l'on croit être : un intellectuel, un manuel, un bon vivant quoique ponctuel et sérieusement sérieux, un radin tout en étant collectionneur de bibelots et généreux, un rêveur, un obsédé sexuel, un ivrogne, un croyant, un amoral...

C'est d'autant plus surprenant, bizarre et curieux... car il suffit de se déplacer un peu, de son bureau, de sa famille, des endroits que l'on fréquente régulièrement, y compris son coiffeur, son restaurant ou son libraire, pour devenir quelqu'un d'autre. - Si encore, ce ne serait qu'une question des attitudes que nous prenons pour se conformer à ce qu'on attend de nous, mais combien de fois nous arrivent-ils de changer la façon dont nous parlons, de vêtements, de poser certains gestes, de se référer à des choses ou événements qui ne nous intéressent que vaguement et même d'adopter des attitudes totalement contraires à qui nous sommes pour devenir tout-à-coup quelqu'un d'autre, tout comme comme Swann dans À la recherche du Temps perdu ; Swann qui, chez les parents du narrateur, ayant oublié la lettre de Twickenham qu'il avait dans sa poche, consent volontiers à se lever pour tourner les pages d'une partition de piano... 

Je me suis réveillé ce matin en me rappelant - Dieu seul sait pourquoi - avoir levé un verre de plastique contenant une piquette à la santé d'une superbe jeune fille dont c'était le dix-huitième anniversaire alors que la veille on m'avait fait goûter à un millésime exceptionnel de Château Lafitte dans un verre de cristal datant de la reine Victoria...

Est-ce qu'on l'a déjà dit et répété mille fois, ici, que "notre personnalité sociale n'est que la création de la pensée des autres" ?

Simon

 Proust :

« (…) même au point de vue des plus insignifiantes choses de la vie, nous ne sommes pas un tout matériellement constitué, identique pour tout le monde et dont chacun n’a qu’à aller prendre connaissance comme d’un cahier des charges ou d’un testament ; notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres. Même l’acte si simple que nous appelons « voir une personne que nous connaissons » est en partie un acte intellectuel. Nous remplissons l’apparence physique de l’être que nous voyons de toutes les notions que nous avons sur lui, et dans l’aspect total que nous nous représentons, ces notions ont certainement la plus grande part. Elles finissent par gonfler si parfaitement les joues, par suivre en une adhérence si exacte la ligne du nez, elles se mêlent si bien de nuancer la sonorité de la voix comme si celle-ci n’était qu’une transparente enveloppe, que chaque fois que nous voyons ce visage et que nous entendons cette voix, ce sont ces notions que nous retrouvons, que nous écoutons. Sans doute, dans le Swann qu’ils s’étaient constitué, mes parents avaient omis par ignorance de faire entrer une foule de particularités de sa vie mondaine qui étaient cause que d’autres personnes, quand elles étaient en sa présence, voyaient les élégances régner dans son visage et s’arrêter à son nez busqué comme à leur frontière naturelle ; mais aussi ils avaient pu entasser dans ce visage désaffecté de son prestige, vacant et spacieux, au fond de ces yeux dépréciés, le vague et doux résidu – mi-mémoire, mi-oubli – des heures oisives passées ensemble après nos dîners hebdomadaires, autour de la table de jeu ou au jardin, durant notre vie de bon voisinage campagnard. L’enveloppe corporelle de notre ami en avait été si bien bourrée, ainsi que de quelques souvenirs relatifs à ses parents, que ce Swann-là était devenu un être complet et vivant, et que j’ai l’impression de quitter une personne pour aller vers une autre qui en est distincte, quand, dans ma mémoire, du Swann que j’ai connu plus tard avec exactitude, je passe à ce premier Swann – à ce premier Swann dans lequel je retrouve les erreurs charmantes de ma jeunesse, et qui d’ailleurs ressemble moins à l’autre qu’aux personnes que j’ai connues à la même époque, comme s’il en était de notre vie ainsi que d’un musée où tous les portraits d’un même temps ont un air de famille, une même tonalité – à ce premier Swann rempli de loisir, parfumé par l’odeur du grand marronnier, des paniers de framboises et d’un brin d’estragon.»

Marcel Proust, Du côté de chez Swann, P 18-19, Gallimard, Folio, 1988

1...]

  Herméningilde Pérec


Nonante... quoi ?

Nonagénaire. C'est le mot qu'on utilise pour désigner ceux qui ont atteint un âge entre 90 et 99 ans. Pour les 80 à 89, on dit octogénaire et pour ceux entre 70 et 79 ans, le mot est septuagénaire. Inutile, je suppose de donner la définition du mot centenaire.

