Les chroniques de Jeff Bollinger

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Du 3 août 2020 à aujourd'hui
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125-2020-11-02
Vers des pandémies plus fréquentes et plus meurtrières
(Première partie)
«À moins d’une transformation radicale du système économique, qui détruit
la nature, les pandémies comme la COVID-19 vont se multiplier et faire plus de morts, affirment des experts de l’ONU, qui soulignent l’immense réservoir de virus inconnus dans le monde animal.»
(Agence France-Presse - 28/10/ 2020)
Comme tous ceux de ma génération,
ce qu'on m'a enseigné de l'histoire, à l'école et au CEGEP, ce
sont des dates, des noms, des détails de certaines batailles et quelques mots ou
expressions rares comme facisme, hégémonie,
totalitarisme, droit divin, théocratie et matriarcat.
On m'a parlé de Louis XIV, de
Jacques Cartier, de César, de Jeanne-Mance, d'Henry VIII, de
Maisonneuve, de Washington, des Croisades, de quelques papes, de
la Guerre de Cent Ans, de Champlain, de Jeanne d'Arc, de Napoléon,
de plusieurs saints, très peu de la Chine, encore plus rarement
de l'Afrique, mais on ne m'a rien dit sur les indiens d'Amérique ni des
civilisations pré-colombiennes. Mais ce que j'ai dû à me
rappeler des hauts faits de Dollard des Ormeaux et des
souffrances de saints martys canadiens (Bréboeuf, Lallemand et
un autre) pour passer certains examens...
On ne m'a jamais rien dit sur
comment vivaient les hommes et les femmes du temps du temps
d'Hammourabi, de Périclès, de Charlemagne, de Michel-Ange, ni
de Louis XIII, de la Révolution Française, de Napoléon III ou
même du début du siècle dernier.
Ce que j'ai appris, des années
plus tard, fut que les conditions de vie des simples mortels
n'ont guère évolué durant des siècles et des siècles. Chacun
des petits d'entre nous, ceux qui ont vécu dans l'anonymat,
qu'ils furent des fils, des femmes, des filles de cultivateurs,
de chasseurs, des charpentiers ou des cordonniers ne sont guère
éloignés de plus de trois, quatre kilomètres de leur lieu de
naissance pour ne vivre qu'une trentaine d'années dans la peur
du tonnerre, des éclairs, des éclipses du soleil, des
erruptions volcaniques, des tremblements de terre, des invasions...
et ce dans la plus parfaite ignorance d'un univers pertubée de
temps à autres par une guerre dont ils n'apprenaient jamais les
causes ni les buts.
Regardez le petit point bleu au
milieu de la bande blanche sur la photo qui suit :

Si, si, vous le voyez :
Il est
dans la partie supérieure. - Il semble plus blanc que la tache
blanche qui traverse cette photo de bas en haut, mais je vous
jure ; il est bleu. - Il est à peine visible, je vous le concède,
car au
moment où cette photo fut prise, la caméra qui en a capté
l'image (en 1990) était à 6 milliards de kilomètres de lui. À
100 kilomètres à l'heure, 24 heures par jour, 365 jours par année,
il vous faudrait 68 siècles pour, de l'endroit où se trouvait
cette caméra, revenir là d'où elle est partie, là où vous lisez ceci car
ce ptit bleu, c'est la terre.
Voici ce que Carl Sagan a écrit
à propos de cette terre :
«Regardez le bien ce petit
point. C'est ici. C'est là où nous habitons. C'est chez nous,
là où sont, où ont été, tous ceux que vous aimez, tous ceux que vous connaissez, tous ceux dont vous avez entendu parler,
chaque être humain qui y a vécu depuis le début du monde.
C'est là que se sont déroulés nos joies et nos peines, là ou
ont existé au fil des ans des milliers de religions toutes plus
vraies les unes que les autres, là où sont nés toutes les idéologies et
doctrines économiques, là où ont vécus tous les chasseurs,
tous les cultivateurs, tous les héros et tous les lâches, les
créateurs et destructeurs de civilisations, tous les rois et
les paysans, tous les jeunes couples qui se sont aimés, tous
les pères et toutes les mères, tous les enfants nés pleins d'espoir,
les inventeurs, les explorateurs, les professeurs de morale,
tous les politicien corrompus, chaque
"superstar", chaque "chef suprême", chaque saint et pécheur de l'histoire.
