Son nom est issu du germain adal qui signifie noble et hrod qui signifie gloire.
Soeur de sainte Sexburge, de sainte Withburge et de
sainte Ethelburge (qui mourut religieuse en France), elle naquit le 29
septembre 649 (?) à Ermynge,
dans le comté de Suffolk, et fut élevée dans la crainte de Dieu.
La reine, sa
mère, charmée par ses belles qualités, n'oublia
rien pour les cultiver et faire de cette fille une princesse accomplie mais un
amour ardent pour Jésus et une tendre dévotion pour Marie s'emparèrent très tôt de son
coeur simple et droit et la jeune fille manifesta, dès ses premières présences à la cour, le mépris qu'elle avait vis-à-vis ses attraits et ses plaisirs, de même que son désir d'en obtenir de plus solides dans le ciel et sa volonté de passer sa vie dans une continence parfaite, telle une fleur éclose des semences d'une grande vertu.
Lorsqu'elle fut nubile, son père, qui avait pour elle
toute la tendresse qu'on peut avoir pour une fille bien née, la donna en
mariage à Tonbercht, prince des Girviens méridionaux et connu pour sa grande charité. Tel qu'on pouvait s'y attendre, les deux refusèrent de se livrer à l'oeuvre de la chair et se séparèrent presque immédiatement pour mieux vaquer au service de Dieu.
Lui, rejoignit un groupe de moine auto-flagellant.
Elle,
se retira dans l'île d'Ely qui lui avait été donnée pour douaire. Là elle
mena, pendant l'espace de cinq années, une vie véritablement angélique. Pleine
de mépris pour tout ce qui enchante les mondains, elle faisait consister sa
gloire dans la pratique de la pauvreté volontaire et des humiliations. Son
plus grand plaisir était de chanter nuit et jour les louanges du Seigneur.
En vain Edeltrude chercha à vivre cachée dans la
solitude ; l'éclat de ses vertus perça le voile dont son humilité tâchait de
les couvrir. Lorsque son premier mari fut mort, Egfrid, roi de Northumberland,
la poursuivit des plus vives instances jusqu'à ce qu'elle consentît à
l'épouser. Elle sut, dans le second mariage comme dans le premier, conserver
intacte la fleur de sa virginité. Le roi l'aimait tendrement, comme il était
parfaitement aimé d'elle, ce qui rend leur continence encore plus admirable ;
néanmoins, il se laissa enfin fléchir par ses prières, et consentit qu'elle
suivît l'attrait de Dieu qui l'appelait à une vie plus parfaite que celle de
la cour. Elle entra donc au monastère de Coldhingam, et reçut le voile de
religieuse des mains du saint archevêque dont nous venons de parler, sous la
conduite d'Ebbe, tante du roi, qui en était supérieure. Sa vie, en ce lien de
pénitence, fut un modèle de toutes les vertus, et quoiqu'elle fût encore
novice, elle y parut si consommée dans l'observance des Règles de la
Congrégation, qu'après un an on la fit elle-même abbesse, dans l'île d'Ely,
où elle était retournée en 672, et où elle fonda deux monastères, pour l'un et
l'autre sexe.
Ainsi, cette grande princesse se vit bien plus
heureusement mère que si elle avait donné beaucoup d'enfants à son mari ; et
comme elle avait allié, dans le monde, la virginité avec le mariage, elle
allia dans sa retraite la fécondité spirituelle avec la virginité. Elle
joignit aussi une grande mortification de son corps et de tous ses sens aux
soins continuels que sa charge de supérieure lui donnait. Elle quitta dès lors
le linge et ne se servit plus que de tuniques de laine. Il arrivait rarement
qu'elle mangeât plus d'une fois par jour, et il fallait pour cela, ou qu'elle
fût notablement incommodée, on qu'une grande solennité, comme celle de Pâques,
de la Pentecôte, de Noël ou de l'Epiphanie l'obligeât de modérer son jeûne.
Son oraison était continuelle, et elle la faisait, surtout le matin, avec
tant de ferveur, que, bien qu'elle eût assisté aux offices du milieu de la nuit,
le lever du soleil la trouvait toujours en prière.
Elle passa le reste de sa vie dans une innocence et
une piété tout à fait exemplaires ; et, étant encore assez jeune, mais pleine
de bonnes oeuvres et de mérites, elle mourut de la peste en son monastère, le
23 juin 679. Sa mort ne lui avait pas été imprévue. Dieu lui avait fait
connaître, auparavant, que sa maison serait attaquée d'un mal contagieux ;
qu'un certain nombre de ses filles en mourraient, et qu'elle-même les
accompagnerait dans ce passage à l'éternité. Lorsqu'elle sentit sur son cou
une tumeur ardente qui la consumait, elle en témoigna une joie extrême et elle
souffrit avec une patience héroïque la douleur des incisions que le chirurgien
y fit. " Je n'ai point de mal ", disait-elle, " que je n'aie justement mérité
; je me souviens qu'étant toute jeune j'ai porté sur ce cou de gros colliers
de perles qui en faisaient l'ornement superflu. Dieu me fait beaucoup de
miséricorde de vouloir punir en cette vie les vanités et les légèretés de cet
âge, afin de ne pas les punir en l'autre vie ".
On la représente avec une couronne à ses pieds, pour
montrer qu'elle a su mépriser les grandeurs du monde.
Fête : le 23 juin. - Ornements blancs.