Vol. XXXII,  n° 11 - v. 3.0 Le seul hebdomadaire de la région publié une fois par mois Le lundi 4 juillet 2022
 
Dernière édition

Juillet

Quel monde merveilleux ! (air connu)

Modifications et ajouts au 5 juillet :

Modifications mineures :

  • Corrections - fautes de frappe, erreurs diverses

  • Ajustement de certaines fontes, i. : Chronique de Jeff Bollinger

  • Ajout de séparateurs, section "Lectures", sous-section "Et en deux lignes"

  • Diverses tournures de phrase

Autres modifications :

  • Dans la chronique de Simon Popp, les mots "ces derniers" ont remplacé - erreur importante - les mots "ces premiers" qui désignaient les Russes plutôt que les Ukrainiens.

  • Ajout d'une citation de Madame de Sévigné dans cette même chronique et modification de la fin ("Nuits des longs couteaux").

  • Ajout, dans la section "Lectures", sous-section "Et en deux lignes", d'une citation de Julien Green dans la rubrique "Journal".

Modifications et ajouts supplémentaires (6 juillet) :

Modifications mineures :

  • Autres corrections : fautes de frappe et erreurs diverses

  • Ajout d'un lien vers une photo non téléversée lors de la parution originale

  • Alignements corrigés dans l'Extrait du mois

Autres modifications :
  • La rubrique sur Proust, signé "paul" a été amendée à plusieurs endroits pour en éclaircir le contenu
Modifications et ajouts supplémentaires (14 juillet) :

Modification majeure :

  • L'Index des numéros du Castor™ (depuis janvier 2018) a été mis à jour.

  • Une précision (en gras) sur le sens du "La vraie vie de Vinteuil", le livre de Jérôme Bastianelli tel que décrit par "paul" dans la section Lectures.

    *

    Pour l'édition courante du Castor, cliquez ICI.

 
Éditorial  

Vous lisez les journaux ?

Simon dit qu'il n'en lit aucun. Il ajoute en outre qu'il n'a pas de téléviseur, qu'il n'écoute pas la radio et qu'il ne consulte que très rarement le contenu de sites Internet où l'on parle d'événements courants sauf ceux qui se spécialisent dans la circulation, parce que, dit-il, on a intérêt quand on vit dans la grande région de Montréal, de se renseigner avant de se déplacer, ne serait-ce que pour s'alimenter. Et pourtant :

Qui ne l'a pas entendu citer récemment à propos de la guerre entre la Russie et l'Ukraine le discours de Putin sur les dangers que représentent l'Otan sur l'"Empire russe'", discours qui, ajoute-t-il, n'a pas ou à peu près pas été diffusé sur les ondes américaines.

Et que dit-il de Trump ? Que l'arrivée en politique d'un homme comme lui ne l'a pas surpris : qu'il y a longtemps que la droite l'a préparé et que, de toutes façons, il n'est ou n'aura été comme tous les politiciens, que le produit de son temps. A ce propos, il cite :

Oscar Wilde qui disait en 1883 :

«Les États-Unis d'Amérique est le seul pays qui n'aura pas  eu de civilisation entre le barbarisme et la décadence.»

("America is the only country that went from barbarism to decadence without civilization in between.")

Oscar Wilde ? - Voir la note numéro 1.

Et Lincoln

«L'Amérique ne sera jamais détruite de l'extérieur. Si elle perd ses libertés, ce sera parce qu'elle se sera détruite de l'intérieur.»

 ("America will never be destroyed from the outside. If we lose our freedoms it will be because we have destroyed ourselves from within.")

Lincoln ? - Voir la note numéro 2.

Eh oui, l'Amérique est en train de se désagréger.

Il ajoute même que la télévision, les journaux et la radio, perpétuent une certaine propagande qui, pour fin de comparaison, faisait écrire aux journalistes que les victoires de la France (au cours de la 14-18) se rapprochaient de plus en plus de Paris...

Dites : en votre for intérieur, n'avez-vous jamais pensé que la vie telle qu'on la concevait dans les années cinquante, avec ses pavillons de banlieue, ses deux automobiles par famille, son crédit à la porté de tous, ses possibilités énergétiques illimitées, son Rock n' Roll et ses malls, allait, un jour, devenir moins prévisible ?

La question du jour est : que doit-on enseigner à la jeunesse d'aujourd'hui dont le futur ne ressemble en rien à ce que nous avons connu et qu'on ne peut même pas imaginer ?

La direction

Note 1 : Il s'agit là d'une phrase célèbre à propos des États-Unis que l'on attribue à au moins quatre personnes reconnus pour leurs répartis : George Bernard Shaw, Oscar Wilde, Winston Churchill et Georges Clemenceau. En réalité, on la retrouve pour la première fois en 1841 dans l'“Histoire des Progrès de la Civilisation en Europe” d' Hippolyte Roux-Ferrand. mais attribué au Tsar régnant alors en Russie, Nicolas Ier :

("… il fit passer son pays sans transition de la barbarie à la décadence, de l’enfance à la caducité."

On la retrouve également en 1878 dans un conte d'Henry James dans lequel un personnage d'origine germanique dit des États-Unis que c'est un fruit qui est passé de la crudité à la pourriture sans jamais avoir été mur :

(" With the Americans, indeed, the crudity and the rottenness are identical and simultaneous.")

Voir la note numéro 3.

Note 2 : Lincoln non plus n'a jamais prononcé la phrase citée ci-dessus. Du moins telle quelle, mais il en a exprimé l'essentiel le 27 janvier 1838, devant le Young Men's Lyceum de Springfield, Illinois, lors d'un discours qu' prononça sur  "la perpétuation de nos institutions politiques". Au cours de cette allocution, il a déclaré : "A quel moment faut-il donc s'attendre à l'approche du danger ? Je réponds que si jamais il nous atteint, il doit jaillir parmi nous. Il ne peut pas venir de l'étranger. devons nous-mêmes en être l'auteur et le finisseur. En tant que nation d'hommes libres, nous devons vivre à travers le temps ou mourir par suicide."

