|
Pour les chroniques précédentes de nos correspondants
cliquez sur
ce lien .
|
|
Simon Popp
Montesquieu - Lettres
persanes - 1721...
«Il y a une espèce de
livres que nous ne connaissons point en Perse, et qui
me paraissent ici fort à la mode : ce sont les journaux.»
(Lettre CVIII)
Est-ce qu'il faut que je le
répète encore une fois ?
Je ne lis pas les
journaux. Depuis des années.
«Oui, mais vous
semblez être au courant de tout.» (C'est une chose qu'on me disait
du temps où il était encore possible d'aller luncher seul, assis aux
bars de certains restaurants.)
Je l'étais, oui, la
plupart du temps. (Voir le P.-S. à la fin.)
C'est que...
Dans les bars, y'a
toujours eu des journaux et, n'étant pas tout à fait aveugle, il m'a
été la plupart du temps difficile de ne pas en voir les grands titres. Et puis, depuis des années, on y a installé des écrans où
les nouvelles du jour, faute de sports, sont diffusées en boucles :
circulation, météo, incendies suspects, éternels scandales politiques,
Trump et compagnie - Sans oublier les
clients qui insistent pour se répéter entre eux les bulletins de
nouvelles que je n'ai pas écoutés dans mon auto.
Uniquement dans les bars
? Mais non. Suffit d'avoir des oreilles et, à moins d'être sourd, l'on
apprend ce qui se passe dans le monde. Au bureau, chez le coiffeur, sur
Internet, dans toutes les familles, les conventions et même là où
l'on s'est arrêté pour acheter un bout de fil ou des boutons de
manchette.
J'ai toujours fait
attention, quand même, les lendemains d'élections. Juste pour ne pas savoir
le plus longtemps possible quel crétin avait été élu la veille. - Une
sorte de repos passager. - Mon record a été de six jours. - S'agissait
d'élections provinciales et j'étais en France au moment où les téléphones portables
ou cellulaires n'existaient pas encore, ni leurs
SMS. - «T'es libre pour le lunch ? - Oui. - Où veux-tu aller ? - Je
ne sais pas, moi... Chez La Pérouse ? - Où ? - Quai des Grands-Augustins.
- Où ? - En face du Quai des Orfèvres. - Où est-tu ? - À
Paris. - FU !» (Histoire vraie)
Mais là, avec la pandémie,
l'isolementation promulgué par l'état, il m'est venu à l'esprit
qu'il serait peut-être important que je sache quand et où je pourrais m'aventurer
plus loin que la porte avant de ma chaumière. Et plutôt que, via
l'Internet, de faire des recherches sur le personnage du prêtre dans
l'oeuvre de Balzac ou la pensée relativiste dans les écrits
post-proustiens, je suis allé voir du côté des nouvelles. Et voilà
sur quoi je suis tombé :
Un
meurtre à Rawdon en 2019. Cinq hommes inculpés
-
Des
tours de communications incendiées. Un couple de Sainte-Adèle
soupçonné
-
Un
sexagénaire coupable de meurtre non prémédité
-
Évaluation
psychiatrique pour la mère d'une fillette assassinée dans le
quartier Villeray
-
Un
immeuble de Laval rasé par les flammes
-
Des
ossements humains retrouvés dans Lanaudière
-
La
panique anti-5G atteint le Québec (?)
-
Une
énorme cache d’opium découverte dans les Laurentides
-
Une
ex-enseignante sortant de prison blâme ses victimes
-
...
Bout de bon dieu ! À
quoi peut bien cela peut rimer que de savoir qu'il y a plus de meurtres
du côté nord-est de l'Île de Montréal et d'attaques à l'arme
blanche (sic) lors de la fermeture des bars sur la rue Saint-Laurent ?
Je sais : ne pas aller du
côté nord-est de l'Île de Montréal, à ne pas faire mon épicerie à
trois heures et demi du matin sur le boulevard Saint-Laurent...
(Remarquez que les deux
n'ont jamais fait partie de mes projets, même à long terme.)
Sauf qu'on ne me parle
jamais des vraies nouvelles :
Ce qui est arrivé, par
exemples, après l'arrestation des célébrités suivantes, accusées (à la une) de
crimes d'origine
sexuelle :
-
Le cardinal
George Pell
(d'Australie), le numéro trois au Vatican
-
Le comédien,
musicomane et conférencier Edgar Fruitier
-
Marcel Brisebois,
l'ex-directeur du Musée d'art contemporain de Montréal...
Pell
Fruitier
Brisebois
Tant qu'à publier
n'importe quoi...
Simon
P.-S. : Renseigné,
Simon ? - Un jour, dans un bar (toujours), j'appris que Villeneuve
venait de remporter je-ne-sais-plus quelle course... - «Y'est pas mort
?» ai-je posé comme question. - «Pas Gilles : son fils, Jacques
!» qu'on m'a répondu. Et c'est là que j'ai appris que Gilles
Villeneuve avait eu un fils. - Tout finit par se savoir, Même sans les
journaux.

|
|
Herméningilde Pérec
Retour à la normale
J'entends depuis
plusieurs jours que les gens ont hâte que l'on retourne «à la
normale». - Je veux bien, mais quelle normale ? - Celle
d'il y a trois mois (déjà !) ? - Ou celle d'avant le nouveau Pont
Champlain ? À moins qu'on veuille parler du temps où Gérald Tremblay
était maire de Montréal ? Ou serait-ce Doré ? Je sais : du temps des
Olympiques. À moins que ce soit de l'Expo... Y'a quelqu'un dans la
salle qui se souvient des boîtes à chansons, du retour triomphale de
Paul-Émile Léger nommé cardinal à Rome ? C'était à la défunte gare
Windsor....
Julien Green se
faisait dire un jour par sa tante ou sa grande-tante qu'il n'avait pas connu l'avant-guerre... - Un peu tout de même
parce que Green était quand même né en 1900. - Mais non : elle parlait du temps où
l'Empereur, Napoléon III se promenait aux Champs Élysées avec ses
chevaux.... d'avant la guerre de 1870, naturellement
Alphonse Allais disait
dans une de ses chroniques que les témoins de l'époque napoléonienne
(du premier, celui mort à Ste-Hélène) se faisaient, en 1900, de plus en plus
rares...
Mon «à la normale» ?
- J'y pense depuis plusieurs jours et je n'arrive pas à me faire une
idée.
Ce n'est pas - ce qui
suit - une chose
à laquelle on pense régulièrement. J'en ai parlé à d'autres «p'tits
vieux» [lire : d'autres personnes de mon âge] et tous
m'ont confirmé qu'ils n'y pensaient pas beaucoup. M'ont même demandé
pourquoi je leur posais la question.
Un copain m'écrivait récemment
qu'il faudrait peut-être cinq, et même dix ans, avant que la rue
Saint-Denis (à Montréal) redevienne «comme avant».
Passons à autre chose.
À une nouvelle «normale». Je n'ai pas l'âge pour attendre.
Et puis comme disait l'autre : «Vous savez, le bon vieux temps,
j'espère qu'il ne reviendra jamais.» (*)
- Devait se souvenir de la cuisine de sa grand-mère.
(*) William Claude Dukenfield,
dit W. C. Fields (Note de l'éditeur)
Chez la mienne, il
fallait lui dire merci avant de se mettre à table. De peur
d'oublier. Plus tard, j'ai appris qu'elle avait appris à cuisiner chez
les Borgia.
La «normale»,
c'est ce qui s'en vient : en mieux ou en pire. Entre les deux, quoi. Un
peu comme les quotients intellectuelles : quoiqu'on fasse, la moitié
des gens seront moins intelligents et l'autre, plus.
H. Pérec

