Vol. XXIX  n° 19 Le seul hebdomadaire de la région publié une fois par mois Le mardi 2 jullet 2019

JUILLET

Rue Saint-Denis, Montréal

 *

Rue Saint-Denis ?

Oui, rue Saint-Denis. Celle qui se trouve à Montréal et non celle de Paris qui, depuis 1900 essait de faire oublier certaines périodes de son existence. 


Ce numéro

(Mais pas nécessairement dans l'ordre)

Sam Harris - Alphonse Allais et un philosophe - Henriette Dessaulles - Alfred Schnittke - Ravel, George Raft et André Rieu - Guy Béart - Une petite robe noire - Hérodote - Un monsieur et un jeune homme - François Mauriac - Proust - Henry James - Julien Green - Simone de Beauvoir et Jardinage.

Le tout complété par un interview du Professeur Marshall !

À ne pas manquer le Mot de la fin... Euh... les mots de la fin : un long article sur l'Intelligence Artificielle.

Bonne lecture !


Chroniques


 

Pour les chroniques précédentes de nos correspondants cliquez sur ce lien .
 
 
      Simon Popp

Fonds de tiroir

J'ai décidé ce mois-ci de donner un seul titre à ma chronique et c'est celui que vous venez de lire car  je n'ai pas eu le temps de mettre de l'ordre dans mes notes et voilà qu'on nous annonce du mauvais temps.

Y'aura peut-être des sous-titres.

*

Lu le même jour, à quelques heures-près :

«Malgré moi, je me rappelle le jeune homme de l'Évangile (saint Matthieu XIX) qui s'en alla tout triste d'avoir refusé au Seigneur Jésus de le suivre de plus près... Lui, il aimait la richesse. J'en connais d'autres jeunes hommes, qui aiment la science. Qu'importe le fil ou le câble. L'important c'est qu'il empêche l'âme de prendre son essor !»

(Le Révérend père Crété, S.J., auteur de Pensées, cité par Julien Green dans «Terre lointaine» (La Pléiade, Oeuvre complètes, vol. 5, page 1091)

et

«Dieu est terriblement absent de l'oeuvre de Marcel Proust. Du point de vue littéraire, c'est sa faiblesse et sa limite [...] le défaut de préoccupation morale appauvrit l'humanité créée par Proust, rétrécit son univers...

(François Mauriac, cité sans référence dans Lire [Hors-Série] : «À la Recherche de Marcel Proust», page 46)

La science qui empêche l'âme de prendre son essort et le monde de Proust apprauvi par l'absence de Dieu... - Certaines choses devraient être écrites sur des matériaux bio-dégradables.

*

Appris, tout-à-fait par hasard, que le fondateur de l'état américain de Georgia fut un certain James Ogelthrope 1696-1785) ; qu'il existe une Universite du nom d'Ogelthrope près de Savannah de même qu'un centre commercial où se trouvent : une succursale de JCPenny, une de GAP, une de LensCrafters et un Macy's.

Le problème avec des choses comme celles-là, c'est qu'on s'en souvient.

*

Je n'ai pas, pour paraphraser Alphonse Allais, toujours été le vieillard grincheux et  grognon que mes lecteurs voient en moi depuis des années. Il y a quelques décennies tout au plus, des temps furent où je n'étais que grâce et commisération.

Une longue et continue fréquentation d'endroits où l'on servait - et où l'on sert toujours, des boisson fermentées et, la plupart du temps, distillées - m'ont rendu taciturne, presque aphasique à exprimer une certaine empathie envers ceux qui ont toujours raison.

Les habitués de ces endroits ont fini par me convaincre que la plupart de ceux qui ont des convictions profondes nagent dans l'erreur la plus profonde (les deux font la paire) et que ceux qui n'en ont pas sont beaucoup plus près de la vérité.

*

En passant : 

Je suis tombé tout à fait par hasard, au cours du mois qui se termine (au moment où j'écris ces lignes), sur un livre et cela, à peu près au moment où je commençais à rédiger mes notes sur ce qu'est un livre «illisible» (en réponse à une question qu'un lecteur m'avait posée - voir ci-dessus ou ci-dessous ou à quelque part dans cette édition du Castor™). - Par hasard, oui, parce que je cherchais une vague référence sans importance dans une des Catilinaires de Cicéron dont je m'étais souvenu la veille et que j'ai finalement retrouvé sur Internet. - Une référence tellement sans importance qu'elle ne vaut pas la peine d'être mentionnée.

Où ?

Dans une section de la Bibliothèque Armand-Frappier de Valleyfield située à quinze minutes du siège social du Castor™, une bibliothèque formée - je ne sais pas au juste son histoire - par la réunion des bibliothèques de la Ville de Sallaberry-de-Valleyfield, de son CEGEP et du Séminaire qui y existait à un moment donné.

Cette bibliothèque mérite d'être mentionnée car elle peut se vanter de posséder, entre autres, la majeure partie de la littérature qui, aujourd'hui, semblent n'avoir, en français, qu'un seul éditeur, celle du monde gréco-romain, y compris les rares éditions complètes des oeuvres de Pline l'Ancien, de Pline le Jeune, de Cicéron, de Jules César, d'Horace, de Suétone, de Virgile, etc. - Un don ciel en tant que je suis concerné, mon immense fortune n'étant pas suffisante pour me procurer tous les livres qui m'intéressent de cette époque, livres qui semblent n'avoir aujourd'hui - du moins à ma connaissance - qu'un seul distributeur, celui de la Société d'Édition «les Belles Lettres» sis boulevard Raspail, à Paris.

*

Est-ce que je regarde la jeunesse d'aujourd'hui et celle qui la suit d'une certaine hauteur ? Pas du tout. Je ne fais que constater qu'elle ressemble de plus en plus à mes vingt, trente et quarante ans où je refusais de voir que mes prédécesseurs - qui n'étaient pas plus intelligents que les leurs - avaient suivi les même contre-chemins pour finalement apprendre que nager à contre-courant était une opération qui n'avait qu'un seul résultat : rester en place.

*

Et je ne sais pas pourquoi ce matin, j'ai pensé à deux personnes :

- à un jeune de sept ans que je devais interviewer par rapport à une chose aujourd'hui sans importance et que je n'ai pas pu voir parce que - c'est sa mère qui m'en a informé - il était «à son cours d'escrime». - Souvent j'ai repensé à lui depuis cette non-rencontre pour me demander ce qui a bien pu arriver, dans la vie,  à un enfant de sept ans qui suivait des cours d'escrime à la fin des années cinquante. - Un enfant qui n'a probablement jamais tenu un bout de bois dans ses mains, ni une caisse en carton qui aurait pu lui servir de château.

- à une femme qui n'a eu, comme amants, que de grands jaloux et qui ne cessaient jamais de flirter avec tous ce qui portait des pantalons.

*

La nature a bien fait les choses, quand on y pense : en vieillissant, il nous arrive une chose étonnante et c'est celle de vieillir.

