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Eugène Carrière

Autoportrait - circa 1893 - huile sur toile - 41.3 x 32.7 cm

Metropolitan Museum of Art, New York


Peintre et graveur français né à  Gournay-sur-Marne 1849, mort à Paris en 1906

Élève à l'École des Beaux-Arts de Paris en 1870, il fut après la guerre franco-prussienne élève de Cabanel de l'Académie (1823-1889) dont la toile la plus connue, La naissance de Vénus (1863)...

...se trouve au Musée d'Orsay à Paris, mais il sut se libérer très vite de ces influences qui lui avaient donné un style où se mêlait les riches couleurs de Rubens et de Velasquez pour passer à cette poésie douce et pénétrante qui a marqué toute son oeuvre, particulièrement à partir du milieu des années quatre-vingt.

Il a surtout peint "des maternités et des portraits traités dans un camaïeu gris-brun d'où les formes essentielles se dégagent en clair" (Petit Marshall - Presse de l'UdeNap, 1991).

"Ma famille" d'Eugène Carrière

Plus préoccupé par les formes que par les lignes, Eugène Carrière a laissé dans ses oeuvres des visages qui semblent être enveloppés d'une sorte de brume mais qui conservent néanmoins un modelé expressif qui est devenu de plus en plus intense au fur et à mesure qu'il s'est mis à rendre de plus en plus flous ses contours.

 


La biographie d'Eugène Carrière reste à être écrite. - On souhaiterait, dans un avenir rapproché, qu'une rétrospective de ses oeuvres, comme celle organisée en 1997-1998 à Rouen et à Brescia pour Émile Blanche, résulte en un catalogue comme celui qui l'accompagnait : Jacques-Émile Blanche (1861-1942), peintre - Réunion des Musées Nationaux, Diffusion Seuil (1997).

 

Pour le moment, le recherchiste doit se contenter des bribes d'informations éparpillées dans les écrits, la correspondance de ses contemporains ou dans les études et biographies écrites sur eux :

 

Dans le Journal d'André Gide, par exemple, où l'on apprend que Carrière a été opéré chez les Frères-Saint-Jean-de-Dieu (1er décembre 1905) et que lui, Gide, a écrit à Raymond Bonheur une lettre au moment de la mort du peintre (8 avril 1906)...

 

Dans l'André Gide ou la vocation du bonheur de Claude Martin (Fayard 1998 - tome 1) où l'on mentionne que, le 10 mai 1902, il a assisté, en compagnie de Gide, des Valéry, d'Ernest Rouart (etc.) à une des toutes premières représentations de Pelléas et Mélisande...

 

Dans l'abondante correspondance de Marcel Proust (Philippe Kolb)...

 

Dans celle de Zola (PUM, 1995),

 

Etc., etc.

Pour ceux qui désireraient des informations moins anecdotiques, on peut penser les référer :

 

Au recueil de ses lettres et autres écrits, Paris. Societé du Mercure de France. 1907

 

À : Eugène Carrière et le Symbolisme de M. Florissone et J. Leymarie (Édition des Musées nationaux, 1950).

 

Ou, en anglais, à : Eugene Carriere : His Work & His Influence de  Robert J. Bantens, UMI Research Press, 1975.

 

Ou encore à : Eugene Carriere. The Symbol of Creation avec une introduction de Robert Rosenblum - New York, Kent Fine Art, 1990.

 

Et à : Delteil, Loÿs - Le peintre-graveur illustré (XIXe et XXe siècles) - Paris, à compte d'auteur, 1906-30.  - Tome huitième. Eugène Carriere (1913). - Ce livre contient une lithogravure originale : "Méditation".

 

En allemand : Eugene Carriere 1849-1906. Catalogue. Strasbourg 1996/97. Beitr. von M.F. Zimmermann, M.J. Geyer u.a. 4to. 240 s. mit 141 (74 farb.) Abb., Ausst´verz., Bibliographie, Chronologie, brosch.