("At what point then is the approach of danger to be expected? I answer, if it ever reach us, it must spring up amongst us. It cannot come from abroad. If destruction be our lot, we must ourselves be its author and finisher. As a nation of freemen, we must live through all time, or die by suicide.")

Note 3 : Source : https://quoteinvestigator.com/2011/12/07/barbarism-decadence/

 
Ce numéro :

Voltaire, la guerre russo-ukrainienne, les vacances en famille, un poète méconnu, Le Map-O-Spread et le Cheez-Whiz , Virgile, Charles Aznavour, le prix de l'essence à la pompe, la pensée, la solitude,  Juliette Noureddine, André Gide et Julien Green, François Caradec, Boris Vian, Tourqueniev, Tchekhov, Gogol et cie, le rapatriement de la Constitution, Louis-Ferdinand Céline, Bush, Einstein, Hitler,  le cardinal Spitzman, la famille Saxe-Coburg-Gotha et beaucoup d'autres choses...

 Bonne lecture !


À noter :

Pour un  INDEX de tous nos numéros, de Janvier 2018 à aujourd'hui, cliquez ICI.


Votre première visite sur le site de l'Université de Napierville ?

Lisez cette page : Un monde à découvrir

 
Chroniques  

Les chroniques précédentes de nos correspondants pourront être
à nouveau consultées quand elles auront été révisées et reclassées.

 

  Herméningilde Pérec


Vieillards

«Les vieillards ne sont jamais jeunes.»   
- Georges Guibourg - Fleurs des fortifs'

"Mais vous étiez tous vieux à l'époque !" s'exclamait un jour une de mes petites nièces à la vue de la photo prise lors de mon mariage il y a de ça... - il est vrai - plusieurs années. Je l'ai retrouvé, cette photo, il y a quelques jours, dans un album où, il y a longtemps,  on accumulait des souvenirs de famille qui, aujourd'hui, semblent dater du XIXe siècle tellement ceux qui, disparus, certains depuis plusieurs années, semblaient avoir quatre-vingts ans alors qu'ils n'en n'avaient que soixante. Et, de plus, ils étaient rares. Sur la photo me concernant, mes deux grands-pères n'y figuraient point, décédés quelques années auparavant. Ma grand-mère maternelle, quant à elle, née bien avant la guerre - la 14-18 -, était déjà trop âgée pour se déplacer, sauf qu'elle était, à ce moment là, plus jeune que je le suis en ce moment.

"Tempus fugit" écrivait, il y deux mille ans, le regretté Virgile (ligne 284, 3e volume de ses Géorgiques : "Tempus irreparabilie fugit"). Mais qui lit Virgile de nos jours ?

Que nous étions vieux, il y a cinquante, soixante ans, il faut nous rendre à l'évidence : nous l'étions. - Était-ce que une question de mode ? Peut-être. Chose que je ne peux nier, c'est que déjà, je ne paraissais plus mon âge ; j'avais au moins dix de plus tandis qu'aujourd'hui, quand je regarde notre ami à tous, le Professeur, on lui donnerait facilement vingt ans de moins alors qu'il est à deux pas, comme il le dit lui-même, d'être un nonagénaire. Hé quoi : son fils, Copernique aura quoi ? 62 ou 63 ans... cette année.

Il aurait fallu, à ma petite nièce, continuer à feuilleter l'album dans lequel j'étais déjà vieux. Elle aurait vu sa mère, naïve comme on peut l'être à vingt ans, en mini-jupe et peut-être même en hot pants dans les années soixante  - ou serait-ce soixante-dix ? -, cette mère qui aura sous peu un âge qu'on ne mentionne pas.

J'ai dit "petite nièce" ? - Pieux mensonge : c'est "arrière-petite-nièce" qu'il aurait fallu que j'écrive. Elle a aujourd'hui 47 ans et quand je la regarde, je lui en donnerait à peine trente.

Question de santé ? D'hygiène ? De gênes ? - J'ai lu, il n'y a pas très longtemps, le mot "nourriture".

"Humbug" me disait Copernique l'autre jour. "Avec tout ce qu'on m'a donné à manger quand j'étais jeune - y compris du Map-O-Spread, du Cheez-Whiz , des biscuits à l'érable - plus tout ce que j'ai bu jusqu'à ce jour, je suis mort depuis vingt ans."

Cela ne m'empêche pas de penser que j'ai assisté au cours de ces dernières années à plus de funérailles que de noces et de baptêmes...

Herméningilde

 

   Copernique Marshall 


Mes coups de coeur

L'année scolaire achève et j'aurai peut-être l'occasion de me pencher un peu plus sur mes coups de coeur ou ces mini-essais que j'ai mentionnés dans ma dernière chronique qui se rapportaient à ceux que j'ai avancés dans divers domaines il y a presque dix ans dans l'anglaise langue. - Voir ICI.

Je ne dirai pas que je n'y ai pas pensé depuis que Maud m'a demandé, soit de les traduire (ce que j'ai refusé), soit d'en rédiger d'autres, mais en français. C'est que j'ai vieilli depuis leur rédaction et je trouve téméraire aujourd'hui (je n'ai pas dit "stupide"), à l'âge avancé où je suis rendu (par rapport à celle que j'avais à l'époque), de me lancer dans une telle aventure. En me relisant, j'ai eu l'impression d'avoir dressé des listes à l'usage des lecteurs de la masse si fine et si intelligente de nos abonnés en leur laissant l'impression qu'il leur fallait lire telle ou telle chose, aller voir telle ou telle pièce de théâtre ou d'écouter tel quatuor à cordes plutôt qu'un autre, sinon ils allaient - pour utiliser une expression à la mode - quasiment rater leur vie. Alors qu'il eut fallu que je leur dise  "Voici ce que j'aime" [ou "ce que j'ai aimé"] tout en leur disant pourquoi. 

Alors voici :

(... qui servira d'introduction à mes prochains "dix meilleurs".)

Question no. 1 - Combien de temps, au cours d'une vie, peut-on consacrer à lire, écouter de la musique, visiter des musées, aller au théâtre, et visionner des films ?

