Que ce numéro paraît
exceptionnellement un mardi et qu'il n'a pas pu
être complètement révisé à cause d'une panne électrique qui a paralysé
nos installations pendant toute une journée.
Bonne lecture !
Éditorial
Bonne année ?
Depuis longtemps, à
l'Université de Napierville, nous avons perdu la notion de ce que pouvait
être un Nouvel An, non seulement un Nouvel An, mais un Jour de
l'An ; comme si, sur la translation que fait l'insignifiante planète sur
laquelle nous vivons autour d'une étoile tout aussi insignifiante, avait débuté
un jour précis et que les êtres que nous sommes, intelligents comme nous
l'étions à l'époque, allaient s'en souvenir jusqu'à la fin des temps.
Combien de fois avons-nous répété,
ici, qu'aux dernières nouvelles Jésus-Christ était venu au monde quatre
ans avant lui-même ? C.Q.F.D.
Vous y croyez, vous, au
Nouvel An ?
Alors bonne année, mais ne
nous en demandez pas plus.
Comme disait le Professeur le
jour de son récent anniversaire : «Quelle joie, ce matin, quand je me
suis aperçu que j'allais avoir, plus tard, ce soir, un jour de plus
qu'hier et même deux par rapport à avant-hier !»
La direction
Chroniques
Les chroniques précédentes de nos
correspondants pourront être
à nouveau consultées quand elles auront été révisées et reclassées.
Simon Popp
Aussi loin que...
Avant-propos
On m'a dit de ne pas oublier de
vous souhaiter, chers lecteurs et chères lectrices, une Bonne année,
le Paradis à la fin de vos jours, le Succès dans vos études ou la Réussite dans
vos affaires PLUS tout ce que vous désirez,
y compris la Santé et le Bonheur.
Voilà, c'est fait. Maintenant, passons
à quelque chose de plus sérieux.
Aussi loin que je puisse me rappeler de
mes études...
... je n'y vois qu'un profond ennui, la
sensation d'un immense temps perdu sauf les moments où, entre camarades,
il nous arrivait de parler de la musique que nous écoutions, des livres
que nous lisions ou des films que nous avions été voir la semaine précédente.
À bien y penser, c'est grâce à eux que
j'ai pu apprendre, par exemples, qu'il y avait autres choses que : ces
insipides poèmes de Sully Prud'homme (*)
qu'on nous faisait lire et commenter en classe ; des styles d'écriture
différents de ceux d'Anatole France ou de Prosper Mérimée ; des
chansons beaucoup plus intéressantes que ceux de l'abbé Gadbois ; que
le Some Like it Hot de Billy Wilder était - et de très loin -
meilleur que Les Dix Commandements de Cecil B. De Mille... - Dois-je
continuer ?
(*) Je n'ai rien contre Sully
Prud'homme (sauf qu'il a été le premier récipiendaire du Prix Nobel
de la Littérature) mais quand, à dix-sept ou dix-huit ans, l'on
pouvait entendre chez un ami Baudelaire chanté par Léo Ferré...
Je ne sais pas si les choses ont changé,
mais je soupçonne que l'éducation consiste encore et toujours à
essentiellement supprimer la curiosité qui est à la base même de la
connaissance. C'est ce qui permet à des gens, même sains d'esprit, de
dire n'importe quoi sur...
Tenez :
Vous savez, si vous m'avez déjà
lu, ne serait-ce qu'une fois ou deux, que je ne m'intéresse pas du tout
à la politique. Pourquoi ? Parce que, quel que soit le pays dans lequel
on vit, ce que vous en dit n'a aucun rapport avec la réalité.
Or, je me suis intéressé au cours des
derniers semaines sur ce qui se passe en ce moment aux États-Unis pour
savoir si ceux qu'on interview dans la rue savaient de quoi ils
parlaient. - Un acte de pure optimisme.
La plupart d'entre-vous ne me croiront
pas quand je leur aurai dit, par exemple, que j'ai lu depuis plusieurs jours
une bonne partie du rapport du Comité Spéciale de la Chambre des Représentants
sur ce qui s'est passé le 6 janvier 2021 à proximité de - et même à
l'intérieur de - l'édifice du Capitol à Washington : un document de
plus de 800 pages dont l'"Executive Summary" en fait
175 à lui tout seul. Non seulement ai-je lu ce "Summary",
mais je suis même penché, et beaucoup, sur les transcriptions des
questions et réponses de plus importants témoins qui ont comparu
devant ce comité (il y en a eu plus de 1,000 [1,200, j'ai entendu ce
matin]) : Cassidy
Hutchinson, Bill Barr, Ivanka Trump, John Eastman, Michael Pompeo, Pat
Cipollone, etc. - J'ai même regardé à la télé
je-ne-sais-plus-combien d'émissions (nouvelles ou autres) sur ce 6
janvier.
