Vol. XXXI, n° 11 -v. 3.0
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Le seul hebdomadaire de la région publié une fois par mois
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Le lundi 5 juillet 2021
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JUILLET
En 1687
Isaac Newton
publiait aujourd'hui son
Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica
Votre
première visite sur le site de l'Université de Napierville ? Lisez
cette page : Un monde à
découvrir
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Ce numéro :
Des rues sales et
transversales, La Rochefoucauld, Oscar Wilde, une bicyclette électrique,
Boris Vian, Ferrat et Restif de la Bretonne, Lucien Francoeur et Ettore Scola,
Bernard Pivot, Léautaud, Newton (ci-dessus) et Paul Verlaine
(ci-dessous), philosophie et métaphysique, Alphonse Allais, la ville de
Caen, Armand Sylvestre et Georges Brassens, Georges Dor, le Festival de la piscine
hors-terre (ou du gun à caulquer) ,
George Bernard Shaw, la Banque du Canada., Shakespeare, Beethoven,
Rembrandt, Richard Dawkins...
et René Char.
Bonne Lecture !
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Éditorial
A Caen les vacances ?
Les vacances, oui, mais les
vacances par rapport à quoi ?
L'homme des cavernes
prenaient-ils des vacances ? Se disait-il "J'ai assez chassé, il
est temps que je me repose" ?
Les étudiants (nous en
connaissons) qui, après d'affligeantes études en sociologie (c'est
la mode depuis quelque temps ; il n'y pas si longtemps, c'était en art, la
plupart du temps, dramatique), croient-ils mériter un séjour de quelques
semaines en Europe ou au Québec avant de se plonger dans ce triste univers où ils seront
convaincus d'apporter leur aide à l'humanité ?
Les retraités dont tous les
jours sont des samedis se rapportent-ils au travail les jours de congé ou,
comme on dit dans le 16e, les jours fériés ?
Et de quel droit se sont avérés
les députés québécois en déclarant que le choix entre le vendredi saint ou le lundi
de Pâques est une prérogative qui n'appartient qu'aux employeurs ?
Est-ce que les lundis sont
toujours tristes pour ceux qui regardent les autres "partir en
vacances" ?
Autant de questions que les têtes
dirigeantes du Castor™ se posent d'années en années quand la saison
estivale débute pour se terminer, comme d'habitude, quand les arbres
redeviendront en bois, et qu'à différentes dates leurs chroniqueurs seront
absents.
Heureusement, la prière et
la méditation permettent à leur séculaire expérience de rester stoïques
devant d'étranges rêverasseries qui débutent, en pensées, vers la
mi-mai, les mêmes sources de vertues qui viennent
en aide à ceux pour qui la notion de travail, arbitrairement interrompu par
ceux qui tiennent à ce qu'ils se reposent, est synonyme de fête et de
plaisirs perpétuels.
La direction
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Chroniques
Les chroniques précédentes de nos
correspondants pourront être
à nouveau consultées quand elles auront été révisées et reclassées.
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Le mot de Maude
Pour une raison quelconque, il semblerait que les
commentaires de Madame Maude Tessier qui ont fait suite à notre précédente édition
n'ont pas été signalés adéquatement et donc peu lus par la majorité de nos lecteurs.
Nous les rejoignons ici considérant leur capitale
importance.
La direction
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... le samedi 12 juin 2021
Introduction :
Je ne saurais trop insister auprès de
ceux qui le découvrent, souvent par hasard, et à ceux qui ne le fréquentent que
pour lire son hebdomadaire, que ce site, celui de l'Université de
Napierville :
-
en est à sa vingt-et unième année
-
qu'il est modifié (ajouts,
corrections, etc.) en permanence
-
que son but a été énoncé
clairement dès son ouverture
-
et que sa structure initiale, un
peu déroutante pour les non-initiés, demeure toujours la seule
valable pour atteindre ce but.
Ceci est en réponse à ceux qui n'y
voient qu'un fouillis indescriptible.
Pour de plus amples informations, la
direction tient à attirer l'attention de tous ses lecteur sur la page suivante, publiée
jusqu'à tout récemment sous le titre d'«Ailleurs» :
Un
monde à découvrir (*)
(*) Déjà signalée
ci-dessus (La direction)
Le contenu de cette page servira à
comprendre certains des détails qui suivent.
Mais, auparavant :
Remerciements :
Considérant l'aide que j'ai
reçue jusqu'à présent dans l'exécution du travail qu'on m'a confié, celui de «mettre
à jour» le contenu de ce site, je voudrais remercier les dirigeants et
tout le personnel de l'Université de Napierville, ses chroniqueurs du Castor™
et tous ceux qui, de près ou
de loin, sont impliqués dans son site (mise page, impression, conseillers en
informatique, etc.) de leur extraordinaire dévouement.
Un grand merci en particulier au Professeur
Marshall qui, comme d'habitude, tient à rester à l'écart de toutes références
à sa personne, mais qui a été et sera toujours considéré comme le
cerveau-phare à l'origine de cet unique entreprise.
Et un deuxième grand remerciement à son
secrétaire, Herméningilde Pérec, dont la mémoire encyclopédique a
beaucoup contribué aux résultats auxquels nous en sommes arrivés
aujourd'hui et qui n'est qu'un premier pas dans un travail dont les résultats
ne seront évidents qu'à sa toute fin.
Qu'on me permette également de
souligner, mais discrètement, les encouragements que m'a formulés le
doyen des chroniqueurs, M. Simon Popp, devant ce qui m'a paru une tâche insurmontable.
Le site de l'UdeNap :
Le site de l'UdeNap est, comme il est décrit
dans la page mentionnée ci-dessus, véritablement un «écheveau de fil brouillé par un chat» (Victor
Hugo), mais un chat d'une cohérence très particulière, une cohérence
qui empêche littéralement une révision ou une mise à jour page par
page ou document par document.
Et c'est là où le travail qu'on m'a
demandé (de le mettre à jour - explications données ci-après) qui
m'apparaissait au départ relativement simple (une question de codage)
est devenu d'une grande complexité car une
correction mineure dans une page - j'ai réalisé quand je me suis mis
à la tâche - pouvait, dans certains cas, entraîner des répercussions
majeures dans une autre et même plusieurs autres.
Ainsi
:
Dans
un précédent message, j'ai mentionné deux pages :
Simone
de Beauvoir
et
Ludwig von
Köchel
(*)
(*) Merci à la dame qui m'a
écrit pour me dire qu'à avoir à lclasser ces deux pages, sa
solution serait de démissionner. Elle m'a bien fait rire !
J'aurais
pu en mentionner vingt, trente, cent.
Ceux
qui les ont consultées ont dû, comme moi, ne pas comprendre comment,
à partir d'elles, leur attention a été dirigée vers : un comédien
relativement peu connu ou une équation algébrique (qui ne fonctionne
que deux fois sur trois !) sans trop deviner qu'elles n'étaient que des
amorces vers d'autres pages, plus complexes, mais qui rendaient
accessibles des informations qu'il était impossible d'insérer, même en
filigrane ou entre les lignes des deux premières qui elles répondaient
à d'autres qui les précédaient dans d'autres domaines.
N'ayant
pas participé à la création de ces deux pages, ni d'aucune des pages
du site tout entier, on peut comprendre mon désarroi initial ne
serait-ce que lorsque j'ai eu à soumettre mes premières
"corrections" qui n'allaient pas du tout dans le sens qu'on
avait initialement prévu.
Depuis,
j'ai appris.
J'ai
appris, entre autres,que, dans son ensemble, le site de l'UdeNap est constitué
(entre autres, encore une fois) de :
-
Plus
de 4,000 textes divers
-
Quelque
7 à 8,000 photos (sans compter les clips, les documents sonores,
dessins, sketchs, etc.)
-
Et,
au dernier décompte, une dizaine de milliers de liens.
Or,
c'est dans ces liens qui en est la partie la plus importante, que se
pose la majeure partie des difficultés rencontrées à ce jour dans
l'avancement de mon travail ou plutôt de nos travaux..
Je dis biens "nos" travaux car il ne se passe pas un jour
sans que les renseignements que me fournissent Messieurs Pérec,
Copernique, Simon, Madame Malhasti (etc.) m'indiquent comment interpréter
les pages que je "recodifie" avec l'innocence d'un enfant à
qui on a confié de démêler un «écheveau de fil brouillé par un chat»...
intelligent.
