Vol. XXXI, n° 9
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Le seul hebdomadaire de la région publié une fois par mois
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Le lundi 3 mai 2021
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Mai
Ça pourrait
être pire... non ?
La preuve...
Cliquer sur : ..Could
be worse...
(Une scène de Frankenstein Jr. de
Mel Brooks - 1974)
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En révision
J'en aurais trop long à dire cette
semaine sur l'état de la «révision» du site de
l'UdeNap. Tout d'abord, oubliez ce mot «révision»
car ce qu'on m'a demandé, ce n'est pas de «mettre à jour» une série
de pages dont certaines remontent à plus de vingt ans, mais bel et
bien de remanier totalement l'ensemble du site. - Je vous en dis un peu plus
dans le billet ci-joint.
Pour le moment, je vais vous citer deux
pages et vous me direz dans quelle(s) catégorie(s) il faudrait que je les
classe car la réorganisation de ce site dépend surtout d'un pré-inventaire
des pages existantes et mon logiciel de révision indique qu'il y en a
4,154... - Je n'ai pas encore atteint ma 500e...
Allez. Jetez un coup d'oeil. Vous m'en donnerai des nouvelles
:
Simone
de Beauvoir et Ludwig von
Köchel
Pour le reste, cliquez ICI.
Maud
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Ce numéro :
Dracula ! Brrr.... - Vaclav Neumann - Amin Maalouf
- Gustav Mahler - Marceline Desbordes-Valmore - James Joyce - Benjamin
Zander - Bram Stocker - Vasily Gergiev - Proust, Joseph Kessel, Georges
Courteline - Jean-Pierre Melville - Visconti et Michel Louvain.
Bonne Lecture !
Erratum :
Une erreur s'est
malheureusement glissée dans notre page sur Pâques. Elle a été
corrigée dans la page qu'on pourra rejoindre en cliquant ICI.
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Éditorial
Erreur
(Le lundi 3 mai après-midi)
Tous les membres de cet hebdo
vous diront la même chose : certains problèmes finissent par disparaître
ou se régler par eux-mêmes si on ne leur porte pas trop d'attention.
C'est sans doute ce qui s'est
passé entre samedi matin et midi aujourd'hui lorsque notre serveur,
atteint, comme nous nous disions entre nous, d'une forme électronique de
la CODID-18, s'est mis à faire de siennes en refusant toutes
modifications de nos fichiers.
"Je n'y peux rien
pour tout de suite, nous dit notre technicien. Mais j'y serai à
l'aube, lundi. - En attendant que vais vous préparer un communiqué..."
Nous n'avons pas lu ce
communiqué, mais apparemment il disait que nous serions "en ondes"
(?) d'ici midi, aujourd'hui même. À l'aube d'une région située à l'est
de Vancouver semble-t-il.
Et puis voilà qu'à onze
heres, heure avancée de l'est (la nôtre), un Bip s'est fait
entendre et tout est reparti sans qu'on touche à quoi que ce soit.
Notre technicien, ponctuel
comme d'habitude a constaté la chose et nous a dit qu'il lui faudrait des
heures pour comprendre ce qui s'est passé (lire : et autant d'heures
pour nous l'expliquer). Nous l'avons retenu une heure, deux et puis
comme il avait d'autres rendez-vous...
En espérant que vous pourrez
lire ceci, il ne nous reste qu'à vous souhaiter une bonne lecture.
La direction
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Chroniques
Les chroniques précédentes de nos
correspondants
pourront sous peu être disponibles à nouveau.
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Simon Popp
Puisque vous êtes là...
(Lamentations d'un isolé par la COVID-19)
Je ne pense pas avoir été au cours de ma vie
une bête charmante en société, mais qu'est-ce que j'ai été au juste
? Que savons-nous au juste de ce nous sommes et de ce que nous avons
été ? La réponse la plus simple, Proust nous l'a donnée : «Notre
personnalité sociale, n'est que la création de la pensée des autres.»
Oui, d'accord, mais en notre nous à nous, qui sommes-nous ? C'est ce que je
j'essayais d'expliquer il n'y a pas si longtemps à un jeunot
qui célébrait son cinquantième anniversaire : «Tu te souviens de
qui tu étais il y a vingt ans ? Et tu t'imagines que tu te
souviendras dans vingt ans de ce que tu es en ce moment ?»
La vie
est une expérience bien étrange. On a l'impression d'être toujours
soi-même, qu'on la traverse en un seul bloc avec des attitudes qu'on modifie
au fur et à mesure qu'on vieillit, qu'on évolue, que nous
restons fondamentalement nous-même alors qu'il suffit d'y penser
deux minutes pour réaliser que nous
devenons tout autre non pas sur de longues périodes, mais de jours en
jours.
Ai-je été un ours en société ? - C'est fort
possible. - Si j'ai voulu l'être ? - Évidemment non. Et quand ça
m'est arrivé, je me suis
toujours excusé de l'avoir été en invoquant une certaine maladresse. -
C'est peut-être ce qui explique qu'au cours de mon existence, j'ai eu
quand même beaucoup d'"amis" (entre guillemets) parmi lesquels certains, peut-être même
le plus grand nombre d'entre eux, étaient à - passez-moi
l'expression - usage unique. Avec l'un je parlais de cinéma, avec
l'autre de musique, avec un troisième de littérature ou même
d'informatique. J'en ai même eu un avec qui je ne pouvais parler que de
choses mondaines comme l'alimentation ou le sport, mais dont la présence
fut toujours agréable. - Peut-être
en est-il été de même de leur côté. Que j'ai été, pour eux, un
cas à usage unique. - Ça aussi, c'est fort
possible. Je dirais même probable. - Qui sait ? Celui, par exemple, avec qui j'ai parlé de
films toute ma vie était peut-être un homme très versé en
politique. Ce que je sais, c'est que nous n'avons jamais parlé de poésie
entre nous deux. - Et mon sportif, aurais-je vraiment été surpris d'apprendre
qu'il adorait Shakespeare ?