(J'ai eu le temps : voir le
post-scriptum.)
J'ai également pris connaissance, entre autres, des rapports d'impôt
de l'ex-président Donald Trump que l'on vient finalement de dévoiler,
du nombre de documents confidentiels qu'on a retrouvé dans la résidence
de cet ex-président, des démêlés qu'il a présentement avec la
justice, etc.
Et vous savez ce que j'ai appris ?
Que les Américains, règle générale,
ont un système d'éducation qui leur a fait perdre toute la curiosité
qu'ils pouvaient avoir car ils ne se posent aucune question sur :
le fait que chaque état américain
a deux
représentants au Sénat, quelle que soit sa population. - Exemples
: le Wyoming, pop. de 579,000, deux sénateurs, la Californie,
pop. de 39,000,000 (15 fois plus !), deux sénateurs....
le fait que le président américain
n'est pas élu par la majorité de ses électeurs, mais par la
majorité des états où ses électeurs ont voté ; et encore :
via un collège électoral d'une complexité indescriptible...
le fait que, malgré les règlements
auxquels il est assujetti, leur tout-puissant Internal Revenue (équivalent
à un ministère des impôts) n'a pas révisé les dernières déclarations
de l'ex-président des USA, Donald Trump...
le fait que ce Donald Trump a menti
effrontément, parmi d'autres déclarations semblables (depuis le
temps qu'il est là...), en répétant
que la raison pour laquelle il ne pouvait pas rendre publiques ses
déclarations était qu'elles étaient toutes en révision...
et ainsi de suite.
Ah ! Que revienne le temps où comme au
Lycée Papillon (Georgius), les élèves, au lieu d'apprendre
l'utilisation du pronom "dont" dans les relatives, la règle de trois, le principe d'Archimède,
la beauté du triangle de Pythagore,la différence entre un dactyle et un spondée...
pouvaient exprimer librement leurs connaissances comme suit :
Vercingétorix né sous Louis Philippe
Battit les chinois un soir à Roncevaux
C'est lui qui lança la mode des slips
Et mourut sur un échafaud.
Les ruminants sont des coléoptères
Tels que la langouste et le rat d'égout
Le cheval de bois, le pou, la bell'mère...
Qui bavent sur sa proie et qui avalent tout.
C'est en Normandie que coule la Moselle
Capitale Béziers et chef-lieu Toulon
On y fait l'caviar et la mortadelle
Et c'est là qu'mourut Philibert Besson.
...
Et passant du coq à l'âne, pouvez-vous
m'expliquer pourquoi, au lieu de laisser les enfants jouer avec deux
bouts de bois qu'ils manient comme des épées ou des boîtes de carton
transformées en châteaux-forts, on les force à suivre des cours
d'escrime, de violon, de peinture et même à jouer au football avec des
faux "vrais" buts ?
P.-S. - Écrit le 2 janvier 2023 :
Si tout se passe bien, j'aurai, dans
trois jours, réussi quelque chose que j'ai souhaitée depuis des années,
plusieurs années, trois et peut-être même quatre décennies :
Disparaître du 19 décembre d'une année
au 5 janvier de la suivante.
J'ai même fermé mon téléphone
portable le 31 décembre au cas où l'on aurait essayé de me rejoindre
!
Et aujourd'hui, je n'y répondrai pas.
Simon
1...]
Herméningilde Pérec
Petite tête
«Hé oui, mon cher Hermy,
nous aurons, l'an prochain, à la même date, un jour de plus que la veille.»
C'était... il y a à peine
quelques jours. Plus précisément le 25 décembre dernier. Le jour de son et
de mon (le hasard est vraiment curieux) anniversaire. L'anniversaire du
Professeur, il va sans dire.
Je le regardais, discrètement serrer les
mains à ceux venus lui offrir les voeux d'usage et
je me disais qu'il était quand même étonnant de voir la verté
(pardonnez-moi ce mot tout-à-fait rabelaisque) de ce bonhomme qui continue à
être ce cerveau-phare qui nous guide dans la nuit des informations qui nous
parviennent vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur nos grands ou petits écrans
(*).
(*) on nous a offert récemment,
à Madame et à celui vous écrit, un de ces téléviseurs plus grand que
buffet de notre salle-à-manger et un abonnement à 114 chaînes. Au téléviseur,
nous allons nous habituer, mais à ces 114 chaînes ?