|
|
Copernique Marshall
Québec libre anyone ?
«I used to care but things
have changed»
(Bob Dylan from "Wonder
Boys")
J'ai été bien content l'autre jour
quand le nom de Duplessis ne fut pas mentionné au cours d'une
discussion sur l'indépendance du Québec, une discussion à laquelle j'ai bien fait
attention de ne pas me mêler.
D'abord, je ne savais pas que cette indépendance
faisait encore partie du paysage politique de notre «Belle Province».
Faut dire que je ne suis pas, depuis longtemps, du groupe, relativement
petit, de ceux qui
veulent faire évoluer la société (ce qui ne veut pas dire qu'à un
moment donné, je l'ai été) et puis, surtout, que si j'avais
ouvert la bouche, on m'aurait tout de suite relégué parmi ceux qui
sont nés avant la Révolution Tranquille et donc issu d'un
temps où tout était gratuit et beau.
(Pas tout à fait, tout de même, je
suis né avec elle. En '60. Je vais donc me sexagénérisé cette année.
- Cléo, quant à elle, aura 49 ans bientôt. Pour une dixième fois.
Mais vous c'est entre vous et moi, hein.)
Mon père, lui, n'est pas né, comme
la rumeur le veut, sous le régime de Duplessis, mais bien de celui du
prédécesseur de son prédécesseur, Louis-Alexandre Taschereau,
celui à qui on doit l'inoubliable (quand on a y circulé ne serait-ce
qu'une seule fois) boulevard qui va de Laprairie à Longueuil, sur la
rive sud de Montréal, mais il ne l'a pas connu. À trois ans, ce
Taschereau avait déjà cédé sa place à l'Honorable
Joseph Adélard Godbout qui...

... nous dit-il, ne fut - avec le recul que seuls
des gens de sa génération peuvent se permettre d'ajouter - ni plus
bête, ni plus intelligent, ni plus efficace, ni plus avant-gardiste,
ni plus «révolutionnaire» que furent ces successeurs :
Le ci-dessus nommé Maurice le
Noblet Duplessis, Paul Sauvé, Antonio Barette,
Jean Lesage, Daniel Johnson (père), Jean-Jacques Bertrand, Robert
Bourassa, René Lévesque, Pierre-Marc Johnson, Robert Bourassa (à
nouveau), Daniel Johnson (fils), Jacques Parizeau, Lucien Bouchard,
Bernard Landry, Jean Charest, Pauline Marois, Philippe Couillard et,
présentement, François Legault.
Vous les avez compter ? Seize
(dix-sept si vous êtes prêt à admettre que le Robert Bourassa qui a
suivi Pierre-Marc Johnson était différent de celui qui a précédé
René Lévesque). Dix-sept en 76 ans...
Vous n'avez pas fait de moyenne,
j'espère car, si Duplessis à été là 15 ans, Pierre-Marc Johnson,
Sauvé et Barette n'ont pas été là plus que 6 mois ; Pierre-Marc
Johnson n'a duré précisément que 70 jours et donc moins que les «100»
jours de Sauvé (119 pour être exact). Et vous savez la plus
surprenante statistique qu'on peut tirer des partis qui ont été au
pouvoir au cours des derniers 76 ans ? J'irai même plus loin : au
cours des derniers 100 ans, le siècle qui nous sépare de la
(re)prise du pouvoir par le Libéral Taschereau mentionné ci-dessus le 9
juillet 1920 (car son prédécesseur, libéral lui-aussi, était là
depuis 1905), le parti libéral n'a été là que 55% du temps, moins
que la moité (48%) entre l'occupation des Unionistes de Duplessis et
depuis l'arrivée des «Séparatisses» (c'est ainsi qu'on les
nomma à Ottawa) de Lévesque, en 1985 .
D'autres chiffres tout aussi intéressants
:
-
149 jours seulement séparent
la longueur des régimes de Duplessis (5,490 jours) et des deux Bourassa (5,341).
-
Charest a été au «pouvoir»
plus longtemps que Lévesque (plus de six mois)
-
Bouchard et Bernard Landry
(ensemble) ont duré moins longtemps que Couillard...

