Les chroniques de Jeff Bollinger

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Du 2 septembre 2019 au 1er juin 2020
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120 - 2020-06-01
Éducationnement
Êtes-vous dans la même situation que nous sommes, Élyanne et
moi ? Vous êtes au début de la quarantaine, vous avez des enfants à élever
et vous vous demandez ce que vous pouvez bien leur enseigner... qui leur sera
utile... plus tard.
Plus tard...
Mais c'est demain, plus tard.
Et ce demain ne ressemblera en rien à ce que nous avons
connu tous les deux et encore moins à ce que nos parents ont connu. Quant à nos
grands-parents, à ceux de Simon ou de Monsieur Pérec, qui disent avoir connu
les leurs, autant ressortir des manuels de bienséance du temps de Louis XIV,
des livres de cuisine du Moyen-Âge ou un manuel sur l'art de se protéger
contre le scorbut.
J'ai eu un oncle qui est mort après avoir blasphémé
jusqu'à son dernier souffle (il y a deux ans). Contre la médecine et ses
charlatans. Pendant des années, souffrant d'un ulcère «gastro-duodénal»,
tout ce qui était le moindrement épicé, le tabac et l'alcool lui furent
interdits et il passait ses journées à se frapper la poitrine et à boire du
lait de magnésie pour d'éternelles brûlures à l'estomac. On lui parlait de
stress, de nervosité, de tension nerveuse, rien à faire. Bon an, mal an, ses
douleurs revenaient. Au printemps parce qu'il avait besoin de vacances. À
l'automne car il lui fallait les payer. - Puis, une dizaine d'années avant de
mourir, il apprit que ces maux étaient dus à une bactérie, l'«Helicobacter
pylori» (j'ai vérifié), et en une quinzaine de jours, grâce à des antibiotiques,
ses problèmes disparurent pour être remplacé
par un désir fou d'assassiner tous les médecins qu'il avait consultés
pendant des années.
Faut dire qu'il avait eu de la pratique.
Mais pour en revenir à nos enfants. Il nous faut des heures
pour comprendre ce qui se trouve dans leurs manuels scolaires. Même leurs
jouets nous sont étrangers.
Quant à leur avenir...
Mes parents ne m'avaient pas préparé à faire face un jour
à une pandémie et des masques.
Et l'on a tué toutes les Cassandre, je crois.
[Une pause]
Oui, oui, les enfants. J'arrive !
(Ça fait dix semaines qu'ils sont dans la maison.)
Jeff
*
119 - 2020-05-04
Statistiques (sic)
C'est bien beau ces chiffres
qu'on avance au jour le jour à la télévision et dans les
journaux...
Exemple :
360 morts, hier (*), au Québec,
2 100,
aux États-Unis,
117 726, dans le monde,
et plus de 1 897 306 cas
recensés.
(*) Ces
nombres datent du 12 avril 2020 - Voir à la fin pour une mise
à jour.
... sauf qu'ils ne
veulent rien dire.
Si, au Québec, on soumettait
à un test de dépistage du COVID-19 mille
personnes pigées au hasard et que 58 seraient trouvées porteur du
virus, voilà
une statistiques qui commencerait à indiquer quelque chose...
(À
condition qu'on ait effectué ces tests selon le nombre
d'habitants par région, à un moment précis, dans des
conditions semblables, etc.)
Or, j'apprends qu'aux États-unis
on a effectué de tels tests auprès de moins de 1% de la population
(*) et non au hasard, mais
selon leur arrivée dans des centres de dépistage...
(*) On en était à 1,7
% aux dernières nouvelles - Note de l'éditeur.
Un nombre, quand même, est
plus significatif que les autres : celui des décès au
jour le jour.
S'il
augmente, c'est un mauvais signe, s'il diminue, c'est mieux, mais
c'est au point zéro qu'il commencera à être pertinent,
significatif, prometteur, non pas la journée où l'on n'en
enregistrera aucun, mais
lorsque cela se sera produit pendant
plusieurs jours et même semaines, combiné avec celui de l'absence totale de nouveaux cas.
Or, c'est pas demain la veille.
