Chirurgien français, né à Bellême
(Orne) le 26 mars 1857, mort Paris le 27 octobre 1929.
Interne des hôpitaux en 1880, prosecteur en 1884, il
fut chirurgien des hôpitaux de Paris en 1885 et professeur agrégé en 1889.
En 1914-1915, il présida la Société de chirurgie. Pendant la guerre de
1914-1918, il fut chirurgien consultant aux armées, chargé de nombreuses
missions et président des conférences chirurgicales interalliées. En 1918,
l'Académie de médecine l'appela à sièger parmi ses membres. En 1924, il
présida le congrès de chirurgie. Il était grand officier de la Légion
d'Honneur et décoré de la croix de guerre.
Membre d'un grand nombre de sociétés chirurgicales
étrangères, il était également membre honoraire de la Royal Society de Londres
et docteur honoris causa de l'université d'Edinbourg.
Le renom de Tuffier avait, en effet, dépassé [les]
frontières [de la France] et il était dans tous les pays considéré comme il
l'était [dans son propre pays], comme un des maîtres incontestés de la
chirurgie contemporaine. Cette renommée, il ne la devait pas l'éclat de sa
matrise opératoire, l'audace de ses opérations, son enseignement très
suivi dont le succès ne fut nullement entravé par ce fait que, pour des
raisons étrangères à la science et sa valeur, il n'obtint jamais de chaire
professorale. Il le devait aussi ses découvertes, ses initiatives, son
tempérament parfait de chirurgien toujours soucieux de ce que la chirurgie
pouvait apporter aux hommes de soulagement dans les maux les plus divers, des
progrès techniques qu'elle pouvait réaliser, des conditions qui étaient
susceptibles de la rendre plus efficace et d'accroître son champ d'action.
Il avait, dès ses débuts, entrepris des recherches
originales de physiologie appliquée à l'art opératoire, puis il s'était livré à
des travaux de chirurgie expérimentale qui lui avaient fourni des
renseignements précieux qu'il devait plus tard appliquer la chirurgie
humaine. Ainsi armé, il avait pu aborder les champs les plus neufs de
l'intervention opératoire, être un novateur en matière de chirurgie de
l'estomac, des poumons, du coeur, du rein, des gros vaisseaux sanguins. Il
avait, le premier ou l'un des premiers, conçu un traitement chirurgical de la
tuberculose pulmonaire, chapitre qui depuis a pris un développement
considérable. Le premier aussi, il avait réalisé l'anesthésie au cours des
opérations par l'injection de cocaïne dans le canal rachidien, alors que Bier
n'avait employé cette thérapeutique hardie que pour soulager les souffrances
de certains malades. Il n'avait cessé de perfectionner et de répandre ce
procédé qui est aujourd'hui appliqué dans le monde entier.
Truffier avait connu de grands succès de clientèle ;
il avait été appelé à donner ses soins à M. Clémenceau lorsque celui-ci avait
été victime d'un attentat en 1918. On peut rappeler aussi qu'il fut délégué
français à l'inauguration à Pékin de l'Institut de médecine fondé par la
mission Rockefeller. Il avait rapporté de son voyage en extrême Orient des
renseignements très précis sur l'enseignement de la médecine dans ces pays et
sur l'influence des idées françaises.