Simon

      Herméningilde Pérec


 Une fête mémorable
(Suivi d'un interview du Professeur Marshall)

Midi sonnait au beffroi de l'ex-église Saint-Jacques lorsque le Professeur entra au bar ***...
(Chronique publié dans l'édition de mars 1989 de la Gazette de Saint-Romuald-d'Etchemin)
      

Pour célébrer le trentième-cinquième anniversaire de rencontres et le trentième anniversaire de chroniques hebdomadaires, mais souvent quotidiennes, qui en ont découlé et dont certains lecteurs, ici, doivent se souvenir, Alcide «Slow Drag» Pavageau, un de ceux qui n'en a jamais râté une [rencontre], mais plusieurs [chroniques], a eu l'idée, le mois dernier d'organiser un lunch au Bar*** sur la rue Saint-Denis en face du théâtre qui porte le même nom où , souventes fois, et pendant des années, se sont retrouvés le Professeur Marshall, Alidor «Peg» Donato, Madame Fawzi Malhasti, Alcide lui-même et celui qui a l'honneur de signer ces lignes.

Furent conviés à cette rencontre-souvenir. nos présents chroniqueurs, maître Vatfair de l'étude Vatfair, Planter, Hencourt et Associés, George du garage Esso [du quartier universitaire de Napierville], plusieurs notables dont le fils du pro-maire de Sainte-Enjolie, le chef-intérimaire de la Fanfare secrète de Napierville et, naturellement l'as-reporter du Castor™ de Napierville et même que deux marins et quelques policiers en civil, histoire de recréer l'atmosphère d'une époque certes révolue, mais non encore oubliée,

Seul de tous les invités parmi beaucoup d'autres, Copernique Marshall, le fils de l'actuel recteur de l'UdeNap (et qu'il était déjà à l'époque) déclina l'offre Monsieur Pavageau en termes polis, mais fort compréhensibles ; «Je serai de tout coeur avec vous, mais quelqu'un doit demeurer en poste pour conserver l'intégralité du fort. - Amusez-vous tous !» 

Plus tard, Monsieur Pavageau dit qu'on aurait pu fermer le campus de l'UdeNap (pour une fois...), mais comment ce faire sans mettre la puce à l'oreille au Professeur...

M'enfin !

Personnellement, je me suis présenté en l'établissement précité à midi moins cinq, histoire d'accueillir, comme je l'ai toujours fait, notre ami à tous, le Professeur, qui, lui, y pénétra, selon son, aujourd'hui, légendaire habitude, à midi pile. Y étaient déjà présents les personnes mentionnées ci-dessus et d'autres.

Surprise des surprises, le propriétaire des lieux avaient, à quelques jours d'avis, fait reconstruire l'endroit où nous nous asseyions il y a, dans nos mémoires, à peine quelques semaines...

Un compte-rendu de cette rencontre-souvenir sera publié sous peu, mais en attendant, voici quelques unes des réminescences que les habitués d'antant ont bien voulu évoquer de ce temps où ils étaient encore dans la fleur de l'âge :

  • La fois ou le Professeur nous rappela ses victoires au cyclo-bowling du Grand Tour du Lac des Esclaves.

  • La fois où un alpiniste de renom a failli ne pas reconnaître celui qui a escaladé le mont Kilimanjaro un bras attaché dans le dos

  • La fois où l'on apprit que le Professeur avait été quart-arrière au hockey

  • La fois où furent suggérées diverses solutions pour régler le problème des embouteillages dans le centre-ville de Montréal et entre ce centre et la rive-sud (prolongement de la rue McGill jusqu'au boulevard Saint-Joseph, transformation du Carré Saint-Louis en port de mer, l'usage de téléphériques entre le Mont Royal et le Mont Beloeil, le gel du fleuve en permanence, les ponts aimentés...)

  • La fois où nous apprimes l'existence de ponts clandestins entre la ville de Brossard et un quartier non encore exploré de Pointe-Saint-Charles...

  • La fois où Alidor Peg Donata nous décrivit les larmes aux yeux le bar Sushi que son père avait ouvert sur la rue Charlevoix (toujours à Pointe-Saint-Charles) dans les années quarante...

  • La fois où, fresh off the press, Madame Malhasti, la poétesse de renom, nous remit une copie de son célèbre recueil de Poèmes sur les métaux usines...

  •  etc.

Ah que tous ces souvenirs nous  émurent !

Que dire des bouteilles de Perrier™ consommées en ces temps-là... et au cours de cette journée-souvenir !

Mais, par dessus tout, nous ne saurions passé sous silence ce qui fera parti intégrante du compte-rendu mentionné ci-dessus :

L'interview

Parmi les invités à cette réunion, nous l'avons mentionné : l'as-reporter du Castor™.

À qui le Professeur Marshall a bien voulu se soumettre à un interview. En voici quelques extraits :