L'ennui, avec ma vieillesse -
je dis bien ma vieillesse, pas celle du Professeur -, c'est qu'il y a
de moins en moins de places pour emmagasiner dans ma petite tête tout ce qui
me parvient au jour le jour.
Quand même, je ne saurais
oublier de vous souhaiter à tous et à toutes un très beau et très heureux
Nouvel An.
H. Pérec
Copernique Marshall
Sérendipité
Vous savez ce que c'est que la sérendipité
? D'abord, c'est un anglicisme (serendipity) quoique, comme le
mot "commuter", ce mot n'a pas d'équivalent en français(1).
- Le Robert en donne la définition suivante : "capacité,
aptitude à faire par hasard une découverte inattendue et à en
saisir l'utilité (scientifique ou pratique)." - Le Larousse
en dit à peu près la même chose.
(1) Tout comme le mot "entrepreneur"...
Or, quand on sait le but que s'est toujours fixé Le
Robert, on ne peut
pas faire autrement que considérer cette définition comme étant
limitée car elle est appuyée que par des exemples où le mot
"serendipité" est utilisé en français : dans des textes à nature
"scientifique ou pratique". Or, en anglais il est également
utilisé, entre autres, dans des textes à nature littéraire pour décrire,
par exemple, les découvertes de passages drôles dans des oeuvres
qu'on nous dit être sérieuses au départ. Dans À la recherche du
temps perdu, par exemple.
En anglais, il laisse également sous-entendre le plaisir que l'on peut retirer de la lecture - et surtout de
la relecture - d'un livre en y découvrant des choses auxquelles on ne
s'attendait pas ou, en le relisant, nous avaient échappé la première
fois. Les Mémoires de Churchill sont un exemple souvent cité
du côté de la littérature anglophone de ce plaisir qui consiste à
constater que, contre toutes attentes, on découvre que son auteur
avait toutes les qualités - en plus de son charisme ou de sa réputation
-
d'un grand écrivain : contrôle absolu d'un certain style, vocabulaire
immense et, de surcroît, précis, utilisation de métaphores et
d'effets divers pour exprimer des pensées avec précision et ainsi
de suite.
De ces plaisirs, je vous en souhaite beaucoup au
cours de ce Nouvel An !
Copernique
Jeff
Bollinger
Noël et le Jour de l'An
En vacances.
En famille.
Bonne année à tous !
Jeff
Fawzi Malhasti Textes choisis
Un ancien nous dit d’un ton d’instituteur : « Si tu n’as pas fait des choses dignes d’être écrites, écris au moins des choses dignes d’être lues. » C’est un précepte aussi beau qu’un diamant de première eau brillanté en Angleterre ; mais il ne m’est point applicable, car je n’écris ni un roman, ni l’histoire d’un personnage illustre. Digne ou indigne, ma vie est ma matière, et ma matière est ma vie. Ayant vécu sans jamais penser que l’envie pût un jour me venir de l’écrire, elle aura peut-être un caractère intéressant qu’elle n’aurait pas, sans doute, si j’avais vécu dans l’intention de l’écrire dans mes vieux ans et, qui plus est, de la publier.
[...]
Une chose digne de remarque, c’est que de toutes les langues vivantes qui figurent dans la république des lettres, la langue française est la seule que ses présidents aient condamnée à ne pas s’enrichir aux dépens des autres, tandis que les autres, toutes plus riches qu’elle en fait de mots, la pillent, tant dans ses mots que dans ses tournures, chaque fois qu’elles s’aperçoivent que par ces emprunts elles peuvent ajouter à leur beauté. Il faut dire aussi que ceux qui la mettent le plus à contribution sont les premiers à publier sa pauvreté, comme s’ils prétendaient par là justifier leurs déprédations. On dit que cette langue étant parvenue à posséder toutes les beautés dont elle est susceptible - et on est forcé de convenir qu’elles sont nombreuses -, le moindre trait étranger l’enlaidirait ; mais je crois pouvoir avancer que cette sentence a été prononcée avec prévention, car, quoique cette langue soit la plus claire, la plus logique de toutes, il serait téméraire d’affirmer qu’elle ne puisse point aller au delà de ce qu’elle est. On se souvient encore que du temps de Lulli toute la nation portait le même jugement sur sa musique : Rameau vint et tout changea. Le nouvel élan que ce peuple a pris peut le conduire sur des voies non encore aperçues, et de nouvelles beautés, nouvelles combinaisons et de nouveaux besoins.