(Je parle au passé, mais ce que j'évoque est encore
chose courante.)
Je pensais à tout cela, hier, quand on m'a demandé
comment je vivais ma solitude avec cette pandémie qui nous isole plus
ou moins depuis déjà un an quand tout à coup j'ai réalisé
que j'en étais à ma troisième année de semi-solitude, m'étant,
en décembre 2015, éloigné de tout ce qui me
paraissait normal à une certain époque. Il y aura bientôt trois ans,
en effet, que j'aurai quitté mon penthouse du centre-ville (Montréal)
pour venir vivre ici, au milieu de ce qu'aurais appelé dans le temps un
certain nulle part, sans téléviseur, sans radio et qu'avec un nombre
restreint de livres et dans un espace de moins de la moitié de celle
dans laquelle j'aurai vécu plus de la moitié de ma vie. Et, par dessus le
marché, loin de tout alors que, longtemps, j'étais à cinq minutes
de marche de théâtres, cinémas, librairies, de la Grande Bibliothèque
du Québec... et de multiples bars ou restaurants...
Parlons-en, tiens, de ces bars - deux en particulier -
où régulièrement je rencontrais ces amis dont je viens de parler pour
discuter de musique, de littérature, de cinéma... - Dans un, on a même
affiché une photo de moi à l'endroit où pendant dix ans je me suis
assis presque quotidiennement avec, quand j'étais seul, mon lecteur électronique
pour avoir une excuse de ne pas parler à mes voisins. - Et voilà que
ça fait plus d'un an que ces bars sont fermés, que je ne vois plus
personne (ou à peu près) et que mes conversations sont limitées au
smalltalk avec des gens que je connais à peine..
Ma «solitude» ? Je la vis comme toute le monde, quoi.
«Tu vas t'ennuyer» me disait-on quand je suis
déménagé, convaincu qu'on devait être que je me m'en allais dans la déprime
total.
Et voilà que je ne sais même si ce que je vis depuis
un an est plus du domaine de l'isolement que celui dans lequel j'ai vécu
les mois, les vingt-quatre mois, précédents.
La vie a de ses mystères.
Et non, je ne suis pas déprimé.
C'était un message aux rares ceux qui pourraient
s'inquiéter dans leurs moments de solitude.
*
Relecture 2
Il y a plusieurs mois de cela, quand j'ai eu à me
relire, à la demande de Monsieur Pérec qui désirait réunir les
chroniques publiées dans cet hebdomadaire dans des blocs plus accessibles,
j'ai insisté pour dire en guise d'introduction que cette relecture
m'avait quelque peu blessé dans ma vanité.
«Que de répétitions [dans mes propos], ai-je
écrit à de moment-là. Que de phrases mal construites ; que de trivialités...»
J'aurais pu écrire encore pire, mais pour ne pas décourager
leurs éventuels lecteurs, je me suis contenté d'ajouter que je
souhaitais - mais vraiment - que :
«.... personne allait avoir la patience de les relire en une
seule session, comme j'ai dû le faire, car elle risquerait de se retrouver avec une écoeurantite aiguë.»
Ayant eu, avec la révision courante de ce site
(personnellement, j'appellerai cette opération une «refonte»),
à me relire à nouveau, j'y suis allé, cette fois-ci, plus mollo, en
étalant ce travail sur plusieurs jours [semaines] comme je suis en
train de le faire, mais même à ça, j'en reviens à ce que je disais
la dernière fois, que :
«... ce qui est écrit au jour le jour devrait être lu au jour le jour ; et puis tout de suite oublié.»
Surtout quand on n'est pas un écrivain. J'entends par
écrivain, celui qui écrit pour, diverses raisons telles gagner sa
vie, étaler son intelligence ou tout simplement perdurer après sa mort
et qui, en conséquence, désire être publié. Parfois même, s'il est un littérateur, exprimer des choses qui lui semblent
importantes.
Or, je ne suis ni comme l'un, ni comme l'autre.
Je ne suis pas, en particulier - si vous me permettez
de me comparer à des géants (j'ai déjà fait pire), ni Alain, ni Gide,
ni Green, ni Léautaud ou
même Claudel et Saint-Simon qui, dans leurs propos, journaux, mémoires,
commentaires sur l'actualité ont, à un moment donné, pris conscience
que leurs écrits allaient être lus longtemps après leur mort et qu'ils se devaient y
introduire une certaine continuité et, surtout, ne pas attacher
d'importance à des faits qui, avec le temps, deviendraient des banalité.
Non.
Mes propos ou commentaires sont de ceux - qu'on
me pardonne cette grossièreté - que, normalement, soulèveraient
peu de réactions à moins d'être prononcés, avec emphase, en famille, dans des bars ou dans une salle d'attente.
Qu'on se le dise et si vous tenez absolument à me
relire, ne vous plaignez pas. Surtout à moi.
Et puis (pour continuer dans la même veine ce
que disais au début de cette chronique) :
En est-on déjà dans la deuxième année de cette
cochonnerie de pandémie ? - Je n'arrive plus à me souvenir - et ça, à
mon âge, c'est dangereux - quand, au juste on a, l'an dernier, fermé,
pour la première fois, les bars et les restaurants ; quand on les a
rouverts (à moitié) ; ni quand on les a refermés. Ce n'est pas que je
m'ennuie énormément de m'asseoir à un bout, toujours le même, d'un
des deux ou trois bars-restaurants que je fréquente, neuf fois sur dix
seul. De me faire servir, oui. De lever régulièrement les yeux du
livre que je suis en train de lire, de regarder ou d'écouter ce qui se
passe autour de moi, de regarder, même à mon âge, le postérieur de
certaines serveuses, oui. Pour le reste, les chums que j'y rencontre de
temps à autres, le déplacement que ces sorties impliquent, les
nouvelles que j'y apprend...je ne sais pas.
