Vol. XXXIII,  n° 8 - v. 3.1 Le seul hebdomadaire de la région publié une fois par mois Le lundi 3 avril 2023
 
Dernière édition


Photo : Cnews.com

C'est le printemps ! [*]

    [*] Léo Ferré, 1964.


Votre première visite sur le site de l'Université de Napierville ?

Lisez cette page : Un monde à découvrir

Ce numéro :

Contenu :

Horowitz et Rubinstein, Newton, Einstein et Feynman, Mary Garden, Montherlant, Saint Jean de la Croix, Descartes, Shakespeare et Marie-Claire Blais, Léon Daudet, La Rochefoucauld, Sévigné, Proust, Saint-Simon, Balzac, Montaigne, Châteaubriand et Zola, Boileau et Molière, Washington, Napoléon et Turing, la du Deffand, Louis XIV, Charles X, Voltaire, Tacite, Chopin et Noam Chomsky, Robert de Montesquiou (Fezensac), Bach (Jean-Sébastien, Jean-Chrétien et Offen), Cluytens et Debussy, Beethoven, Michelet, Suzanne Collins, J. K. Rowling, Sartre, Camus et le Marquis de Sade, Eduardo Sangarcia, Victor Lévy-Beaulieu, Gilles Archambault (et plusieurs autres dont pierre Boulez et John le Carré).

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Éditorial  

Litterae super omnia
(De la littérature avant toutes choses)

«Dis donc, nous écrivait il n'y a pas très longtemps un lecteur de longue date. Vous ne seriez pas en train de vous transformer en magazine littéraire, par hasard ? Qu'est-ce qui se passe ?»

À la lecture des chroniques qui nous sont parvenues le mois dernier et que nous publions dans ce numéro du Castor™, nous n'avons pas pu faire autrement que, comme ce lecteur, constater que la littérature (sous toutes ses formes) est devenue depuis quelque temps un sujet, sans dire "unique" quelque peu "prépondérant" dans nos propos.

Que voulez-vous ? Nos chroniqueurs auxquels il est défendu de parler de politique et de cette chose qui, pendant longtemps, du moins dans la Province où ils habitent, ne devait se pratiquer que dans e noir et seulement après avoir reçu  l'assentiment de notre sainte mère Église, ne rajeunissent pas et, plutôt que de pratiquer certaines activités dites "de pleine air" telles que la chasse à courre ou la luge alpine, ils se réfugient de plus en plus dans la lecture ou le visionnement de documentaires.  Il est donc normal que...

Une exception quand même : celui qu'on a qualifié de "disc-jockey".

Rassurez-vous quand même, chers lecteurs et chères lectrices, nous sommes encore loin de ce qu'on pourrait avancer d'un âge près des trois chiffres (où lire ne sera plus que notre seule activité !)... même si nous sommes depuis fort longtemps, très éloigné d'un autre âge qui se déclinait en un seul.

C'est ce que nous signalait, il n'y a pas si longtemps, le toujours juvénile recteur de l'établissement où nous oeuvrons, le Professeur Marshall, qui demeure, comme il le dit lui-même, un éternel adolescent toujours dédié à l'édification de la jeunesse.

Bonne lecture !

La direction

 
Chroniques  

Les chroniques précédentes de nos correspondants pourront être
à nouveau consultées quand elles auront été révisées et reclassées.

    Simon Popp  

Vivre en société

Vous savez ce qui est la pire des choses qui puissent nous arriver en vieillissant ? C'est d'être obligé de côtoyer des gens avec qui nous n'avons la plupart du temps rien en commun et qui, parce qu'ils ont notre âge, s'imaginent que nous partageons les mêmes souvenirs.

Plus jeune - et j'ajouterais volontiers jusqu'à tout récemment -, j'ai passé pour un grognon, un être impoli, sans manières, qui disait sa façon de penser sans jamais enfiler des gants d'un blanc immaculé.

J'oublie à dessein les jeunots qui, parfois, n'ont que dix ans de moins que nous, et qui se croient appartenir à une génération différente, presque révolutionnaire par rapport à la nôtre, parce qu'ils habitent un pavillon de banlieue et possèdenet une Mazda CX-90 ou son équivalent ou  ceux qui  n'ont que vingt ans et qui se croient supérieurs non seulement à ceux auxquels je viens de faire référence (nous), mais à toutes ceux qui les ont précédés. - Je disais justement à l'un d'entre eux qui a tenu à me rappeler que jeune, je n'ai pas eu à ma disposition, comme lui, un ordinateur, l'internet, un téléphone portable (dit cellulaire dans la région immédiate de Pointe-Saint-Charles), ni même la télé en couleurs : «Je vous le concèede, mais sachant que vous seriez incapables de vivre sans ces appareils, ma génération les a inventés pour que puissiez au moins survivre...»

Non. Ce n'est que parce que nous avons mille ans de souvenirs que nous sommes devenus idiots. Lents, peut-être, mais pas idiots même si nous sommes de ceux qui ne croient pas que les Grandes Pyramides ont été construites par des extraterrestres

 La vieillesse fait partie de ces choses qui nous ramènent au principe fondtamental de l'existence : que nous sommes venus au monde, que nous allons vivre un moment puis mourir seuls sur une planète sans importance qui s'appelle terre. Et c'est tant mieux. Et la pensée que nous allons, une fois morts, nous retrouver sur une autre planète en compagnie de nos semblable - et surtout de toutes nos familles - ne déclenche pas, chez nous, un enthousiasme délirant.

À vous de penser que Newton, Einstein et Feynman ont été de vieux schnooks, mais il me semble que ça fait une mèche qu'on n'a pas inventer une autre roue...

*

Pensées sur la pensée

«Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ; car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont

- René Descartes - Le discours de la méthode - Leyde, 1637

Je ne sais pas si vous en avez connus, mais moi, non. Je parle de ceux qui ont lu, ne serait-ce que le début, de ce livre (très court : 22 pages). Le nombre de ceux cependant qui m'ont cité son «Je pense, donc je suis», dépasse, lui, tout ce que j'ai pu imaginer. Quant à son «bon sens», alors là, l'idiot de mon village, à moins qu'on lui ait lavé le cerveau, a toujours persisté à me dire qu'il en était doué.

En pratique, au jour le jour, quotidiennement et même d'heure en heure... (utilisez l'expression qui vous convient) les choses se passent différemment. Deux exemples (toujours les mêmes, mais j'insiste) :

- Si vous demandez à quelqu'un pourquoi il est croyant, il pensera automatiquement que vous êtes athée. Et vice versa.

Cet exemple s'applique à tous les domaines : la politique, le sexe, la conduite automobile, les livres que l'on lit, la musique qu'on écoute, et même les OVNIS.)

- Quelles que soient les statistiques, les preuves à l'appui, les autorités que vous citerez, vous n'aurez pas toujours raison.

Simon

1...]

  Herméningilde Pérec


Le whip

Questions qu'on me pose souvent : «Qui est à la tête du Castor™ ?» - «Qui décide ce qui peut y être publié ?» - «Qui signe ses éditoriaux ?» - Et comme je suis là depuis ses tous débuts (en format électronique) et qu'en plus, je suis le plus âgé de ceux qui s'y expriment, on prend pour acquit que je dois être de ceux qui font partie de cette élite - car il s'agit d'une élite, comme le souligne régulièrement Copernique ; que je serais même en quelque sorte le Head Honcho... le Big Boss ..., bref : le grand patron ou la grosse légume (The big vegetable) de cet hebdomadaire qui paraît mensuellement.

C'est faux.

Celui qui est le véritable maître à bord de notre organe, le phare qui éclaire nos si souvent citées opinions, l'omniprésent guide dans le chaos désorganisé de nos publications, a toujours été et demeure, depuis des années, l'unique et admirablement admirable Professeur Marshall qui, par sa seule présence, évite les excès souvent graves que nous signons la plupart du temps sans arrières-pensées. 

Je n'en suis que le whip.

Qu'est qu'un whip ?

Sa définition classique est : «Dans les pays appliquant le système de Westminster ainsi qu'aux États-Unis, le whip est le parlementaire ou représentant chargé de veiller à ce que les élus de son parti soient présents et votent en fonction des consignes du parti.» Je ne suis qu'un humble serviteur servant à assembler les divers points de vue exprimés  par tous ceux qui désirent exprimer à la masse si fine et si intelligente de nos lecteurs des positions qu'ils ne sauraient trouver dans d'autres publications où souvent, en 128 pages (42 lorsque les pubs sont supprimés) réussissent à ne rien dire du tout.

Ce qui ne m'empêche pas, parfois, d'émettre certains sentiments tout à fait personnels. Voir, plus loin, par exemple, mon compte-rendu d'un livre qu'on m'a remis il n'y a pas longtemps.

Et puis ceci :

 À quand les vacances ?

C'est au cours de la relâche qui a eu lieu le mois dernier au cours de laquelle une bonne partie de la population de Napierville et de ses environs, au-delà même de sa plus proche banlieue (Montréal), s'est envolée vers le sud, que j'ai pensé encore une fois à ce qu'on appelle les vacances ; non pas aux miennes, mais à celles des autres qui se croient obligés d'abandonner complètement leurs activités quotidiennes pour se diriger vers un quelconque chalet ou une plage dans les Caraïbes pour, enfin, relaxer une semaine, deux ou trois et qui y engloutissent parfois jusqu'à dix et même vingt pourcent de leurs revenus annuels.

