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Simon Popp
Cohen vs. Dylan vs. Cash
Suite à ma remarque, le mois
dernier, sur Leonard Cohen, à savoir
qu'il était un poète mineur, un lecteur m'a posé une question :
« Est-ce que je serais d'accord qu'on quantifie comme ci-dessous l'apport à la poésie et
à la musique des "auteurs - compositeurs - interprètes"
suivants :»
Johnny Cash |
poésie 25% |
musique 75% |
Leonard Cohen |
poésie 75% |
musique 25% |
Bob Dylan |
poésie 50% |
musique 50% |
Comme ce type de questions m'irrite et que, de plus, je n'ai pas suffisamment de connaissances
en ce qui concerne la musique populaire et que, surtout, je ne connais que quelques chansons de ces trois «auteurs - compositeurs - interprètes»,
je l'ai refilé à notre disk-jockey, Paul Dubé. - Voici sa réponse :
«Cher Simon,
«D'abord une chose : il ne faut pas mélanger les interprètes et les auteurs-compositeurs. - Johnny Cash, en tant qu'interprète et, occasionellement
auteur-compositeur, ne saurait être comparé à Leonard Cohen et Bob Dylan qui sont d'abord des auteurs-compositeurs
et qui n'interprètent que leurs propres compositions. Ses plus grands succès, musique et paroles, ont, pour la plupart, été écrits par d'autres. Ses derniers enregistrements,
notamment :
Hurt - par Trent Reznor (du groupe One Inch Nail)
Redemption Day - par Sheryl Crow
One - par le collectif du groupe U2
Me and Bobby McGee - par Kris Kristofferson et Fred Foster
«Ce qui ne veut pas dire qu'il n'a jamais rien
écrit. Il est, de mémoire, l'auteur et compositeur, entre autres de
:
I walk the Line
A Boy Named Sue...
«et même de :
Folsom prison Blues pour lequel il a dû verser,
quand même, 75,000$ en dommages et intérets à un certain Gordon Jenkins pour avoir utilisé
en partie les paroles de son «Crescent City Blues»...
«On pourrait également
ajouter...
When the Man Comes Around
qui est
cependant basé sur la version King James de l'Apocalypse de
Saint-Jean (sic).
«Chose certaine : par rapport aux deux autres, il les surpasse largement au niveau de l'interprétation, mais de là à le considérer comme un auteur ou un compositeur et surtout un poète...
«À ce compte, il faudrait dans la question de ton lecteur le remplacer par des types comme Willie Nelson, Townes van Zandt,
Kriss Kristofferson (cité ci-dessus)... et John Fogerty (tant qu'à y être). - Toujours en chansons dites "POP"
anglaises ou américaines, car s'il fallait passer du côté de la chanson française,
tous auraient de la difficulté à se mesurer à Trenet ou Ferré pour
n'en citer que deux.
«Mais revenons à nos moutons :
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De gauche à
droite : Bob Dylan, Johnny Cash et Leonard Cohen
«Du côté musique, entre Dylan et Cohen,
il n'y a aucun doute là-dessus : le second ne va pas à la cheville du premier. Ce qui ne veut pas dire que Dylan est un grand compositeur, mais dans plusieurs de ses chansons,
l'unité et le rapport entre ses paroles et et sa musique (et j'ajouterais même l'interprétation)
sont remarquables. - Quarante ans (et plus) après ses classiques des années 60 (Like a Rolling
Stone, Subterranean Homesick Blues, Sad Eyed Lady of the Lowlands, John Wesley Harding...)
l'on
demeure tout aussi étonné qu'on le fut lors de leur sortie.
«Quant aux textes, rien de comparable chez Cohen à des choses comme
All Along the Watchtower, With God on Our Side, The Ballad of Hollis Brown et je pourrais continuer longtemps d'autant plus que la production de Dylan est, quoi ? -
Vingt, trente fois
(?) supérieure à celle de Cohen.
«En d'autres mots, faut pas comparer des pommes et des oranges,
une table et un parapluie, un chapeau et une paire de souliers ou n'importe quel objet, fruit, animal qui est sans rapport avec un
autre (sans insinuer quoi que ce soit par rapport à Cohn et Dylan).
«Si l'on considère que Dylan et Cohen sont des poètes, je suis d'accord avec ce que tu disais le mois dernier : Cohen est un poète
mineur. De là à dire, comme je disais au niveau de la musique que, conséquemment, Dylan est un grand poète, il faudrait tout d'abord s'entendre sur ce qu'est la poésie, ses genres, ses traditions et surtout, quand on se met à parler de ceux qui utilise cette forme d'écriture, si un poète qui écrit sur une foule de sujets (lire : TOUS les problèmes de l'existence) est supérieur à un autre qui n'a qu'un thème en tête, parfois
peu apparent, mais qui semble en être plusieurs.
Ainsi :
«Hugo a écrit des poèmes sur à peu près tout en utilisant à peu tous les genres, de l'épique au lyrique en passant par le didactique et le satirique. -
D'autre part, Brel m'a toujours semblé fixé autour d'un seul aspect de la vie : celui du désespoir. Ses chansons dites
"d'amour", en autant que je m'en souvienne, sont toutes tristes alors que celles d'Hugo sont parfois
des cris de joie. - Est-ce que cela fait du premier un plus "grand"
poète que l'autre ?
«À cette question que je n'ai jamais cessé de
me poser et de poser à la ronde, on m'a toujours répondu que les goûts ne se discutaient pas. Là-dessus, je me suis toujours fié à ce que Ruskin disait :
«Taste for any books or music is not a moral quality, but taste for good books or music is and I don't mean by "good",
clever - or learned - or difficult in the the doing. - I am adamant on this subject because there are good and bad books.»
«Que Madame Malhasti
a tradapté comme suit :
«Le goût pour les livres ou la musique n'est pas une qualité [dite de]
morale [i.e. : conforme à un certain idéal], mais le goût pour les bons livres ou la musique l'est et je ne veux pas dire par "bon",
intelligent [perspicace, subtil, habile...] - ou dépendant d'un goût qui s'apprend - ou [que les bons livres ou la musique]
sont difficiles à écrire ou à composer - [Mais] Je suis catégorique sur un point : il y a des bons et des mauvais livres.»
(The Future of the Novel -
International Library of Famous Literature - Volume XIV - The Standard –
1899.)
«Ce qui me ramène à Cohen et Dylan :
«En bref, je ne tiens pas à comparer Cohen à Dylan : ce sont deux individus sans rapport l'un avec l'autre
mais, si j'avais à échanger toute la poésie de Cohen pour les étonnants Sympathy for the Devil,
Dead Flower ou Gimmie Shelter de non pas Dylan, mais
de Mick
Jagger des Rolling Stones.. devine ce que je garderais...
«Quant à Townes van Zandt que ton correspondant ne doit sans doute pas connaître, je ne sais pas s'il pourrait continuer d'écouter
Suzanne ou Bird on a Wire, après avoir vu un vidéo incroyable
qu'on a tourné autour de Big Country Blues de ce van Zandt.
Voir à :
https://www.youtube.com/watch?v=7yw8O2mdrxs
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Townes van
Zandt
«Salut !
«paul»
***
Que puis-je ajouter
d'autres ? Ceci peut-être :
J'écoutais une des émissions
de Paul [Dubé],
il y a trois ou quatre semaines, celle dans laquelle il
a fait jouer un extrait d'Une nuit comme une autre d'Aut' chose, un groupe montrélais
des années soixante, soixante-dix. Les premières paroles que j'y ai
entendues ont été :
«Par la fenêtre,
Vancouver la nuit
J'me tiens avec une indienne de quatorze ans
Elle a une tête de mort tatouée su' un bras
Y'a des aiguilles partout dans' chambre...»
(Ces paroles sont de
Lucien Francoeur)
Quatre vers ! Quatre vers,
que je me suis dit, et voilà toute une atmosphère, toute une vie, toute
un paysage décrit en quatre vers. Un presque aïku. Et il
faudrait que je compare cela à :
«Suzanne takes you down to her place near the river
You can hear the boats go by
You can spend the night beside her
But that's why you want to be there
And she feeds you tea and oranges
That come all the way from China
And just when you mean to tell her
That you have no love to give her
Then she gets you on her wavelength
And she lets the river answer
That you've always been her lover...»