Pour anglophones, l'adolescence se définit en teens : thirteen, fourteen, fifteen jusqu'à nineteen. Il n'y a pas d'équivalent en français pour cet âge qui se situe entre treize et dix-neuf ans ... quoique... en Belgique on utilise souvent les mots huitante (pas beaucoup) et nonante (beaucoup), mais surtout pour compter : «Cette objet, Monsieur, coûte  nonante-neuf euros...»

Je vous dis tout cela aujourd'hui pour, à la manière de Simon Popp dont le style d'écriture semble nous affecter tous, ici, pour vous dire une chose totalement sans rapport. Ou presque :

Je serai, tout comme notre ami à tous, le Professeur Marshall, nonagénaire dans quelques mois.

Le problème, c'est que je me crois encore jeune, de cette jeunesse qui s'occupe de son jardin comme si elle était certaine de voir en pleine maturité l'arbre qu'elle vient de planter. 

H. Pérec

   Copernique Marshall

La solitude

Un de mes collègues me disait il n'y a pas très longtemps que la meilleure méthode qu'il connaissait pour s'isoler du reste du monde était de déménager dans une grande ville et plus spécifiquement dans un immeuble contenant des dizaines de logements.

Demeurant depuis plusieurs années dans un "bloc of flats" (mon ami est  d'origine britannique, mais demeure près du Quartier Latin à Montréal), il me dit qu'il ne connaît que deux ou trois de la centaine de ceux qui y résident. Et encore, a-t-il ajouté, que parce qu'il lui arrive d'échanger quelques paroles avec certains ou certaines d'entre eux ou elles lorsqu'ils se retrouvent dans le même ascenseur, le matin, quand chacun quitte son appartement pour aller travailler.

«Un jour, me dit-il, lorsqu'il a fallu quitter l'immeuble à cause d'une fausse alerte à un incendie, tous mes colocataires et moi, nous nous sommes retrouvés à l'extérieur et ça m'a étonné du peu de ceux qui parlaient entre eux.»

C'est une chose qui m'a toujours frappé, cette solitude "à proximité" qui n'existe pas dans les petits villages ou quartiers où tout le monde se connaît ; cette solitude à laquelle correspond le nombre de livres de "self-help" (autoperfectionnement, connaissance de soi, comment découvrir sa véritable personnalité, etc.) qu'on retrouve de plus en plus dans les librairies, dans la section près des livres de cuisine.

C'est un phénomène qui, je crois, correspond à l'augmentation du nombre de gens victimes de burn-out, surmenage, épuisement ou - dit plus simplement - de dépression quand ils découvrent (ou qu'on leur fait découvrir) qu'ils sont sur le point de devenir dépendants à l'alcool, la drogue ou de ces petites pilules que leurs médecins sont ravis de leur recommander. - Ce sont des gens qui, généralement, n'ont qu'eux comme amis.

J'aime bien recommander à ces âmes à la dérive ou solitaires de lire "Mon père avait raison" de Sacha Guitry. Tout Sacha Guitry tant qu'à y être. Elles y apprendront à ne pas prendre au sérieux leur vie, leur carrière, l'image qu'elles projettent et surtout à ne pas viser la perfection ; et puis à parler sérieusement de choses sans importance avec les connaissances qu'elles se feront en cours de route.

Mon père, plus j'y pense, m'a donné qu'un véritable conseil : celui de ne pas écouter ceux qui savent, mais bien d'imiter, de mimer même, jusqu'aux gestes et aux manies, les gens qui sont heureux. 

Copernique

  Jeff Bollinger

Intelligence et intelligence

Voici ce que j'ai lu sur l'intelligence humaine et la définition qu'on a voulu lui donner dans un article paru en décembre 1994 dans le Wall Street Journal sous le titre de «The Meaning and Measurement of Intelligence».

Il s'agit du communiqué final émis par l'Université de Delaware suite à la rencontre de 131 chercheurs en rapport avec un livre, The Bell Curve de Richard Hernstein et Charles Murray, paru plus tôt la même année. - Vous en trouverez de plus amples détails à l'adresse qui suit :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mainstream_Science_on_Intelligence

Je n'en donne que les grandes lignes, l'idée étant qu'en discutant de l'"Intelligence Artificielle", la définition qu'on y donne de l'intelligence humaine pourrait être considérée comme étant acceptable de la part de ceux qui sont pour ou contre ; particulièrement pour ou contre la possibilité qu'un jour l'on puisse créer des robots, des ordinateurs, des appareils quelconques dont l'"intelligence" serait égale à celle d'un être humain.