Question no. 2 - Et, en supposant qu'on aura tout le temps possible, sur quels critères juger qu'une chanson, qu'un film, qu'un livre est supérieur à un autre ?

Question no. 3 - Quelle est notre capacité à considérer en même temps des oeuvres  qu'on aura lues vues, entendues il y a dix, vingt ans par rapport à celles qu'on aura lues, vues ou entendues la veille ?

Question no. 4 - Et, parmi toutes celles que nous connaissons, combien peut-il en exister d'autres que nous ne connaissons pas ?

Une seule réponse :

À chaque individu son coucher de soleil, son paysage, son air favori.

N'empêche que j'ai connu des critiques, des écrivains, des auteurs, des compositeurs qui, par leurs expériences ont su me guider et, me fiant à eux, j'ai découvert des moments que, sans leur avis, je n'aurai jamais pu découvrir seul.

Je n'espère, dans ces conditions, que de servir de guide parmi des guides aussi peu éclairés que je le suis.

(Écrit le 22 juin, 2022)

Copernique

 
    Simon Popp  

Penser... penser
(Seul ou avec d'autres ?) [*]

 [*] Comme on demandait, jadis, à la confesse.

Je n'étonnerai personne en disant que je prends une bonne partie de mes repas (un sur trois, mais je ne mange jamais plus que deux repas par jour) à l'extérieur. Généralement seul, assis à un comptoir (lire : bar), un livre ou mon lecteur à la main. Autres accessoires ? Oui : une plume (de celles dans lesquelles on introduit des cartouches d'encre) et un cahier de notes. Une plume ? Oui, parce que toutes les notes que je prends avec un stylo-bille ou en crayon deviennent rapidement illisibles ; non pas à cause de ces deux instruments, mais parce que, avec une plume, je suis obligé de faire attention de ne pas me tacher et j'écris donc plus lentement : mes "u", "m" et 'n" (sans oublier mes "v" et "w") finissent par ne plus se ressembler. Surtout que ça me force de ne pas écrire à la vitesse que je pense. - Et puis je préfère un lecteur à un livre car celui que j'utilise me donne immédiatement accès à un ou plusieurs dictionnaires et même à l'Internet. Et un cahier de notes, parce que des bouts de papier, je finis toujours par les égarer.

Le mot-clé dans ce qui précède est celui de «seul». Autrement dit, je préfère la solitude aux foules de quatre et même de trois personnes. Attention quand même : je connais des dizaines et des dizaines de personnes avec qui je m'entretiens régulièrement, amicalement et souvent très sérieusement - pour ne pas dire intimement. (N'est-ce pas,  A..., B..., C..., etc. ? - Pour ne pas vous nommer) Mais jamais plus qu'une heure ou deux à la fois. C'est que : 

1) je déteste le "smalltalk" [*] 

   et 2) j'ai la fâcheuse habitude de penser.

[*] Smalltalk : bavardage ou "Action de parler longuement, familièrement, souvent pour ne rien dire ; par métonymie : ensemble de paroles abondantes, souvent dépourvues d'intérêt", i.e. : "Fait beau, hein ?", "Je suis allé voir mon médecin hier et il m'a dit...", "Est-ce que le Canadien va finir par faire les séries un de ces jours ?" et ainsi de suite. - La dernière étant : "T'as vu ce qui se passe en Ukraine ?"

Et n'allez surtout pas me dire que tout le monde pense ; j'ai rencontré, depuis que je me suis aperçu que j'existais, des centaines de personnes qui n'ont jamais pensé une seule fois dans leur vie et je continue à en rencontrer presque quotidiennement. Pardon : oui, ça leur est arrivé, mais ça les a tellement effrayés qu'ils ont préféré s'abstenir pour le reste de leur vie, adoptant et répétant les opinions que leurs voisins, les journaux, la radio ou la télé leur ont fournies (et souvent même celles de leur curé ou confesseur).

La preuve existe dans les mêmes opinions que semblent avoir d'immenses parties d'une population quelconque, comme s'il n'existait pas, par exemple, des nuances entre les ceusses qui penchent ces temps-ci du côté des Russes et les autres qui se disent en faveur d'une démocratie à l'ancienne en Ukraine. Les Russes, par hasard, auraient-ils retenus, les hordes envahissantes venus de l'Est, Yvan le Terrible, Napoléon, les tsars, Hitler, Staline et les communisses ? - Je ne sais pas, mais si j'étais Russe, me semble que je me méfierai de l'OTAN, pas vous ? - Surtout si les pays qui m'entourent m'empêcheraient de vendre mon gaz naturel et mon pétrole comme je l'entends... 

On m'a rappelé il n'y a pas très longtemps la Nuit des longs couteaux. Pas celle du temps des nazis, non : celle où Trudeau (le père), appuyé par les Premiers Ministres de neuf des dix provinces canadiennes, a fait fi de l'opinion de Lévesque, Premier Ministre de la dixième. 

(Comme aurait dit Madame de Sévigné à ceux qui ont qualifié cette intervention de "Nuit des longs couteaux" : "Permettez que je vous demande la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable et la plus imprévue : celle de ne pas exagérer.")

Mais je ne sais jamais de quoi je parle.

Vaut mieux que je n'y pense pas.

Simon

 

 

   Jeff Bollinger


En vacances

Où ? À Saint-Hypolithe, dans les Laurentides, au nord-est de Prévost.

Avec qui ? Avec Élyanne, Alisée, Thomas, Frédéric et Matisse.

Pour combien de temps ? Trois, deux et une semaine.

Alisée nous quittera dès le premier week-end terminé pour rejoindre une de ses amies près de Granby où elles doivent participer à une course en Kayak ; Thomas à la fin du deuxième car lui et ses copains se sont promis de faire Montréal-Québec à bicyclette. Difficile à croire, mais Alisée a eu vingt-et-un an il y a six mois et Thomas dix-neuf il n'y a pas trois mois.

Que faire, le vieux couple que nous sommes devenus avec Frédéric qui aura dix-sept ans dans quelques jours et Matisse qui en aura quinze en septembre ?