Quant aux paroles de son Alleluyah...
***
Lire
Je l'ai écrit souvent.
Depuis, j'ai constaté avec une certaine satisfaction que Copernique,
Jeff et même M. Pérec étaient d'accord : l'acte d'écrire
n'est pas un acte naturel ; que marcher, courir, respirer, s'étendre
au soleil sont des actes naturels, mais que s'asseoir à une table,
tremper sa plume dans un encrier et faire des pattes de mouches sur des
feuilles blanches, pattes de mouches sensées représenter des idées est aussi naturel que d'avaler des clous.
Remarquez que poussés à
l'extrême, certains actes dits naturels sont tout aussi antinaturels qu'est
l'écriture. Mettre des planches sous ses pieds et se jeter
en bas d'une montagne, courir 100 mètres en 9 secondes 58 centième,
se taper le Tour de France à bicyclette ou sauter de la stratosphère
en parachute me semblent être du domaine de l'exagération.
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D'un autre côté
cependant, lire
m'apparaît tout aussi peu naturel qu'écrire. Passer de grandes soirées
à s'entêter à comprendre ce qu'un lauréat du Prix Nobel de littérature
a voulu dire à propos d'insignifiants personnages du Sud des États-Unis
me paraît assez singulier ; «spatiale», comme dirait la
plupart de nos diplômés cégéfiens. - Alors pourquoi pousser un
certain masochisme à s'embêter des heures de temps à lire, comme un
ami l'a fait récemment, Lumière
d'août (Light in August) de William Faulkner ou, comme
d'autres se sont essayés avec le Finnegans'
Wake de Joyce ou le Crying of Lot 49 de Thomas Pynchon ? - Et pourtant,
c'est ce qu'a tenté de faire mon ami. Sans préparation
aucune. L'équivalent d'entreprendre la conquête de l'Everest après
avoir vaincu le Mont-Royal. Et la comparaison n'est pas si absurde
qu'elle puisse le paraître.
On m'accuse - et avec
raison d'ailleurs - de rejeter du revers de la main certains livres et
certains auteurs, particulièrement ceux qui écrivent sur l'art de
vivre, le sens de la vie, la spiritualité, etc. - C'est vrai et faux en même temps. -
J'ai un nombre assez impressionnant de livres dans ma
bibliothèque sur les religions, par exemple, dont : trois Bibles, un traité de théologie dogmatique
et divers volumes sur le judaïsme et l'islamisme, y compris
le Guide des égarés (des perplexes pour une traduction plus fidèle) de Moïse Maïmonide. - Il est vrai que je n'ai lu que quatre ou
cinq pages de Simone de Beauvoir (Mémoires d'une jeune fille rangée),
qu'un seul livre de Sartre (La nausée) et pas un seul roman de
Julien Green de qui, pourtant, j'ai lu et relu tous les
volumes de son Journal. Gide m'a toujours embêté avec sa sincérité, mais, mis à
part son théâtre, j'ai lu tout ce qu'il a écrit et même une bonne
partie de sa correspondance. De Proust, j'ai lu trois fois son À la recherche ; deux fois en français et une fois en anglais.
Mais pas un seul Troloppe et je ne m'attarderai pas une seconde à lire
ne serait-ce qu'un paragraphe écrit par William Lane Craig et, ayant, il
n'y a pas longtemps, jeter un coup d'oeil sur l'oeuvre de Truman Capote,
je me suis contenté de lire que quelques passages d'articles qu'il a écrits
pour divers magazines.
Entêtement que tout cela
? Peut-être. - Préjugés ? Sans doute. - Méconnaissance ?Ah pour ça,
oui. - Je plaide coupable et vais persister à le faire jusqu'à je ne
puisse plus lire.
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Une chose quand même
qu'il faut que je précise :
Le sujet, la matière,
les faits historiques, les anecdotes, - que ces faits ou anecdotes soient fictifs ou non - me laissent indifférents. Ce qui m'intéresse par
dessus tout, c'est la manière, le style, la langue qu'un auteur a
utilisés pour me raconter ses histoires ou me défiler ses idées qui,
comme les masques, nous en disent plus sur ceux qui les portent que les
masques eux-mêmes. (Me semble avoir lu ce dernier bout de phrase
quelque part...) Et c'est pourquoi, pour en revenir à mon entêté
ami que Faulkner a horripilé (je le cite), je n'ai jamais attaché
d'importance aux trames de ses romans (mon ami, oui), trames qui sont, généralement d'un décousu où l'on se perd facilement parce que ses personnages ne savent pas eux-mêmes qui ils sont
ni où ils s'en vont. Mais la façon qu'il nous fait pénétrer dans leur univers est fascinante. Les répliques qu'il
leur fait dire sont d'une profondeur parfois déconcertante, non pas par leur contenu, mais par leur vocabulaire, la façon
qu'elles sont emboitées les unes par rapport aux autres jusque dans leurs nombreuses incongruités,
barbarismes, incorrections et répétitions.
Je n'ai jamais lu Faulkner en français
- ce que mon ami a fait - et je me demande si on peut transposer le rythme de certaines répliques ou passages comme celui qui suit dans une autre langue que celle couramment parlé dans le sud des États-Unis et qui est une des formes de l'anglais d'aujourd'hui :
(Je me suis permis de mettre en gras les
passages les plus marquants)
“I don’t reckon I need any promise from Lucas. It just happened unfortunate so, that he had to go away. His plans just never worked out right for him to come back for me like he aimed to. I reckon me and him didn’t need to make word promises. When he found out that night that he would have to go, he—”
“Found out what night? The night you told him about that chap?”
The other does not answer for a moment. Her face is calm as stone, but not hard. Its doggedness has a soft quality, an inwardlighted quality of tranquil and calm unreason and detachment. Mrs. Armstid watches her. Lena is not looking at the other woman while she speaks.
“He had done got the word about how he might have to leave a long time before that. He just never told me sooner because he didn’t want to worry me with it. When he first heard about how he might have to leave, he knowed then it would be best to go, that he could get along faster somewhere where the foreman wouldn’t be down on him. But he kept on putting it off. But
when this here happened, we couldn’t put it off no longer then. The foreman was down on Lucas because he didn’t like him because Lucas was young and full of life all the time and the foreman wanted Lucas’ job to give it to a cousin of his. But he hadn’t aimed to tell me because it would just worry me. But
when this here happened, we couldn’t wait any longer. I was the one that said for him to go. He said he would stay if I said so, whether the foreman treated him right or not. But I said for him to go. He never wanted to go, even then. But
I said for him to. To just send me word when he was ready for me to come. And then his plans just never worked out for him to send for me in time, like he aimed. Going away among strangers like that, a young fellow needs time to get settled down.
He never knowed that when he left, that he would need more time to get settled down in than he figured on. Especially a young fellow full of life like Lucas, that likes folks and jollifying, and liked by folks in turn. He didn’t know it would take longer than he planned, being young, and folks always after him because he is a hand for laughing and joking, interfering with his work
unbeknownst to him because he never wanted to hurt folks’ feelings. And I wanted him to have his last enjoyment, because marriage is different with a young fellow, a lively young fellow, and a woman. It lasts so long with a lively young fellow. Don’t you think so?”
Je n'insisterai pas sur la nature répétitive de ce dernier paragraphe qui
souligne la vulnérabilité et la naïveté de la pauvre fille qui, à
court d'explications, se contente de reprendre ce qu'elle dit en
d'autres mots, mais je suis convaincu d'une chose : une longue description n'aurait pas pu même nous la résumer.
Pour paraphraser Ruskin (cité par Paul
dans la lettre ci-dessus), je dirais que s''il existe des bons et mauvais
livres, il doit exister également des bons et des
mauvais lecteurs, preuve que la lecture n'est pas un acte naturel, car
comme tout ce qui ne vient pas spontanément, c'est une activité qui
s'apprend.
Pour ma part, je demeure un très mauvais lecteur de certains
livres. Mon excuse : ils me demandent trop d'efforts.
***
En position horizontale
!
Bizarre.
En position horizontale... C'est une expression
que j'utilisais couramment jusqu'à tout récemment pour dire qu'il était tard et qu'il était
temps que je rentre chez moi pour aller dormir....