Je vous dirai ça quand muni d'un passeport indiquant
que j'ai été vacciné (je sens qu'on est à la veille de les imposer)
et que je reprendrai mes habitudes.
Au fait :
Il y en a parmi vous qui se souviennent de ce document
(jaune à ma souvenance) qui indiquait qu'on avait été vacciné contre
la variole et qu'il fallait avoir sur soi avant de monter à bord d'un
vol qui nous amenait vers l'Europe ?
Dire que hier, encore, je parlais de jetons qu'il
fallait remettre pour acheter du beurre à une certaine époque...
Simon
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Herméningilde Pérec
La censure
À l'Université de Napierville et notamment dans
la publication de cet hebdomadaire qu'est le Castor™ que
vous tenez entre vos mains, chers lecteurs (je parle au figuré),
il n'y a qu'une censure : celle qui est contre la censure. Une
autre aussi, mais elle n'a pas de besoin d'être mentionnée :
nous sommes anti-vulgarité.
Personnellement, je serais pour dans certains états
américains, en ce moment.
Quand on suggère aux gens d'appeler la police
quand on voit un enfant muni d'un masque (protection de la
jeunesse, etc.), j'irai même jusqu'à l'amende et
l'emprisonnement.
La vie est d'une complexité que je ne soupçonnais
pas avant la venue d'admirateurs d'un dénommé Trump.
H. Pérec
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Copernique Marshall
Relecture d'un
classique
J'ai été au cours
du mois qui vient de se terminer si envoûté par la relecture d'un
roman de jeunesse que j'en ai oublié presque toutes mes autres préoccupations.
J'en parle un peu plus loin dans ce Castor™, mais je
voudrais en profiter ici pour mentionner quelques unes de ses multiples représentations
au cinéma, représentations que j'ai revues avec un grand intérêt
tout de suite après avoir lu, plutôt lentement, ce livre que
j'avais presque oublié. Ce
livre, ce roman, c'est le Dracula de Bram Stoker dans lequel j'ai découvert
des qualités qui m'avaient échappés lorsque je l'ai lu, il y a
de ça des années. J'avais alors quinze ou seize ans. Comme
je viens de vous le mentionner, j'en reparle plus loin. En
attendant : cinéma ! Le
premier en ligne des films que j'ai regardés, c'est le Nosferatu de F. W.
Murnau (1922). Suffit d'une image pour en
rappeler le côté expressionniste allemand de l'époque. Pas
pour rien qu'il est devenu un classique. Le
deuxième, c'est le Vampyr de Carl Theodor Dreyer (1932) qui dépasse en horreur le précédent
parce qu'il laisse sous-entendre plus qu'il ne montre à l'écran.
D'une certaine manière, je le préfère à l'autre. Le
troisième est le Dracula de Tod Browning qu'on a présenté
sur grand écran en
1931, avec Bela Lugosi dans le rôle-titre titre. C'est le plus connu de
tous. Ce film a connu autant de succès que le Frankenstein de
James Whale sorti en salle la même année. Quel dommage que Bela
Lugosi se soit cru toute sa vie un grand comédien. C'est son
accent (hongrois) qu'on entendait pour la première fois qui en a
fit un grand Dracula. Certainement pas son côté dramatique. Le
quatrième, vous aurez facilement deviner qu'il s'agit de Horror
of Dracula de Terence Fisher (1958), un des innombrables films
d'horreur des studios Hammer de Grande Bretagne avec, en vedette
Christopher Lee qui a repris le même rôle de nombreuses fois. -
Impressionnant, ce Christopher Lee. Les plantureuses comédiennes
utilisées dans les films où il jouait ce rôle quasi fait sur
mesure pour lui ont toutes répété à ceux qui voulaient les
entendre qu'ils avaient vraiment peur quand il s'approchait
d'elles, même si elles se savaient en studio entourées de divers
techniciens. Un
cinquième s'ajoute à cette série : Bram Stoker's Dracula
de Francis Ford Coppola (1992) avec Gary Oldman dans le rôle
de vous-devinez-qui et qui, mis à part certaines scènes laisse
peu de place à son imagination. Or, l'imagination, dans ce genre
de films compte pour beaucoup. Mais
celui que j'aimerais porter à votre attention c'est le Count
Dracula de Philip Saville (1977) avec - tenez-vous bien - Louis
Jourdan dans le rôle-titre.
C'est un film peu connu car il a été tourné pour la télévision,
mais le contraste entre le suave Jourdan dont la personnalité à l'écran
est légendaire et celle qu'il incarne dans ce film est
renversant. Tous
ces films peuvent être retrouvés sur YouTube, mais si vous
n'avez le temps que d'en regarder deux, je vous suggère le Vampyr de Dreyer et ce dernier. Ou
plutôt, tiens : lisez le roman. Il a été traduit dans un français
fort respectable par Jacques Finné (?) et il est disponible en format
pocket d'Univers Poche (1992). Le
mois prochain, je vous parlerai des discussions que nous avons
eues, Copernique et moi, sur la nécessité, oui ou non, de connaître
un auteur avant de le lire.