Souhaitez nous revoir tous ensemble avant la fin du mois courant.

Autre chose :

Je ressemble de moins en moins à la photo que l'on insère chaque mois dans ce Castor™. - Élyanne me dit que oui, c'est bien moi, mais je ne la crois pas. Par contre, elle... elle rajeunit en vieillissant.

Y'a pas d'justice dans ce bas-monde.

Jeff  

   Fawzi Malhasti


Morceau choisi

Chanson à part

Que fais-tu? De tout.
Que vaux-tu? Ne sais,
Présages, essais,
Puissance et dégoût…
Que vaux-tu? Ne sais…
Que veux-tu? Rien, mais tout.

Que sais-tu? L’ennui.
Que peux-tu? Songer.
Songer pour changer
Chaque jour en nuit.
Que sais-tu? Songer
Pour changer d’ennui.

Que veux-tu? Mon bien.
Que dois-tu? Savoir,
Prévoir et pouvoir
Qui ne sert de rien.
Que crains-tu? Vouloir.
Qui es-tu? Mais rien!

Où vas-tu ? A mort.
Qu’y faire? Finir,
Ne plus revenir
Au coquin de sort.
Où vas-tu? Finir.
Que faire? Le mort.

Paul Valéry

Fawzi

   Paul Dubé


C'est quoi une grande chanson ?

Voir plus loin où seront cités Boris Vian et Robert Léger.

En attendant, voici une interprétation de J'me voyais déjà par Charles Aznavour, trente ans après sa création.

La différence entre la premièere et celle-ci ? Trente ans de métier.

Enregistrée au Palais Des Congrès (de Paris) le 15 décembre 1991 - Extrait d'un coffret double-CD intitulé Aznavour-Minelli - Intégrale du spectacle -, Disque EMI 1995

On ne mentionne pas le nom de l'orchestrateur, mais son arrangement mérite à lui seul une écoute.

Charles Aznavour 
J'me voyais déjà

paul

 

L'extrait du mois


De l'horrible danger de la lecture
Voltaire - Oeuvres philosophiques et historiques  (1765)

Nous Joussouf-Chéribi, par la grâce de Dieu mouphti du Saint-Empire ottoman, lumière des lumières, élu entre les élus, a tous les fidèles qui ces présentes verront, bénédiction. 

Saïd-Effendi, ambassadeur d'un petit état nommé Frankrom, situé entre l’Espagne et l’Italie, ayant rapporté parmi nous un pernicieux ouvrage d'imprimerie, ayant consulté sur cette nouveauté nos vénérables frères les cadis et imans de la ville impériale d'Istambul, et surtout les fakirs connus par leur zèle contre l’esprit, il a semblé bon à Mahomet et à nous de condamner, proscrire, anathématiser ladite infernale invention de l’imprimerie, pour les causes ci-dessous énoncées : 

1° Cette facilité de communiquer ses pensées tend évidemment à dissiper l’ignorance, qui est la gardienne et la sauvegarde des États bien policés.

2° Il est à craindre que, parmi les livres apportés d’Occident, il ne s’en trouve quelques-uns sur l’agriculture et sur les moyens de perfectionner les arts mécaniques, lesquels ouvrages pourraient à la longue, ce qu’à Dieu ne plaise, réveiller le génie de nos cultivateurs et de nos manufacturiers, exciter leur industrie, augmenter leurs richesses, et leur inspirer un jour quelque élévation d’âme, quelque amour du bien public, sentiments absolument opposés à la sainte doctrine. 

3° Il arriverait à la fin que nous aurions des livres d’histoire dégagés du merveilleux qui entretient la nation dans une heureuse stupidité. On aurait dans ces livres l’imprudence de rendre justice aux bonnes et aux mauvaises actions, et de recommander l’équité et l’amour de la patrie, ce qui est visiblement contraire aux droits de notre place. 

4° Il se pourrait, dans la suite des temps, que de misérables philosophes, sous le prétexte spécieux, mais punissable, d’éclairer les hommes et de les rendre meilleurs, viendraient nous enseigner des vertus dangereuses dont le peuple ne doit jamais avoir de connaissance.

5° Ils pourraient, en augmentant le respect qu’ils ont pour Dieu, et en imprimant scandaleusement qu’il remplit tout de sa présence, diminuer le nombre des pèlerins de la Mecque, au grand détriment du salut des âmes. 

6° Il arriverait sans doute qu’à force de lire les auteurs occidentaux qui ont traité des maladies contagieuses, et de la manière de les prévenir, nous serions assez malheureux pour nous garantir de la peste, ce qui serait un attentat énorme contre les ordres de la Providence. 

À ces causes et autres, pour l’édification des fidèles et pour le bien de leurs âmes, nous leur défendons de jamais lire aucun livre, sous peine de damnation éternelle. Et, de peur que la tentation tentation diabolique ne leur prenne de s’instruire, nous défendons aux pères et aux mères d’enseigner à lire à leurs enfants. Et, pour prévenir toute contravention à notre ordonnance, nous leur défendons expressément de penser, sous les mêmes peines ; enjoignons à tous les vrais croyants de dénoncer à notre officialité quiconque aurait prononcé quatre phrases liées ensemble, desquelles on pourrait inférer un sens clair et net. 

Ordonnons que dans toutes les conversations on ait à se servir de termes qui ne signifient rien, selon l’ancien usage de la Sublime-Porte. 

Et pour empêcher qu’il n’entre quelque pensée en contrebande dans la sacrée ville impériale, commettons spécialement le premier médecin de Sa Hautesse, né dans un marais de l’Occident septentrional ; lequel médecin, ayant déjà tué quatre personnes augustes de la famille ottomane, est intéressé plus que personne à prévenir toute introduction de connaissances dans le pays ; lui donnons pouvoir, par ces présentes, de faire saisir toute idée qui se présenterait par écrit ou de bouche aux portes de la ville, et nous amener ladite idée pieds et poings liés, pour lui être infligé par nous tel châtiment qu’il nous plaira. 