Jusqu'à ce que je réalise que c'était dans cette position qu'il m'était arrivé de prendre les plus mauvaises décisions au cours de ma vie.
Surtout lorsqu'il y avait un autre corps étendu dans la même
position.
À mes côtés...
Simon
Simon
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Herméningilde Pérec
L'été !
On m'a offert, il y a des années
de ça, un poste dans un collège américain pour enseigner le français
- moi, enseigner le français ! - à Phoenix, en Arizona, là où
la température moyenne est de 29º C et où il pleut une quinzaine de
jours par année.
Enseigner le français...
Mettons que ça m'aurait peut-être plu. À des Américains ? Pourquoi
pas ? - La distance ? Bah... avec les congés scolaires, le salaire
qu'on m'offrait et l'aviation qui m'aurait permis de rentrer «au pays»
aussi souvent que je l'aurai voulu - c'est-à-dire celle de ce temps-là
parce qu'aujourd'hui... - j'ai hésité... trois secondes et dit non. - Non
parce qu'avec ses rues désertes et le peu de piétons qu'on pouvait
y voir de temps à autres, tous munis de bouteilles d'eau, tous avec de
grands chapeaux pour se protéger du soleil, et tous marchant très
lentement... par une température avoisinant les quarante, pourquoi hésiter ?
Déjà que j'anticipe les journées
étouffantes qui s'en viennent en juillet et août et me demande combien de jours je vais passer au bureau où y'a la clim. Certains préfèrent l'été à
l'hiver. Je comprends, mais entre les deux, y'a quand même l'automne.
Et le printemnps, vous allez me dire... - Y'a plus d'printemps. Encore
cette année, les arbres en bois dur sont devenus verts en moins d'une
semaine. Et les lilas ont duré deux jours. Sous un arbre, oui, avec un
grand verre de limonade et Musset, je ne dis pas non.
Sauf qu'un Kindle, Monsieur Pop ? Ça
se lit au soleil ?
Herméningilde Pérec
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Copernique Marshall
Waisting time
Note :
Voici un texte que j'ai écrit suite à une
conversation que j'ai eue avec un
ami anglophone qui m'a incité à lire un livre d'un auteur d'un
best-seller et à qui j'ai dit non, chose qui, à ma connaissance, ne m'était
jamais arrivée. Comme il est question dans ce texte de ce qu'est lire, j'ai pensé
en faire une traduction sous le titre de «Je m'excuse mais...»
(sans rapport avec le «Waisting Time» de cette chronique. - Cette
traduction suit tout de suite après sa version originelle anglaise. -
Idem en ce qui concerne les commentaires que j'ai rédigés en rapport
avec ces commentaires !
Version originelle anglaise :
The idea of writing a review (which I
did) on a book written by a former heroin addict and convicted bank robber who wrote
a best-seller novel which, like most best-sellers will eventually wind up
in the next-to-nothing paperback section of used book stores - is
not the greatest I've had lately. Particularly since I haven't read the
bloody thing. But a promise
is a promise and I did my damnedest to keep it. The reason for this is
that it is the first book I have refused to
read after having been suggested to do so. By a friend of mine. Over a cup - several cups, actually - of 40% proof coffee in
a run-of-the-mill bar a couple-three weeks ago. Not that I was
enthousiastic about writing such a review but I felt that I owed him an
apology for having declined to read it in the first place.
You'll find the details in the Book Review section of this edition of Le Castor™.
Nothing notable about this but - and this is the subject of this sort of an introduction
- I haven't a clue why I handed him my first
draft of the said review. This is something I never do
: have
people look at my first drafts of anything. I honestly feel uneasy
when people look over my shoulder when I'm writing, or even ask me what
I'm writing about.
(The book, by the way, is called Shantaram just in case you might miss it.)
It was , if I remember correctly, Geraldine Farrar,
but I'm not too sure, a soprano anyway, who once had to sing with Enrico Caruso in
some opera at the Mets, in the early part of the last century. She
wrote in her memoirs (or said it in an interview) that when she first meet the great tenor he was supposed to be, she was flabergasted by the voice he had
when they first rehearsed together. She said he had a perfect pitch, a
correct intonation, a rather nice voice but it was bland, totally without character. She tought
at the time that he had a cold or something. But no :
he went on and on with that voice for several days which lead
her to conclude that he was an ordinary singer with an overpaid reputation because he came from Italy. That was until the premiere of - I believe
it was in La Norma but it doesn't matter - when she heard
him in front of an audience. - She was so impressed
that she nearly forgot how to sing her part. - It was as if he
didn't want his best side wasted on unimportant tasks.
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Farrar and Caruso
Now, I'm no Caruso and I don't pretend that I know
how to write but I do know something : when ideas go through my mind,
they don't come fully formed. - The're made up of sounds, vague impressions, souvenirs, images... and, worst of all, they pop up at a
speed my handwriting or even worst my typing skill or lack thereof can't follow and, secondly, they never come
sequentially. They also come in clusters, two, three at a time.
This is something André Gide insisted upon in his last book, Ainsi soit-il ou Les jeux sont faits, stating, if I remember correctly (again),
that
writing is not unlike a conversation but should sound like one. On this, my father has said - and Simon
keeps on repeating - that it takes years of practice to note ideas as they
come, and years of hard labor to organize them
so that they reflect actual thoughts and not something that words or expressions
might suggest and change the course of a sentence or a
paragraph.
Paul says that it has something to do with the le rapport
between actual thoughts and reality. - And I must admit that I agree with all of that.
So, my dear friend, for whom I have written about Shantaram,
re-read my final version below.
*
Now, the story doesn't end there : Our editor has asked me to look into my previous
columns, comments, chronicles of the past two (or is it three ?) years
in order to publish them sequentially. - They already are, but in reverse order. - This is
something I've been
working on lately with a genuine depressing feeling. - I look back at some of the stuff I wrote
and keep on finding grammatical errors, unintelligible or contradictory
statements and downright forgettable and disagreable stupid opinions. Not
to mention repetitions and long strings of commonplaces. -
It's the nature of the beast, I guess : we think we're evolving and
getting smarter with time, but we don't : we completely go from left to
right, from good to bad, from nothing to the sublime and back again. - A
commodius vicus of recirculation, as Joyce stated. - One
thing, amongst others : I should have paid more attention when I wrote about my favourite authors, painters, actors, filmakers,
composers, etc. : I seem to have forgotten that I was going to change my mind two
days after I had listed them.
Anyway, I will repeat something today - and I have
already said several times in the past - and it will remain a principle
for the rest of my life ; writing is hard work.

But why why I write ? Why do all of
us, here at Le Castor™, write ? - Because it makes sense of the
hundreds of disconnected thoughts we have every day, day after day, week afeter week, month aftermonth ; have had and will continue to have until we pass away. It
sorts of organize our otherwise senseless minds.
Next question : why don't we publish our stuff in book formats ? Because, as Simon keeps repeating
after he's told that what he writes is noteworty :
«I am too conceited to look for
approval and too old to be ambitious.»
Traduction : («Je m'excuse
mais...»)
L'idée d'écrire un compte-rendu (ce que j'ai fait) sur un livre écrit par un ex-héroïnomane, ex-voleur de banque et ex-bagnard, un livre qui
fut un best-seller et qui, comme tous les best-sellers va invariablement
se retrouver dans la section à rabais d'un revendeur de livres usagés, n'a pas été,
récemment, la plus brillante que j'ai eue. Surtout que je ne l'ai pas
lu. Mais une promesse est une promesse et j'ai fait de mon mieux.
La raison de cet état de choses est qu'il
s'agit du premier livre que j'ai refusé de lire depuis qu'on m'en
recommande et celui-là me l'a été par un ami ; au-dessus de plusieur tasses de café –
toutes contenant 40% d'une substance distillée – dans un bar tout ce qu'il y a de plus ordinaire il y a
trois ou quatre semaines.
Non pas que j'étais enthousiasmé à rédiger un tel compte-rendu, mais je me suis senti coupable
d'avoir dit non à son offre plus qu'insistante de me le prêter. - Vous trouverez ce compte-rendu dans la section Lectures du présent numéro du Castor™. - Rien de vraiment sensationnel dans ce que je viens de dire, mais ce qui m'a surpris, c'est que je lui ai
remis une copie de mon premier jet et c'est de ce geste dont je tiens à vous
entretenir car c'est une chose qui, à ce jour, ne m'était jamais arrivé.
