Vol. XXX  n° 8 Le seul hebdomadaire de la région publié une fois par mois Le lundi 6 avril 2020

Ça va bien aller...

... si l'on reste chacun chez soi.

 


Ce numéro

(Mais pas nécessairement dans l'ordre)

Éditorial ! - Une sale incompréhension - Le cas des privilégiés - De grands, mais de grands nombres - Sacha Guitry, La Fontaine, Charles Baudelaire - Niels Borh, Einstein, Trudeau (fils) et Trump - Réflexions sur un proverbe de Lao Tseu (né Li Er) - Yves Thériault, Isaac Asimov, Albert Camus, Ross Macdonal et Le mythe de Sisyphe - René Char et la Poésie - Alphonse Allais.... et 

Un peu d'humour pour nous faire oublier que si l'on est bien chez soi, en ce moment, il est plus que probable qu'on serait mieux ailleurs.

Bonne Lecture !

Éditorial  


La question qui nous préoccupe présentement - et qui nous inquiète - est : «Pourquoi "19" ?»

Pourquoi pas "10", "12" ou "16" ? 

Si ce «virus» est le 19e de sa catégorie, c'est qu'il a dû y en avoir 18 autres, non ? Que leur est-il arrivé ? Et s'ils se mettaient tous en branle ?

À moins que ce soit un nombre inventé de toutes pièces. Pour frapper l'imagination...

Personnellement - et cela n'engage en rien la direction du Castor™ - il me semble que, si 'est le cas, on ne peut pas dire que ceux qui l'ont inventé l'avait brillante... l'imagination.

Ils auraient dû, d'abord et avant tout, lui donner une lettre, une lettre qui aurait attiré l'attention ; genre «X» ou «Z». - Celui qui a découvert les rayons X, par exemple, n'a pas manqué son coup, lui. - Et puis ensuite faire suivre cette lettre d'un nombre, mais pas n'importe lequel. - Moins non-imaginatif que "19". Un nombre forcément premier. Pour ça, il ne se sont pas trompés, mais pourquoi n'ont-il pas pensé à «13» ? - Voilà un nombre qui a une certaine signification car il a toujours fait peur. - Et puis, il aurait confondu ceux qui cherchent des significations cabalistiques partout ; et même laisser l'impression d'un véritable danger comme celui d'avoir, pour origine, un pays mystérieux, comme... l'Afraghanistan ou même une autre planète, cette fameuse seconde Terre qu'on ne voit pas parce qu'elle se trouve de l'autre côté du système solaire ou une autre habitée par des êtres attirés par nos femmes et nos enfants (ça s'est vu dans de nombreux films). - Et puis, pas question d'un dieu égoïste, revendicateur, assoiffé de destruction : on sait que les dieux n'ont jamais aimé le nombre 13 et que le démon, lui, préfère une nombre plus complexe : le «666»...

X-13 !

C'est vrai qu'au Québec, nous avons eu un as-espion qui était connu sous ce nom. Écrit cependant de façon différente : «IXE-13». (Paraît que ça l'aidait dans ses missions.)

Mais laissons aux gens du marketing le soin de décider ce qui est approprié. Posons-nous cependant une autre question :

Ces numéros qu'on donne à toutes sortes d'événements,  à des produits, alimentaires, pharmaceutiques ou à des hôtels, des groupes de musiciens, des chaînes de télévision, des boulevards même... ont-ils vraiment une origine sérielle ?

Il semblerait que non car, dans ces conditions, on pourrait soupçonner la pré-existence d'une sauce aux tomates numéro «56», d'un jus de légumes «V-7», d'un Chanel... Numéro 4, d'une Préparation... G, d'un hôtel au nom de... Elizabeth I, d'un groupe qui se serait fait connaître en tant que U...1 (*), d'un Canal... 9 et pourquoi pas un boulevard Pie... VIII ?

(*) Ce qui n'exclue par Two Dog Night, The Jackson Four, The Five Seasons... ou, plus près de nous : B-zar et ses Romains, Les Classe...M,, les Y-centriques, les Quart-Lady's, Raymond Berthiaume et les Deux Bars...

Le pire dans ces nomenclatures-là eurent sans doute été des séries commençant par une lettre et finissant par une autre. La série «A»  par exemple, qui serait passée après un certain nombre au «B» pour aboutir aux bombardiers dits «B-52»... quoique... ont déjà existé des Ford Galaxy... 500. - Ce serait surprenant qu'il y en ait eu 499 pour le préscéder. - Et qui dire du Windows 10 sans qu'il y ait eu de 9 ?

Mais revenons au virus COVID-19 :

L'Histoire (avec un grand H) nous rappelle qu'il y a eu par le passé bien des pandémies sauf qu'au lieu de les numéroter, on leur a donné des noms et des noms qui en disaient longs sur leur nature. Faut croire que nos ancêtres en savaient plus que nous sur l'anthropozoologie.

On disait, par exemple, à propos des pestes, que l'une était de nature «bubonique», une autre plutôt «septicémique», sans compter les «pneumoniques, «pharynginiques», les «lymphadénites», les «telluriques» et même les «selvatiques».

Deux exceptions : la peste «noire» (ou «Grande peste») qui fut en réalité une vague de pestes (buboniques), une vague qui a été responsable de la mort de 30 à 50 % des Européens entre 1347 et 1352, et puis... la peste dite «de Justinien» (541 à 767)... quoique on ne sait pas, au juste, s'il s'est agi, dans ce dernier cas, d'une véritable pandémie car les témoins de l'époque, tout comme ceux qui ont connu Napoléon, ou Shakespeare se font de plus en plus rares.

Une, cependant, semble avoir échappé à toute nomenclature : celle d'un haut-mal ayant frappé la Grèce (Athènes, surtout) il y a longtemps de cela et à propos duquel Thucydide (qui s'écrit avec un "d", un "t" et un "s" à la fin... chez nos amis anglophones) donna d'amples détails des années plus tard, plus précisément dans son deuxième livre sur la guerre avec les Péloponnésiens (431-428 avant J.-C.) et... qu'un de nos plus fidèles lecetrues (celui qui habite en face du Parc Lafontaine à Montréal) a bien voulu rappeler à notre déjà surchargée mémoire.

Mais... tout cela est bien beau, me direz-vous (passez-moi le «bien beau»), qu'en est-il au juste du Dix-neuvième COVID ? Et que faire pour se protéger contre ses néfarieux effets ?

Les opinions sont partagées :

L'on peut se fier à ce que l'on raconte, documents et statistiques à l'appui, les grandes chaînes télévisées ou écouter ce qu'en disent certains politiciens ou spécialistes dont les opinions ne sont malheureusement pas filtrées par le concensus qui se dégage habituellement des discussions qui se tiennent dans des établissements où l'on sert des boissons fermentées (et parfois distillées) car ces établissements sont présentement fermés.

Autant se fier à ce qu'en disent nos voisins ou collègues - Pas tous car je me souviendrai toujours de celui qui m'a forcé de pelleter, un jour, 40 centimètres de «partiellement nuageux»...

Et tout ça, sans compter, qu'il existe une troisième option :

Accepter non pas aveuglément mais comme étant plus que probables les contradictions, mensonges, stupidités et fourberies d'un certain Donald J. Trump à qui nous souhaitons de ne pas être une victime de ce qu'il a prédit être une simple grippe...(*) 

(*) Ne souhaitons pas en effet de malheur à ce pauvre bougre sauf que... si jamais cela lui arrive (Dieu nous protège !), il est possible que la plupart d'entre-nous du Castor™, du Dragon Basané et, je crois bien, de tout le Campus de l'UdeNap, sans compter une partue de l'Amérique. n'aient pas à son égard une sympathie désordonnée.

Entre temps, même si ce conseil ne résonne pas de façon distinguée à nos oreilles (que nous ne voulons certes pas qualifier d'inaccoutumées) :

Restons chez nous !

Oui, je sais : être combattant en regardant un chat dormir ou découvrir ce que fait depuis des années notre conjointe, seule à la maison (je m'adresse aux hommes mariés à l'écoute), ce n'est pas ce qu'il y a de plus glorieux, mais songez à tous ces milliardaires qui voient, de jour en jour, leur fortune fondre comme de la glace au soleil... Voilà ce qu'on appelle du courage.