Où nous en sommes dans la révision
du site
Relativement avancés du moins en ce qui
a trait aux gabarits (uniformisation du format des pages), mais
deux problèmes majeurs noue empêchent de mettre à jour de nombreuses
sections, si on peut parler de sections pour qualifier des pages
qui ne peuvent être regroupés que par leurs provenances ou leurs liens vers d'autres similaires (ou pas du tout).
Au niveau "recodification",
deux points majeurs :
1 - Ce site a plus de vingt ans.
2 - Il a donc été construit avec différentes
versions de l' HTML (Hyper Text Markup Language) ou, en français
académique : le «langage de balisage conçu pour représenter les pages
web». - En français compréhensible, on dirait : «la façon de
coder des textes (des images, des enregistrements) de telle sorte à
ce qu'ils peuvent être diffusés par Internet ou autrement et être
redécodés dans leurs formes originelles».
Certaines transformations ont, j'espère,
commencé à paraître ne serait-ce que dans Le Castor™
(l'organe officiel etc.). Vous avez dû noter la disparition,
notamment dans l'édition courante (celle du début de juin) la
disparition de la note de musique dans la chronique de Paul et son
remplacement par un lien qui permet à la fois le contrôle de
l'enregistrement auquel elle se référait et la possibilité d'écouter
cet enregistrement sans que la page où il est inséré disparaisse.
Le même genre de transformation a été
effectué au niveau des clips.
Invisibles sont les ajouts de
sections communes (en marche).
Et ainsi de suite.
Quant aux liens, ils ont été modifiés
temporairement dans les pages traitées jusqu'à présent, mais bien
notés,
ils seront remis en place lorsque l'ensemble aura été
"recodifé" de façon permanente.
Nous avons également supprimé tous
les CSS (Cascading Style Sheets) pour éventuellement les remplacer.
Etc.
Pour le moment ne reste plus qu'à
vous diriger vers certaines pages à partir desquelles vous pourrez
explorer les autres faisant partie de groupes sur lesquelles
nous travaillons :
Les biographies ( 181 pages)
Vesta
Tilley (avec un clip)
Edmundo
Ros (avec plusieurs enregistrements)
Acquenetta
(photos, listes, etc.)
Benoît
et Marcelle Brisebois (parodie)
etc.
(De chacune de ses pages, on peut
passer à d'autres du même groupe [*])
[*] À noter que
les liens pertinents sont temporaires.
Les lieux :
La ville d'Aceto
en Italie
Le Caraguay,
pays de l'Amérique du Sud
(Même remarque)
Les enregistrements sonores
:
Voir à ce propos la chronique de Paul.
***
Merci de votre patience !
Maude
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Simon Popp
Et Dieu créa le monde
J'ai relu plusieurs fois la chronique de Copernique du mois dernier,
«I am appalled» ("Je suis
consterné" ou "horrifié"), une chronique qui
m'a semblé à l'origine être un [autre] commentaire sur la difficulté
de traduire certaines expressions de l'anglais au français (ou vice
versa), jusqu'à mon attention soit finalement attiré sur son dernier
paragraphe :
«[Il n'y a pas
de mots] pour décrire ce qu'on ressent - ce que je ressens
- régulièrement
devant la stupidité humaine
qui pousse certains à ne pas penser pour éviter de se poser des
questions auxquelles il n'y pas de réponses.»
Deux choses :
Que certains pensent ou ne pensent pas ne me trouble
pas. À chacun de vivre sa vie comme il ou elle le veut.
La façon dont ceux qui pensent... pensent,
voilà quelque chose qui attire régulièrement mon attention. Disons
que la philosophie sans être une de mes constantes préoccupations est
une chose qui m'intéresse profondément.
Philosophie : nom féminin (du latin philosophia)
- Ensemble de conceptions portant sur les principes des êtres et des choses, sur le rôle de l'homme dans l'univers, sur Dieu, sur l'histoire et, de façon générale, sur tous les grands problèmes de la métaphysique.
Métaphysique : nom féminin (du latin metaphysica)
- En philosophie, la métaphysique désigne la connaissance du monde, des choses ou des processus en tant qu'ils existent « au-delà » et indépendamment de l’expérience sensible que nous en avons.
(Méta étant un préfixe qui provient du grec μετά (meta)
: après, au-delà de, avec... Il exprime tout à la fois la réflexion, le changement, la succession, le fait d'aller au-delà
de, à côté de, entre ou avec. Selon le contexte, le préfixe équivaut au sens de profond (comme les métadonnées ou le métalangage), haut ou grand (comme méta-revue).
Dernièrement, on m'a traité d'athée. Comme je ne me
suis jamais prononcé sur l'existence ou la non-existence d'une divinité
quelconque, je me suis demandé comment on en était arrivé à une
telle conclusion. Étant peu enclin à donner mon aval à une religion,
qu'elle qu'elle soit, je peux à la rigueur comprendre qu'on me dise non
croyant, que ce soit en un Dieu en trois personnes (christianisme), un
Yahweh du genre décrit dans l'Ancien Testament (qui semble, comme dit
Richard Dawkins, être un personnage «désagréable, jaloux et fier de l'être ; un maniaque du contrôle,
mesquin, injuste et impitoyable ; un nettoyeur ethnique vindicatif et sanguinaire ; un misogyne, homophobe, raciste, infanticide, génocidaire,
fillicide, pestilentiel, mégalomane
et sadomasochiste [*]»),
un Allah qui est loin d'être un Dieu de tout repos ou tout autre entité
qui serait éternelle, omnipuissante à l'origine de l'univers et
ordonnatrice de tout ce qui existe.
[*] The
God Dellusion - Bantam Press, 2006
Cela semble être une conclusion à laquelle tous les
pratiquants (ou non) d'une religion quelconque - disons : tous les
croyants - semblent arriver sans qu'on leur demande : «Si vous n'êtes
pas de MA religion, vous êtes non pas nécessairement athée,
mais définitivement dans l'erreur.» - Voilà bien une chose que toutes
les religions semblent enseigner à ses adeptes qui, sous peine, d'être
déclarés anathèmes, n'ont pas le droit, en particulier, de mettre en doute
ce qu'on leur enseigne.
En cela, je peux penser plus ou moins directement à
ce que Copernique a avancé dans sa chronique, sans toutefois être «consterné»
ou «horrifié» :
Je suis surpris (voilà le mot que je cherche depuis
tout à l'heure) de constater que certaines personnes (un très grand
nombre, à mon avis, presque la majorité de ceux qui, jusqu'à ce jour,
j'ai rencontrés au cours de ma vie) ne se posent aucune question,
n'osent pas, comme il dit, penser.
À leur religion ou à n'importe quoi.
Ce que je pense ?
Que tous les dieux qu'on m'a décrits depuis que je
suis au monde - et particulièrement celui dans la religion duquel on
m'a, sans consentement, tenté de m'embrigader - n'ont rien d'aussi
merveilleux que le monde dans lequel je suis né avec ses milliards de
galaxies dans lesquelles, nous, les êtres humains avons été choisis
(chanceux que nous sommes !) pour être les seuls à avoir compté parmi
nos semblables des Shakespeare, des Beethoven, des Rembrandt, des Newton
et de grands poètes (mais pas René Char).
Qui a dit déjà qu'il n'existait qu'une seule religion au
monde, mais qu'elle existait en 175 variétés ?
Simon
P.-S. : Oscar Wilde à qui lors de ses études on
avait demandé de traduire en anglais des passages des Évangiles (écrits
en grec) se dit déçu lorsque, après quelques chapitres que c'était
suffisant, qu'il avait démontré qu'il connaissait bien sa matière et
qu'il pouvait arrêter. «C'est que je voudrais savoir comment ça se
termine» avait-il dit. - On aurait dû lui dire que le Christ qui était
le personnage principal auquel il s'était attaché allait, vers la fin
mourir, mais qu'il allait par la suite ressusciter. - Cela lui aurait peut-être
laissé croire qu'il y aurait une suite.