-
Je n'aime pas que les gens lisent mes brouillons. Je déteste même qu'on jette un coup d'oeil sur ce que je suis en train d'écrire ou même qu'on me demande sur quoi j'écris.
(Le livre, soit dit en passant, au cas où vous le notiez pas, a pour titre Shantaram.)
C'est Geraldine Farrar, si je me souviens bien, qui, en
parlant de Caruso, a écrit dans ses Mémoires ou mentionné au cours d'un interview qu'elle avait été peu
impressionnée lors de sa première rencontre avec ce chanteur italien
qu'elle disait «surpayé». Cette rencontre eut lieu lors de la première
des répétions d'un opéra où ils devaient chanter ensemble : La
Norma, mais ça a pu être un autre. - «Sa voix était d'une justesse
remarquable, l'intonation correcte et le timbre plaisant mais
le tout était d'une banalité...» - Sur le coup elle pensa
qu'il avait un rhume ou un enrouement passager, mais non. Cette voix,
c'est celle qu'elle entendit jour après jour au point où elle fut très
inquiète de ce qui allait se passer devant l'exigeant public du Mets...
- Or, le soir de la première, elle fut sidérée lorsqu,elle
l'entendit chanter de sa vraie voix au point d'en presque oublier ses
propes répliques... - «C'est, dit-elle, qu'il ne tenait pas à gaspiller son talent dans une chose aussi peu importante qu'une répétiion.»
Je suis loin d'être un Caruso de l'écriture, mais il y a une chose qui
m'a toujours paru claire, c'est que les idées ne me viennent jamais clairement. D'abord, elles me
parviennent,
comme à tout le monde, à une vitesse que ma pauvre main ne peut pas
suivre et mon inhabilité à les taper sur un clavier rend cette opération
encore plus difficile même si, lors d'un premier jet, je ne corrige
aucune de mes fautes de frappe. De plus, elles ne me viennent pas séquentiellement.
Elles arrivent en blocs de deux, trois à la fois. - C'est une phénomène
de l'esprit humain qu'André Gide a tenu à décrire dans son dernier livre, Ainsi soit-il ou les jeux sont faits, ajoutant qu'écrire n'a rien à voir avec une
conversation, mais qu'elle devrait en avoir le ton. -
À ce propos, mon père a toujours dit – et Simon
me le répète constamment – qu'il faut des années d'apprentissage non seulement pour noter
correctement tout ce qui nous passe par la tête, mais autant d'années pour organiser de façon compréhensible
ses élucubrations de telle sorte à ce que son écriture soit un
reflet exact de ce que l'on pense en évitant, surtout, de se prendre aux pièges
que nous tendent les mots et les expressions qui nous viennent spontanément à l'esprit
et qui entrainent avec eux des changements dans la direction d'une phrase ou d'un paragraphe. - Pour sa part, Paul dit qu'il s'agit là d'une véritable ou d'une discutable adéquation entre la pensée et la réalité. - Inutile de
préciser que je suis parfaitement d'accord avec
tout cela.
Donc, mon ami, je te prie de lire ma nouvelle version de ce que j'avais à dire sur Shanaram.
Si l'histoire, encore, s'arrêtait là, mais non :
L'éditeur du Castor™ m'a demandé de jeter un coup d'oeil sur mes chroniques précédentes car il
pense que ce serait intéressant de les republier en ordre séquentiel.
J'y travaille depuis quelque temps, mais avec une certaine appréhension et
parfaois avec un certain découragement. - Je lis et relis ce que j'ai écrit il y a deux, trois ans et ne fais que trouver des erreurs
d'orthographe et de grammaire ici et là, des phrases incompréhensibes, souvent
contradictoires, des répétitions en tous genres et des déclarations tout aussi stupides
qu'insipides. - Il ne faut jamais se relire, j'imagine quoique, d'une certaine manière, l'on se sent rassuré à l'idée qu'on
est devenu meilleur avec le temps, qu'on évolue vers une plus
profonde compréhension de l'univers sauf que c'est faux : nous demeurons toujours les mêmes, changeant d'opinions selon la direction du vent, allant de
droite à gauche et d'en avant vers l'arrière et vice versa, et sans arrêt. - Un détail parmi tant d'autres : quand j'ai énuméré dans quelques unes de mes chroniques la liste de mes auteurs
, peintres, comédiens, réalisateurs, compositeurs favoris, j'aurais dû
savoir que j'allais changer d'idée deux jours après.
Il y a quand même une vérité dans tout cela et une
véritée dont je me suis rappelé aujourd'hui – et que je me répète
depuis des anneés – et cette véritée est
qu'écrire est un travail très difficile.
Alors pourquoi écrit-on ? Pourquoi, nous tous, chroniqueurs du Castor™, écrivons-nous ? - Parce que écrire nous force à mettre de l'ordre dans ce qui est un chaos indescriptible : celui de nos esprits assaillis par mille pensées
quotidiennes, jour après jour. L'écriture
organise quelque peu notre folie.
Autre question : pourquoi, vous, du Castor, ne
publiez-vous pas vos quotidiennes pensées sous forme de livres ? (Avec – un ajout pour cette traduction – l'espérance qu'elles pouraient être utiles à ceux qui nous
suivront ?)
Pour la raison que Simon nous répète à chaque réunion :
«Parce que nous sommes trop vaniteux pour apprécier
toutes critiques et trop vieux pour être ambitieux.»
Copernique
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Jeff Bollinger
Le présent, le passé, le futur
Mon grand-père, par
rapport à son père, si j'ai bien compris, a eu, sur lui, deux
avantages : un, il savait lire, et deux, il possédait une radio.
Mon père, qui est
toujours vivant a connu : la télé, le réfrigérateur, la cuisinière électrique,
l'automobile, l'air conditionné... et j'en passe et beaucoup d'autres.
Par rapport à lui, j'ai connu tout ce que l'électronique nous a apporté, y
compris, au tout début, une calculette programmable.
Mes enfants... j'y
reviendrai.
Avantages ? Il suffit
que l'électricité vienne à manquer - ce qui dans mon coin n'est pas
occasionellement, mais une certitude - et toute notre vie de famille est désorganisée.
Je me souviendrai toujours du jour où Matisse a vu pour la première fois une
chandelle. Elle avait deux ans et s'est immédiatment blottie dans les bras de
sa mère après qu'elle se soit approcher de la flamme et dit : «Brûle,
brûle !».
Avantages ? Il suffit
que le démarreur d'une de nos deux autos refuse de fonctionner un matin ; que la
courroie de la sécheuse brise ; que la bouilloire ne réponde plus ; que
l'Internet disparaisse ; que... et que... et tout notre univers est bouleversé.
J'ai connu mon grand-père.
Il est décédé à 87 ans il y a neuf ans. mais pas mon arrière-grand-père
né en 1889 - 100 ans après la Révolution Française ! - qui, né sur la Côte
Nord, a vu pour la première fois de l'argent (si, si : de l'argent !) en 1905
lorsqu'on l'a envoyé étudier à Québec.
J'essaie de ne pas
trop penser à ce qui va arriver à mes enfants et, surtout depuis quelque temps,
à Alysée qui, à dix-sept ans, bientôt dix-huit, est aujourd'hui une véritable
mademoiselle et dont la vie ne sera pas définitivement pas celle de mon arrière-grande-mère,
mariée, à son âge, depuis un an déjà, et qui venait d'accoucher d'un
premier fils.
Jeff
P.-S. : Et tout à coup,
je viens de penser que Monsieur Pérec avait le même âge quand mon père est
venu au monde !
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Georges Gauvin
Le bonheur !
Il y a des jours où j'arrive à comprendre - non pas à accepter, mais à comprendre - l'attitude des musulmans vis-à-vis leurs femmes.
Pas qu'ils sont pires que certains autres :
les fondamentalistes du sud des États-Unis et certains machos que je connais ici, au Québec ne sont pas des princes charmants.