Le texte :

1. L'intelligence humaine est, d'une façon très générale, un aspect de l'activité du cerveau qui implique, entre autres, la capacité de raisonner, de planifier, de résoudre des problèmes, de penser de manière abstraite, de comprendre des idées complexes, d'apprendre rapidement et d'accumuler une certaine expérience. Elle ne consiste pas en une somme de connaissances du type encyclopédique ni en une compétence académique et ne se mesure pas nécessairement via des tests. Elle se manifeste par une certaine capacité à comprendre son environnement, en saisissant et donnant un sens aux choses et à déduire ce qui doit être fait selon les circonstances.

2. L'intelligence, ainsi définie, peut être mesurée, et les tests d'intelligence la mesurent bien. Ils sont parmi les plus précis (sur le plan technique, fiables et valides) de tous les tests et évaluations psychologiques. Ils ne mesurent pas la créativité, le caractère, la personnalité ou d'autres différences importantes entre les individus, et ils ne sont pas destinés à le faire.

3. Bien qu'il existe différents types de tests d'intelligence, ils mesurent tous la même intelligence. Certains utilisent des mots ou des chiffres et nécessitent des connaissances culturelles spécifiques (comme le vocabulaire). D'autres ne le font pas, et utilisent plutôt des formes ou des dessins et ne nécessitent que la connaissance de concepts simples et universels (beaucoup/peu, ouvert/fermé, haut/bas).

4. La répartition des personnes le long du continuum du Quotient Intellectuel, de faible à élevé, peut être bien représentée par la courbe en cloche (en jargon statistique, la "courbe normale"). La plupart des gens se regroupent autour de la moyenne (QI 100). Peu d'entre eux sont soit très brillants, soit médiocres : environ 3 % des Américains obtiennent un QI supérieur à 130 (souvent considéré comme le seuil de la "surdouance"), avec environ le même pourcentage en dessous du QI 70 (le QI 70-75 étant souvent considéré comme le seuil de "l'arriération mentale")

5. Les tests d'intelligence ne sont pas culturellement biaisés contre les Noirs américains ou d'autres peuples anglophones nés aux États-Unis. Au contraire, les scores de QI prédisent avec la même précision pour tous ces Américains, quelles que soient leur race et leur classe sociale. Les personnes qui ne comprennent pas bien l'anglais peuvent passer soit un test non verbal, soit un test dans leur langue maternelle.

6. Les processus cérébraux sous-jacents à l'intelligence sont encore peu compris. Les recherches actuelles portent, par exemple, sur la vitesse de transmission neuronale, l'absorption de glucose (énergie) et l'activité électrique du cerveau.

[...]

Question : Est-ce que je suis d'accord avec cette définition de l'intelligence [humaine] ?  

Réponse : Oui, mais elle ne répond pas aux questions qu'elle soulève.

Exemples :

Q. : Est-ce que son quotient intellectuel peut varier au cours de son existence ?

i. e : À l'article un, on parle d'"apprentissage" ? - Est-ce qu'on devient plus intelligent avec l'âge ? 

Q. : Si, dans une situation quelconque, notre intelligence nous soumet plus qu'une solution, devient-on plus ou moins intelligent selon le choix que nous prendrons ?

i.e. : Un poste dans une entreprise près de chez soi - c'est-à-dire dans un environnement que l'on connaît - ou un poste plus rémunérateur dans un environnement qui n'est plus celui auquel on est habitué ?

Q. :  Est-ce que vivre dans un milieu plutôt qu'un autre modifiera oui ou non son intelligence ?

i. e. : Deviendra-ton moins intelligent en étant le directeur d'une école pour mésadaptés sociaux ou plus en enseignant la littérature au niveau universitaire ?

Et ainsi de suite.

À suivre...

Jeff  

   Fawzi Malhasti


Texte choisi

Voici ce que Frédéric Robert, responsable du texte accompagnant un album (trois disques de 33t. - Calliope, 1974 - Le livre d'or de la Mélodie Française, enregistré par 
le baryton Bruno Laplante et la pianiste Janine Lachance), écrivait sur un poème de Théophile Gauthier mis en musique par Reynaldo Hahn, Infidélité, qui en faisait partie :

«Malgré ses "infidélités" au texte [plusieurs vers en sont exclus] cette mélodie, datée de février 1891, compte parmi l'une des délicieuses inspirations de Reynaldo Hahn. [...] Discrète évocation de la fuite du temps et de l'amour, de l'immobilité des choses et de la mobilité des êtres, cette mélodie, d'ambitus restreint, prend appui sur des accords feutrés, à peine modulants qui alternent avec une basse faite presque entièrement d'un simple bourdon.»

