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Simon Popp
Pré-chronique : Noël et les Fêtes (?) du Nouvel An
Note : Cette chronique, je l'ai écrite
en novembre dernier pour qu'on l'inclue dans l'édition précédente du
Castor™, peu avant ce qu'il est convenu d'appeler les Fêtes, mais la direction a tenu à ce qu'elle ne soit
pas publiée avant aujourd'hui parce qu'elle allait, selon plusieurs, empêcher de
nombreuses familles de profiter des rares plaisirs qui leur sont alloués
une fois l'an. Or, c'est justement pour m'en prendre à ces pseudo-plaisirs
que j'ai consciemment voulu la rédiger. À vous de juger.
Quelques faits d'abord (à propos de
Noël) :
Noël est une fête d'origine
romaine qui s'appelait Dies natalis Solis Invicti ou «jour de
la naissance du soleil invaincu» et qui fut fixé au 25 décembre
par l'empereur romain Aurélien en 274 pour coïncider avec, plus ou
moins, le lendemain des traditionnelles Saturnales qui se déroulaient aux
environs du solstice d'hiver et au cours desquelles on célébrait
également la naissance de la divinité
solaire Mithra. - Raison de cette date ? L'unification religieuse de
l'empire, donnant à la fois raison de se réjouir aux adeptes du Sol
Invictus et à ceux du culte de Mithra. À cette unification, suivit en
336 la célébration de la naissance de vous-savez-qui. - L'Église
naissante poursuivait son rôle apostoliquant...
Aurélien
Précisons à ce propos que si, en l'an
336, on s'est entendu sur la date de naissance du Christ, on n'est
toujours pas fixé sur la date de sa mort (l'avant-veille de - et non trois
jours avant - Pâques).
D'autres faits, mais à propos du Jour de l'An
Il faut être sérieux parfois et se
demander quand, au juste, débute une nouvelle année.
Le premier janvier ? Pourquoi pas le 12 ?
Ou le 22 (mais du mois de septembre)...
Tout ça m'a l'air d'une affaire décidée
pas Jos le Hasard, l'équivalent temporaire de «Jos, the plumber»
américain : par l'endroit où
l'on est né, de qui, et surtout de la religion dans laquelle on nous
a inscrit peu de temps après.
Dans l'Égypte des pharaons, le premier jour d'un
nouvel an correspondait à l'arrivée annuelle de la crue du Nil. Chez les Grecs, ce premier jour était celui de la nouvelle lune suivant
le solstice d'été. Chez les Berbères, c'était celui de la fondation
de la XXIe dynastie ou le 12 janvier. Chez les Républicains, on l'avait fixée
au 1er vendémiaire ou au 22 septembre, jour de l'équinoxe automnale.
Le
premier janvier que l'on connaît ? Il est redevable en majeure partie à
Jules César... mais ce jour correspond toujours à d'autres : chez les juifs, les musulmans,
les chinois...
Un fait demeure : astronomiquement,
il n'existe aucune raison pour laquelle on fixerait dans l'espace un
point précis de la translation de la terre autour du soleil. Sauf celui
où la terre serait «apparue» il y a, selon de savants calculs, 4,543 milliards d'années. - Et y'a pas eu de témoins.
Autant piger une date au hasard, non ?
À noter :
Il n'y a pas
eu d'année zéro, même dans le calendrier que la majorité de la
population du monde utilise présentement. - L'année zéro fut la première
année, point. Ce qui fait que le XXe siècle n'a pas débuté le
premier janvier de l'an deux mil, mais bien le premier janvier de l'an
deux mil un, l'an deux mil était la dernière (ou centième année du
XIXe siècle), l'an 1999 étant la 999e du deuxième millénaire et l'an
2000 en étant la millième. - Mais allez dire ça aux millions, aux milliards de gens qui ont célébré
le «nouveau» millénaire le 1er janvier de l'an 2000...
Personnellement, je préférerais, parce
que, quand même, il faut s'entendre sur un jour précis -
appelez-le le «premier» -, ne serait-ce que pour
savoir quand on est, soi-même, né - et puis ça aide pour dater les
transactions commerciales - je préférerais, dis-je, le premier
jour du printemps, pas une date fixée à peu près au début de
l'hiver. Mais notre printemps coïnciderait de toute façons avec le début
de l'automne dans l'hémisphère
sud... - Il me faudrait déménager, apprendre une autre langue (même en
Australie)... - Un avantage : ce ne serait pas loin de Pâques. Vous
savez cette date dont à laquelle je me référais il y a deux minutes :
celle non fixe qui correspond avec celle de la mort de notre «Sauveur»
qui, s'il est né à une date précise, a été mis à mort à une date
variable impliquant la lune et diverses autres complications, celle de...
tiens une autre chose que je ne comprends pas
: la présence de lapins et d'oeufs en chocolat.
Mais revenons à Noël et aux fêtes du
Nouvel An.
Mes fêtes
Depuis trente ans, au moins, je pense à
disparaître de la surface connue de la terre du 15 décembre au 15
janvier. Pourquoi ? Pour ne pas avoir à serrer la main ou embrasser des
gens avec qui je n'ai rien en commun sinon que leurs parents, arrières
ou récents, ont couché avec les miens. Certaines tantes, entre autres,
celles avec des moustaches et puis des oncles, ceux qui puent l'alcool.
- Puaient parce qu'ils sont tous décédés. - Tous ceux également qui tiennent à me donner des claques dans le dos
ou qui m'invitent à venir fêter chez eux... parce que, jeune, on m'a appris à ne jamais arriver
«les mains vides», surtout dans ces maisons où il y a des enfants. Et puis y'a toujours
cette affreuse cuisine qu'on nous sert, même chez la belle-soeur ou la
cousine éloignée qui sait littéralement «faire la dinde» comme pas
une. - Je pense aux fêtes au bureau tant qu'à y être et à ces
concerts avec Richard Abel et à ces décorations qu'on retrouve même
chez Canadian Tire. Ou à l'épicerie du coin tenue par des musulmans...
Tout ça pour dire :
Y'a kek'chose qui cloche là-dans.
D'autant plus que je m'aperçois de plus en plus que je suis entouré d'athées. Pas de confession, ni de façon
ostentatoire, mais d'athées parce qu'ils agissent comme des non-croyants
364 jours par année. Ne vont plus à l'église, sinon faire baptiser
leurs derniers (une chose que je ne comprends pas d'ailleurs), ne prient
plus, ne parlent jamais de leur «créateur» et se conduisent comme de
véritables... athées, justement.
