Alicia
Maria Ascension
Alicia Maria Conchito Angela Francesca
Ascension n'avait que seize ans lorsqu'elle fut découverte par le cinéaste
autrichien Oskar Frölisch venu au Caraguay pour y tourner un documentaire. Un bout de film, tourné en catimini, en fit
une vedette internationale bien avant qu'elle reçut la permission de ses
tuteurs de faire du cinéma. Mais la jeune Alicia n'en était pas à sa première
fugue.
Née en 1975, orpheline à six
ans, Alicia
Maria fut élevée par les Soeurs de la Congrégation du Précieux Sang de Notre
Sauveur au couvent de Santa Magdelena, dans la banlieue nord de San Isidor
del Casso où ses talents pour la gymnastique furent très vite remarqués.
Championne de son pays à l'âge de dix ans, aux
barres asymétriques et à la poutre, son nom était déjà connu avant qu'elle ne
passe, à douze ans (en 1987), du côté du piano, sous la direction de la très
renommée Soeur Maria Gomez qui avait déjà à son crédit la formation du
pianiste de réputation sud-américaine, Roberto Panderos. Mais la danse
et le cinéma l'intéressaient par-dessus tout.
Se faufilant à la faveur de la nuit, elle en
profitait pour aller écouter les orchestres de riota locales où, souvent
prise pour une fille d'un des musiciens, elle dansait jusqu'à la fermeture
des bars sur des airs de Henrique Solar qu'elle interprétait avec
fougue, force et brio.
C'est dans un de ces bars que la
découvrit Oskar Frölisch qui lui offrit un rôle dans son prochain film, Solotänzer. - Rendez-vous fut pris pour le surlendemain aux studios de
la Subvención, (voir Caraguay - Cinéma), mais lorsque Frölisch
apprit que l'adolescente n'avait que seize ans, qu'elle n'avait ni père, ni
mère, qu'elle était encore étudiante dans une communauté religieuse, il était
trop tard ; le bout de film qu'elle avait tourné était déjà rendu au studio
viennois du producteur Helmut Forst. - Ce bout de film, en soi, était
inoffensif : on voyait Maria exécuter un court riota, débout sur une table,
dans un costume fort convenable mais son visage non encore apprivoisé plut au
producteur qui demanda à Frölisch de l'engager sur le champ.
Peu s'en fallut, quand la chose fut
découverte, pour que Frölisch ne soit pas arrêté pour détournement de mineure,
incitation à la débauche ou une accusation du même genre dans ce pays fort
catholique, jaloux de ses traditions et surtout excessivement possessif
vis-à-vis son ex-championne de gymnastique déjà, comme nous l'avons dit, fort
connue. L'intervention in extremis de l'ambassadeur d'Autriche au Caraguay,
un dédommagement financier fort important (à ce qu'on rapporte) aux Soeurs du
Précieux Sang de Notre Sauveur et la promesse que Frölisch ne remettrait plus
jamais les pieds au Caraguay étouffèrent l'affaire non sans que des vidéos de
la prestation de la jeune Maria se mettent à circuler un peu partout au pays.
Quant à Maria, elle fut enfermée au cloître de San
Isidor della Madone où, espérait-on, elle apprendrait à se conduire comme une
jeune fille de son âge.

Le jour de ses dix-huit ans (le 27 août 1993), elle demanda à
être relevée de ses voeux qu'on lui avait demandé de prononcer et, munie d'une
simple valise en carton, elle débarqua Place San Isidor avec une seule idée en
tête : rentrer en communication avec celui qui lui avait donné l'occasion de
danser devant une caméra.
S'étant assuré, cette fois-là, qu'elle avait bien
l'âge requis, les documents appropriés et un passeport en bonne et due forme,
Frölisch la fit venir en Autriche, l'installa chez lui et lui fit suivre des
cours d'allemand, d'anglais, de français, de pose de voix, de démarche et en
fit la vedette d'un autre de ses films, Scheu.
Le succès fut
instantané : cent vingt huit mille entrées dès le premier week-end. - Elle
tourna par la suite dans Das Blau Motarrad et Die
Grünpflanze avant d'être appelée à Hollywood où des producteurs peu
scrupuleux insistèrent pour qu'elle tourne nue des scènes dans une série de
films soft-core vite oubliés (dont ceux de la série "Vegas") et qu'on peut revoir sur certaines chaînes
spécialisées. - Elle dit de ces films,
aujourd'hui, qu'ils lui auront permis de démontrer qu'elle était blonde
naturelle.

Mêlée au jet-set hollywoodien, on la vit
plusieurs mois durant aux bras de jeunes stars montantes, au restaurant, lors
des premières, dans divers tournois, puis, lasse (on parle d'alcool et de
drogue), elle décide de retourner en Europe où un jeune cinéaste français, Robert Legendre, la reprend en main et la fait tourner dans un film
mettant en vedette Marina Schneider et Maria Vlady, les Amants de
Saint-Étienne. - Encore une fois, c'est le succès mais un succès de
critique, le seul qui puisse compter dans ce pays à la riche histoire
cinématographique.
Du soft-core, Maria passe aux films
d'essai. - Elle tournera, coup sur coup, Les calendes grecques (Rumeur), Le cheval de scène (Klatry), La table est mise (Ourval) où ses formes finissent par percer malgré des scénarios plus ou moins déroutants.
De retour au cinéma dit populaire, Maria fut une
excellente cycliste dans Le Robert (Maxell) et une barmaid au
grand coeur dans La visse (Nutte).
On la vit par la suite dans un film de
science-fiction, Les visiteurs des anneaux de Saturne (sortie en
salle : 15 septembre 2002) du jeune
réalisateur Vincent Lioret où elle joua le rôle de Carcarella.

"J'avais décidé, dit-elle
dans un interview, peu après, d'orienter ma carrière vers des films sans
prétention où mon physique jouerait un rôle, certes, mais moins qu'avant. - Ce
que je voulais que les gens retiennent, c'est mon visage et ma façon de me
déplacer, de bouger. "
En 2004, Madame Ascension
fut de
retour dans son pays où elle tourna une version sud-américaine de Sheena, Queen of the Jungle.
Un mariage raté, un accident de voiture et la gravité mirent fin à sa carrière.
***
"Elle avait,
écrivait le critique Raoul de Gens-Bienmis, dans Le globe, la chaleur
de Jane Fonda, l'abattage de Zizi Jeanmaire et la fraîcheur de Zazie dans le métro .
"
***
Les photos
ci-dessus, à l'exclusion de la dernière, sont tirés du film Les calendes grecques
de Frédéric
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2021-04-29
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