Sur une petite motte de poussière en suspension autour d'une
banale étoile : la terre.
La terre : une toute petite scène dans une vaste théâtre cosmique. Pensez aux
fleuves de sang répandus par tous ces généraux et empereurs afin que,
glorieux et triomphants, ils voulurent devenir les maîtres momentanés d'un
fraction de cette petite scène. Pensez aux cruautés interminables
qu'ont fait subir les habitants d'une infime partie de cette
scène aux habitants d'une autre partie qu'ont peu à
peine distinguer et à quelle fréquence leurs malentendus
les a mené à s'entre-tuer Pensez avec quelle ferveur et quelle
haine.
Constatez à quel point ce petit point bleu rend dérisoire
notre arrogance, l'inimportance de ce que nous sommes, l'illusion que nous
occupons
une position privilégiée dans l'Univers. - Notre planète est une tache solitaire
et obscure dans un cosmos où rien n'indique que d'autres qui
viendraient d'ailleurs pourraient venir nous aider à nous sauver de nous-mêmes.
La Terre est le seul monde connu à ce jour à abriter la vie. Il n'y a nulle part
sinon, du moins dans un proche avenir, un autre point où notre espèce pourrait migrer.
Visiter, oui. Nous y installer, pas encore. Qu'on le veuille ou non, pour le moment la Terre est là où nous
sommes et allons demeurer encore longtemps.
On dit que l'astronomie nous enseigne ce qu'est l'humilité et
de ce fait nous remet à la position qui nous est destinée. En
ce sens, il n'y a peut-être pas de meilleure démonstration de la folie de
la vanité humaine que cette image lointaine de notre petit monde. Pour moi, ça
souligne notre responsabilité de nous traiter avec plus de bienveillance les uns
et les autres, et pouquoi il est de notre devoir de préserver et chérir
ce point bleu pale, la seule résidence que nous ayons jamais
connue.»
(Carl Sagan, Pale Blue Dot, 1994)
Pour une version vidéo
(sous-titré en
français) de ce texte, cliquez sur le lien suivant :
https://www.youtube.com/watch?v=ag3E45H13NA
Une de ses
versions anglaises est beaucoup mieux :
https://www.youtube.com/watch?v=RESsY2y8G2s
À suivre :
Les incroyables prévisions de
Carl Sagan en 1995 en ce qui nous concerne, 25 ans plus tard...
Jeff
***
124-2020-10-05
Aujourd'hui, oui, mais demain ?
En 1985 James Burke écrivait
dans «Ce jour-là l'univers changea» [*]
(voir la section «Lectures» de
cette édition du Castor™) :
[*]
Chapitre 7 - La vie sous ordonnance.
«On dit que le meilleur exemple du miracle de
la médecine moderne réside dans le nombre de personnes âgées encore en vie de nos jours. Grâce aux
progrès de la médecine, le pourcentage de la population ayant dépassé l'âge de la retraite excédera bientôt celui des gens encore
assez jeunes pour travailler. Et il semble que, chaque jour, une
nouvelle découverte permette de prolonger la vie.»
En précisant toute fois :
«En fait, le vrai miracle, c'est que la population toujours
croissante des pays industrialisés n'ait pas eu à souffrir de grandes épidémies depuis le siècle dernier. Dans
le monde moderne, des millions de personnes se trouvent quotidiennement en étroit
contact, que ce soit dans les bureaux ou dans les magasins, dans les
transports publics ou dans les rues des villes. Chacun de nous
constitue ainsi une source potentielle de mort en série, mais médecine
et pharmacologie préviennent tout danger d'extension fulgurante
d'une maladie avant même que le processus ne s'enclenche.»
Bien sûr, il ne pouvait prévoir
que 35 ans plus tard un virus du nom de COVID-19 allait, en
l'espace de quelques mois, faire disparaître plus d'un million
de personnes à travers le monde (plus de deux cent mille aux États-Unis),
mais, dans les pays où certains dirigeants ont suivi les
conseils de ceux spécialisés en médecine et pharmacologie, ce
nombre est presque passé inaperçu (Nouvelle Zélance,
Singapore...)