Ce qui n'a rien de surprenant :
Croyances et fausses croyances
Penn Jillette, du groupe de magiciens
Penn & Teller, dit qu'il n'y a une façon infaillible - permettez
que j'utilise ce mot pour parler d'un livre qu'on dit sacré
- une seule façon, dites infaillible, de devenir athée et
c'est de lire la Bible ; particulièrement l'Ancien Testament, quoique on
peut en dire tout autant, mais d'une autre façon, du Nouveau.
Dans l'Ancien Testament Richard Dawkins
est d'avis que le Dieu qu'on y mentionne est : «un raciste de tout
premier ordre, généralement assoiffé de sang,
un être plutôt vindicatif, misogyne et homophobe, avec une certaine
tendance vers l'infanticide et le génocide et qui, de plus, semble être
un mégalo et un sado
tout en étant un intimidateur de tout premier ordre... - et capricieux, par
dessus le marché.»
Ce à quoi ajoute Christopher Hitchens
que : «Son fils s'est curieusement pointé, après plusieurs
milliers d'années d'absence totale, pour éclairer le monde dans une région presque désertique, là où
l'ignorance était un fait [et non en Chine où l'on savait déjà
lire et écrire], la seule au Moyen-Orient où il n'y a jamais eu de pétrole....
et encore plus curieusement, là où allait naître des siècles plus
tard un certain Mohamed...»
Et si cela ne suffit pas, lisez sur
ce que l'Église catholique a fait du Québec alors qu'elle était triomphante
(un mot emprunté d'un de ceux fréquemment utilisés par le Cardinal
Léger), non pas ce qu'elle semble vouloir faire aujourd'hui avec
ces si aimables et si à la mode représentants...
En bref
Quand vous aurez digéré ce qui précède,
oui, vous pourrez me parler de Noël,
des Anges dans nos campagnes et du Minuit, Chrétiens. -
Vous avez bien lu : «Minuit, virgule, Chrétiens».
Et puis, avant que j'oublie, ajoutez donc
le Santa Claus, la Fée des étoiles, Le petit papa Noël
de Tino Rossi et, si vous êtes vraiment nostalgique, le Miracle on
34th Street de George Seaton (1947).
En autant que vous me permettrez de
bailler en vous écoutant.
P.-S. : Paraît que quiconque ne
suit pas les enseignements de Jésus-Christ va invariablement se
retrouver en enfer... Sauf la plupart des Chinois qui n'en ont jamais
entendu parler, ni ceux d'innombrables tribus en Afrique, ni les
habitants des deux Amériques avant la «conquête». - Question
: pourquoi insistons-nous ou avons-nous insisté pour leur faire connaître
?
*
Deux zéro, deux zéro - vingt, vingt : 2020
Puisqu'il faut débuter l'année, autant y aller avec une de mes
chroniques habituelles. Et puis pour que ça soit nouveau - un peu
-, j'ai pensé à vous écrire une lettre :
Chers lecteur et chères
lectrices,
Je ne sais pas quel métier vous
pratiquez, à quelle profession vous appartenez, ni où, ni pour qui vous
travaillez ou si vous êtes un ou une employé(e) autonome. Je sais une chose :
Quelle que soit votre occupation rémunératrice
(ou non), tous les gens que vous allez rencontrer au cours de votre
carrière, particulièrement autour d'une table et invariablement dans
les endroits où l'on sert des boissons distillées et des boissons
fermentées, en sauront plus sur votre métier, votre profession,
votre travail et, la plupart du temps, sur votre passe-temps - plus
entwéka - que vous
que vous pourrez en apprendre au cours de votre vie.
Vous êtes facteur ? Madame Tartempion de
Saint-Éloigné-des-Chars, qui attend depuis une semaine un colis des États, pourra vous expliquer en long et en large pourquoi elle ne
l'a pas encore reçu. Elle le sait parce que la même chose est arrivée
il y a deux ans à son beauf', qui habite le 3e rang.
Vous êtes expert dans le règlement des
demandes d'indemnité que l'on présente à ses assureurs après un
accident d'automobile ? Oubliez ce que vous avez appris en dix, vingt,
trente ans de métier : votre deuxième voisin qui en est à sa troisième
demande (et conséquemment à son troisième accident),
vous expliquera comment procéder et la façon dont les assureurs
s'acquittent de leurs obligations.
Vous êtes bibliothécaire ? Alors, vous
ne connaissez rien dans l'art et la manière de classer des livres. Le
lecteur le moindrement sérieux vous dira que le système Dewey et celui
du Library of Congress sont des aberrations et que classer des films par
leurs comédiens est plus intelligent que les classer par titres ou réalisateurs
; que les livres devraient être classés par titres ou auteurs et rien
d'autres, etc. - À la rigueur, restera-t-il perplexe lorsqu'il apprendra qu'être
bibliothécaire implique d'autres tâches comme celle de la gestion d'un
endroit où se trouvent les livres qui vous sont confiés ou d'aménager des
installations, de
gérer du personnel, d'être
au courant des derniers développement technologiques...
Vous êtes plombier, menuisier, électricien,
couvreur ? Rien de tel qu'un architecte pour vous expliquer la
façon dont vous devez exercer votre métier.
Et dites-vous qu'un
politicien en saura toujours plus sur le
fonctionnement d'un barrage hydro-électrique, sur la météo, sur les
ponts, les routes, la pauvreté, le crime... que tous les ingénieurs, tous les météorologues
et tous les spécialistes en gestion urbaine.
Experts
Quant aux avocats, qui mieux qu'eux
pourront vous représenter devant un impartial juge à propos de...
n'importe quoi... (y compris l'art de distribuer des disques, la gestion
d'un entrepôt, les réseaux informatiques, la microscopie et la
chirurgie dentaire...)
C'est la conclusion à laquelle j'en
arrive, après des années d'un métier, quand on m'explique comment les
choses se sont passées - et continuent de se passer - dans le domaine où
j'ai oeuvré toute ma vie et sur la nature duquel je n'ai visiblement rien appris ni
compris quoi que ce soit.
Mon père avait raison :
Après un certain âge, vaut mieux faire
semblant de radoter. Comme ça, les gens cessent de vous embêter avec
leurs conversations.
Mieux encore :
Le Professeur a toujours été d'une
grande sagesse de s'entourer de jeunes. «Savent tout, disait-il.
