Vol. XXVIII, n° 5
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Le seul hebdomadaire de la région publié une fois par mois
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Le lundi 2 janvier 2018
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Ce numéro
Simon, ses rencontres en 2017 et
Guillaume le Conquérant. -
Herméningilde Pérec et la vieillesse. -
Copernique Marshall et les rencontres en famille. -
Jeff Bollinger et les calendriers. -
Georges Gauvin et les rencontres dans les bars. -
Madame Fawzi Malhasti et une poétesse du XIXe. -
Alphaville, 1984 et The Third Man. -
Les Mémoires de Saint-Simon. -
Trois Hommes dans un bateau.
Et, en filigrane :
Marcel Godin, Bill Gates, Steve
Jobs, Jésus-Christ, Donald J. Trump, l'anglaise langue,
Dunkerque,
Louis Jouvet, Joseph Cotten, Orson Welles, Mycroft Marshall, le
chat, King James, le 15 janvier 1582, Marc-Antoine Charpentier, Kafka, Orwell, Do Androids Dream of Electric Sheeps
?,
Peter Cushing, Les Éditions Ramsay, Herr Glossenn Boscher, John
le Carré et Dostoïevski.
Bonne lecture !
*
Un sommaire de tous nos
numéros parus
depuis le présent jusqu'à aujourd'hui
se trouve à cette adresse.
Pour les numéros précédentes,
vous adresser à la direction
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Simon Popp
2018
Si, à l'exclusion d'une douzaine de
personnes - et j'exagère pas mal-, les gens que je vais rencontrer en
l'an 2018 seront semblables à ceux que j'ai rencontrés en 2017, il
serait raisonnable de ma part, je crois, de songer à me retirer de la vie
en société. Parce que, je ne sais pas si c'est la mode depuis la venue
de Trump, mais il me semble qu'au cours des douze derniers mois, il m'est
arrivé plus souvent qu'autrement de me faire obstiner à propos de choses
que je connais par coeur et dans les moindres détails ; par des jeunes,
des moins jeunes et surtout par des gens de ma génération.
Marcel
Godin (1932-2008) avait raison : «Non seulement la folie existe,
mais elle s'organise...» - Qu'eût-il dit, s'il avait eu à écouter
ce qu'on m'a dit, entre autres, l'an dernier :
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- Que c'est Bill Gates qui a inventé le
système binaire, mais que c'est Steve Jobs qui a créé le premier
ordinateur
- Que les compagnies d'assurance peuvent
modifier les polices d'assurance de tous leurs assurés sans les aviser,
mais qu'elles ne peuvent pas le faire (en vertu du Code Civil !) après
un sinistre
- Que c'est la Chine qui a mis à la
mode l'énergie solaire pour... mettre un frein à l'économie américaine
- Que personne n'a pu jusqu'à présent
démontrer que le monde n'a pas été créé en six jours
- Idem pour l'existence, ou non, de
l'arche de Noé
- Que si tout allait de mal en pis dans
le monde, c'est à cause du nombre croissant d'immigrants qui volent les
emplois des habitants des pays où ils s'installent
- Que la preuve que Jésus-Christ est
ressuscité des morts, c'est qu'on en parle encore de nos jours
- Que les Beatles ont révolutionné la
musique
- Que la foule qui a assisté à
l'inauguration de la présidence de Donald Trump fut la plus grande de
tous les temps
Jusqu'à («Tenez-vous bien»,
comme dit Paul) :
- Que c'est en lisant les tweets de
Trump, qu'on apprend vraiment ce qui se passe aux États-Unis...
Mais ce n'est pas tout :
Je me suis quasiment fait cracher au
visage lorsque j'ai dit, à un moment donné, que la française langue et
même l'anglaise ne seraient plus parlées dans cinq cents ans.
Cracher au visage ? Remarquez que c'est moins pire que ce qui me serait
arrivé il y a mille ans (en l'an
1028) si j'avais dit que le latin ne serait plus non seulement parlé,
mais écrit, mille ans plus tard (sauf par quelques spécialistes) : on
m'aurait brûlé vif, surtout si j'avais indiqué que la langue prépondérante
au début de notre siècle serait issue d'un dialecte saxo-néerlandais
(*) parlé sur une toute petite île au nord de la France où il,
ce dialecte, fut
presque interdit pendant plus de trois cents ans, mais qui allait donner
naissance au saxo-anglais, puis au moyen-anglais et, finalement à l'anglais
tel que parlé parlent aujourd'hui par plus de mille millions de personnes
à travers le monde.
(*) «A guttural, tribal dialect spoken
by an isolated group of people based in a small area south of today's
London» (Michael Cronin) - BBC History of the English Language -
2002.
Surtout si j'avais avancé que le français allait être
implanté sur cette petite île quelques années plus tard (en 1066) par un certain Normand du nom de Guillaume...
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Guillaume
Duc de Normandie
Roi d'Angleterre
***
Stars Wars
Je n'ai vu, des Star Wars,
qu'un seul épisode, le premier, celui avec Harrison Ford,
Carrie Fisher et un bonhomme sorti des films Hammer des années
cinquante, Peter Cushing. C'était en '77. Il y aura bientôt 40 ans. -
On m'a appris depuis, que, chronologiquement, c'était le troisième. -
Allez comprendre quelque chose quand il s'agit du cinéma. - Et quand je
dis "vu", je ne sais pas si j'ai "vu"
le film en entier. Je ne me souviens que de la scène où des jets
supersoniques se promènent dans des dédales aux parois menaçantes, -
"Tiens, que je m'étais dit, 'Sont rendus à l'info. Y'était temps..."
- Alors, si vous voulez me parler de Star Wars
VII (ou serait-ce VIII ?), je ne suis pas au courant. - Je ne
connais pas, non plus, puisqu'on en est là, Harry Potter, The Lord of the Ring
et autres séries du même genre dont j'ignore jusqu'aux moindres
détails.
Je connais cependant des ados et même
plusieurs adultes qui ne jurent que par ces séries (plus Star Trek,
Bourne et The Transporter) et qui peuvent vous en citer des
passages entiers. Les mêmes qui me disent régulièrement qu'il faut
absolument que j'aille voir tel ou tel film.
Ma dernière expérience cinématographique
? Dunkirk de Christopher Nolan que je suis allé voir en salle
parce qu'on m'a dit que... et que... - Impressionnant, oui, et à voir
sur grand écran si possible sauf que j'ai retenu une chose : les
commentaires des dix, douze vétérans qui étaient là au moment où ça
s'est passé et qu'on a invités à la première : «Oui, ça s'est passé exactement comme on peut le voir dans ce film,
mais il nous semble que c'était moins bruyant...» - Peut-être
que la première a eu lieu dans un cinéma pour mal-entendants. Enfin,
c'est ce qui semble m'être arrivé. - Suis sorti avec des
bourdonnements dans les oreilles. - Ne suis donc pas allé voir le
dernier Blade Runner.
Je n'ai pas de téléviseur et conséquemment
pas de cinéma-maison. Quand je regarde un film, c'est généralement
sur un des écrans de mon ordinateur ou sur ma tablette car, à ce
propos, j'ai la même idée que Paul a sur les enregistrements [sonores] : ce ne sont que des aide-mémoire ; des sons et des images
qu'il faut reconstituer à l'intérieur de son cerveau. - Il a raison
quand il dit que vouloir reproduire dans nos appartements le son d'un
orchestre symphonique peut nous attirer des ennuis non seulement de la
part de nos voisins immédiats, mais de tout un quartier. Alors vous
pensez pour les films...