Le mot "vacances", pour moi, me rappellent l'anecdote que l'on répète souvent en ce qui concerne Einstein :

Du temps où il était à Princeton, Einstein dut, comme tout le personnel de cet établissement, se soumettre à un examen médical annuel. Un jour, au cours d'un de ces examens, le médecin lui dit : "Vous semblez un peu fatigué, Monsieur Einstein, vous devriez prendre des vacances." - "Des vacances ?, lui répondit-il. Qu'est-ce que vous entendez par là ?" - "Pensez à ce vous avez toujours voulu faire, lui expliqua le médecin, et que vous n'avez jamais eu le temps et faites-le pendant deux, trois semaines. Ça va vous faire du bien." - Le lendemain, Einstein était de retour à son bureau.

Je peux comprendre que nous n'avons pas tous un métier, une profession, une occupation qui nous permet de faire en tout temps ce qui nous plaît, mais de là à sacrifier quarante-six, quarante-huit, cinquante semaines par année à faire quelque chose qui nous plait plus ou moins dans le seul but de gagner sa vie ou dans le cas qui nous concerne gagner de quoi se payer des vacances...

La vie est très curieuse et comme, à vingt ans, on ne sait au juste ce dans quoi on s'embarque, il serait peut-être loisible d'y repenser sérieusement à trente, quarante et même cinquante ans et de songer à sacrifier un certain confort pour la rendre heureuse, ou encore essayer de trouver le côté intéressant de ce qu'on est souvent obligé de faire...

H. Pérec

P.-S. : Je n'ai pas songé ni quand, ni comment ces semaines de "relâche" sont apparues dans le cadre de l'enseignement. Tout ce que je sais, c'est qu'elles n'existaient pas du temps de ma lointaine jeunesse.

   Copernique Marshall

Lire

Il y a un bon bout de temps, déjà, Simon nous racontait qu'à un Salon du Livre, il s'était assis à un bar pour déjeuner, un bar où se trouvaient quelques imprimeurs qui parlaient d''impression sur commande" (je ne souviens plus de l'expression exacte qu'il a utilisée), une sorte de processus qui consistait à imprimer dans un format uniforme, l'un après l'autre, tous les livres qu'on pouvait leur commander à partir d'un catalogue disponible sur Internet : l'Hamlet de Shakespeare, les Recettes de Tante Jeanne, Une saison dans la vie d'Emmanuel de Marie-Claire Blais ou le troisième tome de la Correspondance de Marcel Proust (et encore : que la correspondance d'une année en particulier), le tout à partir de textes disponibles dans un ordinateur auquel seraient reliés une imprimante, une relieuse, une étiqueteuse et même un appareil pour emballer chaque volume, lui apposer le timbre-poste nécessaire pour son envoi dans n'importe quel pays et ce, en moins de 24 heures.

C'était à ce moment-là plus une posssibilité qu'autre chose, mais depuis l'impression et la distribution de volumes ont beaucoup évolué. D'abord, on a compris qu'un livre pouvait être imprimé n'importe où à un coût moindre que de le fabriquer, par exemple, en France pour ensuite le distribuer au Québec.

Je n'ai pas retenu les détails exacts, mais une ex-voisine m'a montré il n'y a pas longtemps un livre qu'elle a fait imprimer en Asie (je crois), d'un de ses oncles, écrit il y a fort longtemps, totalement introuvable, mais aujourd'hui du domaine public et ce à un prix fort raisonnable. - Je vais lui demander la prochaine fois que je la verrai par qui et où et vous en ferez part. 

Je serais curieux de savoir si - et à quel prix - on pourrait me reproduire Les pas effacés ou les Mémoires de Robert de Montesquiou (Fezensac) publié il y a une centaine d'années et dont je n'ai pu retrouver qu'une copie dans un état illisble il y a quelques années.

Remarquez que je me contenterais volontiers d'une copie électronique...

*

Message à ceux qui ne croient qu'aux livres en papier :

Je vous comprend très bien et même si, lorsque c'est possible, de trouver une édition électronique d'une livre que je veux lire, je préfère me le procurer en ce format plutôt que sur papier, je dois avouer que je possède quand même plus de livres-papier que de livres format-lecteur. Pour le moment. Sauf que :

Je suis toujours un peu mal à l'aise quand je retire mon appareil de son étui au restaurant, dans une salle d'attente, en avion... - J'ai l'impression de dire à ceux qui ne lisent que sur papier qu'ils proviennent de l'époque où l'on préférait les chandelles aux lampes incandescentes ou un cheval, beaucoup plus fiable qu'une auto.

Mais les temps passent et est-ce qu'on vous a dit récemment  qu'il était devenu déjà, dans les années trente, presque impossible aux USA de donner un cheval - et encore que pour le transformer en colle...

C'est que, qu'on le veuille ou non, il y a d'immenses avantages à s'habituer aux livres en format électronique. En voici quelques uns :

1 - Le poids.

Vous n'êtes pas sans savoir que les Mémoires de Saint-Simon, dans sa version-papier la plus compacte, pèse au strict minimun demi-kilo ? Un peu moins pour À la recherche du Temps perdu de Proust, mais tout de même. Or les deux peuvent être tenir en même temps sur un lecteur qui n'a qu'un poids de 200 ou 250 grammes ?

2 - Le volume

Non seulement les deux peuvent être facilement s'y trouver, mais que vous pouvez leur ajouter les oeuvres complètes de Shakespeare, celles de Balzac, Hugo, Zola, la correspondance de Voltaire, les 24 volumes des écrits de Cicéron (en latin et en français), quelques dictionnaires, etc., sans en changer le poids ? 

3 -  L'accès

Vous cherchez qui et dans quel volume l'on peut trouver une citation, un passage, un personnage dans un de vos livres préférés ? la réponse, vous la ou le trouver instantanément s'il est dans votre lecteur.

4 - L'annotation

Je ne suis pas de ceux qui ajoute des notes dans les pages de leurs livres-papier.. J'ai pendant un temps inscrit mon nom dans chacun des livres que je me procurais, mais j'ai cessé depuis longtemps : un livre a, pour moi, un côté sacré mais, dans à un livre électronique on peut ajouter des marqueurs, mette en évidence certains mots, ajouter des commentaires sans le modifier. Et facilement par dessus le marché.

5 - L'internet

Un lecteur nous donne également accès, pendant que l'on lit, à l'Internet. Que dire de plus ?

C.Q.F.D.

Mais hier encore, j'achetais des livres pour lesquels je n'ai plus de rayons dans ma bibliothèque. Alors je les empile. J'en suis à ma huitième colonne...

Copernique

P-S. : Après plusieurs semaines de faux-départs, de fichiers qui se sont volatilisés ou qui se sont perdus en cours de route (j'ai beaucoup voyagé récemment) le premier volet des mini-essais qui remplaceront mes "Ten-Best" d'il y a une dizaine d'années est, depuis ce matin disponible. 

Voir ICI.

  Jeff Bollinger

Battage publicitaire autour de l'IA
(L'Intelligence Artificielle)

Il y a longtemps, au moins un siècle dans mon univers, j'ai sursauté quand j'ai entendu quelqu'un dire qu'un ordinateur ne lui dictera jamais quelle musique écouter. Ce qu'il voulait dire, c'est qu'un ordinateur ne pourra jamais deviner le genre de musique qui lui plaisait, ses états d'âme, etc. - Je n'en dirais pas plus.

C'est le genre de réflexions qui me fait penser qu'il existe en nous un Simon Popp prêt à se lever et s'en aller quand les discussions se mettent à déraper ou quelqu'un avance une opinion qui n'a aucun rapport avec la réalité (sans vouloir vous offenser, Monsieur Popp). 

Car c'est le genre de choses que j'entends (ou lis sur Internet) depuis quelque temps au sujet du ChatGPT qui en est depuis un mois à sa quatrième version - la nouvelle, l'améliorée, la plus puissante... -, soit les mot qu'on utilisait quand j'étais jeune pour annoncer un nouveau savon ou une nouvelle voiture :

Ah ! La Plymouth 77 !

Vous n'avez aucune idée de ce que j'ai entendu récemment à propos de ce chat qui n'est, à mon avis, qu'une version plus - comment dit-on - "conviviale" (?) d'un bon fureteur avec, au clavier, un être quelque peu intelligent ; un fureteur nouveau, amélioré et rendu plus puissant grâce au progrès qu'on réalise de jours en jours en informatique à la fois du côté hardware que software.  

Paraît qu'il peut préparer une recette à partir des ingrédients qui se trouvent dans son réfrigérateur, un menu pour diabétique-végétarien à moins de 1000 calories par jour et contenant 35% de protéines, défiler sur demande la liste des présidents américains depuis Washington avec, pour chacun, sa date de naissance, un résumé de sa vie avec une note appréciative basée sur différents critères, l'histoire du Sri Lanka, nous dire la grandeur (physique) réelle de Napoléon,  jouer aux échecs, nous apprendre une nouvelle langue, rédiger un résumé de n'importe quel livre, film ou même répondre adéquatement aux tests que l'on fait subir aux futurs avocats... sans compter qu'il peut vous raconter une blague sur un rabbin, un électricien et un comédienne qui entrent dans un bar...

