Les billets de Madame George Gauvin

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No. 051 à 060
(Du 7 août 2017 àau 2 juillet 2018)
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060-2018-07-02
Festivals
Avez-vous des amis festivaleux ? - Vous savez de qui je veux parler : de ceux qui sont de tous les festivals : celui de la Francopholie, du Cirque, du Jazz, de la Musique Baroque,
de la Bière, de la Galette... Il y en a une bonne centaine par année, au Québec. Ça ne me surprendrait pas qu'il y en ait un du "Gun à caulker".
Je n'ai rien contre. Allez, promenez-vous, dansez si vous le voulez. C'est votre affaire, mais moi, TOUS les festivals me dépriment.
J'étais sur la rue St-Denis (Montréal) smaedi ou dimanche dernier. Avec mon chum, son chum et son amie.
Il a fallu faire la queue pendant une demi-heure pour manger une pizza dans un endroit particulièrement bondé. Mais nous étions près de la fenêtre et de temps à autres, je regardais les gens passer.
Bout de bon Dieu que j'ai pas hâte de vieillir, d'élargir, de marcher lentement et de me poenser de la dernière mode avec des robes
«blanches et jaunes avec des fleurs de rideaux».
Georges
***
059-2018-06-04
Le bonheur !
Il y a des jours où j'arrive à comprendre - non pas à accepter, mais à comprendre - l'attitude des musulmans vis-à-vis leurs femmes.
Pas qu'ils sont pires que certains autres :
les fondamentalistes du sud des États-Unis et certains machos que je connais ici, au Québec ne sont pas des princes charmants.
Je crois qu'ils, les musulmans, les craignent.. D'où cette tendance à les empêcher de poursuivre des études, de circuler librement, de rencontrer d'autres hommes, de se promener le visage à découvert en public... pas besoin de vous énumérer le reste. - Ils les
craignent parce qu'ils ont aucune idée de ce qu'elles sont et surtout de ce dont elles sont capables.
Pensez ce que vous voulez, mais même dans la société supposée «libre» dans laquelle nous vivons, les mêmes rermarques s'appliquent. À un moindre degré, je vous le concède, mais il y a une chose
certaine : les hommes n'ont aucune idée de ce qu'est une femme.
La question que je me pose est : est-ce que nous sommes différentes parce que nous sommes traitées et avons toujours été traitées différemment ou sommes-nous, à la base, différentes ?
Qu'est-ce qui fait qu'une Marie Curie existe et que certains hommes sont plus féminins que bien des femmes ?
Je n'ai pas de réponses à ces questions. Je sais tout simplement qu'il a toujours eu entre mes chums et moi un mur qui a toujours été et qui est toujours infranchissable.
De temps à autres, je me compare à lui et la seule chose qui me
vient en tête, c'est que je suis plus émotive et, qu'en conséquence, je suis plus vulnérable à toutes ces petits détails qui se produisent au cours d'une simple journée.
Pas certaine, mais je suis presque convaincue que, l'un dans l'autre, les femmes sont plus malheureuses que la plupart des hommes - enfin : plus souvent - et que, pour une heure, une demi-journée, une semaine, un mois, peut-être même trois ou quatre, nous sommes prêtes à sacrifier beaucoup pour être ce que les hommes ne pourront jamais être (tant pis pour eux) : parfaitement heureuse.
C'est comme un accouchement sans douleur avec toute la joie qui s'ensuit.
George
***
058-2018-05-07
Money, money, money
On dit qu'il est comptant, ou liquide. Quand j'étais
petite je me demandais comment une pièce de monnaie pouvait être contente.
Pour le liquide, je sais depuis longtemps : l'argent que je mets
dans mon porte-monnaie a tendance à s'évaporer. Certaines de mes
fins de mois débutent le six et ces temps-ci, je ne sais pas ce qui
se passe, mais je suis toujours à court et quand le petit me
demande quelques dollars pour s'acheter ceci ou cela, je n'arrive
pas à savoir ni où ni comment je finis par les lui trouver.