Je crois qu'ils, les musulmans, les craignent.. D'où cette tendance à les empêcher de poursuivre des études, de circuler librement, de rencontrer d'autres hommes, de se promener le visage à découvert en public... pas besoin de vous énumérer le reste. - Ils les
craignent parce qu'ils ont aucune idée de ce qu'elles sont et surtout de ce dont elles sont capables.
Pensez ce que vous voulez, mais même dans la société supposée «libre» dans laquelle nous vivons, les mêmes rermarques s'appliquent. À un moindre degré, je vous le concède, mais il y a une chose
certaine : les hommes n'ont aucune idée de ce qu'est une femme.
La question que je me pose est : est-ce que nous sommes différentes parce que nous sommes traitées et avons toujours été traitées différemment ou sommes-nous, à la base, différentes ?
Qu'est-ce qui fait qu'une Marie Curie existe et que certains hommes sont plus féminins que bien des femmes ?
Je n'ai pas de réponses à ces questions. Je sais tout simplement qu'il a toujours eu entre mes chums et moi un mur qui a toujours été et qui est toujours infranchissable.
De temps à autres, je me compare à lui et la seule chose qui me
vient en tête, c'est que je suis plus émotive et, qu'en conséquence, je suis plus vulnérable à toutes ces petits détails qui se produisent au cours d'une simple journée.
Pas certaine, mais je suis presque convaincue que, l'un dans l'autre, les femmes sont plus malheureuses que la plupart des hommes - enfin : plus souvent - et que, pour une heure, une demi-journée, une semaine, un mois, peut-être même trois ou quatre, nous sommes prêtes à sacrifier beaucoup pour être ce que les hommes ne pourront jamais être (tant pis pour eux) : parfaitement heureuse.
C'est comme un accouchement sans douleur avec toute la joie qui s'ensuit.
George
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Fawzi Malhasti
Texte choisi
Heureux celui qui meurt d´aimer
O mon jardin d´eau fraîche et d´ombre
Ma danse d´être mon cœur sombre
Mon ciel des étoiles sans nombre
Ma barque au loin douce à ramer
Heureux celui qui devient sourd
Au chant s´il n´est de son amour
Aveugle au jour d´après son jour
Ses yeux sur toi seule fermés
Refrain
Heureux celui qui meurt d´aimer
Heureux celui qui meurt d´aimer
D´aimer si fort ses lèvres closes
Qu´il n´ait besoin de nulle chose
Hormis le souvenir des roses
A jamais de toi parfumées
Celui qui meurt même à douleur
A qui sans toi le monde est leurre
Et n´en retient que tes couleurs
Il lui suffit qu´il t´ait nommée
Au refrain
Mon enfant dit-il ma chère âme
Le temps de te connaître ô femme
L´éternité n´est qu´une pâme
Au feu dont je suis consumé
Il a dit ô femme et qu´il taise
Le nom qui ressemble à la braise
A la bouche rouge à la fraise
A jamais dans ses dents formée
Au refrain
Il a dit ô femme et s´achève
Ainsi la vie, ainsi le rêve
Et soit sur la place de grève
Ou dans le lit accoutumé
Jeunes amants vous dont c´est l´âge
Entre la ronde et le voyage
Fou s´épargnant qui se croit sage
Criez à qui vous veut blâmer
Au refrain
Aragon
Fawzi
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De notre disc jockey - Paul Dubé
Lettre ouverte
A tous les amateurs de «vrai» Blues qui tiennent absolument à aller entendre dans les festivals que l'on présente un peu partout, le dernier guitariste qui sera le plus grands des grands avec ses glissando(i), ses crescendo(i), ses morando(i), ses sforzando(i), ses notes soutenues et ses
pseudo-improvisations sur un thème quelconque et qui n'ont jamais entendu parler de Bessie Smith, John Lee Hooker, Mississippi John Hurt, Memphis Slim, Big Joe Williams, Howlin' Wolf, Ma Rainey, Leadbelly, Big Mama Thorton, Billie Holiday, Blind Lemon Jefferson et plusieurs autres, ne m'écrivez plus.
<En attendant, voici, de Lightnin' Hopkins :
Bring Me My Shotgun
Cliquez sur la note : 
Pour nos suggestions et enregistrements précédents, cliquez ICI.
paul
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Portrait
Sans métier,
cent misères
Je ne sais pas ce qui
leur est arrivé, mais ils semblent tous être disparus. J'en voyais des
dizaines, partout, continuellement. Dans les autobus, les restaurants qui servaient
des repas «pour hommes d'affaires», dans les tobaconnistes où ils achetaient des Sweet Caporal ou des Du Maurier
King Size, des Black Cat Cork Tips, à l'église, le dimanche et parfois, les jours de congé au Parc Lafontaine.
Pour en voir
des centaines, il suffisait que je me rende, du lundi au vendredi, dans le Vieux Montréal, rue
Saint-Jacques, rue Saint-Nicolas, Place d'Armes et, le midi surtout, rue
Ste-Catherine près du Square Philips... mais moins dans ce coin-là où, à l'heure du lunch, ils avaient l'air de véritables imitations de Brittaniques franchement débarqués.
Ils étaient généralement
de petite taille, portaient des costumes généralement mal ajustés et
des cravates généralement neutres. Leurs coupes de cheveux était
généralement identiques et leurs souliers étaient généralement toujours bien cirés. Leur seul bijou était
un jonc et leurs lunettes - car ils avaient tous des lunettes -
qui provenaient du même fabriquant : elles étaient rondes, en métal et
corrigeaint une légère myopie, avec, parfois, des lentilles coupées
en deux pour un début de presbytie. Ils étaient tous des
subalternes, vaguement collets-blancs. vaguement comptables, vaguement sous-chefs d'un service
quelconque et surtout vaguement responsables de la rédaction et du classement de vagues fiches.
S'ils avaient un certain
pouvoir de décision dans leur classifications-fonctions ? Oui, mais selon un système bien établi duquel
ils ne déviaient jamais. S'il le fallait, ils s'en remettaient à leurs
supérieurs qui, eux, selon un système également bien établi duquel ils ne déviaient, à leur tour, jamais,
devaient, dans la plupart des cas, se référer à leurs supérieurs qui
oeuvraient à l'étage supérieur ou dans un bureau, quelque part, généralement à
Toronto, où les plus détestés d'entre-eux ne répondaient habituellement jamais rien de peur de ne pas répondre aux exigences de leurs supérieurs...
J'en ai connu un en
particulier qui, en trente ans de carrière, n'a jamais commis
une seule erreur, n'ayant jamais pris une seule décision sinon celle
d'obéir, dans l'ordre, au curé de sa paroisse, son supérieur immédiat ou
à sa femme, une corpulente dame qui s'occupait de l'éducation de ses
deux enfants et qui tenait bien propre son logement au deuxième étage
d'une maison en rangée à Rosemont. - Je me suis toujours demandé ce
qui lui était arrivé quand l'entreprise pour laquelle il travaillait a
fermé ses portes.
Il avait alors quarante-cinq ans.
R. V.
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L'extrait du mois
Ironie
Le texte qui suit est tiré du cinqième chapitre de The Pickwick Papers (Penguin Classics - 1972), le premier roman de Charles Dickens, publié pour la première fois, en feuilletons, en 1836 et
1837. Il est d'abord cité dans sa langue d'origine (l'anglais) et suivi de sa traduction en français.Mes commentaires suivent.Voici le texte original, anglais
«Bright and pleasant was the sky, balmy the air, and beautiful the appearance of every object around, as Mr. Pickwick leaned over the balustrades of Rochester Bridge, contemplating nature, and waiting for breakfast. The scene was indeed one which might well have charmed a far less reflective mind, than that to which it was presented.
«On the left of the spectator lay the ruined wall, broken in many places, and in some, overhanging the narrow beach below in rude and heavy masses. Huge knots of seaweed hung upon the jagged and pointed stones, trembling in every breath of wind; and the green ivy clung mournfully round the dark and ruined battlements. Behind it rose the ancient castle, its towers roofless, and its massive walls crumbling away, but telling us proudly of its old might and strength, as when, seven hundred years ago, it rang with the clash of arms, or resounded with the noise of feasting and revelry. On either side, the banks of the Medway, covered with cornfields and pastures, with here and there a windmill, or a distant church, stretched away as far as the eye could see, presenting a rich and varied landscape, rendered more beautiful by the changing shadows which passed swiftly across it as the thin and half-formed clouds skimmed away in the light of the morning sun. The river, reflecting the clear blue of the sky, glistened and sparkled as it flowed noiselessly on; and the oars of the fishermen dipped into the water with a clear and liquid sound, as their heavy but picturesque boats glided slowly down the stream.
