Dix
raisons pour lire Proust
À la
recherche du Temps perdu
:
1
– Contient des analyses psychologiques et une connaissance de l'âme humaine
comparables à tout ce qu'on peut lire chez Dostoeïvski ou Stendhal.
2 – Sa qualité strictement littéraire est supérieure à celles de Balzac, de Zola,
de Maupassant et même de Gide.
3
– Son style narratif est comparable aux plus grands des
romanciers.
4 – Ses personnages tout aussi réels que ceux de Molière, de Dickens
ou de Céline.
5
– Son auteur est à la langue française comparable à
Shakespeare en langue anglaise.
6
– Les citations qu'on en a retirées sont innombrables
7
– C'est un livre d'où l'humour n'est jamais absent.
8
– Les différents styles qu'on y rencontre sont en parfaite adéquation
avec les idées qu'ils expriment au point où le sens même de ses
textes est contenu dans la façon où ils sont exprimés.
9
– Il s'agit d'un livre dont l'architecture est comparable à celle d'une cathédrale
où chaque pierre a sa place et son importance.
10
– Et un livre qui demeure le plus important de tous pour ceux qui
ont eu la patience de le lire attentivement (et la plupart du temps deux
fois ou plus).
En moins bref
:
Il
n'existe au monde aucun roman qui puisse être comparé à À
la recherche du Temps perdu. C'est un oeuvre unique en son genre et
pour l'écrire, Proust a dû inventer un style particulier auquel les
lecteurs de romans classiques ou même modernes ne sont généralement
pas habitués. Ce style, comme nous l'avons mentionné dans nos dix
raison pour ne pas lire Proust, est déroutant, mais une fois qu'on s'y
est acclimaté, il devient clair qu'on est en train de lire quelque
chose d'important et si, aux premiers abords, on ne comprend pas au juste
où l'auteur veut en venir, l'on constate après quelques heures
(seulement) que rien n'a été laissé au hasard dans ce qui semble un
enchevêtrement de faits sans rapport entre eux.
Shelby
Foote (*) disait
de Proust qu'il était un stratège hors pair, un guide qui savait
amener son lecteur vers un but très précis et qui était celui de faire découvrir à chacun de
lui sa réalité propre.
(*) Shelby
Foote, né le 17 novembre 1916 à Greenville, au Mississippi, et mort
le 27 juin 2005 à Memphis, Tennessee, est un romancier et un
historien américain, auteur, entre autres, de The
Civil War, A Narrative (trois volumes)., i.e. :
"... Proust to me, seems to have all the talents plus this enormous talent of
organization. You don't see that until you've read the novel several
times. You get to see how he drives the story the whole time..."
Note : il se peut que votre fureteur n'accepte pas les vidéos.
André
Maurois, pour sa part, disait que Proust avait révolutionné le roman
en lui faisant faire une "Révolution copernicienne à rebours",
replaçant l'âme humaine au centre de l'univers plutôt qu'un être en
faisant partie. - Voir
l'annexe ci-joint.
D'autres
ont dit que son analyse du snobisme en faisait un grand critique de la
société ; qu'il a été un comique dangereux ; que son roman était un
traité d'esthétique ; que son regard était infiniment plus subtil et
plus attentif que le nôtre. - Même Jacques Madeleine que nous avons
cité (voir rapport de
lecteur ci-joint) et qui s'est retrouvé déconcerté devant la première partie d'À
la recherche dans chaque ensemble, n'a pas
pu conclure s'empêcher de dire qu'il [lui était] impossible
de ne pas constater [dans ce qu'il venait de lire] un
cas intellectuel extraordinaire.» - Nous en avons déjà parlé.
Personnellement,
nous avons trouvé en lui, un écrivain qui, par les méandres de son écriture,
nous a fait découvrir, à partir de notre propre passé, qui nous étions
et comment nous avions évolués dans le Temps, car ce roman, avec son
titre de À la recherche du Temps perdu, est
bel et bien un livre dans lequel le Temps a une énorme importance.
Ce
qui nous amène à dire qu'il faut prendre son Temps pour lire Proust
car celui que le lecteur est devenu quand il l'a terminé sera fort différent
de celui qu'il l'a débuté et cette différence est sans doute un des
plus grands messages que Proust nous a laissés.
Mais, pour en revenir à ce que nous disions au début, il faut s'habituer à
sa manière qu'il a utilisée pour nous le laisser ce message, manière que même ses éditeurs (nous le verrons dans
nos commentaires sur ses éditions) n'ont pas tout de suite saisie.
Et
comment À la recherche se termine ? - Comme ceci :
« Si
du moins il m'était laissé assez de temps pour accomplir mon oeuvre,
je ne manquerais pas de la marquer au sceau de ce temps dont l'idée
s'imposait à moi avec tant de force aujourd'hui, et j y décrirais les
hommes, cela dût-il les faire ressembler à des êtres monstrueux,
comme occupant dans le temps une place autrement considérable que
celle, si restreinte, qui leur est réservée dans l'espace... »
(C'est
nous qui soulignons.)
Cette phrase
aurait été une de celles que Proust auraient écrites immédiatement
après avoir écrite la première de son À la recherche avec :
«Longtemps, je me suis couché de bonne heure.»