Mieux encore : s'il se trompe et que vous le corriger, il retient ce que vous lui avez dit et s'en servira lorsqu'il aura à répondre à la même question lorsqu'on la lui reposera plus tard.

Comment répond-il au test de Turing ?

Le test de Turing ? - Voir sur Wikipédia.

Je ne lui ai pas demandé. Je suppose qu'il y répond adéquatement, mais je me demande comment il réagirait à la situation suivante (qu'on m'a déjà racontée) :

Deux personnes et un ordinateur dans trois pièces différentes. Le test consiste à deviner qui, dans les deux personnes est capable de déterminer où se trouve l'ordinateur. Une des deux personnes ne fait rien, n'écrit pas. Elle attend. Au bout d'un long moment, sur son écran, apparaît la ligne suivante : "Quand est-ce qu'on débute ?" Elle répond immédiatement : "L'ordinateur, c'est l'autre."

J'ai posé à ChatJPT-3 la question suivante :

"J'ai deux vaches, l'une caille et l'autre non plus, laquelle devrai-je vendre en premier ?"

M'a répondu via un paragraphe sur la variation de la valeur des vaches en fonction du marché, de l'offre et de la demande...

Je ne l'ai pas avisé que ma question n'avait aucun sens. Si quelqu'un l'a depuis fait, je parie qu'elle (il ?) le soulignera à celui ou celle qui le lui reposera... éventuellement.

Conclusion :

Ne pensez pas trop. Ne lisez pas Céline ou Proust. N'apprenez pas à vous servir adéquatement de l'Internet, ne demandez pas au futur ChatJPG-8 de composer une sonate à la manière de Chopin. Attendez tout simplement qu'une nouvelle version, améliorée, plus puissante vous empêche de sortir de chez vous quand il fera trop chaud.

*

En terminant :

J'ai, par curiosité, au cours des deux derniers mois visionné, écouté, lu une bonne vingtaine de documentaires et interviews, au moins six conférences et je-ne-sais-plus-combien d'articles sur ce qu'on appelle présentement "l'intelligence artificielle". Et je n'y suis pas allé au hasard dans ma recherche de ce que l'on entendait par, notamment, le mot "artificielle" et ce que l'on prévoyait ce qu'elle allait devenir à court, moyen et long terme. Je me suis en effet adressé aux grands spécialistes de la question, les théoriciens, les futurologues, ceux qui sont en train de construire ou programmer des ordinateurs avec qui l'on peut échanger des idées ou demander des informations, y compris la rédaction de mini-essais sur à peu près n'importe quoi ou ces robots qui savent jouer aux échecs, et même ceux qui, en provenance de divers secteurs de l'activité humaine (linguistes, psychologues, enseignants...) qui se penchent présentement sur la question. Et vous savez à quelle conclusion j'en suis arrivé ?

Qu'on n'a aucune idée ce que peut-être l'intelligence humaine, ni ce qu'elle peut être, ni comment elle se développe, ni ses limites ou ses capacités. Et demain ne sera pas la veille. - Comment en effet, écrire les algorithmes qui décideront d'oublier certains informations au profit d'autres, chercheront en vain une information qu'un ordinateur a emmagasinée quelque part dans sa mémoire, mais ne se rappelle plus où exactement, cesseront de répondre aux questions qu'un imbécile lui posera qui... se lèveront, comme Simon est capable de le faire, pour s'en aller lorsque la conversation deviendra sas intérêt ?

C'est Noam Chomsky, je crois, l'intellectuel par excellence, le linguiste, le philosophe, le scientifique cognitif, l'historien, le critique social,  parfois appelé "le père de la linguistique moderne" qui a le mieux résumé à la question de ce qu'est l'intelligence... en parlant des modèles dont on s'est servi pour expliquer la nature et la source du langage : «Vous savez ce que l'on a appris avec toutes nos théories ? disait-il en entrevu. Absolument rien. On n'en sait pas plus aujourd'hui qu'on en savait il y a cent ans.»

Un autre dont j'ai toujours admiré la simplicité de ses propos,  le psycholinguiste et psychologue cognitiviste canado-américain Steven Pinker (il est né à Montréal), l'ardent défenseur de la psychologie évolutionniste et de la théorie computationnelle de l'esprit, m'a étonné en disant au cours d'une de ses conférences que «tant et aussi longtemps qu'on aura pas compris comment un enfant puisse passer en parlant de "un chien" à "des chiens" quand il voit plus qu'un [sans avoir jamais suivi un cours de grammaire], on ne saura jamais comment le langage se développe dans nos pensées.»

(En d'autres mots, comment un enfant peut, à partir d'une centaines de phrases qu'il a entendues peut, à quatre ou cinq ans - en composer des milliers d'autres est un phénomène qu'on n'arrive pas à expliquer...)

Ces deux boutades - appelons les choses par leurs noms - me rappellent que tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas compris comment un cerveau humain fonctionne et défini adéquatement ce qu'est l'intelligence...

Jeff  

*

Un ajout de paul :

Cher Jeff, 

Vous savez ce à quoi votre chronique d'aujourd'hui m'a fait penser ? À un court programme, écrit en BASIC - de 8, maximum 16K - qui roulait, si ma mémoire est exacte, même sur un Commodore 64, au tout début de la micro-informatique, et qui donnait la plus parfaite illusion en lui posant quelques questions et en répondant aux siennes que l'on parlait [écrivait] à un être humain. C'était dans le genre d'une conversation qui pouvait durer plusieurs minutes, mais au cours de laquelle rien n'était vraiment dit :

- Comment allez-vous ?
- Très bien, vous-même ?
- Je n'ai pas à me plaindre.
- Pas de problème de santé ?
- Non. Que des problèmes avec mon auto.
- Quelle sorte de problèmes ?
- Une affaire de carburateur...
- Ah bon. Dites-m'en plus.
- L'auto démarre, démarre pas.
- Curieux...
- À qui le dites-vous ! 

etc., etc.

Du... ce que Simon appelle "smalltalk" : ces conversations qu'on a le matin avec son voisin avant d'aller travailler...

Votre ChatJPT me paraît être dans la même ligue. Quoi dire ou espérer dire à quelqu'un qui sait tout ?

Amitiés,

paul

   Fawzi Malhasti


Texte choisi

   Oh, on savait rire à cette époque et en vers :

Sonnet à la princesse Uranie sur sa fièvre 

Votre prudence est endormie
De traiter magnifiquement
Et de loger superbement
Votre plus cruel ennemi.

Faites-la sortir quoi qu'on die
De votre riche appartement 
Ou cette ingrate insolemment
Attaque, votre belle vie. 

Quoi ? Sans respecter votre rang
Elle se prend à votre sang
Et nuit et jour, vous faites outrage ?

Si vous la conduisez au bain
Sans la marchander davantage
Noyez-la de vos propres mains. 

Épigramme sur un carrosse de couleur amarante 
donné à une dame de ses amis.

L'amour m'a si chèrement vendu son lien
Qu'il m'en coûte déjà la moitié de mon bien
Et quand tu vois ce beau carrosse 
Où tant d'or se relève en bosse
Qu'il étonne tout le pays
Et fait pompeusement triompher ma Laïs. 

Ne dis plus qu'il est amarante
Dit plutôt qu'il est de ma rente

Molière - Les femmes savantes.

Fawzi

   Paul Dubé


Bach

Vous avez des amis mélomanes ? Je parle de ceux qui, quand vous mentionnez «Bach», ne vous demande pas si vous parler de Jean-Sébastien, de son fils, Jean-Chrétien ou d'«Offen», ou qui savent que dans les «Strauss», il y en a eu un qui s'appelait «Oscar» et qui n'était pas spécialisé dans la valse. - Je parle de ceux qui ont, de la musique, une souvent profonde connaissance et qui préfèrent Horowitz à Rubinstein, la quatrième partie de la 5ième de Beethoven plutôt que la première ou, de Debussy, le Pelléas et Mélisande de Boulez à celui de Cluytens. - Sont rares, mais il y en a et, quand ils se rencontrent, ils n'hésitent pas une minute pour prendre des notes de choses à écouter.

Voici Mary Garden, la créatrice du rôle de Mélisande et de qui Debussy disait qu'elle était «Mélisande» et à qui il n'avait pas un mot à ajouter à son interprétation.

La voici, chantant, peu avant sa retrait en 1928, 26 ans après Pelléas, Annie Laurie une vieille chanson écossaise qui a pour origine un poème qui aurait été écrit par un certain William Douglas (1682?–1748) de Dumfriesshire à sa bien-aimée, on ne sait au juste en quelle année. - Une certaine Alicia Scott l'aurait quelque peu modifié avant de le transformer en quelque chose qu'on pouvait chanter :

Maxwelton's braes are bonnie,
Where early fa's the dew,
Twas there that Annie Laurie
Gave me her promise true.
Gave me her promise true -
Which ne'er forgot will be,
And for bonnie Annie Laurie
I'd lay me down and dee.

Like dew on gowans lying,
Is the fa' o' her fairy feet,
And like winds, in summer sighing,
Her voice is low and sweet.
Her voice is low and sweet -
And she's a' the world to me;
And for bonnie Annie Laurie
I'd lay me down and dee.