«Mr. Pickwick was roused from the agreeable reverie into which he had been led by the objects before him, by a deep sigh, and a touch on his shoulder.»
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En voici la traduction par Pierre Grolier (Éditions Archipoche - 2017)
«Le ciel était brillant et calme ; l’air semblait embaumé ; tous les objets de la création étaient remplis d’un charme inexprimable, et M. Pickwick, appuyé sur le parapet du pont de Rochester, contemplait la nature, et attendait l’heure du déjeuner.
«La scène qui se déroulait à ses regards aurait pu charmer un esprit bien moins admirateur des beautés champêtres. À sa gauche s’étendait une antique muraille, éboulée dans beaucoup d’endroits, mais qui, dans d’autres, dominait de sa masse sombre, les rives verdoyantes de la Medway. Des touffes de lierre couronnaient tristement les noirs créneaux, tandis que des festons de plantes marines, suspendues aux pierres dentelées, tremblaient au souffle du vent. Derrière ces ruines s’élevait le vieux château, dont les tours sans toiture, dont les murailles croulantes attestaient encore l’ancienne grandeur, lorsque le bruit des armes ou les chants de fête retentissaient sous ses voûtes splendides. De chaque côté, aussi loin que la vue pouvait s’étendre, on apercevait les bords de la rivière couverts de prairies et de champs de blé, au milieu desquels se détachaient çà et là des moulins et des églises ; paysage riche et varié, que rendaient plus admirable encore les ombres errantes des légers nuages qui flottaient dans la lumière du soleil matinal. La Medway, réfléchissant l’azur argenté du ciel, coulait silencieusement en nappes brillantes ; et parfois, avec un léger murmure, elle étincelait sous les rames des pêcheurs, qui suivaient lentement le courant, dans leurs bateaux lourds mais pittoresques.
«La vue de ce riant tableau avait plongé M. Pickwick dans une agréable rêverie. Il en fut tiré par un profond soupir qu’il entendit auprès de lui, et par un léger coup frappé sur son épaule.»
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Commentaires :
Relisant, pour la troisième ou quatrième fois The Pickwick Papers qui, rappelons-le, a été publié sous la forme d'un feuillleton, je suis resté sur la première impression qu'il m'a donné, il y aura bientôt soixante ans de cela : que c'est un livre qui n'a été écrit que pour le plaisir de ses lecteurs ; une sorte de précurseur à Three Men in a Boat de Jerome K. Jerome dans lequel il arrive toutes sortes d'aventures à un groupe d'individus qui se déplacent en Angleterre et ce, pour diverses raisons. Chacune de ses aventures fait l'objet d'un chapitre (d'un texte hebdomadaire dans le cas de The Pickwick Papers) et doit être, dans le jargon anglais décrivant ce genre de litérature, entertaining, c'est-à dire divertissant au point où le comique doit entrer en ligne de compte.
Or à la lecture de ce qui précède (début du cinquième chapitre), on est surpris de lire une mièvre description tout à fait maniérée d'un paysage, somme toute, bien banal.Et ce n'est qu'à la fin qu'on se rend compte de l'effet recherché par Dickens et qui est de se moquer, comme il le fait, en sourdine, de son personnage principale, le très honorable Samuel Pickwick, Esq., G.C.M.P.C., auteur d'une très importante étude intitulée «Speculations on the Source of the Hampstead Pond, with some Observations on the Theory of Tittlebats». («Recherches sur les sources des étangs du
Hampstead, suivies de quelques observations sur la théorie des tétards»).
Le problème, c'est que jeune, je me souviens qu'on ait tenté par tous les moyens de me faire écrire comnme cela au point où l'on m'a forcé
à lire un livre de contes sans intérêts mais écrit parfaitement par un membre de la congrégation des Soeurs Grises. Et vous
savez qui on m'avait donné comme modèle ? Anatole France !
Vous connaissez quelqu'un qui lit Anatole France aujourd'hui ? - C'était pourtant l'un des auteurs les plus lus de son époque.
Simon
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Book Review - Lectures
Note :
Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres, revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.
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Shantaram
Gregory David Roberts
Paperback - 936 pages
Published 2004 by Scribe
First published 2003
(Or : How I learned to say no)I guess people don't know what I read, why I read nor how I read. I suppose it has something to do with the books about which nobody knows anything and that I carry around constantly in my backpack or with the fact that everyone imagines that everybody reads the same way. - Take this Shantaram, for example. It's a pseudo-autobiography written by an escaped Australian convict who managed to get to Bombay (Mumbai) where he got involved with the local mafia, had an affair, got arrested, tortured and so on, before, I believe (I haven't read it), getting deported back to his native
country.
The several reviews I did read about Shantaram indicate that it contains all sorts of descriptions of why living in India is different from living in Australia, vignettes of day-to-day life, unusual dialogs that badly imitates various languages, criminal overtones and, best of all, nuggets of widsom and philosophical advices but I sort of became a bit confused by reading what the New York Times said about it : that it was «nothing if not entertaining». (The emphasis is mine.) - Further on, I learned that it can be overwhelming at times, particularly in its descriptions of the streets of Bombay which may well be considered as the main character this book has to offer. However before thinking about investing a lot of time reading this oversized pseudo-something I should be prepared - and this where I decided I would not get involved - to battle with one of the «most excruciating abuse of language» currently in print.
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Alamy Stock Photos
In other words, it sounded too complex, too long and tool poorly written to be worthwhile. And to compound the problem, it had a major setback : it purports to be a book about the meaning of life offering pieces of advice here and there about how to have a positive attitude in life whatever the gods throw at you.That having been said, here goes I :I don't like stories written with educational intent. This, I believe, should be confined to essays, historical, political, philosophical or whatever, not through characters and situations, particularly through fictional characters and situations. - Narrations, I don't mind ; that of the American Civil War, for example, as written by Shelby Foote.
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Despite all this, I must confess that I have read countless stories over the years, some of them very interesting, with unexpected twists and turns, odd characters, delightful descriptions and extremely well written but then I had to read too many that were as
boring as watching paint dry. Moreover, I will admit without any hesitation that I did enjoy the novels written by, for example, Charles Dickens or Henry James ; that I am an unconditional fan of Sherlock Holmes and a few other characters. And I've read my share of high brow stuff such as books written by Joyce, Thomas Pynchon and several French authors. Worst of all, I re-read them regularly but all the storybooks I have read did have and all the storybooks I will read will have an essential quality without which I will not read
beyond three pages : they had and have to be well written and obvioulsy, from what I have read, Shantaram is not. - That was the final nail in the
coffin.
Unfortunately, it was suggested to me by someone whom I believe is serious and well knowledged, someone who has read more than half a dozen books and can hold a serious conversation for at least half an hour. Had Shantaramhave had 100 pages or so, I wouldn't have hesistated to read it from one end to the other, as bad as its content would have been, but nine hundred thirty six pages ? That's practically an entire weekend and weekends around here are sacred.Anyway, how can one read a book like that after having read The Dead by James Joyce ? Or his Ulysses andFinnegan's Wake ? Not to mention Proust, Gide, Saint-Simon and
others...
I do feel embarrassed however after having refused to read it when, over the years, I've read most of the books thrown at me by anybody whom I trusted including some which I profoundly disliked (not them, their books) but this time I couldn't say yes and have since wondered if it had something to do with the fact that I am somehow advanced in years and have very little time left to read the hundreds, thousands of books that I always wanted to read. Next are a few novels (sic) by a gentleman of the South : William Faulkner of which, so far, I have read not enough.
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William Faulkner
And there I am : on the verge of reading another story writer and, furthermore, a winner of a major literary prize ; and the Nobel one, at that ! - Two things in which I promised myself over and over again never to get involved... again.
The best-laid plans of mice and men...
Copernique
P.-S. : Shantaram ? It apparently means «real peace». - And it's suppose to be the second of a four part series, the third of which having been published sometimes afterwards with mixed results. - Four thousand pages ? Even Proust's devotees find it a bit too much.
