Cinéaste, producteur, ambassadeur, puis
ministre de la culture caraguayenne, né à Sora, en Italie, le 13 mars
1901, décédé à Neuilly-sur-Seine en 1957.
Élu en 1978 au temple de la renommée du
cinéma sud-américain, Alfonso Gagliano est considéré aujourd'hui
comme le véritable fondateur de l'industrie cinématographique
caraguayenne.
Après une enfance passée à Naples, il
suit sa famille à Rome en 1912 ; là, tout en poursuivant des études
de comptable, il s'intéresse à la fois au théâtre et à la politique ;
en 1922, il réussit à se faire engager comme figurant dans la
compagnie de Francesco Cotroni, maître incontesté de
la culture sous le nouveau régime Emmanelle III-Mussolini.
En 1927, lors d'une
tournée sud-américaine, il décide de demeurer au Caraguay où, parallèlement
à ses activités de comédiens et de metteur en scène, il fonde une
compagnie de publicité très tôt chargée par le Gouvernement de son
pays d'adoption de promouvoir l'unité du pays.
En 1928, il tourne "Servicio
de información horaria", un film sur commande, qui
lui vaut d'être nommé sous-ministre de la propagande de 1931 à 1934,
tout au long de la guerre pour la possession du San Raoul, période au
cours de laquelle il est le producteur attitré de plus de cinquante
courts et longs métrages parmi lesquels on retiendra Envío
contra reembolso de Luis Servil.

Maria Alonchez et Carlos
Montana
dans
Envío contra reembolso
de
Luis Servil (1932)
À la fin des hostilités, Alfonso
Gagliano, reçu Chevalier de l'Ordre du Caraguay, est nommé responsable
de toutes les représentations cinématographiques au pays, poste qu'il
occupera jusqu'en 1941, date à laquelle il accède au poste de ministre
de la culture et des travaux publics.
(Les cinéphiles se souviendront que
c'est en 1941, que paru en salle "La noche y tú"
d'Alfonso Sandoval, film-clé dans l'histoire du Cinéma caraguayen).
En 1952, peu avant le renversement des
officiers nationalistes caraguayens par le Général Rodolpho de
la Bohemia (1953), Alfonso Gagliano fut nommé ambassadeur au
Vatican. Rappelé en 1955 pour répondre à diverses accusations -
toutes fausses - de détournement de fonds, d'acceptation de
pots-de-vin, de trafique d'influence, etc., il allait, lors de son procès,
en 1957, faire éclater son innocence lorsqu'il fut emporté par une
embolie, le 10 septembre, s'étant accidentellement tiré une balle en
pleine poitrine lors d'une chute du balcon de sa demeure sur un engin
explosif quatre étages plus bas.
"On peut dire de lui, écrivait le
thanatologue Juan Passion, dans la revue L'abcès, qu'il a
été celui qui a le plus contribué à démontrer que, bien orchestré
et sous la directive de fonctionnaires éclairés, le cinéma peut
être d'autre chose qu'une forme de divertissement anodin ou, pire,
encore une source de passivité."
"Je ne l'ai pas connu,
disait peu avant sa retraite (en 2005) la comédienne Alicia
Maria Ascension, mais je sais que sans lui, je n'aurais
jamais réussi à percer."
***
Le Bijou, cinéma de répertoire situé
dans le quartier universitaire de Napierville, a nommé une de ses trois
salles en son honneur.