Copernique
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Jeff Bollinger
Le naufrage des civilisations
(Amin Maalouf - Grasset, 2000)
Je n'ai ni la compétence et surtout pas l'expérience
de Simon Popp ou de Copernique pour appeler ce qui suit une
critique du livre précité qu'au demeurant je n'ai pas [encore]
lu et que je ne lirai [probablement] pas. Je le cite parce que
c'est le dernier d'une série qu'on me suggère depuis des mois,
tous plus ou moins axés autour de la situation mondiale, de
l'attitude qu'on devrait avoir devant les événements qui s'y déroulent
et surtout des opinions qui, à tout ceux qui les écrivent,
demandent d'être comprises, acceptées et servir de guide pour
vivre en étant convaincus que nous sommes, enfin, en possession
de non pas n'importe quelle, mais de la vraie vérité, celle
que depuis des millénaires l'humanité recherche et a que les
auteurs de ce genre de livres ont découverts, eux à savoir,
d'abord, qu'elle ne résidait pas dans les multiples religions
qu'on a, sous de menaces diverses, forcé d'adopter, ni dans la
science qui n'en est, malgré ses plus récentes découvertes, qu'à
ses premiers balbutiements, ni dans les grandes philosophies de
tous les temps, mais bien dans un nouvel approche qui consiste généralement
à tout remettre en question et repartir le monde sur une nouvelle
base dont les principes varient d'un auteur à l'autre, mais très
peu.
(Me rappeler qu'il faudrait que je raccourcisse
la phrase précédente.)
Je sais qu'on les mentionne régulièrement ici
: les chauffeurs de taxi, les clients de la plupart des endroits où
l'on sert des boissons fermentés (et même distillés), les
barmen qui y travaillent, les chroniqueurs à la télé qui
parlent toujours des «vraies affaires»... auxquels j'ajouterais
volontiers ses beauf's, sa belle-mère, l'intellectuel de la shop où
l'on travaille et puis son voisin qui, il vous le dira lui-même,
a tout prédit ce qui nous arrive. - Chacun a sa petite idée
comment TOUT aurait pu être évité et comment si on leur donnait
le pouvoir, ils régleraient tous les problèmes du monde.
Malouf, lui, d'après ce que j'ai pu en lire, a
appris sa vérité en lisant tous les journaux et en s'intéressant
à toutes les opinions pour en arriver à la conclusion que nous
sommes à la dérive et en conséquence... etc., etc.
Au niveau historique - Simon pourrait vous en
donner des centaines d'exemples du genre -, il semblerait que ce
ne soit pas nouveau, cette idée que le monde doit changer. Qu'au
fil des siècles, des centaines civilisations sont apparues, ont
atteint à tour de rôle un certain apogée pour ensuite décliner et finir par disparaître.
Rien de nouveau sous le soleil.
Ou plutôt si : pour la première fois depuis
son existence, l'humanité a maintenant les moyens de s'auto-détruire,
mais alors là, complètement. Avec son arsenal atomique, son
influence sur le climat et puis - ah oui ! - ces virus qu'elle répand
à la vitesse de l'éclair sur toute la planète.
Si on réussit à passer au delà de cette
auto-destruction, de nouveaux écrivains viendront nous expliquer
ce qui s'est passé.
Pour le moment, reste à convaincre ceux qui
possèdent la vraie vérité - et je ne parle pas
uniquement des
Malouf de ce monde -, mais tous ces défenseurs de la liberté à
se faire vacciner.
Après faudra s'occuper de la Chine, des
musulmans et, de leurs côtés, des occidentaux. Sans oublier,
toujours de ce côté de l'Atlantique, le Moyen-Orient, le
sort des Québécois au sein du Canada et puis des embouteillages
au centre-ville.
Si jamais la vie après la mort existe, je me
demande parfois combien de temps il me faudra pour oublier cette
planète.
Jeff
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George Gauvin
Ouais...
Je ne sais pas ce qui est pire : avoir des choses
à faire et être toujours en retard ou avoir tout fait ce qu'on
avait à faire et, justement, n'avoir plus rien... à faire.
Je sais : on dit trop souvent que la journée
d'une femme au foyer, surtout si elle est mère, n'est jamais
terminée (ce qui fait dire à mon chum que c'est parce que nous
sommes désorganisées, mais mon chum avec ses jokes sur les
femmes...). Mais une fois qu'on a nettoyé ses armoires, vider sa
garde-robe, passer la balayeuse partout, pris de l'avance dans sa cookerie
et même sorti les vidanges, reste quoi ?
Je sais : planifier son budget, penser peut-être
à replanter des fleurs dans son jardin, peinturer l'escalier qui
mène au sous-sol, remplacer le fauteuil du «salon» ou regarder Youtube
pour savoir où passer ses prochaines vacances...
Est-ce que je dois ajouter que tout ça, ça se
passe après un an de COVID-19 ? Bientôt, faudra penser à
appeler cette cochonnerie «2018» tellement que ça nous aura
semblé long.
Long ? J'ai été vaccinée, oui. Une fois. Et
la prochaine fois, ce sera dans presque deux mois. Comme si c'était
tout-à-fait normal de se faire dire que je n'aurai pas, encore
une fois, l'été qui s'en vient, à m'inquiéter des parties de
mon corps qui risquent de ne pas être exposées au soleil avec ce
costume de bain qui ne m'a jamais plu et que ma copine
n'aura pas le plaisir de me reprendre en disant «maillot».
...
On ne pas encore dit où notre «Montréal
Office» (du bureau où je travaille) sera implanté. Dans le
West-Island probablement. À
l'ouest de Décarie, ça, c'est certain. Là où il faut une
voiture pour s'y rendre ou partager celle d'un copain de travail
qui ne manquera jamais de vous regarder les cuisses. Un cauchemar pour aller là.
J'ai eu deux réponses aux demandes d'emploi formulées
il y a trois semaines déjà.
Des jobs insignifiantes. Un peu plus et
on me demandait la largeur de mes fesses et si j'étais physiquement
handicapée.
Quant aux jobs, sur la Rive-Sud,
autant ne pas en parler. «Aide au vice-président d'une usine
d'embouteillage», autrement dit : ou parure dans l'entré (lire :
réceptionniste), ou compagnon de voyage. Vous pouvez deviner le
reste.