Duplessis
Bourassa Deux
inoubliables et inoubliés des premier ministres du Québec *
Qu'est-ce à dire ?
Il semblerait que même depuis
Duplessis, aucun
parti politique a réussi à changer quoique ce soit au Québec depuis 1867 : que le Québec a été et demeure
toujours une province canadienne. Que malgré toute les lois qu'on a adoptées au Québec, rien n'a changé dans sa situation en général,
malgré ses deux référendums, les clameurs à la «Maître chez
nous» de Lesage», le Fleur de Lys et les impôts provinciaux de
Duplessis, les tentatives de souveraineté-association de Lévesque,
l'étapisme de ses successeurs, le rapatriement de la Constitution à
laquelle le Québec dit de s'être jamais joint et puis Mulroney, le
ti-gars d'Iron Ore.
(Sans compter les discussions fort sérieuses
qui eurent lieu à la fin du XIXe siècle qui devaient mener à
l'annexation du Québec aux États-Unis... parce que, même
aujourd'hui, un état américain a plus de pouvoir par rapport
Washington
qu'une vulgaire province puisse en avoir à Ottawa...)
Duplessis disait, dans les années
trente et quarante qu'on n'avait rien à craindre des communisses ; que
dans cinquante ans, ils seraient toujours dans l'est de Montréal à
distribuer des dépliants. - S'est trompé de trois, quatre décennies.
Non pas un, mais des politiciens fédéralistes,
ne l'ont jamais dit, mais ils ont eu la même idée à propos des séparatisses,
dès qu'ils ont entendu parler, en 1957, de la Laurentie de
Barbeau et la fondation du RIN. - L'histoire, cinquante ans après - et
c'est pas fini - leur a donné raison.
Je m'arrête ici je signe «un homme né
sous le régime de Lesage» (et donc «maître chez lui» ?
Permettez que j'ajoute un mot :
Vous voulez l'indépendance du Québec
? Mêlez-vous donc de politique fédéral. Fondez un parti pan-canadien
et commencez très tôt à être d'accord avec les habitants de la
Colombie Britannique ; que ce n'est pas à un petit groupe d'Ontariens de
leur dire comment ils doivent transiger avec les Asiatiques avec qui
ils ont plus en commun qu'avec leur concitoyens (sic) de l'île du
Prince-Edouard. Soyez à l'écoute des gens des prairies qui
revendiquent le droit de disposer de leur blé et de leur pétrole
quand, à qui et à quel prix . Présentez-vous dans l'est et appuyer ceux qui disent que la pêche
n'est pas du domaine de gens qui n'ont jamais vu un navire de leur vie.
Dites aux gens de Toronto que ce qui empêche l'expansion de leur
économie c'est le fardeau du Québec (que ce soit vrai ou faux, ça
n'a aucune importance)...
L'idée est de :
Faire éclater le Canada, ce pays
artificiel, ingouvernable qui est la cause des maux des Provinces, pas
juste du Québec (voyagez un peu, posez des questions de St-Jean
Terre-Neuve à Victoria, Colombie Britannique. vous allez le constater)
et qui est
devenu centralisateur grâce à des pouvoirs qu'on ne pouvait soupçonner
en 1867.
Pensez en plus grand : à un pays
formé de régions qui remettraient à Ottawa les seuls pouvoirs
qu'elles, conjointement, ces régions seraient consentantes à lui
donner. La défense, par exemple, le transport inter-régions, la
justice même (mais pas son administration), mais certainement pas le
pouvoir de taxation, du moins dans sa forme actuelle.
Vous verrez très vite les allégeances
qui se formeront entre les provinces des prairies, les provinces des
maritimes, le Québec, l'Ontario et ces lointains cousins de l'autre côté des Rocheuses...
Après, décidez, quoique cela ne
sera pas facile, si le Québec doit devenir carrément une bonne vielle
dictature, une société socialiste,
socio-capitaliste, capitalo-socialiste ou même communiste.
(Hé : riez pas le communisme existe
depuis plus de mille ans dans les abbayes, les monastères, les
couvents... ce qui prouve que ce n'est pas un régime qu'il faut
craindre... M'enfin oui, mais pour d'autres raisons que politiques.)
Maintenant je signe :
Un qui est né sous un des régimes
provinciaux pas plus autonomes que tous les autres.
Copernique
P.-S. : Vous direz ce que vous
voudrez, mais on avait plus de fun avec les Créditistes.

|
|
Jeff Bollinger
Éducationnement
Êtes-vous dans la même situation que nous sommes, Élyanne et
moi ? Vous êtes au début de la quarantaine, vous avez des enfants à élever
et vous vous demandez ce que vous pouvez bien leur enseigner... qui leur sera
utile... plus tard.
Plus tard...
Mais c'est demain, plus tard.
Et ce demain ne ressemblera en rien à ce que nous avons
connu tous les deux et encore moins à ce que nos parents ont connu. Quant à nos
grands-parents, à ceux de Simon ou de Monsieur Pérec, qui disent avoir connu
les leurs, autant ressortir des manuels de bienséance du temps de Louis XIV,
des livres de cuisine du Moyen-Âge ou un manuel sur l'art de se protéger
contre le scorbut.
J'ai eu un oncle qui est mort après avoir blasphémé
jusqu'à son dernier souffle (il y a deux ans). Contre la médecine et ses
charlatans. Pendant des années, souffrant d'un ulcère «gastro-duodénal»,
tout ce qui était le moindrement épicé, le tabac et l'alcool lui furent
interdits et il passait ses journées à se frapper la poitrine et à boire du
lait de magnésie pour d'éternelles brûlures à l'estomac. On lui parlait de
stress, de nervosité, de tension nerveuse, rien à faire. Bon an, mal an, ses
douleurs revenaient. Au printemps parce qu'il avait besoin de vacances. À
l'automne car il lui fallait les payer. - Puis, une dizaine d'années avant de
mourir, il apprit que ces maux étaient dus à une bactérie, l'«Helicobacter
pylori» (j'ai vérifié), et en une quinzaine de jours, grâce à des antibiotiques,
ses problèmes disparurent pour être remplacé
par un désir fou d'assassiner tous les médecins qu'il avait consultés
pendant des années.
Faut dire qu'il avait eu de la pratique.
Mais pour en revenir à nos enfants. Il nous faut des heures
pour comprendre ce qui se trouve dans leurs manuels scolaires. Même leurs
jouets nous sont étrangers.
Quant à leur avenir...
Mes parents ne m'avaient pas préparé à faire face un jour
à une pandémie et des masques.
Et l'on a tué toutes les Cassandre, je crois.
[Une pause]
Oui, oui, les enfants. J'arrive !
(Ça fait dix semaines qu'ils sont dans la maison.)
Jeff

|
|
Georges Gauvin
Pis les masques ne nous vont pas
Je me suis
souvenu cette semaine avoir entendu, y'a pas si longtemps, une femme, même pas de la
«haute», une femme bien ordinaire, une femme dont le mari était
le propriétaire d'une petite entreprise, une femme pas plus inintelligente
qu'une autre, relativement bien éduquée, dire, au cours d'une
banale conversation, qu'elle ne comprenait pas comment une famille
normale pouvait réussir à joindre les deux bouts avec des
revenus sous la barre d'un certain montant qui, à ce
moment-là, était le double de ce que nous gagnons présentement mon
chum et moi.
Je me demandais ce qu'elle
pouvait bien faire ces temps-ci. pas de coiffeuse, pas de
manucuriste, pas de masseuse, pas de bridge et les boutiques de
linge fermées.
Doit faire venir de la pizza. -
Ben quoi, elle a de l'argent pour payer. - «Pas d'anchois et
pas d'appartement...»
Une chose que j'ai réalisé
ces temps-ci :
J'ai plus de talent pour faire
«des lunchs» que de la véritable cuisine..
Chose que mon chum a réalisé
:
Qu'à part sa job pis les
sports, y sait pas quoi faire de ses deux bras.
Et, incapable de me comparer à
d'autres depuis quelque temps, j'ai pris la décision de ne plus
jamais enfiler un maillot de bain.
Docteur Kildare, Marcus
Welby, comme disait Lucien Francoeur... S'il vous plaît,
v'nez nous chercher !
George