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Herméningilde Pérec
Deux mil vingt-et-un
C'est Madame Pérec qui m'a rappelé il y a quatre
jours que nous en étions, déjà, à la deuxième moitié de l'an
deux mil vingt-et-un.
À moins de six mois du quatre-vingt-huitième
anniversaire du Professeur. Du Professeur qui est venu nous rendre
visite la semaine dernière... sur sa toute nouvelle bicyclette électrique,
un cadeau de son petit-fils Albert qui en est, lui, à son trentième.
"Que voulez-vous, nous a-t-il dit
après que nous lui eûmes fait remarquer son étonnante forme. Je
n'y peux rien : ça m'a tout l'air que je suis né avec !"
Né avec, né avec.. c'est bien beau, mais
encore fallait la conserver, cette forme !
Autour d'une tasse de thé il nous a raconté
qu'il avait failli s'esclaffer l'autre jour quand il a entendu
deux ouvriers au début de la quarantaine qui se disaient entre
eux que les jeunes, aujourd'hui, ne voulaient plus travailler...
"On disait ça de moi, quand j'avais vingt ans,
dit-il. Et mon grand-père disait ça de mon père. Quand à
mon fils..."
"Comme le faisait remarquer Alphonse
Allais, ajouta-t-il, ce n'est pas d'hier que la génération
qui nous suit en fait de moins en moins. Suffit de regarder les pyramides."
Les pyramides, en effet. Et ce n'est plus du
haut desquelles vingt siècles qui nous contemplent, comme disait
un regretté ex-caporal, mais
vingt-deux...
H. Pérec
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Copernique Marshall
Vacances
La direction a
raison : les vacances, c'est n'importe quoi. Mon
deuxième voisin est parti avec ses deux mômes et une
tente-roulotte faire le tour de la Gaspésie. Une véritable corvée
en ce qui me concerne. Mon autre voisin est à décaper son patio
arrière qui, dit-il, a besoin d'être reverni ou peint (ou les
deux : en partie reverni et l'autre repeint) sans savoir si l'un
ou l'autre donnera les résultats qu'il vise, le conseiller chez
un fournisseur lui ayant dit une chose tandis qu'un autre lui a dit le
contraire. Et je ne vous parlerai pas de l'émondage d'un arbre
chez un troisième ni de ce qui peut se passer chez un quatrième
qui semble avoir considéré qu'accueillir tous les enfants du
voisinage pour la durée l'été était la chose à faire. J'ai
consulté différents dictionnaires. Le plus sérieux d'entre eux
m'a fourni comme comme deuxième définition (au pluriel)
l'explication suivante :
«Repos, cessation du travail, des occupations
ordinaires.»
Cela m'a immédiatement
fait penser aux "vacances" perpétuelles : celles de
ceux qui sont à la retraite et qui, en principe, ont cessé de
travailler ou qui n'ont plus d'occupations "ordinaires".
- Et, forcément, à mes occupations "ordinaires".
- Excusez-moi, mais je n'ai aucune idée ce en quoi elles peuvent
consister. - Me lever le matin, prendre ma douche, déjeuner, préparer
mes cours (parfois en donner), corriger des travaux, revenir à la
maison, manger, lire, m'occuper des enfants, parler à Madame, me
recoucher... ? - Drôle d'ordinaire, vous ne trouvez pas ? Celui
des autres me semble moins compliqué : l'un plante des clous,
l'autre des choux, un troisième des adversaires au tennis (voilà
quand même une drôle d'"occupation") tandis que moi,
ben, je ne plante rien. - Un peu quand même : des notions dans la
tête d'étudiants sauf que ces notions, ils les auront oubliées
quand ce sera le temps de s'en servir. En
d'autres mots, je ne fou' rien, je ne travaille pas et l'on
voudrait que je cesse tout cela pour me reposer. Ma
solution : aller à Caen. * Une
anecdote digne de mention : Albert
Einstein qui a passé ses dernières années à l'Université de
Princeton aux États-Unis devait, comme tous les membres de cette
vénérable institution, se soumettre annuellement à un examen médical. Un
jour, après un tel examen, le médecin qui lui avait fait subir
les tests habituels lui fit remarquer qu'il semblait être fatigué
et qu'il serait peut-être préférable de prendre deux ou trois
semaines de vacances. "Vacances
? Qu'est-ce que c'est ?" lui demanda Einstein. "Pensez
à ce que vous avez toujours eu envie de faire de toute votre vie
et que vous n'avez jamais eu le temps et faites-le" lui répondit
le toubib. Le
lendemain, Einstein était de retour dans son laboratoire. Sauf
si on me force, cette année, à me rendre en Gaspésie (je n'ose
même pas y penser...), je crois que, cette année, je vais suivre
les conseils du médecin d'Einstein : je vais me lever, demain, je
vais prendre ma douche, je vais déjeuner et me plonger dans mon
travail habituel.
Copernique
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Jeff Bollinger
La flambée des prix
Voici un site fort amusant :
Feuille
de calcul de l'inflation
Oui, je sais : on ne badine pas
avec ces choses-là, mais on peut toujours s'instruire.
Il s'agit d'une page tirée du site
de la Banque du Canada qui permet de calculer (dans les
deux sens) la valeur d'un ou plusieurs dollars de 1914 à
aujourd'hui.
On y apprend, par exemple, qu'en
argent d'aujourd'hui, il faudrait débourser 172.838,71 $
pour acheter une maison qui coûtait 19.000 $ en 1960, mais qu'une
auto que l'on paie aujourd'hui 25.000 $ n'aurait coûté que 2.750$
la même année soit un ou une Chevrolet "tout équipé"
consommant 1 gallon d'essence (4.55 litres) pour rouler 15
miles soit 18.89 litres aux cent kilomètres.
Je m'en sers régulièrement pour démontrer
qu'il fallait débourser 73$ en argent d'aujourd'hui (8$ à 40
cents le gallon en 1960) pour faire l'aller-retour Montréal-Québec
alors qu'il n'en coûte, en argent d'aujourd'hui qu'environ 30$.
Pensez à un téléviseur noir et
blanc de 17" en 1952 : 500$. - Ce 500$, en argent
d'aujourd'hui, c'est 5.000$... - Oui, pour savoir combien les
"choses" en général coûtaient en 1952, il faut
diviser les prix d'aujourd'hui par dix.
Une chose qu'on apprend en
regardant le coût de la vie en 1960 ou en 1952 ou même en 1922,
c'est qu'il n'a pas beaucoup changé, que la vie que nous menons
aujourd'hui est plus agréable car la modernisation des méthodes
pour retirer les matières premières de la terre, les procédés
de transformation, d'usinage, d'assemblage, jusqu'à
l'agriculture, le transport, etc. en ont largement diminué les coûts.
À un autre tantôt pour parler de
la disparité entre les riches et les pauvres.
Jeff
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George Gauvin
Pas de feu vert
Pas encore.
Vaccinés deux fois, permis de se réunir à dix
(ou serait-ce vingt ?) de bulles différentes dans des
espaces communs et de profiter de la piscine d'un ou des autres et
de leur B-B-Q (sans compter le droit d'assister (mon chum) à des
événements sportifs), nous les travailleurs et travailleuses du
centre-ville dans ces tours à quatre, huit et même douze
ascenseurs, on ne sait toujours pas quand on nous
"permettra" de retourner au travail.
Kek' part, entre Kingston et Toronto, des
comptables doivent encore faire des calculs.
Je dis "comptables" parce que c'est
Copernique qui m'a un jour dit que les véritables boss dans les
entreprises sont, depuis quelques années, ceux qui comptent.
Sauf, m'a-t-il précisé, qu'ils ne comptent que les coûts,
jamais les ventes qui apportent de l'argent neuf dans les
entreprises alors que la réduction des coûts ne fait que mettre
de côté des sous existants... (Toujours Copernique)
M'a posé une question l'autre jour à laquelle
je n'ai pas trouvé de réponse :
Pourquoi s'acheter une plus grosse voiture quand
son salaire vient d'augmenter ?
T'wéka, j'ai appris une chose : c'est qu'en
travaillant à la maison, j'ai économisé de l'argent (lire
: j'ai réduit mes dettes).
Est-ce qu'on va remettre en marche le métro-boulot-dodo
sous peu ?
D'une certaine manière, je ne suis pas pressée.