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Et puis à quoi peut bien servir un écran
de type pan de mur pour regarder Louis Jouvet dans Quai des Orfèvres
? Joseph Cotten dans The Third Man ou Orson Welles dans A Touch of Evil
?- D'autant plus que je m'inquiéterais sérieusement de voir des hélicoptères
du film Apocalypse Now circuler, ne serait-ce qu'au niveau
sonore, au plafond de mon appartement. - Mon chat en serait traumatisé,
lui qui ne sait plus où donner de la tête quand je mets le
lave-vaisselle en marche.
Combien de films ai-je vus ? - Je ne
sais pas. Entre trois et quatre mille. Peut-être même cinq. Facile à
calculer : mettez qu'un seul film par semaine (avec la télé, rien de
moins) pendant, mettons quarante ans. Ça fait déjà plus de deux
mille. Et dans mon cas, vous pouvez facilement doubler ce nombre parce
que c'est tout ce que je regarde à la télé. Depuis des années. -
Films et commentaires combinés.
Ce qui me ramène aux jeunes du début
(et à une gonzesse de vingt, vingt-cinq ans qui était critique de cinéma
à la télé il y a quelques années). - Dix séries de dix épisodes,
tous les films d'action des derniers cinq ans (Schwaznegger et cie), ça
fait quoi ? Deux cents, trois cents films ? - Et tous du même genre. -
Et ça se permet de me suggérer - à MOI ! -
d'aller voir le dernier
Star Wars ?
Y'a pire : les amateurs de cinéma
d'auteurs, les ceusses qui ne jurent que par les films d'un obscur réalisateur
roumain qui ne pond que des chefs-d'oeuvre ou les longs métrages français
dans lesquels, invariablement, y'a une scène particulièrement
remarquable autour d'un repas en famille.
P.S. : La Gonzesse ?
Était allée voir Oualkyrie (sic) - avec Tom Cruise - qu'elle
avait trouvé «formidable»...
Simon
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Herméningilde Pérec
2018
J'avais soixante-dix ou soixante-douze ans quand mon médecin,
un homme d'une patience et d'une politesse admirables, me dit que c'est
aux alentours de quatre-vingts ans que les êtres humains se mettaient
tous, invariablement, à décliner rapidement. «Et physiquement et mentalement»
m'a-t-il dit. Et puis il renchéri en ajoutant : «Mais avec la santé que vous avez,
vous pouvez compter encore sur un bon dix et même quinze ans.» -
Sur le coup, cela ne m'avait pas choqué du tout, même que je me
disais que, déjà, m'être rendu rendu à l'âge où j'étais, je
devais me compter chanceux.
Hélas, depuis une semaine, de ces quinze années
qu'il m'a promises, ne m'en reste qu'une ou peut-être deux et, ayant
de plus en plus de difficulté à me lever le matin (j'allais écrire
«bondir
hors du lit» ! - Ce qu'on reste jeune tout de même), je ne fais
que, comme le bon roi Lear, constater que je suis définitivement en
phase déclinante. Oh, ne comptez pas sur moi,
aujourd'hui, de vous décrire mes maux en tous genres. Ce serait trop
long et qu'une répétition de ce que j'entends à la ronde de ceux des
gens de ma génération. «Laurent, apportez-moi
ma chaise.»
Herméningilde Pérec
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Copernique Marshall
2018
Mon plus vieux, Albert, 26 ans, termine ses études
en histoire et voudrait devenir archéologue. Ma plus vieille, Marie, 24
ans, est mariée depuis deux ans et est mère d'un adorable petit Adrien
qui vient d'avoir une an. Léon, mon deuxième fils, 23 ans, travaille
à Montréal dans une boîte informatique spécialisée dans les bases
de données et Mycroft, mon plus jeune, à 15 ans, vit depuis deux ans,
déjà, chez sa tante, du côté maternelle, Ursula, à Paris ; où
il fait ses études dans un lycée... anglais.
Mycroft était parmi nous cette année, à Noël,
surpris de se voir oncle à son âge, mais pas aussi étonné que le
chat, King James, qui voyait un petit enfant pour la première fois et
qui ne comprenait pas qu'un éventuel serviteur puisse n'être
qu'à peine plus grand que lui.
En fait, ils étaient tous là : Albert et son ami,
Michel ; Marie et son époux, Charles-Henri ; Léon et sa petite amie,
Samantha ; Mycroft, dont les accents, car il en a plusieurs - tout dépend
de ce qu'il dit -, varient entre un Queen's British, un Français
détestable et un Franco-Anglais québécois tout-à-fait unique ; et
leurs amis et amies plus quelques voisins et leurs enfants ; mon oncle, ma tante, mes
cousins, cousines et mon père et ma mère, naturellement.
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Ça a donné une série de rencontres, de repas en
famille, de visites et de contre-visites au cours desquels chacun a eu
le droit de se trouver au mauvais endroit car, qu'on le veuille ou non,
nous nous posons souvent la question à savoir si nous sommes nés au
bon moment et dans la bonne famille.
Personnellement, sportif comme je l'étais (quand j'étais
jeune !), les livres omniprésents dans toutes les pièces de la maison,
les livres qui tapissaient jusqu'au plafond les murs du bureau de mon père
n'étaient que des ramasse-poussière ; et quand je le voyais grimper
dans son échelle pour aller en cueillir un dans un endroit dont
la hauteur dépassait celles des nuages, je me demandais s'il n'était
pas un peu toqué. Car c'est ainsi, jusqu'à ce que je lise mon
premier vrai livre, que j'ai jugé mon père. Et cela a duré longtemps.
- Alors, vous pouvez vous imaginez ce que j'ai pu penser quand j'ai
appris que j'étais l'arrière-petit-fils du «Grand»
Marshall...
J'imagine que notre famille, ma famille, toutes les
familles finissent par se ressembler. Avec un ou deux enfants de plus,
qund ce n'est pas plusieurs, et un nombre plus ou moins variable
de tantes et d'oncles, de cousins et de cousines dont certains sont si éloignés
qu'on en arrive à se demander s'ils existent en dehors de quelques
jours par an. - Mêmes souvenirs, mêmes expériences, même
histoire. Sauf que :
Il m'est arrivé souvent de me demander pourquoi,
dans certaines d'entre-elles, lorsque ses membres un peu éparpillés se
réunissaient, il était toujours question des bons moments passés
ensemble, jamais des mauvais. Comme si l'enfance de tous et
chacun s'était déroulée dans un temps où le malheur n'avait jamais
effleuré de ses ailes noires le moindre instant d'une période
idyllique qu'il leur avait fallu, hélas, abandonner pour se retrouver face
à la vie, la vraie vie, celle où les événements ne seraient plus
ceux que l'on a prévus.
C'est à une chose à laquelle j'ai pensé deux
jours après le départ vers Paris du «petit» Mycroft (qui nous
dépasse tous en hauteur !) et que, tristement, je ne reverrai pas
avant, probablement, quelques mois. - À une famille en
particulier, que j'ai connue il y a plusieurs années ; dont le père
fut accusé maintes fois d'avoir physiquement abusé de la mère et qui
fut même condamné pour inceste ; dont deux des enfants, des frères,
étaient alcooliques ; dont la fille aînée n'avait jamais pu vivre
plus que quelques mois avec ses nombreux fiancés et dont la
plus jeune se relevait constamment de cures de désyntox. - Ensemble,
durant le temps des fêtes, il suffisait à l'un de mentionner un fait
banal qui s'était déroulé plusieurs années auparavant et tous, l'un
après l'autre, en arrivaient à s'en rappeler, mais en plus beau : le
repas qu'on avait servi cette journée-là avait été extraordinaire ;
et il faisait beau : un de ces jours qu'on n'a jamais revu depuis ;
et les présents que l'oncle Alfred avait apportés, magnifiques ; et la
robe de S*** qui était si belle ; et la fois, si drôle, où la tante
D*** avait renversé le gâteau.. etc., etc.