Donné dans notre palais, le 7 de la lune de Muharem, l’an 1143 de l’hégire.

Lectures


Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres, revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.


Proust, Elvis et la princesse Diana
(Un long détour pour en arriver à dire l'indisable)

On me dit obsédé par Proust. J'ai même entendu dire que je ne parlais que de lui, que toutes les conversations dans lesquelles je m'impliquais finissaient toujours par un mot, une citation, une référence le concernant. Et l'on n'a pas hésité récemment à me souligner, preuve irréfutable de ce que l'on avance, que j'avais animé il n'y a pas très longtemps une causerie à son sujet (voir ci-joint) sauf qu'on ne l'a pas lue. - J'y reviens dans un moment. - On me dit également que je bois plus que beaucoup. Et pas de l'eau en bouteille, je vous prie de me croire. - Dans les deux cas, comme disait Mark Twain à la lecture de l'annonce de sa mort dans les journaux : "C'est quand même un peu exagéré".

Pour l'alcool, il est exact que, si vous voulez me rencontrer, je vais vous donner rendez-vous dans un bar où, que voulez-vous faire d'autres, que prendre un verre ? Un café alors ? J'aime le café, oui, mais pas les cafés, du moins ceux de Montréal. S'y tiennent trop souvent des gens fauchés, des étudiants qui, quand ils ne sont pas bruyants, occupent une place pendant deux heures leurs ordinateurs branchés sur un réseau gratuit (gratuit, mais à un endroit où un latte coûte 5,95$)  et, surtout, surtout des has-been qui ont des projets qui doivent aboutir sous peu et qui n'aboutissent jamais. - Et puis y'a autre chose : le maximum de temps que je peux passer en compagnie de quelqu'un, même mes amis les plus intimes, c'est environ deux heures. Non pas que je m'ennuie : je sors la plupart du temps de ces rencontres la tête en ébullition. Je sais : ça a l'air que je n'écoute qu'à moitié ce qu'on me dit car j'interromps tout le temps ceux qui me parlent, mais que pour demander des précisions sur un mot, une expression, une phrase que je n'arrive pas sur le coup à comprendre, mais je vous jure que je fais d'énormes efforts pour saisir la nuance d'un geste, d'un coup d'oeil, d'un arrêt momentané... afin de comprendre ce qu'on essaye de me dire.

(Je ne suis pas le seul qui a de la difficulté à s'exprimer correctement et Boileau avec son «Ce qui  ce conçoit bien...» peut aller se rhabiller.)

Proust ? OUI,  je possède une centaine de volumes sur, à propos de ou concernant l'auteur de À la recherche du Temps perdu. Je dois, enconséquence, être un fanatique complètement obsédé par un bonhomme qui a passé les dernières années de sa vie dans une pièce tapissé de liège, qui avait en horreur le bruit et qui étouffait à la seule senteur d'une fleur ou d'un parfum. - Or cela n'est que demi-vérité, qu'une idée qu'on se fait de ce que je suis car :

Aussi fascinant qu'a pu être le personnage que fut Proust, il ne m'a toujours intéressé que de loin et si j'ai feuilleté des livres sur les objets de verre qu'on rencontre dans sa Recherche ou le nombre de convergences stylistiques qu'on peut y retrouver ou même sur son manteau ou sa pelisse[*], il y a plusieurs volumes parmi ma collection que je me suis procuré que pour le titre et dont les pages n'ont jamais été découpées. D'ailleurs, j'ai remarqué qu'on se servait souvent de son nom pour parler d'un autre sujet, la seule mention du mot Proust dans le titre d'un livre servant sans doute à en mousser les ventes [**]

[*] Le manteau de Proust de Lorenza Foschini - Quai Voltaire, La Table ronde, 2012 

[**] Un parfait exemple de ce genre de volume est le "Proust était un neuroscientifique" de Jonah Lehrer - Robert Laffont, 2007 - où Proust n'est qu'un des huit chapitres (et pas le plus long, par dessus le marché) d'un livre où, sur "Ces artistes qui ont devancé les hommes de science", il est question de : Walt Whitman, Gorges Eliot, Auguste Escoffier, Paul Cézanne, Igor Stravinski, Gertrude Stein et Virgina Woolf. - On notera la madeleine sur la couverture.

Ces volumes ne m'auront servi à comprendre un phénomène qui m'a toujours intéressé : celui qui pousse certaines personnes à développer un culte maniaque non pas des oeuvres d'un écrivain, ou d'un peintre ou encore les prestations d'un comédien (3e exemple), mais de l'écrivain ou du peintre ou des liaisons amoureuses qu'a eu un comédien. J'aurais pu tout aussi bien adopter comme sujet d'étude de nombreux écrivains, compositeurs, peintres, sculpteurs ou des personnalités aussi adulées que Brad Pitt ou Mohamed Ali.

Alors ?

J'ai mentionné dans le titre de cette chronique les noms d'Elvis et de la princesse Diana. J'aurais pu tout aussi bien mentionner, dans le même état d'esprit ceux de Marilyn Monroe, Céline Dion, Maradonna, JFK ou même Trump. J'ai connu, par exemple, une fan de Piaf dont jusqu'aux coussins sur son divan avaient, en effigie, le visage de son idole (je n'ai pas demandé à voir ses draps). J'ai connu également une véritable haine entre  deux soeurs qui ne juraient que par, l'une, Tino Rossi et l'autre, Georges Guétary et même un collectionneur de tout ce qui pouvait concerner Napoléon qui allât jusqu'à payer une fortune pour un chapeau qu'il aurait porté. Ce côté qui pousse des gens sensés à se concentrer sur un personnage m'a toujours fasciné et, pour en comprendre non pas nécessairement le sens, mais cette obsession à tout vouloir savoir sur quelqu'un, je me suis servi de Proust. - Remarquez que j'aurai pu tout aussi bien me servir du frère André, de plus ou moins récente mémoire, dont les sous-vêtements étaient, quand j'étais jeune, exposés sous verre dans un mini-musée le concernant en l'Oratoire de Saint-Joseph (à Montréal...)