Surtout que je peux, maintenant, sortir et rencontré mes chums de
fille dans des établissements moins chers qu'avant, même s'ils
ont tous augmenté leurs prix : le centre-ville n'est pas donné
C'qui me fait peur ? C'est que les comptables
sachant qu'on dépense moins en travaillant de chez soi, nous
coupent nos augmentations....
George
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Fawzi Malhasti
Page choisie
«Madeleine embrassa le champi dans le même esprit de religion que quand il était petit enfant.
Pourtant si le monde l’eût vu, on aurait donné raison à M. Blanchet de sa fâcherie, et on aurait
critiqué cette honnête femme qui ne pensait point à mal, et à qui la vierge Marie ne fit point péché
de son action.
– Ni moi non plus, dit la servante de M. le curé.
– Et moi encore moins, repartit le chanvreur.
Et continuant :
Elle s’en revint à la maison, dit-il, où de la nuit elle ne dormir miette. Elle entendit bien rentrer François qui vint faire son paquet dans la chambre à côté, et elle l’entendit aussi sortir à la piquette du jour. Elle ne se dérangea qu’il ne fût un peu loin, pour ne point changer son courage en
faiblesse, et quand elle l’entendit passer sur le petit pont, elle entre-bâilla subtilement sa porte
sans se montrer, afin de le voir de loin encore une fois. Elle le vit s’arrêter et regarder la rivière et le moulin, comme pour leur dire adieu. Et
puis il s’en alla bien vite, après avoir cueilli un feuillage de peuplier qu’il mit à son chapeau, comme c’est la coutume quand on va à la loue, pour montrer
qu’on cherche une place.
Maître Blanchet arriva sur le midi et ne dit mot, jusqu’à ce que sa femme lui dit :
– Eh bien, il faut aller à la loue pour avoir un autre garçon de moulin, car François est
parti, et vous voilà sans serviteur.
– Cela suffit, ma femme, répondit Blanchet, j’y vais aller, et je vous avertis de ne pas compter sur un jeune.
Voilà tout le remerciement qu’il lui fit de sa soumission, et elle se sentit si peinée qu’elle ne put s’empêcher de le montrer.
– Cadet Blanchet, dit-elle, j’ai obéi à votre volonté : j’ai renvoyé un bon sujet sans motif, et à regret, je ne vous le cache pas. Je ne vous demande pas de m’en savoir gré ; mais, à mon tour, je vous donne un commandement : c’est de ne pas me faire d’affront, parce que je n’en mérite pas.
Elle dit cela d’une manière que Blanchet ne lui connaissait point et qui fit de l’effet sur lui.
– Allons, femme, dit-il en lui tendant la main, faisons la paix sur cette chose-là et n’y pensons plus. Peut-être que j’ai été un peu trop précipiteux dans mes paroles ; mais c’est que, voyez-vous, j’avais des raisons pour ne point me fier à ce champi. C’est le diable, qui est bon père, lui avait soufflé le libertinage toujours après eux. Quand ils sont bons sujets d’un côté, ils sont mauvais garnements sur un autre point. Ainsi je sais bien que je trouverai malaisément un domestique aussi rude au travail que celui-là ; mais le diable, qui est son père, lui avait soufflé le libertinage dans l’oreille, et je sais une femme qui a eu à s’en plaindre.
– Cette femme-là n’est pas la vôtre, répondit Madeleine, et il se peut qu’elle mente. Quand elle dirait vrai, ce ne serait point de quoi me soupçonner.
– Est-ce que je te soupçonne ? dit Blanchet haussant les épaules ; je n’en avais qu’après lui, et à présent qu’il est parti, je n’y pense plus. Si je t’ai dit quelque chose qui t’ait déplu, prends que je plaisantais.
– Ces plaisanteries-là ne sont pas de mon goût, répliqua
Madeleine. Gardez-les pour celles qui les aiment.»
Georges Sand - François le
champi, chap. X.
Un autre (une autre) de ces écrivains
qu'on ne lit plus. Dommage.
Fawzi
P.-S. : On m'a dit que le poème
que j'ai cité le mois dernier était bien court. J'en ai un autre
encore plus court ;
«Trois jours elle me fut fidèle... Trois jours !»
Il est d'Armand Sylvestre (1837-1901).
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*** Et puis j'ai cet extrait qu'on n'écoute
jamais, d'une chanson de Brassens, et qui me fait encore mal, après bien des
années, depuis en fait que j'ai fait attention à ces deux couplets :
«Puis un jour elle a pris la clef des champs
En me laissant à l'âme un mal funeste,
Et toutes les herbes de la Saint-Jean
N'ont pas pu me guérir de cette peste...
J' lui en ai bien voulu, mais à présent
J'ai plus d'rancune et mon cœur lui pardonne
D'avoir mis mon cœur à feu et à sang
Pour qu'il ne puisse plus servir à personne...»
Je ne vous en dirai pas le titre
car vous allez penser que c'est un chanson misogyne.
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Paul Dubé
Pôvre Maude !
Grâce à mes suggestions, interventions,
exigences et changements d'idée à la dernière minute, elle
aura mis deux mois, si ce n'est pas trois, pour trouver un
format qui me convenait pour la réédition de mes enregistrements
de la semaine (ou du mois) qu'elle me dit être au nombre de
plus de quatre cent - ce que j'ai peine à croire (voir note) -,
mais le tout avance petit à petit.
Note : Je suis en ce moment à mettre
en ordre la série 101 à 200, le numéro 200 correspondant au 15
mars 2010. En ajoutant 11 ans de plus, on peut penser à 132
enregistrements supplémentaires (11 fois 12 mois) pour un total
de 332... Son nombre de 400 doit comprendre d'autres séries
(sur le jazz, la musique traditionnelle, les British Dance
Bands... et peut-être même les Schubert...). On verra !
Je n'aurai pas le temps de vous revenir d'ici
la fin du mois (c'est aujourd'hui le mardi 15 juin) sauf pour
mettre à jour l'introduction à ces enregistrements.
Et attention : je ne fais que commencer. J'en
ai pour des semaines !
Pour le moment, passons à l'enregistrement de
ce mois :
*
Juillet 2021 :
Vous allez me dire que ce n'est pas mon
genre, mais à l'exclusion de mes bêtes-noires (une très mauvaise
traduction de pet peeves), soit la musique en provenance de
l'Orient et du Moyen-Orient (sans préjudice à la musique hawaïenne, et
quelques artistes qui n'auront eu comme gloire la joie d'avoir été les
plus grands de tous les temps pendant quelques mois), j'ai une curiosité
musicale sans borne. Comme je dis souvent au cours de mes émissions : «On
a de tout dans la maison.»
Tenez. Cette semaine. Que diriez-vous d'une
chanson non pas DE mais SUR ou en honneur à Boris Vian. Et pas par
n'importe qui : par Jean Ferrat :
|
Pauvre Boris
|
Album "Maria" - Barclay - 1967
Comme le fait remarquer l'article de Wikipédia sur
cette chanson, Jean Ferrat «termine chacun de ses couplets par
"Pauvre Boris", le réputé pessimiste qui fut très controversé à son époque,
auteur de la chanson Le déserteur, doté d’un texte profondément anti-militariste et sorti en février 1954 (à la fin de la guerre d’Indochine - 1946 / 1954 - et avant la guerre d’Algérie - 1954 / 1962), et immédiatement censuré...
- Ferrat évoque cette censure et raille le fait qu'alors, en 1966, le chanteur Richard Anthony
connaît un grand succès avec
sa reprise...»
(Boris Vian est décédé en 1959)
paul
|
|
L'extrait du mois
Nicolas Restif de la Bretonne
Pas un texte cette semaine, mais un clip ou plutôt
l'extrait d'un film.
La dernière séquence de La nuit de Varennes
d'Ettore Scola (1982) où Jean-Louis Barrault sort du personnage qu'il y a
incarné (Restif de la Bretonne) pour le citer dans une sorte d'épilogue
:
«... Ces idées me fatiguaient horriblement. Pour me
soulager, je m'enfonçai dans la suite des siècles ...»
C'est une scène qu'on n'oublie jamais.
Note : il se peut que votre fureteur n'accepte pas les vidéos.