Quand je pense à mon enfance, il m'arrive souvent de
croire qu'elle fut malheureuse
Tout compte fait, plus je pense aux épisodes que je
ne voudrais pas revivre de ma jeunesse, plus je comprends qu'elle a été
heureuse. Mon père était un dieu, ma mère une fée.
Bonne année à tous !
Copernique
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Jeff Bollinger
2018
Je n'ai jamais, mais JAMAIS, compris quoique ce soit à ce
calendrier qui fait que l'année débute quelque part dans la translation
autour du soleil un certain jour qu'on appelle le Jour de l'An. Paraît que ça
a quelque chose à voir avec un certain pape appelé Grégoire qui a décidé
que les calendriers d'alors étaient seize, dix-sept ou dix-huit jours en
avance ou en retard sur le VRAI calendrier et que toutes les nations devaient
se conformer à son édit c'est-à-dire à celui qu'un Dieu tout puissant lui
avait dicté dans un rêve mystique pour remettre de l'ordre dans le monde. -
Résultat : des milliers de gens forcés de déclarer faillite parce que les
dates de leurs paiements ou de leurs entrées n'étaient plus celles qu'ils
avaient prévues et puis... y'a pas eu l'armée russe qui, parce que n'ayant
pas adopté ce nouveau dictat du pape (car c'en était un), est arrivée en
retard à la bataille d'Austerlitz ?
Imaginez-vous demain qu'il faille tout recommencer, sous
l'avis du... tiens : Dalai Lama, de Trump, du sheik Mohammed-quelque-chose ou
de Bill Gates. - Et nous voilà pris pour célébrer à nouveau l'anniversaire
de quinze à vingt de nos amis ou que quinze à vingt autres n'en aient point,
l'année où ça arrivera.
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15 octobre 1582
Naissance du calendrier grégorien
Et puis pourquoi le premier janvier, une semaine après
la naissance de Jésus-Christ qui, en plus, selon ce que l'on sait aujourd'hui,
serait né quatre ans avant lui-même ? Pourquoi pas rapporter le
tout à sa résurrection ? - C'est vrai que la fête de Pâques ne tombe
jamais à la même date...
À la Révolution, on a voulu tout changer : les jours fériés,
le nombre de jours par semaine, par mois, jusqu'aux noms des mois, mais ça n'a
pas duré longtemps : du dix-sept brumaire, on est repassé au 33 décembre
moins deux jours - Je ne me souviens plus de ce qu'on faisait, dans ce
calendrier-là, des années bissextiles...
Ma plus petite, J***, quel âge aura-t-elle cette année ?
- Ce ne serait pas sans importance, par hasard ?
M'enfin : ça nous donne une excuse pour oublier le jour de
son mariage, l'anniversaire de sa conjointe et la date exacte à laquelle il
faut chausser sa voiture de pneus d'hiver et polluer l'atmosphère
avec la destruction de ses d'ores et déjà désuets pneus quatre-saisons.
Jeff
(Écrit le surlendemain de Noël sur une
table où les factures avaient atteint une hauteur grégorienne.)
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Georges Gauvin
2018
Non, mais y'a-t-y kek'chose de plus bête que
trois, quatre gars, accotés dans un bar, qui boivent de la bière
et qui nous regardent, nous autres, trois, quatre filles assises
ensemble avec nos cocktails en train de célébrer la fête de l'une
d'entre-nous, que ce soit deux semaines avant ou deux semaines après
Noël ? - S'imaginent que, parce qu'ils portent un complet (parfois
un chandail qui ne leur va pas du tout) qu'à force de nous
regarder, y'en au moins une qui va aller baiser avec l'un d'entre
eux. Le soir même.
Y'a pire : la moins jeune dans la table d'à côté,
qui, avec sa p'tite jupe courte et ses seins qui débordent de son
chemisier convaincue qu'il y en un d'entre eux qui, éventuellement,
l'amènera en croisière autour du monde et lui offrira tout ce
qu'elle a toujours désiré, y compris une villa et un avenir assuré.
Est-ce que les rituels de la séduction se sont
toujours passés comme ça ?
De grands séducteurs, oui, j'en ai connus. J'en
aime encore un. Et je ne l'ai pas trouvé accoté dans un bar avec ses
chums. - Il fut plutôt discret, poli, gentil et, bout de bon dieu,
qu'il avait de belles mains ! - Je me souviens lui avoir
raconté ma vie, mon enfance, mon premier amour et puis, au beau
milieu d'une phrase, je me suis étouffé. Une bouffée de honte m'était
remontée dans la gorge. - Il m'aurait pris dans ses bras, m'aurait
amené dans le pire taudis de la ville, je l'aurais suivi. - Étais-il
beau ? Non. Grand ? Non. Avait-il de belles dents ? Non plus. - Mais
il avait, en plus de ses mains magnifiques, un de ces regards...
Il n'avait qu'à lever les yeux et j'étais
perdue.
Il était marié et ça s'est passé en trois
minutes il y a mille ans.
Georges
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Fawzi Malhasti
2018
Bonne année à tous et à toutes et pour débuter
la présente, quelques vers d'une poétesse aujourd'hui presque oublié,
Louise-Victorine Ackermann (1813-1890), souvent appelé tout
simplement Madame Ackermann :
L'amour et la mort (IIIe partie)
Éternité de l'homme, illusion ! chimère !
Mensonge de l'amour et de l'orgueil humain !
Il n'a point eu d'hier, ce fantôme éphémère,
Il lui faut un demain !
Pour cet éclair de vie et pour cette étincelle
Qui brûle une minute en vos coeurs étonnés,
Vous oubliez soudain la fange maternelle
Et vos destins bornés.
Vous échapperiez donc, ô rêveurs téméraires
Seuls au Pouvoir fatal qui détruit en créant ?
Quittez un tel espoir ; tous les limons sont frères
En face du néant.
Vous dites à la Nuit qui passe dans ses voiles :
" J'aime, et j'espère voir expirer tes flambeaux.
"
La Nuit ne répond rien, mais demain ses étoiles
Luiront sur vos tombeaux.
Vous croyez que l'amour dont l'âpre feu vous presse
A réservé pour vous sa flamme et ses rayons ;
La fleur que vous brisez soupire avec ivresse :
"Nous aussi nous aimons !"
Heureux, vous aspirez la grande âme invisible
Qui remplit tout, les bois, les champs de ses ardeurs ;
La Nature sourit, mais elle est insensible :
Que lui font vos bonheurs ?
Elle n'a qu'un désir, la marâtre immortelle,
C'est d'enfanter toujours, sans fin, sans trêve, encor.
Mère avide, elle a pris l'éternité pour elle,
Et vous laisse la mort.
Toute sa prévoyance est pour ce qui va naître ;
Le reste est confondu dans un suprême oubli.
Vous, vous avez aimé, vous pouvez disparaître :
Son voeu s'est accompli.
Quand un souffle d'amour traverse vos poitrines,
Sur des flots de bonheur vous tenant suspendus,
Aux pieds de la Beauté lorsque des mains divines
Vous jettent éperdus ;
Quand, pressant sur ce coeur qui va bientôt s'éteindre
Un autre objet souffrant, forme vaine ici-bas,
Il vous semble, mortels, que vous allez étreindre
L'Infini dans vos bras ;
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Ces délires sacrés, ces désirs sans mesure
Déchaînés dans vos flancs comme d'ardents essaims,
Ces transports, c'est déjà l'Humanité future
Qui s'agite en vos seins.