Ne me demandez surtout pas de traduire !

Annie Laurie chanté par Mary Garden

Maintenant pensez à Marie Garden chantant Mélisande... à 29 ans.

 Note : 

On me demande souvent comment je "fais" pour écouter quasi à la chaîne des enregistrements du début du siècle dernier avec leurs clics, leurs pops, leurs hiss et leurs distorsions. Ma réponse est toujours la même : je reconstitue dans ma tête ce que j'aurais pu entendre au moment où ces enregistrements ont été gravés  En fait, j'ai utilisé le même procédé pour écouter ce que, plus tard, on a appelé des enregistrements électriques, magnétiques, optiques  pour en arriver de nos jours aux enregistrement dits "digitalisés". C'est, de toutes façons, ce que faisons tous : au lieu d'écouter en direct ce que nos oreilles pourraient ou auraient pu percevoir ou entendre, nous écoutons ce que des hauts-parleurs ou des casques d'écoute tentent de "reproduire" dans nos oreilles.

Certains ont plus d'imagination que d'autres.

Un conseil : n'essayez jamais de reproduire le son réel d'un orchestre symphonique dans votre appartement ; vous risquez d'avoir des problèmes avec vos voisins.

 


Mary Garden
(1874-1967)

paul

 

L'extrait du mois


Saint-Simon -Mémoires
Présenté par
Henry de Montherlant (1895-1972)
(Préface au 12e volume [de 18] de l'édition Ramsay - 1977-1979)


Attention : Ce texte est peut-être encore sujet à des droits d'auteurs.

Note de Montherlant :

(Ce texte a été rédigé surtout en 1945, mais les préparations et le premier jet en ont été faits en 1943.)

*

Le texte :

« Les épinards et Saint-Simon ont été mes seuls goûts durables. »
-Stendhal.                 

Le duc de Saint-Simon a été un des spectres bien-aimés de mon adolescence. Nul ouvrage obscène ne fut lu en cachette, par un collégien, avec plus de frétillement que je n'en eus à lire, à cet âge, les passages des Mémoires où j'apprenais que tels de mes proches parents, orgueil du Faubourg, avaient eu à Versailles une ancêtre qui y était (du moins selon lui) la risée de tous, et comment d'autres, que je croyais voir cavalcadeurs aux croisades, s'étaient anoblis d'eux-mêmes, saisis d'un beau mouvement, sous Louis XIV, issus d'un financier. 

Puis je lus le duc de bout en bout vers 1928, et il me transporta. Aujourd'hui j'y reviens et y picore, le bel an 1943 de l'Incarnation, afin d'écrire cette préface, non sans un peu de déception et lassitude, qu'en bon préfacier je devrais voiler, mais que je découvre par endurcissement à ne jouer pas le jeu.

Écrire trois mille pages de manuscrit, très grandes et compactes, et n'y mettre pas une pensée ! 

De sa vie, a-t-il réfléchi? On ne saurait dire, à ne lire que les Mémoires. Il a des idées politiques, mais tout le monde en France a des idées politiques ; et les idées politiques n'ont rien à voir avec l'intelligence : des idées politiques ne sont jamais meilleures que d'autres ; elles triomphent ou non dans le concret, pour un temps plus ou moins bref, et c'est tout. 

Les deux ducs se sont partagé la besogne ; l'un ne donne que du général, l'autre ne fait que raconter. 

Ses moralités sont courtes et plates. J'ai regret de ne lui voir jamais ces élargissements ni ces étendues bellissimes qui sont la gloire de tel de ses pairs : c'est une des grandes et divines supériorités de M. de Chateaubriand sur Saint-Simon - lesquelles sont de tout ordre, - que ces brusques déchirures de la page dans quoi se développe soudain une vastitude pleine de musiques.

D'autre part, un Bossuet, un Voltaire, un Chateaubriand encore, font l'histoire à leur manière, mais ils la font. Le Saint-Simon des Mémoires est dénué de vues, c'est un chroniqueur qui ne proportionne pas, ou qui ne proportionne pas juste, qu'on laisse et qu'on reprend n'importe où, dont il reste peu dans l'esprit. Il n'a pas de profondeur et il n'a pas de hauteur.

Ses portraits montrent un visage fade, poupin, la lèvre ensoleillée, le nez tel qu'on le dit «spirituel» quand on le voit dans une chanteuse de caf'conc' ; et c'est bien cela, il ressemble à Mayol. 

Toutefois, méfions-nous des portraitistes : peut-être, comme les photographes, lui avaient-ils dit de sourire. 

Il paraît que de taille il était minuscule. Comme homme, il a été un homme distingué, je veux dire un homme moyen. Politique, mais pas écouté. Catholique, mais pas éclairé : quand il se met a parler du Saint-Esprit, il devient imbécile. Pas amant, que je sache : le féminin manque cruellement dans son oeuvre, où il n'y a pas un personnage de femme tracé avec quelque émotion, comme il manque en accent dans sa sensibilité. 

Psychologue, mais sa psychologie parait superficielle à l'estime du monde contemporain, habitué à des instruments plus aigus. Homme d'esprit, mais pas autant qu'il devrait l'être, il s'en faut de beaucoup, Homme de coeur, mais tempéré : s'il décrit des misères, et les plaint, ce n'est souvent que pour dénoncer l'olipresseur ; c'est le politique qui parle, plus que le généreux. Honnête au demeurant : quelquefois une figure pure traverse la presse étouffante de ses faisans et de ses âpres, et alors il la salue au passage, avec un air de respect qui ne trompe pas. Mais ni son âme ni son intelligence n'ont été à la mesure du don extraordinaire dont la nature l'avait doué.

Je me résous avec peine, cependant, à penser d'un homme qu'il est parmi les trois ou quatre écrivains les plus doués de toute une littérature nationale, et à ni trouver pas dans son caractère quelque trace de grandeur. Où diable trouver de la grandeur chez M. de Saint-Simon? Tout ce qu'il a vu, touché, fait, projeté de faits, il l'a saisi par le côté petit : il est duc dans la vétille. Il y a quelque chose d'incroyable dans le comble où il peut s'abaisser afin de devenir grand d'Espagne, et d'avoir la Toison pour son fils : toute son ambassade faite à cette fin, dirigée vers cette fin, et il l'avoue sans vergogne ; aujourd'hui on dirait qu'on avait en vue le bien de la patrie ; au vrai, je ne sais si c'est pis ou mieux. 

Enfin le voici grand d'Espagne, j'allais dire petit d'Espagne. - Eh bien ! je me trompe, il y a un de ses actes qui ne manque pas de grandeur. C'est l'acte d'écrire ces trois mille pages, pendant trente années, trois mille pages qu'on écrit pour qu'elles soient lues, et avec pleine conscience de leur mérite rare, trois mille pages qui sont votre oeuvre unique, votre titre unique à la renommée, et de les écrire en ayant décidé que pas une d'elles ne paraîtrait de votre vivant. 

Ce goût de la gloire sous la seule forme posthume, décantée de tout le médiocre dont elle se charge au contact de ceux qui la donnent, - ce désir mêlé de dédain ne saurait être sans une certaine magnanimité. Bien mieux, ce travail de trente années, sur une matière de vingt autres années, c'est-à-dire ce travail de toute une vie, on ne voit même pas que Saint-Simon ait pris aucune disposition touchant la manière dont il serait publié. Second dédain couronnant le premier, dont les rayons en sont étendus.

Ce double trait n'est pas que de magnanimité. Il fixe un type d'homme : le créateur littéraire à l'état pur. L'auteur qui ne s'intéresse qu'à sa création, et non pas - ou très en seconde ligne - aux rapports de sa création avec le public ; l'auteur qui dit avec Goethe  «Une chose importe, c'est que ce soit écrit.» Le créateur dans toute sa pureté et admirabilité.

«Il n'a rien à dire, mais il le dit magnifiquement.» De qui donc ai-je écrit cela un jour ? Saint-Simon a à dire, mais la façon dont il le dit importe plus que ce qu'il dit. 

Nous voici enfin devant ce monstre, le maître du langage, qui inéluctablement gagne la partie, parce qu'il a le don non du bien-dire mais du fort-dire. 

Bossuet décroche l'immortalité en mettant le vide en fort langage ; Saint-Simon, en mettant en fort langage des anecdotes. Il ne s'est agi pour eux que d'écrire des choses qui faisaient l'effet d'être vraies, parce qu'ils les écrivaient à leur mode. 

Est-ce que vous ne trouvez pas que c'est faire à cette espèce d'hommes la part un peu trop belle ? Quoi ! il leur suffit de leur don, et ils ont le droit de dire toutes les sottises, toutes les faussetés, le droit d'être sans conscience, d'être partisans, d'être ignorants, d'abaisser ou d'élever selon leur humeur ou leur degré de boisson, et ce n'est pas assez de leur impudente impunité, il faut encore que ce soient eux qui fassent foi, eux qui marquent, eux qui durent, eux qui existent et surexistent enfin ! 

Ils soufflent tous les autres, avec leur don : il n'y a qu'eux. «Le bon langage et le bon style relèvent et redressent même les choses déchues et gâtées, comme la mauvaise phrase gâte et perd les bonnes.» 