Note supplémentaire :
On nous rapporte certaines difficultés,
avec certains fureteurs, le visionnement de cet extrait. Si
c'est le cas, vous pouvez toujours tenter de le regarder directement
sur You Tube d'où il a été tiré à l'adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?v=edMcJ_sCaOg
Dans ce film, les principaux comédiens
furent :
Marcello Mastroiani en
Casanova
Harvey Keitel en Thomas Paine
Jean-Claude Brialy en Monsieur Jacob
Hanna Schygulia en Comtesse Sophie de la Borde
Andréa Ferréol en Madame de Gagnon
Jean-Louis Trintignant en Monsieur Sauce
et, sans que leurs noms
soient mentionnés au générique :
Michel Piccoli en Louis XVI
Éléonore Hirt en Marie-Antoinette.
|
|
Lectures
Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables
critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres,
revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de
commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui
les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction
du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.
|
À propos de René Char
(Ou : «j'ai essayé pourtant...»)
Pensées diffuses...
I - Quelques mots en guise d'introduction :
A) Vous connaissez l'effet Dunning-Kruger ?
L’effet Dunning-Kruger, aussi appelé effet de
"surconfiance", est un biais cognitif (*) par lequel les moins qualifiés dans un domaine en arrivent à surestimer leur compétence.
(*) Une déviation de la pensée.
Ce phénomène a été décrit au moyen d’une série d'expériences dirigées par les psychologues américains David Dunning et Justin Kruger.
Le résultat de leur étude a été publié en décembre 1999 dans la revue
Journal of Personality and Social Psychology (volume 17, no.
6).
C'est une chose que l'on peut facilement confirmer dans les endroits où l'on sert des boissons fermentées (ou distillées)
et dans la plupart des réunions, notamment celles dites de famille :
Ceux qui en connaissent le moins sur un sujet quelconque (le sport, la conduite automobile, la politique, l'assurance ou n'importe
quel) ont tendance à exprimer avec beaucoup d'emphases leurs opinions.
Tandis que :
Ceux qui connaissent en profondeur les mêmes sujets ont tendance à se taire et à écouter.
C'est ce qui me porte à vous parler de René Char, aujourd'hui.
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B) Est-ce que je connais ce qu'est la poésie
?
Peu ou pas. Tout ce que je sais, c'est que j'ai
commencé à en lire il y a une soixantaine d'années. Ajouter six
ou sept ans de plus si vous considérez que les fables de La
Fontaine - qu'on m'a forcé longtemps à apprendre par coeur bien
avant qu'on enseigne ce qu'étaient des vers et des mots qui
rimaient - sont du domaine de la poésie.
La Fontaine ? Je le considère
comme un des plus grands versificateur de tous les temps. - Hugo
serait - à mon avis - le plus grand des poètes ayant écrit en
français à ce jour. - Mes plus beaux vers, je les ai lus chez
Racine. - Mais j'aime bien Prévert, Trenet, Brassens, Aragon, Valéry...
- Mon préféré ? Verlaine. - Quoique, si vous me l'aviez demandé
hier, je vous aurais répondu Marceline Desbordes-Valmore et demain,
je vous répondrais par un autre nom.
Mais je triche souvent en lisant Shakespeare, St.
Vincent-Millay, Virgile et beaucoup d'autres.
Those, comme disait le regretté Voltaire
(très mauvais en vers), are my credentials.
C) Est-ce que je pense que, depuis
Breton, la poésie n'existe plus ?
Un mini-aparté :
Le pianiste et compositeur, Thelonius Monk, répondit
un jour à un journaliste, qui lui avait demandé quels genres de
musique il préférait : "J'aime tous les genres de musique."
"Y compris le Country et Western ?"
avait insisté son intervieweur.
Monk s'était alors retourné vers son gérant et
lui a demandé : "Est-ce que le monsieur est sourd ?"
Je lis de la poésie depuis, comme je viens de le
dire, soixante ans et je
continue à lire toutes les poésies qui me tombent sous la main,
notamment les anthologies, les tragédies en vers, les chansons dont
on publie les textes, les éditions annotées d'oeuvres poétiques,
les poèmes mis en musique, y
compris les oeuvres d'amis et de connaissances qui publient à leurs
frais des recueils en tous genres. En français, en anglais, en
latin et, quand le temps me le permet et que j'ose me fier à des
traductions, en allemand, en italien, en espagnol et en grec
ancien.
Et je note dans divers cahiers, bouts de papier,
fiches et Post-it tout ce qui me frappe et que je ne veux pas
oublier.
Est-ce que, en conséquence, je lis ou j'ai lu du
Breton, du pré-Breton, du post-Breton, du Breton nouveau-genre ?
Oui. Et ses émules, ses plagiaires, ses imitateurs, enfin tous ceux qui se sont
avérés encore plus impénétrables, nébuleux, abscons et abstrus ou qui se sont crus poètes
parce qu'ils n'ont jamais pu s'exprimer convenablement
? Oui, également.
Ma pensée est très simple à propos de la poésie
:
Elle existe pour exprimer l'indescriptible et non
pas pour le rendre encore plus inintelligible..
Or, depuis des années, depuis bien avant Breton,
l'obscurité semble être devenu un standard... en poésie.
D) René Char :
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«Découvre-toi la fraîcheur commence à
tomber
Le salut méprisable est dans l'un des tiroirs de nos
passions
L'expérience de l'amour
Glanée à la mosaïque des délires
Oriente notre devenir...»
«Avant de rejoindre les nomades
Les séducteurs allument les colonnes de pétrole
Pour dramatiser les récoltes...»
«Enfants qui criblez d'olives le soleil
enfoncé dans le bois
de la mer, enfants, ô fronde de froment, de vous l'étranger
se détourne...»
«Il ne fait jamais nu quand tu meurs,
Cerné de ténèbres qui crient,
Soleil aux deux pointes semblables.
Fauve d'amour, vérité dans l'épée,
Couple qui se poignarde unique parmi tous.»
«Où passer nos jours à présent ?
Parmi les éclats incessants de la hache devenue folle à
son tour ?
Demeurons dans la pluie giboyeuse et nouons notre souffle
à elle...»
Plus ceci :
«Pourquoi encore délivrer les mots de
l'avenir de soi maintenant que
toute parole vers le haut est bouche de fusée jappante,
que le coeur
de ce qui respire est chute de puanteur ?»
Et il me semble avoir lu, de lui, il n'y a pas si
longtemps un verbe, bivouaquer, utilisé dans un contexte où
il n'avait pas sa place... sauf que ça avait un effet chic...
II - René Char, un poète
ou une vedette ?
Ce qui m'a toujours étonné à propos de René
Char, ce n'est pas son côté «obscur» (*).
(*) La boutade en ce qui le concerne
("même traduit en français, il est incompréhensible")
existait de son vivant.
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Non. Ce qui a attiré mon attention sur lui, c'est
l'engouement qu'ont eu pour son oeuvre à une certaine époque une
quantité incroyable d'amateurs, supposément de poésie, qui ont
tenté par tous les moyens de l'imiter. - Et surtout
la critique qui, de son vivant, l'a littéralement encensé.
Un exemple flagrant de l'admiration qu'on lui
professait, je l'ai retrouvé il n'y a pas longtemps dans une série
d'articles d'André Rousseaux, parus entre 1951 et 1957 et
repris en bloc dans dans le septième volume de
Littérature du
XXe siècle (Albin Michel) sous le titre de "René Char le juste"
(sic).
(Comme c'est introuvable aujourd'hui, j'ai demandé
aux responsables du Castor™ de reproduit ce bloc en annexe.
- À lire ne serait-ce que pour apprendre à quel point, pour
certaines choses, je suis patient.)
À savoir comment on peut qualifier ce texte,
Copernique a déjà répondu indirectement en rédigeant une une chronique
il y a plusieurs mois
sous le titre de «Comment écrit-on une critique d'un mauvais livre ?».
Il parlait à ce moment-là de
Fire and Fury de Michael Wolff paru chez Henry Holt and Company
en 2018.