Elle se dissoudra, cette argile légère
Qu'ont émue un instant la joie et la douleur ;
Les vents vont disperser cette noble poussière
Qui fut jadis un coeur.
Mais d'autres coeurs naîtront qui renoueront la trame
De vos espoirs brisés, de vos amours éteints,
Perpétuant vos pleurs, vos rêves, votre flamme,
Dans les âges lointains.
Tous les êtres, formant une chaîne éternelle,
Se passent, en courant, le flambeau de l'amour.
Chacun rapidement prend la torche immortelle
Et la rend à son tour.
Aveuglés par l'éclat de sa lumière errante,
Vous jurez, dans la nuit où le sort vous plongea,
De la tenir toujours : à votre main mourante
Elle échappe déjà.
Du moins vous aurez vu luire un éclair sublime ;
Il aura sillonné votre vie un moment ;
En tombant vous pourrez emporter dans l'abîme
Votre éblouissement.
Et quand il régnerait au fond du ciel paisible
Un être sans pitié qui contemplât souffrir,
Si son oeil éternel considère, impassible,
Le naître et le mourir,
Sur le bord de la tombe, et sous ce regard même,
Qu'un mouvement d'amour soit encor votre adieu !
Oui, faites voir combien l'homme est grand lorsqu'il aime,
Et pardonnez à Dieu !
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Louise-Victorine Ackermann
Fawzi
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De notre disc jockey - Paul Dubé
2018
C'est à la mi-décembre, entre mon anniversaire et
le début de janvier que je me pose le plus souvent des questions -
Dieu sait pourquoi - sur
la quantité de livres, de disques et de films que j'ai accumulés au
fil des ans et ce qui va leur arriver lorsque, comme disait Brassens,
«mon âme et mon corps ne
seront plus d'accord» (*).
(*) Supplique pour être enterré sur la
plage de Sète, cité par Madame Malhasti le mois dernier.
J'y pensais justement avant-hier quand, à la
recherche d'un livre de Jean d'Ormeson pour une amie, dans le fouillis
qu'est ma bibliothèque, je me suis rappelé un mot de Maurice
Maeterlinck cité sur la pochette d'un disque de sonates de Scarletti
datant des années cinquante :
«Quelle merveille qu'est un disque sur lequel
on a enregistré une pièce de piano jouée par quelqu'un qu'on
pourra encore écouter dans cents ans et qu'un petit enfant de cinq ans peut tenir dans ses mains...»
(Je cite de mémoire.)
Mort en 1949, Maerterlinck n'a pas connu
l'informatique où sur une clé USB l'on peut de nos jours enregistrer
douze versions des quatuors à cordes de Beethoven, plusieurs volumes
qu'on a écrits sur sa vie et probablement cinq à six versions de son
concerto numéro cinq pour piano et orchestre... filmés ! (*)
(*) Jeff m'informe que mille
(1000 !)
disques compacts peuvent être enregistrés en format MP3 sur
une clé de 64 gigaoctets... avec une copie digitalisée de tous les
livrets qu'ils contiennent.
Tout cela pour dire que je ne sais pas combien
d'enregistrements j'ai accumulés sous différents formats depuis l'âge
de quinze ou seize ans ; enregistrements que je n'écoute guère
autrement que sous la forme mp3, soit directement de mon ordinateur
(mes ordinateurs car j'en possède plusieurs dont un qui a au moins
dix ans et que j'ai transformé en juke-box), de ma tablette, ou
encore sous la forme d'un CD ou d'une clé USB dans mon auto. - Tout
ce que je sais, c'est que c'est énorme : 117 gigaoctets de musique
dite «classique», 70 de chansons françaises, 53 de jazz, 23 de
musique pop anglaise ou américaine, etc. - Me faudra, bientôt,
m'acheter un contenant en simili-cuirette de la grandeur d'UN
DOUBLE-CD (Oyoye !) pour transporter tout ça...
Oui, mais à Noël ?
À Noël ? Il m'arrive d'être pris un peu pris au dépourvu
car mis à part quelques cantiques, l'Oratorio de Bach et la Messe de
minuit de Charpentier, je n'ai que quelques chansons enregistrées par
divers interprètes qui ont été - je l'espère - forcés,
d'enregistrer leur disque du Temps des fêtes pour leurs fans. Vous
les connaissez : «Petit Papa Noël, Il est né le divin enfant,
Les anges dans nos campagnes, Mon beau sapin...» et surtout
l'abominable «Rudolph, le petit renne au nez rouge» (*).
(*) Une chanson, croyez-le ou
non, de Johnny Marks (demandez pas qui c'est) créée (enregistrée)
par... Gene Autrey - le cowboy - en 1949 qui en a vendu 2,5
million de copies cette année-là et qui, jusqu'au début des années
80, demeura le deuxième plus gros vendeur de tous les temps avec ces
25 million de copies.
À ce propos, à quelqu'un qui, au cours d'un débat,
avait avancé que sans la religion, nous n'aurions pas connu la
Chapelle Sixtine, la Pieta de Michel-Ange, les Passions de Bach... Richard Dawkins, le plus célèbre
athée au monde, rétorqua un jour que, de tous temps, les peintres, les sculpteurs, les compositeurs
devaient et doivent toujours s'alimenter et qu'ils le font là où se
trouve l'argent et, longtemps, cet argent ne se trouvait qu'à la cour
et dans les églises. «Nous ne saurons jamais, disait-il, ce
qu'aurait pu être la Salle des travailleurs de Michel-Ange ou l'Hymne
au prolétariat d'Haydn...»
Hélas, non. Alors qu'est-ce que j'écoute, le 25 décembre
depuis des années ? Deux débuts. Celui de la Messe de Minuit de
Charpentier et celui de l'Oratorio de Noël de Jean-Sebastien Bach. -
Dix, douze minutes et ça suffit.
Cliquez sur la note :
pour le début de la Messe de Minuit de Charpentier.
***
Pour nos suggestions et
enregistrements précédents, cliquez ICI.
paul
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Lectures
2018
Existe un petit
film d'environ cinq minutes tourné au début des années vingt dont
on ignore aujourd'hui jusqu'au nom du réalisateur et qui débute par
un énoncé assez particulier («carton») à savoir que, étant
donné que la dernière Grande Guerre a été la guerre qui a mit fin
à toutes les guerres, le XXe siècle allait être celui du progrès et
de l'avancement
spectaculaire de l'humanité. On y voit des images de villes surréalistes
aux larges boulevards où circulent à une vitesse constante des véhicules
en nombre incalculable et au-dessus desquels s'entrecroisent des
monorails et des aéronefs en tous genres, mais on y annonce surtout
un avion qui pourrait éventuellement transporter près de 500
passagers entre New York et Londres en une seule journée (mais
attention hein : un appareil à plusieurs niveaux avec cinéma,
bibliothèque, bars et restaurants).
En 1925, un an
après sa mort, était publié à Prague Der Proceß (Le procès)
de Franz Kafka qui nous donna, de l'avenir, un aperçu beaucoup moins
idyllique avec une énorme bureaucratie, des dirigeants omnipotents et
une organisation sociale inquiétante. George Orwell renchérit sur ce monde tout de suite
après la guerre de 1939-1945 avec on son Nineteen Ninety Four
(1984) auquel on peut ajouter dans le même sens, ou presque, mais
facilement, le Do Androids Dream of Électric Sheep ? de Philip
Kindred Dick (1968), le roman qui a donné naissance au Blade
Runner de Ridley Scott) (1982).