Giacomo Girolamo Casanova
(Préface à ses Mémoires)
Hé ! On peut lire autre chose que
des souhaits en ce Nouvel An que je vous souhaite Bonne et Heureuse.
Fawzi
Paul Dubé
L'enregistrement du moi
Une auditrice (lectrice) que nous aimons bien,
Madame Monique Paquin, nous a fait parvenir
l'extrait suivant d'un concerto pour violon de Philip Glass :
Philip Glass - Concerto
No. 2
pour violon et orchestre
Jolie ? Oui. Probablement d'une grande beauté,
même si je ne l'ai écouté que deux (pardon : trois) fois,
mais à l'oeuvre de Philip Glass, je préfère, dans ce style répétitif
(et minimaliste), celle de Steve Reich dont le "Come out
[to Show Them]"
(1966) me fascine depuis des années. Son chef-d'oeuvre ? Music
for 18 musicians (1976) que vous pourrez écouter en cliquant
sur l'adresse qui suit :
Mais, pour en revenir à Philip
Glass, je serais incapable de ne pas vous conseiller d'écouter l'ouverture de son "La belle et la bête"
interprétée par Agèle Dubeau et La pietà
(Disque Amalekta, Philip Glass, Portrait, 1967, no. AN 2 8727), un de mes
enregistrements favoris qu'il m'arrive parfois d'écouter en
boucles :
Philip Glass - La Belle et la Bête
Philip Glass
Philip Glass à Florence 1993 (c) Wikipédia
Angèle Dubois (c) Luc Robitaille
L'extrait du mois
L'ortograf
Le Cid, en 1657, a été publié dans l'orthographe suivante :
“A Moy, comte, deux mots.
- Parle.
- Oste-moy d'un doute.
Cognois-tu bien Don Diègue ?
- Ouy.
- Parlons bas, écoute...
Sçais-tu que ce vieillard fut la mesme vertu,
La vaillance et l'honneur de sort temps ?
Le sçais-tu?”
Ces gens qui viennent parler de traditions, de France immortelle, etc., pourquoi ont-ils réformé et déformé l'orthographe infiniment
respectable de Pierre
Corneille ? Pourquoi la leur est-elle meilleure que la sienne ? Eux qui se font gloire du beau français du XVIIIe siècle, pourquoi n'écrivent-ils plus
François, paroître, etc. ? Et s'ils ont modifié l'orthographe de Corneille et de Voltaire, pourquoi ne modifieraient-ils pas la leur, laquelle est absurde ?
Car, évidemment, il est très rationnel d'écrire respect d'une part,
suspect de l'autre, ou examen et abdomen ! On voit toute la profondeur intellectuelle de subtilités comme
vieillotte qui s'écrit avec deux t et falote avec un seul,
siffler et persifler, consonne et consonance.
Il y a aussi des gens qui disent : "L'orthographe conserve l'étymologie du mot, le mot
traîne ainsi avec lui une partie de son histoire.". Mais poids vient de
pensum où il n'y a pas de d, dompter de domitare où il n'y a pas de
p, legs vient de lais où il n'y a pas de g.
Ophtalmologie vient d'ophthalmos, pourquoi la disparition du second
h? Trône vient de thronos, mais l'on tient à conserver
l'h de théâtre et de rhéteur.
On remarquera que trône prend un accent circonflexe alors que le mot grec a un
o court et que rhapsode (de même que zone) n'en prend pas, bien que provenant d'un mot grec avec un o long.
On dit aussi que les différentes orthographes de so (saut, sceau,
sot) permettent de distinguer ses différentes significations ; dans ce cas pourquoi n'y a-t-il pas différentes orthographes pour
son (possessif, vibration de l'air, rebut de mouture) ?
Le seul argument en définitive valable des adversaires de cette réforme, c'est que ça changerait
les habitudes. Avoir une orthographe aberrante qui vous met sur le même pied que les Anglais, les Irlandais et les Tibétains, voilà qui doit satisfaire des esprits patriotes qui pensent que les Français sont les gens les plus raisonnables du monde.