De Proust, je ne retiens à vrai dire que le contenu de son À la recherche, un livre que je relis pour la manière qu'il a utilisée pour raconter son histoire, exposer ses pensées dans un style inimitable pour dire ce qu'il avait à dire et surtout ce qu'il a dit.

Et c'est ainsi que je passe à un livre qu'on m'a récemment prêté :

Louis-Ferdinand Céline - Guerre - Gallimard, 2022

(Je reviendrai, un de ces jours, sur les bars et l'alcool.)

Reste-t-il encore des choses à découvrir sur Céline ? Si c'est comment il a été blessé durant la 14-18, qu'il a déjà eu des relations sexuelles avec une infirmière ou la raison pour laquelle il appelé son chat Bébert - ce qu'on apprend en lisant ce texte "enfin retrouvé !" (sic) -, je m'en serai dispensé, mais fouillant quelque peu sur le WEB, j'ai appris en outre qu'avant de mourir, sa veuve aurait vendu la maison dans laquelle il a vécu pendant des années (à condition d'y rester jusqu'à sa mort, etc.) - Voilà, je me suis dit, un fait crucial pour comprendre le sens de son existence...

Un bémol : les deux photos du manuscrit de ce Guerre insérés dans les pages de sa courante (premièere) édition. En voici une :


(Cliquer sur l'image pour agrandir)

Céline ? - Connaissant son style, pour en savoir plus sur "sa" guerre, je ne sais pas ;  peut-être que regarder des docus qui font état de ses horreurs et de sa stupidité seraient plus utiles et pourquoi pas des films comme All Quiet on the Western Front...

Mais de là à décortiquer sa vie, exposer comme on l'a fait pour le frère André ses sous-vêtements...

Comme disait John Cleese à la fin de The Cheese shop : "The senseless waste of human lives..." ("Oh, le gaspillage insensé de vies humaines") - Et ce après avoir assassiné le propriétaire de l'établissement qui n'avait aucun fromage à lui vendre.

Sauf que...
(Pour démentir tout ce qui précède)

...il y a environ deux semaines, de passage à la Librairie Côté gauche (voir notre section "publicité") où je commence à connaître de plus en plus les habitués, Madame Claire, presque toujours présente derrière son comptoir, me dit : "Ah ! Mais j'ai un livre pour vous." - "Pas un autre Proust..." ai-je pensé et voilà qu'elle m'offre à titre gracieux La Vraie Vie de Vinteuil de Jérôme Bastianelli paru récemment chez Grasset. 


   

Vinteuil...

Pour ceux qui n'ont pas encore lu À la recherche, il existe parmi les centaines de personnage qui en font partie, trois qui ont une importance particulière :

Bergotte, un écrivain, Elstir, un peintre et Vinteuil, un compositeur de qui le narrateur décrira longuement une "petite phrase" d'une sonate qui aura une grande influence sur, entre autres, Swann amoureux d'Odette, et dont la fille, lesbienne et sacrilège, qu'il mentionne au tout début, annonce sans qu'on puisse le soupçonner lors d'une première lecture une longue section de son récit.

L'éditeur de ce livre, Grasset, le présente comme ceci :

«Vinteuil est le musicien le plus célèbre de la littérature française. "Le" musicien d’A la recherche du temps perdu  demeure pourtant un grand inconnu, puisque Marcel Proust ne donne que de très rares informations à son sujet. Son nom est plus célèbre que sa vie. [...] A partir du peu que raconte Proust, et, plus encore, de ce qu’il ne raconte pas, La vraie vie de Vinteuil [imaginé] quel a été le parcours de ce mystérieux compositeur ? Sa vraie vie. Celle que l’auteur de La Recherche n’a pas connue. A-t-il eu connaissance de tout ? Ce grand espion n’aurait-il pas manqué d’informations ? A-t-il par exemple su que Vinteuil est le fils illégitime du curé de Combray ? Et tant d’autres secrets...»

Pas de quoi s'émerveiller, me suis-je dit ; un autre de ces livres à ajouter à ma collection de ceux qui n'en finissent plus de se servir de La Recherche pour s'expliquer, mais en lisant un peu plus loin j'apprends que :

«Se fondant sur l’histoire politique et musicale du XIXe siècle que Jérôme Bastianelli connaît particulièrement bien, lui qui a écrit les biographies de Bizet et de Mendelssohn, son roman raconte dans quelles conditions Vinteuil a été amené à écrire sa si novatrice Sonate pour violon ; comment sa fille a rencontré la sulfureuse amie avec qui elle a entretenu une liaison scandaleuse ; comment le jeune Proust en est arrivé à s’intéresser à lui. Musique, littérature, révolution de 1848, guerre de 1870 : la vie artistique et politique de la France forment l’arrière-plan du portrait de cet artiste incompris à qui il est enfin rendu justice. - Un premier roman brillant et surprenant, qui, si on n’a pas lu Proust, peut se lire comme la biographie imaginaire d’un grand musicien et qui, si on l’a lu, se révèle comme une délicieuse interprétation critique d’un des plus grands romans du XXe siècle.»

Rien de mieux pour piquer ma curiosité.

J'en suis au chapitre trois et je crois bien que je lirai la suite avec une de ces attentions que je me paie quand je tombe sur un livre non seulement fort bien écrit, mais qui m'ouvre un monde que je ne connais souvent que par ouï-dire. Dans ce cas-ci, les détails des influences qu'ont eues les uns sur les autres les compositeurs de la deuxième moitié du XIXe siècle, les manigances derrière le Prix de Rome, etc.

Chapeau à ce Jérôme Bastianelli qui a dû consacrer des heures à écrire ce "roman" (entre guillemets) à partir d'un personnage fictif, issu de l'imagination de Proust certes, mais qui a poussé son analyse bien au-delà de ce qu'on aurait pu s'attendre car ce n'est pas sur Proust qu'il nous renseigne, mais sur une partie de l'histoire de la musique du XIXe siècle.