Ces conseils étaient
pourtant simples : «Portez un masque, tenez-vous à distance
et, dans la mesure du possible, évitez de vous déplacer.»
- Sous-entendu : «Le temps que nous puissions trouver le remède
approprié.» - Ce en quoi la plupart de ceux qui ne doutent
pas des miracles accomplis par ceux qui ont vaincu, jusqu'à
présent la variole, la tuberculose, la peste bubonique et autres
calamités, se sont empressés de suivre.
Sauf que... Est-ce que je dois
continuer ?
Jeff
***
123-2020-09-07
English anyone ?
J'ai appris à parler l'anglais - correction : j'ai commencé à parler
l'anglais - vers le milieu des années quatre-vingt. J'avais huit, neuf, peut-être
dix ans.
- À
Ogunquit, dans l'état du Maine. Aux États-Unis. - C'était à l'époque où
ceux qui n'avaient pas dépensé tout l'argent qu'il avait gagné dans les années cinquante et soixante - dont mon père - pouvaient encore amené
leurs enfants au bord de la mer en juillet sans être obligés d'aller chez Household
Finance ou d'utiliser leur carte Chargex.
Mes enfants parlent l'anglais depuis des années,
depuis toujours il me semble, grâce à qui ? Aux enfants de mon voisin immédiat, Murray qui
habite l'unique autre maison du cul de sac que nous habitons et qui, eux,
parlent français depuis des années. - Que voulez-vous ? Nous sommes à
virgule quatre kilomètres de la route qui mène au village le plus près. -
Et entourés de
terres agricoles qu'une succession du notaire de St-Alphonse-de-Thiberge loue à une multi-nationale qui
y cultive depuis des années du maïs. - C'est une situation que
beaucoup m'envie.
Elle, cette situation, fut particulièrement heureuse pour
mon plus vieux, celui qui s'intéresse à l'astronomie et, conséquemment, à
l'astro-physique car, sur Internet, on peut trouver des tonnes et des tonnes
de documentaires sur ces sujets, tous, malheureusement uniquement, ou presque,
dans la langue de Shakespeare.
Il semblerait que la France ne croit pas nécessaire de
filmer à diffuser les nombreuses - j'imagine - discussions, conférences,
rencontres qui doivent avoir lieu en français dans les domaines
scientifiques. Des vidéos en français, sur la langue, l'art sous toutes ses
formes, la culture, la politique, il est très facile d'en trouver sur la
toile, mais sur la science ? - Une idée sans doute que je me fais.
Jeff
P-Sssst! :
1 - Un jour, je vous parlerai de mon grand-père qui, né en
1916, a su enseigner à mon père qu'il était impossible à n'importe quel pays au
monde, quelle que soit sa richesse, de payer à TOUS ces citoyens une
maison, une auto, un chalet dans les Laurentides et deux semaines
de vacances en Floride tous les hivers. - Ceux qui connu cette glorieuse époque
[années 50 et 60]
pourraient vous dire qu'ils l'ont appris à leurs dépens.
2 - Un jour, je vous parlerai de ce que c'est que d'apprendre
une deuxième langue à dix ans et non à deux, trois ou quatre, et les
effets que ça peut avoir sur sa propre langue... - Demandez à Monsieur
Popp. - I. e. : N'avez-vous pas rencontré au cours de votre vie connu une de
ces personnes qui pouvaient parler trois, quatre, six langues... et qui n'en
parlaient aucune... correctement ?
***
122-2020-08-03
J'ai regardé, j'ai lu, j'ai écouté...
Tous les docus que j'ai pu
trouver sur la mécanique quantique et...
Je n'ai rien
compris.
Ma seule consolation est venue
d'un des grands experts en la matière, Richard Feynman, qui dit
dans une de ses conférences que «si l'on croit comprendre le
monde quantique, on ne comprend pas le monde quantique» car
lui-même n'y comprenait rien, sauf qu'il savait comment il
fonctionnait.
Les mathématiques me
fascinent. Les statistiques particulièrement et je ne sais pas
pourquoi, mais il me semble que, chaque fois qu'on en présente
à la télé, y'a toujours un journaliste ou un politicien qui
les interprètent tout de travers.