Cela
m'a évité des heures et des heures de travail quand je cherchais la solution à un problème.»
(1)
Et en terminant :
Moi, vous souhaitez une bonne année. ? -
Nah ! - Je vous souhaite. mais sincèrement. tout ce que vous méritez
et cela au
cours des prochains 365 jours. Mais ne venez pas me remercier ou vous
plaindre : j'y serai pour rien.
Appelez ça un pieux souhait.
Simon
(1) Au jeune qui me regardait drôlement
l'autre jour : «Non. Remonter ses pantalons ou sa jupe au delà d'une
certaine limite, quand on a dépassé un certain âge, n'a rien à voir
avec les vêtements que l'on portait quand on était plus jeune, ni une
certaine mode datant de vingt, trente, quarante ans : c'est une question
qu'avec le temps, son corps se transforme, Et il devient disgracieux
d'exposer certaines déformations C'est la seule solution qu'on a trouvée
depuis la disparition ou presque des corsets.»
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Herméningilde Pérec
En contre-partie
Je viens de lire la chronique
que Simon a écrit sur Noël et le Jour de l'An. En fait, je l'ai
lue le mois dernier et ai fait partie de ceux qui ont suggéré
à la Direction de la rapporter à la présente édition du
Castor™. Non
pas qu'elle m'est paru injuste, inappropriée et même
condescendante (et je ne veux certes pas dire arrogante)... vis-à-vis
les croyants de mon espèce. Non. Juste qu'elle oubliait qu'à
une certain moment de chaque année, il est bon de s'arrêter un
peu, d'oublier ses soucis et de se réunir en famille, ou avec
ses
amis, ne serait-ce que pour renouer des liens que la vie moderne
rend de plus en plus, ténus.
Je n'ai pas cent ans. Enfin pas
encore. On m'a élevé avec des intentions on-ne peut-plus pures,
j'en suis certain ; et, oui, je me suis posé des questions sur
les croyances qu'on m'a inculquées. Souventes fois. Et je m'en
pose encore.
«Et la science ? Vous n'y pensez
pas de temps à autres ?» me demanderez-vous.
Continuellement.
Sachez que dans le peu de
temps, toutes proportions gardées, que j'ai passé sur cette
terre, beaucoup de découvertes ont été faites. Et comme tout
le monde, ces découvertes, je l'ai ai apprises que lorsqu'elles
sont parvenues des mois, des années même, après qu'elles
furent publiées ou annoncées.. - La relativité, par exemple, vous
croyez qu'on enseignait ça du temps où je faisais mes études ?
Pas du tout. Pas même l'effet Dopler qui a permis à découvrir
les distances interstellaires. Du temps de ma jeunesse, la télévision,
par exemple, n'existait tout simplement pas. Et les conversations téléphoniques
entre Napierville, Paris, Londres, Berlin... là d'où elles
provenaient... coûtaient les yeux de la tête.
Depuis, on a marché sur la
lune, on a mis des satellites en orbite capables de me dire où
je suis à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit et
m'indiquer le chemin pour me rendre à l'endroit où je
veux aller. J'ai même un ordinateur qui me permet de savoir ce
qui se passe dans le monde à trois secondes près.
Est-ce que je suis au courant
des futurs ordinateurs ? Des possibilités de l'Intelligence
Artificielle ? de ce qu'est le G-5 ? Et voilà que dernièrement,
on m'a parlé du boson de Higgs...
Un peu, mais pas plus.
Ma petite tête ne peut pas,
n'a pas été construite pour comprendre à la fois la théologie
dogmatique et la microparacontidropopitécologie.
Mes excuses, Monsieur Popp.
H. Pérec
Le boson d'Higgs
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Copernique Marshall
Dernière minute
S'il y en a qui - je nommerai
personne - ont eu des «jours de congé» et «se sont sauvés»
durant la période des Fêtes, ce ne fut pas mon cas. Cocktail ici,
soirée là, petit déjeuner avec les enfants, déjeuners avec
les collègues, cinq à sept (chez certains, je suis passé cinq
à sept minutes). Je ne veux même pas penser aux déplacements,
aux courses à faire et aux gens à qui il fallait absolument
téléphoner.
Un changement radical cette année.
Ça a commencé, comme aurait dit Céline, graduellement, mais
cette année, pas la moindre carte de bon souhait. Des courriels
en triple, mais pas de bouts de carton pliés en quatre. Pas de
poésie à lire. Rien.
Quelques poètes réduits au chômage.
Je vous en souhaite toute une
en retournant à mes sherlockiennes activités. (Voir la section
plus loin.)
Copernique
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Jeff Bollinger
Educationnement
Entre Noël et le
Jour de l'An, croyez-le ou non, nous avons eu, Élyane et moi,
deux jours de presque répits. Nos enfants ont, pendant ces deux
jours passé leurs journées chez les parents d'Élyanne qui ont
un chalet dans les Laurentides. Sauf Alysée qui, à dix-huit
ans, nous a demandé la permission de passer le week-end
avec les parents de son petit ami... des avocats qui habitent en
banlieue de la ville de Québec.
Oui, je sais, ce
n'est pas de cette façon-là que nous pourront surveiller tout
ce qu'ils font ou feront, mais, à un moment donné, il est une chose qu'il
faut donner à ses enfants et c'est la liberté d'être eux-mêmes. Après tout, nous
ne seront pas là éternellement pour prévenir un mauvais pas
qu'ils pourront faire à trente, quarante, cinquante ans.
N'en reste pas
moins que nous nous devons quand même nous assurer qu'ils
sauront
discerner ce qui sera éventuellement bon ou mauvais pour leur avenir et, même si ce n'est pas la première fois que nous
en avons parlé, ce qui fut un objet des discussions que nous
avons eues lors de ces deux jours de «congé» :
*
Vingt ans.
Ce n'est pas long,
vingt ans. C'est demain.
La nouvelle année
aura pour nom, cette année-là, deux mil quarante.
Élyanne et moi en
seront à notre soixante-deuxième anniversaire. Élysée en
sera à sa 38e année. Matisse, notre plus jeune, aura 34 ans. -
Trente-quatre ans ! - Nous n'avions pas cette âge-là quand elle
est venue au monde...
Bon, nous n'en
serons pas encore à l'ultime vieillesse, mais si je regarde qui nous étions
il y a vingt ans et ce qui s'est passé depuis, comment essayer même
de penser à ce que sera l'an 2040 ?