Pour y répondre, il cita en
exemple à imiter un
article paru dans le magazine Mind (New Series, vol. 70, No. 277
- janvier 1961) d'un éminent biologiste britannique, Brian Medawar
qui s'en prenait au livre de Theilhard de Chardin (Le phénomène
humain) publié quelques années auparavant et que certains
avaient dit être "le livre de l'année" et même
"du siècle" et dans lequel il (Medawar) disait que Theilhard
avait utilisé "un vocabulaire savant, des métaphores
insensées et des déductions absurdes pour avancer une théorie, qui n'avait aucun rapport avec la réalité
physique
de l'homme...",
l'accusant même de s'être menti à lui-même par pure vanité.
(Le texte de Copernique est toujours disponible
dans l'édition du 5 février
2018 du Castor™)
Sans trop m'efforcer, je pourrais
écrire la même chose de cet article d'André Rousseaux sur René
Char. C'est d'un sirupeux exigeant presque un avis indiquant au gens atteint de diabète
de s'abstenir.
On y retrouve des énormités comme :
"La poésie de René Char ne s'établit
pas par analyse, mais pas résonance."
"La vérité serait cruelle si
elle n'était pas libératrice [...] et Char nous fait entrer
cette vérité comme une lame dans l'âme..."
"Quand Char apparaît parmi les
paysans et les pêcheurs de son pays, il nous révèle le vrai rapport
entre la poésie et les ressources de la nature humaine."
"Dans la grande subversion où
nous voyions glisser nos espérances [...], une authentique
valeur humaine [...] un sens à nos attentes à la dérive."
"Dans le temps où
«la terre grave et souffrante» laisse parfois les hommes qui l'habitent dans le doute de son destin, Char dresse parmi eux la stature de l'homme qui défie toute fatalité, parce que sa vie a soumis les rythmes du monde aux forces du coeur."
Etc., etc.
De deux choses, l'une :
Ou je n'ai pas assez lu de Char, ou je suis encore
plus bouché à l'émeri que l'éditeur qui a refusé Proust, mais je
n'arrive pas à comprendre qu'on ait pu écrire des choses semblables
sans avancer non pas des preuves, mais quelques exemples, même si ces
exemples eussent été tout aussi incompréhensibles.
Il faut apprendre à admirer des hommes comme Léautaud...

Paul Léautaud
René Char
...qui disait qu'il se serait senti déshonoré
si on lui avait attribué un prix quelconque.
Il parlait naturellement à la fois de
prix littéraires, d'éloges, de
compliments ou d'articles, comptes-rendus ou critiques dithyrambiques.
Or, sachant bien avant d'avoir lu une
seule ligne de Char, ceux et celles dont on l'a couvert, j'ai toujours été méfiant
à son égard. Ce qui explique quelque peu ma réticence à trouver
en lui un grand penseur comme on nous le montre sur sa photo
"officielle" ci-dessus.
(Non, mais a-t-on idée de se faire
photographier ainsi quand on se dit "poète" !)
Ma véritable méfiance envers
cependant lui
est née quand j'ai commencé à lire ses aphorismes qui, dès
que j'en ai eu pris connaissances, m'ont immédiatement
fait penser aux maximes de La Rochefoucauld qui, dites à l'envers sont tout aussi valables
que dites à l'endroit.
Exemple (La Rochefoucauld) :
«Le monde récompense plus souvent les apparences du mérite que le mérite même.»
au lieu de :
«Le monde récompense plus souvent le mérite que les apparences du mérite.»
En voici d'ailleurs quelques unes de Char. À
l'inverse comme à l'endroit.
À vous de décider lesquelles de chacune ont véritablement été écrites par
René Char :
Prévoir en primitif et agir en stratège.
Agir en primitif et prévoir en stratège.
Comment vivre en toutes connaissances ?
Comment vivre sans l'inconnu
?
Il faut être l'homme de la pluie et l'enfant du beau temps.
Il faut être l'enfant de la pluie et l'homme du beau temps.
Je ne puis être et ne peux vivre que dans l'espace et dans la liberté de ma haine.
Je ne puis être et ne veux vivre que dans l'espace et dans la liberté de mon amour.
La poésie vit d'insomnie perpétuelle.
La poésie vit d'éveils momentanés.
Le refus éclaire le
visage et lui donne sa beauté
L'acquiescement éclaire le visage et lui donne
sa beauté.
Les yeux seuls sont encore capables de pousser un cri.
Les yeux sont seuls encore capables de se taire.
Nous sommes du passé. Hier règne,
aujourd'hui, sur la terre
Nous sommes
du futur. Demain règne, aujourd'hui, sur la terre.
Signe ce que tu éclaires, non ce que tu assombris.
Signe ce que tu
assombris, non ce que tu éclaires.
Un homme sans défauts est une montagne sans crevasses. Il ne m'intéresse pas.
Un homme sans défauts est une montagne sans crevasses. Il m'intéresse.
III - René Char, un fumiste ?
Cent trente ans après la disparition d'Arthur
Rimbaud, bientôt 150 ans après la publication de ses derniers écrits (pré-posthumes),
la critique commence à mettre en doute le côté révolutionnaire de
son oeuvre et surtout son véritable «génie» qui, pour certains,
consista à mettre de nouveaux mots sur ce que d'autres poètes, mois
habiles, n'arrivaient pas à incorporer dans leurs oeuvres. On parle également
du «dérèglement des sens», d'«expériences nouvelles», ce qui
n'empêche par certains de mentionner le mot «fumisterie»
À chacun son opinion. Personnellement, pour ne pas,
à vrai dire, avoir été vraiment, même jeune, impressionné par les
«nouveautés» de ce poète dit maudit - ni par celles de
notre Nelligan nationale - (je penchais plutôt, alors, vers
Lautréamont et quelques américains), j'ai toujours été de
l'opinion que les deux, Rimbaud et Nelligan - qui, je sais, ne
devraient pas être mentionnés dans le même souffle - ne dépassaient
pas la grandeur atteinte leurs prédécesseurs, que ces prédécesseurs
aient été, selon le moment, Hugo, Lamartine, Baudelaire (surtout),
Ronsard, Villon et même Ruteboeuf.
(Ce qui ne m'empêchait pas de lorgner du côté de
Valéry, Éluard, Aragon et Prévert, tous très à la mode à l'époque
comme je le disais tout à l'heure)
Dans le même ordre d'idées, il y a un peu plus de trente ans que René Char est
disparu et sa maison natale, transformée en musée, semble, soit
avoir fermé ses portes, soit en phase de disparition.
Voici ce que j'ai pu retrouver sur Internet :
«La municipalité et la veuve du poète sont en désaccord sur l'esprit du lieu culturel : la maison René Char va donc être vidée de son contenu. Marie-Claude Char a décidé de retirer le fonds permanent, exposé à
l'Isle sur la Sorgue, la ville natale de l'auteur de "Fureur et mystère"».
(franceinfo:culture
- sans date)
Son site officiel (Maison
de René Char) ne répond plus et celui de l'Hôtel
Donadei de Campredon où il mentionné dans une de ses
sections ("vide, insuffisamment détaillée ou incomplète")
- et donc sous toutes réserves - qu'on y retrouverait aujourd'hui
"le bureau, la bibliothèque, ainsi qu'une exposition permanente sur la vie et l'œuvre
du [poète]"...
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(Photo du site)
(À comparer à l'appartement de Victor
Hugo, Place des Vosges à Paris à la maison qu'il a habitée sur l'île
de Guernesey, au musée Rimbaud à Charleville, au musée Balzac dans
le 16e, etc., etc.)
Plus est :
Dans les anthologies, l'espace que René Char
occupait jusqu'à une dizaine d'années diminue. Les notes à son
sujet contiennent moins d'informations et du poète du siècle qu'il était,
il est devenu qu'"important". Bientôt, comme on le fait
pour bien d'autres, célèbres en leur temps, on se contentera de le
citer.
Je n'ai pas vérifié si son oeuvre était encore facilement
disponible en librairie. Reste son volume dans La Pléiade. Serait-il
un de ceux qui dépassent en nombre d'exemplaires vendus ceux de Rétif
de la Bretonne ? Seul Gallimard le sait.
Tout ce que je peux ajouter, c'est que ce poète qui
écrivait dans une langue nouvelle a su créer des imitateurs dont le
nombre, hélas, n'a jamais cessé d'augmenter.
L'obscurité, tout comme les écrans noirs qui font
partie de certains logiciels, est devenu un standard.