Et puis qui sait combien de
temps cette situation temporaire va-t-elle durer ? -
Une seule réponse : jusqu'à la prochaine pandémie ! -
C'est un peu comme les ouragans, les séismes, les tsunamis, les
éruptions volcaniques : on ne sait pas exactement quand ils
surviendront, mais on sait qu'il va y en avoir. - Ce qui laisse
sous-entendre qu'il serait peut-être bon d'y penser avant de se
faire construire la maison de ses rêves sur la faille de San
Adrea, sur les côtes du Bangladesh, sur une coulée de lave en
Hawaï...
La question de l'heure est,
bien sûr, quand finira la pandémie actuelle ?
Quand les bureaux, les
manufactures, les édifices publiques, les églises, les
fleuristes, les salons de coiffure rouvriront-ils leurs portes ?
Quand pourrais-je aller chez Bureau-en-Gros acheter le fil qui me
manque depuis trois semaines ? Et les fruits et légumes, quand
reprendra-t-on leur étalage libre dans les marchés ? Quand verrons-nous en salle le
prochain James Bond (qui devait sortir il y a quatre
semaines...) ?
Qui aurait dit il n'y a pas si
longtemps que nous resterions enfermées pendant huit semaines et
qu'au bout de ces huit semaines, on ne saurait pas encore...
Qu'on me ramène ce bon vieux
temps où, ado et gêné, j'embrassais mes cousines !
Hier, quoi.
Ce matin, en revenant de l'épicerie,
j'ai couru vers la salle de bain me laver les mains, avant de
passer, adulte et gêné, à moins d'un mètre de mes enfants...
Que terrifiant me semble leur
avenir !
Et j'ai beau me dire qu'ils
sont fous, ces Américains, surtout ceux qui ne jurent que par
leur bouffon de président. Sauf... qu'ils sont à demi-heure d'ici...
Jeff
P.-S. :
Chiffres amendés au 3 mai 2020.
(Quelques heures avant d'aller sous presse.)
12 avril 2020 |
3 mai 2020 |
|
|
Québec |
Cas comptabilisés :
31 865
|
Morts :
360
|
Morts :
2 205
|
|
|
États-Unis |
Cas comptabilisés :
1 188 122 |
Morts :
2 100
|
Morts :
68 598 (*)
|
|
|
Monde |
Cas comptabilisés :
3 566 531 |
Morts :
117 726
|
Morts :
248 302
|
(*) 27,63 % des décès dans le monde.
*
118 - 2020-04-06
Mille milliards de...
J'ai appris
quelque chose que je savais pas il y a deux semaines. À propos
des milliards et des billions et des billions de quintillions, à
moins que ce soit un sextillion de quadrillions (que je
m'obstinais à prononcer quaTrillions à cause du chiffre quatre)
:
Qu'il existait
dans notre vaste monde, deux échelles pour nommer les chiffres
supérieurs à un million : la courte et la longue.
Dans la courte,
chaque nouveau nom de nombre plus grand que le million est MILLE
fois plus grand que le précédent. C'est la plus simple :
Mille millions
est l'équivalent d'un billion
Mille billions est celui d'un trillion
Mille trillions, un quadrillion (notez bien le «d»)
Enfin... vous voyez le genre :
quadrillions, quintillions,
sextillions, septillions...
Dans cette échelle
je serais théoriquement capable de compter jusqu'à 999
octillions. Si on me laissait le temps. - Quelque chose comme
jusqu'à la fin des temps plus une journée. Même si je n'en vois
pas l'utilité...
Une question,
quand même, me revient constamment en tête :
Comment écrit-on,
au long, 964 478 032 944 octets ?
C'est le contenu
d'UN de mes disques informatiques à la maison... Tout ce que je
sais, c'est que ça prend seize heures à copier d'un disque à
un autre...
*
L'autre échelle
s'appelle «la longue».
Celle-là est un
peu plus compliquée.
Mille millions
est l'équivalent d'un milliard (soit un billion dans la courte)
Mille milliards équivaut à un billion (soit un trillion dans
la courte)
Mille billions. un biliard (soit un quadrillion dans
la courte)
Et ainsi de suite...
(Avec des nombres nommés trilliards, quadrilliards...)
J'ai appris par la
suite que la courte était l'échelle la plus utilisée en Europe
(à l'exclusion du Royaume-Uni), au Brésil et aux États-unis
(sauf à Porto Rico) tandis qu'au Japon, au lieu de
combiner les chiffres en exposants de trois, on se sert de
l'exposant quatre mais qu'aux Indes, on les groupe par deux...