Les paroles telles que chantées :

Voici l'orme qui balance
Son ombre sur le sentier;
Voici le jeune églantier,
Le bois où dort le silence.
Le banc de pierre où le soir
Nous aimions à nous asseoir.
Voici la voûte embaumée
D'ébéniers et de lilas,
Où, lorsque nous étions las,
Ensemble, ma bien aimée!
Sous des guirlandes de fleurs,
Nous laissions fuir les chaleurs.
L'air est pur, le gazon doux ...
Rien n'a donc changé que vous.

En voici l'interprétation du duo Laplante-Lachance sur cet album ::

Bruno Laplante en 1974

Et puis, en voici une autre, enregistrée en 1962 par Jean-Paul Jeannotte avec, au piano, Jeanne Landry, tirée d'un 33t Select (Canada) - Jean-Paul Jeannotte chante Charles Gounod et Reynaldo Hahn - No. M298.012 :

Jean-Paul Jeannotte en 1962

...

Rien, rien n'a donc changé que vous...

Fawzi

P.-S. : Merci, paul, pour les renseignements discographiques.

   Paul Dubé


Pourquoi faire compliqué ?

Voici une valse toute simple composée par une pianiste née au Venezuela en 1853 et à qui Edvard Grieg dirigeant lui-même son concerto pour piano dit : «Madame, je ne savais pas, avant de vous entendre, que j'avais composé une si belle musique.»

Son nom est Teresa Carreño, sa valse s'intitule Vals Gayo et la pianiste est Clara Rodriguez.

Teresa Carreño - Clara Rodriguez

Teresa Carreño

Décédée en 1917, on peut se demander si María Teresa Gertrudis de Jesús Carreño García s'est souvenu toute sa vie d'avoir joué, enfant prodigue, à la Maison Blanche, devant le Président Abraham Lincoln..

paul

 

L'extrait du mois


Deux ce mois-ci :

Un qu'on s'est toujours demandé si un jour on allait citer cette nouvelle, la plus courte jamais écrite (oh, depuis il y a en une d'autres - on en a même fait divers concours presque annuels). Elle n'a, en englais, que six mots et elle a pour créateur l'écrivain Ernest Hemingway :

«Baby shoes for sale. Never worn.»

Souliers pour bébé à vendre. Jamais portés.»

*

Notre deuxième extrait est tiré des Propos d'Alain - La Pléiade II, p. 196. - Il nous a été soumis par un ami de notre Monsieur Perec qui, sans avoir son âge, nous dit que ce propos (sans titre) qu'il a découvert au début des années soixante-dix (1970) l'avait, à l'époque, "frappé en jetant à bas la cloison qui l'empêchait de comprendre comment un peuple aussi catholique que les Québécois avait, en un temps record, quasi abandonné [dès la fin des années cinquante] sa religion jusqu'alors sous le joug d'une Église triomphante qui avait dirigé d'une main de fer une population aussi craintive que docile..."

Nous le citons sans d'autres explications ne mentionnant, en guise d'introduction, qui fut cet Alain, le philosophe, journaliste, essayiste et professeur né Émile-Auguste Chartier en 1868, décédé en 1951 qui a, au cours de son existence publié entre autres des centaines d'articles dits "propos" - Pour de plus amples informations à son sujet voir la page que Wikipédia lui a consacrée.

«Si l'on discute longtemps avec un adversaire de mauvaise foi, on arrive à dire des sottises. Tous ces cléricaux, si on les prenait au sérieux, nous conduiraient à écrire des manuels scolaires ridicules, j'entends qui seraient des pamphlets forts bien faits contre le Pape et contre le Roi. Sur quoi ils discuteront sans fin et seront battus aux élections aussi longtemps que l'on votera. Ce sont des généraux sans soldats. Je crois qu'on les a trop écoutés. Et que notre enseignement s'est fatigué sans profit à cette guerre de tirailleurs. 