Saint Jean de la Croix a écrit cela, qui est en termes doux la devise hennissante de tout grand écrivain : «Plus fort que la vérité», et cette constatation immorale s'ajoute à cette autre constatation immorale, que tous les embêtements, peines et calamités qui arrivent aux grands écrivains sont transmués par eux en or pur, dans leur creuset infernal, de sorte qu'ils sont ainsi vivants parmi les morts, après avoir été les plus vivants d'entre les vivants. Quoi qu'il en soit, juste ou non, le monstre est là, et s'il me scandalise je n'ai pas à m'en plaindre, et même vais de ce pas en rendre grâces aux dieux.

Léon Daudet a écrit que pour le naturel, le jet, la force, et comme formateurs d'une langue «telle sur le papier qu'à la bouche», il y a Amyot, Montaigne, Pascal, Saint-Simon, La Rochefoucauld, Sévigné. Je ne redis pas à cette liste. Mais Amyot, il faut d'abord le traduire ; Montaigne et Sévigné restent mols et prolixes ; La Rochefoucauld est malgré tout un appliqué. Voici détachés Pascal et Saint-Simon. Sur le plan de l'intelligence, pas de proportion : l'un écrivain génial, l'autre génie tout court. Mais il est bien vrai qu'eux deux sont les maîtres du style de feu, de l'incomparable style qui va, brûle, est un feu grégeois qui avance en dévorant.

Tout le monde, quand parurent les Mémoires, s'accorda pour dire qu'ils étaient «abominablement mal écrits» (le mot est de la du Deffand). Avait-on tort? Eh bien, non. 

Il n'y a pas de style plus débraillé que celui de Saint-Simon. S'il ne s'agissait que de ses ellipses, de ses tics entêtants, de ses voltes et de ses caracoles ! Mais il y a sa syntaxe affolante, son macaroni de qui et de que, les mots répétés, et surrépétés, les phrases sans queue ni tête, les culs-de-sac sensationnels. Durant des pages entières - surtout au début, - on va de catastrophe en catastrophe : il écrit à tombeau ouvert. Mais écrit-il «mal»? Si oui, c'est qu'il écrive mal, et qu'il ait le je ne sais quoi, qui fait en partie son originalité et sa force. 

Ce galimatias merveilleux est la langue d'un des deux écrivains français les plus éblouissants en tant qu'artistes (lui et Chateaubriand) : presque tout style, à côté de celui-là, fait figure de style pauvre ou de style cuistre. Non sans raison, il épouvante les professeurs. Mais est-il moins dangereux de faire paître de jeunes esprits dans le galimatias de Boileau, dans le galimatias de Corneille, dans le galimatias de Molière (quand il versifie), dans le galimatias de Descartes, en leur enfournant que cela est le beau style, que de leur permettre Saint-Simon, en leur marquant son impureté, et que c'est d'elle, souvent, que naît sa beauté ?

Saint-Simon ne se corrige pas. Et de Pascal nous n'avons que des notes. Qu'aurait été Pascal s'il avait construit ? Et Saint-Simon s'il s'était corrigé ? Moins que ce qu'ils sont, pour sûr. Leur éminence vient bien de ce jet si vif que, de le voir figé dans une édition de bibliophile, c'est-à-dire construite, cela fait une disparate qui nous froisse un peu d'abord, comme ce serait de voir immobilisée une flamme.

On voudrait savoir si l'auteur a été conscient de ce fait-là.

Saint-Simon a pris des notes de dix-neuf à quarante ans, et a rédigé durant ses trente dernières années, sorti des affaires, au cours d'une de ces immenses retraites comme on savait en prendre au XVIIe siècle : trente ans à être à l'écart, ô grâce de la Providence ! Durant ces trente ans, est-ce qu'il ne s'est pas corrigé parce qu'il n'avait pas le temps, à la lettre, de la création et de la correction, et a dû sacrifier celle-ci ? Ou bien, s'il avait voulu, pouvait-il mener de front les deux, et n'a-t-il conservé son premier jet que parce qu'il en sentait la supériorité ?

Pour répondre il faudrait connaître sa puissance de travail, son emploi du temps, son for intérieur. Lui-même, cependant, il s'est ouvert ou a feint de s'ouvrir là-dessus. 

A la fin des Mémoires, il écrit : «J'ai senti ces défauts (les défauts de son style, qu'il énumère avec clairvoyance). Je n'ai pu les éviter, emporté toujours par la matière, et peu attentif à la manière de la rendre , sinon pour la bien expliquer. Je ne fus jamais un, sujet académique (en effet, il ne fut jamais que d'une académie de chevaux), je n'ai pu me défaire d'écrire rapidement. De rendre mon style plus correct et plus agréable en le corrigeant, ce serait refondre tout l'ouvrage, et ce travail passerait mes forces, il courrait risque d'être ingrat.» 

«Pour bien corriger ce qu'on a écrit, il faut savoir bien écrire; on verra aisément ici que je n'ai pas su m'en piquer.» Bref, il explique son style par la fatigue et l'ennui de se corriger, et par le fait qu'il ne saurait pas «bien écrire». Mais méfions-nous des explications d'auteurs : un auteur, c'est toujours la menterie incarnée.

Quoi qu'il en soit, l'hypothèse la plus séduisante, et probablement la plus juste, est celle d'un Saint-Simon lucide. «Emporté», en effet, par «la matière», et trouvant «ingrat» de la traiter avec application. Mais conscient aussi de ce que sa paresse lui fait gagner. Sa paresse et son indépendance. 

«Surtout, monsieur, il faut tenir votre langue», lui disait Louis XIV : qu'on fasse et qu'on dise comme les autres, c'était la volonté de ce monarque, dont il a subsisté, n'est-ce pas ? quelque chose en son royaume. Si Saint-Simon est devenu ce qu'il est devenu, c'est, très précisément, parce qu'il n'a pas « tenu sa langue » en écrivant : il n'a été convenable ni dans sa façon de parler de ses contemporains, ni dans sa façon de parler tout court. Il n'a pas voulu écrire du style dont on écrivait autour de lui, les négligences, les outrecuidantes bizarreries. Moi, je le trouve bien ainsi, et c'est donc ainsi bien pour vous, grimauds. » Il impose son matgouillis de style, comme le noble impose ses vêtements démodés et sa barbe pas faite, sachant que, quoi qu'il fasse, c'est toujours lui qui tiendra le bon bout. Quant au dédain du noble ou noblaillon pour l'état d'auteur, c'est une vieille pose que nous retrouverons chez les Byron, Lamartine, etc. Nous savons qu'on n'en a pas encore fini.

Saint-Simon serait alors l'inventeur du style naturel littéraire, je veux dire d'un style parlé attentivement revu par la littérature. Il prend le style qu'il entend parler autour de lui à la cour, style qui a le jus et la hardiesse des moeurs de cette cour telles qu'il les a dépeintes, avec une certaine grossièreté qui était et est restée chose de seigneur (il nous a conté l'histoire charmante du petit chat qui était entré dans la salle du conseil de régence et se promenait sur la table en plein conseil, qu'on voulait faire partir, et qu'il dit qu'il fallait garder; son style familier, c'est cela : il a gardé le petit chat). 

Ce style, il le noue puis le projette, entortillé et tout d'un coup bondissant, concision dans l'élongation, fermeté dans le débraillé ; il le truffe d'archaïsmes, de trivialités, de mots techniques, de mots inventés, d'impropriétés de termes : pas un écrivain français n'a porté plus loin l'art de se faire sa langue à soi seul. 

Son naturel n'est pas à proprement parler artificiel ; il est seulement conscient, aimé, voulu.


Le manuscrit des Mémoires
(BNF no. 48043312176)

 Sa langue est à la langue de la cour ce que la langue d'un Céline est à la langue populaire : c'est cela et ce n'est pas cela. Mais il avait l'instinct, les antennes des maîtres, et c'est pourquoi son style, contrairement à ce qui arrive aux auteurs du faux style paysan, du faux style populaire, n'a pas vieilli. Et il l'a animé d'une haleine, d'une verve, d'un venin, d'une nervosité, d'un amusement à écrire qui suffiraient à lui donner la vie, c'est-à-dire à lui donner partie gagnée. Les auteurs et zélateurs du style mort comprendront-ils jamais que ce sont ces coups de fouet, qu'ils atfectent de trouver vulgaires, qui mieux que tout emportent une oeuvre et lui font franchir, d'un élan irrésistible, les portes de l'immortalité ?

On lit Tacite et Suétone en sachant ce qu'on va y trouver : on n'est donc pas étonné d'en sortir assombri. Mais Saint-Simon ne passe pas pour être un auteur noir. Aussi, quand on sort de sa vision d'un siècle illustre avec un poids de tristesse et d'horreur, on en est saisi d'autant plus. Siècle illustre, sombre siècle, tout plein d'intrigues souveraines, de pompes hypocrites, de procès impénétrables et intarissables, de billevesées de religion et d'étiquette : jamais l'art de se jouer de la personne humaine ne s'est esbaudi plus sournoisement que sous le couvert de ces cuirasses à dentelles, de ces pourpres boueuses, de ces hermines flétries de sang. L'arbitraire, la tyrannie, la persécution. Un roi omnipotent, le Zeus de l'Europe, qui met en branle tout le pouvoir pour torturer et assassiner des innocents : les «atrocités» de Louis XIV. Le désir de niveler (tant reproché aux démocraties), la vile courtisanerie, tous affolés par la passion de plaire, et le mot de servitude est un de ceux qui reviennent le plus souvent sous la plume de Saint-Simon. 