Pas de problème
en vue :
Même en comptant
mon avoir en millionième de quarts de cents, je ne vois pas quand au juste je
pourrai dire que je suis multi-milliardaire.
Faudrait que je
change mon nom à «Trump» et que je dise que mon seul nom en
marketing vaut un milliard. Ce qui n'est pas nécessairement
faux, mais j'ai une associée : mon épouse qui, à elle
seule vaut 999 mille quintillions sur un sextillion de ce
milliard.
Jeff
***
117 - 2020-03-02
I.A. ou A.I.
(Pour une fois que je suis sérieux...)
Je suis très content que Copernique menrionne ce
mois-ci, dans sa série sur les romans policiers, qu'il abordera
bientôt la question de
la traduction de ceux écrits dans la langue dite «américaine»
qui, dans la plupart des discussions, se limitent à savoir si
l'on doit écrire «tyre» plutôt que «tire» ou
appeler le capot de voiture «hood», comme aux États-Unis,
ou «bonnet», comme on le fait en Angleterre ; ou, si
vous préférez «vidanger le carter» plutôt que «changer l'huile»
[de sa voiture], «stop» à «arrêt» et autres vétilles
du même genre.
Simon a déjà abordé ce sujet via Raymond Queneau (dans
diverses chronique publiées notamment en août 2014
et en
janvier 2016.), Raymond
Queneau qui écrivait en 1950, qu'«Il pourrait sembler qu'en France...»
(*)
(*) «... il y ait des questions plus urgentes ou plus vitales que celle de la Défense de la Langue Française. Pourtant un certain nombre de journaux ou hebdomadaires consacrent une ou plusieurs colonnes d'une façon régulière à la dite défense. Je ne trouve pas le propos futile, mais il me semble que l'entreprise est en général marquée par l'esprit de défaite, car c'est toujours du point de vue de la défensive qu'une pareille défense est faite et cette défense se
réduit toujours à des “défenses” et à des interdictions. On ne pense qu'à entretenir, conserver, momifier. C'est du point de vue de l'offensive qu'il faut défendre la langue française, si l'on peut encore employer ce mot car depuis le Serment de Strasbourg ne l'applique-t-on pas à des langages qui sont devenus pour nous à peu près incompréhensibles ?»
(Bâtons, chiffres et lettres - Collection Blanche -
Gallimard)
Non pas que je veuille repartir ce débat qui implique des
plus-durs-que-durs (ultra-puristes) qui parle de l'historique, de
l'unicité ou de la beauté [de la française langue] et des
laissez-le-français-évoluer qui sursautent à la moindre
utilisation du plus-que-parfait-du-subjonctif que «le ridicule est en train de tuer»
(comme ils disent).
Non, mais je
tiens à souligner le lien entre ce genre de discussions et ceux concernant
l'A.I. ou l'I.A. (l'Artificial Intelligence ou l'Intelligence Artificielle)
ou les interlocuteurs ne s'entendent pas sur la définition du
mot «intelligence».
En ce qui me concerne, ma cafetière est intelligente de même
que le chauffage de la maison où j'habite avec ma famille : l'un
et l'autre savent qu'il doivent se mettre en marche et s'arrêter
à un moment précis de la journée ou lorsque la température
atteint certains niveaux... parce que je les ai programmés en ce
sens. D'où une simple question : où finit l'intelligence «naturelle»
et où commence «l'artificielle» ?
Mais d'abord et avant tout :
«Qu'est-ce que l'intelligence ?», celle que l'on mesure
avec d'absurdes tests dont le résultat est un nombre qui indique
un certain «Quotient Intellectuel» ou le fait qu'un
enfant peut apprendre à parler sans avoir appris certains éléments
essentiels d'une langue comme la définition de certains mots ou
les premières principes d'une hypothétique grammaire ?
Je veux bien qu'on me parle d'«Intelligence Artificielle»,
mais qu'on m'explique d'abord si c'est :
1) une question de mémorisation
et d'actes à accomplir (ou de gestes à poser),
2) d'un
processus de décision basé sur de multiples choix (un
diagnostique médical, par exemple),
3) la conception de normes
à suivre pour apprendre de nouveaux concepts,
ou, ce qui semble
être le plus à craindre de parts et dautres :
4) un
processus décisionnel émanent d'une sorte de connaissance
au-delà de ce que nous appelons... la morale, les vertus,
l'empathie ou tout autre concept tout aussi indéfinissable qui
semblent n'avoir aucun rapport avec une certaine «intelligence»
?