«Quand je vois que l'on a supprimé Dieu dans les exemples de grammaire et que l'on a oublié des cathédrales en décrivant les villes et évidemment j'éprouve un certain plaisir qui résulte des plaintes de l'adversaire ; cela me fait voir qu'il est maintenant sans puissance. Ce sentiment est commun chez nous, parce que les tyrans de doctrine y sont odieux. Il serait plus raisonnable de ne pas enseigner contre les évêques, et enfin de n'enseigner contre rien, ni contre personne. Au lieu de tourner autour de leur camp, y entrer, l'occuper en maîtres et traiter enfin de la Religion comme il faut, de Dieu comme il faut, de la confession comme il faut, du salut des âmes comme il faut. 

«Chose singulière, nous en sommes a faire de l'opposition contre le prêtre, comme si nous vivions en théocratie. En vérité, cela leur donne quelques prétextes et un peu de courage ; si nous expliquions ce que c'est que la religion, en la prenant comme chose naturelle et humaine et en vue de montrer en quoi elle est vraie, on arriverait à justifier le bon prêtre et à démasquer le jésuite. Qu'on lise là-dessus, Hugo, Jean-Jacques ou Spinoza, on comprendra qu'une même vérité puisse porter plusieurs vêtements. Le Dieu du poète, exprime que nous sommes fils du monde, que le monde rend des espèces d'oracles par sa beauté souveraine et qu'une nuit étoilée est au-dessus des raisons. Le Dieu du moraliste, exprime que le méchant, s'il tue le juste, ne tue point la justice et que toutes les ruines n'écrasent point le droit. Car il y a une autre vie où le juste est récompensé, entendez où le juste vaut mieux que l'injuste ; et le succès, la richesse, la bonne chance n'y pèsent rien ; cette vie est éternelle, mais il faut bien l'entendre ; elle est de ce monde ; il y a une Humanité ou le tyran n'entre point en menaçant, ou le riche n'entre, point en payant. Cette justice qui est la justice, vous ne voulez l'appeler justice de Dieu ? Mais comment l'appeler? Car ce n'est pas la justice des Rois ni celle des Magistrats. Il y a une forteresse, certainement, où la force n'entrera. Le jésuite n'y est point ; mais le Vicaire savoyard et l'évêque Bienvenu y étaient avant nous. Platon aussi. Spinoza aussi. Spinoza passait pour un athée ; il voulait pourtant retrouver la vraie Religion et la vraie doctrine du Christ. Il enseignait que celui qui comprend et aime la Nécessité est à l'abri des passions et de la mort. La bonne femme qui dit son chapelet, essaie de penser la même chose. À croire que sa religion est dans les petits grains de bois, nous risquerons d'être plus idolâtres qu'elles.»

Première publication : La Dépêche de Rouen 14 septembre 1898

1*]

Lectures


Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres, revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.

 

Où est passée la littérature ?

À la dernière réunion du Club de lecture de la Librairie Côté Gauche[*], j'ai posé une question : «Comment enseigne-t-on la littérature aujourd'hui ?»

[*] Le troisième vendredi de chaque mois. - Voir dans la section "Publicité" plus loin pour l'adresse, un lien, etc.

Cette question, je l'ai posée parce que je n'arrive pas à comprendre ce que les vingt-à-trente-ans lisent aujourd'hui et surtout comment ils lisent. - Je dis vingt-à-trente ans, mais, sans être né de la dernière pluie tout en n'étant pas encore - comment dit-il ? - nonagénaire, je connais de moins en moins de gens qui lisent comme on me l'a enseigné. Oh ! ce n'est pas du fond de ce qu'on l'on lit ("on" dans le sens des lecteurs en général), mais de la forme dans laquelle un livre, que ce soit un essai ou un roman, a été écrit car, en principe, il n'est pas interdit de penser que L'Avalée des Avalés de Réjean Ducharme ne pouvait pas être écrit de la même façon, de la même manière, avec les mêmes mots que Les Misérables de Victor Hugo.

À chaque livre, à chaque récit, à chaque histoire, il me semble logique qu'une forme, un procédé, une manière d'écrire qui lui soit propre, non ? - J'irai même plus loin : chaque écrivain devrait avoir son propre style. - Voilà, je l'ai dit : le mot style.

Est-ce que je vous ai déjà parlé de Louis de Bonald  ? Je ne crois pas et je ne me souviens pas que son nom ait été mentionné ne serait-ce qu'une fois dans le Castor™. Alors ceci :

Louis-Gabriel-Ambroise, vicomte de Bonald fut  un homme politique, philosophe et essayiste français né en 1754, mort en 1840. Il fut surtout connu pour être un grand adversaire de la Révolution française, fervent royaliste et, comme on dirait aujourd'hui, un conservateur de tout premier ordre. Il est surtout connu pour avoir soutenu le principe de La séparation de corps qui, si ma mémoire est exacte était encore utilisée il n'y a pas si longtemps dans notre Belle Province pour permettre aux personnes mariés catholiques de vivre chacun de son côté sans subir les foudres de l'Église (lire : sans être excommuniés). Une sorte de divorce qu'on appelait, justement d'ailleurs, acceptable aux yeux de la sainte, unique, apostolique et vraie religion. Mais il s'est aussi occupé de littérature.

