Dans un livre aujourd'hui perdu de Tite-Live (1),
mais dont fait état l'historien allemand Georg Frederik Bertz
(2),
(Geschichte von Rom [Histoire de Rome] - Verrückte Presse,
1876), décrivait la ville d'Acetus (sic) en termes fort élogieux : «Son site, écrivait-il, est magnifique, sa population des plus accueillante et ses eaux fort reconnues pour leurs qualités curatives.»
C'est en effet par ses eaux - sulfureuses et légèrement acidulées - que la ville d'Acetus fut connu des Romains bien avant Herculanum et Ferrara.
Auguste (3) en fit un centre culturel brillant dont il ne reste, cependant, que peu de traces (un mur formant angle avec la Piazale de Marshalli et une brique en terre cuite exposée au Museo Archeologico près du Chiostro di Aceto). - Les invasions barbares, puis celle des Lombards (voir à
l'an 476 - liens à suivre) ruinèrent non seulement Aceto mais toute la région qui mit plusieurs siècles avant que ses célèbres danseuses puissent à nouveau y exercer leur métier.
Sous le protectorat du Grand Conseil de Venise (en 1143), la ville fut déclarée «cité intéressante» («cità intéressante») et peu après que ce même Grand Conseil eut détourné la quatrième croisade sur Constantinople (s'assurant ainsi des principales escales sur les routes du Levant), elle en confia la direction au second fils de Louis Marshall II dit le Preux (voir à descendance d'Éléazar Marshall), Giovanni (Jean) Marshall, le frère de Philippe Marshall dit Philippe le Hardi (4).
À partir de 1403, grâce à une alliance avec la ville de Firenze, Aceto, développant son commerce extérieur, devint une puissance maritime ce qui lui permit d'ouvrir ses marchés
méditarranéen mais son développement prépondérant en Toscane est redevable surtout à l'influence qu'eut, sur son commerce, les Vingts Associés (Venti Assetatti - littéralement : les Vingt Assoiffés) qui dominèrent la ville du XIVe au XVIIe siècle. - En 1569, lors de l'avènement des Médicis, Aceto devint un de centres du commerce vinicole de la Toscane puis, en 1676, un des plus grands producteurs italiens de vinaigre.- En 1807, Élisa Bonaparte songea un moment à en faire sa capitale et quand, en 1859, Léopold II fut chassé du pays, il n'eut qu'un mot : «J'aurais tout donné pour cette
ville» ("Fanculo, Elisa !") - De 1865 à 1867, on considéra généralement Aceto comme une des capitales du royaume d'Italie et, à partir de 1868, dans les circonstances que l'on sait (voir à Chronologie marshallienne) son développement économique se fit encore plus fulgurant. - Son rayonnement international depuis 1945 est indiscutable.
Les Marshalli d'Aceto
Il existe deux grandes familles italiennes issues des descendants d'Éléazar [Marshall] dit Marshall le Croisé : celle des Marshalli de Lombardie dont l'ancêtre fut Philippe I dit Philippe le Hardi (1245-1285) et celle des Marshalli d'Aceto dont l'ancêtre fut Louis II dit Louis le Preux (1214-1270), le père du précédent.
Leur histoire est résumée dans une autre de nos pages intitulée les Marshall d'Italie ou Marshalli.
En ce qui concerne plus spécifiquement les Marshalli d'Aceto, nous référons les lecteurs à l'important ouvrage paru en 1936 aux Presses de l'Université de Padova (Padoue) sous la direction de Michelangelo Umberti qui, malgré ses références fascistes, demeurent un monument d'érudition dans son genre :
"Li Marshalli, una dinastia esemplare" (sept volumes illustrés, avec tableaux, index et chronologie - préface de Pie XI).
L'huile d'olive et le vinaigre d'Aceto
Tout comme ses eaux, l'huile d'olive d'Aceto fut d'abord connue pour ses vertus thérapeutiques. D'un blond verdâtre, souvent orangée avec des reflets de gris perle, elle était connue bien avant la venue des Marshall qui, pendant plusieurs siècles, en assurèrent la distribution comme substitut d'huile à lampe dans toute l'Europe, en Afrique et
en Asie Mineure. - En 1445, le grand Philiberto Marshalli eut l'idée de la teindre en vert et de la renommer «extra-vierge». Le succès fut immédiat. - Au seizième puis au dix-huitième siècle, utilisant des teintes différentes, ses successeurs la mirent en marché sous le nom de «premier pressage», de «second pressage»,
de «pressage à froid» (etc.) ce qui en fit un produit alimentaire très recherché mais c'est en 1868 que Giuseppe Michelangelo Marshalli, utilisant un autre stratagème, allait assurer sa renommée mondiale : il en tripla tout simplement le prix et depuis, embouteillée dans des contenants de différents formats, tous de luxe, l'huile Marshalli est devenue un
status symbol. Aucune ambassade, aucun gouvernement n'osant ne pas en mettre au moins deux bouteilles sur ses tables lors de ses réceptions officielles.
Aussi versés dans la fabrication du vinaigre, les Marshalli ont mis en marché en 1995 un vinaigre balsamique dit «extra-vieux» dont le prix astronomique le réserve aux gens riches et célèbres non sans avoir, la même année, triplé, également, le prix de leur vinaigre de base.
(1) Padoue 59 av. J.-C. - Rome 17 apr. J.-C. - Historien latin, Tite-Live est l'auteur d'une
Histoire de Rome (des origines jusqu'à 9 av. J.-C.) inachevée, en 142 livres, dont 35 seulement ont été conservés.
(2) Voir à
Comentarii Marshalli, note 2
(3)
Rome 63 av. J.-C. - Nola 14 apr. J.-C. - Caius Julius Caesar Octavianus Augustus fut un empereur romain (27 av.
J.-C. à 14 apr. J.-C.). - Appelé d'abord Octave, puis Octavien, il est le petit-neveu de Jules César et son héritier. Associé avec Antoine et Lépide dans un triumvirat
(-43), il garda pour sa part l'Italie et l'Occident, et vainquit l'armée républicaine à la bataille de Philippes
(-42). Seul maître du pouvoir après sa victoire d'Actium sur Antoine (-31), il reçut, outre le titre d'Auguste
(-27), les pouvoirs répartis jusqu'alors entre les diverses magistratures. Il organisa une société fondée sur le retour aux traditions antiques et administrée par un corps de fonctionnaires recrutés dans les classes supérieures (ordre sénatorial et ordre équestre).
(4) Voir à descendance d'Éléazar le Croisé)