Ma boss prendra sa retraite à la fin du
mois. Je la connais : elle n'a pas plus d'argent que j'en ai. Pire :
même pas une maison à demi-payée (comme celle que j'habite),
qu'elle pourrait vendre et trouver ainsi une certaine somme pour
continuer à vivre convenablement. - Elle a dit qu'elle allait
demeurer chez sa soeur à Saint-Éloigné-des-Chars, six centimètres
au nord de toutes les cartes géographiques connues et inconnues. -
Quoi ? Après avoir vécu soixante ans sur le béton ?
Et quand viendra mon tour, qu'est-ce qui va
m'arriver ? Moi qui ait de la difficulté à mettre quelque chose de
côté ne serait-ce que pour les imprévus... Imprévus ? Tout ce
qui m'arrive est imprévu.
Non. Quand même. Je n'achète pas de billets de
loterie.
Georges
***
057-2018-04-02
Madame Brochu
Non, ce n'est pas Madame Brochu, l'amie de la mère
à Rolland (voir la chronique de Simon Popp), mais Rolland lui-même
qui m'a dit d'attendre encore une semaine ou deux avant de changer
les pneus de ma voiture, car, à moins cinq ou moins huit (je ne m'en
souviens plus), les pneus d'été n'avait pas l'adhérence des pneus
d'hiver.
La belle affaire !
Comme si, en plus de tout ce que je dois savoir
au bureau, sur l'éducation des enfants, l'entretien d'une maison,
la colorisation de mes cheveux et la marque de la meilleure pâte à
dent, je doive savoir tout sur les pneus de ma voiture.
Docteur Kildare, Marcus Welby, s'il vous plaît,
sauvez-moi la vie... comme disait Lucien Francoeur.
Georges
***
056-2018-03-05
Invasions nuisibles
Doit exister, quelque part dans un très éloigné
village du fin fond d'ailleurs, une dizaine de centimètres en
dehors de la dernière des cartes routières connues, une femme,
de mon âge, qui ressemble à toutes les femmes du monde ordinaire,
qui n'a jamais pris le métro, n'a jamais été dans une discothèque,
ne s'est jamais retrouvée seule avec un homme dans une auto et qui
n'a jamais été invitée à un party de bureau. Celle-là, l'unique,
ne s'est jamais fait pincer les fesses, embrasser brusquement contre
sa volonté,
prendre un sein ou s'être fait tasser dans un coin par un bonhomme
dont les intentions et parfois une certaine partie de son anatomie
étaient très visibles. - Je n'irai pas jusqu'à affirmer
qu'on ne lui a jamais dit des paroles offensantes ou que l'on ne l'a
jamais sifflée dans la rue ou que tous les coups de klaxons qu'elle a
entendus depuis qu'elle est au monde étaient destinés uniquement
à la circulation. - Non. - Mais plus plus j'en apprend de la bouche même
de mes amies, de mes collègues de travail, de mes cousines, de mes tantes, jusqu'à
celle de ma mère
- et je n'ai pas osé demander à ma grand-mère -, plus je suis
convaincue qu'à un moment donné toutes les femmes, y compris les
plus grosses, les plus laides et les plus mal faites, ont été victimes d'un - appelons la chose par son nom -
abus sexuel.
Ce que l'on entend à propos de certains
politiciens, comédiens, chanteurs, directeurs de production, réalisateurs
américains depuis quelque temps ne me surprend pas du tout. Si
encore ça s'arrêtait là, je ne dis pas que je me tairais, mais
localement, nous avons nos prédateurs à nous et, d'après ce
que j'ai lu récemment, de jeunes hommes ont été les victimes de l'équivalent, mais en tant que mâles.
N'ayant pas été une victime disons «régulière»
de ce genre de situation, les histoires que j'entends autour de moi
me font dresser les cheveux sur la tête. C'est viol par çi, viol
par là, parfois à treize et même douze ans, des promesses non tenues, un harcèlement
continu au travail, des contraites d'exécuter - sous peine de chantage ou de
blessures - des choses contre-nature et même d'incestes. Un véritable abécédaire
d'abus sexuels en tout genre.