Et, on a beau le répéter, son oeuvre n'a toujours
pas été traduite en français.
IV - Principales anthologies, autres
volumes et documents consultés
Le livre d'or de la Poésie
française - Des origines à 1940
Une anthologie de
la poésie française
Jean-François Revel
Robert Laffont - 1984, 1989, 2016
Poésie française - Anthologie critique
Marie-Louis Astre -
Françoise Colmez
Préface de Philippe Soupault
Bordas - 1982
La bibliothèque de poésie - 20e siècle
Sous la direction de
Jean Orizet
Éditions France-Loisirs - 2004
René Char
Pierre Guerre
Poètes d'aujourd'hui
Éditions Seghers, 1999
XXe siècle
Lagarde et Michaud
Bordas, 1966
Dictionnaire des auteurs
Laffont-Bompiani
Robert Laffont - Bouquins - 1952
Oeuvres complètes
Bibliothèque de la Pléiade - 1983 (*)
(*) Présentation de Daniel Poirion :
«On ne parle pas de René Char (1907-1988) : on le lit, on le dit, on l'entend, on le voit, tel un tableau de ces peintres, ces alliés substantiels qui l'ont parfois illustré, ou l'un de ces paysages où il s'est enraciné, entre la Sorgue et le Luberon, domaine poétique qu'il a défendu par des mots comme les armes à la main. Tout poète réinvente le langage. Le sien est fait d'alliances inouïes,
"lyre pour des monts internés", approfondissant l'entreprise surréaliste jusqu'à l'expérience métaphysique la plus évidente et la plus nécessaire, celle de l'espace et du temps, à l'école d'Héraclite et de Heidegger. Couleur et douleur, soleil et rivière ou pluie, il faut
"faire du chemin avec..."»

Vidéos :
L'oeuvre poétique de René Char (Ça peut pas faire de mal)
Rencontre
avec René Char
René CHAR – Un siècle d'écrivains 1907-1988
(Documentaire, 1998)
Une vie, une oeuvre : René Char (1907-1988)
V - Notes (importantes, les notes...)
Si René Char a fait des p'tits ?
Dans La Poésie québécoise (Anthologie) de
Laurent Mailhot et Pierre Nepveu, édition 1990 (644 pages, chez
Typo), plus de la moitié consistent en des poèmes qu'il aurait pu
facilement signer.
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Mais je n'ai pas répondu à la question que je [me]
posais au début : "Est-ce que je pense que, depuis
Breton, la poésie n'existe plus ?"
Non. La poésie existe toujours.
Et je ne parle pas d'Aragon, d'Éluard ou de Neruda,
ni de la poésie didactique ou des paroles de chanson à trois
strophes : je parle de certains poètes qui réussissent à nous
transporter dans un monde qui fait
maintenant partie d'un nouvel univers : le nôtre.
Je cite, par exemple, constamment les deux "vers"
qui suivent de
Lucien Francoeur :
«J'me tiens avec une indienne de 14 ans
Y'a des aiguilles partout dans' chambre...»
(Vancouver, la nuit)
... que je dis tout à fait nouveaux et qui décrivent
un atmosphère dans lequel, en quelques mots, un lecteur est immédiatement
plongé... à la manière d'un haïku.
En anglais, je pense souvent à :
«I rode a tank
Held a general's rank
When the blitzkrieg raged
And the bodies stank»
(Mick Jagger - Sympathy for the Devil)
... qui n'a pas besoin de plus amples explications
et dont la sonorité même rappelle le côté que cent bouts de film
ne peuvent pas créer l'image qui en ressort.
Mais je ne saurais passer sous silence Paul-Marie Lapointe
qui fut, de son vivant, oui aussi, sévèrement jugé d'être opaque, hermétique et souvent incompréhensible
que René Char dont il n'était pas un fervent admirateur.
Sa démarche, celle de Paul-Marie Lapointe, pourtant était claire et en cela, il a
toujours été l'objet de mon admiration, particulièrement pour son
oeuvre maîtresse, écRituRes :
« [Ìl faut s']
Imaginer, par exemple, un livre fait à partir des mots croisés. (...)
Quelques centaines de groupes de mots donnés, de leurs définitions. Mots n'ayant entre eux aucune relation imposée par le discours ou l'entendement.
Les phrases (formées de définitions de mots-signes, donc à significations fermées, communes, acceptées, ou formés de mots-symboles, à significations multiples, ouvertes, infinies) s'élaborent accidentellement, chacune valant en soi, avec son univers propre. Puis, dans la relation des phrases, d'autres mondes se créent. Ainsi sont mis à jour des poèmes, proses ou vers, de courts récits, un texte inépuisable où l'imaginaire infiniment se déploie. Chacune des phrases ne génère pas la suivante, dont l'origine se doit d'être étrangère, sinon le déroulement logique s'introduit, menaçant les possibilités d'ouvertures. Une gratuité totale, différente cependant de la dictée automatiste - en ce qu'il n'y a pas cheminement d'une pensée, dictée de l'esprit, dans ses propres éléments-mots -, doit présider à l'enchaînement, à l'écriture-lecture.
Liberté aux mots, à chacun des sons, à chacun des groupes de sons (correspondant à quels multiples sens?) entre lesquels se distribue le langage. Que les adjectifs, adverbes, articles, conjonctions, interjections, noms, onomatopées, particules, prépositions, pronoms, substantifs, verbes, que les mots se croisent, que les mots soient croisés! Que les mots croissent et se multiplient, s'additionnent, se divisent, se soustraient! Que les mots, dans l'unité formelle et sémantique, hors de l'unité formelle et sémantique, signes continus, signes interrompus, aux caprices, aux contingences de l'écriture, au hasard, à la forme surgissante, par la machine à écrire ou le stylo, aux noirs aux blancs soient livrés! lancelots, percevals, purs galaads, mots pour le graal, enfin!
(...)
Déploiement des syntagmes ; antiphrases, pléonasmes, allégories, litotes, hyperboles, métonymies, catachrèses, métaphores ; locutions lancées, vicieuses, propres ; expressions pierres de fronde ; formules trahies, formules déplacées par les tactiques, surprise, ruse ; formules évadées du code dans la mêlée des modes infinis. Clichés foulés aux bottes ! slogans à la torture ! Que les quatre boucliers de l'orateur et son pavois - précepte, aphorisme, proverbe, sentence - deviennent son linceul ! Que soient phrasées les phrases du roi-et-maître, prêchard, politicriard, discoureur ! Que soient emportés dans
l'inouï, dans l'humour et l'inattendu, dans le typhon de l'outre-sens ses discours, ses messages!
(...)
Solutions définitives. Solubles définitions. Qu'enfin les signifiants soient pour eux-mêmes et leurs amants, matière animée d'elle-même, de son contact avec l'autre, en son écriture, en sa forme, espace et volume, dans l'affrontement créateur. Croisade, croisement. Littéralement, dans les distorsions possibles de toutes formes, carrées, rectangulaires, autrement géométriques, si les mots se recoupent sur une grille visible ou invisible, de façon que chaque lettre d'un mot horizontalement disposé entre dans la composition d'un mot inscrit verticalement. Mais aussi, les mots sont de toutes autres façons croisées : dans celles de les joindre, dans celles qu'ils ont de traverser les phrases et de multiplier les signifiés, dans leurs définitions et solutions. Entremêlés, spatialement se provoquant, les mots s'illuminent, se lient, se caressent, s'épousent, s'autogénèrent, enfantent, créent leur monde.
Les mots jouent. Les mots se jouent dans la plus totale liberté. (...)
Et la liberté des mots préfigure la liberté des hommes. L'imaginaire, puisqu'il s'agit bien de cela, définit les termes de la liberté.»
(La nouvelle barre du jour - octobre 1977)
Simon
P.-S. : Ce que je pense de :
«Dis-moi c'qui s'passe à Montréal
Dans les rues sales et transversales»
(Georges Dor - La Manic)
... que c'est une insulte à la poésie.
Le plus minable des poètes aurait passer plusieurs heures pour
trouver une formule plus élégante.
***
... mais la vie Continue
(Bernard Pivot - Albin Michel, 2021)
«C'est l'histoire d'un homme qui
vient d'avoir 82 ans.