Changer leur orthographe, une telle perfection, une telle merveille, supérieure même à celle de Corneille ? Jamais. Et puis, ça vous pose. L'académicien X disait qu'il ne voulait pas de l'orthographe de sa concierge et
une dame des Lettres Françaises s'estimait assez intelligente pour utiliser l'orthographe bourgeoise. Quant au temps que les enfants perdent à apprendre cette orthographe délirante, ils estiment que ça leur fait les pieds aux gosses, et que ça leur élève l'âme. Ça leur apprend que
poids a un d parce qu'il ne dérive pas de pondus et qu'il ne faut pas prononcer le
p de dompter (surtout pas! c'est “vulgaire”), ce p qu'enfanta mystérieusement l'ancêtre
domitare. On lui cachera que toutes ces jolies choses, d'un intérêt extrême et qui développent grandement l'intelligence, sont des inventions de cuistres du XVIe siècle. On se demande pourquoi ils n'obligent pas les enfants à apprendre aussi le droit féodal, l'héraldique et la fauconnerie.
Raymond Queneau
Lectures
Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables
critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres,
revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de
commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui
les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction
du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.
Quelques notes sur deux romans fort différents
Est-ce que vous connaissez The Pickwick Papers
de Charles Dickens ?
Il s'agit du premier vrai roman écrit par l'auteur de
David Copperfield, le plus célèbre de écrivains anglais (après
Shakespeare) et sans doute le plus lu (après Agatha Christie).
Pas mal pour un auteur né en 1842, décédé en
1870, dont le dernier roman a paru en 1866, il y a plus de 150 ans.
La particularité de The Pickwick Papers est
que ce roman a été publié sous la forme de feuilletons sur une période
de 20 mois (19 épisodes, de mars 1836 à novembre 1837). Le nombre de copies du premier numéro fut
de 400. Le nombre de copies du dernier : 40,000. Ce qui donne une idée
de sa popularité et l'accueil qu'on a fait à ce tout nouvel écrivain
alors âgé de 24 ans.
Grosso modo, The Pickwick Papers décrit une
série d'aventures vécues par quatre personnages qui ont pour mission
d'étudier la nature humaine et ses répercussions dans l'Angleterre
au début du XIXe siècle, chaque épisode étant plus loufoque que la
précédente.
C'est un roman que j'ai lu à vingt ans et
dont je ne me rappelle que de vagues épisodes et que j'ai recommencé
à relire récemment, mais dans l'ordre et surtout l'espace-temps qu'il a
été diffusé, soit deux chapitres par mois, mais en accéléré...
enfin... deux chapitres par semaine. J'en suis à ma troisième
semaine (quatre, au moment où vous lirez ceci) et déjà, je commence
à percevoir ce que devaient ressentir ses premiers lecteurs (d'il y
aura bientôt 190 ans) dans l'attente, mois après mois, de ce dans
quel plat des personnages qu'ils connaissaient très bien allaient,
encore une fois, se mettre les pieds.
J'y reviendrai plus tard.
Pour le moment ? L'envie de me remettre à lire
Ponson du Terrail !
*
Dans un autre ordre d'idées :
J'ai un ami qui m'a dit il n'y a pas si longtemps
qu'il ne lisait pas les romans difficiles à comprendre, ceux qui ont
trop de personnages, dont la trame est compliqué, les phrases trop
longues, etc. - Ça m'a paru curieux qu'il parle ainsi car c'est un
bonhomme qui, à tous les matins, se jette sur son Journal de Montréal
pour y faire ses mots croisés, ses Sodoku et autres puzzles (sans
compter, j'imagine, les super-grilles de l'équipe Hannequart,
autrefois - et peut-être encore - de La Presse...), mais j'ai compris par
la façon de s'exprimer qu'il se référait à des auteurs comme
Proust, Saint-Simon et d'autres écrivains moins connus (enfin...) tels que Michel Butor, Alain Robe-Grillet,
Nathalie Sarraute ou, pire encore, Thomas Pynchon ou James Joyce,
celui dont on disait que son Ulysse devrait être qualifié de
"dernier des derniers romans" (en ce sens qu'on ne
pourrait plus, après lui, se servir d'histoire ou d'anecdotes pour décrire
quoi que ce soit). - C'était, comme l'écrivait Jean Paris, se
tromper car "un génie ne commet jamais d'erreur"(*).
(*) Joyce par
lui-même - Écrivains de toujours - Éditions du Seuil, 1963 -
(Je cite de mémoire.)
James Joyce allait, en effet, après cet Ulysse,
consacré 17 ans (ou serait-ce 19 ?) de sa vie pour écrire un "roman"
(?) qu'on a dit et qu'on continue à dire qu'il est illisible, incompréhensible,
indéchiffrable, inintelligible, abscons et même abstrus : Finnegan's
Wake, un livre qui n'a ni début, ni fin et dont les mots sont
transformés en valises contenant plusieurs sens.
Ni début, ni fin ?