Nous pouvons quand
même penser à ne pas nous acheter un terrain en Floride ou à
croire que notre voiture à essence ne sera plus là et que les
centres commerciaux seront peut-être choses du passé. Quant au
cinéma, aux livres, aux émissions de télévision que
nous regardons présentement sur un écran plat qui fut désuet
dans la semaine qui a suivi celle où il entré dans la maison...
Mon père me
disait qu'élever des enfants ne consistait pas à leur pousser
dans le dos ni à les attirer de force dans une direction, mais à les ramener une fois de temps en temps -
d'un léger revers de la main - vers la droite quand ils se dirigent trop
vers la gauche et vers la gauche quand ils se dirigent trop vers
la droite...
Jeff
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Georges Gauvin
Bref moment
A un moment donné - on
m'a expliqué -, bien avant qu'on sache que les ulcères d'estomac étaient
causés par une bactérie et non une certaine tension nerveuse, - qu'il y
avait deux périodes dans l'année où les symptômes reliés à ces
ulcères se manifestaient : au printemps et à l'automne. Au
printemps parce qu'on avait besoin de vacances et à l'automne, parce
qu'il fallait les payer. - C'est un peu ce que je suis en train de
penser au moment où j'écris ces lignes, le surlendemain du Jour de
l'An : comment vais-je m'y prendre pour rembourser les dépenses que
j'ai faites en décembre au moyen de ma carte de crédit. Celle aux
taux usuriers (ou usuraires ?)
(Je ne sais pas si ce
que je viens de dire à propos des ulcères - qu'on les guérit
aujourd'hui en moins de deux, trois semaines ; au moyen
d'anti-biotiques - est vrai ou non mais ça a fonctionné chez mon père qui, depuis
ce temps, se méfie, en ayant consommé des anti-acides pendant des
années... de tous les médecins.)
Toujours la même
chose, non ?
On s'est dit «Pourquoi
pas ?» en pensant aux cadeaux pour le p'tit, «Ça arrive juste une
fois par année...» - Puis ça a été la robe hors prix, le vin, l'épicerie,
la sortie avec ses chums de fille... après, parce que c'est venu
avant, les pneus d'hiver, le manteau, les bottes...
C'est un peu concentrer
un certain bonheur en une, deux, trois semaines, pour ne plus en avoir
pendant un mois ou deux, vous trouvez pas ?
Georges
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Fawzi Malhasti
Morceau choisi
Busted flat in Baton Rouge,
headin' for the train
Feelin' near as faded as my jeans
Bobby flagged a diesel down, just before it rained
'Took us all the way to New Orleans
I pulled my harpoon out of my dirty red bandanna
And was blowin' soft while Bobby sang the blues,
Windshield wipers slappin' time and Bobby clapping hands
We finally sang every song that driver knew
Freedom's just another word for nothin' left to lose
Nothin' ain't worth nothin' but it's free
Feelin' good was easy, when Bobby sang the blues
Feelin' good was good enough for me
Good enough for me and Bobby McGee
From the coal mines of Kentucky to the California sun
Bobby shared the secrets of my soul
Standin' right besides me through everything I've done
Every nite, she kept me from the cold
Then somehwere near Selinna,
I let her slip away
Looking for the home I hope she'll find
And I'd trade all my tomorrows for a single yesterday
Holding Bobby's body next to mine
Freedom's just another word for nothin' left to lose
Nothin's nothing but that's what she left for me
Feelin' good was easy, but that was good enough for me
For me and Bobby McGee
(Me and Bobby McGee - Kris
Kristofferson)
Fawzi
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De notre disc jockey - Paul Dubé
Minuit ...
Vous avez raison, Monsieur Popp, ce n'est pas «Minuit
chrétien», mais bien «Minuit, chrétiens» !
Ça fait des années que je le répète, mais on ne m'écoute
pas. Ce qui fait de moi un expert dans une des catégories dont vous
parlez.
Cette année, j'avais pensé, durant tout le mois de décembre
à faire jouer chez moi, au bureau, à la radio, des géniales chansons des
années cinquante, soixante, soixante-et-dix... jusqu'à l'an deux mil. Des
«hits» qu'on faisait jouer trente fois par jour sur toutes les chaînes de
radio.
Elvis, Les Beatles, les Four Seasons, Les Four Tops,
Crosby, Stills, Nash and Young et même des succès de Mariah Carey. - Côté français,
j'avais même pensé à Gainsbourg
On s'est plaint.
Tino et «Petit papa noël» ? - vous voulez rire ou quoi
?
C'est à peine si j'ai eu le loisir d'entendre le début
de l'Oratorio de Noël de Bach le matin même, de Noël.
Mais des chansons sans lendemain, alors là, j'en ai
entendues. «Une, pis une autre» comme on disait dans l'une d'entre elles.
À vous tous, fidèles lecteurs et écouteurs, bonne écoute.
En silence, s.v.p.
paul
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Lectures
Note :
Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres, revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.
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Romans policiers 3 - Sherlock
Holmes
Note : Tel que mentionné le
mois dernier, ces commentaires sur les romans
policiers ne se veulent pas être des sections
d'un futur essai ni une critique de quelques uns d'entre eux, mais
tout simplement une suite d'idées qui me sont récemment venues en tête
lors du visionnement récent de certains films américains de la série
dite noire des années quarante, celle dite de l'âge d'or des films
de ce genre. Et vos commentaires sont bienvenus.
Le personnage qu'est
Sherlock Holmes
«When
you have eliminated the impossible whatever
remains, however improbable,
must be the truth.»
(«Une
fois éliminées toutes les impossibilités, l’hypothèse
restante, aussi improbable qu’elle soit,
doit être la bonne.»)
(Arthur Conan Doyle - Le signe des quatre, chap. VI)
Ce n'est pas le fait que le personnage
de Sherlock Holmes est paru pour la première fois il y a 132 ans (le
mois dernier, tiens !) qui est surprenant, c'est qu'il demeure
aujourd'hui, encore et toujours le plus connu des détectives,
amateurs ou non, des romans de policiers, toutes périodes et
toutes provenance confondues.
Beaucoup d'autres sont venus depuis lui : Sam Spade,
Philip Marlowe, Mick Hammer, Hercule Poirot, Jules Maigret, Miss
Marple... pour n'en
nommer que les plus célèbres, mais aucun n'a atteint la notoriété de
celui dont l'inexistante adresse demeure un des endroits les plus «visitées»
à Londres : le 221b Baker Street.