Et si je retournais aux études ? Je ne sais pas,
moi, peut-être que je ferais une recherchiste hors-paire dans le
domaine de l'astro-chimie ou une enseignante de littératures
comparées aux femmes d'Outremont qui s'ennuient...
...
Tout compte fait, je suis quand même plus
chanceuse que celles dont le métier était celui de serveuse dans
un bar, vendeuse dans un magasin à rayons ou préposée à la
clientèle chez Wallmart...
...
Je comprends maintenant ce que Paul nous disait
il n'y a pas si longtemps que les messages qu'il recevait depuis
quelques mois étaient de plus en plus déprimants.
George
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Fawzi Malhasti
Textes choisis
«Mauvais souvenirs... Soyez pourtant
les
bienvenus, vous êtes ma jeunesse lointaine.»
(*)
Un court, mais très court poème cette
semaine. D'une de mes poétesses préférées, Marceline Desbordes-Valmore
au sujet de laquelle il faudrait bien, un jour, que je rédige une page,
au moins une page, sur ce site.
Il a pour titre Le souvenir :
Il est tiré de son recueil Romances
(1830).
Ô délire d'une heure auprès de lui passée,
Reste dans ma pensée !
Par toi tout le bonheur que m'offre l'avenir
Est dans mon souvenir.
Je ne m'expose plus à le voir, à l'entendre,
Je n'ose plus l'attendre,
Et si je puis encor supporter l'avenir,
C'est par le souvenir.
Le temps ne viendra pas pour guérir ma souffrance,
Je n'ai plus d'espérance ;
Mais je ne voudrais pas, pour tout mon avenir,
Perdre le souvenir !
Lecteurs, en ces temps de solitude, de
tels souvenirs ne vous reviennent-ils pas en tête ?
Fawzi
(*)
Ce bout de phrase est cité au début d'un très grand,
sinon le plus grand, des films de Jean-Pierre Melville, L'armée des
ombres (1969). Il est souvent attribué à Joseph Kessel
(1898-1979), auteur du roman à partir duquel Melville a écrit le scénario
de son film. En réalité,
il est de Georges Courteline (1858-1929) , un nom, il est vrai, peu sérieux
dans un film sur la Résistance.
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Paul Dubé
La cinquième de Mahler
Est-ce que le nom de Benjamin Zander vous
dit quelque chose ? Peut-être avez-vous entendu parler de lui en tant
que chef d'orchestre de l'Orchestre Symphonique de Boston... Ce n'est
pas un de ces chefs flamboyant à la réputation souvent surfaite ; de
ceux dont on lit de dithyrambiques critiques dans les journaux. Mais ce
qu'il peut être passionné quand il parle de musique !
Sur Youtube vous trouverez toute une série
de vidéos d'une quinzaine de minutes chacune au cours desquelles il
enseigne à des élèves du Berklee Colege of Music (ça m,a tout l'air) non pas la technique de leurs
instruments, la nuance de certains passages d'une partition, ni la manière
de jouer ceci ou cela, mais la signification de leur futur métier, le
sens qu'ils doivent donner à ce qu'ils auront à jouer, l'importance de
communiquer à leur public ce qu'un compositeur a voulu exprimer par
sa musique...
Bref : la musique n'est pas pour lui un
moyen de gagner sa vie, mais une façon de vivre.
De ces vidéos, j'en ai récupéré une
trentaine dont une en particulier qui m'a frappé par son intensité :
celle où il parle à un jeune trompettiste du début de la cinquième
(du début du premier mouvement de la cinquième) symphonie de Mahler
(*).
(*)
Un aparté ici. - On connaît très bien ce début, enfin : on l'a
entendu souvent, mais on l'oublie invariablement lorsque le troisième
mouvement se met en marche : l'Adagietto ("Sehr Langsam",
c'est-à-dire "Très lentement") qu'on a parfois découvert
pour la première fois en regardant l'inoubliable Mort à Venise de
Visconti (1971). - À se demander si, au concert, la plupart des
auditeurs n'ont pas hâte qu'on en finisse avec les deux premiers [mouvements] pour en arriver à celui-là... - Grave erreur et Mahler
avait raison de dire qu'on finirait par comprendre cette cinquième, mais seulement
après sa mort et que longtemps après. - Mais revenons à Zanders.
Ah, et puis une dernière
remarque :
Cet adaggio, si vous me le permettez, me
fait penser aux quatre premières notes de la cinquième symphonie de
Beethoven que tout le monde connaît par coeur et qu'on cite à droite
et à gauche en oubliant de mentionner - en ne se souvenant généralement
pas - le début du quatrième mouvement de cette même symphonie qui, à mon
avis, en est la partie la plus importante car elle répond à ces
quatre notes, et de façon spectaculaire. (À écouter dans la version de
Carlos Kleber.)
Nous en étions où ? Ah oui : au jeune
trompettiste avec qui Zanders s'entretient
Dans la vidéo qui le concerne, Zanders
ne cesse de dire à quel point il est exceptionnel (et il l'est), mais
insiste pour dire qu'aussi brillant qu'il puise être, il lui faudra
comprendre que sans la direction du chef de l'orchestre avec qui il aura
à jouer de son instrument dans cette cinquième de Mahler il ne sera en
suivant sa partition qu'un grand
technicien. Et de là, il lui fait jouer plusieurs fois ce que la
partition lui indique en insistant sur tel motif, la raison pour
laquelle il est le seul musicien qu'on entend au tout début de cette
cinquième, le pourquoi des notes saccadés ici, le fortissimo là, etc.
Les deux grandes remarques qu'il lui dit
et qui m'ont
frappé sont les suivantes :
«Imaginez-vous que vous êtes le clairon
qui doit sonner le rappel sur un champ de bataille où gisent quatre
mille morts...»
et
«Imaginez-vous également que ce sera
la dernière fois qu'on vous entendra jouer car, en sortant d'ici
tout-à-l'heure, vous serez frappé par un bus et que vous n'existerez
plus...»