Entre mes lectures et relectures dont je ne vois jamais la fin, je sens que j'en aurai pour un long moment de bonheur à lire ce Vinteuil car je sais : je ne ferai pas juste lire mais, dans la mesure du possible, je vais tenter d'écouter tous les oeuvres des musiciens dont il fait mention dans ce livre.

paul

***

Et en deux lignes
(Simon, Copernique, Jeff, Madame Malhasti et... paul)

   Voltaire

Qui a les moyens, aujourd'hui, de se payer les cinquante volumes de l'oeuvre complète de Voltaire (Garnier, 1883  - et ses éditions subséquentes - et ce, sans compter sa correspondance - 13 volumes dans la collection de La Pléiade) ? - Réponse : ceux qui possède un lecteur ou un ordinateur. - Pour quelques dollars (et souvent pour même pas un dollar), les éditions électroniques Arvensa vous offre tout Voltaire (tout Balzac, tout Zola, tout Baudelaire, tout Racine, etc.). - +/- 2,000 volumes. - Et Voltaire ? Lire l'extrait du mois et vous nous en direz des nouvelles.

***

   Entrez donc, je vous attendais
   François Caradec - Édition Mille et une nuits, 2009

Le dernier recueil de Caradec. -  Un livre à la hauteur de son espièglerie et de son esprit facétieux. Imitations, pastiches, clins-d'oeil, parodies, caricatures de celui qui a rendu ainsi, peu avant sa mort, un hommage à tous les écrivains sérieux ou fantaisistes qu'il a aimés ou admirés. Du vrai bonbon.

***

   Tourqueniev, Tchekhov, Gogol et cie

À tous les amateurs de contes, de nouvelles et de courts récits, qui adorent  Maupassant, Marcel Aymé ou même Mérimée, un conseil : jetez donc un coup d'oeil sur ces maîtres russes qui en ont écrits probablement les meilleurs de tous les temps, exception faite des Morts de James Joyce (Gens de Dublin) qui demeure le chef-d'oeuvre parmi les chefs-d'oeuvre du genre. Ces temps-ci, j'en suis à Tougueniev qui, sans être manchot, me donne de plus en plus envie de relire Tchekhov dont on n'a jamais découvert comment il a réussi à captiver l'attention de milliers de lecteurs en posant des questions auxquelles il n'a jamais donné de réponses.

***

Autres livres à consulter ? Oui : ceux de la collection Parcours d'un genre chez Beauchemin dont :

***

Poèmes de Paul Éluard

Après avoir non pas jugé mais condamné - et avec plaisir d'ailleurs - René Char, quoi de mieux que de se replonger et avec un grand plaisir dans Baudelaire, Verlaine, Rimbaud (pas tout, quand même), Valery, Aragon et, pourquoi pas... Éluard ?

***

   Journal

Jamais lu un seul de ses romans et j'ai eu beau essayé de lire son théâtre... Pour Gide, oui, mais pour Julien Green, non. Leur journaux, oui. Et si je n'ai pas souvent été d'accord avec les opinions de Gide,  j'ai su sauter par dessus celles de Green, surtout quand il se référait à sa foi et les problèmes qu'elle engendrait chez lui [*], mais quel écrivain il fut.

[*] Un exemple parmi tant d'autres : "Hier soir, visite du Père Couturier. Nous parlons du problème de l'action et de la difficulté qu'il y a , en agissant, de ne pas entraver les desseins de Dieu..." (28 octobre 1942)

***

   Chansons

J'ai rarement  suivi mes propres conseils dont un est, avant écrire quoi que ce soit,  de ne jamais lire sur un sujet sans au préalable s'en être fait une idée, aussi fausse qu'elle puisse être. - J'aillais écrire sur ce qu'est une grande chanson (française) et j'ai eu le malheur de me pencher sur deux livres. - Grave erreur.

         

Par bonheur, quand même, mon édition d'En avant la zizique de Boris Vian n'est pas celle de 10-18 illustrée ci-dessus, mais celle de La jeune Parque qui a ajouté au titre son sous-titre : "... et par ici les gros sous".

À suivre. - Pour le moment : patience, Madame Monique P. !

Il y a dix ans dans le Castor


Simon Popp :

   Ah ! Vieillir, enfin !

J'ai beaucoup de difficultés (j'en ai plusieurs, mais celle qui suit est tout à fait particulière) à comprendre pourquoi les gens - surtout les femmes - développent un crainte vis-à-vis la vieillesse à partir de la cinquantaine. - Trentaine, pour ces dames, car j'en ai connu qui ont eu 29 ans pendant presque deux décennies.

D'abord, lorsqu'on a atteint "un certain âge", on peut dire n'importe quoi. On peut dire du mal de ses parents (qui ne sont plus là pour écouter), de ses amis, des sa famille (même s'ils sont encore là). On peut s'inventer une jeunesse et même un âge adulte de toute beauté : dire qu'on a vu, par exemple, mais de ses yeux vu, la reine Elizabeth avant avant qu'elle ne devienne reine, qu'on a serré la main de Duplessis, qu'on était là quand de Gaule a lancé son "Vive le Québec libre", que c'est le Cardinal Léger, lui-même, qui nous a foutu une taloche lors de notre confirmation. En mentant quelque peu sur son âge, on peut remonter encore plus loin, parler (dans mon cas) de la crise, de la Deuxième Grande Guerre, dire que la première voiture dans laquelle on est monté était un modèle T ou que son arrière-grand-mère a connu une femme qui avait vu Louis XVI (ce qui, en passant, est véridique).

(Un jour, je vous parlerai de ma grand-mère, née le même jour et la même année qu'Hitler, avec qui elle n'avait pas juste en commun la moustache.)

On peut - je dirais, à partir de la soixantaine - également flirter, sans danger, avec toutes les jeunes filles que l'on rencontre avec des résultats souvent surprenants. Quant aux nombres de veuves "en manque"...

Le Gouvernement, ce cher Gouvernement, nous envoie de l'argent à tous le mois, Bon d'accord, il en récupère la moitié sous forme d'impôt mais la moitié de quelque chose, c'est déjà ça, non ? - Et puis on a des rabais partout : dans les pharmacies, les grands magasins, les agences de voyage. Et même pour les tickets de métro... - Et puis, qu'a-t-on de besoin quand on ne travaille plus ? Certainement pas un complet aux six mois.