E. M.

*

Dernière minute
(Le dimanche cinq avril)

La publication d'un organe comme le Castor exige une certaine planification et c'est à la mi-mois que nous demandons généralement à nos chroniqueurs de soumettre leurs «papiers», pas trois jours avant la tombée.

Pour cette édition, nous leur avons proposé de réviser leurs textes à la dernière minute, de leur ajouter un mot et même de quoi détendre nos lecteurs en ces temps difficiles.

Nous les remercions pour les efforts qu'ils ont déployés, efforts que nous vous demanderons, chers lecteurs et lectrices, d'apprécier compte tenu des inévitables erreurs qui se sont sans doute glissées dans notre dernière-minute mise en page.

La direction


Chroniques


 

Pour les chroniques précédentes de nos correspondants cliquez sur ce lien .
 
 
      Simon Popp

Quarantaine
«Chaque personne est bien seule.»
(Marcel Proust)

C'est dans des moments comme celui que nous traversons présentement que certains d'entre nous (je dis bien : «certains») sont d'immenses privilégiés.

Nous vivons, je crois, dans un pays dont les Gouvernements ne semblent pas avoir de réticences à faire ce qui doit être fait pour lutter contre une pandémie ; qui, surtout, n'essaient pas de nous cacher la vérité contrairement aux dirigeants de nos voisins du sud qui semblent, surtout par la bouche de leur incompétent, menteur, fabulateur et - disons le mot - fourbe président, ne font que dire ce qu'ils imaginent que leur population voudrait entendre.

Tout, aux dernières paroles de leur président (au moment où j'écris ces lignes) devrait être sous contrôle à Pâques ? Il est évident qu'il n'a jamais entendu parlé de la Trinité(*)...

(*) 20 avril, 27 avril, 4 mai sujet à révision, aux dernières nouvelles (Note de l'éditeur)

Privilégiés ?

Plus que privilégiés. En ce qui me concerne, je suis un privilégié parmi les privilégiés, un de ceux qui, confiné à la maison, est en santé, a d'autres passe-temps que celui de regarder la télé et puis, quand j'y pense, pas d'enfants en bas-âge pour ruiner sa tranquillité. Ni, encore, de problèmes financiers sauf que je regarde d'un oeil incertain l'argent-papier en ma possession qu'on commence à refuser partout.

M'enfin !

Peu enclin aux manifestations puériles de sympathie (y'en a-t-il d'autres ?), je dois avouer que je pense de plus en plus et de façons non feintes à ceux qui ne sont pas dans mon cas.

Et un grand merci à ma voisine et son conjoints qui se sont offerts pour se rendre aux endroits (épicerie, pharmacie...) où je ne devrais pas aller.

P.-S. (Le dimanche 5 avril) : 

Je regardais mon agenda, hier. - C'était bien le 14 mars dernier que le Gouvernement de la Province a ordonné la fermeture des bars, la mi-(à ce moment-là)-fermeture des restaurants, mais la fermeture complète des cinémas, arénas, centres sportifs... et interdit les rassemblements de plus de X personnes, n'est-ce pas ? - Pas il y a deux, mais bien trois semaines. Et on nous annonce que d'ici la fin d'avril, l'on reverra ces règlements (beaucoup modifiés depuis)... - Excusez-moi, mais fin avril, début mai, ce n'est pas dans trois, mais bien quatre semaines... - On en sera à ce moment-là à sept semaines et tout indique qu'on n'en sera pas à la fin.

Il est peut-être temps que l'on commence à ne plus se conter de grosses menteries :

On n'est pas sorti du bois (de l'auberge, comme disent nos amis européens).

Restons chez soi, oui. mais autant vraiment faire face à ce qui nous attend.

Est-ce que vous vous souvenez de ces ennuyeux cours qu'on nous donnait (à l'époque) sur l'hygiène mentale ?

En terminant

Une directive a été donné à nous tous pour ce numéro du Castor™  :

N'oubliez pas - c'est important - en ce temps morne - de faire rire nos lecteurs !

Voici ma contribution :

Deux blagues que je connais depuis des années et qui ne font jamais rire ceux à qui je les ai répétées :

1) le seul opéra Western connu : Oedipus Tex.

2) le nom de la baleine n'ayant qu'un seul côté : Moebius Dick.

Elles me font penser aux escaliers qu'on peut monter ou descendre et qui, depuis des siècles, ont évité qu'on soit obligé d'en construire deux pour passer d'un étage à un autre

 Et à une question que je me pose depuis des années :

Les gens, dans les miroirs, savent-ils qu'ils n'existent pas ?

Simon

      Herméningilde Pérec


Sale temps pour les vieux

J'ai lu, relu ou écouté divers communiqués sur ce virus au nom et au numéro dont je n'arrive pas à me rappeler et qui, tout-à-coup, mais pas tout-à-fait, est venu cogner à nos portes. - À mon âge, socialement confiné à la maison, je n'ai eu que ça à faire. Ça et regarder   les «nouvelles» à la télé. - Pourquoi confinés ? Pour une raison que les plus jeunes auront oublié dans cinq ans, sans doute deux, et que les moins jeunes tenteront en vain de raconter, dans dix ans, à leurs petits enfants, de la même façpn que mon grand-père a voul m'entretenir de la Guerre des Boers...

À noter que j'ai écrit «nouvelles» entre guillemets car parmi celles que j'ai pu lire (dans les journaux publiés via l'Internet) et celles que j'ai pu voir et entendre à la télévision, il me semble que, globalement, nous, les habitants de ma région, n'avons pas lu, entendu, consulté les mêmes sites ou les mêmes organes.

Cela m'a amené à penser que, depuis le temps que je promène comme tout le monde dans cette vallée de larmes, j'ai vécu sous la douce coupole de l'illusion qu'on me comprenait quand je disais quelque chose... enfin... qu'on ne me comprenait pas directement, mais qu'on devinait ce que ce que je voulais dire. C'était mon côté optimiste.

Et voilà que, depuis l'arrivée de ce virus - au nom et au numéro dont je n'arrive pas à me rappeler -, mon utopique vision de la communication entre humain vient d'en prendre un coup.

Ainsi :

Quoique je ne suis pas prêt à l'admettre volontairement, je suis vieux ; et la consigne actuelle pour les gens de mon âge, au moment où j'écris ces tristes lignes, moment qui pourrait durer un certain temps (qu'on me dit «court» !),  veut que je demeure à... demeure, dans ma demeure il va sans dire, mais surtout éloigné de tous mes contemporains et que j'évite surtout de me présenter en personne, sauf en cas d'urgence, dans des établissements tels que ceux dits pharmaceutiques, d'alimentation ou hospitaliers. La raison de cette consigne (j'eusse préféré un mot moins écoférant) est que les gens de ma génération seraient particulièrement sensibles aux effets néfastes de cette chose - au nom et au numéro dont je n'arrive pas à rappeler - qui, contagieuse, pourrait entraîner notre disparition dans une proportion supérieure à la moyenne lorsque incorporée dans nos humbles structures biologiques.

Cela m'a été facile de le comprendre. C'est l'effet contraire qui m'a étonné. 

D'un possible effet, je suis devenu une cause ; d'une potentielle victime, je suis devenu un perpétrant ;  d'un éventuel pestiféré, je suis devenu un pestiférateur. 

Au début, on évitait de me parler à un, puis à deux mètres de distance. En l'espace de quelques jours, on s'est mis à traverser la rue pour ne pas me croiser. Et, le surlendemain, on n'osa plus me saluer même de l'autre côté de la Place du Grand Marshall. Aujourd'hui, on en est à  vingt mètres de ma porte d'entrée (!). Et mon voisin m'a regardé tout-à-l'heure avec de gros yeux quand je me suis aventuré jusqu'à mon bac à déchet...

Lancera-t-on après demain des pierres sur mon humble chaumière ? Mettra-t-on le feu à mon auto ? Et qui sait si on n'en est pas à fabriquer des cocktails molotov ?

Je crois qu'on a mal compris ce que d'aucuns ont appelé des consignes, d'autres des directives et, un petit groupe, un onzième commandement.

Clarifions :

On n'a pas dit que les gens de mon âge étaient des porteurs de virus au nom, etc.

On a dit que nous étions plus vulnérables à ses néfastes effets.

Ce qui revient à dire que :

Nous tenir éloigné et nous demander de rester confinés en nos domiciles sont des largesses qu'on nous octroie. On nous dit : «Restez chez vous, nous allons vous protéger !»