À ces romans
(ou les films qu'on en a tirés, notamment Le procès d'Orson
Welles - 1962), certains d'entre-vous, j'en suis sûr,
ajouteraient volontiers le 2001 : A Space Odyssey de Stanley
Kubrick (sur un scénario d'Arthur C. Clarke - 1968), mais comme j'ai
toujours trouvé ce «chef-d'oeuvre» (notez les guillemets)
d'un ennui prodigieux et largement nombrilliste, je vais me permettre ici
de lui substituer, pour les fins de cette chronique, The Third Man de Carol Reed
(1949) dont les décors auraient pu servir à Jean-Luc Goddard
au lieu de ceux dont il a dû se contenter pour son Alphaville en 1965.
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Alphaville
Beaucoup d'auteurs, beaucoup de réalisateurs,
beaucoup de titres, j'en conviens, mais tous ces romans et tous ces
films que j'ai lus, relus, vus et revus avec grande joie, ont un lien commun auquel je pense à chaque fois qu'on passe
d'une année à l'autre : celui de ce que l'avenir nous réserve.
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1984
Un blogguiste du nom de Garson O'Toole
a fait des recherches sur l'origine de la citation qui suit et il n'a
pu trouver mieux que de l'attribuer à : Yogi Berra, Samuel Goldwyn,
Niels Bohr, Robert Storm Peterson, Oscar Wilde ou Mark Twain :
«Il est très difficile de faire
des prédictions surtout en ce qui concerne l'avenir.»
(Ce qui prouve, soit dit en
passant, qu'il est également difficile de se retrouver dans le
passé.)
Chose certaine, à l'exclusion
de The Third Man dont le film a été tourné durant la même période
où son action se déroule, tous les auteurs et réalisateurs cités
ci-dessus ont fait fausse route avec leurs visions des années 1984, 1990 et même le début
du siècle dans lequel nous vivons. - De
quoi se demander si les prédictions des futurologues contemporains
peuvent être considérées tout aussi exactes..
Y'a quand même des signes qui ne
mentent pas.
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Blade Runner
Personne n'aurait pu prévoir que les
pourparlers de paix au Moyen-Orient allaient, en 1948, durer si longtemps. Ils en seront à
leur soixante-neuvième anniversaire cette année. Mais, avec
la décision de Trump de déménager l'ambassade des États-Unis à Jérusalem,
il est facile de s'imaginer qu'ils ne seront pas réglés avant
encore un bon bout de temps.
Le réchauffement de la planète,
autre exemple :
Non pas «la vaste majorité», mais tous les spécialistes
dans les domaines de l'océanographie, de la météorologie et de l'atmosphèrologie
(?) prédisent depuis des années que l'accélération de ce
phénomène climatique se manifeste de plus en plus et que son origine
est l'activité humaine. - Reste à y
faire face, ne serait-ce qu'au cas où, mais combien de gens
n'y croient toujours pas ? - Tiens Trump, encore. Décidément...
Personnellement, je me demande ce qui
arrivera aux pays producteurs de pétrole lorsque leurs ressources
seront épuisées. La plupart de ces pays n'ont aucune industrie
manufacturière, peu ou pas d'agriculture, aucun institution qui
s'occupe de recherche scientifique et leur population est tenue
dans une ignorance qui ressemble étrangement à celle qu'ont connus
les habitants des pays civilisés au Moyen-Âge...
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The Third Man
Et l'on craint l'impact qu'aura
l'Intelligence Artificielle (IA) sur l'humanité !
Je suppose qu'on
tient absolument à demeurer au sein de notre Ignorance Naturelle
(IN)...
Et y'a d'autres signes avant-coureur
:
- le recyclage, au cas où vous
n'auriez pas lu les plus récentes études, s'avère être une
faillite économique et énergétique monumentale
- l'endettement per capita de
certains pays et l'endettement de ces mêmes pays qui nous laissent
présager une faillite éventuelle
- la démocratie, à cause des coûts
monstrueux des élections, est en passe de devenir une affaire de
riches et se dirige lentement vers l'oligarchie
- avec l'espérance de vie qui
augmente d'année en année, grâce à une meilleure nutrition, la médecine,
les conditions de vie, etc., est-il normal de se demander si les jeunes
d'aujourd'hui pourront en une trentaine d'années mettre
suffisamment d'argent de côté pour en vivre une trentaine d'autres
?
Oh, je sais que vous vous posez également
d'autres questions du même genre.
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À vous de prédire votre avenir. La
mienne sera plus courte, ayant il y a longtemps déjà dépassé le
demi-siècle. Mais je pense, en écrivant cela que si vous
m'aviez demandé lorsque j'avais vingt ans de prédire ce que j'allais devenir à l'âge où je
suis rendu (et même à trente et à quarante ans), ce n'est pas un doigt que je me
serais mis dans l'oeil, mais un bras jusqu'au coude.
Simon
P.-S. : La photo du Monsieur ci-dessus ? -
Elle est du comédien Peter Cushing, un homme qui à la ville était
d'un charme inégalé. De quoi se demander d'où, au théâtre, il
pouvait tirer un tel regard.
***
Les Mémoires de Saint-Simon
(Souvenirs et mise à jour)
Il y a plus de quarante ans que je me suis attaqué pour la première fois aux
Mémoires
de Saint-Simon. - Pour les puristes, le mot «Attaqué» est
juste : quand on entreprend la lecture d'un document de plus de sept
mille pages, on ne le fait pas en douceur. - Cette lecture je la fis
dans l'édition de Gonzague Truc de 1953 (La Pléiade) et ce, vers le
milieu des années soixante-dix. Ayant lu le premier (de huit
volumes), je n'ai pu, par la suite continuer, étant incapable de
retrouver les sept autres, l'édition étant, depuis longtemps, bien
avant que j'ai eu trouvé mon unique exemplaire, épuisée.
- Trois, quatre ans s'écoulèrent au cours desquels je me
contentai de lire des extraits de ce monument littéraire dans des éditions
diverses dont le Saint-Simon
par lui-même dans la collection «Écrivains de Toujours»
(Seuil - 1957) puis, j'appris que Les Éditions Ramsay en
avaient repris la publication deux ou trois ans auparavant, en avril 1977 précédée de la note
suivante :
Rendre les «Mémoires» du duc de
Saint-Simon accessibles au plus grand nombre était devenu une nécessité.
Faut-il rappeler que, dès leur parution, ils connurent la gloire ?
Ils sont aujourd'hui pratiquement introuvables. Références obligées
des plus grands écrivains, archive vivante d'une certaine France,
les écrits de Saint-Simon ne pouvaient être infiniment réservés
à un cercle de privilégiés. Cette collection, dont voici le
premier volume, permettra, nous l'espérons, à tous et à chacun de
puiser avec plaisir aux sources de la littérature et de l'histoire
françaises...
Cette édition allait en compter, de ces volumes, dix-huit. Le deuxième parut
en effet six mois plus tard avec une autre notice :
En publiant au mois d'avril dernier, le premier
volume des «Mémoires» du duc de Saint-Simon, nous faisions
un pari : ouvrir l'oeuvre du célèbre mémorialiste à un large
public, le sortir du monument de respect sous lequel il s'étiolait
pour le seul plaisir de quelques «lettrés». Si nous avions perdu
notre pari, ce volume serait resté unique, nos moyens ne nous
permettant pas pas encore de jouer les mécènes
Mais notre intuition ne nous a pas
trahie, au
contraire. L'essai est plus que concluant.