Pour les rares qui n'ont jamais entendu
parler de Sherlock Holmes :
Sherlock Holmes est un personnage de fiction créé par Sir Arthur Conan Doyle dans le roman policier
Une étude en rouge en 1887.
Revendiquant la fonction particulière de « détective consultant », doté d'une mémoire remarquable pour tout ce qui peut l'aider à résoudre des crimes en général, il possède cependant très peu de savoirs dans les domaines de la connaissance qu'il estime inutiles à son travail. Lors de ses enquêtes, relatées dans les quatre romans et les cinquante-six nouvelles qui forment ce qu'on appelle le canon, Holmes est fréquemment accompagné du docteur Watson.
Personnage très « typé », Sherlock Holmes est devenu l'archétype du «
détective privé » pour des générations d'auteurs populaires de roman policier éclipsant ses ancêtres historiques que furent le Chevalier Auguste Dupin d'Edgar Allan Poe et Monsieur Lecoq d'Émile Gaboriau, personnages auxquels Arthur Conan Doyle fait référence dans son œuvre.
(Wikipédia)
Fait à noter : Sherlock Holmes est
un des rares personnages fictifs de la littérature qui,
avec Don Quichotte, Tarzan et quelques autres sont considérés
comme ayant réellement vécu.
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Je ne me souviens plus du nombre
de fois j'ai lu, en anglais et en français, les cinquante-six contes
et quatre nouvelles ou romans de son canon. - Je ne me souviens pas
non plus du nombre de fois que j'ai visionné des films tirés
de ces contes ou nouvelles.
J'avais treize ou quatorze ans quand
j'ai lu mon premier Sherlock. C'était après avoir lu tout les
Biggles qui se trouvaient dans la bibliothèque de mon père - à côté des Jules Verne, des quatorze volumes de l'Encylopédie
de la Jeunesse (Grolier) et d'une série de romans de la Comtesse
de Ségur dont, pour cette dernière, je n'en ai lu qu'un
seul : Les malheurs de Sophie
; dans une édition de luxe, bien avant qu'on m'eut dit que cette «Comtesse»
n'écrivait des livres que pour les «petites filles»... - .
Qu'est-il arrivé à tous ces livres ? Je n'ai aucune idée. Mon père
dit les avoir donné au fil des ans à des organisateurs de ventes de charité. - Quel plaisir j'aurais, aujourd'hui,
à les tenir dans mes mains, à les palper et qui sait, à en relire
de longs extraits.
Ce premier Sherlock, le seul que nous
avions à la maison, était, tout-à-fait par hasard, le premier en
date écrit et publié par Conan Doyle en 1887. Celui cité ci-dessus
: Une étude en rouge ou A study in Scarlet. - Et si ma mémoire
est exacte, c'était un fac-similé de sa première édition, avec les
illustrations de David Henry Friston dans lesquels Sherlock n'apparaissaient
pas, comme il a si souvent été incarné par la suite, sur scène et au cinéma,
avec son fameux «dearstalker» ou «chapeau de traqueur»,
son manteau-cape «Inverness» et sa pipe «calabash».
Non : ces accessoires sont venus après, avec les dessins de son
deuxième illustrateur, Sidney Paget (1891), qu'ont rendu célèbres
en les empruntant :William Gillette, Basil Rathbone, Ellie Norwood,
Arthur Wontner, Ronald Howard, Geoffrey Whitehead, Peter
Cushing, Christopher Lee et même Roger Moore.
Basil Rathbone en Sherlock
Je vous raconte tout cela pour vous
dire que je crois être le seul de ma génération qui s'est imaginé
Sherlock Holmes tel que décrit par Conan Doyle et non ce personnage
non illustré dans les éditions de l'époque et surtout tel que
nous l'avait représenté pendant des années le cinéma et que la télévision
l'avait visuellement repris.
Le mien .tait, loin d'être
aussi calme et énergétique que le Basil Rathbone des années
quarante, par exemple.
C'était, pour moi, toujours un hyper nerveux, impatient, souvent dépressif,
aux réactions souvent imprévisibles et dont le comportement
manifestait régulièrement des traits de caractères presque
maniaques. Un génie, quoi.
Tout çca alors que le Sherlock de Rathbone, quoique
sympathique, n'était un être superficiel quoique très intelligent
et sûr de lui... comparé, il faut le dire, à son compagnon, le Docteur John Watson,
incarné par par Nigel Bruce dans les 14 films qu'ils ont tournés
ensemble où Watson n'a eu qu'un rôle de faire-valoir. Celui d'un
idiot la plupart du temps maladroit.
À ce propos, il faut souligner que des
deux, Rathbone et Bruce, dans les Sherlock qu'ils ont
tournés ensemble, Watson est un être fort intéressant au niveau cinématographique,
par rapport aux clichés de Rathbone. Le mot
anglais le plus près que j'ai trouvé pour le décrire est celui de
«vernacular» qui correspond à son homonyme français, «vernaculaire»,
dont la signification originelle, dans les deux langues, est «relatif
à un oncle», mais qui en anglais, en est venu à décrire un
oncle plutôt gentil, jovial et ...indulgent que Nigel Bruce joua à
la perfection.
Pour ce qui est de Sherlock, même dans
la version de Rathbone, la langue anglaise a un mot pour décrire
une certaine habilité à découvrir rapidement la solution d'un problème,
la raison ou la cause d'un événement, l'explication d'une série de
faits à première
vue incompréhensibles. - Ce en quoi excelle Sherlock. - Ce mot est «cleverness»
d'où l'adjectif «clever» qu'on traduit généralement par «intelligent», mais dont
cette traduction ne met pas en valeur pas sa signification réelle qui
découle de son origine néerlandaise «to cleave» utilisé
pour décrire comment on se trace un chemin à travers [quelque chose]
comme on le fait dans la jungle avec un machette.
(Il faut noter par ailleurs que le
mot «cleaver» est celui, en anglais, qu'on utilise encore de
nos jours pour désigner ce que, en français, on appelle un «couperet»,
cet outil tranchant et à large, plutôt que longue lame, utilisé en boucherie,
notamment pour fendre ou couper des os.)