Moralité, vertu,
empathie, croyance :
Est-ce intelligent
d'observer dix commandements dont on ne connaît à peu près pas
l'origine et qui, entre autres, stipule qu'on ne doit pas tuer
son prochain ? (Comme si avant leur existence, il n'était pas du
domaine de l'intelligence de savoir instinctivement [?]
que ce n'était pas une chose à faire ?)
La question à se
poser, quand on parle de - disons appareils - qui sauront
penser de façon plus intelligente que nous le faisons, s'il
faudra leur inculquer ou leur enseigner d'autres principes que
deux et deux font quatre...
Pour le moment, je m'en tiens à ma cafetière, aux voitures
autonomes, aux ordinateurs qui peuvent battre les grands maîtres
aux échecs.
De la même façon que Copernique refuse de considérer la
traduction de romans policiers écrits «à l'américaine»
comme étant une simple question de vocabulaire et de choix entre
diverses expressions en provenance d'un
monde différent, il m'apparaît évident qu' il faudra
essayer de comprendre et saisir les
nuances d'intelligences différentes plutôt que de les adapter à
celle qui est la nôtre.
Jeff
P.-S. : Une question
à propos du premier des dix commandements mentionnés ci-dessus : en stipulant
qu'il n'y a qu'un Dieu à adorer, celui qui les a rédigés, cela
n'implique-t-il pas, de sa part, qu'il pourrait y en avoir d'autres ?
*
116-2020-02-03
Educationnement...
(Toujours et encore)
Vous avez lu le
mot de la fin du Castor™ du mois de décembre dernier ? -
Le revoici :
(Le passage en
gras est mien.)
«Comment peut-on afficher avec fierté ces diplômes de High
School ou de College, ces attestations de baccalauréats, maîtrises ou doctorats qui certifient
qu'on est passé par un ou plusieurs centres d'indoctrination où l'on
nous a volé notre personnalité et transformé en un obéissant
petit conformiste mort-vivant, membre de la société de
consommation nord-américaine qui ne pense que ce qu'on lui dit de penser ?»
Il est tiré d'un des
monologues de George Carlin,
le célèbre stand-up comedian décédé en 2008 et dont on
retrouvera des dizaines de prestations sur YouTube.
Il m'est revenu en
tête en écoutant un fichier mp3 que Paul m'a fait parvenir au début
du mois dernier - de Bob Dylan (voir sa chronique d'aujourd'hui)
- et qui m'a surpris : Subterranean Homesick Blues, extrait du
cinquième album de Dylan - Bringing It All Back Home (1965) - où
l'on peut entendre :
«Twenty
years of schoolin'
And they put you on the day shift.»
C'est
intraduisible, naturellement, mais ça veut à peu près dire :
«Après vingt
ans d'études,
on nous "fou'" au travail...»)
Vous avez des
enfants ? - Moi, si. - Quatre - Et il y a deux choses, entre
autres - trois, en fait - ,qui m'inquiètent quant à leur avenir :
En premier lieu,
comme dit Dylan, après vingt ans d'études et une carrière qui
durera tout au plus quarante ou quarante-cinq ans, comment
feront-ils pour accumuler assez d'argent, s'ils se rendent jusque
là, pour vivre, en moyenne, entre vingt et trente années supplémentaires ?
Et en deuxième
lieu, parce que je suis passé par là et que je ne vois pas de
différence fondamentale entre mon éducation et celle qu'on
inculque à mes enfants (en ce moment), comment feront-ils pour s'épanouir
et être heureux plutôt qu'être une copie conforme de leurs voisins ?
Ce deuxième point
m'inquiète beaucoup plus que le premier. Après tout, rien
n'indique qu'à soixante ou soixante-cinq ans, ils se sentiront obligés
de prendre leur retraite et se retrouver dans une maison pour
troisième âge... - Mais que deviendront-ils au fur et à mesure
qu'ils découvriront que leur individualité sera inévitablement
en conflit
avec le reste de l'humanité ?