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Shantaram - An aftertought
One author I did not mention above and who could be used to provoke an atmosphere in any conversation in which I would mention that I don't like stories - and therefore I don't read them - is John Le Carré and perhaps even Georges Pérec of whom I have read everything. - Come to think of it, one might even drop the name of Simenon, the creator of one of the fictional great characters of all times, Le commissaire Maigret. - My answer to such a provocation (it would be) is that I haven't explained what I meant by well written.
Well written is something that has more to do than combining words, using proper grammar, into remarkably remakable sentences. - That's basic stuff. - It involves organization, plots, chapters, sub-chapters and what Shelby Foote (mentioned above) calls the drive which, simply stated, is the way all good writers
use to present facts in a way that stimulates not only the mind but the inner emotions of their readers who depends on a continuous overall curiosity about what's going to happen next and how the main or other caracters in a novel will react. Le Carré is a master at this.
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John Le Carré
Take for example his Tinker, Taylor, Soldier, Spy - badly translated in French by The mole (La taupe) which gives out the basic idea behind the overall plot which is to find out who is a double agent in the Circus (British
Intelligence Service). - It basically starts in Hungary, then moves on to Spain, then to London, then to a house in the Country, then goes on from there in a out-of-the-way hotel and so on in a series of apparently disconnectedstories which eventually begin to make sense. (The order is different between the book and the two scenarios on which two movies were based.) - The same can be said about his The Spy Who Came In From the Cold where the main character is thrown in jail in order to infiltrate the KGB for reasons that becomes evident only towards the end of the novel. - And the same applies to the the novels wrtitten by the Brontë sisters, Charlotte and Emily, and to a certain degree to Dickens' Great Expectations with its sub-plots. - As to Georges Perec's Life a User's Manual(La vie, mode d'emploi) whose literaly hundred of stories (99 to be exact) are told about one section of, and then to another, and another, and another of a building ; it's this jumping around that makes this novel (quote, unquote) a masterpiec of its kind with its first and last chapter being the same. - And what can be said about Finnegan's Wake
or Ulysses ?I suppose I shouldn't be saying anything like that about Shantaram, having not read it, but it seems, from the criticisms I have read to be a somehow a linear story with no overall plot except, perhaps, the life of a doesn't-seem-to-be a very interesting character the likes of which seem to be somehow similar to that Henri Charrière's Papillon. - But while I'm on the subject, why not read the all-time ex-con novel : Les Misérables by Victor Hugo which, to go back to le Carré, starts out with a ninety page first part involving a bishop in a small town who plays a minor, a very minor, a very, very minor role in the overall story.Ah well, as the French say "Tous les goûts sont dans la nature" ("All tatste are in nature"). But allow me at this point to quote, again, John Ruskin :
«Taste for any books or music is not a moral quality, but taste for good books or music is and I don't mean by"good", clever - or learned - or difficult in the doing. - I am adamant on this subject because there are good and bad books.»
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John Ruskin
Copernique
P.-S. : One of the deadliest criticism I have read about Shantaram and, at the same time, one of the funniest, is that written by one of its reader who, after reading the first couple-three chapters, said that, perhaps, his jailers, in Australia, were glad after their most boring self-centered convict did escape.
***
Molière et Kindle
D'ici un an ou deux, je crois que j'aurai
plus de livres dans mon Kindle que j'en ai présentement dans ma bibliothèque.
Depuis déjà plusieurs mois, sinon années, j'ai - nous avons tous -
accès gratuitement à des millions de livres via un nombre croissants
de sites internet qui offrent - la plupart gratuitement, j'insiste - des
dizaines de centaines, des milliers de livres que l'on peut lire en
ligne, télécharger, annoter et sur lesquels on peut consulter plus de
critiques qu'on peut raisonnablement en lire.
De plus en plus de journaux, de magazines
et même de bulletins de nouvelles ne sont publiés
que sous forme électronique.
J'ai lu récemment que la plupart des consommateurs de nouvelles n'écoutent plus la radio, ne
regardent plus la télévision et se tournent vers leurs ordinateurs
pour les reportages qu'on peut visionner sur des sites tels que YouTube
où ils peuvent choisir s'ils vont se fier à FOXNEWS, MSNBC, NBC, ABC,
PBS, etc. - Le sacrosaint Osservatore Romano même est disponible en format
électronique !
Je cherchais un jouet pour le fils d'une
amie récemment. je l'ai trouvé où ? Chez un libraire...Et pourtant, j'entends encore, et très régulièrement,
des commentaires tels que: «Le livre ne disparaîtra jamais», «Le côté
physique du papier fait partie de l'expérience de lire», «Je ne
comprends pas comment on peut être à l'aise à lire avec un écran» et
d'autres remarques tout aussi inintéressantes. - Je dis continuellement
à propos de ces vérités que les gens anti-Kindle sont les mêmes qui,
au début du sciècle dernier auraient insisté sur l'éclairage à la
chandelle et le non-avenir des automobiles.
Oui, je suis bouché à l'émeri et je fréquente
sans doute trop de milieux mal informés, mais j'essaye de comprendre ce
genre de réflexions et je n'y arrive pas car, aussi loin que je puisse
me rappeler, je ne me souviens pas d'une seule journée où je n'ai pas
eu un livre à la main ou à proximité, pas un seul voyage que j'ai
fait sans avoir mis un ou deux livres dans mes
bagages, pas un seul voyage d'où en revenant je n'avais pas acheté un
livre, un disque ou un film. Les murs de mon appartement sont tapissés
de bibliothèques dont je me suis débarrassé au cours des dernières
années de plus de la moitié de leurs contenus pour faire place à
d'autres... livres. Et pourtant...
Plus ça va, plus je lis sur mon Kindle,
ma tablette, mes ordis de table ou mes portables. Il m'arrive même de
lire sur mon téléphone. Que je fréquente régulièment trois et même
quatre bibliothèques où je ne fais qu'emprunter des livres
introuvables ou trop dispendieux pour n'être que consultés (une
traduction, par exemple), ne change rien à mon affaire : je lis de plus
en plus sur un écran et non sur du papier.
Outre la commodité d'être en mesure
d'amener où je vais des dizaines de volumes, de les annoter et d'en
extraire des citations, il y a une chose que j'ai constaté depuis
quelques mois déjà, c'est que, considérant, le peu qu'on me demande
pour télécharger dans ma bibliothèque virtuelle tous les classiques
dans lesquels j'ai passé la majeur partie de mon adolescence et une
bonne partie de mon âge adulte, je me suis mis à relire non seulement
Molière, Racine, Corneille, Voltaire, Diderot, Balzac et Saint-Simon mais je
trouve fantastique d'être en mesure de lire - relire dans la plupart
des cas - Les femmes savantes, Tartuffe, Les précieuses ridicules, Phèdre,
Les plaideurs, comme ça, au hasard, sans avoir à me soucier du poids
que j'aurais à amener s'il fallait que je veuille relire une partie
seulement d'À la recherche (quatre volumes dans la Pléiade) ou quelques
pages de Molière dans une édition qui en contient mille.
N'en reste pas moins que certains livres,
surtout parmi les derniers imprimés et surtout en français, sont à
peu près aussi inabordables en format électronique qu'ils le sont en
livres de poches.
Simon
***
Le dépeupleur
Samuel Beckett
Les éditions de minuit, 1970
Comment ce livre s'est retrouvé dans notre
bibliothèque, je n'en ai aucune idée. J'ai demandé à Élyanne si c'est
elle qui... Elle m'a répondu qu'elle ne savait même pas qui était
Beckett et qu'elle n'était pas au monde quand ce livre fut publié.
Personnellement, je crois qu'il a été déposé
chez nous par la même personne qui change mes clés de place quand je
dors, qui met sans dessous dessus mon bureau ou qui régulièrement
s'introduit dans notre lessive pour voler un bas.
Le dépeupleur ? C'est un tout petit livre de 56 pages mesurant 9,5 x 18 cm, à
peine de quoi remplir la poche intérieure d'un veston. Mais quel contenu
!