Pour le moment, les renseignements les plus accessibles se trouvent dans le Journal des Goncourt qui parle abondamment d'Eugène Carrière qu'il (Edmond) admirait énormément : cinquante-deux citations dont certaines s'étirent sur deux et même trois pages (visites d'expositions, rencontres, etc.) et qui vont de 1889 à 1896 :

 

 

 

Edmond de Goncourt par Eugène Carrière (détail)

 

J'ai enfin trouvé la vraie définition du talent de Carrière : c'est un Vélasquez crépusculaire. 

            (Samedi 19 octobre 1889)

 

Carrière, parmi les jeunes, le seul talentueux, le seul original, un réaliste fantomatique, un peintre psychologique, qui ne fait pas le portrait d'une figure mais le portrait d'un sourire.

            (Mercredi 14 mai 1890)

 

Après la lecture de la pièce, Ajalbert (1) m'entraîne chez Carrière qui habite tout près, à Villa des Arts, une triste villa aux murs d'un gris demi-deuil et aux petites portes d'un rouge pompéien. Je trouve Carrière en train de peindre d'après nature un grand portrait de Geffroy (2), qu'il doit réduire pour mon volume (3). C'est d'une composition très originale, la grande toile esquissée pour Gallimard et représentant le paradis du théâtre de Belleville, cette grande toile faisant le fond de l'atelier où les personnages s'arrangent admirablement dans le croisement des courbes hémiciclaires du haut de la salle.

    Mais ce qu'il est vraiment, ce Carrière, il est le peintre de l'Allaitement. Et c'est curieux de l'étudier dans sa tendre spécialité, dans quelques toiles qu'il n'a pas encore vendues et dans un nombre immense de dessins, qu'il dit être la représentation des gestes intimes et qui sont d'admirables études de mains enveloppantes de mères et de têtes de téteurs ou dans ces visages vaguement mamelonnés, il n'y a que les méplats du bout du nez, des lèvres et de la valeur de la prunelle et où sans apparence de linéature, c'est le dessin photographique du momaque, la configuration cabossée de son crâne. gestes intimes et qui sont d'admirables études de mains enveloppantes de mères et de têtes de téteurs ou dans ces visages vaguement mamelonnés, il n'y a que les méplats du bout du nez, des lèvres et de la valeur de la prunelle et où sans apparence de linéature, c'est le dessin photographique du momaque, la configuration cabossée de son crâne.

            (Mercredi 4 juin 1890)

 

Exposition de Carrière chez Boussod et Valadon.

    Une première impression un peu cauchemardesque : l'impression de rentrer dans une chambre pleine de portraits fantomatiques, aux grandes mains pâles, aux chairs morbides, aux couleurs évanouies sous un rayon de lune. Puis les yeux s'habituent à la nuit de ces figures de crypte, de cave, sur lesquelles au bout de quelque temps, un peu de rose des roses-thés semble monter sous la grisaille de la peau... Et au milieu de tous ces visages, vous êtes attirés par des figures d'enfants aux tempes lumineuses, au bossuage du front, à la linéature indécise des paupières autour du noir souriant de vives prunelles, aux petits trous d'ombre des narines, au vague rouge d'une molle bouche entrouverte, à la fluidité des chairs lactées, qui n'ont point encore l'arrêt d'un contour - des figures d'enfants regardées, en des penchements amoureux qui sont comme des enveloppements de caresse, par des visages de femmes, aux cernes profondes, aux creux anxieux, aux grandes lignes sévères du dessin de l'Inquiétude maternelle.

            (Mardi 5 mai 1891)

 

Une ou deux notes discordantes :

 

On m'avait dit que Carrière était un rosse, qu'il avait montré, à propos d'une commande de l'Hôtel de Ville à Chéret, une animosité indigne. Frantz Jourdain (4) m'affirme que même tous les jours, il n'est pas bien bon pour l'ami Geffroy, et dans les milieux hostiles au critique. Si ça est vraiment, c'est épouvantable ! Geffroy, le chantre de son talent en tout endroit de sa copie, Geffroy qu'on appelle dans notre monde à cause de son adoration tendre et soumise pour sa peinture, la Femme du peintre !