Difficile à exprimer ici l'énorme différence
entre la version impeccable du début de la vidéo et la version inoubliable de la
fin telles que jouées par ce jeune trompettiste suite à ce genre de
remarques-conseils..
Je vous en donne tout de suite l'adresse
:
https://www.youtube.com/watch?v=gPzDh2ypK1U
Ce vidéo porte le titre de «Mahler :
Trumpet Solo from Symphone No. 5 (Benjamin Zander - Interpretation Class
- Elmer Churampi)»
***
Mahler, la cinquième - Les versions
enregistrées
Uniquement sur YouTube, vous en
trouverez cinq, six, peut-être dix.
Comme tout le monde, je suis resté
partial - disons plutôt : accroché - à la toute première version
que j'ai entendue : celle de Vaclav Neumann (1920-1995) à la tête de
la Leipzig Gewandhaus Orchestra en 1965 parce que je crois qu'on y a
bien isolé et mis en valeur la partition de la trompette.
Mais il y en a eu bien d'autres avant
et après :
Dans une chronique paru dans le site
www.classical-music,
Freya Parr en cite quatre qu'elle classe comme suit :
1 - SWR Symphony Orchestra/Michael Gielen (2003)
Hänssler Classic CD 93.101
2 - Vienna Philharmonic/Leonard Bernstein (1987)
Deutsche Grammophon 477 6334
3 - London Symphony Orchestra/Valery Gergiev (2010)
LSO Live LSO0664
3 (ex-aequo) - Philharmonia Orchestra/Benjamin Zander (2000)
Telarc 2CD-80569
Pour la version live, je suis
parfaitement d'accord. Particulièrement au niveau visuel. Une très
belle expérience (quand vous aurez le temps) enregistrée lors des Proms
de Londres.
Vous la trouverez à l'adresse qui suit
:
https://www.youtube.com/watch?v=3c9TIZXXNpc
Pour le moment, voici le premier
mouvement de cette symphonie, par Vaclav Neumann en 1965... :
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L'extrait du mois
Elle s’était profondément endormie. Gabriel, appuyé sur son coude, regarda un moment, sans rancune, ses cheveux emmêlés, sa bouche entrouverte, écoutant sa respiration profonde. Ainsi elle avait eu ce roman dans sa vie : un homme était mort à cause d’elle. C’est à peine s’il souffrait à la pensée du maigre rôle qu’il avait joué, lui, son mari, dans sa vie à elle. Il la considérait tandis qu’elle dormait, comme s’ils n’avaient jamais vécu ensemble, en époux. Ses yeux s’attachèrent longtemps et avec curiosité à sa figure, à ses cheveux et en pensant à ce qu’elle avait dû être alors, au temps de sa beauté de jeune fille, une étrange comparaison, tout amicale, envahit son âme. Il n’aimait pas avouer, même à lui-même, que son visage ne retenait plus de beauté, mais il savait bien que ce n’était plus là le visage pour lequel Michel Furey avait bravé la mort.
Peut-être ne lui avait-elle pas tout raconté. Ses yeux errèrent vers la chaise sur laquelle elle avait jeté quelques-uns de ses vêtements. Le cordon d’un jupon pendait à terre. Une des bottines se tenait droite, le haut souple replié, l’autre était retombée sur le côté. Il fut surpris du tumulte de ses émotions d’une heure auparavant. Qu’est-ce qui les avait engendrées ? Le souper de ses tantes, son discours ridicule, le vin, la danse, la réunion burlesque au moment de se souhaiter une bonne nuit dans le hall, le plaisir d’une promenade le long de la rivière dans la neige ? Pauvre tante Julia ! elle aussi ne serait bientôt plus qu’une ombre auprès de l’ombre de Patrick Morkan et de son cheval. Il avait surpris cette même expression hagarde sur son visage, un instant, pendant qu’elle chantait Parée pour les noces. Bientôt peut-être, il serait assis dans ce même salon, vêtu de noir, son chapeau haut-de-forme sur les genoux. Les stores seraient baissés et tante Kate serait assise auprès de lui qui pleurerait et se moucherait, racontant comment Julia était morte. Il fouillerait dans son esprit pour trouver quelques paroles consolatrices et il n’en trouverait que de fortuites ou d’inutiles. Oui, oui, cela ne manquerait pas d’arriver sous peu.
L’atmosphère de la chambre lui glaçait les épaules. Il s’allongea avec précaution sous les draps et s’étendit à côté de sa femme. Un à un, tous ils devenaient des ombres. Mieux vaut passer hardiment dans l’autre monde à l’apogée de quelque passion que de s’effacer et flétrir tristement avec l’âge.
Il pensa comment celle qui reposait à ses côtés avait scellé dans son cœur depuis tant d’années l’image des yeux de son ami, alors qu’il lui avait dit qu’il ne voulait plus vivre.
Des larmes de générosité lui montèrent aux yeux. Il n’avait jamais rien ressenti d’analogue à l’égard d’aucune femme, mais il savait qu’un sentiment pareil ne pouvait être autre chose que de l’amour.