Dans le Mercure de France, en trois livraisons (d’août à décembre 1806) il fit paraître un essai sur Le Style et la Littérature [*], dans lequel il avança diverses propositions dont les suivantes : 

[*] repris dans les Mélanges littéraires, politiques et philosophiques (Paris, Le Clère, 1819, tome 1, pp. 354-434)

(Je résume car, si l'on se fie à ce qu'il dit du "style" [en littérature], M. de Bonald, est lui-même un très mauvais écrivain. - Si vous voulez pour ne pas trop vous ennuyer, vous n'avez qu'à lire ce que j'ai mis en gras !)

«Le style est l'homme même, a dit M. de Buffon, et l'on a dit après lui : La société est l'expression de la société. 

«Ces deux ont entre elles un rapport certain, et ce rapport serait évident, si M. de Buffon se fût contenté de dire : Le style est l'ex pression de l'homme. La phrase eût été plus philosophique et plus exacte, quoique moins oratoire et moins brillante ; mais c'eût été un peu trop demander du siècle rhéteur de M. de Buffon, et peut-être de M. de Buffon lui-même.

«Dans ces deux propositions ainsi énoncées : Le style est l'expression de l'homme, la littérature est l'expression de la société, on voit tout de suite que la littérature est à la société ce que le style est à l'homme, et qu'on pourrait définir la littérature chez chaque peuple, le style de la société. Ainsi chaque société a son style, comme chaque peuple a son langage.

«M. de Buffon explique lui-même cette pensée, le style est l'homme, et il ajoute : "Car l'homme n'existe que par la pensée et la passion, et le style les renferme l'une et l'autre." Ce qui est vrai sans doute, mais ce qui ne dit pas assez ; et ce développement, qui peut suffire à l'orateur, laisse quelque chose à désirer au philosophe.

«L'homme est esprit et corps ; le style expression de l'homme, sera donc idées et images : idées, qui sont la représentation d'objets intellectuels ; images, qui sont la représentation ou la figure d'objets sensibles et corporels.

«Un bon style consiste dans un heureux mélange de ces deux objets de nos pensées, comme l'homme lui-même, dans toute la perfection de son être, est formé de l'union des deux substances, et réunit à une intelligence étendue, des organes capables de la servir.

«Un style qui est tout en idées, est sec et triste ; un style qui est tout en images, éblouit et fatigue, comme ces représentations de théâtre qui font passer rapidement devant les yeux une multitude d'objets divers.

«Le style de l'école réformée, de celle de Port-Royal, de l'école philosophique du dernier siècle, est triste et austère ; le style de l'école des jésuites, etc., etc., est jusqu'à l'excès brillant et fleuri

Un peu plus loin dans son exposé, de Bonald introduit la morale, la religion chrétienne, son influence sur la littérature "de bon goût", etc. De quoi oublier ce qui précède dans lequel je n'ai retenu qu'une chose : que l'écrivain, lorsqu'il a quelque chose à dire, se doit à la fois ne pas ennuyer ses lecteurs et se s'efforcer de s'exprimer tout en utilisant  le fond de sa pensée et un style (une forme d'écriture) approprié.

Or - oui, je sais, c'est un peu aride ce que vous venez de lire et j'en remets toujours à ce que je disais au début, mais d'une autre manière :

Comment enseigne-t-on la littérature aujourd'hui ?

   paul 

Il y a dix ans dans le Castor


Circles

C'est Monsieur Copernique qui m'a fait découvrir James Burke, l'auteur, entre autres, d'un volume de chroniques parues dans la revue américaine Scientific American où, à partie d'un sujet quelconque, il passe d'un personnage, d'un fait, d'un détail à un autre pour revenir, à la fin, au tout début.

D'où le titre de "Circles" - "Cercles" ou "Boucles".

Je téléchargeais ce livre dans mon lecteur, hier après-midi - incroyable ce qu'on peut enregistrer dans un lecteur électronique -, quand j'y ai retrouvé d'autres chroniques, mais d'un autre siècle, celles-là, écrites par un journaliste-écrivain-conférencier fort connu à son époque et qui s'appelait Arthur Buies (1840-1901) incarné, au petit écran par Paul Dupuis (1913-1976) dans une série, écrite par Claude-Henri Grignon (1894-1976), sous le titre de "Les belles histoires des pays d'en haut".