Paul me disait, en souriant l'autre jour que, jeune,
il a passé plus de six ans en compagnie de curés, prêtres, soeurs et
frères et que jamais on ne lui avait fait une proposition
quelconque. «Pourtant, disait-il, quand je regarde des
photos qu'on a prises de moi quand j'avais cet âge-là, je n'étais
pas laid.» - «Oui, mais après ?» - «Oh... après,
oui, je me suis retrouvé quelques fois dans des situations
embarrassantes, mais je m'en suis régulièrement sorti.» - «Régulièrement
ou habituellement ?» - «Faut pas demander.» m'a-t-il répondu.
- Avec sa permission, je le mentionne ici pour signaler une chose :
Que nous nous considérons comme des gens civilisés,
mais il nous reste encore beaucoup de chemin à faire.
En attendant, je me prépare une paire de claques
pour le prochain qui osera...
Georges
***
055-2018-02-05
Pas froid : frette
«Ma foi du bon Dieu», comme disait le père d'une de mes amies récemment.
Généralement un de ceux qui ont dépassé la soixantaine et même
la soixante-dizaine. "Je suis peut-être atteint de l'Alzheimer, précisait-il, mais je ne me souviens pas avoir eu froid comme aujourd'hui, ni même avoir été avisé de ne pas sortir aussi souvent dans une seule journée." - Y'avait de quoi se plaindre, le
bonhomme. On répétait à la radio qu'avec le "facteur éolien" ("Une affaire pour nous accroire que l'avenir est aux autos électriques" ai-je entendu il y a une semaine), nous atteindrions cette journée-là moins trente-cinq-quelque-chose. Autant déménager à Chibougamau ou, comme dit Paul, à Barraute, en Abitibi.
Moi ? Je suis sortie, comme il le fallait bien, pour me
rendre au travail, avec mon tailleur, ma chemise blanche et mes collants, avec, par dessus, le *** que mon chum m'a acheté pour mon anniversaire l'automne dernier. "Testé dans le Grand Nord. - Moins cinquante.", c'était écrit sur l'étiquette...

Y'a-t-il des filles dans l«Grand Nord» qui vont travailler en tailleur, les fesses protégées par un milimètre de pseudo-nylo et les pieds dans des bottes en imitation de simili-cuirette (synthétique) qui sont moins épaissses qu'une paire de bas et qui coûtent les yeux de la tête ? - De quoi se demander si nos mentruations vont, oui ou non, geler sur place.
Les gars, eux, arrivent en chars, préchauffés dans le garage de leurs appartements, genre chauffrettes-à-faire-fonde-du-beurre.
Et ces chars, ils les garent dans l'immeuble du bureau.
Égalité salariale ? - On a beaucoup plus de
chemin à faire.
Georges
***
054-2018-01-02
2018
Non, mais y'a-t-y kek'chose de plus bête que
trois, quatre gars, accotés dans un bar, qui boivent de la bière
et qui nous regardent, nous autres, trois, quatre filles assises
ensemble avec nos cocktails en train de célébrer la fête de l'une
d'entre-nous, que ce soit deux semaines avant ou deux semaines après
Noël ? - S'imaginent que, parce qu'ils portent un complet (parfois
un chandail qui ne leur va pas du tout) qu'à force de nous
regarder, y'en au moins une qui va aller baiser avec l'un d'entre
eux. Le soir même.
Y'a pire : la moins jeune dans la table d'à côté,
qui, avec sa p'tite jupe courte et ses seins qui débordent de son
chemisier convaincue qu'il y en un d'entre eux qui, éventuellement,
l'amènera en croisière autour du monde et lui offrira tout ce
qu'elle a toujours désiré, y compris une villa et un avenir assuré.
Est-ce que les rituels de la séduction se sont
toujours passés comme ça ?
De grands séducteurs, oui, j'en ai connus. J'en
aime encore un. Et je l'ai pas trouvé accoté dans un bar avec ses
chums. - Il fut plutôt discret, poli, gentil et, bout de bon dieu,
qu'il avait de belles mains ! - Je me souviens lui avoir
raconté ma vie, mon enfance, mon premier amour et puis, au beau
milieu d'une phrase, je me suis étouffé. Une bouffée de honte m'était
remontée dans la gorge. - Il m'aurait pris dans ses bras, m'aurait
amené dans le pire taudis de la ville, je l'aurais suivi. - Étais-il
beau ? Non. Grand ? Non. Avait-il de belles dents ? Non plus. - Mais
il avait, en plus de ses mains magnifiques, un de ces regards...