|
|
Fawzi Malhasti
Morceau choisi
C'est beau l'écouter, mais parfois, il
faut le lire...
Les vieux copains
Tout ridés fatigués
Qui vous tendent la main
Après bien des années
Les vieux copains
Que l'on voit s'en aller
En se tenant par la main
Pour ne pas culbuter
Les vieux copains
Qu'ont les yeux comme les cieux
Quand les cieux sont tout gris
Et qui voient pour le mieux
Les vieux copains
Tout salis par le temps
Qui n'est plus qu'à la pluie
Quand il pleut dans les yeux
Je suis un de ceux-là mon Dieu!
Donnez-moi des jardins
Pour cueillir la jeunesse
Pour couper les années
Pour en faire des tresses
Pas ma jeunesse à moi
Elle n'était pas heureuse
Mais celle que voilà
Dans les bras d'une gueuse
Avec ses seins trahis
Sous la robe trompeuse
Avec le reste aussi
Et croyez-moi, Petite
J'étais souvent gentil
Avec le coeur devant
Et mes rêves dedans
Les vieux copains
Qu'on avait cru des fois
Prendre l'or de leur voix
Pour t'offrir un bijou
Les vieux copains
Qui te prenaient le temps
Pour se faire un printemps
Et t'en donner un bout
Les vieux copains
Qu'ont le passé passé
Dans leurs pas trop pressés
A marcher sur l'Amour
Les vieux copains
Qui disent "Comment vas-tu"
Et qui ne savent plus
Ni leur nom ni le tien
Je suis un de ceux-là mon Dieu!
Rendez-moi la Folie
Celle que je cachais
Dans le fond de mon lit
Lorsque la nuit venait
Et que je dénonçais
Dans le froid du silence
Les raisons de la chance
A faire que la vie
Se raconte ou se vit
Ça dépend du talent
Qui se donne ou se vend
Quand on a décidé
D'écrire ou de chanter
L'Amour et l'Amitié
Qui ne font que passer

Les vieux copains
Que je ne reconnais plus
Qui passent dans la rue
En traînant des chagrins
Les vieux copains
Tout courbés par le temps
Quand le temps est au Nord
Quand le Nord est d'accord
Les vieux copains
Qu'ont des rides souillées
Par des larmes séchées
A travers les années
Les vieux copains
Qui mangent à la Sécu
Et qui ne savent plus
Où est le quartier Latin
Les vieux copains
Tout courbés par le temps
Quand le temps est au Nord
Quand le Nord est d'accord
Je suis pas de ceux-là mon Dieu!
Je vous rends la passion
Que vous m'avez prêtée
Un jour de déraison
Pour croire à vos conneries
Pour croire à vos enfants
Alors que cette vie
N'est faite que d'un instant
Je naîtrai demain matin
Quand les chevaux vapeurs
De tous mes vieux copains
S'électriseront
Et réinventeront
Dans leur âme fanée
Les roses de l'Enfer
La Folie du plus Fou
Et tous ces vieux copains
Se mettront à chanter
Camarades, électrisons-nous!
Et si quelques étoiles
Veulent nous voir
On pourra toujours leur prêter
Quelques VOLTS en supplément
Et alors... et alors...
Elles nous verront DEBOUT
Avec nos mains dans leurs coutures
Camarades
Ciao !
Léo Ferré -
Les vieux copains - 1990
Fawzi

|
|
De notre disc jockey - Paul Dubé
Mozart, Bach, Beethov, Brel et Julio
Iglesias
(Étant un simonesque plagiat)
« […], pendant 30 ans,
sous les Borgias, les Italiens ont connu la guerre, la terreur,
le meurtre et des massacres, mais ils
ont fini par découvrir Michel-Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance.
Après 500 ans d'amour fraternel, de démocratie et de paix, qu'est-ce
les Suisses ont eu à s'offrir ? L'horloge à coucou ! » dit Harry Lime à Holly
Martin dans
Le Troisième Homme, un film réalisé en 1949 par Carol Reed, sur un scénario de Graham Greene.- Harry lime : Orson Welles. Holly Martins :
Joseph Cotten.
Vous savez...
Ce que j'écrivais
le mois dernier à propos des fans des Beatles peut facilement
s'appliquer aux inconditionnels de Bach qui sont prêts à écouter
ses trois mille huit cent vingt sept variations pour, au choix : flûtes
(en tous genres), hautbois, bassons, trompettes, trombones, violons,
violoncelles, viols de gambe, contrebasses, claviers (surtout celles écrites pour son clavier
bien tempéré),
etc. ... et les trouver toutes géniales ; je pourrais, dans la même veine
mentionner ceux pour qui il est
impensable de parler de Mozart sans lui ajouter le mot «divin» ;
quant aux membres frénétiques munis de torches qui se présentent régulièrement
devant ma porte pour clamer haut et fort que Brel était le plus grand de tous...
Parallèlement, j'ai connu des
gens pour qui Proust était d'un prodigieux ennui, qui lisait Léautaud
que pour les bouts «cochons» ou qui insistait pour dire que
certaines pièces de Shakespeare n'étaient pas historiquement correctes.
- Ou qui ne lisait que les livres ayant été vendus à plus de 50 000
copies.
Et si vous êtes de mon milieu, vous avez dû, comme moi, connaître
des mères et des grands-mères qui pleuraient en
lisant des cartes de souhaits «Hallmark».
Puis, comme tout le monde, j'ai appris l'expression passe-partout
qui sert d'excuse à tous ceux qui sont incapables d'expliquer leur
penchant pour les romans d'Harlequin, les vêtements en lycra, Céline
Dion et la poutine de chez «Margot,
la reine du pain "à'" viandes»
(*). Cette expression est :
Tous les goûts sont dans la
nature.
(*) Voilà une marque de commerce dont
j'utilise rarement le nom depuis que, il y a des années de cela, à
l'Exposition Provinciale (du Québec), j'ai vu, en face du «Bingo des
Zouaves» (sic) un comptoir dont l'affiche se lisait, justement, «X, la reine»
de ce fameux pain.» Qui sait ? Peut-être a-t-elle (ou a-t-il) des droits
commerciaux sur cette appellation, tout comme, dans le coin, ici, on ne
peut pas dire «Le spot à Ben» sans faire une génuflexion...
Toutes les excuses finissent par être bonnes pour dire
n'importe quoi.
Je crois que c'est Copernique qui disait l'autre jour, en
citant je-ne-sais-plus-qui, que tout ça, c'était bien beau, mais que
quels que soient ses penchants, il y avait un fait incontestable pour tous
et chacun de nous : «Il y a des oeuvres, des plats, des paysages... des
affaires que l'on trouve plus belles ou moins belles que d'autres.»