Au début de cette série, en 1956, jouant le personnage de Julie Fourchu, une toute jeune comédienne du nom de Geneviève Bujold (née en 1942) qui allait être mondialement connue, en 1969, dans le rôle d'Anne Boylen où elle fut nominée pour l'Oscar de la meilleure interprétation féminine de l'année dans un film de Charles Jarrott ("Ann of a Thousand Days") au côté de Richard Burton (1925-1984), celui qui fut le cinquième et le sixième (ils se sont mariés deux fois) d'Elizabeth Taylor (1932-2011) qu'admirait sans bornes Michel Jackson (1958-2009) qui a rendu si populaire le "moonwalk" que dansait, déjà, en 1932, le chef d'orchestre Cab Calloway (1907-1994) qui fit ses débuts dans l'orchestre de Chick Webb (1905-1939), originaire de Baltimore.

Baltimore, Maryland ! La seule ville qui peut s'enorgueillir d'avoir donner naissance à deux Edgar Allan Poe : le poète en 1809 et le juriste en 1871, mais également à David Bachrach, le photographe (1845–1921), qui fut celui qui prit l'unique cliché d'Abraham Lincoln (1809-1865) lorsqu'il donna sa fameuse "address" à Gettysburg et qui était l'oncle de Gertrude Stein (1874-1946) dont les portraits firent objet d'une exposition au Smithsonian Institute (du 14 octobre 2011 au 22 janvier 2012) et dont parle James Burke dans sa première chronique.

Excusez ce pastiche, mais il a été écrit pour vous donner une idée du Monsieur qui a également écrit un étonnant "The Day the Universe Changed" et puis un livre qui, grâce à un ingénieux système de renvois peut se lire dans toutes les directions : "The Pinball Effect".

Fortement recommandé.

Jeff (Bollinger)

James Burke
(1936- )

*

Petites annonces :

  • À l'occasion du 124e anniversaire de la naissance d'Adolf Hitler, les élèves anti-fascistes de la Faculté d'Histoire de l'UdeNap se sont rendus, le samedi vingt avril dernier, dans le Square du Grand Marshall et ont déraciné un arbre.
  • Pour ceux qui ont de la difficulté à trouver un endroit où stationner leur auto dans le Quartier Universitaire, Alcide "Slow Drag" Pavageau met en vente, depuis ce matin, des automobiles déjà stationnées.

Dédicace


Cette édition du Castor est dédiée à :

  
Georges Henri Joseph Édouard Lemaître
(1894–1966)

(Georges Lemaître, né le 17 juillet 1894 à Charleroi et mort le 20 juin 1966 à Louvain, est un chanoine catholique, astronome et physicien belge, professeur à l'université catholique de Louvain. - Son « hypothèse de l'atome primitif », visant à expliquer l'origine de l'Univers, constitue le fondement de sa théorie du Big Bang qui, depuis les dernières découvertes effectuées à partir du télescope James Webb est de plus en plus contestée.)

Pages recommandées


Toulouse-Lautrec : L'oeuvre lithographique complète  
370 photos   

Schubert
un essai de Paul Dubé
94 extraits sonores, 45 photos, 5 vidéos, 7 annexes et de nombreux liens.

Éphémérides
Là où s'accumulent les inclassables

Best Sellers et Prix littéraires
Une causerie autour
de la lecture

René Char
Un essai à la Simon Popp

Marcel Proust
Une suite à une causerie animée
par Paul Dubé en la Librairie Côté Gauche
le cinq mai 2022

Le mot de la fin


«L'un des principaux traits que l'on doit avoir pour être un chercheur scientifique est d'être à l'aise avec le fait de ne pas savoir. Le métier implique d'aller au bout de ses connaissances et de scruter l'inconnu. - Tenez : je suis un chercheur scientifique, je ne sais pas, je ne connais personne et personne ne sait comment l'univers a débuté. Nous avons tous une idée raisonnable du quand et c'est là où s'arrête notre connaissance. Nous ne savons pas comment ni pourquoi et invoquer une cause surnaturelle pour en expliquer l'existence ne fait pas partie de notre façon de penser.»

One of the key traits you have to have to be a research scientist is to be comfortable with not knowing. The job implies going to the end of knowledge and peering out to the unknown. - Look at it this way : I am a research scientist, I don't know, I don't know anybody and nobody knows how the universe began. We all have a reasonable idea when it began and that's where our knowledge ends. We don't know how it did and implying some supernatural cause is not our way of lookingt at it.»)