(Vous comprenez ce
que je veux dire ?)
Je suis convaincu
que tous les enfants, dès leur bas-âge, ont une curiosité sans
fin, mais que le système d'éducation, tel qu'on le pratique
aujourd'hui, écrase cette curiosité dès leur première année
d'étude en leur imposant : a) des connaissances à apprendre
et uniquement ces connaissances et b) des tests pour vérifier
s'ils les ont bien apprises.
Bien sûr, il est
utile de savoir lire, écrire, compter, mais est-ce nécessaire
de choisir, pour eux, les livres qu'ils devront lire, la vision
qu'ils devront avoir du monde, comment penser, pourquoi ils
devront s'efforcer de gagner plus d'argent que leurs voisins ?
Une chose ayant un
certain rapport entre ce deuxième point me
console :
C'est une réplique
de Lady Bracknell dans The Importance of Being Earnest
d'Oscar Wilde (merci, Simon !) :
«The whole theory of modern
education is radically unsound. Fortunately in England, at any rate,
education produces no effect whatsoever.»
(«Toute la
théorie moderne de l’éducation est radicalement stupide.
Fort heureusement, en Angleterre, l’éducation ne produit
aucun effet d’aucune sorte.»)
Et puis, troisième
point, il y a une chose qui m'effraie encore plus, même si je
suis, comme tout le monde, passé par là :
Vous saviez que
Simon Popp détenait un baccalauréat en pédagogie ? - Ça
m'a surpris quand je l'ai appris (quoique plus rien,
aujourd'hui, ne me surprend en ce qui le concerne...), sauf
qu'il continue quand même de m'étonner. Ainsi, j'ai littéralement
fait un pas en arrière l'autre jour
quand il m'a dit qu'à l'époque où il
a fait ses études la pédagogie ne
consistait pas à savoir comment inculquer des notions aux
enfants, mais à comprendre comment les enfants
saisissaient et accumulaient individuellement leurs notions, leurs
connaissances, leurs visions de la réalité et les aider,
ce faisant, à s'intégrer dans la société en général.
Et puis il m'a dit
ceci :
«Tu as des filles ? Tu leur a enseigné ce qu'est le
sexe, à quoi ça sert, la différence entre un homme et une
femme ? Ben dis-toi une chose : elles en seront plus sur
la pudeur, la virginité, la baise et ses conséquences et
tout le reste dans la demi-heure qui suivra le jour où elles
se feront pincer une fesse ou autre chose lors d'une innocente
soirée entre amis et amies, si ce n'est pas dans le métro ou
une réunion de famille. - C'est le principe générale de
l'apprentissage : ce n'est pas le jeu de géométrie que
contient une boite de triangles assortis qui enseignera à tes
fils les bases de la géométrie, mais la boite elle-même...»
Et nous en
sommes là, Élyanne et moi, à nous demander quand et à quel
âge nous devrions acheter à nos enfants un Monopoly...
Réfléchissant
bien, je vois que mes parents ne m'ont rien enseigné, mais
ils ont su me protéger.
***
Éducationnement
2...
Je
me suis laissé dire que dans les pays scandinaves, du moins
jusqu'à la fin du secondaire : 1) qu'il n'y a pas de tests ni de
bulletins, 2) que les enseignants sont parmi les mieux rémunérés
au monde et 3) que l'éducation visait surtout l'individualité de
chaque élève et à les orienter dans le choix de leurs études
subséquentes.
Vous avez bien lui
: du primaire jusqu'à la fin du secondaire.
Une vrai révolution
!
Question : que
font-ils avec leurs décrocheurs ? - Réponse : paraît qu'ils
n'en ont pas...
*
Et je me suis également
laissé dire qu'en Californie, pour chaque dollar «investi»
dans l'éducation, on en dépense trois dans celui des prisons et
pénitenciers...
*
En attendant,
continuons à dépenser une fortune pour acheter des jouets éducatifs
et empêcher nos enfants d'ouvrir une montre-bracelet, une lampe
de poche ou un portable. Cela pourrait leur faire comprendre
comment ces objets fonctionnent.
Et gardons nos
bras ouverts lorsqu'ils nous reviendront perdus, ne sachant pas
dire ce qui venait de leur arriver.