Partout c'est l'âpreté qui gagne, et le manège. Où est l'honnête homme dans tout cela, puisque la scène est toujours occupée par des impurs ? Et, auprès de ceux qui voulaient tant de choses, quelle était donc la place de celui qui ne voulait rien ? Mais nous savons que celui-là était le suspect entre les suspects la solitude a des indignations.

A cet état de choses, sans doute, Saint-Simon s'est opposé toujours plus ou moins. Il est opposant par nature. Au moment qu'il va parler de Louis XIV, il avoue qu'il ne se sent pas assez sûr de soi pour en parler sans haine et il se contente de dire : «On tâchera d'y atteindre» : cela est gentil et menaçant. 

Les Mémoires contiennent leur réquisitoire contre Louis XIV comme les Mémoires d'Outre-Tombe contiendront leur réquisitoire contre Napoléon. Nous apprenons dans les uns que l'homme de Versailles a été «un fort petit roi», dans les autres que l'homme d'Austerlitz «s'est abaissé au-dessous de l'espèce humaine» et «a fait rétrograder l'art de la guerre vers l'enfance de l'art». Charles X avait raison : il ne fait pas bon d'avoir près de soi un coquin de journaliste. 

Saint-Simon est contre Louis XIV. Il et contre les secrétaires d'État, «sortis de la boue». Il est contre la robe, «vile bourgeoisie». Il est contre Rome, dont il ne parle qu'avec insulte, et il l'a flagellée, en trente endroits, de traits atroces, et qui stupéfient presque venant d'un homme qui était catholique et bon catholique. Il est contre la haute société française, implicitement, si l'on en juge par les couleurs dont il l'a peinte. Il est aussi contre la vie hors du siècle, et l'homme qui faisait des retraites à la Trappe (mais qui avait parlé déjà des «ordures de séminaire», des «barbes sales de Saint-Sulpice», et j'en passe) a proposé qu'on fermât les monastères et qu'on dispersât les ordres. 

Il n'a pas dit seulement de notre nation qu'elle était légère et inconstante, que son principal ressort était la vanité, que leur génie portait les Français «à se faire la guerre entre eux quand ils ne sont pas occupés par des guerres étrangères» ; il a prononcé les mots graves de «bassesse» et de «vilenie». Et cependant, au bout de tout cela, Rome n'a pas branlé, les monastères se portent bien, la société française duXVIIIe siècle passe pour être un des honneurs de la France, la gloire de Louis XIV est immortelle, et parlez un peu au Français de 1943 de sa «bassesse» ou de sa «vilenie», vous verrez comme vous serez reçu. 

Tout ce que Saint-Simon a attaqué comme écrivain est debout, matériellement ou moralement. Et aussi tout ce qu'il a attaqué comme politique. Cela, il l'a reconnu lui-même, au déclin de sa vie, à l'heure où les hommes publics, et jusqu'à ceux qui ont eu le plus besoin du picotis du siècle, se retournent contre la société qui leur a donné congé, et font des variations sur le violoncelle de l'amertume ou aux grandes orgues de l'à quoi bon ? 

«Cette occasion m'arrache une vérité que j'ai reconnue pendant que j'ai été dans le conseil, et que je n'aurais pu croire si une triste expérience ne me l'avait apprise, c'est que tout bien à faire est impossible. Si peu de gens le veulent de bonne foi, tant d'autres ont un intérêt à chaque sorte de bien qu'on peut se proposer ; ceux qui le désirent ignorent les contours, sans quoi rien ne réussit, et ne peuvent parer aux adresses ni au crédit qu'on leur oppose, et ces adresses, appuyées de tout le crédit des gens de maniement supérieur et d'autorité, sont tellement multipliées et ténébreuses, que tout le bien possible à faire avorte nécessairement toujours. Cette affligeante vérité, et qui sera toujours telle dans un gouvernement comme est fie nôtre (...), devient infiniment consolante pour ceux qui sentent et qui pensent, et qui n'ont plus à se mêler; de rien.»

Une fois qu'on l'a mis en français, cela est clair. Ainsi, quoi qu'on fasse, le mal demeure. C'est que chaque époque croit que c'est elle qui a atteint le fond de l'ignominie, et il arrive qu'elle s'en effraye ; puis elle ouvre l'histoire, elle s'y retrouve, elle y retrouve toute sa noirceur, et alors elle repart rassérénée. Elle a compris que l'histoire ne lui en voudra pas plus qu'elle n'en veut à ces autres époques, et qu'elle peut être infâme en toute impunité. 

On lit Thucydide, puis on lit Tacite, puis on lit Michelet sur le moyen âge, puis Retz, puis Saint-Simon, puis Taine sur la Révolution française, et on trouve que cela est toujours la même chose : c'est toujours la même trame de forfaits, coagulée de sang. Dès lors, pourquoi se gêner ? 

Néron ne tremble pas quand il sait que «Tacite est déjà né dans l'Empire», ni pas un des grands bandits de ce monde ne tremble devant les verdicts de l'avenir. Que leur importe l'avenir ! Dans la minute présente ils peuvent satisfaire leurs haines, leurs foucades, leurs avidités, leurs insanités. Ils le font, sachant que l'ivresse de leur banditisme, cela est pris. Qu'ils s'en aillent donc tranquilles dans la mort ! L'histoire leur sera douce. 

O douce histoire, vous les bercerez dans vos bras, ces enfants coupables, du même bercer que vos enfants chéris. Que disions-nous donc tout à l'heure, qu'à la fin c'est toujours le grand artiste qui gagne ? Il gagne et perd. 

En exécution du testament de Saint-Simon (reproduit d'ordinaire par les éditeurs à la suite des Mémoires), son corps avait été enseveli à côté de celui de sa femme, les deux cercueils «si étroitement ensemble et si bien rivés, qu'il soit impossible de les séparer l'un de l'autre sans les briser tous deux» (et nous nous trompions donc en lui déniant le sens du féminin ; il l'a au moins en ce rencontre, et fort). La Révolution vint, brisa les cercueils, sépara violemment les corps, les jeta à la fosse commune. Cela est un symbole. 

Le cas fait des dernières volontés de M. de Saint Simon, c'est aussi le cas que l'on fait des avis et des voeux exprimés par tous les écrivains qui se sont souciés de la chose publique. On admire en eux le virtuose; du fond on ne tient nul compte, et les choses vont leur train. 

Il n'est pas mauvais que nous découvrions à la fin que l'édifice des Mémoires est élevé sur une fosse commune. Cela ne nous rappelle pas seulement ce qui subsiste des désirs suprêmes d'un homme, mais encore, combien le mal et le bien au bout du compte sont confondus et indiscernables, à la manière de ces ossements et de ces cendres que l'éternité marie au hasard, et combien est vraie la parole de l'Écriture, qui doit s'entendre de l'honnêteté tout autant que de la sagesse :

«J'aurai le même sort que l'insensé. Pourquoi donc ai-je été plus sage ?»


Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon
(1675-1755)

*

Ajout pour les membres du Club de lecteurs de la Libraire Côté Gauche :

Je n'ai jamais compris et je ne comprends toujours pas pourquoi, ni comment, ni par quel chemin, j'en suis venu à m'attaquer, même très jeune,  aux "monuments" de la littérature que furent Shakespeare, Proust, Joyce, Ruskin et...  Saint-Simon, ces écrivains qui, par la démesure de leurs productions, semblent défier tous ceux qui voudraient les lire. 

Lire tout Zola, tout Balzac, tout Dickens et même tout Dostoievski... c'est à la portée de tout le monde ayant un peu de patience - Ponson du Terrail même avec ses deux cents ou à peu près romans - car chacun de leurs récits est unique, ces sont des oeuvres complètes en elles-mêmes. Alors que c'est tout le contraire chez ces monuments, ces monstres de l'écriture que sont :

Shakespeare qu'on découvre avec Hamlet, Othello, le roi Lear et même les comères de Windsor, mais qui nous déroute complètement en nous présentant presque en filigrane un personnage comme Falstaff dans Heny IV et Henri V ou, de plein fouet, l'ignoble Richard III.

C'est Joyce qui dans Ulysse ne nous raconte non seulement l'histoire d'un Bloom au cours d'une seule journée, à Dublin, mais tout l'Irlande ou qui écrit un Finnegans' Wake qui contient à lui seul, et en un seul jet, huit, neuf, dix, douze visions d'une seule et même réalité.

C'est l'esthète Ruskin qui nous parle de l'art, de la beauté de Venise, de la cathédrale d'Amiens et qui, tout à coup se met à insulter, presque tous les gens de sa génération qui construsent des temples romains pour abriter des banques ou qui se met à discuter tout à coup des conditions ouvrières du temps de l'époque victorienne...

C'est Proust dont le roman Un amour de Swann, n'est qu'une parenthèse dans sa Recherche du Temps perdu. - On pourrait même ajouter «Une banale parenthèse» ; ce n'est qu'en lisant le reste qu'on comprend celui qui a construit sa Reherche, pierre par pierre, comme on construit une cathédrale a bien voulu nous la faire lire.