Des larmes coulèrent de ses yeux, et dans la pénombre il crut voir la forme d’un jeune homme debout sous un arbre, lourd de pluie. D’autres formes l’environnaient. L’âme de Gabriel était proche des régions où séjourne l’immense multitude des morts. Il avait conscience, sans arriver à les comprendre, de leur existence falote, tremblotante. Sa propre identité allait s’effaçant en un monde gris, impalpable : le monde solide que ces morts eux-mêmes avaient jadis érigé, où ils avaient vécu, se dissolvait, se réduisait à néant. Quelques légers coups frappés contre la vitre le firent se tourner vers la fenêtre. Il s’était mis à neiger. Il regarda dans un demi-sommeil les flocons argentés ou sombres tomber obliquement contre les réverbères. L’heure était venue de se mettre en voyage pour l’Occident. Oui, les journaux avaient raison, la neige était générale en toute l’Irlande. Elle tombait sur la plaine centrale et sombre, sur les collines sans arbres, tombait mollement sur la tourbière d’Allen et plus loin, à l’occident, mollement tombait sur les vagues rebelles et sombres du Shannon. Elle tombait aussi dans tous les coins du cimetière isolé, sur la colline où Michel Furey gisait enseveli. Elle s’était amassée sur les croix tordues et les pierres tombales, sur les fers de lance de la petite grille, sur les broussailles dépouillées. Son âme s’évanouissait peu à peu comme il entendait la neige s’épandre faiblement sur tout l’univers comme à la venue de la dernière heure sur tous les vivants et les morts.
James Joyce - Gens de Dublin - Les
morts.
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Lectures
Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables
critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres,
revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de
commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui
les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction
du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.
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Dracula
Bram
Stoker - 1897
Pourquoi lire un livre dont on connaît
toutes les facettes après ses multiples adaptations au cinéma ?
Trois raisons :
Pour l'époque, rien ne vaut la lecture
pour saisir la mentalité de l'a période dite Victorienne. Surtout en
anglais. Ça dépasse toutes les opinions qu'on puisse se faire sur la
vie à la fin du XIXe siècle, à Londres, au moment où l'Empire
Britannique était à son apogée. Ni les photos, ni les rares films
qu'on a tournés à ce moment-là, ni les objets exposés dans les musées,
ni même les visites d'une maison qu'on dit bien conservées ne pourra
vous donner une meilleure idée que fut la vie, la pensée, l'ordinaire
de ceux qui ont vécu au moment où le monde allait basculer dans un
siècle aux multiples inventions, deux guerres mondiales et au cours
duquel les monarchies absolues étaient vouées à disparaître ou
presque.
Son style, son vocabulaire, ses
tournures de phrases, la méthode avec laquelle l'auteur a écrit ce récit
(il s'agit d'un roman épistolaire avec insertions de pages tirés de
journaux personnels) invitent une comparaison avec tout ce qui se
publie depuis le passage de la littérature au "je"
(implicite ou non) à ce qui s'écrit de nos jours. - Exception faite,
naturellement, des Liaisons dangereuses de Pierre Chordelos de
Laclos.
Et, finalement, si on savait ce qu'était
un vampire avant Dracula, nul n'avait réussi jusqu'à la publication
de ce roman ce que pouvait être vraiment un mort-vivant et ce côté
tragique d'un être qui, la plupart du temps contre son gré, a
cessé de faire partie de l'humanité telle qu'on la connaît et qui,
de ce fait, est devenu une créature presque aussi mythique que les héros
de l'antiquité, qu'ils soient grecs, romains ou du Moyen-Âge.
*
Le style d'abord :
On connaît mon admiration en ce qui
concerne le génie des langues françaises et anglaises. À elles,
j'ajouterais volontiers la langue latine si je pouvais en comprendre
toutes les nuances, mais pour la langue anglaise, je tiens à préciser
haut et fort que celle que j'ai apprise en la parlant, en l'étudiant,
en la lisant, n'a rien de comparable à celle que j'entends autour de
moi depuis des années. Si on veut la comparer au français classique,
au français que les bonzes de l'Académie ou de l'Office de la langue
française voudraient qu'on utilise, je dirais qu'il y a eu, en
anglais, deux grandes périodes : celle de Shakespeare et celle du
XIXe. Pour Shakespeare, je n'ai rien à ajouter à ce qui se dit et ce
qui s'écrit depuis des années, mais pour l'anglais du XIXe, alors là,
je ne saurais décrire adéquatement sa subtilité, ses exquises
tournures de phrases, son richissime vocabulaire (rappelons qu'il
existe presque deux fois plus de mots dans la langue anglaise qu'il en
existe en français) et surtout sa, parfois, déconcertante concision
pour exprimer des nuances de pensées très complexes.
À titre d'exemple pour ce type de
langue, je cite souvent Ruskin, un de mes auteurs favoris, mais je
pourrais très bien vous renvoyer à Oscar Wilde dont on n'a jamais
trouvé, dans ses dialogues, d'équivalent français. Tout comme,
Guitry, dans ses répliques, n'a rien de comparable dans la littérature
anglaise.
Et c'est dans cet état d'esprit que
j'ai constaté que Dracula était, malgré son format (extrait de
lettres et journaux personnels, comme je disais il y a deux minutes), d'une excellente qualité.
Pour y avoir lu des mots comme «innombrable»,
«repos» et des constructions de phrases qu'on n'utilise plus de nos
jours, j'avoue m'être arrêté souvent au cours de ma (re) lecture -
voir ci-après - comme on fait, technique aidant, une pause, parfois,
pour regarder une scène quelconque en regardant un film en format vidéo.
Non, ce n'est pas du Ruskin, mais qui
peut se permettre de lire Proust et uniquement du Proust, ou du Gide,
ou du Montherlant ?
Le récit :
Dracula est un roman et qui dit roman
dit histoire ou suite de faits racontés au moyen de personnages et d'événements
Dans ce sens, Dracula est un véritable roman.