Tenez :
Je ne suis pas un fan d'Elvis, mais je peux vous dire
qu'écouter un de ses premiers enregistrements, «That's All Right,
Mama» est une chose qu'il faut avoir entendu dans sa vie. En voici
un extrait (j'ai coupé le solo de guitare qui est affreux) :
Extrait de That's All Right, Mama
chanté par Elvis Presley : 
Sauf que je n'aurais aucune difficulté à trouver chez lui, tout comme
chez Bach ou le chez le divin Mozart des guirlandos emmerlandos
(comme disait Mayol dans sa «Fifille à sa mère» lorsqu'elle exécutait
des sonates tout entières)...
Jadis, je demandais aux fans de Bach qui n'en connaissaient que deux morceaux
(Je parle de «Jean-Sébastien Bach» qu'il ne
faut pas confondre avec «Offen») s'ils préféraient ses suites françaises
à ses suites anglaises et si, dans le lot, y'en avait un qui disait «les
françaises», je lui demandais par qui. - Aux amateurs du divin Mozart, c'était
plus facile : je n'avais qu'à mentionner les quatuors prussiens ou une de
ses inconnues opéras, en particulier Mitridate, re di Ponto
(Mithridate, roi du Pont) pour qu'ils se taisent
Finalement
, j'ai opté pour dire qu'à ce moment-là j'étais plutôt du côté des
symphonies de Mahler et, quand il s'est mis à devenir populaire, je suis
passé à Scriabine.
Tout ça pour dire que Wittgenstein (le snobisme passe par toutes les
formes) avait raison : que la communication entre les êtres humains
est impossible.
Elle l'est toujours ; quand on ne sait rien, on a tout à apprendre et
que c'est généralement à deux ou trois qu'on découvre, comme ce fut le cas de plusieurs dans les années soixante, le «dernier»
des Beatles, leur pseudo-révolutionnaire musique qui l'était,
quand même, par rapport à Patti Page, Perry Como et Guy Lombardo (and
His Royal Canadians) Sauf
qu'il ne fallait pas s'arrêter là.
Ben quoi ? Vous n'êtes pas me reprocher d'avoir cessé de pleurnicher avec
Tchaikovski pour passer au découragement total avec Mahler et ses lieder
sur la mort des petits enfants, non ?
(Hé : je viens d'apprendre que les Ice Capades
(*), une calamité si
jamais on m'a amené à en voir une, ont cessé d'exister en 1995, plus de
cinquante ans après leur création. - Faut croire qu'il y a une certaine
justice dans le monde....)
(*)Voir à la fin - Note de l'éditeur.
*
Ce qui me fascine en ce moment, car, pour une raison quelconque je
ne l'avais jusqu'à présent jamais noté, c'est l'étonnement des quadragénaires
devant la découverte qu'ils sont bien obligés de faire devant
l'impossibilité de communiquer avec la génération
qui les suit.
Oh, c'est une chose à laquelle ils finiront par s'habituer sauf
qu'il leur restera une étape encore plus difficile à franchir - et
peu seront en mesure de le faire - c'est celle de constater que ceux
qui les ont précédés
dans l'océan des âges, ceux qui sont venus avant eux, ont oublié ce
qui leur reste à découvrir.
Leur reste une solution temporaire : s'impatienter devant les deux.
Trouver les jeunes trop bêtes et le vieux trop lents ou trop
radoteux.
J'ai appris en même temps pourquoi les vieux se répètent : parce
que ceux à qui ils parlent ont toujours l'air de ne jamais les écouter.
Et en terminant ?
Ceci :
Au début, ce genre de réflexions me fascinaient. Puis elles ont
fini par me lasser. Et finalement, plutôt que de me lever et m'en
aller quand elles se mettent en branle dans les conversations - une preuve irréfutable de mon ignoranteté (ou pire encore :
de mes jugements à l'emporte-pièce) - j'ai appris à changer les
sujets des conversations sans qu'on s'en aperçoive. - Quoi ? Vous
vous en êtes jamais aperçu ? - Ben voilà.
Oui mais... Julio dans
tout ça ? - Oh, tout simplement un des meilleurs crooners qu'il m'a
été donné d'entendre. - Dans la lignée de Carlos Gardel.
Oui, je sais : c'est
pas connu.
Carlos Gardel - El
dia que me quieras (1935)

Carlos Gardel est né Charles Romuald Gardès, à Toulouse, en
France et est décédé
le 24 juin 1935 dans un accident d'avion près de Medellin, en
Colombie, à l'âge de 44 ans.
Son oeuvre et sa voix font partie
des Mémoires du Monde de l'UNESCO depuis 2003.
paul
P.-S. :
(Une note à propos
des Ice Capades, en réponse à Madame*** qui
relit parfois mes textes avant que je les envoie à l'éditeur du
Castor™.)
Oui, Madame, les Ice
Capades, une véritable calamité. Sur glace par dessus le
marché, moi qui n'ai jamais appris à patiner. - Pire qu'un
sermon sur la concupiscence ou Lemelin qui avait de la difficulté
à lire ses propres textes parce qu'ils étaient trop mal écrits.
- J'ai toujours cru qu'on m'y avait amené de force (per vim)
pour me punir, sauf que je n'ai jamais su précisément de quel
crime on me soupçonnait. Sans doute grave au point où passer
deux mois enfermé dans ma chambre aurait été un doux châtiment.
- En existe deux ou trois extraits filmés sur YouTube. Sait-on
jamais ? Si l'un de vos petits enfants devient un pédophile ou
un assassin... - Vérifiez d'abord si les Benoit Sisters
y paraissent.
*
In memoriam
Richard Penniman mieux connu sous le nom de
«Little Richard»
1932-2020