Il n'avait qu'à lever les yeux et j'étais
perdue.
Il était marié et ça s'est passé en trois
minutes il y a mille ans.
Georges
***
055-2017-12-04
J'ai pas le temps, ni l'argent !
À mes amies, ma soeur, ma mère, mes cousines,
mon chum, mes ex-chums, mes collègues de travail et la
petite-qui-couche-avec-le-réalisateur-de «Vie des Arts» :
ARRÊTEZ de me suggérer d'aller voir tel
ou tel film, de ne pas manquer telle ou telle exposition, de passer mes
vacances à Puerto Distante plutôt qu'à San Asistido : JE
N'AI PAS LE TEMPS.
Ni le temps, ni les moyens, ni l'énergie pour tout
voir, tout visiter, tout connaître.
Avec mon salaire, ma p'tite jobine, mes p'tites
fesses et mes pieds pour lesquels on n'a pas encore trouvé une
paire de bottes qui durent plus que deux mois, j'essaie de vivre
selon mes moyens et je n'ai pas ceux qui
pourraient me permettre d'aller au concert à les soirs, même pas
d'aller prendre à tous les jours l'apéro avec les copines après le travail.
Georges
***
054-2017-11-06
De vraies folles
C'est M***, ma chum de tennis, qui a commencé.
Nous étions, elle, nos deux adversaires et moi, assises au café,
sur la mezzanine de notre club (au-dessus des quatre courts) quand
j'ai demandé qui était le beau blond musclé qui jouait sur le numéro
un. Elle m'a répondu : «Perds pas ton temps : il a déjà un
chum.»
Les autres ont continué :
- «Et celui en vert, sur le numéro trois,
a de petites mains.»
- «Tu le connais, toi aussi ? Une
demi-heure de taponnage suivi de deux minutes.»
- «J'ai connu pire : deux minutes de
taponnage et une heure.»
- «Et celui avec des lunettes, au fond ?»
- «Monsieur parle, parle, jase, jase.»
- «J' connais : beau parleur, p'tit
faiseux.»
- «Y'a pire : sport, p'tite vite, sport,
p'tite vite et nouvelles à onze heures.»
- «Moi, mon pire, ça a été un professeur
à l'U***. Savait tout mais connaissait rien. Même pas
capable de planter un clou ou d'ouvrir une bouteille de vin.»
- «Moi, j'suis déjà sorti avec un
connaisseur en vins. M' a fait honte dans tous les restaurants.»
- «Au moins, il buvait. Y'a rien de pire
qu'un gars qui fume pas, boit pas, sort pas. Et végétarien.»
- «Végétarien et fréquentateur de gyms.»
- «Oh parlez-moi pas des gyms. Je suis déjà
sorti avec un gars qui était abonné à deux et qui y
allait juste pour voir des filles
en collant.»
- «Du genre de ceux qui flirtent avec
n'importe quoi, y compris les poignées de porte.»
- «T'as dû sortir avec mon ex !»
- «Non : ceux-là on les reconnaît assez
vite. Ce sont les mêmes qui n'arrêtent pas de se regarder.»
- «T'as ben raison : un homme qu'on n'est
pas capable de séduire de temps en temps, c'est bien ennuyant.»

Ça a continué comme ça un bon bon bout de
temps, mais l'heure est arrivée et il a fallu retourner à nos chums.
Le mien m'a raconté quelque chose de semblable.
M'a parlé d'un cahier que lui et ses chums avaient laissé dans un bar
et dans
lequel chacun écrivait au jour le jour ce que tout homme en couple avait entendu au moins une fois dans sa vie :
- «T'es pas pour sortir habillé comme ça.»
- «On sait ben : c'est ma mère.»
- «C'est son dernier : on s'en va.»
- «Qu'est-ce que t'as fait ? Y'est six
heures.»
- «Tu trouves pas que je suis grosse dans cette jupe-là ? »
- «On va être les derniers arrivés.»