Bonnes gens, ne me saluez point : c'est à moi et aux gens de mon âge de vous saluer et de vous remercier.

Non pas mauvaise , mais moins bonnes gens : si je vous salue d'un grand geste quand je vous rencontre, ce n'est pas le signe d'un mort-vivant qui tient à vous amener dans son sillon, mais d'un humble futur-vivant qui vous indique que votre aide est fort appréciée.

H. Pérec


       Copernique Marshall


Dernière minute

Ne vous illusionnez pas plus sur ma situation.

Ce n'est pas parce qu'on est le fils du Professeur et l'arrière-petit-fils du Grand Marshall (qui a connu, lui, la grippe espagnole) qu'on est à l'abri de tous les soucis : 

Je suis, comme tout le monde, confiné à la maison. Avec toute ma famille (et les situations que cela implique). Je n'ai pas accès à mes archives. J'ai des paiements à rencontrer. Je ne sais pas quand tout cela va se terminer. Ni ce qui va se passer après. Et les journées où il pleut, surtout, sont très longues.

Comme vous, je regarde la télé dans l'espoir d'avoir des nouvelles encourageantes. Je n'en reçois pas plus que vous en recevez.

La chose qui me frappe cependant, c'est la totale ignorance dans laquelle nos dirigeants improvisent leurs décisions :

- Isoler les gens à la maison ? Parfait ! Et suggérer aux gens de ne pas se rapprocher a plus d'un mètre, même deux de quelqu'un d'autre ? Encore mieux ! - Oops, on a oublié les itinérants, les drogués, les anarchistes, les fanatiques religieux, ceux qui ne savent ni lire, ni écrire ou qui n'ont pas accès à l'information... Et pourtant, s'il y en qui sont susceptibles de répandre ce qui ne doit pas être répandu...

- Soigner les gens ? Naturellement. - Mais avec quoi ? Et puis où ? Nous avons combien de lits disponibles ? Et il faut de l'équipement... en plus ?

- Les activités non essentielles. C'est sûr qu'ils faut les arrêter ! - C'est que... ça va occasionner des mises à pieds... Combien ? Dans quels secteurs ? Et ces gens-là, de quoi vont-ils vivre ?

- Payer ? - Euh... pas de monnaie ni d'argent-papier. Alors comment ? - Et s'il y en a qui n'ont pas de cartes de crédit, de débit ?

- Ben... on va leur envoyer des sous. - Comment, à qui, combien ? Et nous les prendrons où, ces sous ?

- Les frontières ! - J'allais oublier les frontières ! Faut les fermer. -Et aux Canadiens qui veulent revenir au pays... qui se trouvent en Floride, en France, en Espagne... ?

- Et ainsi de suite.

Une chose, quand même, me paraît très clair : il a beau être débordé mais entre le fils du «vrai» Trudeau (c'est une chose que j'ai entendue il n'y a pas longtemps) et cet idiot du village qu'est Trump...

Bout de bon Dieu, quel incompétent que ce sans (doute) pseudo-milliardaire de mes deux!

Copernique

 

J'allais oublier :

La blague qui m'a toujours fait rire ?

Elle se passe dans un théâtre d'amateurs d'une petite ville sans importance. Son directeur était un homme qui aimait «les histoires vraies» et avait décidé un jour de monter «Le journal d'Anne Frank» d'un auteur très méconnu. Pour cela, il engagea un metteur-en-scène qui ne connaissait rien au théâtre (mais qui lui avait fait un deal sur une télé de 54"), des comédiens plus ou moins sans talent (tous de sa famille immédiate) et, dans le rôle principal,  une jeune serveuse qu'il avait repérée dans un snack bar. Les décors furent confiés à un peintre en bâtiment qui était - ça, on l'a su après - daltonien, la musique écrite par une dame patronnesse qui ne savait jouer, au piano, qu'une partie d'une sonate de Beethoven, la régie étant assurée par un sans-métier qui ne savait ni lire, ni compter.

Ce qui frappa les spectateurs, le soir de la première, ce fut surtout l'incapacité de la jeune fille jouant le rôle d'Anne Frank de se souvenir de son texte (le souffleur était asthmatique). Sa diction, de plus, n'était pas ce qu'on aurait qualifier de très claire. Et elle était bègue.

Bref, le spectacle n'allait pas remporter un prix - quel qu'il fut - ce soir-là.

Assez, qu'au troisième acte, lorsque la Gestapo entra en scène et demanda : «Où est Anne Frank ?», tous les gens dans la salle se levèrent et crièrent : «Elle est dans le grenier....»

C. M.

       Jeff Bollinger


Ma chronique...

Je ne sais pas si elle fera partie de cette édition du Castor™, mais elle parlait de grands nombres.

Dérisoire qu'elle semblera quand on aura pris connaissance ceux qu'on nous défile à la télévision depuis quelques jours. Plus d'un million, ici, plus de 100,000 là. On prévoit entre 100 et 200 mille morts aux États-Unis ! - SI TOUT VA TEL QUE PRÉVU !

J'écris ceci de la maison où toute ma famille est réunie ou plutôt... confinée depuis deux semaines.

Oui, nous sommes bien. Les jeux de société fonctionnent à merveille. Nous ne manquons de rien. Mais...

Y'a comme des questions que personne n'ose poser.

Bonne chance à tous et à toutes !

Jeff

Note : 

   Voici la chronique que nous faisait parvenir Jeff il y a trois semaines.

   La direction

*

   Mille milliards de...

J'ai appris quelque chose que je savais pas il y a deux semaines. À propos des milliards et des billions et des billions de quintillions, à moins que ce soit un sextillion de quadrillions (que je m'obstinais à prononcer quaTrillions à cause du chiffre quatre) :

Qu'il existait dans notre vaste monde, deux échelles pour nommer les chiffres supérieurs à un million : la courte et la longue.

Dans la courte, chaque nouveau nom de nombre plus grand que le million est MILLE fois plus grand que le précédent. C'est la plus simple :

Mille millions est l'équivalent d'un billion
Mille billions est celui d'un trillion
Mille trillions,  un quadrillion (notez bien le «d»)
Enfin... vous voyez le genre :
     quadrillions, quintillions, sextillions, septillions...

Dans cette échelle je serais théoriquement capable de compter jusqu'à 999 octillions. Si on me laissait le temps. - Quelque chose comme jusqu'à la fin des temps plus une journée. Même si je n'en vois pas l'utilité...

Une question, quand même, me revient constamment en tête :

Comment écrit-on, au long, 964 478 032 944 octets ?

C'est le contenu d'UN de mes disques informatiques à la maison... Tout ce que je sais, c'est que ça prend seize heures à copier d'un disque à un autre...

*

L'autre échelle s'appelle «la longue».

Celle-là est un peu plus compliquée.

Mille millions est l'équivalent d'un milliard (soit un billion dans la courte)
Mille milliards équivaut à un billion (soit un trillion dans la courte)
Mille billions. un biliard (soit un quadrillion dans la courte)
Et ainsi de suite... 
(Avec des nombres nommés trilliards, quadrilliards...)

J'ai appris par la suite que la courte était l'échelle la plus utilisée en Europe (à l'exclusion du Royaume-Uni), au Brésil et aux États-unis (sauf à Porto Rico)  tandis qu'au Japon, au lieu de combiner les chiffres en exposants de trois, on se sert de l'exposant quatre mais qu'aux Indes, on les groupe par deux...

Pas de problème en vue :

Même en comptant mon avoir en millionième de quarts de cents, je ne vois pas quand au juste je pourrai dire que je suis multi-milliardaire.

Faudrait que je change mon nom à «Trump» et que je dise que mon seul nom en marketing  vaut un milliard. Ce qui n'est pas nécessairement faux, mais j'ai une associée : mon épouse qui, à elle seule vaut 999 mille quintillions sur un sextillion de ce milliard.

Une blague ?

Je ne sais même pas si c'est une blague ou non :

C'est l'histoire de l'archéologue qui, ayant entrepris d'immenses calculs, avait réussi à démontrer et publier, après des années de recherches, divers travaux voulant la Grande Pyramide d'Égypte contenait, dans le nombre de ses pierres, leur disposition, orientation, poids, etc., tous les secrets du monde y compris le principe d'Archimède, le fondement mathématique à l'origine du calcul intégral, la vitesse de la lumière, l'oscillation de la pendule de Foucault, jusqu'au E=MC2 d'Einstein et même les secrets de la quadrature du cercle... jusqu'à ce qu'on le découvre, un jour, en train de limer une pierre dans le passage menant en son centre, pour démontrer que l' interprétation probabiliste des coefficients linéaires du principe de superposition de Max Borh était une supercherie.