*
Je reviendrai plus tard sur les Sam Spade,
Philip Marlowe, Mick Hammer et autres qui font partie de la littérature
policière, mais je ne saurai vous quitter aujourd'hui sans insister
sur le fait que si Sherlock Holmes est toujours là, après plus de
cente trente ans - bientôt cent quarante -, c'est qu'il est dans une
classe à part. La preuve est que, malgré les différentes interprétations
qu'on en a fait, il est demeuré un personnage avec qui des lecteurs
en tous genres en ont fait un seul et unique au même titre que - nous
l'avons mentionné tout-à-l'heure - Don Quichote dont on peut rire,
qu'on peut prendre en pitié ou admirer pour son courage, mais qui
demeure toujours le même.
Pour ce qui est de son créateur, je
crois qu'on peut, sans se tromper, affirmer que le style de Conan Doyle
est égal à celui des romanciers de son époque.
Quant à son personnage, qu'on l'ait représenté.
sur scène ou au cinéma en un méticuleux excentrique, en une
sorte de génie un peu fou, en maniaco-dépressif ou tout simplement
en raisonneur ignorant ses talents, c'est quelqu'un qui demeure toujours accessible intéressant,
fascinant. Et il rend tous eux qui le connaissent
plus intelligents.
On peut ainsi, sans jamais s'éloigner
de la vérité :
-
admirer le talent de raconteur
qu'a possédé Arhur Conan Doyle
-
trouver fort bien tournées les
prestations que Basil Rathbone et Nigel Bruce ont fait des «aventures»
de Sherlock
-
ne jurer que par l'interprétation
qu'en a fait Jeremy Brett à la télévision (la plus près, à
mon avis, du Sherlock tel que décrit par Doyle)
-
ou même admirer ce que Stephen
Moffat, Mark Gatiss, Benedict Cumberbatch et Martin Freeman ont
pu créer au cours de la plus récente série à la télévision.
Benedict Cumberbatch et Martin Freeman
Mon opinion ? Lisez et regarder ce que
Jeremy Brett en a tiré.
Jeremy Brett
Copernique
***
Agent Running in the Field
John Le Carré - Penguin-Random House,
Oct. 2019
J'avais beaucoup d'autres livres à
lire (dont le dernier Goncourt, un livre de nouvelles de Gérard
Bessette et même des contes de Dashiell Hammet...), mais je n'ai
pas pu résister à tout laisser tomber et me suis lancé corps et
âme dans ce dernier roman de Le Carré à propos duquel le New York
Times disait :
«[Le Carré’s] novels are so brilliant because they’re emotionally and psychologically absolutely true, but of course they’re novels.»
«Les romans de Le Carré sont
brillants parce qu'ils contiennent des vérités émotionnelles et
psychologiques fondamentalement réalistes, sauf que ce sont des
romans...»
Le problème, c'est que je ne peux
pas lire Le Carré de la même façon que je lis à peu près tous
les livres qu'on me suggère ou qui attire momentanément mon
attention. Avec lui, c'est mot-à-mot que je parcours chaque ligne
de tout ce qu'il écrit, m'arrêtant fréquemment sur une expression
qui semble courante, ancienne même, sauf que je sais qu'elle est
une des toutes dernières de cet admirable écrivain qu'est Le Carré.
Comme il le dit lui-même le Carré
n'écrit pas des «romans d'espionnage». En fait, dit-il, malgré
le temps qu'il a passé chez le MI5 et le MI6, il connaît très peu
le véritable monde des espions et du contre-espionnage n'y ayant été
qu'un pion dans un rouage dont il n'a jamais connu le véritable
fonctionnement : «On pense généralement que je connais toutes
sortes de secrets que je dévoile plus ou moins dans mes romans,
mais c'est faux. Je me sers uniquement du fait que le monde des
espions est peu connus pour introduire des personnages dans des
situations dans lesquelles ils ne savent pas précisément leurs rôles pour,
justement, exprimer le désarroi dans lequel chaque être humain doit
apprendre à vivre.»
Dans ce dernier roman, Nat, âgé de
47 ans, est un espion en phase déclinante à qui l'on confie un
poste sans importance mais, enfin, au grand plaisir de sa femme, à Londres, en Angleterre. Champion de
badminton, il
est approché par un homme, Ed, d'à peu près la moitié de son âge
et de là, ses secrets et les secrets de Ed finissent par s'entremêler.
Pas le meilleur roman de Le Carré -
son apogée il l'a eu avec la trilogie impliquant Georges Smiley -,
mais plus captivant que sa «Jeune fille au tambour». Sauf
qu'un mauvais
roman de Le Carré est toujours plus intéressant qu'un bon roman de
bien des auteurs.
Et c'est un roman où l'on entend
parler du Brexit de Trump, de Poutine...
Simon
***
Plan de lecture
Notre ami... Mon
ami qui habite en face du parc Lafontaine m'a écrit récemment pour me
rappeler que je lui reprochais souvent (sic) de ne pas avoir de «plan
de lecture» me faisant remarquer qu'il en avait [quand même] un : celui d'un
lecteur «impulsif dont le parcours de ses lectures est
fondamentalement lié à ses expériences de vie» et pour qui «lire
[ne constituait pas uniquement en ce] que ce qui était lisible, promulgué et encensé par
les parangons patentés de la critique [car cela] ne faisait pas partie
de ses attraits...» (etc.)
(En espérant l'avoir cité correctement.)
Je lui ai répondu, comme il m'arrive trop
fréquemment, à la hâte, qu'il ne fallait pas absolument avoir un
plan pour lire, mais qu'un plan contribuait à rendre la lecture plus agréable
en évitant les livres sans intérêt ; qu'en suivant les conseils de ceux
qui nous ont précédés, il nous était plus facile de découvrir les
grands auteurs, etc., etc. - Tous les poncifs du genre, quoi.
Depuis, j'ai eu le temps de réfléchir et
de surtout constater que je serais bien embêté si j'avais à préparer
une liste de livres à lire pour quelqu'un qui, par exemple, ne saurait
rien de la littérature, je ne dis pas «en général», mais de
la littérature française, par exemple, ou anglaise, ou latine... - Oh,
ce serait facile de dire Rabelais, Villon, Racine, Voltaire, Balzac,
Proust... ou encore Shakespeare, Byron, Dickens, Conan Doyle,
Hemingway... Mais serait-ce là quelque chose de sensé ?
Simon
***
Et puis...