|
|
Lectures
Note :
Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables
critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections»
des livres, revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de commentaires,
souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui les signent désirent donner leurs opinions,
opinions que n'endosse pas nécessairement la direction du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.
|
Louis Fréchette
Las d'avoir lu et relu, au cours des deux derniers mois
(et demi) de confinement, des classiques ou d'avoir regardé sur Internet des pièces
filmés de Molière, Racine, Corneille ou
Shakespeare et même des films de Passolini (sic !), j'ai fouillé
dans un des recoins les moins explorés de ma bibliothèque pour
retrouver deux volumes de Satires et Polémiques de Louis Fréchette
(voir à la fin pour les détail) qu'une admiratrice, non pas de moi,
mais de Fréchette (quoique, avec le recul...), m'a offerts lors d'un
mes trop nombreux anniversaires (il y a quelques années) et dans
lesquels elle a eu l'amabilité, sinon la prévoyance, de ne pas
inscrire son nom, de peur sans doute d'être éventuellement, citée.
ici ou ailleurs. - Sauf que je n'arrive pas à me rappeler de son nom.
«Mille trois cent trente-deux
pages, que je me suis dit. Une affaire de deux jours, trois au
gros max»...» - Vous savez : quand on passe
ses grandes journées à la maison... - Mais non, je m'y suis vautré
presque deux semaines, une bouteille d'eau-de-vie à la main, il va
sans dire (*).
(*) Tandis que
j'y pense : faudrait que je me mette à cette fameuse diète à la
vodka et à l'eau. Paraît qu'en une seule semaine, on peut perdre
jusqu'à deux jours.
Pas eu le temps,
encore, de lire la biographies de ce Louis-Honoré Fréchette
(1839-1908) qui fut poète (ugh !), dramaturge (au XIXe, au Québec
?), homme politique (re-ugh !), mais un fort délicieux écrivain
comme on n'en fait plus aujourd'hui : drôle, satirique, vicieux même
et qui avait comme têtes de turc les curés, les abbés, bref : tous
les religieux de l'époque (y compris le pape), les monarchistes (je
ne savais pas qu'il y en avait eus ici, parmi sans doute mes arrières-grands-parents)
et tous les pompeux personnages du temps qui, eux, ne sont jamais
disparus complètement.

Louis Fréchette
(Pas la tête de l'emploi, je vous prie de me croire !)
Je me suis particulièrement
attardé sur sa Petite histoire des rois de France qu'il a
publiée sous la forme d'un feuilleton dans la Patrie en 1883.
Tenez, je vais vous en
citer le début :
«Commençons par Childéric ler qui fut, à vrai dire, le premier roi de France - Pharamond, Clodion et Mérovée n'ayant pas été autre chose que de simples chefs de bande.
Childéric Ier commença à régner en 458. Ses débauches furent telles que les leudes le chassèrent du trône. Déjà la révolution !
L'aimable monarque se réfugia chez Basin, roi de Thuringe, qui lui accorda généreusement l'hospitalité.
Pour l'en récompenser, il séduisit Basine sa femme, et pendant huit ans souilla la demeure de son bienfaiteur.
Rappelé par les leudes, il remonta sur le trône, et recommençait ses beaux exploits, lorsqu'il vit arriver Basine, qui avait déserté son mari pour retrouver son séducteur.
Le bon évêque Grégoire de Tours, l'aîné des historiens français, raconte la chose dans tous ses détails.
Suivant lui, Childéric ayant demandé à cette guenon pourquoi elle le poursuivait ainsi, voici ce qu'elle répondit.
Il faut mettre cela en latin, le latin dans les mots bravant l'honnêteté :
"Quia utilitatem tuant noverim et quant sis strenuus, ideoque veni ut
cohabitem tecum ; nam noveris, si [in] transmarinis regionibus
aliquem cognoviscem UTILIOREM quant tu, issem UT COHABITEM CUM."
("J'ai su apprécier votre mérite et votre vigueur ;
c'est pour cela que je suis venue ; car vous n'ignorez pas que, si
j'avais connu au-delà des mers un homme mieux fait pour plaire à
une femme, c'est avec lui que je serais allée habiter.")
La réponse était éloquente, et Childéric l'épousa.
Elle était déjà mariée, mais les rois n'y regardent pas de si près. Quand on est sur le trône, on joue au mariage comme on joue au bouchon.
Vous pourrez en juger dans le cours de mes petits récits. En tout cas, cette Basine fut la première reine de France.
Cette grue, dont le dernier polisson de nos jours renierait la parenté, donna le jour à Clovis, le vainqueur de Tolbiac...
Ainsi, la vie du
premier des rois de France peut se diviser en chapitres dont les
titres seraient ceci :
Luxure immonde
Révolution
Exil
Trahison
Concubinage effronté
Restauration
Mariage déshonorant
Bigamie.
Bien commencé,
n'est-ce pas ?
Hé bien, vous allez voir que cela continue magnifiquement.»
Magnifiquement, oui.
Mais si l'auteur de ce - disons le mot - pamphlet insiste plutôt sur
certains côtés et oublie quelque peu certains autres (qui ne
sauraient faire oublier les premiers), l'ensemble de cet essai
historique n'en demeure pas moins fort agréable en ces jours pluvieux
qui, sauf pour les trois, quatre derniers, furent assez exécrables
au cours du mois dernier.
Et puis y'a une section
sur Jeanne d'Arc, une sur l'enfer, une sur l'Index...
À recommander, mais
pas pour les jeunes filles qui pourraient être à l'écoute. - Je dis
cela pour qu'elles s'empressent de lire les deux volumes de :
Louis Fréchette
Satires et polémiques, vol. I et II
Édition critique par
Jacques Blais, Luc Bouvier et Guy Champagne
Les Presses de l'Université de Montréal, 1993
Attention : il se peut
que ce soit épuisé. Et si ça ne l'est pas, c'est pas bon marché.
Simon
*
Romans policiers...
Le volet VI de cette
série est toujours en phase rédactionnelle, les bibliothèques
publics étant fermées depuis le 15 mars dernier. On nous annonçait
leur réouverture pour le 29 du mois qui vient de s'achever, mais celle
qui nous permettait d'y effectuer des recherches n'a pas encore établie
le protocole qui nous permettra de mettre un point final à nos
commentaires sur Ross Macdonald, le troisième des innovateurs
américains dans le domaine des private eyes. Pour le moment,
nous poursuivons l'accumulation de nos notes quant aux personnages qui
ont suivi ceux de ces trois précurseurs.
Qui sait ? Lors du prochain Castor™,
peut-être allons-nous réussir à publier, et un volet VI et un volet
VII.
Copernique