Jeff

   Georges Gauvin


Question : ai-je encore un emploi ?

Vendredi 13 mars. - Un vendredi et un treize ! - Je m'en souviens encore.

(Comme disait Simon l'autre jour, on peut ne pas croire en la superstition, mais parfois, qu'on y croit ou qu'on y croit pas, ça marche...) - Voir note à la fin.

On nous a dit de ne pas nous inquiétez, que nous serions payés quand même, mais de ne pas, étant donné les circonstances, se pointer au travail, le lundi 16.

Depuis ce temps, rien. - J'ai téléphoné à mon boss le 20 et il m'a répondu qu'il attendait lui aussi, des directives de son boss. - Et de boss en boss, on n'a pas encore entendu parler de quoi que ce soit. - Le 27, ouf ! Ma paie a été déposée dans mon compte et j'ai reçu la slip du Capitaine Haddock (*) via l'Internet la journée même.

(*) Haddock pour «ad hoc»... loc. lat. signifiant «pour cela». - Intervention anonyme.

Sur le site [de mes employeurs] une note [Avis à tous nos employés] : «Nous nous excusons de la situation, mais nous vous reviendrons sous peu...» Sauf que ça fait deux semaines que cette note est là et y'a pas d'adresse à qui envoyer des messages.

Ma chum de fille, celle qui travaille à l'étage des boss - et qui elle non plus ne travaille plus - m'a dit que la même chose est arrivé lors de la tempête du verglas et que tout le monde a été payé... en '98...

En '98 ! Je ne me souviens même pas  si j'en étais déjà à mes premières périodes !

«Ben oui, qu'a m'a dit. On a été payé à rien faire pendant trois semaines...»

«À rien faire...» C'est ben beau sauf que je m'en fais.

Pas pour la paie en tant que telle (quoique...), mais de ce qui va arriver. 

Le Ministre Legault a bien beau avoir l'air calme, bien beau me rassurer, mais il ne dit pas grand chose. Il ne nous parle pas des «vraies affaires», comme dit ma mère. Ma mère qui m'appelle dix fois par jour pour me demander si je vais bien, si j'ai besoin de quelque chose alors que ce serait à moi de lui demander.

Et c'est comme ça depuis des jours, depuis trois - semaines !

Ma voisine me dit qu'on va bientôt «fermer» l'Île de Montréal. - Ouais ? Pis mon p'tit ? Y va rester où, lui ? À Rosemont si c'est c'est là qu'il va se trouve quand ça va arriver ? - Pas beaucoup de chances de ce côté car il est là juste deux jours aux quinze jours, mais quand même...

«J'mange p'us, j'dors p'us...» comme dit Charlebois (*)

Mais j'pense plus à :

«Docteur Kildare, Marcus Welby, s'i' vous plaît, sauvez-moé la vie !» (**)

(*) Paroles de la chansons «Le violent seul»

(**) Paroles de la chanson «Ambulance Francoeur» du Groupe Aut'Chose

Georges

P.-S. : Faites-vous-en pas : c'était juste pour rire. - Faut bien. par les temps qui courent. Mais, parlant de rire :

*

Une blague, moi ?

Je ne comprends jamais celles qu'on me raconte.

Je peux quand même répéter un mot de Sacha Guitry. Et qui n'est pas drôle du tout quand on y pense :

«Si les femmes savaient ce que nous savons d'elles, elles n'auraient pas à se maquiller pour nous cacher ce que, de toutes façons, nous ne comprendrons jamais.»

Et je me souviens de cette comédienne qui, considérablement avancée en âge, lui air répondu, un jour, après qu'il lui ait dit qu'elle était très bien habillée :

«Monsieur, à mon âge, on ne s'habille pas : on se couvre.»

*

Note : La citation au début à propos de la superstition, n'est pas de moi : elle provient d'une remarque que fit un jour Niels Bohr à Albert Einstein à propos d'un fer à cheval. - Simon.

        Fawzi Malhasti


Morceau choisi

J'avais pensé, pour ce numéro du Castor, citer Les animaux de la peste pour un seul vers («Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés») mais Simon m'a volé mon punch en suggérant d'insérer cette fable de La Fontaine dans la rubrique «Extrait du mois». Vous pourrez la lire ci-dessous.

Désolé, Simon s'est excusé et, de sa coutumière façon, m'a dit à l'oreille... qu'avec la fermeture des salons de coiffure, nous allions sans doute voir la véritable couleur des cheveux de nos amies tout en précisant... «... et peut-être celle de ceux de quelques uns de leur ou leurs conjoint(s)...».

Voici La chevelure de Charles Baudelaire :

Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure !
Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir !
Extase ! Pour peupler ce soir l’alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
Je la veux agiter dans l’air comme un mouchoir !

La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique !
Comme d’autres esprits voguent sur la musique,
Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum.

J’irai là-bas où l’arbre et l’homme, pleins de sève,
Se pâment longuement sous l’ardeur des climats ;
Fortes tresses, soyez la houle qui m’enlève !
Tu contiens, mer d’ébène, un éblouissant rêve
De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts :

Un port retentissant où mon âme peut boire
A grands flots le parfum, le son et la couleur ;
Où les vaisseaux, glissant dans l’or et dans la moire,
Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
D’un ciel pur où frémit l’éternelle chaleur.

Je plongerai ma tête amoureuse d’ivresse
Dans ce noir océan où l’autre est enfermé ;
Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse,
Infinis bercements du loisir embaumé !

Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,
Vous me rendez l’azur du ciel immense et rond ;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m’enivre ardemment des senteurs confondues
De l’huile de coco, du musc et du goudron.

Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde
Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
Afin qu’à mon désir tu ne sois jamais sourde !
N’es-tu pas l’oasis où je rêve, et la gourde
Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?

Citation

Voici deux extraits, le début et la fin, d'une opinion du très renommé chroniqueur américain, George F. Will, parue récemment dans le Washington Post.

Il s'agit d'un texte remarquable à bien des points de vue ; de ceux qui sont si anglais qu'il ne faut même pas à songer à les traduire ; l'équivalent de certaines tirades de Racine, revues et corrigées par Monty Python.

Je me suis permis, pour qu'on puisse en apprécier la beauté (si, si : la beauté) d'en annoter quelques mots.

Voici, d'abord, le texte sans annotations :

Trump is no longer the worst person in government
(Trump n'est plus la pire personne au gouvernement)

Donald Trump with his feral cunning knew. The oleaginous Mike Pence, with his talent for toadyism and appetite for obsequiousness, could, Trump knew, become America's most repulsive figure. Because his is the authentic voice of today's lickspittle Republican Party, He clarifies this year's election : Vote Republican to ratify groveling as governing.

[...]

Trump is what he is, a floundering, inarticulate jumble of gnawing insecurities and not-at-all compensenting vanities, which is pathetic. Pence is what he has chosen to be, wich is horrifying.

  Bravo si vous l'avez lu sans une seule fois consulter un dictionnaire !

   Le revoici, annoté :

Trump is no longer the worst person in government

Donald Trump with his feral (1) cunning (2) knew. The oleaginous (3) Mike Pence, with his talent for toadyism (4) and appetite for obsequiousness (5), could, Trump knew, become America's most repulsive figure. Because his is the authentic voice of today's lickspittle (6) Republican Party, He clarifies this year's election : Vote Republican to ratify groveling (7) as governing.

[...]

Trump is what he is, a
floundering
(8), inarticulate jumble of gnawing (9) insecurities and not-at-all compensenting vanities, which is pathetic. Pence is what he has chosen to be, wich is horrifying.

   Les notes :

(1) Feral : sauvage, cruel, vicieux

(2) Cunning : plein de ruses, d'artifices, de stratagèmes ; fourbe, hypocrite, perfide.

(3) Oleaginous : «huileux»... se dit d'une personne qui a, vis à vis, ses semblables, la consistance de l'huile

(4) Toadyism : toadyisme - tendance à flatter quelqu'un dans le but d'obtenir des faveurs du mot «toad» anglais : crapaud.