Jeff
*
115-2020-01-06
Educationnement
Entre Noël et le
Jour de l'An, croyez-le ou non, nous avons eu, Élyane et moi,
deux jours de presque répits. Nos enfants ont, pendant ces deux
jours passé leurs journées chez les parents d'Élyanne qui ont
un chalet dans les Laurentides. Sauf Alysée qui, à dix-huit
ans, nous a demandé la permission de passer le week-end
avec les parents de son petit ami... des avocats qui habitent en
banlieue de la ville de Québec.
Oui, je sais, ce
n'est pas de cette façon-là que nous pourront surveiller tout
ce qu'ils font ou feront, mais, à un moment donné, il est une chose qu'il
faut donner à ses enfants et c'est la liberté d'être eux-mêmes. Après tout, nous
ne seront pas là éternellement pour prévenir un mauvais pas
qu'ils pourront faire à trente, quarante, cinquante ans.
N'en reste pas
moins que nous nous devons quand même nous assurer qu'ils
sauront
discerner ce qui sera éventuellement bon ou mauvais pour leur avenir et, même si ce n'est pas la première fois que nous
en avons parlé, ce qui fut un objet des discussions que nous
avons eues lors de ces deux jours de «congé» :
*
Vingt ans.
Ce n'est pas long,
vingt ans. C'est demain.
La nouvelle année
aura pour nom, cette année-là, deux mil quarante.
Élyanne et moi en
seront à notre soixante-deuxième anniversaire. Élysée en
sera à sa 38e année. Matisse, notre plus jeune, aura 34 ans. -
Trente-quatre ans ! - Nous n'avions pas cette âge-là quand elle
est venue au monde...
Bon, nous n'en
serons pas encore à l'ultime vieillesse, mais si je regarde qui nous étions
il y a vingt ans et ce qui s'est passé depuis, comment essayer même
de penser à ce que sera l'an 2040 ?

Nous pouvons quand
même penser à ne pas nous acheter un terrain en Floride ou à
croire que notre voiture à essence ne sera plus là et que les
centres commerciaux seront peut-être choses du passé. Quant au
cinéma, aux livres, aux émissions de télévision que
nous regardons présentement sur un écran plat qui fut désuet
dans la semaine qui a suivi celle où il entré dans la maison...
Mon père me
disait qu'élever des enfants ne consistait pas à leur pousser
dans le dos ni à les attirer de force dans une direction, mais à les ramener une fois de temps en temps -
d'un léger revers de la main - vers la droite quand ils se dirigent trop
vers la gauche et vers la gauche quand ils se dirigent trop vers
la droite...
Jeff
***
114-2019-12-02
$$$ !
Note :
Au moment où j'écris
ceci,
Pour nos amis européens, 1$ canadien = 0.69 Euro
Et pour nos amis américains, 1$ canadien = 0.75 $ de vos
dollars.
Une facture de
1981
J'étais chez
Paul récemment et nous discutions du prix des disques fixes. À
ma grande surprise, il me montra dans sa bibliothèque un cube
qui m'a semblé être un bibelot basé sur les fameux cubes Borg, ces ennemis indestructibles de la deuxième
série télévisée de Star Trek.
Aucune importance
si cette référence ne vous dit rien. Disons que ce cube
mesurant 14 X 20 x 5 cms., identifié par le logo d'IBM (mais en
réalité fabriqué par Seagate) était un disque de 5 mégaoctets
(retenez bien ce chiffre) qui, dit-il, fut le premier qu'il
se procura en 1985 pour son PC XT, modèle turbo (!) et qu'il
lui avait coûté la bagatelle de 1,000 $ à l'époque (690 Euros, 750$ américains).
«Tu te
rends compte, me dit-il, 5 mégaoctets ! Aujourd'hui,
cela équivaut à l'espace nécessaire pour enregistrer
5 pages de textes sauvegardés en Word ou une
photo en haute définition ! Sauf
qu'à ce moment-là, on se demandait ce qu'on allait faire
avec tout cet espace...»
Passant chez
Bureau en Gros dernièrement, j'ai vu qu'un disque externe de 8
téraoctets de marque Seagate était en vente à 240$.