Et puis c'est Saint-Simon dont on peut citer, entre autres, des centaines de portraits inoubliables qu'il a fait souvent en quelques paragraphes, mais qui, comme le souligne Montherlant, écrit mal en nous expliquant trois siècles en avance un Staline ou un Trump.

On a tort de croire ces monuments comme étant des choses qui nous dépassent : ils ne font que nous décrire ce que nous sommes ; des êtres parfaitement imparfaits, mais grandiose. - En les lisant on devient plus que ce qu'on est au départ.

De toutes les préfaces parues dans l'édition Ramsay des Mémoires de ce monument qu'est Saint-Simon, celle que vous venez de lire mérite d'être relues plusieurs fois. 

Saint-Simon n'aurait pas pu souhaiter une meilleure introduction

paul

Le mardi 4 avril, 2023

1*]

Lectures


Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres, revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.

 

The Hunger Games
Suzanne Collins
Scholastic Inc. (Markham, Ontario) 

Hunger Games (The Hunger Games) est le premier de trois romans  parue de 2008 à 2010 sous les noms de :  The Hunter Games, Catching Fire (L'embrasement) et Mockingjay (La révolte), suivie d'un préquel en 2011 : The Balad of Songbirds and Snakes (La ballade du serpent et de l'oiseau chanteur).

Quelques détails tout d'abord :

UN : Est-ce que j'ai lu un, deux, trois de ces romans ? Non. Aucun. D'ailleurs le seul qui m'est passé entre les mains est le troisième que je n'aurais pas lu, si l'idée m'en était venue, avant de lire les deux premiers.

Mon intérêt dans cette trilogie (+ un) fut de savoir ce que les adolescents lisaient de nos jours ayant, il y a quelque temps, lu divers commentaires sur une autre série (qui en est rendu à son septième [?] volume) et qui a fait et continue de faire fureur,  Harry Potter de J. K. Rowling, et d'autres articles sur les héros du jour : Batman, Spiderman et même Superwoman.

DEUX : Pourquoi The Hunter Games que je ne connaissait que de nom ? - C'est suite à la lecture d'un passage (deux ou trois pages tout au plus) lu par une charmante jeune fille qui fait partie d'un petit groupe de lecteurs qui, depuis deux mois déjà, se réunissent le troisième vendredi du mois en la Libraire Côté gauche [voir la section Publicités un peu plus loin] pour parler de leurs lectures. - Et non seulement parce qu'elle est charmante, mais parce qu'elle n'a eu aucune difficulté à lire ces deux, trois pages extraites du troisième des volumes de cette série ; pour une raison qui m'a paru évidente : c'est qu'elles étaient bien écrites, un signal que son auteur(e) les avaient rédigées avec soin. 

(J'ai toujours en tête, quand j'écris des choses semblable, un auteur très connu, en son temps, au Québec, à qui on avait demandé de lire un long passage d'un de ses romans à la télé et qui n'en finissait pas de se reprendre, ne se retrouvant pas en lisant ses propres phrases...)

TROIS : Qu'est-ce The Hunger Games ?

Il s'agit d'une trilogie de science-fiction dystopique[*] qui se passe dans un futur quelconque aux États-Unis où l'on retrouve, dans les Rocheuses, une région appelée le Capitole qui centralise tous les pouvoirs sur douze districts qui lui fournissent nourriture, énergie, matières premières, etc. En punition d'une révolte de ces Districts, plusieurs années auparavant, le Capitole organise chaque année les «Hunger Games» (Jeux de la Faim), où chaque District est contraint d'envoyer un garçon et une fille âgés de douze à dix-huit ans tirés au sort : les vingt-quatre sont conduits dans une immense arène naturelle et doivent s'entre-tuer jusqu'au dernier survivant. 

(Je résume l'article détaillé sur le fond et les intrigues de cette trilogie dans laquelle, par exemples, vous apprendrez qu'on n'appelle pas ces jeux de la Faim pour rien, que les adolescents qui y participent arrive de s'entraider, de tomber en amour, etc., détails que vous trouverez sur la page qui lui est consacrée chez Wikipédia qui mentionne entre autres que la partie narrative de l'ensemble du récit est très bien structurée.)

[*] Une dystopie est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'il soit impossible de lui échapper et dont les dirigeants peuvent exercer une autorité totale et sans contrainte de séparation des pouvoirs, sur des citoyens qui ne peuvent plus exercer leur libre arbitre. (Wikipedia)

QUATRE : Comme c'est mon habitude, si j'ai attiré votre intention sur ces Hunter Games, c'était pour vous parler d'autre chose :

*

Je vous ai déjà mentionné, je crois, que parmi les pires professeurs que j'ai eus au secondaire et même au collège, il y en a deux que je n'ai jamais pu blairer et ces deux étaient des professeurs de littérature.

Le premier avait deux livres en tête : La Chanson de Roland et les Aventures de Télémaque. Le premier parce que c'était une épopée et épopée, pour lui, c'était action, courage, gestes héroïques, de quoi intéresser des jeunes comme nous et le deuxième pour les êtres fantastiques, demis-dieux, etc. de la Grèce antique que Télémaque allait rencontrer au cours de ses voyages. Inutile de vous dire que tous ses élèves n'ont jamais deux lignes de ces deux chefs-d'oeuvre. Je demeure aujourd'hui convaincu qu'il n'a jamais su que nous lisions Azimov, Frankentein et même Dumas (le Comte de Monte Cristo, les Trois mousquetaires) ou les Biggle que nous avions dans nos sacs et que nous nous échangions entre-nous.

Le deuxième a été pire encore. Il nous fait lire en rhétorique une seule pièce du domaine classique, les Femmes savantes de Molière, vers par vers, césure par césure, pied par pied. Ne s'est jamais aperçu que par dérisions nous lui parlions en alexandrins et tous les livres défendues à notre époque, nous les lisions tous : Sartre, Camus et même le Marquis de Sade (sans compter les Frankenstein, Dracula et autres romans dit d'horreur).

Je ne sais pas ce qu'on enseigne aujourd'hui au secondaire ou au Cegep (dans les Lycées en France), mais je soupçonne fortement, d'après les livres dont se débarrassent les bibliothèques scolaires lors de leur séance d'épurage, que : un, on n'y enseigne plus la littérature et deux, qu'on ne s'intéresse pas du tout aux livres que les adolescents doivent lire en catimini.

Une chose me paraît claire : que la littérature à la Rowling et à la Suzanne Collins demeureront toujours populaires. Et il n'y a pas de quoi s'inquiéter. 

 Simon Popp

*

Anna Thalberg
Eduardo Sangarcia
(Traduit de l'espagnol par Marianne Millon)
Édition La Peuplade (Saguenay, Québec) 
160 p. - 2021 (2023 pour la traduction)

Trois questions que je me suis posé en rapport avec ce livre :

  1. Pourquoi m'a-t-on proposé de le lire ?
  2. Pourquoi l'avoir écrit ?
  3. Pourquoi l'avoir écrit dans son style particulier ?

Je n'ai pas encore trouvé de réponses.

À la première, la dame qui me l'a laissé à la Librairie Côté Gauche [voir, comme mentionné dans le compte-rendu précédent, notre section Publicité ci-dessous], suite à la dernière réunion de son Club de lecture (idem), pourra sans doute y répondre. Pour le moment, sauf, peut-être, ma fascination pour les livres hors du commun, je n'arrive pas à comprendre.

À la deuxième, je ne vois que deux explications : une certaine curiosité que pourrait avoir un lecteur à lire divers aspects de ce qu'on pourrait appeler la chasse aux sorcières du temps de l'Inquisition [*], mais surtout les tortures qu'on y pratiquait à l'époque. - Un roman d'horreur à la Stephen King ? - Je n'en sais rien. - De ces romans, je n'en ai feuilletés quelques uns, lus aucun et ne m'y être penché que pour savoir ce qu'ils pouvaient être. - Pas du tout dans le genre qui m'attire. - Sur l'Inquisition et ses répercussions qu'elle a eues dans l'histoire, surtout dans l'histoire des religions et particulièrement dans la religion catholique, j'avoue m'y être intéressé quelque peu, mais pas sur son côté morbide, démentiel, pathologique même des méthodes utilisées pour obtenir les aveux de ceux qu'on soupçonnait de sorcellerie ou d'hérésie.

[*] La chasse aux sorcières de Wurtzbourg, au sud de l'Allemagne  au XVIe et XVIIe siècle en ce qui concerne ce roman, mais cela est sans importance.

Pour ce qui est du style, des styles utilisés par son auteur, alors là j'ai cru y voir un intérêt marqué de l'auteur pour décrire ce qui vraisemblablement ne saurait être écrit autrement.

Le stream of consciousness d'abord ou le flux de la conscience qui ne pense ni en phrases, ni en paragraphes, ni même en mots, sans pause ou ponctuation et qui correspondrait à la façon qu'utiliserait quelqu'un qui voudrait nous dévoiler entièrement ce qui se passe dans sa tête au moment même où cela se passe. - C'est une technique qui a été utilisée avec beaucoup de succès et étonnamment efficace par des écrivains comme James Joyce, Virginia Woolf et d'autres dont, d'une certaine manière, la romancière québécoise Marie-Claire Blais. - Elle a ses partisans, mais ses limites : pour que la pensée continue d'un personnage nous intéresse, il faut quand même que ce personnage soit en lui-même intéressant ou susceptible de nous apprendre une nouvelle façon de concevoir la réalité, mais, dans ce roman, ni l'examinateur, ni l'héroïne, ni son mari, ni le curé ont des personnalités - comment dirais-je ? attachantes au point où l'on aurait voulu, à leur époque, se lier d'amitiés. - Certainement pas l'examinateur, il va sans dire. - Il en résulte, c'est du moins ce que j'ai senti, une certaine monotonie dans le ton des passages où ce flux de la conscience est utilisé.