(5) Obsequiousness ; obséquiosité : tendance aux révérences, à la flatterie, la servilité

(6) Lickspittle : lèche-bottine.

(7) Groveling : rampant

(8) Floundering : qui patauge

(9) Gnawing : qui ronge (i.e. : comme un rat).

  Tout à fait délicieux !

Fawzi

P.-S. : Une blague ? Oui. Une remarque plutôt. Celle d'un critique musical qui, à la sortie d'un Parsifal de Wagner avait écrit «qu'on n'entendrait pas de si tôt chanter nulle part si faux.» - Elle est de Georgius, un des chanteurs français d'entre les deux guerres et que Paul cite souvent.

         De notre disc jockey - Paul Dubé


Bruit de fond
(Bruit ambiant, bruit environnant, son ambiant...)

J'ai parlé, il y a quelque temps, de l'expression anglophone  «white noise» (*) en mentionnant que je n'avais pas trouvé d'équivalent en français. L'expression «bruit de fond» m'a été suggéré  pour son incontestable similarité, au théâtre, de notre «toile de fond» qu'on appelle, en anglais, le «background scenery». Or là où on utilise, toujours en anglais, le mot «noise», on ne peut pas toujours se servir, en français, des mots tels que «bruit» ou «son» car l'expression, en anglais, de «white noise» peut se rapporter à des émanations sonores - lire : des vibrations perçues par nos oreille - qui ne sont pas nécessairement des «bruits» ou des «sons» plus ou moins désordonnés, - Nous en avons d'ailleurs mentionné deux exemples dans notre texte : le verbiage (dans un discours) ou ces suites de notes musicales n'ayant aucune signification.

Or, depuis le confinement auquel nous sommes présentement assujettis une troisième forme de «white noise» m'est venue à l'esprit : celle des bruits, sons, vibrations, bribes de conversations, souvent accompagnés de musique en «arrière-plan» (sic) qui font partie de notre environnement physique lorsque nous sommes seul ou avec d'autres... au café, sur une terrasse, dans une salle à manger ou même une salle de réception lors d'une noce, un congrès ou, je-ne-sais-pas-moi.. tenez : une conférence de presse.

Et puis :

À l'extérieur, touts ces sons qui nous parviennent : en ville, le bruits des autos, ceux des pas et des conversations des gens que l'on croise, les portes et fenêtres qui s'ouvrent, se referment, les signaux de circulation, les sirènes des ambulances ; tandis que dans la nature, c'est le bruit du vent, le cri des oiseaux, la pluie, le bruit de pas dans la neige, sur le gravier, le va-et-vient de la mer...

 Pourquoi ce troisième type de «white noise» m'est-il venu à l'esprit ? - Par, justement, son absence !

J'habite seul, dans un endroit assez... je ne dirai pas «éloigné», mais «plutôt insonorisé» ; dans un tout petit village où une automobile passe devant ma porte à toutes les vingt minutes... à l'heure de pointe. L'été, j'y enregistre mes émissions de radio... les fenêtres grandes ouvertes. - Mes «bruits de fond» ? quelques horloges dont j'ai recommencé à entendre les tic-tacs oubliés depuis des années, un réfrigérateur dont le moteur ronronne silencieusement de temps à autres et puis, alors là, j'ai été récemment surpris, un plus-que-silencieux purificateur d'air qui me signale sa présence que si je m'approche et que je me mets à me demander ce qui peut bien m'envoyer de l'air frais sur le visage.

*

Un aparté :

Ayant eu à me rendre à Wichita , dans le Kansas, il y a plusieurs années de cela, je me suis dit que je pourrais peut-être en profiter pour prendre une semaine de congé au lieu de me taper deux jours de déplacements en avion - un à l'aller, l'autre au retour - pour... une journée de rencontre sans importance. Non pas pour visiter Wichita que je connaissais, hélas, déjà trop bien, mais pour m'y rendre doucement en passant par le nord de l'état de New York (voir un musée et la reproduction du système solaire à l'échelle dans la ville de X), par Pittsburgh, visiter un ami, et voir en même, plus loin, l'Arche de Saint-Louis, la croisée Nord-Sud de Y, la ville natale de Bierdebecke, etc.) ... tout en faisant un tour à Chicago, au retour.

Pour musique, dans l'auto, j'avais, parce que je venais tout juste d'en recevoir un exemplaire : les enregistrements, toutes les symphonies de Haydn.

Je ne sais plus au juste, ni à quel moment, j'en ai eu jusque là de ce Haydn, . J'en étais, je crois à la soixantième ou la soixante-et-deuxième de ses symphonies lorsque je suis immédiatement sorti de l'autoroute où je circulais, rentré au premier centre commercial que j'ai pu apercevoir pour aller me procurer n'importe quoi sauf d'autres Haydn et, de peur d'avoir la même réaction avec n'importe quel autre compositeur, je crois avoir déboursé quelques dollars pour des Rolling Stones, du Miles Davis ou peut-être même du Frank Zappa.

(Note : cette expérience ne m'ayant rien appris, la même chose m'est arrivée un peu plus tard avec quatre ou cinq opéras de Mozart, mais je m'en suis tiré très bien en ce moment-là, ayant eu la présence d'esprit de déposer d'autres types d'enregistrements dans mon coffre-à-gants.)

Cet aparté était pour vous dire, qu'aux prises avec l'absence de «white noise», dans des circonstances comme celles auxquelles nous sommes confrontés ces temps-ci, et seuls, il peut arriver à certains d'entre nous (du moins, je l'espère car je ne veux pas me sentir unique dans mon cas) de vouloir le combler avec du «noise» approprié.

Et voici qu'en chrechant très peu, j'ai trouver sur YouTube (qui ou quoi d'autres ?) des sons ambiants en tous genres :

- Café ou terrasse (Paris, Hollywood, Tokyo... - si, si : Tokyo)

- Bars avec cocktail pianist

- Bords de mer (avec ou sans enfants)

- Bibliothèque

- Bibliothèque avec orage et pluie en «arrière-arrière plan»

- Et ainsi de suite

Tapez «Background noise» ou «Bruits de fond»... vous verrez... 

En ce moment ? Je suis au Five Spot, entre deux sets.

Note : certains de ces enregistrements peuvent durer jusqu'à dix heures !

paul

P.-S. : Une blague ? Je n'en connais pas. - Quand un de ses compositeurs favoris s'appelle Scriabin, on n'a pas se vanter d'avoir un certain sens de l'humour. - Deux exceptions : 1) Ce sont les Irlandais qui ont inventé la cornemuse et non les Écossais qui n'ont jamais su que c'était pour plaisanter ; et 2) S'il y avait un semblant de justice sur terre, Elvis serait encore en vie et tous ses imitateurs morts.

Lectures

Note :

Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres, revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.

Note :

La plupart des textes qui suivent ont été rédigés et soumis à la direction du Castor™ avant le 15 mars dernier, sauf un en particulier, et doivent donc considérés comme antérieurs aux événements auxquels fait présentement face la population non seulement du Québec et du Canada, mais la plupart des régions du monde connu (ce qui n'exclue pas les parties non-encore explorées de Pointe-Saint-Charles, ni la partie nord de Barraute en Abitibi).

Aujourd'hui :

- Pourquoi lit-on, pourquoi écrit-on ?
- La peste (Albert Camus, Gallimard, 1947)
- Romans policiers (6e volet)
- Poésie...

Pourquoi lit-on, pourquoi écrit-on ?

«Si vous restez assez longtemps sur les rives d'une rivière, 
   vous verrez éventuellement les cadavres de vos ennemis passer.
»

(Attention : texte remanié plusieurs fois)

Il y a plusieurs façons d'interpréter ce «proverbe». - Personnellement, j'y ai toujours lu que, si l'on vivait assez longtemps, l'on finirait par avoir tout lu, tout vu, tout connu, y compris des emmerdeurs de première classe et, la plupart du tempos, deux ou trois belles-mères.

Aujourd'hui, en réponse (?) à quelqu'un qui m'a demandé combien de personnalités j'ai rencontrées au cours de mon existence car il m'arrive de temps à autres de mentionner certains personnages, plus ou moins connus, notoires même, et avec qui j'ai déjeuné, causé, qu'on m'a présentés, que j'ai rencontrés, souvent par hasard, avec qui, dans certains cas, je me suis lié d'amitié et qui sont même venus me rendre visite, chez moi.