Au prix payé par
Paul en 1985, sans tenir compte de l'inflation, j'ai fait le
calcul :
Pour un disque
de 1 meg, il aurait fallu qu'il débourse :
280 $ / 5 ou
56 $
... pour 1 gig
:
56 $ X 1000
ou 56,000 $
... pour 1 téra
:
56,000 $ X
1,000 ou 56,000,000 $
et puis pour 8
téra :
56,000,000 $
X 8 ou 448,000,000 $
Quatre
cent quarante huit millions de $

À l'inverse ?
Pour un téra,
le prix du Seagate chez bureau en gros serait de :
240 $ / 8 ou
30 $
... pour un gig
:
30 $ / 1,000
ou 0.03 $ ou 3 cents
... pour un meg
:
3 cents /
1000 ou 0,003 cents (3 millième d'un cent)
... et pour un
cube de 5 megs :
0,003 cent X
5 ou 0,015 cent
une fraction du
prix qu'il a payé.
Vous savez combien
de longs métrages (haute définition) qu'on peut enregistrer sur
un disque de 8 téraoctets ?
Environ 6,000 (six
milles !).
À un par jour,
vous aurez de quoi en visionner un par jour pendant 16 ans et un
peu plus que 6 mois...
Jeff
P.-S. (Pour les bols en
informatique) : Vous savez combien de temps il faut à un ordinateur moyen pour
exécuter un CHKDSK /R /f sur un disque de cinq téraoctets ? Environ 11
heures.
***
113-2019-11-04
Et le compte est...
Depuis quelques
jours, J'essaye de comprendre certaines règles concernant les
sports, notamment la façon dont y calcule les points pour déterminer
le ou les gagnants. Pour mes deux fils, Thomas et Frédéric.
Au tennis, par
exemple, pourquoi compte-t-on les coups d'abord en quinze (deux
fois) puis en dix et qu'il faut, si j'ai bien compris, au moins
deux fois dix points pour gagner un jeu et... six jeux pour
gagner un set, mais avec au moins deux sets d'avance et gagner
deux ou trois (?) pour gagner un match.
Au football, c'est
la folie furieuse :
D'abord, il y a
une différence entre le football canadien et le football américain
:
Le football
canadien se joue sur un terrain mesurant 110 verges de long par
65 verges de large comparativement à 100 et 53 et 1/3 (?) aux
États-Unis. Le nombre de joueurs sur ce terrain est de 12 par
équipe au
Canada, 11 aux États-Unis. Le nombre d'essais (tentatives pour
faire avancer le ballon dans la zone de l'adversaire est de
trois au Canada, quatre aux États-Unis.
Quant aux points
:
Un touché
(ballon transporté jusque dans la zone de l'adversaire) vaut
six points, mais lorsque suivi d'un converti, on lui ajoute un
point.
Un ballon que
l'on frappe du pied (ce qui est relativement rare au FOOTball)
entre deux pylônes (?) qui servent de but, mais par dessus, un
troisième qui les relie entre eux, vaut trois points.
J'ai à peine
oser demander pourquoi au Basket, la dernière minute de jeu
peut durer plusieurs minutes tandis que les points se calculent
selon la distance entre les pieds du lanceur et le panier.
Quant aux pénalité,
coins, lancers francs ou lancers de punitions au Football qui se
joue ailleurs dans le monde, c'est-à-dire sauf au Canada et aux
États-Unis (et qui se joue, lui, uniquement avec les
pieds...)...
Heureusement, je
n'ai pas eu à me renseigner sur le Cricket...
Jeff
*
112-2019-10-07
Math' sup'
Thomas, 16 ans ans
cette année, est venu me voir l'autre jour avec un sérieux
problème d'arithmétique. «Quel est le résultat de cette
addition ?» me demande-t-il.
348
226
+ 119
______
????
Croyant qu'il
s'agissait d'un truc de math' nouvelle ou d'une devinette à
laquelle la réponse n'est jamais celle qu'on prévoit, je me
suis prêté de bonne grâce à son jeu et j'ai répondu : «693».
«Exact me dit-il,
mais en es-tu arrivé à ce résultat ?»
Je lui répondis :
«300 + 200 + 100 = 600 ....
600
+ 40 + 20 + 10 = 670 ...
670
+ 8 + 6 + 9 = 693...
... mais pourquoi tu
me demandes ça ?»
«Parce que mon
prof' de math m'a dit que je m'y prenais mal ; que je devais
faire mes additions non pas pas à partir de la colonne de gauche
mais celle de droite en utilisant des retenues.»
