On aurait tort de croire que la
musique sud-américaine ou antillaise en dehors de ses pays d'origine et
au cours des années trente, quarante, cinquante et même soixante, s'est
limitée aux interprétations des orchestres - quand même nombreux - de Xavier Cugat, Tito
Rodriguez, Machito, Tito Puente, Perez Prado, Migelito Valdes, Lecuona [Cuban]
Boys, Del Campo, Conjuto Kubavana, Alfredito Valdes, Aragon, Chano Pozzo,
Don Marino Barreto et des trios Hermanas, Marquez, Oriental, Avileno,
Matamoros et Servando Diaz (sans oublier le célèbre sextet des Concetos
Hermans du Caraguay) quand, pendant près de cinquante ans, entre 1940 et
la fin des années quatre-vingt, les divers orchestres d'Edmundo Ros ont
symbolisé, particulièrement en Angleterre, le plus parfait exemple de
l'idée qu'on se faisait et qu'on se fait encore des rythmes cubains et
sud-américains.
Né en 1910 à Port of Spain au Trinidad mais ayant
immigré très jeune en compagnie de ses parents au Venezuela, Edmundo Ros
devait, à l'origine, faire carrière comme son père en tant qu'avocat. Le droit
ne l'attirant pas du tout, il se joint à l'armée du Venezuela au début des
années trente et, grâce ses connaissances musicales, il en devint vite un des
membres de son principal orchestre allant jusqu' en devenir son
percussionniste attitré vers 1936.
En 1937, profitant d'une bourse d'étude, il se dirigea
vers Londres où il s'enregistra à la célèbre Royal Academy of Music mais, comme
tous les étudiants de tous les temps, sa bourse ne lui permettant que de
survivre, il se mit chanter et jouer de la percussion au sein de
l'orchestre de Don Marino Barreto alors la coqueluche de tout Londres et qui
présentait pour la première fois en Angleterre des airs et rythmes cubains à
l'Embassy Club. - Il y passa près de trois ans.
En 1940, ayant décidé d'abandonner ses études, il
forma un premier quintet qui devait se produire tous les soirs au Cosmos Club
(rue Wardour) mais ce club, installé dans un sous-sol, eut le malheur d'être
déclaré presque aussitôt abri anti-bombardement par les autorités londoniennes.
Pendant quelques temps, les affaires n'allèrent pas si mal mais quand, un soir,
les lieux devant servir d'abri se trouvèrent déjà remplis par des gens venus
l'écouter, il lui fallu déménager son orchestre rue Saint-Régis. Quelques jours plus
tard, ce nouveau local fut détruit lors d'un bombardement.
Ne se décourageant pas, Edmundo passa au Regent
Street's Coconut Grove puis au Martinez Spanish Restaurant et finalement, en
1942, au Bagatelle, un des cabarets les plus en vue de l'époque. En novembre,
il est en vedette au London Palladium puis en 1943 - et pendant douze mois - il
est le musicien attitré la fois du Bagatelle, de l'Astor Club et du
Palladium. - Il est lancé !
Au cours des quarante-sept années suivantes, avec des
succès au palmarès jusqu'au début des années soixante-dix, il sera en demande
partout en Angleterre et en Europe où son seul nom était demeuré synonyme
d'exotisme et de musique rythmée à la sud-américaine.
Son originalité - on lui a reproché souvent - consiste
avoir adapté des airs de son époque en leur insufflant ce petit quelque chose
qui, comme disait le critique David Hillmer, faisait qu'en l'écoutant, on
se sentait chez soi tout en étant dans un endroit exotique.
Ses disques se sont vendus à des millions
d'exemplaires. - Ce fut le cas, entre autres, de son Wedding Samba
adapté d'un air de folklore juif (sic) en 1950 - plus de deux millions de
copies vendues ! - mais on ne saurait passer sous silence divers autres
enregistrements dont le très connu Mambo Jambo de Perez Prado
(même année), Shoo The Little Fly Away (1946) et ce qui fut sans
doute sa plus belle réussite, Mama Yo Busco Un Querer
(même année).
Pas convaincu ?
Ils suivent, mais soyez quelque peu indulgent ; ces enregistrements ont plus de cinquante ans
quoique tous aient été été enregistrés en Angleterre.
(Le chanteur n'est nul autre qu'Edmundo lui-même.)
The Wedding Samba (Small, Ellstein et Liebowitz) -
1949 :