D'une certaine manière, oui et non. C'est que le début
de la première phrase est précédé de trois points de suspension
qui correspondent aux trois points semblables qui suivent la dernière :
Début :
"...riverrun, past Eve and Adam's, from swerve of shore to bend
of bay, brings us by a commodius vicus of recirculation back to Howth Castle and Environs."
Fin :
"A way a lone a lost a last a loved a long the..."
Sauf qu'il faut faire attention en lisant cette
phrase - ainsi réunie - car si elle paraît simple, facile à en
comprendre le sens ("Un chemin, un seul, [un] perdu, un dernier,
un aimé... le long de la rivière, au delà d'Ève et
d'Adam...", on peut également y lire :
A way = Un chemin ------> Away = Éloigné A lone = Unique ------> A lone = Seul
A last = Un dernier -----> Alast = Enfin
A loved = Aimé -----> Aloved = Sans amour (A privatif) A long = Un long ------> A long = Le long de...
"Eve and Adam" qui nous rappelle les
deux premiers êtres humains sur terre, mais également que la rivière
(riverrun) sur le courant de laquelle on se trouve est celle de la
Liffey, en Irlande, car existe sur le Merchant Quay, à Dublin, une église
du nom de Adam and Eve (Franciscain) à quelques kilomètres du
Howth Castle :
"Howth Castle and
Environs"... - Notez les initiales HCE. Ce
sont celles de H. C.Earwicker, un des quatre
personnages que l'on rencontre en poursuivant sa lecture. -
Parfois sous d'autres formes : Here Comes Everybody,
par exemple. - Il en sera de même pour sa femme : Anna Livia
Plurabella.
Qu'est-ce qu'un Earwicker ? Une déformation
de Earwig, un insecte connu sous le nom de perce-oreille
en français. C'est pour avertir de ne pas être surpris lorsque vous
verrez une chanson (avec partition) apparaître dans Finnegans Wake
sous le nom de la ballade de Perse O'Reilly...
D'autres surprises ? - Définitivement.
Lorsque vous serez dans votre lecture
près d'un chantier, lisez à haute voix : les mots vous feront
entendre les bruit d'un édifice en construction.
...
Dix-sept ou dix-neuf ans d'écriture. Fascinant. Drôle
? - Immensément. - Paraît quand écrivant, tard le soir, Jocye réveillait
souvent sa femme en riant aux éclats en rédigeant Finnegans Wake
(la veillée au corps de Finnegans). Pourquoi ne pas y jeter un coup
d'oeil ? Ne serait-ce que dix-sept ou dix-neuf heures...,
jours, semaines ?
Mieux qu'un Sodoku, je vous promet.
Bonne lecture !
Copernique.
P.-S. :
On trouvera dans la semaine qui suivra
cette première édition du Castor™ (ou l'autre après - je suis
encore à le peaufiner) le premier volet
(sic)... le premier épisode (?)... la première chronique (?)...
le
premier chapitre (?) - je n'ai pas encore décidé - de ce qui pourra
éventuellement remplacer mes listes de Ten Best que j'ai rédigées,
en anglais, il y a une dizaine d'années. - Ces listes concernaient ce
que j'appelais alors mes dix meilleurs romans, mes dix meilleurs
films, mes dix meilleures pièces de théâtre, etc.
Ce premier volet (sic)... ce premier épisode
(?)... cette première chronique (?)... ce
premier chapitre (?)... aura pour titre "Les listes".
Revenez nous lire dans une dizaine
de jours. On vous en donnera l'adresse ici-même.
Ce qui me permet de vous redire que si
vous nous lisez que dans notre première édition, l'édition finale
paraît généralement le jeudi qui suit, avec ses corrections et ajouts.
Il y a dix ans dans le Castor™
Good books, bad books
Who's my favorite author ? I'll tell you in a moment but, if you were standing in front of me, right now, I would probably answer James Joyce,
John le Carré, or Oscar Wilde, or someone else as famous and as well admired. Why ? To avoid having to explain myself because I have what-you-would-call
an attitude when it comes to
books, particularly novels or what passes for «good books». - I mentioned this two weeks ago or said words to that effect. - Matter of facts, I have the same
attitude when it comes to my favorite actors or actresses, my favorite films,
music, paintings, etc.
I know : I shouldn't even think about it. «Tous les goûts sont dans la nature», I heard again, lately («All tastes are in nature») and one shouldn't be allowed to criticize other people's choices. - My argument against that is simple : if one's sexual taste consist in seducing five year old kids, one should be allowed to do so. See what I mean ?