 La deuxième technique est plus intéressante : on met côte à côte ce qu'une personne dit et ce que pense l'autre à qui elle le dit. On se croirait au cinéma regardant le visage et l'attitude de celui ou celle qui écoute. À mi-chemin, on peut inverser celui qui parle et celui qui écoute.  Il y a une échange de la sorte entre un confesseur qui après une séance de torture s'occupe de "consoler" ou d'aider la victime.

Pour ce genre de lectures  s'en remettre à l'écrivain portugais dont c'est la spécialité... et dont je cherche le nom depuis trois jours... 

   paul 

***

Il se fait tard
Gilles Archambault
120 pages - Les Éditions Boréal, 2022

En bref :

Qui ne connaît pas Gilles Archambault ?

Comme on peut le lire dans le revers de la couverture de de cet opuscule (?), «Gilles Archambault est un romancier et chroniqueur  qui pousuit une oeuvre qui lui a valu quelques distinctions prodigieuses (prix David, 1981, Prix du Gouverneur général 1967, prix Fleury-Mesplet 2005) et surtout l'attachement d'un public fidèle et complice.»

Certains l'ont connu par ces commentaires radiophoniques, d'autres par ces critiques sur le jazz et d'autres encore par ses romans et contes.

Et de quoi nous parle Monsieur Archambault dans ce quarante-quatrième volume de sa carrière d'écrivain, volume que j'ai lu d'un trait et que je me promet de relire ? D'un aspect de la vie qui m'intéresse particulièrement depuis quelque temps : 

 «À l’instant de ma mort, je souhaite être seul. Tant mieux si je suis dans un transat, face à la mer. On imagine que von Aschenbach revoit sa vie en un instant, qu’il songe à la beauté qu’il a imparfaitement évoquée dans ses œuvres. Moi qui ne serais au mieux qu’un honnête artisan des mots, je souhaiterais au moment de mon entrée dans le néant revoir en un éclair des gestes de femme, les tiens, Lise, et entendre des voix d’enfants. Ce serait pour moi une mort presque convenable. Mais je serais seul. Ne pas me donner en spectacle.»

Voir à : Éditions Boréal.

Un livre à relire.

H. Perec

 ***

Silverview
(L'espion qui aimait les livres)
John le Carré, Seuil, 2023
Troisième coup d'oeil

(Tandis que j'en termine lentement la lecture [et en français, et en anglais])

(En guise de réponse à un ami qui se demande pourquoi je persiste à lire les romans d'espionnage de cet auteur décédé en décembre 2020...  alors que je refuse presque systématiquement de lire tout ce qui est contemporain.)

 

Parce que c'est un grand écrivain.

Pour paraphraser un article paru dans - si ma mémoire est exacte - le Globe and Mail quelques jours après sa mort, je citerai un passage à la toute fin de son premier grand roman :  "L'espion qui venait du froid" (qui aura quand même 60 ans cette année ) :

(Ce passage consiste en une réplique de Leamas, le personnage central de ce roman, à son amie Liz qu'il a entraînée malgré lui dans une sordide histoire où tous les deux vont périr.)

"Pour quoi prends-tu les espions ? Pour des prêtres, des saints, des martyrs ? Non ! Ce sont des êtres minables qui font partie d'un défilé d'imbéciles vaniteux, de traîtres aussi ; oui : de pédés, de sadiques, d'ivrognes, de types qui s'amusent à jouer au Cowboy et aux Indiens pour mettre un peu de sel dans leur triste existence. Tu les imagines assis en rond à Londres comme des moines dans leur chapelle, en train de soupeser le Bien et le Mal ? [Et bien non...] Ils ont besoin de nous pour assurer la sécurité des gens ordinaires, sans importance, comme toi et moi...

Qu'on se le dise : 

Pour John Le Carré, le monde de l'espionnage n'a jamais été le sujet de ses romans ; ce ne fut qu'un outil dont il s'est servi. Son véritable centre d'intérêt a toujours été celui des «gens ordinaires et minables» [comme il le souligne lui-même]. Les espions, il les a utilisés en les décrivant sous la forme de personnages qui se croient importants avec leurs astuces, manipulations ou manigances sans effet qui ont, selon eux, une influence sur un échiquier qu'ils ne maîtrisent pas, qu'ils croient comprendre et qui ne sont, pour lui, que des pions vivant dans une réalité à peine exagérée, comparable à celle dans laquelle nous vivons tous sauf que cette réalité, dans ses mains, finit par se transformer en une chose très précieuse, bien au-delà de ce que nous en pensons.

C'est ce que je crois être la véritable fin, le véritable but de la littérature qui, pour citer  un autre écrivain (Proust), n'est pas un jeu de dilettante, ni une série d'histoires qu'on se raconte pour se donner l'illusion que nous comprenons le monde.

Simon (et Copernique)

Il y a dix ans dans le Castor


Tout existe, y compris l'absence

Un professeur d'université demanda un jour ses étudiants la question suivante : "Dieu a-t-il créé tout ce qui existe ?"

Un étudiant bravement répondit: "Oui, Monsieur. Tout."

Le professeur répondit : «Si Dieu a tout créé, Dieu a créé le mal puisque le mal existe et selon le principe de nos travaux qui définissent ce que nous sommes, alors Dieu est mauvais».

L'étudiant resta silencieux devant une telle réponse. Le professeur, tout à fait satisfait de lui-même, dit à ses élèves qu'il venait de démontrer encore une fois que la foi chrétienne était un mythe.

Un autre étudiant leva la main et dit : «Puis-je vous poser une question, professeur ?"

«Bien sûr», répondit-il.

L'étudiant se leva et demanda : "Professeur est-ce que le froid existe ?"

"Quel genre de question est-ce ? Bien sûr qu'il existe. N'avez-vous jamais eu froid ?"

Le jeune homme répondit : «Mon opinion, monsieur, est que le froid n'existe pas. Selon les lois de la physique, ce que nous considérons comme le froid est en réalité une absence de chaleur. Nous avons créé ce mot pour décrire ce que nous ressentons quand nous n'avons pas suffisamment de chaleur. "

L'étudiant continua : «Professeur, est-ce que l'obscurité existe ?"

Le professeur répondit : "Bien sûr que oui."

"Encore une fois, je crois que vous avez encore tort, Monsieur. L'obscurité n'existe pas non plus. L'obscurité est tout simplement un manque de lumière. - Et il en est ainsi du mal : c'est l'absence du bien, de l'amour, de la charité et ce sont les hommes qui créent cette absence dans leur coeur."

La légende veut que ce jeune homme s'appelait Albert Einstein.

Spitzman, Moe (Cardinal)

Dédicace


Cette édition du Castor est dédiée à :

  
Pierre Alexis Ponson du Terrail
auteur de plus de 200 romans et feuilletons
dont les célèbres aventures de Rocambole.
De son vrai nom, il est né Joseph Fipart.

(1829-1871)

Pages recommandées


Toulouse-Lautrec : L'oeuvre lithographique complète    
370 photos   

Schubert un essai de Paul Dubé 94 extraits sonores, 
45 photos, 5 vidéos, 7 annexes et de nombreux liens.

Éphémérides  
Là où s'accumulent les inclassables

Best Sellers et Prix littéraires  
Une causerie autour de la lecture

René Char  
Un essai à la Simon Popp

Marcel Proust
Une suite à une causerie animée par Paul Dubé 
en la Librairie Côté Gauche le cinq mai 2022

Parmi nos autres pages :

Aceto, Le Caraguay, Aksoum, Les Coteaux...

Le mot de la fin


En guise de post-scriptum, ce mot de Victor Hugo dans le fin bout de son âge , grande vérité sur la création, dans l'infatigabilité de la solitude : «Tout le sondage de l'inconnu est à recommencer», puisque la vie, ainsi qu'il l'a dit aussi est une phrase interrom - 

- Article paru dans Le Devoir, le 30 mars 1985

(Cité dans Pour saluer Victor Hugo de Victor-Lévy Beaulieu,
    Édition Stanke 10/10 - Livre de poche, 1985, page 398)           

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Toujours se renseigner (heures d'ouverture, etc.) avant de se rendre sur place

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Librairie Côté gauche
33 rue du Marché, 
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Fondé en 1900 par le Grand Marshall, le CASTOR DE NAPIERVILLE fut, à l'origine, un hebdomadaire et vespéral organe créé pour la défense des intérêts de l'Université de Napierville et de son quartier. - Il est , depuis le 30 septembre 2002, publié sous le présent électronique format afin de tenir la fine et intelligente masse de ses internautes lecteurs au courant des dernières nouvelles concernant cette communauté d'esprit et de fait qu'est devenu au fil des années le site de l'UdeNap, le seul, unique et officiel site de l'Université de Napierville.

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