Pour satisfaire à notre plaisir, et répondre à
votre désir, nous nous «lançons» donc dans la publication
des Mémoires
intégraux du Duc de Saint-Simon, et cela au rythme de 10 volumes
par an.
Comme le premier, chaque volume sera présenté
par un grand écrivain contemporain : Philippe Erlanger, Jacques de
Lacretelle, le Duc de Castries, Jean-Louis Curtis, etc..., qui tous,
chacun à sa manière, avec sa sensibilité propre, rendront aussi
hommage à celui que Proust, Montherlant et tant d'autres considéraient
comme le plus grand d'entre eux.
Au moment où je lus ce qui précède, tous les volumes
avaient été publiés et, malgré leur coût total (plus de $300 de l'époque),
je me les ai procurés immédiatement. C'était au début des années
quatre-vingt et recommençai dès lors à lire celui qu'on disait
le plus grand mémorialiste de tous les temps. Je ne l'ai jamais regretté.

Je vous dit ça, aujourd'hui, parce, cherchant il n'y
a pas longtemps autre chose dans la collection Kindle (livre électronique),
j'appris qu'on pouvait se procurer ces Mémoires pour la modique somme
de 4,99 $. Devinez ce que j'ai fait. - (Pour encore moins, c'est-à-dire
gratuitement, j'aurai pu utiliser la version pdf chez Gallica, mais
l'ayant déjà consulté, son formatage m'a paru impraticable sauf
pour y faire des recherches.)
Bon, d'accord, il manque à cette édition l'appareil
critique de la seconde édition de la Pléiade (670$) et les préfaces
de l'édition Ramsay (aujourd'hui épuisée), mais on y trouvera des
préfaces intéressantes :
Tome, année de publication, années
des contenus et présentateurs :
Tome 1 (1977)
- 1691-1694 - François-Régis
Bastide (*)
Tome 2 (1977) - 1695-1699 - Philippe Erlanger
Tome 3 (1977) - 1699-1702 - Le Duc de Castries
Tome 4 (1977) - 1702-1705 - Jean-Louis Curtis
Tome 5 (1978) - 1705-1707 - Jacques de Lacretelle
Tome 6 (1978) - 1707-1709 - Sainte-Beuve
Tome 7 (1978) - 1709-1710 - E. Le Roy Ladurie
Tome 8 (1978) - 1710-1711 - Hippolyte Taine
Tome 9 (1978) - 1711-1713 - Didier Martin
Tome 10 (1978) - 1713-1714 - Barbey d'Aurevilly
Tome 11 (1978) - 1714-1715 - André Maurois
Tome 12 (1978) - 1714-1716 - H. de Montherlant
Tome 13 (1978) - 1717-1718 - Le Duc de Lévis-Mirepoix
Tome 14 (1978) - 1718-1718 - René Girard
Tome 15 (1979) - 1718-1720 - Erik Orsenna
Tome 16 (1979) - 1720-1721 - J. C. L. de Sismondi
Tome 17 (1979) - 1721-1723 - Philippe Sollers
Tome 18 (1979) - Table alphabétique générale des Mémoires
(*) François-Régis Bastide est l'auteur de Saint-Simon
par lui-même - «Écrivains de toujours», no. 15 - Aux Éditions
du seuil, 1953

En Kindle, bien sûr, on ne peux pas
en faire l'étalage dans sa bibliothèque afin d'épater ceux s'y
aventure, mais quel plaisir de pouvoir tenir dans sa main tout
Saint-Simon, de l'annoter, de mettre des repères, d'y faire des
recherches et le glisser dans sa poche, avec une cinquantaine d'autres
volumes ou fichiers dont tout Proust, tout Molière, tout Racine, tout
Shakespeare, tout Sherlock Holmes (oui, j'aime Sherlock Holmes), etc.,
y compris un dictionnaire et un accès en tout temps à Google
pour savoir qui est ce comte de Mesdeux, un des milliers de personnages dont parle
Saint-Simon.
J'en suis au tiers du premier volume et compte, à
raison de 20, 25 pages par jour avoir relu tout Saint-Simon d'ici la
fin de l'an.
En attendant, un mot sur :
Les éditions des Mémoires de Saint-Simon :
Deux «pré-éditions» des Mémoires
de Saint-Simon parurent avant celle que l'on considère la «première»
:
- une partielle, à Londres, en 1788 (2 volumes)
- une deuxième préparée par F. Laurent, dite «dans
un meilleur ordre», à Paris, en 1818
La première édition «complète»
fut
publiée à partir du manuscrit original, à Paris, en 1829-1830,
mais sa réimpression fut interrompue en 1835 à cause de divers
procès trop longs à expliquer ici.
Une véritable deuxième réimpression paru
en 1840-1841 et une troisième en 1853.
Une deuxième édition revue et corrigée par Ed. Chézuel,
(précédée d'une préface de Sainte-Beuve) fut publiée en 20
volumes, chez Hachette en 1856-1858. - C'est la version qu'on
peut retrouver chez Gallica et qu'a également reprise Kindle.
Une troisième, d'après une nouvelle collation de
Chéruel et d'Adolphe Régnier, parut, en 22 volumes, toujours
chez Hachette, en 1873-1886.
Cette édition fut longtemps considérée comme définitive
même après divers amendements, ajouts, etc. - notamment dans une
collection dite «Les grands écrivains de la France» (A, de
Boislisle) en 1879 (réimprimée en 1923).
Finalement, en 1953, la Pléiade confia à Gonzague
Truc la révision complète des textes connus, à partir de l'édition
de Chéruel et Adolphe Régnier en leur ajoutant des tableaux généalogiques,
des notes, variantes, etc. - Ces tableaux, tandis que j'en parle, étaient
joints au premier volume de la première édition de La Pléiade et
se sont avérés très utiles lorsque j'ai lu Saint-Simon dans l'édition
Ramsay. Ils sont, aujourd'hui - pensez-y : ils ont 64 ans ! -
quelque peu défraîchis, mais je les ai glissés dans l'étui
de mon lecteur.
Cette édition - je reviens à la
première édition de La Pléiade - étant demeurée longtemps épuisée,
la maison Ramsay entreprit, comme nous l'avons indiqué ci-dessus, de publier, toujours à partir du
premier texte (de Chéruel) une version en 18 volumes précédée
d'autant de préfaces (y compris celle de Sainte-Beuve). Son premier
volume parut en 1977.
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Note
Nous soulignons dans un de nos mini-essais
sur Proust (présentement en restauration) - mais cela s'avère particulièrement vrai en ce qui
concerne Saint-Simon - que les différences entre les «grandes éditions»
d'À la recherche du Temps perdu sont relativement sans importance.
- Tout est une question
de choix, à savoir si l'on tient absolument à lire la toute dernière
édition (revue, augmentée, corrigée, annotée, avec ou sans
commentaires, etc.) ou si l'on se ne cherche qu'à saisir
l'essentiel des écrits de ces deux grands écrivains.
Reste la question du format, in-9,
in-10, in-12,
le nombre de volumes (18 chez Ramsay, 8 dans la Pléiade) et, forcément, le prix.
À 4,99 $ en édition électronique pour l'édition
revue et corrigée par Chézuel, (précédée de la préface de
Sainte-Beuve) de 1856-58, est-il permis d'hésiter ?