Pas que j'y tiens particulièrement. Mais,à un moment donné, accumulé aux pieds du mur, il n'y a pas d'autres solutions que celle d'obtempérer..

Ce que je peux dire honnêtement, c'est que si certains noms font partie occasionnellement de ma conversation, c'est tout-à-fait sans arrières-pensées et, la plupart du temps, en le regrettant tout de suite après. «I am not, comme dirait Copernique, a name dropper.» - Et pourtant... sur les rives de ma rivière, Dieu sait qui j'ai pu voir passer !

Par exemples : 

Un bonhomme, deux même,qui allaient devenir premier(s) ministre(s) du Québec, une personne aujourd'hui membre du Sénat, des vedettes de la radio, de la télévision et des records, quelques interprètes - plusieurs même (de chansons françaises) et même un musicien qui a fait partie du groupe «Jefferson Airplane» -, quelques peintres, des sculpteurs (un en particulier), un tràes connu architecte, des violonneux... tous connus parfois mondialement. Des écrivains surtout.


Ce que je regrette le plus ? C'est d'avoir oublié, en ce qui les concerne, de leur poser une question à laquelle, conséquemment, je n'ai jamais eu  réponse : pourquoi ils écrivaient.  Et cette autre, plus pointue (en ce qui me concerne) : pourquoi ils avaient cru utile de se faire publier.

Deux fois j'ai cru en lisant ou regardant la télé deviner une réponse, de deux d'entre eux que, justement, je n'ai jamais rencontrés :

D'Yves Thériault d'abord que j'ai entendu dire, d'une voie presque étouffée, sur les ondes de Radio-canada : «J'écris parce que si je n'écrivais pas, je serais incapable de vivre...»


Yves Thériault
(1915-1983)

Et puis d'Isaac Asimov (1920-1992) ; «J'écris parce que c'est tout ce que je sais faire!»


Isaac Asimov
(1920-1992)

Je pourrais, si je le voulais, ajouter un troisième nom à ces deux-là, celui d'un écrivain que j'ai très bien connu, qui m'a dit un jour à l'oreille, mais en ne semblant pas y croire beaucoup : «Pour la postérité» ; une boutade car il parlait à ce moment-là d'un autre écrivain que je ne mentionnerai pas non plus et qui était considéré alors comme le plus grand poète québecois (vivant).

Pour ma part, je l'ai déjà dit :

J'écris parce que c'est la seule façon que j'ai pu trouver pour mettre de l'ordre dans un cerveau où les pensées sont diffuses face à un monde que je trouve étrange. Et si je publie, parfois, et au compte-gouttes, c'est pour savoir si, une fois ordonnées, mes pensées peuvent être comprises par quelqu'un d'autre, ne serait-ce qu'un seul autre.

Si j'ai souvent l'impression d'avoir été parachuté sur cette terre ? 

Oui. Et même très souvent. Ce n'est pas, dans le fond ce qui m'inquiète. Ce qui m'a toujours emmerdé cependant, c'est qu'on m'y a laissé nu, sans explication, chez des gens que je ne connaissais pas et qui n'ont jamais su me faire comprendre pourquoi eux s'y trouvaient et pourquoi ils avaient l'air de trouver ça tout-à-fait normal.

Voilà ! N'en parlons plus.

Ce qui ne répond pas, si vous avez bien fait attention, à la question que j'ai substitué à celle qu''on m'a posée ni à celle qui m'est, entre-temps, venue : pourquoi lit-on ? - Avouez que c'est un peu paradoxal : on ne pourrait pas lire si personne n'écrivait. De là, un sophisme : les écrivains écrivent pour satisfaire les besoins de leurs lecteurs. Tout comme les personnalités, les célébrités dont parle mon ami - si j'ai bien compris dont il voulait que je lui parle - qui n'existeraient que pour satisfaire la curiosité de leurs admirateurs. - Ce qui n'explique pas pourquoi certaines d'entre-elles fuient leur public, ni d'ailleurs, combien réussissent à le faire, vraiment ? - C'est si facile pourtant. - Tenez...

Il s'agit de quelqu'un que je n'ai jamais rencontré personnellement. - J'aurais pu, mais comme je le considérais indigne de mon hommage... - J'ai failli le faire quand même, contre ma volonté, car en sortant d'un stationnement, un jour d'hiver, et donc en fonçant dans un amas de semi-neige-semi-slush, je l'ai presque frappée. - C'est une expérience (je parle de la rencontre) que j'aurai eu à partager avec quelqu'un que j'ai connu par la suite et qui m'a raconté que, quelques années auparavant, se trouvant sur un quai en Gaspésie, il vit venir vers lui un bonhomme sans prétention, habillé comme un des pêcheurs du coin, et qui le salua au passage. - Se retournant sur son passage, il réalisa qu'il venait de croiser le Premier Ministre du Canada d'alors : Pierre Elliott Trudeau....

Ce qui me rappelle que j'ai déjà vu arrivé au restaurant où j'étais la veille d'un Jour de l'An son ministre des finances , Marc Lalonde. Il était une heure du matin et comme il habitait tout près, il était venu prendre un verre et saluer les fêtards parmi lesquels je me trouvais... - Au même restaurant, tandis que j'y pense, j'ai vu passer Sergio Leone, René Lévesque et Geneviève Bujold... à côté de qui j'ai souvent dîné (soupé)... ce qui m'amène à vous mentionner les noms de : Bernard Blier... Juliette Gréco... Miles Davis... John Coltrane... Johnson et ses deux fils... Drapeau et son musicien qui habitait à l'Île des Soeurs où Gilles Pellerin...

Où en étais-je ? Ah oui : aux lecteurs et aux écrivains.

Je suppose qu'il y a autant de raisons de lire qu'il y a de lecteurs et autant d'écrivains qu'il y a de... quoi, au juste ?

«La vie est un [véritablement] un voyage», comme disait Anaxagore (que je n'ai pas connu).

Me reste encore plusieurs cadavres à voir passer. Jusqu'à ce que je devienne celui d'un autre, assis plus loin, en aval.

Plus tard :

C'est en prenant ma troisième marche de la journée - le seul plaisir physique qui me reste hors chez moi (et dont je ne peux  jouir qu'à la condition de me tenir éloigné des autres qui, comme moi...) - que je me suis rappelé d'une chose que m'ont dit, sans s'en douter, les écrivains que j'ai connus : qu'ils ne vivaient pas parmi nous, qu'ils ne participaient pas au menus plaisir de l'existence, qu'ils ne nous regardaient pas : ils nous étudiaient. Ils n'avaient qu'une chose en tête : écrire. Mettre en prose ou en vers ce qu'ils voyaient et qui nous échappent à tous : l'incompréhensibilité de notre univers ; le côté abscons (1), abstrus (2) des choses, des événements, l'origine de la planète sur laquelle nous vivons, son existence, sa fin, son déroulement impossible à saisir, à pénétrer...

(1) Abscons : ce qui est difficile à comprendre ; abstrus.
(2) Abstrus  : ce qui est difficile à comprendre ; abscons. 

Ce que nous ne pensons pas entre deux repas, en regardant un émission à la télé, en assistant à la Finale de la Coupe du Monde, en conduisant notre voiture, en faisant l'amour, en passant une semaine sur le bord de la mer... (C'est-à-dire ce quoi nous ne pensons jamais ou très rarement [*]) ... eux y pensent constamment. Ils ont conscience de leur conscience et ne cessent de la questionner. 

[*] Suis-je le seul à connaître autant de peronnes qui ne pensent JAMAIS, même pas rarement ?

Leurs deux traits les plus caractéristiques : 1) ils ont habituellement une mémoire phénoménale, et 2) ils ne pensent qu'à rentrer chez eux pour faire la chose la moins naturelle du monde, écrire.

«Ce sont de drôl's de typs'» disaient Léo Ferré des poètes car ils «...traversent la brume...et se font conduire vers les pays d'absurdité...»

On en vu boire pour tout oublier et d'autres devenir fous.

J'en ai connus qui devinaient constamment ce que j'allais dire ; qui disaient n'importe quoi pour qu'on les oublie ; et plusieurs... très malheureux, mais qui riaient tout le temps ou plutôt qui faisaient rire les autres... 

Certains, même se sont suicidés... en abandonnant tout pour devenir Monsieur Tout-le-monde...