Nous avons pris une grave décision récemment,
Copernique et celui qui écrit ces lignes :
...celle de ne plus dire que nous
n'avons pas lu et que nous n'avons pas l'intention de lire des livres écrits après
1950.
(1960, dans le cas de Copernique)
Nous en avons trop lus
pour que cela ait même un soupçon de vérité.
Ce que nous allons dorénavant
dire
c'est que nous n'en avons pas assez lus pour être en mesure de formuler une
opinion sur la littérature de la fin du XXe siècle. Littérature
en italique, oui, car :
Quoique...
les livres publiés de 1950 et 1970 ont déjà entre cinquante et
soixante-dix ans et que même les derniers publiés avant le début
de ce siècle auront vingt ans... dans moins d'un mois... il en
existe trop qui ont cent ans, deux cents, trois cents et plusieurs
siècles qui méritent une lecture plus approfondis que les derniers
«meilleurs vendeurs».
Personnellement, je suis très
content de ne pas m'être attardé à Jean-Paul Sartre ou même
Camus
dans les années cinquante et soixante... - Copernique dit la même
chose des incontournables livres de science-fiction des années
soixante-dix et même des Goncourt de l'époque.
Simon (et Copernique)
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L'extrait du mois
Cardinal
Le visiteur qui, de 1850 à 1864, entrait dans l’ancien
parlement de Québec, était sûr de rencontrer, soit dans un couloir, soit dans un autre, un petit homme, vif,
allègre, grisonnant, un peu chauve, toujours découvert,
attentif, d’une politesse exquise, l’air d’un homme qui
fait les honneurs de chez soi.
Et si ce visiteur, encouragé par l’allure avenante et
accorte du petit homme, lui eût demandé où se trouvait
le bureau de monsieur le greffier, il n’eût pas manqué
de recevoir la réponse suivante :
– Monsieur, procédez tout droit devant vous, puis
courbaturez à gauche, et frappez à la porte proxime. Monsieur le greffier siège en ce moment dans ses
indépendances privées.
Pas moyen de s’y méprendre, on avait affaire à
Cardinal, ou plutôt à Monsieur Cardinal, le chef des
huissiers du parlement, le messager en chef, pour me
servir de l’expression reçue.
Son nom était Leroux dit Cardinal.
Il avait commencé par être typographe au service de
MM. Carey et Nelson, de la Gazette de Québec, puis il
avait habité Montréal durant quelque temps.
Enfin, protégé par je ne sais quelles influences, il
avait trouvé sa case dans le service civil.
Dire que Cardinal était un type, ce ne serait pas
assez ; c’était presque un monument.
Il faisait comme partie intégrante du palais législatif
lui-même.
Il s’était incorporé corps et âme dans l’organisme
politique du pays.
C’était comme un rouage de la constitution.
On ne se figurait pas le parlement sans Cardinal.
Et quand, en 1874, le gouvernement Mackenzie mit,
sur sa propre demande, le vieux serviteur à la retraite,
cela parut être une mesure dangereusement radicale.
L’événement fit presque autant de bruit que le coup
d’État Letellier.
Aussi Cardinal sentait-il son importance, et ne se
faisait-il point illusion sur le rôle prédominant qu’il
jouait.
Parlementhe
Comme cette bonne servante de presbytère qui disait
d’abord : «La vache à M. le curé» ; puis : «Notre vache» ; et
enfin : «Ma vache !» il s’était, petit à petit, persuadé que
le parlement lui appartenait.
Ce n’était pas M. Cardinal qui était attaché au
parlement, c’était le parlement qui était attaché à M.
Cardinal.
Il l’avait sous sa tutelle, presque dans ses papiers.
Il s’y sentait chez lui, comme un homard dans sa
carapace.
Les officiels respiraient sous sa protection.
Il considérait les députés comme ses commensaux.
Le public des galeries semblait ses invités.
On aurait dit que c’était lui qui distribuait les
rhumatismes aux conseillers législatifs.
Mais il était toujours si poli, si accueillant, si
empressé ; il se mettait si volontiers au service de tout
le monde, que tout le monde l’aimait.
Les ministres même encourageaient sa douce manie
par des déférences excessives qui le transportaient dans
un monde de ravissement.
Ils allaient quelquefois jusqu’à le consulter.
- Eh bien, monsieur Cardinal, lui disait-on, que
pensez-vous de l’état politique du moment ? Quel est
votre avis sur la situation ?
– Ma foi, monsieur le ministre, répondait-il, je crois
le gouvernement bien corroboré, mais, sans vous
offenser, l’opposition est bien contiguë.
– Croyez-vous que la session soit longue ?
– Dame, c’est très péripathétique à dire, avant
l’approximativité des estimés.
Il n’en faut pas plus long pour le faire constater, en
outre de l’intérêt extraordinaire qu’il prenait aux
mouvements de la chose publique, Cardinal avait un
autre trait de caractère assez piquant.
C’était une habitude, un besoin irrépressible de faire
des phrases solennelles et de rechercher des expressions
peu usitées.
Les mots ordinaires lui semblaient vulgaires – peu
polis peut-être.
Quand il ne connaissait point de terme plus noble
pour rendre sa pensée, quand la périphrase euphémique
ne se présentait pas tout de suite à son esprit, il ne
manquait jamais d’ajouter un correctif : «Je dirai
comme on dit quelquefois», ou bien encore : «pour
parler communément», etc.
Il ne se serait pas permis de dire une pomme tout
court.
Il commençait par : «un fruit...» et, après un
moment d’hésitation, il ajoutait : «enfin, ce qu’on
appelle ordinairement une pomme.»
Pour ne pas se servir du mot compter, il disait :
– Il est des individus qui ne savent pas énumérer
jusqu’à trois.
Tout naturellement, le vocabulaire s’embrouillait
dans son esprit, et il en résultait des confusions de mots
absolument renversantes.
J’en ai noté des masses.
– Il faudra ravitailler cette chaise, disait-il ; elle est
en frais de s’épanouir.
Il disait aussi :
– Quand je me suis établi, je n’étais pas riche ; j’ai
fait un mariage d’inclinaison.
Ou bien encore :
– Le printemps n’est pas tardigrade, cette année ; les
arbres commencent déjà à badigeonner.
Une fois, il me fit la remarque que sa chatte était
très volatile ; qu’il l’avait surprise à détériorer un
rossignol.
– Le bal est commencé, messieurs, nous disait-il, un
soir que Mme Anglin, la femme du Speaker, nous
donnait une sauterie ; il y a déjà une valse qui périclite.