Déjà ? Jadis, il était toujours pressé, il régnait sur
le monde de la culture et il se sentait
invincible.
Aujourd'hui, à la retraite...»
Pour être honnête, de ce livre, je me
serais dispensé du premier chapitre (La santé), le premier de
cinq ayant le même titre.
Étant, moi-même, proche de mon octogénariat,
j'ai absolument horreur d'entendre parler de mes bobos et surtout
de ceux des autres.
D'autant plus que depuis mon très jeune âge je suis atteint
d'hypocondrie et ce, dans sa forme la plus pernicieuse : celle en
phase terminale. Ayant perdu toutes sensations dans les pieds, une dégénérescence
qu'on dit congénitale (ce qui prouve que mes ancêtres n'étaient pas
tous contre certaines pratiques défendues par l'Église), je me traîne,
à toutes les semaines depuis quelques années, déjà, chez un
acupuncteur parce que les neurologues que j'ai consultés m'ont tous
dit que c'était une chose irréversible. Si je crois à
l'acupuncture ? Pas vraiment, mais j'ai pour philosophie, la même
que Neils Bohr, le père de la mécanique quantique, qui, à
ceux qui lui demandait pourquoi il avait un fer à cheval au-dessus de
sa porte de grange, répondait : «Bien sûr que je ne crois pas à
ce genre de choses, mais qu'on y croît ou non, il paraît que
ça fonctionne.»
Qu'on se le dise : «Je ne suis pas
encore en fauteuil roulant !»
Un chapitre, ça pouvait encore aller,
mais cinq ?
Je m'excuse, Monsieur Pivot, mais je
n'en ai lu aucun, sinon très vite, et en diagonale. J'ai eu ma part
d'amis, de connaissances, de copains de travail,de parents mêmes qui
- à ce qu'on m'a raconté - ont fait comme le perroquet de Monty
Python : ils ont cessé de vivre, ils sont décédés, ils ont cessé
d'exister, ils ont vécu leur dernier instant dans cette vallée de
larmes, ils mangent depuis quelque temps des pissenlits par la
racines, ils sont allés rencontrer leur créateur, ils se sont cadavérisés,
ils font maintenant partie de la chorale céleste (l'invisible),
ils se sont envolés vers des cieux meilleurs... qui sont, en bref,
devenus des
ex-amis, des ex-connaissances, des ex-copains, des gens dont on
n'entend plus parler. - Et autant vous prévenir : je ne vais à
aucune funéraille. Et malgré que je vous ai rencontré, que nous
avons bavardé ensemble, que je vous ai vu embarrassé par l'attention
qu'on vous portait et surtout depuis vos pertes d'équilibre, vos étourdissements,
vos maux d'estomac (qu'on va me rappeler), je n'irai pas aux vôtres.
Pour le reste, chapeau !
Vous avez restauré en moi l'idée
qu'on puisse encore être intelligent, lucide et surtout capable
d'inspirer de nobles pensées au-delà d'un certain âge ; chose que
m'avait déjà souligner Gide, mais que les derniers fonds de tiroir
de d'Ormesson m'avaient fait oublier.
Puisse la vie vous faire encore penser.
La sagesse est un de ses plus grands attrait.
Ça, deux cigarettes et une
double-vodka (*).
Simon
(*) Sur glaçons, dans un verre old
fashioned et mélangée si possible dans le sens contraire des
aiguilles d'une montre. - (Double fond, si possible, le verre.)
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Il y a dix ans dans le Castor™
Dans sa chronique du 11 juillet
2011,
Simon invitait les membres de la masse si fine et si intelligente de nos
lecteurs à retenir leur place pour :
-
Le Festival de la truite mouchetée de Saint-Alexis-des-Monts
-
Woodstock en Beauce (mais aussi Nashville en Beauce)
-
Le Festival forestier de Senneterre
-
Le Festival de la gibelotte de Sorel-Tracy
-
Le Festival international des percussions de Longueuil
-
Les Fêtes gourmandes de Lanaudière
-
Le Festival Ste-Agathe en feux
-
Le Festival Western Dolbeau-Mistassini
-
Le Symposium des arts de Danville
-
La Féerie de la Lavande de Fitch Bay
-
...
Sans oublier :
Ne manquait plus que le célèbre Festival de la piscine hors-terre et la non moins célèbre Journée du Gun à Caulker de notre Quartier Universitaire...
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Le courrier
Mme. Francine Clavet -
Rennes, France
- Les plus récents sondages ont démontré que 48% de ceux qu'on a interviewés
optaient pour la lettre "S" et 45% pour la lettre "C"
quant à la lettre qui ne se prononçait pas dans le mot anglophone
"scent". - 6% optaient pour "les deux"
("ent" ? - Et 1%,
dont une dame de Pincourt, en banlieue de Montréal, pour la lettre "T".
M. Paul Mercier -
Cooksville, Ontario
- William Tecumseh Sherman et les Nouveaux Baronets.
Mme. Nicole Laforest - Vancouver
BC
- Entre 5,4 et 5,5 litres aux cent kilomètres.
M. Daniel St-Jacques -
Chicoutimi, PQ
Alfonso Gabrieli Capone, les frères Sam, Vincenzo, Pete, Angelo, Antonio et Mike Genna, Frank Nitti,
Dean O'Banion et Earl "Hymie" Weiss ont tous été inhumés au cimetière Mount Carmel
de la municipalité de Hillside dans l'état de l'Illinois.
M. Jean Guibord - Hauterive, PQ
- 1 $ en 1960 valait 9,10 $ en argent d'aujourd'hui.
Mrs. Géraldine Lamoureux - Liège,
Belgique
- Un Ford Custom 499, un Boeing 746, un bouteille de Chanel no. 4 et la Préparation G sont tous des objets mythiques.
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Dédicace
Cette
édition du Castor est dédiée à :
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Paul Verlaine
(1844-1896)
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Pages recommandées
Toulouse-Lautrec
: L'oeuvre lithographique complète
370 photos des lithogravures de Toulouse-Lautrec
Schubert
un essai de Paul Dubé
94 extraits sonores, 45 photos, 5 vidéos,
7 annexes, de nombreux liens...
Éphémérides
Là où s'accumulent les inclassables
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Le mot de la fin
«Journal : institution incapable de faire une différence entre un accident de bicyclette et l'effondrement de la civilisation.»
- George Bernard Shaw
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Montréal, Québec
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1707 rue Saint-Denis
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Salaberry-de-Valleyfield, Québec
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Et sur rendez-vous
seulement :
Vatfair, Planter, Hencourt
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Universitaire - Napierville
Téléphone : 88-06 - Sonner deux
coups.
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223 Baker Street
London, NW1 6XE
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Notes et
autres avis :
Fondé en 1900 par le Grand Marshall, le CASTOR DE NAPIERVILLE fut, à l'origine, un hebdomadaire et vespéral organe créé pour la défense des intérêts de l'Université de Napierville et de son quartier. - Il est , depuis le 30 septembre 2002, publié sous le présent électronique format afin de tenir la fine et intelligente masse de ses internautes lecteurs au courant des dernières nouvelles concernant cette communauté d'esprit et de fait qu'est devenu au fil des années le site de l'UdeNap, le seul, unique et officiel site de l'Université de Napierville.
De cet hebdomadaire publié sur les électroniques presses de la Vatfair-Fair Broadcasting Corporation grâce à une subvention du Ministère des Arts et de la Culture du Caraguay, il est tiré, le premier lundi de chaque mois, sept exemplaires numérotés de I à VII, sur papier alfa cellunaf et sur offset ivoire des papeteries de la Gazette de Saint-Romuald-d'Etchemin et trois exemplaires, numéroté de 1 à 3, sur offset de luxe des papeteries Bontemps constituant l'édition originale, plus trois exemplaires de luxe (quadrichromes) réservés au Professeur Marshall, à Madame France DesRoches et à Madame Jean-Claude Briallis, les deux du Mensuel Varois Illustré.
Nous rappelons à notre aimable clientèle que :
1 - L'édition
régulière du Castor™
paraît le 1er lundi de chaque mois.
2 - L'édition corrigée du Castor™,
destinée au marché américain, paraît le 1er jeudi de chaque mois.
3 - De mini-éditions peuvent paraître le
2e ou 3 lundi de chaque mois.
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