Ça répond à ta question, mon ami, toi qui m'as demandé un jour de lui parler des célébrités que j'ai rencontrés ?

Simon

La peste
 (Albert Camus, Gallimard, 1947)

Je ne me souviens que vaguement de ce roman que j'ai lu il y a cinquante ans - et peut-être plus - (Ce qui ne me rajeunit pas). De son auteur non plus, Albert Camus, ce n'est pas un écrivain dont je me souviens précisément. À l'époque reculée que je viens de mentionner, le seul livre de lui, que j'ai vraiment apprécié - et que j'ai relu plusieurs fois depuis, peut-être six ou sept au cours des cinq dernières décennies - fut Le mythe de Sisyphe qui, sans bouleverser ma vie, a toujours été pour moi une source de - comment dire ? - réflexions ou d'inspiration (?). Non pas pour ce qu'il contient, son fond, ses idées et la philosophie qui en est le sujet principal, mais pour le message qui s'en dégage, de pages en pages, presque en filigrane, à savoir que : «la vie non examinée ne vaut pas la peine d'être vécue», un principe qui n'est pas de lui et qui ne cesse d'être cité.

Le film, Monsieur Vincent de Maurice Cloche (1947), était plus ma tasse de thé à l'époque. Et à la charité telle que vue par Proust : brute, efficace, mais sincère, s'étant débarrassé du concept de la pitié et de tous rapports avec le «sens de la vie».

Une confidence ? - J'ai pratiqué toute ma vie un métier qui consistait presque directement à aider les gens aux prises avec des problèmes et j'y ai été parfaitement à l'aise parce que j'avais appris jeune que j'allais être plus efficace en faisant ce que j'avais à faire et non pas en tenant leurs mains dans les miennes en tentant de les consoler.

Dire que j'ai oublié, de ce fait, et que j'oublie particulièrement ce qui se passe autour de moi serait quand même une exagération, mais c'est connu : mon empathie est toujours une journée ou deux en retard sur les événements.

Mais si je comprends les malheurs auxquels certaines personne ont à faire face présentement, ma sympathie a plutôt tendance à pencher du côté de ceux pour qui la vie se résume à des gestes mécaniques qu'ils posent depuis des années et qui consistent à se lever le matin, s'habiller, déjeuner, prendre le métro, se rendre au travail, bosser toute la journée pour revenir à maison et passer la soirée à penser au week-end qui s'en vient où ils pourront, enfin, croire qu'ils sont heureux parce qu'on leur a dit que pêcher à la ligne, laver son auto, tondre son gazon et se demander si leur équipe sportive allait, oui ou non, en finale sont des activités qui engendrent le bonheur.

Retenus présentement à la maison avec leur conjoint ou leur conjointe qui n'est plus celui ou celle qu'ils ont déjà connu(e), des enfants qu'ils ne voyaient que quelques heures par jour et n'ayant comme seule activité l'écoute des nouvelles qui ne les renseignent qu'à moitié sur leur sort, je vois mal comment ils peuvent s'en sortir sans penser, de temps à autres, au désespoir qui les guette ; surtout si la situation à laquelle ils sont confrontés s'accompagne subitement d'une perte d'emploi et d'un manque à très court terme d'argent et donc de problèmes de plus en plus énormes,  sans possibilité de s'en sortir.

Craignent-ils tout perdre ? À se retrouver dans la rue ? À être obligés de repartir à zéro?

Qu'ils pensent à :

Isaac Asimov, auteur de plus de cinq cents bouquins,  à qui on demandait un jour ce qu'il ferait si on lui disait qu'il ne lui restait plus que six mois à vivre et répondit : «J'apprendrais à écrire plus vite à la machine.»

Christopher Hitchens à qui atteint d'un cancer qu'il savait incurable on demandait comment il allait, répondait, peu avant de mourir : «Je suis en train de mourir» auquel il ajoutait un : «Mais vous aussi, d'ailleurs.»

Pour le reste, je suis sans parole.

 Simon

P.-S. : Paraît que les ventes de La peste (de Camus) ne cesse d'augmenter dans le monde... depuis trois ou quatre semaines. Dommage : c'est celles du Mythe de Sisyphe qui devraient.

Romans policiers 6

A) Traduttore, traditore
(Le traducteur est un traître)

J'avais prévu, pour ce sixième commentaire, - et même annoncé, je crois - que j'allais parler de la différence dans les styles utilisés par les deux principaux représentants du mouvement «hard-boiled» («dur-à-cuire») dans la littérature du polar américain ; de la manière d'écrire, en quelque sorte de Dashiell Hammett, le fondateur du genre et de Raymond Chandler qui fut son successeur. - J'allais plus particulièrement insister sur les traductions (en français) qu'on a faites de leurs écrits et démontrer que leurs styles étaient si particuliers qu'ils étaient intraduisibles ou, du moins, traduits jusqu'à présent d'un manière honteuse et indigne de leur talent, y compris par des gens aussi intelligents que Boris Vian qui n'ont pas compris et ne comprennent toujours pas ce qu'est l'Amérique et qui continuent à essayer de les intégrer dans leur culture qui n'a aucun rapport avec celle qui est omniprésente dans n'importe quel rue de Los Angeles, San Francisco, New York ou Chicago.

Combien de fois faudra-t-il répéter à ces traducteurs qui doivent sans doute parler un certain anglais - mais définitivement pas l'Américain - plus ou moins couramment qu'il n'existe pas de commissariat aux États-Unis ? qu'un poste de police américain (particulièrement de precinct) n'a aucun rapport avec ce qui se passe dans un établissement de «gardiens de la paix» ? qu'aucun Américain. même le plus minable policier, dira «Monsieur le directeur» à son supérieur ? que la plupart des bien-nantis aux USA sont des gens issus du peuple ? que, faute grave, prendre un verre dans un café et prendre le même dans un bar sont deux activités totalement différentes ?

Et voilà que je m'emporte !

J'insiste quand même : le slang américain ne se traduit pas par de l'argot qui, à ce que je sache n'est pas ou peu utilisé par les véritables criminels français.

Je résumerai (enfin...) le tout dans un prochain commentaire car pour en venir là, il faut que je passe par un troisième représentant du «hard-boiled», un dénommé...

B) Ross Macdonald

Jusqu'à présent, nous avons parlé de qui et de quoi ?

1)  De ce qu'était un roman policier `2) De son origine, mais surtout du premier peut-être vrai roman policier, celui d'un certain Wilkie Collins [qui en 1868, publia un roman intitulé The Moonstone] ; 3) D'Arthur Conan Doyle, plus précisément de son personnage, Sherlock Holmes ; 4) de Dashiell Hammett, à l'origine des polars dits «hard-boiled» et 5) de Raymond Chandler, son plus ou moins successeur.

Nous avons parlé en outre de l'émergence dans les années vingt et trente du roman policier non-classique, celui cessa d'exister que dans des manoirs anglais pour passer dans l'univers des vrais criminels, celui décrit dans les romans dits hard-boiled avec Hammett et Chandler.

À ce stade-ci, il pourrait sembler sensé de faire un pas en arrière et de revenir au roman policier classique pour démontrer qu'il s'est parallèlement développé au cours des années de l'émergence des romans Hammett-Chandler, mais en relisant divers exemples de ces  deux genres de policiers, du début des années vingt jusqu'au milieu des années quarante, je me suis aperçu que les deux s'étaient influencés mutuellement en ce sens que les classiques étaient descendus dans la rue tandis que les seconds s'étaient développés littérairement (et non litéralement) en insérant dans leurs narrations des éléments de psychologie, de rapports entre leurs personnages et même des réflexions sur la société, de l'inégalité entre les riches et les pauvres, etc. 

Ce fut le cas, entre autres, des romans du canado-américain Ross Macdonald (un nom à retenir) dont Chandler trouvait le style prétentieux (sic), de la même façon que Hammett aurait pu trouver celui, justement de Chandler...

[...]

Voilà qu'on me dit d'écourter à cause d'un virus.

Je vous reviendrai sous peu.

Copernique

Poésie
(Étant un salut à Rémi Tremblay ayant retrouvé le dernier volet 
  qu'il a longtemps cru perdu d'une trilogie écrite il y a... longtemps.)