N'est-ce pas Trump qui dit que si le
nombre de personnes atteintes du COVID 19 augmente sans
cesse aux États-Unis, c'est qu'on fait trop de tests.... ???
Est-ce que vous suivez sa
logique ?
Hier, j'entendais un météorologue
dire que la canicule était une conséquence de la hausse de la
température (sic) et que les pires canicules dépendaient du
facteur éolien.
Le facteur éolien !
J'ai cessé depuis longtemps de
m'obstiner avec mes collègues qui disent que les automobiles
exposées au vent, l'hiver, sont plus froides que celles qui ne
le sont pas.
Quant au facteur humidex, il
semble qu'on a compris qu'il s'agissait... d'humidité. Sauf que
ceux qui disent que 45 degrés en Arizona ou au Texas, ça
s'endure parce que le climat, là-bas, est sec, n'y sont
visiblement jamais allés.
Vous les croyez, vous, ceux qui
disent que les extra-terrestres sont parmi nous, mais qu'ils sont
si supérieurement avancés en science qu'ils peuvent se rendre
invisibles ?
Simon a raison (voir sa
chronique d'aujourd'hui) : y'a pas mal de gens dans le monde qui
disent toutes sortes de choses sans savoir de quoi ils parlent.
En attendant, je vais cesser
d'essayer de comprendre la mécanique quantique, déjà que j'ai
de la difficulté avec les nombres irréels.
Jeff
*
121-2020-07-06
Serge !
«Fis-toi sur Paul pour
te surprendre avec des choses comme celle-là. Y'a longtemps
qu'on ne se pose plus de questions. - Demande à Madame
Malhasti...»
Pour une surprise, ce fut une
surprise. Elle m'est arrivée en pleine pandémie, au moment même où je venais de
recevoir des nouvelles de mon ami, Serge, qui est aspie, me
disant qu'il n'avait jamais été aussi heureux de sa vie depuis
que la «mode» (c'est ainsi qu'il a appelé les directives
gouvernementales des derniers trois mois en rapport avec le
COVID-19) était ce qu'elle est devenue : masque et deux mètres
de distance... lui qui ne touche jamais à personne et qui préfère
passer ses journées enfermé chez lui à toutes sorties
impliquant une excursion dans le monde, ce monde qu'il a toujours
trouvé étrange et surtout les conversations qui ne mènent à
rien.
Elle est venue sous la forme d'un livre au
titre bizarre que m'a remis, il y a trois semaines, ce Paul,
notre disc jockey, et que je crus être un livre sur la musique
car sur sa couverture on pouvait lire, justement, le mot «Musique» et qu'on
y voyait une une femme jouant un instrument que j'ai su, plus
tard, être un luth. (Ce qui vous donne une idée de ma culture
musicale.)

Un luth
Ce n'est qu'une
fois rendu chez moi que je me suis aperçu que ce livre traitait non seulement
de musique, mais de musique autiste et qu'il avait un sous-titre tout à
fait dans le genre de ce qui m'a toujours intéressé : «Vivre et composer
avec le syndrome d'Asperger» où - ça aussi, je l'ai découvert appris après,
en l'ouvrant - le mot «composer» avait un double sens : celui d'«écrire»
[de la musique dans le présent cas] et celui de «s'adapter» [aux
circonstances, à la réalité, etc. quand on est atteint du syndrome
d'Asperger].
Pour les détails (titre, auteur, éditeur, année),
voir la section «Extraits du mois» ci-dessous. |
Ce qu'est «Musique autiste»
? Comme son sous-sous-titre l'indique, c'est à la fois un essai et un témoignage
d'un aspie qui a su comprendre ce qui le diférenciait des autres et contourner
sa particularité et devenir non seulement un compositeur, mais un musicologue
et professeur au département de musique de l'Université du Québec.
Son cheminement, il le décrit en
huit phases précédées chacune de la description de ce qu'est le monde
Asperger. On peut ainsi le lire en parcourant ce qui pourrait être appelé sa
biographie... ou ne lire que ses passages sur ce
qu'est le syndrome d'Asperger.
C'est ce que j'ai
fait.
Vous en trouverez
un passage qui m'a beaucoup impressionné plus loin.
Pour le moment, je
ne vous en dit pas plus.
Jeff
***
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