Chanceux, on a des enfants, des petits enfants, des neveux prêts à déplacer nos meubles ou nous rendre de menus services. - Avec une canne, dans les aéroports, on est traité comme des rois.

À l'heure où l'on veut aller à la piscine, il n'y a généralement personne. Au cinéma également.

On peut - et ça c'est le grand luxe -, on peut déménager (enfin !) de la banlieue au centre-ville (ou vice-versa) où tout est à la portée de la main.

Et puis on a le temps ! - Au bureau de poste, on n'attend plus : on s'amuse. À faire scier ceux qui sont derrière soi en feignant de ne pas comprendre le fonctionnaire qui essaie de nous expliquer qu'il en coûtera 38.65$ pour envoyer un colis au Zaïre, un colis qu'on n'a aucune intention d'envoyer, mais comme le bureau était ouvert et qu'il n'y avait presque personne, on s'est dit : "Tiens, je vais aller les embêter." - Et la file d'impatients s'est tout de suite formée derrière moi.

Y'a aussi le radotage. Une arme efficace, le radotage. - Vous avez un raseur devant vous ? Répétez-lui trois fois la même chose dans l'espace de dix minutes. Il disparaîtra très rapidement. - À ce propos, qui a dit ? (Courteline, je crois) - que "passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est un délice de fin gourmet."

Heureuse vieillesse à tout asservie.

Simon

***

Moe Spitzman (Son éminence le cardinal)

     De quoi réfléchir un peu

Des citations, aujourd'hui, que des citations :

"Les lèvres qui prient sont habituellement très éloignées des mains qui aident." - Robert Green Ingersoll

"J'aime votre Christ, je n'aime pas vos chrétiens. Vos chrétiens sont trop différents du Christ que je connais." - Mahatma Gandhi

"Sans la religion, nous aurions de bonnes personnes qui feraient de bonnes choses, et des gens mauvais qui feraient de mauvaises choses. Pour que de bonnes personnes fassent de mauvaises choses, la religion est nécessaire." - Stephen Weinburg

"Le mot "christianisme" est déjà un malentendu - en réalité il n'y a eu qu'un seul chrétien, et il est mort sur la Croix." - Friederich Nietzsche

"Je me méfie de ces gens qui savent trop bien ce que Dieu veut qu'ils fassent, parce que je remarque que ce que leur Dieu leur dit coïncide toujours avec ce qu'ils veulent faire." - Susan B. Anthony

"Pour connaître la religion de quelqu'un, il ne suffit pas de lui demander ce en quoi il croit, mais ce qu'il est prêt à tolérer." - Eric Hoffer

"Quand les missionnaires se sont aventurés en Afrique, ils avaient à la main la Bible et nous, les indigènes, nous avions la terre. Ils nous ont enseignés à prier les yeux fermés et quand nous les avons ouverts, nous avions la Bible et eux, la terre." - Desmond M. Tutu

"S'il y a un Dieu, l'athéisme doit lui sembler moins une insulte que la religion." - Edmond de Goncourt

"C'est pourquoi aujourd'hui, je crois que je suis, par mes seuls désirs, conforme à la volonté du Créateur Tout-Puissant." - Adolf Hitler

"J'ai confiance en ce Dieu qui me parle à tous les jours. Sans lui, je serais incapable de faire mon travail. " - George W. Bush

"La nature, dites-vous, est totalement inexplicable sans Dieu. C'est-à-dire que, pour expliquer ce que vous comprenez très peu, vous avez besoin d'une personne que vous ne comprenez pas du tout. - Je m'excuse mais..." - Le Baron d'Holbach.

"Si les gens ne sont bons que parce qu'ils craignent d'être punis et qu'ils visent une certaine récompense au bout de leurs vies, je regrette, mais nous ne valons pas grand chose." - Albert Einstein

Spitzman

Le courrier


Mme Océane Bourdette - Jewett City, CT - USA

  - Barbara Millicent Roberts.

M. Daniel Auberjonois (Dr.) - Almalaguês - Portugal

  - Shakespeer, Shakespere, Shakespear, Shakespeare... nul n'a jamais su au juste comment son nom devait s'écrire. Lui non plus d'ailleurs.

M. Landers Tougas-Lejeune - Lyon - France

  - Bruxelles ?

Voici ce que nous avons retrouvé dans le programme de la saison 1927-1928 du Théâtre Sarah-Bernhardt (Direction : Les Frères Isola) :

Si votre écran est trop petit :

«Les horaires du Chemin de Fer du Nord permettent d'aller à Bruxelles et d'en revenir la même journée, en disposant de plus de six heures dans cette ville.

«On peut, son courrier reçu et dépouillé, quitter la gare de Paris nord à 9 heures du matin ; on arrive alors à Bruxelles à 1h39, à temps pour y déjeuner, si l'on n'a pas préféré prendre son repas au Wagon-Restaurant.

«Tout l'après-midi reste libre pour les affaires et la visite de la ville, puisqu'il suffit de repartira à 8h55 pour rentrer à Paris avant vingt-trois heures après avoir dîné au Wagon-Restaurant. 

«Les deux trains d'aller et retour comportent des wagons de 1iere et de 2e classes.»

Mme Amélie Lacaille née Deslauriers - Bourget, Ontario - Canada

  - La ville de Reno (Nevada) est plus à l'ouest que la ville de Los Angeles (Californie).

M. Joseph Mailloux - Lomprez - Belgique

  - La famille royale britannique avait comme nom Saxe-Coburg-Gotha. Il a été modifié en 1917 à celui de Windsor.

Dédicace


Cette édition du Castor est dédiée à :

 

 

Juliette Noureddine

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Le mot de la fin


«Pour un écrivain, quelle aubaine qu'une enfance de cauchemars comme ceux qui ont peuplé l'enfance de Dickens...»

 - Julien Green - Journal - 11 septembre 1970

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