Le reporter Professeur, on vous voit de moins en moins depuis quelque temps, et on ne vous lit plus, sauf, de temps à autres, dans un commentaire que vous faites à propos d'une chronique dans le Castor™. - Seriez-vous en train d'écrire vos Mémoires ?
Le Professeur  Oh ! Que non ! Il y en a assez de ces Mémoires qui n'auraient jamais dû être écrites. Il y a très longtemps que je n'y pense plus et, si je peux me permettre, je dirais à ceux qui seraient tentés d'écrire les leurs d'attendre un peu, jusqu'à ce qu'ils réalisent que l'expérience de chaque individu n'a aucune valeur. Nos faits et gestes, en effet, ne peuvent servir qu'à satisfaire la curiosité morbide de certains lecteurs friands de détails sans importance : fumait-il ? de quel côté dormait-il ? quelle était la marque de ses sous-vêtements ? - Et pire encore : s'il était fidèle...  s'il n'avait pas une fils ou une fille caché quelque part... s'il avait un scret qu'il ne voulait dévoiler qu'après sa mort. - Les journaux intimes sont du même domaine. - J'admire Simon - et mon fils, Copernique - qui ne les lisent que pour leur style. 
Le reporter Oui, mais, votre expérience, à vous, homme de science, de lettres, homme qui a vu, entendu, connu des personnes, des faits que personne ne verra, n'entendra, ne connaîtra plus...
Le Professeur Mon expérience ne m'aura servi qu'à moi. - Et encore ! - C'est à peine si j'ai pu en en transmettre qu'une infime partie à mes enfants. - Vous savez : les faux-pas que l'on fait, les bêtises que l'on dit, les erreurs que l'on commet au cours de sa vie, nous enseignent à ne point les répéter, mais aux autres ? - Allez donc dire à un adolescent de 18 ans qu'il ne faut pas qu'il fasse ceci ou cela ; qu'il ne faut pas qu'il prenne de la drogue, ni fréquenter certains individus, ni aller à certains endroits...
Le reporter Oui, mais il y a tout de même un certain savoir qui invariablement va se perdre.
Le Professeur Lequel ? À vingt ans, on sait déjà tout sur la musique, la littérature, les finances ; comment voyager, où aller... Ses goûts, sa personnalité sont fixés et l'on ne changera plus jamais d'idées... jusqu'à ce qu'on en arrive à trente, puis à quarante, à cinquante... - Tenez, j'ai quatre-ving-six ans - quatre-vingt-cinq ans et demi, comme l'écrivait Herméningilde l'autre jour - et hier, j'ai changé d'idée sur un auteur que je lis depuis quand même soixante ans ! Je me suis dit qu'il n'avait jamais été un génie, qu'il n'a fait, dans tout son oeuvre, que répéter ce qu'il entendait autour de lui ; et mal par dessus le marché.
Le reporter On peut savoir qui ?
Le Professeur (Après une hésitation) Non. - C'est sans intérêt. - En le lisant longtemps, vous saurez qui il est et vous vous direz la même chose : à quoi bon essayer de convaincre quelqu'un de ce que vous venez de découvrir : on ne vous croira pas  - Ce qui m'inquiète dans tout cela, c'est la manie avec laquelle des gens bien renseignés persistent à croire qu'ils savent mieux que tout le monde faire dans telles ou telles circonstances parce qu'ils les vivent au jour le jour refusant même d'écouter l'opinion de quelqu'un qui, lui, les a vécues pendant quarante, cinquante ans. - Il y a quelques années, cela me choquait de me faire dire par un directeur d'école primaire comment diriger mon (je dis mon parce que j'y suis, non parce qu'elle m'appartient) université. - Je veux bien qu'on me donne une opinion, mais de là à dire que la mienne, sur n'importe quel sujet - est complètement fausse... - L'art de la conversation se perd. Celui de lire des auteurs qui ne sont pas de son avis également.
Le reporter De quoi êtes-vous le plus fier ?
Le Professeur D'avoir appris, en vieillissant, la véritable signification du mot «futilité». - Autre chose aussi : d'avoir appris à rire. - Même de moi ! - Sauf qu'on ne me le permet rarement. je ne sais pas, mais j'ai l'impression qu'on pense que je suis parfaitement convaincu de tout ce que je dis ou plutôt ce que je pense vouloir dire - Peut-être est-ce là le résultat de la langue que j'utilise. Tiens ! Voilà une des rares choses dont je suis convaincu : que je parle une langue désuète, presque incompréhensible, celle de mes grands-parents. - Vous savez que je suis antisémite ?
Le reporter Vous ! Antisémite !
Le Professeur Eh oui ! Depuis une dizaine de jours. - J'étais à Québec, chez des amis où l'on avait invité je-ne-sais-plus-qui, un homme très connu, mais qui est en total désaccord avec la loi sur la laîcité et j'ai débuté une phrase en disant : «Antisémite, je...» - On m'a tout de suite interrompu : «Voilà, dit quelqu'un, une attitude intolérable...» - Je vous épargne le reste. - Allez donc expliquer dans une situation semblable que ma phrase devait se continuer par : «...serais pluôt enclin à faire ceci ou cela alors que, raisonnablement... etc.» - Et c'est ainsi que je suis devenu antisémite. - Je crois que ce que l'on a perdu, ce n'est pas l'art de la conversation, mais celui d'écouter.
Le reporter Je comprends. - Et demain ?
Le Professeur Demain ? - C'est un jour auquel je pense à tous les jours, à tous soirs quand je vais me coucher : si je vais me réveiller le lendemain et avoir, sur cette terre, un autre jour à vivre. Un autre jour où je pourrai poursuivre ma onzième relecture de certaines tragédies grecques auxquelles j'ai dépensé des années à d'abord lire, puis ensuite comprendre. - Et puis y'a Shakespeare que je veux relire au moins une autre fois.
Le reporter Un dernier mot à vos nombreux amis qui lisent le Castor™ ?
Le Professeur Oui : faites attention à votre santé : ne croyez pas tout ce que vous lisez sur les légumes frais, les aliments biologiques et la saine alimentation. Depuis que je suis au monde, on a, dans ce domaine, changé vingt fois d'idées. - En fait, si je me fie à ce qu'on dit aujourd'hui, je suis mort depuis plusieurs années,
Le reporter Merci, Professeur
Le Professeur Y'a pas d'quoi.

*

Un grand merci à tous et à toutes !

H. Pérec


       Copernique Marshall


Courbatures

Aux prises au cours du dernier mois avec tous les problèmes de la terre.

Et quand je dis «terre», je parle de la pelouse, des arbres, du jardin, de l'entrée du garage qui entoure ce qu'on appelle une maison, une structure qui est composé d'un toit, de goutières, de fenêtres, de portes qui, à partir de la mi-mai, demande une attention aussi complexe que l'entretien d'un château du XVIIe, mais en plus petit sauf que ; au XVIIe, ceux qui possédaient des châteaux avaient à leur service des jardiniers, des couvreurs, des horticulteurs... 

Difficile de trouver aujourd'hui un jardinier près à déplacer pour les deux-tiers d'une journée, un demi-couvreur, le quart d'un horticulteur... Faut tout faire soi-même. - Une heure ici, une heure-là et voilà que des journées finissent par se perdre.

Simon m'a fait rire un jour en me disant qu'on peut faire bien des erreurs dans une vie de couple, mais jamais, au grand jamais, faut-il entreprendre de poser du papier-peint avec sa conjointe (ou son conjoint). - Il aurait pu tout aussi bien me parler de jardinage.

Malheureusement, il a oublié de me suggérer de trouver une excuse quelconque pour disparaître plusieurs jours en juin de chaque année, histoire d'avoir à donner une série de conférences à Williams, Jones ou Garytown, quelque part au Vermont ou en Afraghanistan.

Ne vous en faites pas : ce qui précède était une série de boutades,

Sauf que j'ai découvert au cours des deux dernières semaines des muscles que je ne savais pas que j'avais et que j'ai peine à me déplacer, encore plus à rester assis devant un ordinateur.

Ah well ! ne me reste plus qu'à m'en souvenir l'an prochain.

Copernique

       Jeff Bollinger


Qu'est-ce que c'est ?

Une peinture en deux tableaux d'une artiste-peintre canadienne, Anne Adams, une femme de science spécialisée dans le domaine de la biologie cellulaire qui, en 1986, à l'âge de 46 ans, abandonna sa carrière pour se mettre à dessiner, puis à peindre, d'abord des maisons, puis petit à petit des formes géométriques rappelant des formules algébriques, des nombres (deux de ses toiles le plus connues furent celles sur les symboles  ¶ et e) et qui devint, à 53 ans, fascinée par les variantes du Boléro de Ravel et tenta de l'exprimer en images (toile ci-dessus intitulé Unravelling Bolero) sans savoir qu'elle souffrait de la même maladie (et à la même âge) que Ravel : une forme de démence qui condamna tous les deux à des troubles d'écriture, de motricité puis de langage sans perdre toutefois sa lucidité, i.e : Ravel jouant du piano, mais incapable d'écrire la moindre note.

Depuis ce temps, cette rare forme de démence qui n'en est vraiment pas une a été étudiée, analysée, diagnostiquée sans qu'on en arrive à une cause quelconque mais ce que l'on noté, c'est sa phase où les deux, Ravel et Madame Adams, se sont intéressés presque simultanément aux répétitions et aux variantes qu'on peut en tirer.