- Brian Cox   

(Né le 3 mars 1968, Brian Cox est un physicien britannique, membre de la Royal Society et professeur à l'université de Manchester. Il est membre du groupe Physique des particules de cette université et travaille sur le détecteur ATLAS au Grand collisionneur de hadrons (LHC)2,3, du CERN de Genève en Suisse.)    

Publicité

Note : 

Le Castor™, entièrement subventionné par les Éditions Vatfair-Fair de St-Romuald d'Etchemin, ne perçoit aucun paiement de la part des établissements ci-dessous mentionnés, ni faveurs, ni considérations spéciales.


Toujours se renseigner (heures d'ouverture, etc.) avant de se rendre sur place

Burgundy Lion
2496 ouest, rue Notre-Dame
Montréal, Québec
(https://www.burgundylion.com/fr/bienvenue


McBroue
329 rue Victoria
Salaberry-de-Valleyfield, Québec

http://mcbroue.com/


Librairie Côté gauche
33 rue du Marché, 
Salaberry-de-Valleyfield, Québec

https://fr-ca.facebook.com/librairiecotegauche/

 
4115-A rue St-Denis
Montréal, Québec
http://www.dieseonze.com/

***

Et sur rendez-vous seulement :

Vatfair, Planter, Hencourt

Avocats

Tour Marshalluk - Quartier Universitaire - Napierville

Téléphone : 88-06 - Sonner deux coups.

 

  
F. Charles Rein
Aurist & Acoustic

Instrument Maker

223 Baker Street
London, NW1 6XE

Notes et autres avis :


Fondé en 1900 par le Grand Marshall, le CASTOR DE NAPIERVILLE fut, à l'origine, un hebdomadaire et vespéral organe créé pour la défense des intérêts de l'Université de Napierville et de son quartier. - Il est , depuis le 30 septembre 2002, publié sous le présent électronique format afin de tenir la fine et intelligente masse de ses internautes lecteurs au courant des dernières nouvelles concernant cette communauté d'esprit et de fait qu'est devenu au fil des années le site de l'UdeNap, le seul, unique et officiel site de l'Université de Napierville.

De cet hebdomadaire publié sur les électroniques presses de la Vatfair-Fair Broadcasting Corporation grâce à une subvention du Ministère des Arts et de la Culture du Caraguay, il est tiré, le premier lundi de chaque mois, sept exemplaires numérotés de I à VII, sur papier alfa cellunaf et sur offset ivoire des papeteries de la Gazette de Saint-Romuald-d'Etchemin et trois exemplaires, numéroté de 1 à 3, sur offset de luxe des papeteries Bontemps constituant l'édition originale, plus trois exemplaires de luxe (quadrichromes) réservés au Professeur Marshall, à Madame France DesRoches et à Madame Jean-Claude Briallis, les deux du Mensuel Varois Illustré.

Nous rappelons à notre aimable clientèle que :

1 - L'édition régulière du Castor™ paraît le 1er lundi de chaque mois.

2 - L'édition corrigée du Castor™, destinée au marché américain, paraît le 1er jeudi de chaque mois.

3 - De mini-éditions peuvent paraître le 2e ou 3 lundi de chaque mois.

Autres informations :

1 - Tous droits réservés. - Copyright © UdeNap.org. - La reproduction de tout ou partie du matériel contenu dans cette édition du Castor™ est interdite sans l'autorisation écrite des auteurs.

2 - Malgré l'attention portée à la rédaction de ce journal, ses auteurs ou son éditeur ne peuvent assumer une quelconque responsabilité du fait des informations qui y sont proposées.

3 - Tel qu'indiqué au début, les erreurs de frappe, de date et autres incongruités contenues dans ce Castor™ seront ou ont déjà été corrigées dans sa version destinée au marché américain.

4 - La direction du Castor™ tient à préciser qu'aucun enfant n'est victime d'agressions sexuelles au cours de la préparation, pendant la rédaction et lors de la publication de son hebdomadaire.

Liens :


*

Le Castor™ - Index (2018, 2019, 2020)

Le Castor™ - Fondation et équipe originelle

Le Castor™ - Organes affiliés

Le Castor™ - Édition précédente

Le Castor™ - Édition suivante

Le Castor™ - Édition courante

Le Castor™ de Napierville


107 rue Lippé
Les Coteaux, Québec
J7X 1H2
Canada