|
|
L'extrait du mois
Gall et Sheldon
Dans sa chambre, Gaal trouva un homme qui l’attendait. La surprise l’empêcha d’articuler tout de suite l’inévitable «
Que faites-vous ici ? » qu’il avait sur les lèvres.
L’inconnu se leva. Il était assez âgé et presque chauve, et il boitait légèrement, mais il avait le regard vif.
« Je suis Hari Seldon », dit-il, et Gaal reconnut aussitôt ce visage dont il avait tant de fois vu la photographie.
«Bonjour, monsieur, dit Gaal. Je... je...
— Vous pensiez que nous n’avions rendez-vous que demain ? C’est exact. Il se trouve seulement que, si nous voulons employer vos services, nous devons faire vite. Il devient de plus en plus difficile de recruter du personnel.
— Je ne comprends pas, monsieur.
— Vous parliez avec quelqu’un sur la tour d’observation, n’est-ce pas ?
— Oui. Un nommé Jerril. C’est tout ce que je sais de lui.
— Son nom importe peu. C’est un agent de la Commission de la Sécurité Publique. Il vous a suivi depuis l’aéroport.
— Mais pourquoi ? Je suis désolé, mais je ne vous comprends pas très bien.
— Cet homme ne vous a-t-il rien dit à mon sujet ? »
Gaal hésita un instant.
« Il vous appelait Cassandre Seldon.
— Vous a-t-il dit pourquoi ?
— Il a prétendu que vous prédisiez le désastre.
— En effet. Que pensez-vous de Trantor ? »
Décidément tout le monde semblait tenir à connaître son opinion sur Trantor. Gaal ne put que répéter : « C’est superbe...
— Vous dites cela sans réfléchir. Que faites-vous de la psychohistoire ?
— Je n’ai pas pensé à l’appliquer à ce problème.
— Quand vous aurez travaillé quelque temps avec moi, jeune homme, vous prendrez l’habitude d’appliquer la psychohistoire à tous les problèmes... Regardez. »
Seldon tira d’une poche de sa ceinture son bloc à calcul. On disait qu’il en avait toujours un sous son oreiller pour s’en servir en cas d’insomnie. Le bloc avait à l’usage perdu un peu de son brillant. Les doigts de Seldon pressèrent les touches de matière plastique disposées sur les bords de l’appareil. Des symboles mathématiques se détachèrent en rouge sur la surface grise.
« Ceci, dit-il, représente la situation actuelle de l’Empire. »

Il attendit un moment.
« Il ne s’agit sûrement pas d’une représentation complète, fit enfin Gaal.
— Non, pas complète, dit Seldon. Je suis heureux de voir que vous n’acceptez pas aveuglément mes affirmations. Toutefois, c’est une approximation qui suffira aux besoins de ce que je veux découvrir. Vous êtes d’accord ?
— Sous réserve que je vérifie plus tard la dérivation de la fonction, oui
»,
Gaal prenait bien soin de ne pas se laisser entraîner dans un piège.
« Bon. Ajoutez à cela la probabilité d’un assassinat de l’empereur, d’une révolte du vice-roi, de la récurrence des crises économiques, de la diminution des voyages d’exploration...
»
A mesure qu’il parlait, de nouveaux symboles apparaissaient sur le petit tableau pour venir s’adjoindre à la fonction primitive, qui s’étendait et se modifiait sans cesse.
Gaal n’interrompit Seldon qu’une fois : «Je ne vois pas l’intérêt de cette transformation.»
Seldon répéta celle-ci plus lentement.
« Mais, dit Gaal,
vous utilisez une socio-opération interdite.
— Parfait. Vous avez l’esprit vif, mais pas tout à fait assez. Elle n’est pas interdite dans ce cas-là. Je vais recommencer en utilisant la méthode d’expansion. »
Ce procédé était beaucoup plus long et, quand Seldon eut terminé le calcul, Gaal reconnut humblement : « Ah ! oui, je comprends maintenant. »
Seldon enfin annonça : « Et voici Trantor dans cinq siècles d’ici. Comment interprétez-vous cela ? Hein ?
» La tête penchée de côté, il attendit.
« La destruction totale ! fit Gaal, incrédule.
Mais... mais c’est impossible. Trantor n’a jamais été...
»
Seldon était vibrant d’excitation ; on sentait que son corps seul avait vieilli. «
Mais si, mais si. Vous avez vu comment on parvenait à ce résultat. Exprimez cela en mots. Oubliez un instant les symboles.
— A mesure que Trantor devient plus spécialisée, dit Gaal,
elle devient plus vulnérable, moins apte à se défendre. Or, à mesure que s’y développe l’administration centrale de l’Empire, la planète devient une proie plus enviable. D’autre part, étant donné les difficultés croissantes que soulève le problème de la succession impériale, les querelles toujours plus violentes qui opposent les unes aux autres les grandes familles, le sentiment de la responsabilité envers la société va s’affaiblissant.
— C’est assez. Et quelles sont les probabilités numériques de destruction totale d’ici cinq siècles ?
— Je ne saurais vous le dire.
— Voyons, vous savez tout de même faire une différentiation de champ ?
»
Gaal se sentit pris de court. Seldon ne lui proposa pas son bloc à calcul ; il dut donc faire ses opérations de tête. La sueur se mit à couler de son front.
« Environ 85 pour cent ? dit-il enfin.
— Pas mal, dit Seldon, pas mal, mais ce n’est pas tout à fait cela. Le chiffre exact est 92,5 pour cent.
— Voilà donc, dit Gaal, pourquoi on vous appelle Cassandre Seldon. Comment se fait-il que je n’aie jamais rien vu de tout cela dans les journaux ?
— On ne peut pas publier des choses pareilles, voyons. Vous ne pensez tout de même pas que l’Empire irait révéler ainsi sa faiblesse. C’est une démonstration de psychohistoire élémentaire. Mais certains des résultats de nos calculs sont venus aux oreilles de l’aristocratie.
— C’est ennuyeux.
— Pas forcément. Nous en tenons compte.
— Voilà donc pourquoi on me questionne ?
— Exactement. On cherche à se renseigner sur tout ce qui touche à mon projet.
— Êtes-vous en danger, monsieur ?
— Bien sûr. Les probabilités en faveur de mon exécution sont de 1,7 pour cent, mais ce n’est naturellement pas cela qui nous arrêtera. Nous en avons également tenu compte. Nous vous verrons, je suppose, demain à l’université.
— C’est entendu », fit Gaal.
Isaac Asimov
(1920-1992) - Foundation, vol. 1 - Gnome Presse,
1951