Sa structure est on-ne-peut-plus
classique : exposition, description, dénouement ; sauf que le tout,
pour tenir le lecteur en haleine, se déroule en cinq parties qui,
selon les dates des lettres et des entrées dans les journaux de
certains des personnages on sait ce qui va se produire tout en étant
incapable d'en avertir les protagonistes, etc. :
La première, en Transylvanie où
Jonathan Archer, un clerc de notaire, se rend pour conclure l'achat
d'une propriété près de Londres par le comte Dracula. La deuxième,
en Angleterre où le comte s'en prend à une première victime. La
troisième au même endroit où l'on se met à la chasse de cette
victime, devenu vampire. La quatrième, en Londres où l'on essait en
vain de coincer Dracula et, finalement, de retour en Transylvanie où
il est attrapé et détruit.
Le mythe
Ce qui rend passionnant la lecture de ce
que je viens de décrire, c'est ce qui entoure le récit et qui est à
l'origine du style gothique que l'on retrouve aujourd'hui sous différentes
formes : les chauves-souris, les araignées, les capes, les châteaux
hantés, l'ail qui chasse les mauvais esprits, les miroirs qui ne reflètent
pas l'image des morts-vivant dans les films d'horreur, les parcs
d'attraction à thèmes, le soir de l'Halloween, jusque dans la mode.
Ce que Dracula a apporté au monde de
notre imagination, c'est cette personnification de l'horreur dans
toutes ces manifestations, chose qui n'existait pas avant sa
publication.
Dracula, d'un personnage d'un roman «d'aventure»
est devenu un mythe qu'il suffit de deux petits trous dans le cou
d'une comédienne pour deviner le reste.
Copernique
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Il y a dix ans dans le Castor™
La grille de Copernic :
Horizontalement |
I |
Balandre - Dru |
II |
Recul |
III |
Éburner |
IV |
Admoniateur - Soupçon |
V |
Reitre - Malepeste |
VI |
Unijugation |
VII |
Ganache - Malgache |
VIII |
Pantème |
Verticalement |
1 |
Veillaque |
2 |
Sort - Falarique |
3 |
Curule - Bardit |
4 |
Ophidien |
5 |
Tir - Tabut |
6 |
Dépaissance |
7 |
Nielle |
8 |
Locher |
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Le courrier
Mme. Sabine
Lejeune - Gum Greek, SA, Australie
- Javier Sotomayor : 2,48 mètres ou 8 pieds et un demi pouce.
M. David S. Woodward -
Corpus Christie, TX, USA
- Amor Towles suggère de lire 100 pages moins son âge d'un livre avant de
l'abandonner. «S'il n'a pas attiré votre attention après ce nombre de
pages, vous pourrez dire que vous avez au moins essayé...» - À vingt
ans, 80 pages pourront vous sembler long, mais vous aurez tout le temps devant
vous. À quatre-vingt, la fourchette de vos lectures sera considérablement
diminuée.
M. Gaspar Truchon -
Vitry-Sur-Seine, France
- En tournant à gauche cependant. Pas à droite. Demandez l'autre
Georges..
M. Florismart Métivier,
Schefferville, QC, Canada
- La plupart des livres qui ont été jugés inadéquats à la rédaction
d'une Bible non conforme avec la pensée religieuse des dirigeants du temps
et la substitution du mot «assemblée» par le mot «église».
M. Jimmy "The Rock"
Letondal, Trois-Rivières, QC, Canada
- Entre ne pas porter de masque et de rédiger votre testament ou de
suivre les conseils de votre médecin, vous avez, bien sûr, le choix, la
liberté même, mais de ne pas infecter les autres, tout est une question
de, disons, politesse... à moins que vous n'ayez aucune objection à ce
que des gens atteints de la COVID-19 vous rendent visite.
Mrs. Karla V. Østergaard,
Siikainen, Finlande
- Merci du renseignement, mais nous croyons que ceux qui savent, sur un
globe terrestre, où se trouvent la Finlande, savent que votre pays n'est
pas gelé en permanence.
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Dédicace
In
memoriam
:
Michel Louvain
(1937-2021)
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Pages recommandées
Toulouse-Lautrec
: L'oeuvre lithographique complète
370 photos des lithogravures de Toulouse-Lautrec
Schubert
un essai de Paul Dubé
94 extraits sonores, 45 photos, 5 vidéos,
7 annexes, de nombreux liens...
Nos
éphémérides
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Le mot de la fin
«Tant va la cruche à l'eau
qu'enfin la caravane passe.»
G. Pellerin
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Notes et
autres avis :
Fondé en 1900 par le Grand Marshall, le CASTOR DE NAPIERVILLE fut, à l'origine, un hebdomadaire et vespéral organe créé pour la défense des intérêts de l'Université de Napierville et de son quartier. - Il est , depuis le 30 septembre 2002, publié sous le présent électronique format afin de tenir la fine et intelligente masse de ses internautes lecteurs au courant des dernières nouvelles concernant cette communauté d'esprit et de fait qu'est devenu au fil des années le site de l'UdeNap, le seul, unique et officiel site de l'Université de Napierville.
De cet hebdomadaire publié sur les électroniques presses de la Vatfair-Fair Broadcasting Corporation grâce à une subvention du Ministère des Arts et de la Culture du Caraguay, il est tiré, le premier lundi de chaque mois, sept exemplaires numérotés de I à VII, sur papier alfa cellunaf et sur offset ivoire des papeteries de la Gazette de Saint-Romuald-d'Etchemin et trois exemplaires, numéroté de 1 à 3, sur offset de luxe des papeteries Bontemps constituant l'édition originale, plus trois exemplaires de luxe (quadrichromes) réservés au Professeur Marshall, à Madame France DesRoches et à Madame Jean-Claude Briallis, les deux du Mensuel Varois Illustré.
Nous rappelons à notre aimable clientèle que :
1 - L'édition
régulière du Castor™
paraît le 1er lundi de chaque mois.
2 - L'édition corrigée du Castor™,
destinée au marché américain, paraît le 1er jeudi de chaque mois.
3 - De mini-éditions peuvent paraître le
2e ou 3 lundi de chaque mois.
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