I'm sorry, Mary, but there are good books and bad
books. A poorly written novel with a lousy theme, inconsistent characters, full of grammatical errors, anachronisms and improperly used words is a bad novel and I don't care if someone found it interesting or it became a best seller,
it was when published and remains a bad book. - I can understand that you might prefer Faulkner to Hemingway : that is a matter of
taste, 'cyz both are generally acknowledged as excellent authors. But to come back to my favorite writer, I'll explain why I like him and then you can either read him or not. Just let me say that he
- whomever or whoever he is - is a top-notch prose writer albeit a bit (considerably, I should say) dépassé in today's modern way of saying things.
First of all, he wrote very well ; «wrote» because you might as well know he died several decades ago.
Matter of facts, over a century ago. - He also thought «out of the box» when thinking «out of
any box» wasn't everyone's cup of tea. And he has continously challenged my intelligence or my understanding of the shoes and ships, and
cabbages and
kings, teaching me, along the way, things I couldn't have fanthomed in my
albeit limited imagination.
Let me tell you something he did one day :
Invited to give his opinion on a building that was about to be built in Bradford
(England), he started his conference by saying he didn't give a damn about it, that he didn't like it and that most likely all who were in attendance probably didn't like it either. Then he went on talking about architecture as a whole stressing, amongst various facts, that he couldn't understand why, at the end of the nineteeth century, people were building churches and public building in a Gothic style while their houses and factories were not. - Sort of a James Burke («The Day the Universe Changed», «Connections», etc.) before James Burke.
Trotsky said that he had become a communist because he had found in him the reason why. Proust translated two of his books. Some of his writings were published in over a hundred thousand copies...
In the nineteenth century !
That said, I wouldn't even dare suggesting that you go out and buy anything that he wrote : some of the stuff, particularly on art and architecture are difficult to digest but you might find what he wrote on work, labour, economy, the ruling class and common workers. - And,
oh !, you know what he said about war ? That, instead of killing people, one should invade a country to build bridges, houses and roads, just like the Romans did...
His name ? John Ruskin. His entire work can be found on the WEB (28 volumes and a bit more) - 99 cents - that's 0,99 US $
in Kindle - and free in various other formats : pdf, e-PUB, even .txt.
Warning : whilst difficult to read, he becomes
rapidly addictive,
Copernique
P.-S. : I should add that he is one of my favorite authors. I have many.
Le courrier
Mme Klaudia Wechsker -
Ullerslev, Danmark
Un non compos mentis ou une personne As bright as two short
planks. (Barking mad et, quoique moins souvent, Mad as a Mad Hatter
en Angleterre.)
M. Larry Cravat - Los Angeles, U.S.A.
- Le whack-a-mole, mais pas dans sa version électronique.
Mme Amitée Beaudry Izabella -
Tas Vezér, Magyarország
On dit : "The issue du jour."
Mme Yseult Lafond, née Lahaut -
Paris, 7e
Une diatribe.
M. Armand tessier - Haute-Rive, Québec
- Don Leo Jonathan, 1,98m, 144kg - Buddy Rogers, 1,93 m, 107kg -
Gorilla Monsoon, 2,01m, 182kg et Jonny Valentine, 1,93m, 116kg.
Mme Ornella di Caprio - San
Kirenzo In Banale, Italia
- Sofia Costanza Brigida Villani Scicolone.
Dédicace
Cette
édition du Castor est dédiée à :
Carl Theodor Dreyer
(La passion de Jeanne d'Arc, Vampyr, etc.)
(1889-1968)
Supplément
Parmi les établissements suggérés dans nos éditions
du Castor ™ (aucun ne subventionne l'UdeNap ou ses by-products...
quoique, récemment, l'un d'entre-eux a
offert un verre à un de nos chroniqueurs dont c'était l'anniversaire), il
y a une petite librairie du nom de "À gauche". - Voir
la section ci-dessous.) - Elle est située
non loin de notre siège social : dix
minutes en auto sauf les jours de grands vents, pluies fortes,
neige abondante, brume ou brouillard (lire : régulièrement).
C'est là où notre disc jockey anime ses soirées.
On y rencontre de grands
lecteurs, des écrivains, des musiciens, des amateurs de romans
policiers, des collectionneurs... bref : des personnes de tous les
milieux. Voici quelques vers que l'un d'entre eux a rédigés sur l'endroit :
Copernique
Libraire Côté Gauche
Lorsque j'ouvre la porte de la librairie
s'illuminent les livres des vitrines
et raisonne l'écho d'un bémol en si
de la libraire au rire mandoline.
