Vol. XXXV,  n° 5 - v. 3.1 Le seul hebdomadaire de la région publié une fois par mois Janvier 2025
 

Annexe 3
(Janvier 2025)


John le Carré
Postface [de son fils, Nick Cornwell]
L'espion qui aimait les livres
Roman Seuil, 2021
(Traduction de Silverview par Isabelle Perrin)

[...] je lui avais fait une promesse je ne l'avais pas faite à la légère mais elle remontait à un été métaphorique,  je ne sais plus trop en quelle année. [...]

 je ne vois pas comment j'aurais pu refuser. D'un écrivain à un autre écrivain, d'un père à son fils : "Quand je ne pourrai plus continuer, reprendas-tu le flambeau ?" Bien sûr qu'on dit oui.

[...] Sans l'avoir lu je connaissais [l'existence de L'espion qui aimait les livres...] Ce n'était pas un roman inachevé mais un roman non publié. Retravaillé encore et encore. Commencé juste après Une vérité si délicate que je considère comme l'essence même de son oeuvre, un cocktail parfaitement dosé de talent et de plume, d'intelligence, de passion et de narration.  L'espion qui aimait les livres, lui, avait été écrit mais jamais finalisé. Un roman et une promesse non consommés.

Était-il mauvais, peut-être ? Cela peut arriver à n'importe quelle auteur. Et s'il l'était pouvait-il être sauvé ?

[...]

Je l'ai lu avec une perplexité croissante car il était d'une qualité redoutable. Il comportait certes quelques petits défauts typiques de l'étape du tapuscrit (des répétitions, des maladresses techniques, un paragraphe un peu obscur par-ci par-là), mais il était plus abouti que d'ordinaire pour un texte n'ayant pas encore atteint le stade des épreuves et,  comme Une vérité si délicate il faisait magnifiquement écho à ses écrits antérieurs avec le recul de la maturité...

[...]

Pourquoi ce livre arrive-t-il seulement maintenant en librairie ? J'ai ma petite théorie qui ne repose sur rien d'autre que mon intuition et restera à jamais impossible à prouver. 

[...]

Il y a un seul point sur lequel mon père ne se montrait se montrait inflexible. Il refusait à évoquer les vieux secrets jaunis et légèrement moisis de l'époque où il avait travaillé dans les services de renseignement, ne mentionnait jamais aucun nom et ne révélait jamais aucun épisode de cette période même à ceux de ses proches auxquels il accordait toute sa confiance. [...] Jje ne sais rien à ce sujet qui ne soit déjà de notoriété publique. Depuis son départ du Secret Intelligence Service dans les années 1960 il était resté fidèle aux promesses qu'il lui avait faites et qu'il s'était fait à lui-même [...et...] s'il y avait bien quelque chose qui l'offensait profondément c'était que certains officiers supérieurs des services secrets actuels [pouvaient] insinuer qu'il avait trahi ses anciens collègues...

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