|
|
Le courrier
M. Grégoire Chevrette - Laval, Québec
Le mot «menottes» vient du
latin «manciola» d'où le mot anglais «manacles».
Dr. Alphonse Massé - Ste-Rose de
Watford, Québec
Nous regrettons, mais l'échangeur
Turcot, direction, a été fermé cette fin de semaine-là (ce week-end-là,
pour nos amis européens)..
Ms Aubrette Tessier - Palaiseau, France
Les recherches effectuées par le
Professeur Lebrun de l'Institut n'ont pas réussi à démontrer le rapport
entre la Rosine du Barbier de Séville de Beaumarchais et la
chanson Questions indiscrètes crée par Mayol en 1905 (dont les
paroles et la musique étaient de Maquis, Trébitsch et de Nola).
M. Romain Goddu - Saint-Malo,
France
Elle avait dix-neuf ans. Ingrid Bergman,
33 et Falconetti, 36.
Mme Jacquenette Poirot -
Sint-Gillis-Wass, Belgique
Un fer huit, si vous venez de la
droite, un sept, si vous venez de la gauche.
M. Benoît Gaudreault -
Salaberry-de-Valleyfield, Québec
Cher Monsieur,
J'ai bien peur que le Fonds Solidaire
d'Action Locale Concertée et de Développement Sectoriel, Trans-culturel
et Post-partenarial ait été absorbé par l'A.R.N.A.Q. il y a quelques
années. - Aux dernières nouvelles, son unique membre, Gaston «Two reels»
Gingras oeuvrait dans le domaine de la décentralisation des mouvements
latéraux d'émergence près de Sainte-Pie [de Bagot] dans le MRC des
Maskoutains.
Cordialement,
Roger Pochette-Normandin,
Directeur administratif de
La Fondation des Organismes
para-universitaires de l'UdeNap

|
|
Dédicace
Cette
édition du Castor est dédiée à :

Guy Maufette
(1915-2005)
|
|
Le mot de la
fin
«Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux : c'est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d'être vécue, c'est répondre à la question fondamentale de la philosophie. Le reste, si le monde a trois dimensions, si l'esprit a neuf ou douze catégories, vient ensuite. Ce sont des jeux ; il faut d'abord répondre. Et s'il est vrai, comme le veut Nietzsche, qu'un philosophe, pour être estimable, doive prêcher
l'exemple, on saisit l'importance de cette réponse puisqu'elle va précéder le geste définitif. Ce sont là des évidences sensibles au cœur, mais qu'il faut approfondir pour les rendre claires à l'esprit.»
Marcel Camus - Le mythe de Sisyphe - 1942

|
|
Autres sites à
consulter

Webmestre : France L'Heureux

Webmestre : Éric Lortie
Webmestres : Paul Dubé et Jacques Marchioro
|
|
Notes et autres avis
Clauses et conventions :
Le Castor™ de
Napierville est le fruit de plusieurs interventions de la part d'une
multitude d'intervenants :
-
En tête, son
programmeur qui a pour tâche de transformer son contenu en
fichiers HTML de telle sorte à ce qu'il puisse être diffusé en
textes lisibles sur Internet
-
En arrière-plan,
son éditeur qui réunit dans un ordre pré-établi les textes et
images qui en font parti
-
Les chroniqueurs,
chercheurs, concepteurs qui en rédigent chaque numéro.
-
Viennent ensuite
les correcteurs, vérificateurs, inspecteurs et surveillants qui
en assurent la qualité.
mais d'abord et avant
tout :
Autres informations,
conditions et utilisation
Le Castor™ de
Napierville est publié une fois par mois, le premier lundi de chaque
mois.
En haut, à gauche, à côté
de la date, est indiqué le numéro de sa version ou de son édition. Le
numéro1.0 indique sa première et suivent, selon les correctifs, ajouts
ou autres modifications, les numéros 1.2, 1.3, 1.4.... 2.0, 2.1, 2.2
etc. - La version 3.0 indique qu'il s'agit de son édition finale qui, généralement,
coïncide avec sa version destinée au marché américain, celle qui
paraît en principe avant ou le jeudi suivant sa première édtion.
Si le Castor™ de
Napierville a un siège social, il n'a pas de salle de rédaction et
compte tenu de la situation géographique de chacun de ses
collaborateurs, tout le ci-dessus processus se déroule in auditorium
c'est-à-dire en présence du public via l'Internet.
Nous prions nos lecteurs,
etc.
Historique :
Fondé en 1900 par le Grand Marshall, le CASTOR DE NAPIERVILLE fut, à l'origine, un hebdomadaire et vespéral organe créé pour la défense des intérêts de l'Université de Napierville et de son quartier. - Il est, depuis le 30 septembre 2002, publié sous le présent électronique format afin de tenir la fine et intelligente masse de ses internautes lecteurs au courant des dernières nouvelles concernant cette communauté d'esprit et de fait qu'est devenu au fil des années le site de l'UdeNap, le seul, unique et officiel site de l'Université de Napierville.
De cet hebdomadaire publié sur les électroniques presses de la Vatfair-Fair Broadcasting Corporation grâce à une subvention du Ministère des Arts et de la Culture du Caraguay, il est tiré, le premier lundi de chaque mois, sept exemplaires numérotés de I à VII, sur papier alfa cellunaf et sur offset ivoire des papeteries de la Gazette de Saint-Romuald-d'Etchemin et trois exemplaires, numéroté de 1 à 3, sur offset de luxe des papeteries Bontemps constituant l'édition originale, plus trois exemplaires de luxe (quadrichromes) réservés au Professeur Marshall, à Madame France DesRoches et à Madame Jean-Claude Briallis, les deux du Mensuel Varois Illustré.
Autres informations :
1 - Sauf indications contraires : Tous droits réservés. - Copyright © UdeNap.org. - La reproduction de tout ou partie du matériel contenu dans cette édition du Castor™ est interdite sans l'autorisation écrite des auteurs.
2 - Malgré l'attention portée à la rédaction de ce journal, ses auteurs ou son éditeur ne peuvent assumer une quelconque responsabilité du fait des informations qui y sont proposées.
3 - Tel que mentionné ci-dessus : les erreurs de frappe, de date et autres incongruités contenues dans ce Castor™ seront ou ont déjà été corrigées dans sa version destinée au marché américain.
4 - La direction du Castor™ tient à préciser qu'aucun enfant n'est victime d'agressions sexuelles au cours de la préparation, pendant la rédaction et lors de la publication de son hebdomadaire.
.
|
|
Liens :
Le Castor™ - Index (2018, 2019, 2020)
Le Castor™ - Fondation et équipe originelle
Le Castor™ - Organes affiliés
*
Le Castor™ - Édition précédente
Le Castor™ - Édition suivante
Le Castor™ - Édition courante

|