Marcel Proust
Un point de vue personnel
de
Paul Dubé
(et Copernique Marshall)
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Raisons
invoquées
pour ne pas lire Proust
Il y a plusieurs raisons pourquoi Proust n'est pas lu. En voici quelques unes, parmi les plus courantes :
1 - À l'époque où nous vivons, où notre
attention est continuellement sollicitée de toutes parts par les journaux, la
radio et la télévision, la lecture d'À la recherche du
Temps perdu, avec ses sept parties,
ses trois mille pages, ses un million deux cent mille
mots, exige beaucoup trop de
temps et, sur une longue période, un travail de
concentration et de mémorisation trop considérable pour être
raisonnablement entrepris.
2 - À la recherche du temps perdu est un roman dit autobiographique, mais dans lequel le narrateur
n'a pas d'âge, disparaît régulièrement pour laisser place à d'autres ou raconte
des faits auxquels il n'a pas participé et dont il n'a pas été témoin.
- Ce sont là des caractéristiques auxquelles il peut être difficile de
s'adapter et qui laissent même l'impression qu'il s'agit d'une oeuvre
mal organisée.
3 - Y est inséré, entre autres, un roman (souvent publié séparément) qui se rapporte à des événements qui se sont déroulés des années
avant sa naissance. Et un roman qui n'est pas, en lui-même, ce qu'on
pourrait juger exceptionnel.
4 - On y retrouve des
phrases si longues et si tortueuses qu'il faut souvent s'y reprendre à deux ou trois fois pour en comprendre le sens.
5 - On s'y perd
facilement parmi les centaines (milliers) de personnages qui y sont mentionnés.
6 - Parmi ces
personnages, certains, importants, disparaissent sans explication, mais
réapparaissent parfois des centaines de pages plus tard, souvent sans avertissement.
7 - Ils sont
composés entre autres de ducs, duchesses, comtes, barons et princesses d'une époque totalement disparue.
8 - À la recherche du Temps perdu
contient un nombre considérable d'apartés, commentaires et essais sur
: l'art, la
psychologie, la physiologie, la mort, la
gastronomie... qui n'ont aucun rapport avec les événements qui s'y
déroulent, événements qui semblent, parfois, n'être décrits que
pour insérer ces apartés.
9 - Et tout cela est écrit
dans une chronologie tout à fait déroutante.
10 - Quant aux soixante pages, au tout début, qui ont pour thème un homme qui se retourne dans son lit...
En moins bref :
Si vous aimez les romans où il se passe quelque chose, lisez plutôt Marcel Aymé, Zola, Simenon, Hugo même
(notamment : Les Misérables et Notre-Dame de Paris). - Yourcenar, tant qu'à y être. - Car chez Proust, ne comptez pas
trop sur les faits divers,
les histoires, les historiettes ou récits quelconques ou une
trame qui pourrait animer tant soit peu l'ensemble. Il y en a, certes, mais noyés dans une suite de réflexions qui semblent sans fin.
Non seulement les phrases
de Proust sont longues et tortueuses, mais elles ralentissent le rythme
habituel de tout lecteur digne de ce nom, quelle que soit son expérience ou inexpérience.
- Elles sont souvent si longues qu'il faut, comme nous le disions
ci-dessus, s'y reprendre à deux ou trois reprises pour en comprendre le sens. - Vous trouverez
en annexe, à titre de curiosité, la plus longue qu'on a retenue... 840
mots ! -
Nous avons dit des centaines de personnages ? - On en a dénombrés plus de deux mille (2,500 selon diverses études tenant compte de ceux dont le nom n'apparaît qu'une seule fois et les anonymes [cochers, serviteurs, revendeurs...] dont plusieurs ont un impact tangible sur les faits décrits dans
À la recherche).
- Certains d'entre eux sont mentionnés dans les premières parties pour ne revenir que deux à trois cents pages plus tard quand ce n'est pas cinq ou six cents ou, encore, ont tendance à disparaître sans qu'on sache ce qui leur est arrivé.
- Un exemple frappant de cet état de choses est la mère du
narrateur qui
a quand même un rôle important dans ce roman et qui se volatilise, à la toute fin, en "allant prendre une tasse de thé chez Madame Sazerat"... un personnage des plus secondaires.
Et puis, c'est long. - Plus de trois mille pages ! - Sans compter les notes, variantes et esquisses que la Pléiade a cru bon d'inclure dans sa dernière édition (Tadié - 1987 à 1989) : 3.024 pages en plus du texte (3.046 pages). - Si long qu'il faut compter avec les retours sur ce qu'on a déjà lu ne
serait-ce parfois que pour se retrouver, un exercice qu'il faudra faire
plusieurs fois... pendant, à moins de ne pas dormir pendant des jours... plusieurs
semaines - en moyenne - car À la recherche ne se lit pas d'un trait. S'attendre à consacrer de deux à trois mois, une estimation fort optimiste car tous les gens que nous avons connus et qui ont décidé, quoiqu'il arrive, de
le lire d'un bout à l'autre, y ont, en moyenne consacré un an parce que, croyez-le ou non, quand ils sont arrivés vers la fin, ils ont ralenti leur rythme de lecture.
- La raison ? C'est qu ce qu'il leur a paru interminable au départ
est devenu tout à coup presque ensorcelant comme si l'auteur aurait
voulu sans fin retenir notre attention. - Et ils se sont immédiatement
mis à le relire...
Si vous ne nous croyez pas, allez lire, juste pour le plaisir, le premier rapport de lecture du premier volume d'À la recherche
(Du côté de chez Swann), tel que rédigé par le comité de lecture de l'éditeur Fasquelle, un des nombreux éditeurs qui
ont refusé sa publication en 1912. - Il est en annexe
à cette page.
Ce rapport se termine ainsi :
"Mais, dans l'ensemble, et même dans chaque ensemble, il est impossible de ne pas constater ici
un cas intellectuel extraordinaire.
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