Souvent il criait à ses messagers :
– Allons, vite ! il est sept heures, enluminez les
salles.
– Les jésuites sont d’excellents prédicateurs,
aimait-il
à dire quelquefois ; mais je crois les oblats encore
plus forts sur la diatribe chrétienne.
Une fois qu’on lui annonçait que deux navires
s’étaient heurtés en mer :
– La coalition a dû être terrible, fit-il avec gravité.
Je l’ai entendu dire :
– La saison est rigoriste ; la subsistance devient de
plus en plus plantureuse.
Et encore :
– Je ne me sens pas bien aujourd’hui ; j’aurais
besoin d’une légère purification.
Et encore, s’adressant à ses subalternes :
– Allez me désagréger ces rideaux !
– La longanimité des employés publics augmente
toujours, remarquait-il souvent ; si on les laissait faire,
ils n’arriveraient qu’à la onzième heure, comme dans la
faribole de l’Évangile.
Il parlait de testament olographe, de vente par
sollicitation, d’allocution des deniers publics, d’injonction de morfil. Et ainsi de suite.
Un de ses plus beaux succès, à mon avis, c’est la
phrase suivante :
– Je n’approuve pas qu’on incruste les enfants au
collège jusqu’à l’âge de vingt ans, pour les extravaser
de grec et de latin.
– M. Blake a-t-il fait un discours ce soir ? lui
demande quelqu’un.
– Non, monsieur, répond-il, un tout petit épithalame
seulement.
[...]
Texte de Louis Fréchette,
tiré de ses Originaux et détraquées - 1892.
Louis Fréchette
(1839-1908)
***
(À la suggestion de Simon Popp : en
souvenir d'une de ses grandes tantes qui disait fréquemment : «Évidemment...
Par conséquent fa-ta que ça se conçoit...», mais, précise-t-il,
elle savait utiliser le plus-que-parfait du subjonctif comme nulle autre.)
***
Pour la suite de ce texte et en lire
les douze chapitres, consulter le site suivant :
https://beq.ebooksgratuits.com/pdf/Frechette-originaux.pdf
(Chapitre VIII)
|
|
Il y a dix ans dans
le Castor™
Note :
Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres, revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.
|
S
Jeff
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Le courrier
M. Gérard «Sarto»
Lefebvre, Kamouraska, Qc.
Il serait très surprenant
qu'en utilisant un four à micro-ondes pour faire du café instantané
qu'il soit prêt avant que vous le prépariez. Par contre, si vous déposez
ce même four dans votre foyer (cheminée ou âtre), vous serez en mesure de passer toute une
soirée en six minutes dix-sept secondes.
Mme Ursula Steinbeck,
Montpelier, Vermont
Création ou évolution ? -
Aux dernières nouvelles, Darwin aurait été adopté...
Monsieur Jean Lenôtre,
Paris XIVe
L'expression anglaise «Barking
mad» peut être traduite de plusieurs façons, les deux plus
courantes étant : «fou comme un chien enragé» et «fou au
point d'être enfermé», cette dernière laissant sous-entendre un hôpital
pour aliénés mentaux.
On peut s'imaginer dans le
premier cas que le mot «barking» se réfère au verbe «to bark»
ou «japper» (en parlant d'un chien) et, comme il est associé à
la folie, il devient évident qu'il pourrait s'appliquer à une personne
qui crie (ou «jappe») comme un chien atteint de la rage.
D'un autre côté - et cela
on le constate lorsque l'expression est écrite et que le mot «Barking»
y débute par un «B» majuscule -, qu'on se réfère à une
personne ou un endroit nommé «Barking». Or, au Moyen-Âge, à 25
kilomètres (à peu près) au nord-est de Londres existait un hôpital -
ou plutôt - un endroit où l'on enfermait les aliénés mentaux, près de
l'endroit dit Barking.
À vous de choisir.
À cette expression, je préfère
celle de «Mad as a hatter» que vous retrouverez dans Alice au
pays des merveilles de Lewis Carrol sous la forme d'un personnage du
nom, justement, de «Mad Hatter» et dont ledit nom aurait
pour origine - alors là, tenez-vous bien - du fait que les
chapeliers (hatter), jusqu'au début du XIXe siècle, utilisaient couramment du
mercure pour fabriquer leurs chapeaux dits «haut-de-forme» («top
hat») et que cet usage faisait qu'à la longue ils finissaient par «trembler
des mains et devenir agressifs», le tout causé par une certaine
intoxication au métal qu'est le mercure. Cela, selon les plus éminents
neurotoxicologues non seulement de l'époque, mais encore aujourd'hui..
Copernique
Marshall
(Ces informations sont tirées d'un de mes carnets de «Useless Knowledge».)
Mme Josée Marchand,
Drumondville, Québec
Madame, merci pour votre
message, mais nous tenons à vous rappeler que Trump a été élu démocratiquement.
- Hitler également, à bien y penser...
|
|
Dédicace
Cette
édition du Castor est dédiée à :
Lou
Andreas Salomé
Femme de lettres germano-russe et l'une
des premières femmes psychanalystes.
Elle est aussi connue pour ses relations
complexes et passionnées avec Nietzsche
et Rilke, ainsi que pour sa rencontre
importante avec Sigmund Freud
qui changea le cours de sa vie.
(1861-1937)
|
|
Le mot de la
fin
«Ce qui caractérise la pensée scientifique, c'est la capacité de
concevoir ce qui est important, ce à quoi il vaut la peine qu'on consacre
son temps et, surtout, qu'il s'agit d'un concept suffisamment intéressant,
mais également difficile à résoudre, qui n'a pas encore été résolu,
sauf que le temps est venu de s'y attaquer.»
- Savas Dimopoulos,
professeur à l'université de Stanford.
|
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Autres sites à
consulter
Webmestre : France L'Heureux
Webmestre : Éric Lortie
Webmestres : Paul Dubé et Jacques Marchioro
|
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Notes et autres avis
Clauses et conventions :
Le Castor™ de
Napierville est le fruit de plusieurs interventions de la part d'une
multitude d'intervenants :
-
En tête, son
programmeur qui a pour tâche de transformer son contenu en
fichiers HTML de telle sorte à ce qu'il puisse être diffusé en
textes lisibles sur Internet
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images qui en font parti
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chercheurs, concepteurs qui en rédigent chaque numéro.
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en assurent la qualité.
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