Pour ceux qui aiment lire, en ces temps où nous n'en mourront pas tous (etc.), j'ai une suggestion à faire : oubliez temporairement vos best-sellers, vos thrillers et ces Times Best Books qu'on vous a recommandés (sans préjudice à ceux issus du Prix Nobel, du Prix Goncourt, du Premier Roman pour Jeune Fille au Coeur Étiolé... ) et surtout : la section qui explique comment changer l'heure sur le panneau de votre Hyundai et ce manuel pour l'entretien de votre tondeuse électrique. Pensez plutôt à quand remonte votre dernière lecture d'un recueil de poèmes. Mieux encore : à votre conception de la poésie et pourquoi, comme la majorité d'entre vous, vous n'en lisez pas et, si vous en avez déjà lus, pourquoi vous n'en lisez plus.

Votre conception de la poésie :

Est-elle ou a t-elle été lyrique, engagée, didactique, moderniste ou post-moderniste ? Est-elle ou a-t-elle été en vers ou en prose ?  Devrait-elle être expressive, rythmique, figurative et quel rapport pourrait-elle avoir avec la calligraphie ? Et surtout : devrait-on la lire à haute voix, la chanter ou tout simplement la lire ?

Et j'ai une autre question :

Êtes-vous un fan inconditionnel du site «5 876 poèmes français célèbres» ? - Ça existe, vous savez (*) et plusieurs dans le même genre... sans compter les poèmes qu'on peut lire dans les cartes de souhaits signées «Hallmark» (et autres) en vente partout, même chez Doll-O-Rama).

(*) https://www.poesie-francaise.fr

Je vous le demande parce que, comme le dit Hermy dans sa chronique d'aujourd'hui, n'ayant rien d'autre à faire [ces temps-ci] que de classer les livres qui sont dans ma bibliothèque, je suis resté un peu surpris du nombre de recueils de poésie que j'y ai trouvés. certains en format de luxe, d'autres dans des collections ou des anthologies reliées en imitation de simili-cuirette (synthétique) ou en format poche, mais plus d'un sous la forme de plaquettes ou de brochures, la plupart publiés à compte d'auteurs, comme s'il était essentiel que les poèmes (entre guillemets) qu'ils contiennent aient nécessité une certaine forme physique pour exister.

La question «Pourquoi écrit-on ?» posée au début d'une autre section du Castor™ pourrait prendre ici une tout autre signification, mais je ne tiens pas particulièrement à la reposer en rapport avec ces recueils.

Je ne dirai pas non plus que ceux que l'on trouve en ma possession, je les ai tous lus avec une grande attention, mais, pour la plupart, oui. - Et la question que je me suis toujours posé par rapport à leur existence a toujours été et demeure encore - je crois - pertinente :

Quel est le but qu'on s'est fixé en publiant de telles choses ?

J'y ai toujours vu une certaine forme de mise en page, ou tout simplement une expression, une idée, un moment qu'on a voulu figer dans le temps parce qu'elles ont semblé à leurs auteurs dignes d'être retenus. 

Quant aux contenus... Disons qu'il serait très malhonnête de ma part d'y avoir attaché une certaine importance. Vulgairement parlant, je me suis toujours foutu magistralement si X tenait absolument à m'expliquer comme il baisait avec Y (ou vice versa), si la pudding au chômeur était un plat supérieur au Bifteck à la Helder ou si le soleil tournait ou pas autour de la lune. - Je me suis toujours à cet égard comporté comme le baron de Charlus qui substituait dans les poèmes d'amour les jeunes filles qu'on y mentionnait à des jeunes hommes : s'il me fallait changer de lunettes pour comprendre ce qu'on essayait de me dire, j'ai volontiers consenti à ajuster ma vue. Mais:

Pour ce qui est de la forme, de la sonorité, de l'impression générale que les sons des mots utilisés, leurs combinaisons ou rapprochements pouvaient susciter en moi, alors là, j'ai cru que j'avais l'obligation d'être  intransigeant.

Ce que j'ai de tous temps voulu savoir, c'est à quoi pensait, rêvait, expérimentait, émotionnellement subissait... celui ou celle qui avait écrit ce ou ces poèmes que j'avais sous les yeux et qu'il ou elle avait absolument tenu à me transmettre et là, je dois avouer, que j'ai été la plupart du temps très déçu.

Je n'ai jamais rien compris de ce que a écrit René Char, par exemple, qui, comme le veut une rumeur, même traduit en français, demeure incompréhensible. Et quand je lis, parmi les recueils qu'on m'a  envoyés, offerts, remis - avec ou sans les compliments de leurs auteurs - ou que j'ai eu l'audace de me procurer, des passages renéchardesques, j'ai développée l'attitude ce celui qui reculait et qui continue de reculer par instinct.

Parfois, the redeeming value ou la valeur ultime et parfois salvatrice d'un fragment d'un vers, d'un poème tout entier et même d'une bonne partie d'un recueil m'ont frappé, presque inconsciemment au point où je me suis dit : «Simon, cette plaquette, il faut que tu la mettes de côté : elle a quelque chose qui t'échappe en ce moment.»

D'auteurs très renommés qui sont sortis de l'ombre de plaquettes, et que j'ai relus, parfois, des mois et même des années plus tard m'ont amèrement déçu - et Dieu sait combien de fois je les ai lus -. D'autres, qui ont erré qui qui errent encore dans la darkest section of my memory, continuent d'être là et de m'étonner.

Comment, par exemple, vais-je oublier «[entrer] au ciel par effraction» ? (*) 

(*) Rémi Tremblay - Lombrics, P. 24 - Les éditions RETARDÉES, 2020

Mais quand je pense à tout cela, je m'en remets à l'oublié Trollope que je me permets de paraphraser comme suit :

«Un poète se doit de décrire ce qu'il voit non parce qu'il le voit, 
   mais parce qu'il y a des choses qu'il faut voir.
»

Le reste, les beaux vers, les belles images, les formules qui ne disent rien, les mots rares ne sont que du verbiage de gens qui n'ont rien à dire et se croient uniques parce qu'ils s'amusent avec des jeux que Monsieur de Norpois appelaient «de dilettantes».

Simon 

P.-S. : J'ai déjà parlé de ce Rémi Tremblay ici et à qui j'ai dit qu'il devrait se lancer dans la chanson (rédaction de lyrics ou paroles) à cause de la sonorité de ces vers, mais qui écouter ? Sa voie ou la voix d'un autre ?

P.-S. 2 : Ce que pense l'Université de Napierville de la poésie ? Consulter les pages suivantes :

- La poésie féminine napiervilloise au XIXe siècle

- À propos du poète «skin», Bob Lortie

et à lire et relire :

- Les poèmes sur les métaux usinés de Madama Fawzi Malhasti.

Et pour terminer :

Le policier : «C'est évident : la victime a deux trous dans le cou. Elle a été mordue par un vampire.»

Le détective (amateur) tenant une fourchette dans la main : «Mais alors, que faites-vous de cet instrument qui est imbibé de sang ?»

Le policier : «C'est le seul côté embêtant de cette affaire : pourquoi un vampire se serait-il servi d'une fourchette pour BBQ ?»

L'extrait du mois


Les Animaux malades de la peste


Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil et dit : Mes chers amis...

Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Eh bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir.
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'Ane vint à son tour et dit :

                                       ... J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.

Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Texte de  Jean de La Fontaine (1621-1695)

Le courrier


Mme Germaine Lanoie - Mons, Belgique 

Considérez-vous chanceuse, Madame : vous êtes à 6 202 kilomètres de Washington, D.C. et 7 393 de Fort Lauderdale, Fla., les deux endroits ou Donald Trump se trouvent la plupart du temps.

M. Matthieu Duhamel - Tržišče, Slovénie

La Marie du quartier*** ? - Mais si qu'on la connaît. - On l'appelait «MTS».

M. Quincy Bolduc - Salt Lake City -Utah

Le problème avec les Mormons, c'est leur vision de l'après-vie : se retrouver en famille pour l'éternité - Certains disent qu'il s'agit là d'une proposition nauséabonde.

Mme Josée Marchand, Drummondville, Québec

Vous habitez la partie de Drummondville autrefois connue sous le nom de Drummoville-SUD ? - Alors, qu'est-ce que vous voulez qu'on vous dise ?

Dédicace


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(Monsieur Vincent)

(1897-1975)


Le mot de la fin


«Les gens qui ne rient jamais ne sont pas des gens sérieux

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