Une vision apocalyptique non pas de
l'enfer, car les gens y meurent, mais d'un monde constitué d'un cylindre
en acier sans entrées ni sorties où chaque individu occupe un mêtre carré et conséquement
n'a que deux choix : se déplacer en se frottant sur d'autres ou rester en
place. Debout. Il y a là des hommes et des femmes de tous âges, certains
avec de jeunes enfants.
Il y a des échelles un peu partout mais
pas assez hautes pour qu'on puisse toucher le plafond de ce cylindre. Ces
échelles, sous le contrôle exclusif de certains individus, permettent
d'atteindre diverses niches ou des tunnels sans issue.
À ne pas mettre entre les mains de jeunes
enfants et, Dieu merci, on n'en a pas encore fait un film.
Jeff
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Le courrier
Mme Rosemarie Labonté - Extraville,
Belgique
Truman Capote disait de Gide qu'il était
sincère, oui, mais qu'il n'avait pas d'imagination.
M. John A. Whitted - Beltsville, DC -
USA
Maurice Williams & The Zodiak - Stay
The Mermaids - Popsicles, Icicles
The Larks - The Jerk
The Flares - FootStompin'
Doris Troy - Just One Look
Barry Mann - Who Put the Bump
Mark Dinning - Teen Angel
Hank Locklin - Please Help Me I'm Falling
The Surfaris - Wipe Out
Ernie Maresca - Shout, Shout (Knock Yourself Out)
Billie Joe and the Checkmates - Percolator et
The Parade - Sunshine Girl
Mr. Percy Devonshire IV - New York, New York
[Vernon Mack] «Booger» Ray, le dernier
des pionniers, est décédé en 1999.
Ms Catherine Leroux - Palmiano, Italie
Des contradictions ? Plusieurs. En voici
quatre :
1 - La convertion de Paul (Saul)
Actes des apôtres, chap. 9,
verset 7 (saint Luc)
«Ses compagnons de route s'étaient
arrêtés, muets de stupeur : ils entendaient bien la voix, mais sans voir
personne.»
Actes des apôtres, chap. 22,
verset (saint Paul)
«Ceux qui étaient avec moi
virent bien la lumière, mais n'entendirent pas celui qui me
parlait.»
2 - Naissance de Jésus
Saint Mathieu 2-1 et saint
Luc 2-1
Saint Mathieu mentionne que Jésus est
né du temps de Hérode soit vers 4 ou 5 ans avant Jésus-Christ alors que saint Luc plarle de
sa naissance au moment où Quirinius était gouverneur de la Syrie, ce
qu'il ne fut que 6 ans après Jésus-Christ...
3 - Jésus, un homme de paix ?
Saint Luc, 2-14 :
«Gloire à Dieu au plus haut des
cieux et paix sur la terre aux hommes qu'il aime.»
Saint Jean, 14-27 :
«Je vous laisse la paix ; je vous
donne ma paix...»
Actes des apôtres, 10-36 :
«Il a envoyé sa parole aux
enfants d'Israël leur annonçant la bonne nouvelle de la paix par Jésus-Christ.»
Sauf qu'on peut lire
dans l'évangile de saint Matthieu, 10-34 :
«N'allez pas croire que je sois
venu apporter la paix sur la terre. je ne suis pas venu apporter la
paix, mais le glaive. - Je suis venu opposer l'homme à son père, la
fille à sa mère et la bru à sa belle-mère.»
4 - Qui est le père adoptif de Jésus
? Joseph, fils de
Jacob, selon saint Matthieu 1-16 Joseph, fils d'Hélie,
selon saint Luc 3-23
(Chacun offre une généalogie
différente.)
M. Étienne Laboisonnière -
Sakatoon, SK - Canada
Gertrude Stein et Alice B. Toklas
avaient un chat qu'elles appelaient Hitler et non Hitler avait deux chiennes
qu'il avait appelées Gertrude Stein et Alice B. Toklas.
Mme Isabelle Lebeau - Laval, Québec
Un an, peut-être un an et demi de
nouvelles télévisées devrait suffire pour éduquer votre fils. Par la
suite, il se rendra compte : que les mêmes accidents,
embouteillages, meurtes et suicides continuent d'arriver ou de se
produire, mais à des endroits différents de sa ville, de son pays ou
dans le monde ; que les politiciens se ressemblent tous et finissent, en
ayant perdu tout contact avec la réalité, par commetre les mêmes
erreurs ; que les récessions suivent les inflations (et vice versa) ;
que les prix de tout ce qui peut être acheté augmentent de façon plus
ou moins régulièrement, que toutes les rivières sortent à un moment
donné, de leur lit et qu'il ne connaîtra jamais qui aura été le plus
grand écrivain de sa génération. - Quant aux pourparlers de paix
au Moyen-Orient...
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Dédicace
Cette
édition du Castor est dédiée à :
Denis Diderot
(1713-1784)
(Portrait de van Loo
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Le mot de la
fin
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Montréal : une ville reconnue pour sa stabilité.
«Quittez Montréal, un mois, deux, trois même ;
Et quand vous reviendrez,
Les icones près de votre demeure
Seront toujours en place.»
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Autres sites à
consulter
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Webmestre : France L'Heureux
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Webmestre : Éric Lortie
Webmestres : Paul Dubé et Jacques Marchioro
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Notes et autres avis
Clauses et conventions :
Le Castor™ de
Napierville est le fruit de plusieurs interventions de la part d'une
multitude d'intervenants :
-
En tête, son
programmeur qui a pour tâche de transformer son contenu en
fichiers HTML de telle sorte à ce qu'il puisse être diffusé en
textes lisibles sur Internet
-
En arrière-plan,
son éditeur qui réunit dans un ordre pré-établi les textes et
images qui en font parti
-
Les chroniqueurs,
chercheurs, concepteurs qui en rédigent chaque numéro.
-
Viennent ensuite
les correcteurs, vérificateurs, inspecteurs et surveillants qui
en assurent la qualité.
mais d'abord et avant
tout :
Autres informations,
conditions et utilisation
Le Castor™ de
Napierville est publié une fois par mois, le premier lundi de chaque
mois.
En haut, à gauche, à côté
de la date, est indiqué le numéro de sa version ou de son édition. Le
numéro1.0 indique sa première et suivent, selon les correctifs, ajouts
ou autres modifications, les numéros 1.2, 1.3, 1.4.... 2.0, 2.1, 2.2
etc. - La version 3.0 indique qu'il s'agit de son édition finale qui, généralement,
coïncide avec sa version destinée au marché américain, celle qui
paraît en principe avant ou le jeudi suivant sa première édtion.
Si le Castor™ de
Napierville a un siège social, il n'a pas de salle de rédaction et
compte tenu de la situation géographique de chacun de ses
collaborateurs, tout le ci-dessus processus se déroule in auditorium
c'est-à-dire en présence du public via l'Internet.
Nous prions nos lecteurs,
etc.
Historique :
Fondé en 1900 par le Grand Marshall, le CASTOR DE NAPIERVILLE fut, à l'origine, un hebdomadaire et vespéral organe créé pour la défense des intérêts de l'Université de Napierville et de son quartier. - Il est, depuis le 30 septembre 2002, publié sous le présent électronique format afin de tenir la fine et intelligente masse de ses internautes lecteurs au courant des dernières nouvelles concernant cette communauté d'esprit et de fait qu'est devenu au fil des années le site de l'UdeNap, le seul, unique et officiel site de l'Université de Napierville.
De cet hebdomadaire publié sur les électroniques presses de la Vatfair-Fair Broadcasting Corporation grâce à une subvention du Ministère des Arts et de la Culture du Caraguay, il est tiré, le premier lundi de chaque mois, sept exemplaires numérotés de I à VII, sur papier alfa cellunaf et sur offset ivoire des papeteries de la Gazette de Saint-Romuald-d'Etchemin et trois exemplaires, numéroté de 1 à 3, sur offset de luxe des papeteries Bontemps constituant l'édition originale, plus trois exemplaires de luxe (quadrichromes) réservés au Professeur Marshall, à Madame France DesRoches et à Madame Jean-Claude Briallis, les deux du Mensuel Varois Illustré.
Autres informations :
1 - Sauf indications contraires : Tous droits réservés. - Copyright © UdeNap.org. - La reproduction de tout ou partie du matériel contenu dans cette édition du Castor™ est interdite sans l'autorisation écrite des auteurs.
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