«Des retenues
?»
Et Thomas de
m'expliquer :
«8 + 6 + 9 =
23. J'inscris 3, je retiens 2 qui représente deux dizaines que j'additionne à la deuxième
colonne : 2 + 4 + 2 + 1 = 9 que j'inscris dans la deuxième
colonne, en ne retenant rien ; et je termine en additionnant 3 + 2
+ 1 qui fait 6 que j'inscris au bas de la dernière, à gauche.»
«Mais c'est
beaucoup plus long et beaucoup plus compliqué. Pourquoi tu
m'expliques tout ça ? - Ce n'est pas comme ça que je t'ai
appris à compter...»
«À cause de
mon prof' de math' qui veut que je change de méthode.»
De là, nous avons
appliqué la mienne, celle que j'ai apprise bien avant mes
dix-sept ans : avec des colonnes de 4 chiffres, puis avec
des colonnes de cinq, six et même sept chiffres et, sans
retenues, nous avons effectuést tous nos calculs rapidement,
avec, toujours, des résultats exacts.
«Et tes
copains, en classe, comment calculent-ils ?»
«Oh, ils
utilisent des calculettes.»
«Mais comme tu
sais compter, fais comme eux.»
Jeff
***
111-2019-09-02
Est-ce que comprenez quelque chose aux droits d'auteurs ?
Moi, non.
Oh, je peux
comprendre qu'un auteur, un compositeur et même un interprète
puisse être rémunéré pour ce qu'il fait, mais tout ce que je
vois de plus en plus, ce sont : 1) des maisons d'édition qui
sont devenues des quasi-empires et 2) des comédiens, des interprètes et quelques
auteurs qui finissent par s'acheter des châteaux,
des autos et des jets privés que certains millionnaires
auraient de la difficulté à se payer.
Est-ce normal
qu'après avoir «créé» deux chansons, des auteurs,
compositeurs ou interprètes deviennent richissimes pour,
ensuite, ne plus rien faire du reste de leur vie alors que
certaines artistes qui mettent vingt ans à écrire leur roman ou
composer leur symphonie meurent dans la misère ?
Et qu'est-ce que
c'est que cette histoire de 50 ans, 75 ans (99 au Mexique), après
la mort d'un créateur, où leurs droits sont transférés à leurs arrières-petits-enfants
?
Remarquez que je
n'ai aucune solution à ce - disons-le -
problème, mais il y'a définitivement quelque chose qui cloche là-dedans.
Heureusement, avec
les photocopieuses, les reproductrices de CD et bientôt des
copies authentiques de toiles et de sculptures, ces abus-là
(car c'en sont) vont se stabiliser quelque peu, mais ce fera de
nous tous des hors-la-loi.
Je me posais ces
questions il n'y a pas si longtemps quand un voisin m'ayant «prêté»
deux films que je voulais voir, je me suis aperçu qu'il les
avait enregistrés à partir d'originaux qu'il avait, à son
tour, empruntés à la bibliothèque de notre quartier. -
Question : est-ce que je n'ai pas enfreint pas une loi quelconque
concernant les droits d'auteur en les faisant tourner sur mon
lecteur de DVD... plutôt que d'aller les chercher directement et
gratuitement à l'endroit où il les avait trouvés ?
Je sais : il
aurait fallu que je me déplace, que je consomme de l'essence,
pour me rendre là. - Les producteurs de ces deux DVD
seraient-ils de connivence avec les compagnies de pétrole ?
Et que dire des
livres que j'ai achetés à mes enfants et qui les refilent à
leurs amis ? Ou de ceux que je pourrais revende au quart du prix à un
libraire qui les revendra le double à un client soit à la moitié
du prix original ?
Chose certaine,
payer 20$ un CD qui en coûte 3$ à un distributeur, qui en
vendra à des millions de copies, ça me semble un peu exagéré.
- Et si on forçait chaque interprète de signer chaque copie ?
Et puis tant pis,
si je me suis procuré sur DVD la cinquième de Beethov' par XYZ
et que j'en extrait la bande sonore pour l'écouter dans mon
auto, qu'on vienne me chercher pour me mettre en prison, je
plaiderai coupable ou - qui sait ? - je consacrerai le reste de
ma vie à plaider ma cause.
Jeff
***
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