En ce qui a trait à la toile ci-dessus, on a retrouvé dans les carnets de Madame Adams, toute une série de notes où l'on peut lire "la = argent", "la bémol = cuivre", "si = vert feuille", "si bémol : vert feuille métallique", etc. ; et l'on peut voir, dans la toile ci-dessus, sous la forme de triangles, l'amplitude croissante du volume de chaque variation, particulièrement vers la fin.

Un rapport tout-à-fait fascinant entre la musique et son interprétation picturale.

Pas mon fort, la musique, mais j'ai écouté, il n'y a pas longtemps, pour la nième fois le Boléro de Ravel (pas le choix, on le fait jouer constamment sur les ondes des deux, trois chaines de radio écoutables dans mon auto) et je me suis dit que c'est malheureux qu'on n'y porte pas plus attention.

Pensez-y la prochaine fois.

Et pourquoi pas maintenant ?

D'abord voir la page sur Wikipedia qui explique la structure, l'instrumentation, les thèmes (il y en a deux !), le tempo, le rythme, etc. :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Boléro_(Ravel)

Qu'on peut lire en même temps qu'on regarde et qu'on visionne :

Un film dans lequel on peut voir et entendre  l'Orchestre Symphonique de Londres sous la direction de Valéry Gergiev interprèter ce célèbre Boléro  :

https://www.youtube.com/watch?v=dZDiaRZy0Ak

Attention ! André Rieu en a monté «show» avec costumes, bijoux, éclairages et violonistes en décolletés. - C'est pour pour amateurs seulement :

https://www.youtube.com/watch?v=LwLABSm0yYc

Et puis, en fouillant un peu, vous trouverez George Raft et Carole Lombard le dansant :

https://www.youtube.com/watch?v=tNWoRotdZw8

Si, si : George Raft.


(c) Alamy Stock Photo

On m'a dit que ça fait tout un malheur (cinématographique) à l'époque (1934).

*

Mille excuses auprès de mon ami Paul à qui la section musique du Castor™ appartient depuis des années, mais je tenais juste à vous parler de la correspondance qui existe entre les sons, la musique et les chiffres, les nombres, les formes et leurs répétitions.

Aucune insulte voulue, non plus, envers ceux qui sont atteints de façon précoce ou non de troubles de la pensée.

Mathématiquement vôtre !

Jeff

   Georges Gauvin


Oyoye !

Quand madame Malhasti m'a téléphoné l'autre jour pour me demander si j'étais libre pour le lunch le mercredi de la semaine suivante, j'ai failli perdre connaissance, Moi, George, la plus insignifiante des chroniqueuses du Castor™, me faire demander par celle qu'on m'a présentée pour la première fois comme étant "la poétesse de renom", une des plus intelligentes femmes que je connaisse, me faire demander par elle si j'étais libre pour un lunch ! - Un lunch ? J'aurais été, si elle me l'avait demandé, libre pour un petit déjeuner, un déjeuner, un souper, une séance de spritisme, la journée complète !

«C'est, qu'elle me dit, on organise un lunch-souvenir en l'honneur du Profeseur la semaine prochaine et comme je suis la seule femme invitée, j'ai pensé qu'on pourrait y aller ensemble...»

Je ne sais plus ce que je lui ai répondu, si c'était «avec plaisir» ou «je serai très honorée». - Non : vraiment pas cet «honorée»... Probablement quelque chose dans le genre «ben sûr» ou tout simplement oui.

Et de là, tout s'est mis à dégringoler : m'a pas dit qui allait être là, où c'était, comme je devais m'habiller, si je devais apporter quelque chose... - Pas dormi de la nuit ! - J'allais tout de même lui téléphoner le lendemain, la déranger, l'embêter avec des tonnes de questions...

C'est Jeff qui m'a dépanné. «T'as été invité, toi aussi ?» que je lui ai demandé.  «Oui, qu'il m'a répondu. Mais je ne sais pas si je vais y aller. C'est pas ma place. J'avais cinq, six ans quand ces affaires-là sont arrivées. J'saurai pas quoi dire.» - «Quelles affaires ?» 

Et c'est là que j'ai appris qu'il s'agissait d'une réunion pour commémorer une centaine (on m'a dit cinq cents) rencontres qui eurent lieu il y a des années de cela dans un restaurant sur la rue Saint-Denis, à Montréal, où, régulièrement, le Professeur, Monsieur Pérec, Madame Malhasti et deux ou trois autres que je connais pas, se réunissaient le midi pour discuter ensemble de tout et de rien. - Paraîtrai, ça je l'ai appris par la suite, que ça a fourni le matériel à plus de cinq cents (500 !) chroniques de Monsieur Pérec dans un défunt journal qui s'appelait La Gazette de Saint-Romuald-d'Etchemin... Qu'on songeait à les déterrer pour la prospérité, mais qu'importe ! - La question était ce que je devais porter.

C'est sa femme, Élyanne, qui me l'a dit : une PRN ! Qu'est-ce qu'une PRN ? Tout simplement une...Petite Robe Noire. - J'aurais dû y penser !

Et le mercredi X, je me suis pointé au volant du char de mon chum - car mon auto n'est vraiment pas de classe - chez Madame Malhast et nous voilà tout les deux en route pour ce fameux - je l'ai appris après - Bar*** sur la rue Saint-Denis en face du théâtre qui porte le même nom.

Vous savez quoi ? Madame Malhasti a insisté pour que je l'appelle Fawzi, mais j'ai pas pu, mais depuis, elle et moi sommes devenues des amies. Elle m'a même dit que je lui rappelait ce que j'avais l'air quand elle était jeune !

Et le lunch ? C'est après que ça a été l'fun. les tables ont été déplacées et ça a tourné en une sorte de cocktail où tout le monde a rencontré tout le monde. 

J'ai même eu un brin de causette avec le Professeur !

George

        Fawzi Malhasti


Morceau choisi

    Un monsieur et un jeune homme

Un monsieur aimait un jeune homme. 
Cela n'a rien que de banal. 
Les habitués des hippodromes 
Font des folies pour un cheval. 
Ai-je dit qu'ils vivaient ensemble, 
Ensemble une même maison? 
C'était plus commode, il me semble. 

Si c'est vrai, ils avaient raison. 

Un monsieur aimait un jeune homme. 
Méprisant toute précaution 
Ils allaient dans les vélodromes: 
Le vélo'c'était leur passion. 
Ces spectacles font d'habitude 
Moins de victimes que l'alcool. 
Combien poussent la turpitude 
Jusqu'à hanter les music-hall? 

Un monsieur aimait un jeune homme, 
Il lui payait tous ses cahiers. 
Le monsieur était économe, 
Le jeune était écolier. 
Il lui payait aussi ses livres, 
Lui donnait parfois quelque argent. 
Il en faut bien un peu pour vivre: 

Laissons vivre les jeunes gens! 

Un monsieur aimait un jeune homme, 
Ils marchaient la main dans la main. 
Ils s'en allèrent jusqu'à Rome 
Par les détours et les chemins. 
Et là, presqu'aux yeux de Saint Pierre, 
En visitant le Colisée, 
- Allons, n'en faisons plus mystère - 
Ils échangèrent un baiser. 