Simon
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L'extrait du mois
Lieder allemands
Parler chansons comiques et réceptions me rappelle un incident
assez curieux dont j’ai été témoin. Comme il jette une vive
lumière sur le fonctionnement intime de la nature humaine en
général, il est bon, je pense, d’en faire état dans ces pages.
Nous étions à une soirée. Nous avions nos plus beaux habits,
nous causions avec distinction, et nous étions tous très heureux –
tous, sauf deux étudiants revenus d’Allemagne, jeunes gens
vulgaires, visiblement agités et mal à l’aise, comme s’ils
trouvaient le temps long. En vérité, nous étions trop intelligents
pour eux. Notre conversation brillante et raffinée tout comme nos
goûts de gens du grand monde les dépassaient. Ils n’étaient pas
à leur place parmi nous. Ils n’auraient jamais dû s’y trouver.
Tout le monde s’accorda sur ce point, par la suite.
On joua des morceaux des vieux maîtres allemands. On discuta
philosophie et morale. On flirta avec une dignité pleine de grâce.
On fit même de l’humour – d’une
façon très chic.
Après le dîner, quelqu’un récita un poème français, que
chacun déclara admirable. Une dame chanta en espagnol une ballade
sentimentale, si pathétique qu’elle arracha des larmes à un ou
deux d’entre nous.
Et puis ces deux jeunes gens se levèrent et nous demandèrent si
nous avions jamais entendu Herr Glossenn Boschen (qui venait
précisément d’arriver et se trouvait en bas, dans la salle à
manger) chanter en allemand son grand air comique.
Nul d’entre nous ne l’avait entendu, autant qu’on s’en
souvînt.
Les jeunes gens affirmèrent que c’était la chanson la plus
drôle qui fût jamais écrite, et, si nous le voulions, ils
demanderaient à Herr Glossenn Boschen, qu’ils connaissaient très
bien, de nous l’interpréter. Cette chanson était si drôle,
affirmèrent-ils, que la fois où Herr Glossenn Boschen l’avait
chantée devant l’empereur d’Allemagne, ce dernier avait tant ri
qu’on avait dû le mettre au lit pour le calmer.
Ils ajoutèrent que personne ne savait la mettre en valeur comme
Herr Glossenn Boschen, car il arborait, de la première à la
dernière parole, un air si grave, que c’était à croire qu’il
chantait une tragédie. Parti pris qui, bien entendu, ne faisait que
redoubler l’effet comique. Jamais, insistèrent-ils, il ne laissait
deviner à ses intonations ou à ses gestes –
ce qui eût tout gâté – qu’il
s’agissait d’une chanson amusante. C’était précisément son
air sérieux, voire pathétique, qui en faisait toute la drôlerie.
Nous répondîmes que cela nous amuserait beaucoup de l’entendre,
et ils descendirent chercher Herr Glossenn Boschen.
Il devait aimer chanter cette chanson, car il arriva aussitôt et
se mit au piano sans mot dire.
« Oh ! Vous allez rire ! » chuchotèrent les jeunes gens
en traversant le salon pour aller prendre place derrière le dos du
professeur.

Herr Glossenn Boschen s’accompagnait lui-même. Le prélude n’avait
rien de comique. C’était un air plein d’âme et lugubre à vous
donner le frisson ; mais nous nous murmurions l’un à l’autre que
c’était la manière allemande, et nous nous apprêtions à nous
amuser.
Je ne comprends pas l’allemand. Je l’ai appris à l’école,
et, deux ans après la fin de mes études, je ne m’en rappelais plus
un seul mot ; je n’ai jamais eu à m’en plaindre depuis.
Toutefois, je ne tenais pas, dans cette noble assemblée, à laisser
deviner mon ignorance, et il me vint une idée que je jugeai assez
bonne. Je ne quittai pas des yeux les deux jeunes étudiants, et
imitai leurs réactions. Quand ils gloussaient, je gloussais ; quand
ils éclataient de rire, j’éclatais pareillement ; et de temps à
autre, j’ajoutais un petit ricanement de mon cru, comme si je venais
de capter un trait d’esprit qui avait échappé aux autres. Je me
félicitais intérieurement de cette fine astuce.
Je remarquai, tandis que Herr Glossenn Boschen poursuivait, que je
n’étais pas le seul à imiter les deux étudiants. Nombre d’invités
tenaient leurs yeux fixés sur eux et gloussaient quand ils
gloussaient, pouffaient quand ils pouffaient ; et, comme tous deux n’arrêtaient
pas de glousser, de pouffer et d’éclater de rire, tout se passait
à merveille.
Et pourtant, le professeur allemand n’avait pas l’air content.
Au premier de nos rires, son visage exprima un grand étonnement,
comme si le rire eût été la dernière chose à laquelle il se fût
attendu. On trouva cela d’autant plus drôle que l’on savait que
son sérieux imperturbable faisait partie du spectacle, et que, s’il
avait eu la faiblesse de sourire à son propre comique, il aurait
manqué assurément son effet. Comme on continuait de rire, sa
surprise fit place à un air de contrariété et d’indignation, et
il décocha des regards courroucés à toute l’assistance (excepté
aux deux jeunes gens derrière lui, qu’il ne pouvait voir). Cela
nous fit hurler de rire.
Ah ! C’était trop drôle ! Il nous ferait mourir ! Les paroles
à elles seules, disions-nous, étaient déjà d’un comique à se
tordre, mais cette gravité affectée en plus, non, vraiment, c’était
trop !
Au dernier couplet, il se surpassa. Il promena autour de lui un tel
regard de férocité concentrée que, si les deux jeunes gens ne nous
avaient pas prévenus que c’était la manière allemande d’interpréter
le comique, nous aurions eu quelque inquiétude ; et l’étrange
mélopée prit des accents si déchirants que, n’eussions-nous pas
su ce que nous savions, nous aurions sorti nos mouchoirs.
Il acheva au milieu d’un déchaînement d’hilarité. On n’avait
jamais rien entendu de plus drôle, affirmait-on en se tapant sur les
genoux. Nous trouvâmes étrange, après une démonstration aussi
éclatante, que la rumeur populaire pût encore reprocher aux
Allemands de manquer d’humour. Et nous demandâmes au Herr Professor
pourquoi il ne faisait pas traduire sa chanson en anglais, afin que
tous puissent la comprendre et en apprécier la grande portée
comique.
Alors Herr Glossenn Boschen se leva, frémissant de colère. Il
nous injuria en allemand (langue à mon avis singulièrement
appropriée à cet usage), et il trépigna, brandit le poing et nous
donna tous les noms d’oiseaux qu’il savait en anglais. Jamais de
sa vie, rugissait-il, il n’avait reçu pareil affront.
Il nous apparut alors que sa chanson n’avait rien de comique.
Elle parlait d’une jeune fille vivant dans les montagnes du Hartz,
et qui avait donné sa vie pour sauver l’âme de son fiancé. À sa
mort, celui-ci retrouvait l’âme sœur
dans l’au-delà, mais, au dernier couplet, il la quittait pour
convoler avec un autre esprit. Je me souviens mal des détails, mais l’histoire
est assurément des plus tristes. Herr Boschen nous hurla qu’il l’avait
chantée devant l’empereur d’Allemagne, et que celui-ci avait
sangloté comme un petit enfant. Il nous dit encore que l’on tenait
généralement ce poème pour l’un des plus tragiques et des plus
émouvants de la littérature allemande.
La situation était embarrassante pour nous, très embarrassante.
Il n’y avait rien à répondre. Nous cherchâmes du regard les deux
jeunes criminels, mais ils avaient dû quitter la maison sur la pointe
des pieds, dès la fin du morceau.