- «Vas-tu finir par la jeter, cette vieille
chemise-là !»
... et ainsi de suite.
Mon chum ? Il n'arrête pas de parler de son ex
qu'il appelle «Madame Tara». - «Madame Tara»
parce qu'elle n'arrêtait jamais de dire : «Tara dû tourner à
droite.» - «Tara dû faire des réservations.» - «Tara
pu t'renseigner.»...
Jara dû faire une religieuse.
Georges
***
053-2017-10-02
Tivision, Internet et téléphonie
Budget, budget, budget...
De petis problèmes de plomberie féminine m'ont
tenu réveillée il y a quelques jours et lassée de lire des
nouvelles sur les stars du moment, j'ai ouvert la télé et fait
comme mon chum : je n'ai pas essayé de savoir ce qu'il y avait à
la télé, mais de savoir ce qu'il y avait d'autre. - Tout
ce que j'ai vu, ce sont des pubs essayant de me vendre des batteries
de cuisine, des bijoux, des aspirateurs, des équipements pour
retrouver «ma ligne», des livres de recettes, des magazines
de mode et... des pneus d'hiver, - Des pneus d'hiver ! Alors qu'il
faisait, avec le taux d'humidité, plus de 35 degrés.
J'ai vu également quelques preachers et je-ne-sais-plus-combien d'émissions qu'on disait d'«information»
où l'on ne parlait que de Trump, de Trump et de Trump.

C'est à ce moment-là que j'ai commencé à me
demander qu'est-ce qu'on faisait à payer près de cent cinquante
dollars par mois pour un appareil qu'on n'ouvrait presque jamais, un
service d'Internet à haute vitesse pour lire des textos et envoyer
des messages pour lesquels nous nous servions presque exclusivement
de nos téléphones plus une ligne téléphonique dont nous avons
peine à nous souvenir du numéro.
Le lendemain, ne m'étant pas rendue au travail,
j'ai passé l'avant-midi à réviser les contrats que nous avions
signés, nos fatures pour tous ces services et, au bas mot, je me
suis aperçue qu'on pouvait facilement économiser de 80 à 90
dollars par mois en réduisant notre consommation de ces produits indispensables
à uniquement nos téléphones portables.
J'en ai parlé à mon chum, preuves en main, le
soir même qui m'a dit qu'avec mes cosmétiques... Je lui ai
mentionné que ses équipeents sportifs... Il est revenu à la
charge avec le prix de mes vêtements... J'ai rétorqué avec les coûts
de ses soirées dans les bars de sport...
Résultat :
La tivision est toujours là. L'internet haute
vitesse est toujours là. Et notre ligne téléphonique - dont nous
avons peine à nous souvenir du numéro (j'insiste) - est toujours là.
L'infidélité serait-elle une cause plus
importante de divorce que l'argent ?
Georges
***
052-2017-09-05
En beau maudit la semaine dernière.
Contre mon chum.
Et là je ne sais plus quoi lui dire.
Tout ça à cause de la mort de la mère de ma grande amie. - Il la connaissait, pourtant. - Sauf qu'il a refusé de se rendre à ses funérailles. - Oh, l'engueulade qu'on a eu ! - Puis le lendemain ou le
surlendemain, je ne m'en souviens plus, je me suis enfermée dans la salle de bain pour pleurer comme une folle.
Il avait sept, peut-être huit ans, quand une amie de sa mère appris que son frère était décédé et qu'elle devait, de Québec, se rendre à l'hôpital St-Luc, à Montréal, pour l'«identifier». Train, gare, tramway - c'était l'été - lui, sa mère et son amie se pointent rue St-Denis, angle De Montigny où ils furent dirigés au sous-sol de l'immeuble dans une salle où il y avait une douzaine de portes avec de drôle de poignés le long d'un mur. Et voilà que le préposé en ouvre une, fait glisser un tiroir ou se trouve une forme recouvert d'un
drap. Il en soulève un bout et dévoile le visage de celui qu'il avait si souvent vu à la maison. «Nous avons voulu lui donner une sorte de sourire...» furent les dernières paroles qu'il entendit.