Où croyez-vous que nous en sommes? 
Jusqu'où nous conduisent nos pas? 
Un monsieur aimait un jeune homme. 
Il est si doux d'être papa!

Guy Béart

Fawzi

         De notre disc jockey - Paul Dubé


L

A

paul

Lectures

Note :

Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres, revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.

Une drôle de question

On m'a demandé récemment une liste ou la liste (je ne m'en souviens plus très bien) des livres que je trouvais illisibles. - J'ai pensé répondre «tous les livres que je n'ai pas lus», mais par la suite je me suis ravisé ; j'ai compris que la question - ou les questions - qu'on m'avaient posée(s) était plutôt : «quels sont les livres que vous avez trouvés difficiles à lire» ou «quels sont les livres que vous avez abandonnés après en avoir lu quelques pages parce qu'ils exigeaient un effort qui n'en valait pas la peine».

À cette question, j'ai été tenté de répondre, par paresse et d'une façon très évasive ,  «Finnegans Wake» de James Joyce, le livre qu'on admet généralement être le plus illisible de tous ceux, toujours disponibles en librairie, écrits par un auteur connu, sauf que je n'ai jamais trouvé illisible, justement, «Finnegans Wake» ; tout comme je n'ai jamais considéré illisible Écritures de Paul-Marie Lapointe qu'un ami, aujourd'hui décédé (et qui n'était pas un simple amateur), trouvait si hermétique qu'il aurait «tout aussi bien avoir été écrit en chinois».  - Plus facilement, j'aurais pu dire :  René Char ! (une de mes têtes de Turc) ou même Simone de Beauvoir, mais là, on m'aurait accuser de mysogénie et je me serais mis à dos la moitié de la population. - Bon d'accord : le tiers.

Toujours ce dilemme entre ce qui fait qu'un livre est bon ou mauvais ; intéressant ou pas ; digne d'attention ou non.

Et puis, y'a le type de livres : est-ce un roman ? un recueil de poésie ?  un suite d'essais ? un pamphlet ? un journal intime ? un livre de correspondance ? 

Ma vraie réponse ?

Il n'y a pas de livres illisibles. Il y en a, oui, et même beaucoup, mais je crois qu'il est inutile de même d'en décrire la nature ni en donner des exemples : ce sont, disons, des livres que personne n'a réussi à lire ou comprendre. Souvent par l'auteur lui-même (ou elle-même). - Il y a cependant des livres, comme je l'ai dit il y a deux minutes,  difficiles à lire. - Et puis encore : à cette quasi boutade, j'aurais tant de nuances à apporter qu'il me faudrait écrire plusieurs volumes pour en donner qu'un aperçu.

En voici un exemple :

Dans un passage de son Journal, Julien Green écrivit, après avoir relu The Return of the NativeLe Retour au pays natal») de Thomas Hardy, que ce qu'il n'aimait pas  «[...] dans ces longs romans [c'est que] tous les hommes sont beaux. [... et que ...]¸les réflexions philosophiques retardent la marche du récit.» 

(Julien Green - Oeuvres complètes - Vol. 5, p. 325, Gallimard, 1977.)

On sait comment je suis un fan de Julien Green. De lui, j'ai tout lu : son journal, son autobiographie, ses essais, etc., mais sait-on que je n'ai jamais lu un seul de ses romans ? Curieusement, pour les mêmes raisons qu'il avance par rapport à Thomas Hardy : dans le peu que j'en ai lu - ce qui m'a frappé, entre autres, en lisant sa biographie dont plusieurs extraits ont été le sujet de ses romans - Green est, dans ses romans, lent, ses personnages (enfin : ceux dont ils parlent le plus) sont beaux et ses réflexions philosophiques (et surtout, dans son cas,  religieuses) retardent la marche de ses récits. - En d'autres mots, Green devient, à la longue, lassant... et donc : difficiles à lire. - Je me suis aperçu à nouveau récemment quand, cherchant je ne sais plus quoi dans son «Terre lointaine» (un des volumes de son autobiographie), je me suis retrouvé  face à  un troublant amour dont les détails pourraient tenir en quelques pages, mais surtout des descriptions à n'en plus finir de  maisons, pièces, jardins, rues, couchers de soleil... 

Un deuxième exemple ?

Je trouve difficiles à lire tous les auteurs qui n'ont pas appris la signification et l'utilité d'un alinéa (voir l'encadré ci-dessous) et plusieurs qui ne savent pas ponctuer leurs phrases.

Parmi ces auteurs, vient en tête Henry James, admirable romancier, critique et essayiste, mais bout de bon dieu, combien de fois j'ai été tenté de lancer à l'autre bout de la pièce un de ses volumes que j'avais en main à cause d'un paragraphe qui n'en finissait plus. - Vous allez me dire que Proust n'est pas mieux, mais là où Proust se sert de longs paragraphes dans un ou des buts précis, Heny James semble n'avoir aucune idée de ce qui peut ennuyer ses lecteurs.

(Le mois prochain, dans le cadre d'un mini-essai que Copernique et moi sommes à mettre au point sur la lecture rapide, je parlerai d'un autre auteur - inconnu celui-là - que de longs paragraphes rendent également presque illisible : un certain Ph. E. Legrand, correspondant de l'Institut, professeur honoraire, etc., etc., le tout auteur d'une introduction à Hérodote.)

Et puis :

D'autres auteurs que j'ai trouvé au fil des ans difficiles à lire :

  • Corneille dont le sujets des pièces sont assez particuliers

  • Rabelais, que je n'ai réussi à comprendre, finalement, qu'avec une traduction en anglais 

  • Divers auteurs grecs ou latins mal traduits

  • Tous les auteurs qui ont écrit en allemand. De ces derniers, j'ai déjà mentionné que c'était sans doute dû au fait qu'ils sont intraduisibles, sauf, peu-être certains lieder de Schubert (écrits par une cinquantaine de versificateurs),. - Je n'ai jamais voulu faire l'effort...

Et vous savez quoi ? je viens de penser que si je n'avais pas vu au cinéma «L'espion qui venait du froid», je ne sais pas si je me serais attaqué à Le Carré !

Simon 

***

Alinéas et paragraphes

Jeune, on m'a appris qu'une phrase était l'expression d'une «pensée complète». D'où un sujet, un verbe et un complément :

Un sujet : une personne, une chose, une matière, un fait, et même une phrase ou une idée (sic)

Un verbe : une action accomplie ou subie par le sujet

Un complément (facultatif) : la chose sur laquelle ou la manière avec laquelle l'action est accomplie ou subie par le sujet.

C'est un des éléments du discours qui est le plus facile à comprendre : :

Si une phrase ne contient pas, directement ou implicitement, un sujet et un verbe, aucune idée ne peut être exprimée.

Pour les paragraphes, La définition première que j'en ai apprise, est qu'il s'agissait d'un groupe de phrases réunies en bloc, séparé d'un autre groupe par un passage à la ligne ou un alinéa, ce qui impliquait «un groupe de pensées complètes ayant une certaine continuité ou similitude».