            (Samedi 14 mai 1892)

À carrière, peintre de talent, mais ami médiocre...

            (Mardi 4 avril 1893)

 

*

Le lecteur se référera pour ces citations au troisième volume du Journal des Goncourt - Robert Laffont - Collections Bouquins - 1989


 

Société des Amis d'Eugène Carrière

 

La Société des Amis d'Eugêne Carrière, 3 rue E. Pêcheux à Gournay, Marne, a fêté en 2002 son dixième anniversaire.

Extrait de ses activités en l'an 2002 :

 

La couleur : ses mots, ses expressions, son histoire
Conférence d'Annie Mollard-Defaux du CNRS
Dimanche 20 janvier 2002 à 15h30 ; Espace Eugène Carrière

Gauguin
Conférence de Jean-Jacques Mangin, artiste-peintre
Samedi 9 mars 2002 à 15h ; Espace Eugène Carrière

Assemblée générale «1992-2002 : 10 ans d'activité»
Suivie du déjeuner annuel
Samedi 6 avril 2002 à 11h ; Espace Eugène Carrière

Journée du Patrimoine à l'Espace Eugène Carrière
Visite commentée et animation théâtrale
Dimanche 15 septembre 2002 en journée


Sous réserve de l'exposition sur la porcelaine Nast au château de Champs sur Marne : conférences sur la Céramique Impressionniste et sur Eugène Carrière, décorateur des Emaux de Longwy. Avec la participation de Laurens d'Albis et de Christian Leclercq, meilleur ouvrier d'Art des Emaux de Longwy

Visite au Musée d'Orsay
Parcours commenté des tableaux d'Eugène Carrière
Samedi 23 novembre 2002 à 14h30

 

Pour un rapport complet officiel de la Société au 20 avril 2021, voir à :

 

https://www.societe.com/documents-officiels/societe-des-amis-d-eugene-carriere-511898249.html

 

(Livraison : 10 min. par email - 3,90€)

 


L'Espace Eugène Carrière, situé 3 rue E. Pêcheux à Gournay sur
Marne est un musée associatif consacré au peintre Eugène Carrière.


Fut ouvert au public :


Les samedis 19 janvier, 9 février, 23 mars, 13 avril, 7 septembre, 12 octobre, 16 novembre et 7 décembre 2002 , de 15h à 18h.


Les dimanches 5 mai, 9 juin, 7 juillet et 4 août 2002, de 15h à 18h
et sur rendez-vous

Renseignements : 01-45-92-89-84 legratiet@eugenecarriere.com



(1)
Jean Ajalbert (1863-1947), auteur français d'origine auvergnate. - Fut un des signataires de la lettre de protestation en faveur de Zola (1899) et membre de l'Académie Goncourt (28 novembre 1917). - A écrit plusieurs volumes sur son pays natal : L'Auvergne (1896), En Auvergne - E. Dentu, 1893, Veillées d'Auvergne - Bar-le-Duc et Paris : impr. Comte-Jacquet - Ernest Flammarion, 1926, L'Auvergne - Flammarion, 1925, etc.

 

(2) Gustave Geffroy (1855-1926), journaliste, écrivain et critique d'art français. On lui doit, outre ses articles réunis en volumes, douze volumes sur les musées d'Europe publiés de 1904 à 1913, des études sur Gustave Moreau, Daumier, Rubens, Constantin Guys, Lalique, Claude Monet, etc. - Fut élu membre de l'Académie Goncourt en 1896.

 

(3) Les notes d'un journaliste de Gustave Geffroy, que Goncourt fait orner pour sa collection de livres modernes, d'un portrait monochrome à l'huile par Carrière.

 

(4) Frantz Jourdain (1847-1935), architecte français d'origine belge. On lui doit, entre autres, les grands magasins de la Samaritaine du toit desquels Jason Bourne (Bourne Identity, film de Doug Liman - 2002), tient en joue son contact sur le Pont Neuf.


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