Plus tard, il avait quinze ou seize ans,
il était à l'étage de l'établissement où il travaillait les week-ends,
En train de luncher lorsqu'il entendit le bruit d'une personne qui courrait dans l'escalier. Puis le bruit d'une chute. Il se leva pour aller voir ce qui se passait et vit un des employés de la boucherie appuyé
sur un mur se tenant le bas du ventre où jaillissait du sang comme d'une fontaine. C'était un jeune à peine plus âgé que lui qui, en coupant une pièce de viande, s'était accidentellement perforé l'estomac. Il le regarda et en l'espace de quelque secondes, il constata que ce pauvre apprenti-boucher venait de rendre l'âme.
Des gens arrivèrent en trombe. Puis l'ambulance, la police, l'enquête.... Finalement, on lui dit de rentrer chez lui car il n'avait pas l'air bien.
Des années plus tard, lorsque son père mourut, il refusa de s'approcher de son tombeau, mais se rendit quand même au salon funéraire où, au fumoir (ça existait à l'époque), il entendit les gens parler de la partie de hockey de la veille, de politique... certains riaient, même.
N'est jamais allé à des funérailles depuis ce moment-là.
Puis à des réunions «en l'honneur de»...
Il finit par ne plus aller voir des mourants, ni
des malades dans des hôpitaux.
Et puis ce fut le tour des églises.
Depuis qu'il m'a raconté tout ça, je ne sais plus quoi lui dire.
Et encore, vous auriez dû voir l'air qu'il avait quand il
m'en a parlé
Georges
***
051-2017-08-07
Pavlov ? Qui a dit Pavlov ?
Savez-vous qui j'envie ces temps-ci ?
Les gens à la retraite. Comme Simon.
J'étais chez lui, il y a deux semaines.
- Oh commencez pas ! - J'étais là en compagnie de Madame Malhasti, Paul,
Copernique, Jeff et même Monsieur Pérec qui continue à nous demander de
l'appeler Hermy. - C'était à l'occasion de rien. - «Venez prendre un
verre» qu'il nous avait dit deux, trois semaines auparavant et comme
il habite pas loin du quartier des spectacles, dans un des centres de
Montréal, pas loin du métro, pas loin du terminus des bus qui déservent
la banlieue, nous nous sommes dit pourquoi pas.
Jamais vu autant de livres, de disques,
de bibelots et d'horloges (sic) dans un seul appartement, mais ce qui m'a
frappée, ce fut l'ordre dans lequel ces choses étaient classées,
entassées... sauf que, comme il nous l'a expliqué, c'était un ordre
apparent car ses livres, par exemple, sont classés par grandeur et non
auteurs, par éditeur plutôt que par titre. «C'est la raison,
qu'il nous a dit, pour laquelle je ne m'y retrouve jamais !» - Mais ce n'est
pas ça que j'ai retenu.
Ce que j'ai retenu, c'est qu'il n'a pas
d'horaire, pas d'agenda ; il mange quand il a faim, il dort quand il est
fatigué et peut passer des heures à ne rien faire. - Rien faire !
Facile à dire. Ne rien faire, pour lui, consiste à écouter de la
musique, lire, regarder des documentaires sur YouTube pendant des heures.
Mon rêve !
Je ne sais pas s'il a été comme ça
toute sa vie, mais il est tout le contraire de ce que je suis.
Continuellement stressée, toujours en retard, invariablement impatiente,
avec une liste de choses à faire longue comme le bras.
Paraît que ça ne s'apprend pas, que ça
ne se prépare pas, qu'on est comme ça ou qu'on ne l'est pas et qu'on
arrive, à la retraite comme on est parti au début de sa carrière.
Correction : je n'envie pas les gens à
la retraite. J'envie les gens qui sont, comme il le dit lui-même : «Pas
intelligent et désorganisé.» - Bien sûr.
C'est l'histoire de Pavlov, assis dans
un bar, et qui entend tout à coup le ding de la caisse enregistreuse.
"Oops, dit-il. J'ai oublié de nourir les chiens !» (1)
Georges
(1) Merci, Éric, un ami de Simon qui était là ce soir-là et qui nous a
raconté cette blague.

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