Né en 1924 au 7 bis de la Petite rue du Grand Marshall, William Lomax
qui,
très tôt se fera appeler Willie, fut le fils d'un important
entrepreneur en construction (région des Jardins de Napierville) dont les
vestiges des duplex, triplex et quadruplex qu'il a construits au cours des
années trente et quarante peuvent encore être aperçus de la route, sur le
chemin qui mène du Quartier Universitaire de Napierville à Méséglise (province
de Québec).
Homme d'action, il a quitté
l'école très jeune pour se lancer dans le commerce, notamment celui de la
revente d'objets divers, objets qui auraient figuré, selon certains, dans
de longues listes rédigées par la défunte Police Provinciale du Québec mais avec lesquelles
personne n'a pu faire de liens directs.
En 1942, après un court séjour
dans l'armée où il fut blessé accidentellement d'une décharge de plomb à un
doigt de pied, il embrassa la
carrière d'assureur-vie au sein de la défunte Mutuelle des Artisans du
Richelieu, compagnie au sein de laquelle il deviendra successivement
représentant général, directeur des ventes, assistant directeur du marketing
et chef-comptable jusqu'en 1946, date de l'acquisition de cette compagnie
(dont les revenus ne cessaient que de diminuer malgré d'apports de capitaux de
plus en plus intéressants) par le Groupe Vatfair-Fair and Co. qui, sitôt, en
revendit les actifs à la Mutuelle des Arianistes.
Devenu principal directeur de cette mutuelle, Willie Lomax en a surpris
plusieurs en mettant en marché des produits aussi diversifiés que la police "qui
pardonne" (c'est-à-dire la police qui oublie, pour certaines effractions,
votre casier judiciaire), la "no-fault" (quoiqu'il arrive, ce n'est pas
de votre faute), la "tous risques" (sauf pour les "risques
désignés") et
la "wrap-around" qui vous garantissait la présence d'une personne
sympathique à vos côtés lors de sinistres.
Fier de ses innovations, Monsieur Lomax y alla d'un coup de maître en
instaurant, pour ses principaux clients, la réassurance facultative qui, sans
surprime, dirigeait, pour une meilleure protection, les fonds de sa clientèle
à l'extérieur du pays. - Une enquête allait démontrer que cette méthode
opérationnelle n'était pas sans risque mais de retour au pays, après une
absence de deux ans au cours desquelles Monsieur Lomax était allé lui-même
vérifier les transactions de la firme qu'il avait fondée dans les Bahamas, il
remit dans la caisse des Arianistes plus de la moitié de l'argent ainsi
investi. Pour le récompenser de ses efforts, le Conseil
d'Administration de la Mutuelle lui vota un supplément de revenu équivalent à
quinze pourcent de l'argent retrouvé, une prime qu'il consacra aussitôt (en
partie) à des oeuvres de charité et à l'achat d'équipements contre les
incendies pour le Quartier Universitaire de Napierville. - Cette année-là, il
reçu des mains de curé de la Paroisse du Saint-Sépulcre et des Deux Vierges le
Grand Prix de la Coopération du Quartier.
***
L'incendie du Manoir Legendre,
la tempête de verglas de 1954 et la démutualisation du portefeuille "général"
des Arianistes portèrent un dur coup à cet homme qui trouvait dans l'entraide
et la coopérative une source d'inspiration. La revente des actions qu'il reçut
en échange des parts qu'il possédait dans cette Mutuelle ("de l'argent sur
lequel je n'ai jamais compté", allait-il dire par la suite) lui permit de
fonder la Confiance, Compagnie d'Assurance Générale (1956) de même que
sa filiale, La Napierville Taxi Owners' Insurance Company (1957) et leur
pendant, la Napierville-Re (1960), trois sociétés qui allèrent profiter des
erreurs de mise en marché de puissants rivaux et s'accaparer d'une
part importante du marché de l'assurance-groupe de divers syndicats dans la
région de Sorel, de Montmagny et de Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix.
Quelques pépins ont jalonné ce
parcours qui a mené tout droit à la police "sans sinistre", la plus globale
des polices à laquelle William Lomax a participé (à la fois au niveau de la rédaction, de
la création et de la mise en vente) à l'automne de 1962. - Plus tard, on
allait lui reprocher d'avoir ainsi mis en faillite de nombreuses compagnies
incapables d'assumer les frais de poursuites contre la Confiance mais grâce à
l'intervention d'experts recrutés parmi les plus célèbres du milieu habituel,
cette société pu inscrire, dans son bilan de 1966, des profits records.
En 1970, Willie Lomax y alla encore plus de l'avant en inaugurant un service
de restauration après-sinistre basé sur le principe des achats collectifs,
créant ainsi une industrie qui prévaut encore de nos jours (moyennant
certaines ristournes), réduisant du même coup les coûts d'opération de ses
sociétés en diminuant le nombre d'experts susceptibles de questionner le
jugement de ce qu'il appela alors les empêcheurs-de-tourner-rond soit : les
ingénieurs, les avocats, les chimistes et les comptables. - On lui reprocha
par la suite d'avoir été lui-même à la tête de diverses compagnies de
restaurations mais toutes les enquêtes menées en ce sens ne réussirent qu'à
démontrer sa bonne foi et son intégrité.
S'étant ainsi approprié une large part du marché spécialisé dans le domaine de
l'assurance en tous genres, la Confiance, Compagnie d'Assurance vit, en 1974 (en
particulier) doubler ses profits lorsque - coup de maître - elle se mit à
exclure de ses réserves les demandes d'indemnité douteuses, le nombre de ses
demandes ayant plus que triplé en deux
ans. Parallèlement à cette décision William Lomax décida de créer une société
d'entraide pour les plus démunis de ses assurés en instaurant un fonds pour
leur venir en aide.
Puis vinrent les catastrophes de 1979 et de 1983 qui, n'ayant point touché
directement son portefeuille, permit à la Confiance d'augmenter, à partir de
1984, ses primes de
57%, 77% et 98% ce qui, jusqu'en 1990, transforma ce qui aurait pu être un déficit en un
dividende de 3,6% par action - du jamais vu dans l'industrie - et une
augmentation de 627% du revenu net de son propriétaire qui, en 1991, décida de
se retirer non sans avoir décidé d'investir tous les avoirs de ses
actionnaires dans la Swindling General Insurance Company of Jamaica dont
le directeur-général allait être son fils aîné, John.
***
William Lomax est décédé à bord
de son yatch privé, le "Monaco-Re",
au large de Monte-Carlo, et ce, à la suite d'une brève maladie, le 8
juillet de l'an 2004 laissant derrière lui une compagne, Monica, deux fils et une fille : John, l'aîné,
qui demeure présentement à Leavenworth dans l'état du Kansas, Mark, le plus
jeune, qui est résident de la Santé à Paris et Donah (Boyd), pensionnaire de
l'état à Fleury-Mérogis (Essone)