*

Je ne sais quand précisément - longtemps après, je crois, ou quand j'ai finalement eu beaucoup lu -  j'ai dû me faire à l'idée que cette implication n'avait aucun sens :

Certains auteurs qui, après avoir exprimé une idée, ont décidé que tous les exemples ou preuves à l'appui de cette idée devaient faire partie d'un même paragraphe.

D'autres, avant de passer à une autre idée, ont considéré que toutes les variantes de la première devaient être exprimées avant d'utiliser un alinéa.

Et d'autres encore qui semblent avoir compris qu'un alinéa ou une pose entre une phrase ou un groupe de phrases (réunies entre elles pour diverses raisons) devait être inséré pour permettre au lecteur de «respirer». - Une sorte d'endroit ou, lisant à haute voix, un lecteur doit reprendre son souffle.

(Vérification faite - Grevisse, Robert, Larousse, etc. -, j'ai appris, mais que tout récemment, que ce qu'on m'avait enseigné à propos des paragraphes n'était ou n'avait jmais été exact : un paragraphe est, aujourd'hui défini comme un groupe de phrases séparé d'un autre par un alinéa et qu'un alinéa n'est qu'un simple «retour à la ligne» !)

*

Devant cette diversité de conceptions et la diminution évidente, avec l'âge, de ma capacité d'attention - pardon : de ma patience - j'ai un truc - deux - à offrir à nos chers lecteurs pour pallier toutes situations où vous trouverez une suite de paragraphes interminables :

Un :

D'abord, cessez de lire tout ce qui est imprimé : assurez-vous de ne lire qu'en format digitalisé (ordinateurs, tablettes, etc.).

Faites un «recherchez et remplacez» tous les points par un point suivi d'un alinéa.

Tous les «paragraphes» qui contiennent de multiples phrases seront ainsi remplacés par des paragraphes ne contenant qu'une seule phrase.

Les liens entre un «paragraphe» avec celui qui le précède, vous verrez, se feront facilement.

Et si un «paragraphe» vous paraît trop long, passez au suivant.

Mon deuxième truc sera divulgué dans le mini-esssai que Copernique et moi sommes à mettre au point sur la lecture rapide

À bientôt !

Simon

L'extrait du mois


Un philosophe

     Je m’étais pris d’une profonde sympathie pour ce grand flemmard de gabelou (*)  que me semblait l’image même de la douane, non pas de la douane tracassière des frontières terriennes, mais de la bonne douane flâneuse et contemplative des falaises et des grèves.

(*) Le gabelou est un synonyme de douanier. Sous l'Ancien Régime, il s'agissait du douanier qui était chargé de collecter l'impôt sur le sel, la « gabelle ». Aujourd'hui encore ce terme est utilisé pour désigner les douaniers. (Note de l'éditeur)

     Son nom était Pascal ; or, il aurait dû s’appeler Baptiste, tant il apportait de douce quiétude à accomplir tous les actes de sa vie.

     Et c’était plaisir de le voir, les mains derrière le dos, traîner lentement ses trois heures de faction sur les quais, de préférence ceux où ne s’amarraient que des barques hors d’usage et des yachts désarmés.

     Aussitôt son service terminé, vite Pascal abandonnait son pantalon bleu et sa tunique verte pour enfiler une cotte de toile et une longue blouse à laquelle des coups de soleil sans nombre et des averses diluviennes (peut-être même antédiluviennes) avaient donné ce ton spécial qu’on ne trouve que sur le dos des pêcheurs à la ligne. Car Pascal pêchait à la ligne, comme feu monseigneur le prince de Ligne lui-même.

     Pas un homme comme lui pour connaître les bons coins dans les bassins et appâter judicieusement, avec du ver de terre, de la crevette cuite, de la crevette crue ou toute autre nourriture traîtresse.

     Obligeant, avec cela, et ne refusant jamais ses conseils aux débutants. Aussi avions-nous lié rapidement connaissance tous deux.

     Une chose m’intriguait chez lui c’était l’espèce de petite classe qu’il traînait chaque jour à ses côtés trois garçons et deux filles, tous différents de visage et d’âge.

     Ses enfants ? Non, car le plus petit air de famille ne se remarquait pas sur leur physionomie. Alors, sans doute, des petits voisins.

     Pascal installait les cinq mômes avec une grande sollicitude, le plus jeune tout près de lui, l’aîné à l’autre bout.

     Et tout ce petit monde se mettait à pêcher comme des hommes, avec un sérieux si comique que je ne pouvais les regarder sans rire.

     Ce qui m’amusait beaucoup aussi, c’est la façon dont Pascal désignait chacun des gosses.

     Au lieu de leur donner leur nom de baptême, comme cela se pratique généralement, Eugène, Victor ou Émile, il leur attribuait une profession ou une nationalité.

     Il y avait le Sous-inspecteur, la Norvégienne, le Courtier, l’Assureur, et Monsieur l’abbé.

     Le Sous-inspecteur était l’aîné, et Monsieur l’abbé le plus petit.

     Les enfants, d’ailleurs, semblaient habitués à ces désignations, et quand Pascal disait : « Sous-inspecteur, va me chercher quatre sous de tabac », le Sous-inspecteur se levait gravement et accomplissait sa mission sans le moindre étonnement.

    Un jour, me promenant sur la grève, je rencontrai mon ami Pascal en faction, les bras croisés, la carabine en bandoulière, et contemplant mélancoliquement le soleil tout prêt à se coucher, là-bas, dans la mer.

      – Un joli spectacle, Pascal !

      – Superbe ! on ne s’en lasserait jamais.

      – Seriez-vous poète ?

      – Ma foi ! non ; je ne suis qu’un simple gabelou, mais ça n’empêche pas d’admirer la nature.

     Brave Pascal ! Nous causâmes longuement et j’appris enfin l’origine des appellations bizarres dont il affublait ses jeunes camarades de pêche.

      – Quand j’ai épousé ma femme, elle était bonne chez le sous-inspecteur des douanes. C’est même lui qui m’a engagé à l’épouser. Il savait bien ce qu’il faisait, le bougre, car six mois après elle accouchait de notre aîné, celui que j’appelle le Sous-inspecteur, comme de juste. L’année suivante, ma femme avait une petite fille qui ressemblait tellement à un grand jeune homme norvégien dont elle faisait le ménage, que je n’eus pas une minute de doute. Celle-là, c’est la Norvégienne. Et puis, tous les ans, ça a continué. Non pas que ma femme soit plus dévergondée qu’une autre, mais elle a trop bon coeur. Des natures comme ça, ça ne sait pas refuser. Bref, j’ai sept enfants, et il n’y a que le dernier qui soit de moi.

      – Et celui-là, vous l’appelez le Douanier, je suppose ?

      – Non, je l’appelle le Cocu, c’est plus gentil.

Alphonse Allais  
À se tordre

Paul Ollendorff, 1891

Le courrier


M. U. S. Naipaul, New York, New York

«...what people set down day to day is of greater value than what they try to synthesize retrospectivily into a great sweep or theory.» 