C'est au cœur de la ville. Sur la rue du marché
un lieu rare qu'il faut voir pour le croire
c'est une intersection, un symbole, une croix
c'est au coin de la rue Saint-Thomas
C'est un lieu où l'histoire se conte en séries
où les livres usagers comptent plusieurs vies
Un miracle de la vie d'un insoumis athée
porté par le partage des idées
On y voit des amis parler de littérature
et de philosophie ou bien de poésie
et voilà tout à coup, que notre librairie
se transforme en haut lieu de culture
Lorsque j'ouvre la porte de la librairie
s'illuminent les vitrines et ses livres
et s'ouvrent les fenêtres sur des mondes inédits
aux lecteurs assoiffés, qui s'enivrent
On y retrouvé son compte sur la rue du marché
à deux pas du café de la Factrie
C'est dans le centre-ville tout en vie et fébrile
où s'inspire toutes les poésie.
Vigneault à Moustaki, Verlaine à Charlebois,
Nelligan à Côté, Baudelaire à Dubois
Jacques Brel, Georges Dor et Louis Aragon
à l'infini, j'explore les chantiers des chansons.
Remontant St-Thomas, c'est sur le côté gauche
sur le fond rouge d'une révolution
D'un côté pour le corps, de l'autre, pour l'esprit,
tout juste en face de l'épicerie.
Lorsque j'ouvre la porte de la librairie
s'illumine les livres des vitrines
et résonne l'écho d'un bémol en si
de la librairie au rire mandoline.
«Ce à quoi on ne pense jamais
quand l'hiver arrive,
c'est que le printemps n'est pas loin...»
- Vieil adage
breton
Publicité
Note :
Le Castor™, entièrement subventionné par les Éditions
Vatfair-Fair de St-Romuald d'Etchemin, ne perçoit aucun paiement
de la part des établissements ci-dessous mentionnés, ni faveurs, ni
considérations spéciales.
Toujours
se renseigner (heures d'ouverture, etc.) avant de se rendre sur place
Burgundy Lion
2496 ouest, rue Notre-Dame
Montréal, Québec
(https://www.burgundylion.com/fr/bienvenue
Tour Marshalluk - Quartier
Universitaire - Napierville
Téléphone : 88-06 - Sonner deux
coups.
F. Charles Rein
Aurist & Acoustic
Instrument Maker
223 Baker Street
London, NW1 6XE
Notes et
autres avis :
Fondé en 1900 par le Grand Marshall, le CASTOR DE NAPIERVILLE fut, à l'origine, un hebdomadaire et vespéral organe créé pour la défense des intérêts de l'Université de Napierville et de son quartier. - Il est , depuis le 30 septembre 2002, publié sous le présent électronique format afin de tenir la fine et intelligente masse de ses internautes lecteurs au courant des dernières nouvelles concernant cette communauté d'esprit et de fait qu'est devenu au fil des années le site de l'UdeNap, le seul, unique et officiel site de l'Université de Napierville.
De cet hebdomadaire publié sur les électroniques presses de la Vatfair-Fair Broadcasting Corporation grâce à une subvention du Ministère des Arts et de la Culture du Caraguay, il est tiré, le premier lundi de chaque mois, sept exemplaires numérotés de I à VII, sur papier alfa cellunaf et sur offset ivoire des papeteries de la Gazette de Saint-Romuald-d'Etchemin et trois exemplaires, numéroté de 1 à 3, sur offset de luxe des papeteries Bontemps constituant l'édition originale, plus trois exemplaires de luxe (quadrichromes) réservés au Professeur Marshall, à Madame France DesRoches et à Madame Jean-Claude Briallis, les deux du Mensuel Varois Illustré.
Nous rappelons à notre aimable clientèle que :
1 - L'édition
régulière du Castor™
paraît le 1er lundi de chaque mois.
2 - L'édition corrigée du Castor™,
destinée au marché américain, paraît le 1er jeudi de chaque mois.
3 - De mini-éditions peuvent paraître le
2e ou 3 lundi de chaque mois.
2 - Malgré l'attention portée à la rédaction de ce journal, ses auteurs ou son éditeur ne peuvent assumer une quelconque responsabilité du fait des informations qui y sont proposées.
3 - Tel qu'indiqué au début, les erreurs de frappe, de date et autres incongruités contenues dans ce Castor™ seront ou ont déjà été corrigées dans sa version destinée au marché américain.
4 - La direction du Castor™ tient à préciser qu'aucun enfant n'est victime d'agressions sexuelles au cours de la préparation, pendant la rédaction et lors de la publication de son hebdomadaire.