Si la plupart des historiens s'accordent à dire que le cinémacaraguayen est né avec «Servicio de información horaria» d'Alfonso
Gagliano (1928) - film
perdu au cours de la guerre de 1931-1934 (entre la Bolivie et lecaraguay) -, personne n'ose plus contester aujourd'hui que ce film n'a été visionné en tout et partout que par quelque 200
personnes dans l'entourage immédiat du général Juan en Mangas de Camisa entre la date de sa première représentation (en 1927) et la mort de ce dernier en 1931.
De ce film, il ne nous reste rien sinon une fiche documentaire, à demi brûlée (objet d'une exposition à
Achgabat, au Turkménistan en 1969), qui n'indique que le nom de son réalisateur et son format : 16 mm. plus deux dessins représentant : l'un, l'ange Gabriel annonçant à Marie la venue du Christ et
l'autre, une machine à coudre d'un modèle inconnu. - L'historien Raoùl Mendez (fusillé en 1942) décrit dans son livre sur l'Art cinématographique («Ir al
cine» - Université de San Isidor - 1939) les tentatives infructueuses qu'il a faites pour rejoindre ceux qui auraient vu ce film.
Le cinéma aucaraguay date, en fait de 1909 ou 1910, date à laquelle le général Afeminado, renversé, condamné puis gracié par Juan en
Mangas de Camisa, de retour d'exil (Espagne, puis France, puis États-Unis), revint aucaraguay avec un projecteur et différentes bobines d'un film aujourd'hui oublié et qui s'intitulait «En
celo» (En chaleur) du réalisateur brésilien Ramon Olvidarse qu'il présenta pour la première fois au Théâtre de la Statue (El teatro del Statua), place de la
Revoluçion, en 1912. Ce film fut suivi de plusieurs autres dont «La chevauchée du bel Antonio» (de Simon Templar - USA, 1915) et «Le soleil brillera après-demain»
de Gustavio Monette (France, 1916), tous présentés dans le cadre de différents spectacles de riota - soit en introduction soit en complément de programme mais ce ne fut pas avant 1920-1921, date
de l'électrification du pays (dont, notamment, le sud-ouest) que la présentation de films finit par se répandre dans tout lecaraguay.
À partir de 1923, plusieurs tentatives furent faites pour créer un cinéma typiquementcaraguayen (Milos, Culo, Aguas, etc.) mais les films alors réalisés, tous sous la
dictature de Juan en Mangas de Camisa, se limitèrent à des bandes d'actualité où ce général et président était successivement représenté lors de bals
inauguraux, en train de discourir sur la place de la Révoluçion ou tout simplement en famille. - Seul, Juan de Bajeza osa tourner, à partir de 1926, des scènes de la vie rurale mais la diffusion
de ses deux-bobines fut assez limitée.
Il fallu attendre un retour à une certaine liberté pour qu'en 1934, une véritable industrie cinématographique s'installe au pays parallèlement à celle
officielle, du Gouvernement. - voir à Alfonso Gagliano, cité ci-dessus.
Dès 1933, en effet, de longs métrages mettant en vedette des chanteurs d'orchestres «tipica» commencèrent à être diffusés dans tout le pays à un moment où les plus
populaires chanteurs de l'époque ne pouvaient être partout à la fois.
En 1935, les films de Carlos Gardel, le célèbre chanteur argentin, Luces de Buenos Aires - Adelqui Migliar, 1931, Espérame - Louis J. Gasnier,
même année, La casa es seria - Alfredo Le Pera, 1931 et surtout El tango en Broadway, Louis J. Gasnier, 1934, étaient également tout aussi répandus aucaraguay que
pouvaient être ceux d'El Grande Tia de San Isidor, l'une des toutes premières vedettes du cinémacaraguayen.
La première grande période vint avec La noche y tú d'Alfonso Sandoval (1941) qui inaugura, aucaraguay, le film semi-documentaire qui allait déboucher sur
un mouvement contestataire dont l'aboutissement fut le renversement des officiers nationalistes et l'instauration du Général Rodolpho de la Bohemia en 1953.
Dès lors, les films de fiction ne cessèrent d'être produits notamment dans les studios de la Subvención, en banlieue de San Isidor del Casso, avec des réalisateurs non
sans talents tels Curioso, Digustado et Pretencioso qui, jusqu'en 1961, réalisèrent des centaines de films dont certains pouvaient rivaliser avec ce qui se faisait de mieux au Mexique à la même
époque.
Avec la venue de la télévision (1960 à 1962), le cinémacaraguayen s'engagea dans un mouvement qui n'eut, par la suite, que des conséquences heureuses.
Certains critiques font coïncider ce tournant avec la diffusion, un mardi soir - et par erreur -, de l'Année dernière à Marienbad d'Alain Resnais (1961),
sous-titré en turkmène (voir à Turkménistan) sur les ondes de la Televisión Nationale
de Caraguay. - Nous
ne questionnerons pas ce fait mais noterons qu'à partir de cette date, trois courants semblent s'être dégagés dans le cinémacaraguayen
et ce, au travers trois réalisateurs d'envergure
internationale que d'aucuns estiment être les chefs de fil de ce renouveau :
Carlos Pontificado dont les films sont dans la continuité de ses prédécesseurs mais qui a été fortement influencé par le cinéma
américain. - Ses films, souvent tournés pour la télévision, sont des sortes de grandes fresques romanesques où interviennent de nombreux personnages.- Sa série Ambulantorio qui
se passe dans un hôpital de la banlieue de San Isidor durera treize ans sur les ondes de la télévision nationale.
Jesus Dominante qui demeure le maître incontesté du documentaire. Ses
films sur
les jumeaux sont très connus. (Lien à suivre.)
et Juan de Putilloso, le plus représentatif des réalisateurs de l'avant-gardecaraguayenne.
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