(«...ce que les gens écrivent au jour le jour est d'une plus grande importance que ce qu'ils essaient de résumer rétrospectivement dans un grand tout rationel.»)

Christopher Hitchens «...and yet...»  - («Arthur Schlesinger : The Courtier», p. 199)

M. Michel O'Conner - Québec, Québec

Mille regrets, Monsieur O'Connell, mais nous avons eu beau chercher dans nos bases de données, nous n'avons pas retrouvé qui aurait dit que «la religion était comme un matelas gonflé d'air : rempli de vide, mais confortable.»

M. Sam Sheppard - St-Hyacinthe, Québec

Vous avez raison : dans certaines régions du Québec (notamment en Beauce et près de Joliette) de même qu'en Auvergne, en France,  la catéchèse est l'équivalent de vingt alors que le cathéchisme équivaut dix.

Addenda


Ajout concernant la citation : «... ἀνεξέταστος βίος οὐ βιωτὸς ἀνθρώπῳ)» 
(Simon Popp)

La contre-citation, «Et si la vie étudiée, examinée, scrutée, analysée... ne valait pas, elle non plus, d'être vécue ?», était bien de Kurt Vonnegut, Jr. (1922-2007). elle est tirée de son livre Wampeters, Foma and Grandfalloons, une collection d'essais, de récits de voyages et autres écrits datant entre 1966 et 1974,  publié chez Delacorte Press en 1974.

Sauvons la planète

Sous la plume de Simon Popp :

«Si vous n'aimez pas les emballages de toutes sortes, attaquez-vous aux fabriquants de ces emballages. Pas à moi ! Je ne suis qu'une victime dans cette affaire-là.»

Dans les journaux du weekend du 15 et 16 juin :

«Le Canada interdira les plastiques à usage unique dès 2021, a annoncé le premier ministre Justin Trudeau lundi matin. Les entreprises seront aussi tenues responsables de la gestion de leurs déchets de plastique, mais le gouvernement demeure pour l'instant discret sur les contraintes qui leur seront imposées d'ici les deux prochaines années.»

La direction

Dédicace


Cette édition du Castor est dédiée à :

Henriette Dessaulles
(1860-1946
)


Le mot de la fin


Pas un mot de la fin ce mois-ci, mais plusieurs, de Sam Harris, auteur, philosophe et neuro-scientiste, en contrepartie d'une chronique de Simon Popp parue le mois dernier.

Le tout en rapport avec certains aspects de l'Intelligence Artificielle.



Sam Harris

Le contexte :

Sur le site Edge.org, Sam Harris a publié en 2015 un essai intitulé «Can We Avoid a Digital Apocalypse ?» - ( ± : «Peut-on échapper à une apocalypse informatique ?»). 

On pourra lire cet essai (en anglais) à l'adresse qui suit :

https://www.edge.org/response-detail/26177

et l'écouter, lu par son auteur, en janvier 2016 à celle-ci :

https://samharris.org/can-we-avoid-a-digital-apocalypse/

En voici quelques extraits en résumant l'essentiel (dans une tradaptation de Madame Fawzi Malhasti). - Certaines parties en ont été abrégées  :

«Il semble de plus en plus probable que nous serons éventuellement en mesure de construire des appareils qui posséderont une intelligence supérieure à la nôtre. Il suffira pour cela de continuer à produire de meilleurs ordinateurs, ce que nous faisons présentement et que nous allons continuer de faire à moins... de nous auto-détruire. 

«Nous savons déjà qu'il est aujourd'hui possible pour un ensemble de fils et de microprocesseurs d'acquérir une "intelligence générale", c'est-à-dire la capacité d'apprendre de nouveaux concepts et de les utiliser dans des contextes qui sont plus ou moins connus et que nous pouvons nous imaginer grâce aux 1 200 cm3 de bouillie salée que nous appelons nos cerveaux.

«Il n’y, dans ces conditions, aucune raison de penser qu’un ordinateur numérique ne sera jamais capable d'en faire plus.

«De nos jours, notre objectif semble être, à plus ou long terme, de construire une machine possédant une intelligence semblable à la nôtre sauf qu'en essayant d'imiter spécifiquement ce qu'on appelle "notre intelligence" - avec toutes ses limites - il devient de plus en plus évident qu' on s'éloigne continuellement de la réalité.

«L'ordinateur sur lequel j'écris ces mots, par exemple, possède déjà des pouvoirs surhumains de mémorisation et de calcul. Il a également un accès, via l'Internet, à des informations dont nous ne possédons qu'une vague idée et, à moins que nous ne prenions des mesures extraordinaires pour y faire obstacle, toute intelligence artificielle générale (IAG) future dépassera et de loin les performances de nos cerveaux considérés pour le moment être l'intelligence "idéale".

«La question à savoir si nos futurs ordinateurs seront conscients est, en ce sens, très secondaire.

«Qu'elle soit consciente ou non, une IAG pourra facilement développer des objectifs incompatibles avec nos propres objectifs qui sont - le moindre qu'on puisse dire - assez imprécis...»

*

Note :

Le paragraphes qui suivent sont des résumés d'une partie des réflexions de Monsieur Harris accompagnées de quelques détails supplémentaires ou explicatifs :

Les conclusions et la fin de l'article de Monsieur Harris suivent tout de suite après.

1 - Vitesse et capacité.

Il faut s'imaginer un ordinateur dont l'intelligence est celle de la moyenne des chercheurs de la Massachusetts Institute of Technology, de l'University of California, des universités John Hopkins, Yale, Berkeley, Columbia, etc. ; que cet ordinateur fonctionnne à une vitesse équivalente à un million de fois supérieure aux "cerveaux" qu'ils l'ont construit. - Il faut s'imaginer cet ordinateur en marche pendant une semaine et supposer qu'il aura ainsi réalisé 20 000 ans d'un travail sembleble à ces chercheurs de la MIT, de l'UCLA, des universités de John Hopkins, etc.

Il faut s'imaginer le même ordinateur ayant lu et retenu en quelques heures toute la littérature gréco-latine de même que toutes les traductions qu'on en a faite dans toutes les langues connues.

Il faut s'imaginer le temps que mettra cet ordinateur à calculer le moyen le plus efficace pour construire un vaisseau spatial susceptible de se rendre jusqu'à la prochaine étoile en quelques heures...

2 - Conflits A

On connaît les lois de la robotique promulguées par Isaac Asimov en 1942 :

  •  Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, en restant passif, permettre qu'un être humain soit exposé à un danger ;

  • Un robot doit obéir aux ordres qui lui sont donnés par un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi ;

  • Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n'entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi.