Nos réjouissances cessèrent là. Je n’ai jamais vu de soirée s’achever
aussi discrètement, et avec si peu de cérémonie. On ne se dit même
pas bonsoir. On descendit l’escalier l’un après l’autre, à pas
furtifs, évitant les lumières. Chacun chuchotait aux domestiques de
lui apporter manteau et chapeau, puis allait lui-même ouvrir la porte
et s’éclipsait, tournant le coin de la rue au plus vite afin d’éviter
les autres.
Depuis lors, je n’ai jamais manifesté grand intérêt pour les
chansons allemandes.
Jerome K. Jerome
Trois hommes dans un bateau
(Three Men in a Boat)
Chapitre huit
Traduction de Philippe Rouard
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Le courrier
M. Michel Lacroix-Dubondieu, Baton-Rouge,
Nouvelle-Orléans
La cornemuse est un instrument de musique d'origine irlandaise.
Les Écossais qui en ont fait un symbole de leur identité n'auraient
apparemment pas compris qu'il s'agissait d'une
blague.
Mlle M. Lecourseur, Pointe-aux-Trembles (Montréal),
Québec
Si les études qui démontrent que les hommes qui twitent
sont moins performants au lit vous intéressent, nous serions plus intéressés
à savoir s'il existe des études sur les statisticiens qui rédigent ces
études et, surtout, sur ceux ou celles qui les lisent.
Mme Georgionna Lecavalier-Winner, North-Hatley, Québec
Edidit spectacula uarii generis : munus glatiarorum,
ludos etiam regionatim urbe tota et quidem per omnimum linguarum
historiones, item circenses athletas naumachiam. (Suétone, Vie des douze César,
chapitre XXXIX)
Dr. Swen Nactht - Riesa, Deutschland
Nous vous avons bien lu, Herr Doktor, mais, sans vouloir outrepasser les règles fondamentales de l'objectivité, il nous semble qu'entre
la partie centrale de votre essai, celle où vous invitez vos lecteurs à mettre une certaine emphase sur la corrélation entre la thématique que vous avez développée
relativement à la différence entre le point soulevé dans la première partie du chapitre trois de votre travail et sa deuxième
[partie], différence sur laquelle vous avez insisté dans le chapitre suivant,
là où vous avez exposé - brillamment, si vous nous permettez de le
mentionner - la non-évidence de la réalité conceptuelle d'un
point-de-vue
similaire au vôtre, vous avez peut-être oublié de souligner la simplicité du concept général (sans pour cela avoir escamoté ses corollaires) et, en conséquence, une certaine non-compréhension de l'ensemble pourrait être invoqué par des non-académiciens peu charitables, d'où une certaine suggestion de notre part de reprendre les sections huit et neuf de vos premières conclusions, mais nous attendrons avec une impatience non-feinte la suite de vos réflexions.
M. Charles Bond - Winnipeg, Alberta
Pour vos vacances, si vous croyez que vous buvez trop,
vous pouvez toujours aller en Irlande et, si vous êtes un homme de
science, pour vous reposer, nous vous suggérons les États-Unis du Sud,
particulièrement hors des grands centres, mais n'allez surtout pas vous mêler
des conversations...
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Dédicace
Cette
édition du Castor est dédiée à :
John Le Carré
(1931- )
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Le mot de la
fin
«Ils mourront paisiblement, ils s'éteindront doucement en ton nom, et dans l'au-delà ils ne trouveront que la mort. Mais nous garderons le secret; nous les bercerons, pour leur bonheur, d'une récompense éternelle dans le ciel.»
(Le Grand Inquisiteur à son «Sauveur»,)
Fiodor Dostoïevski - Les Frères
Karamazov
(trad. Henri Mongault, Gallimard, « La Pléiade »
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Autres sites à
consulter
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Webmestre : France L'Heureux
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Webmestre : Éric Lortie
Webmestres : Paul Dubé et Jacques Marchioro
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Notes et autres avis
Clauses et conventions :
Le Castor™ de
Napierville est le fruit de plusieurs interventions de la part d'une
multitude d'intervenants :
-
En tête, son
programmeur qui a pour tâche de transformer son contenu en
fichiers HTML de telle sorte à ce qu'il puisse être diffusé en
textes lisibles sur Internet
-
En arrière-plan,
son éditeur qui réunit dans un ordre pré-établi les textes et
images qui en font parti
-
Les chroniqueurs,
chercheurs, concepteurs qui en rédigent chaque numéro.
-
Viennent ensuite
les correcteurs, vérificateurs, inspecteurs et surveillants qui
en assurent la qualité.
mais d'abord et avant
tout :
Autres informations,
conditions et utilisation
Le Castor™ de
Napierville est publié une fois par mois, le premier lundi de chaque
mois.
En haut, à gauche, à côté
de la date, est indiqué le numéro de sa version ou de son édition. Le
numéro1.0 indique sa première et suivent, selon les correctifs, ajouts
ou autres modifications, les numéros 1.2, 1.3, 1.4.... 2.0, 2.1, 2.2
etc. - La version 3.0 indique qu'il s'agit de son édition finale qui, généralement,
coïncide avec sa version destinée au marché américain, celle qui
paraît en principe avant ou le jeudi suivant sa première édtion.
Si le Castor™ de
Napierville a un siège social, il n'a pas de salle de rédaction et
compte tenu de la situation géographique de chacun de ses
collaborateurs, tout le ci-dessus processus se déroule in auditorium
c'est-à-dire en présence du public via l'Internet.
Nous prions nos lecteurs,
etc.
Historique :
Fondé en 1900 par le Grand Marshall, le CASTOR DE NAPIERVILLE fut, à l'origine, un hebdomadaire et vespéral organe créé pour la défense des intérêts de l'Université de Napierville et de son quartier. - Il est, depuis le 30 septembre 2002, publié sous le présent électronique format afin de tenir la fine et intelligente masse de ses internautes lecteurs au courant des dernières nouvelles concernant cette communauté d'esprit et de fait qu'est devenu au fil des années le site de l'UdeNap, le seul, unique et officiel site de l'Université de Napierville.
De cet hebdomadaire publié sur les électroniques presses de la Vatfair-Fair Broadcasting Corporation grâce à une subvention du Ministère des Arts et de la Culture du Caraguay, il est tiré, le premier lundi de chaque mois, sept exemplaires numérotés de I à VII, sur papier alfa cellunaf et sur offset ivoire des papeteries de la Gazette de Saint-Romuald-d'Etchemin et trois exemplaires, numéroté de 1 à 3, sur offset de luxe des papeteries Bontemps constituant l'édition originale, plus trois exemplaires de luxe (quadrichromes) réservés au Professeur Marshall, à Madame France DesRoches et à Madame Jean-Claude Briallis, les deux du Mensuel Varois Illustré.
Autres informations :
1 - Sauf indications contraires : Tous droits réservés. - Copyright © UdeNap.org. - La reproduction de tout ou partie du matériel contenu dans cette édition du Castor™ est interdite sans l'autorisation écrite des auteurs.
2 - Malgré l'attention portée à la rédaction de ce journal, ses auteurs ou son éditeur ne peuvent assumer une quelconque responsabilité du fait des informations qui y sont proposées.
3 - Tel que mentionné ci-dessus : les erreurs de frappe, de date et autres incongruités contenues dans ce Castor™ seront ou ont déjà été corrigées dans sa version destinée au marché américain.
4 - La direction du Castor™ tient à préciser qu'aucun enfant n'est victime d'agressions sexuelles au cours de la préparation, pendant la rédaction et lors de la publication de son hebdomadaire.
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Liens :
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