Ce que l'on connaît moins, ce sont les droits de l'homme qui, au dernier décompte, sont au nombre de :

  • 10 aux États-Unis (à l'origine. - Ils ont, depuis, été amendés 17 fois)

  • 13 en Grande-Bretagne

  • 25 en Belgique

  • 29 en Allemagne

  • ...mais que 6 en Suède

(La loi canadienne sur les doits de la personne, quant à elle, comprend 4 parties et 15 sous-sections se rapportant à un principe unique mais dans lequel sont incorporés : le droit de tous les individus... «dans la mesure compatible avec leurs devoirs et obligations au sein de la société, à l’égalité des chances d’épanouissement et à la prise de mesures visant à la satisfaction de leurs besoins, indépendamment des considérations fondées sur la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, l’âge, le sexe, l’orientation sexuelle, l’identité ou l’expression de genre, l’état matrimonial, la situation de famille, les caractéristiques génétiques, la déficience ou l’état de personne graciée».)

(Il existe en outre une Déclaration universelle des Droits de l'homme qui contient 30 articles (1948) qui a été suivie de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales (en 1950), du Pacte des Nations Unies relatif aux droits civils et politiques (1966), de la Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne (an 2000), etc., etc.)

Question : desquelles versions de ces Droits doit-on incorporer dans le processus décisionnel des ordinateurs et futures robots ?

3 - Conflits B

Au niveau morale, à quoi devrait-on exiger que les ordinateurs «réfléchissent» avant de nous nous soumettre leurs «suggestions» ?

  • aux Dix lois de l'Ancien Testatement ?

  • à leur interprétation par Moïse ?

  • aux lois du Talmud ?

  • à celles (au pluriel) du monde chrétien ?

  • à la charia ?

Mais alors que faire des traditions indous, chinoises, japonaises ? - Et qui dit que les principes de l'Allemagne nazi qui furent, d'une certaine manière, si «efficaces» ne seront pas retenus ? I.e. : Pourquoi les ordinateurs de quatrième ou cinquième génération ne décideraient pas de détruire, parce que désuets, ceux de la première ou de la deuxième ?

*

Suite et fin des propos de Monsieur Harris :

«Que la manière dont se produira cette séparation [entre l'intelligence humaine et la super-intelligence des ordinateurs] ou cette incompatibilité soit soudaine ou même meurtrière fait maintenant l'objet de nombreuses spéculations.

«Une façon d’envisager le risque à venir est d’imaginer ce qui pourrait arriver si nous atteignons nos objectifs et construisons une IAG surhumaine qui va se comporter exactement comme nous le voudrions. 

«Une telle machine nous libérerait rapidement des travaux fastidieux et même de l’inconvénient de la plupart des travaux intellectuels. Que suivrait-il dans notre ordre politique actuel ? Aucune loi économique ne garantit que les êtres humains trouveront un emploi en présence de tous les progrès technologiques possibles. Une fois que nous aurons construit le dispositif idéal permettant de réduire le travail, le coût de fabrication de nouveaux dispositifs se rapprochera de celui de ses matières premières. 

«On peut spéculer qu'en conséquence, si nous ne mettons pas immédiatement ces nouveaux appareil au service de l'humanité tout entière certains d'entre nous seront en contôle de richesses inimaginables tandis que les autres seront condamnés à mourir de faim.

«Même en présence d’une IAG vraiment bénigne, nous pourrions nous retrouver également dans une situations où nous serons tout simplement des êtres surveillés par des drones.

«Que sera la réaction des Russes ou les Asiatiques - une autre façon de voir l'avenir - s'ils apprenaient tout à coup que la Silicon Valley est sur le point de mettre au point un système d'IAG superintelligent? Par définition, cette machine sera capable de mener une guerre - terrestre et cyber - avec un pouvoir sans précédent. Comment nos adversaires se comporteraient-ils au bord d'un tel scénario gagnant-gagnant-tout? De simples rumeurs d'un IAG pourraient rendre notre espèce folle.

«Il est décevant d’admettre que le chaos semble être une issue probable, même dans le meilleur des scénarios, dans lequel l’IAG est restée parfaitement obéissante. Mais bien sûr, nous ne pouvons pas supposer le meilleur scénario. En fait, «le problème du contrôle» - la solution à laquelle garantirait l’obéissance dans tout IAG avancé - semble assez difficile à résoudre 

«Quelles sont les chances pour qu'une telle entité reste satisfaite de prendre des directives de notre part? 

«Et comment pouvons-nous prédire avec confiance les pensées et les actions d'un agent autonome qui voit plus profondément dans le passé, le présent et le futur que nous?

«Le fait que nous semblions nous hâter vers une sorte d'apocalypse numérique pose plusieurs problèmes intellectuels et éthiques. 

«Par exemple, afin de pouvoir espérer qu’une IAG superintelligente aurait des valeurs à la mesure des nôtres, nous devions les inculquer (ou les faire imiter de toute autre manière). 

«Mais quelles valeurs doivent compter? 

«Est-ce que tout le monde devrait voter pour créer la fonction utilitaire de notre nouveau colosse? 

«À tout le moins, l’invention d’une IAG nous obligerait à résoudre de très vieux (et ennuyeux) arguments de la philosophie morale.

«Cependant, un véritable IAG acquerrait probablement de nouvelles valeurs, ou du moins développerait de nouveaux objectifs à court terme - et peut-être même dangereux -. 

«Quelles mesures une surintelligence pourrait-elle prendre pour assurer sa survie ou son accès aux ressources informatiques ? 

«La question la plus importante jamais posée par notre espèce est de savoir si le comportement d'une telle machine resterait compatible avec l'épanouissement humain.

«Le problème, cependant, est que seuls quelques-uns d’entre nous semblent être en mesure de réfléchir à cette question. 

«En fait, le moment de vérité risque d’arriver au milieu de circonstances déconcertantes, informelles et peu propices: imaginez dix jeunes hommes dans une pièce, dont plusieurs avec le syndrome d’Asperger non diagnostiqué, en train de boire du Red Bull et de se demander s’il faut actionner un commutateur. 

«Une seule entreprise ou un seul groupe de recherche devrait-il pouvoir décider du sort de l’humanité? La question se répond presque par elle-même.

«Et pourtant, il semble probable qu'un petit nombre de personnes intelligentes lanceront un jour ces dés. Et la tentation sera compréhensible. 

«Nous sommes confrontés à des problèmes - maladie d’Alzheimer, changement climatique, instabilité économique - pour lesquels une intelligence surhumaine pourrait offrir une solution. 

«En fait, la seule chose presque aussi effrayante que de construire une IAG est la perspective de ne pas en construire une. 

«Néanmoins, ceux qui sont le plus près de faire ce travail ont la plus grande responsabilité d’en anticiper les dangers. 

«Oui, d'autres domaines présentent des risques extraordinaires, mais la différence entre l'IAG et la biologie synthétique est que, dans cette dernière, les innovations les plus dangereuses (telles que la mutation de la lignée germinale) ne sont pas les plus tentantes, que ce soit sur le plan commercial ou éthique. 

«Avec l'IAG, les méthodes les plus puissantes (telles que l’auto-amélioration récursive) sont précisément celles qui impliquent le plus de risques

«Nous semblons être en train de construire un Dieu. Ce serait le bon moment pour se demander si ce sera (ou même peut être) un bon.»

 

Autres sites à consulter 



Webmestre : France L'Heureux


Webmestre : Éric Lortie

 
Webmestres : Paul Dubé et Jacques Marchioro


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