Vol. XXXI,  n° 7 - v. 2.5 Le seul hebdomadaire de la région publié une fois par mois Le lundi 1er mars 2021

Mars


A) La planète

Mars vu du module Perseverance
(Cliquer pour agrandir)

Pour une photo circulaire (360º), voir :

https://www.youtube.com/watch?v=3PrLXEbMgo4


B) Le mois

Mars est le mois de la nutrition, de la prévention de la fraude,  de la vasectomie, de la francophonie, du beefsteak à la Helder, des verrues plantaires, du timbre-poste, du cinéma malgache, des Zouaves de Lorient, de la Dynastie Ming, du gallon impérial, des Quartiers non encore explorés de Pointe-Saint-Charles, du soleil de la Provence, de la Marine Marchande, de Saint-Hyacinthe, de l'Aphasie, du gun à caulker, de la chaux, de la prévention des tiques, des tapisseries médiévales et de la...

nécropalacontidropopitécologie.

En révision

Voir le mot de Maude

Ce numéro :  

Au programme pour le moment :

François Caradec - William L. Shirer - Wilfred Owen - Monique Paquin - Charles Darwin - L'Oulipo -  Osgood C. Goodell, Tupper G. Putter. Troloppe et Sylvanus Silliman - Louis-Honoré Fréchette - Henri Amoureux - Lamartine, Hugo, Musset, Verlaine et Théodore de Banville - Paul Morand - L'abbé Pierre - Michel Chartrand, Madonna et Réal Caouette - Robert O. Paxton - Laurence Binyon - Cocteau - Donald vous-savez-qui - Staline et Hitler - Massenet, Gounod, Chausson et Reynaldo Hahn.

Bonne Lecture !

 

Éditorial  

500 000 !

Dire qu'il y a à peine quelques semaines - c'est-à-dire hier - nous signalions à notre distinguée clientèle que le nombre de décès attribués à la COVID 19 allait, dans les jours qui suivraient, dépasser, uniquement aux États-Unis, la centaine de milliers. Or, ce matin - il aura une semaine quand vous lirez pour la première fois cette édition du Castor™ - nous avons appris que ce nombre venait d'atteindre 500,000.

Vous savez ce que c'est que 500,000 morts ?

C'est trois fois la ville de Sherbrooke, 85% de la ville de Québec, la population des municipalités de Laval et de Mirabel réunies, c'est, revenant de Toronto par l'autoroute vingt, ne pas rencontrer âme qui vive avant d'avoir atteint l'autoroute Décarie...

Ou deux Boeing 747 qui s'écrasent par jour depuis des mois.

Mais comme les rumeurs le veulent, tout cela n'est qu'une exagération dont le Gouvernement (lequel, on ne le dit pas) se sert pour maintenir la population sous son joug ; une certaine paresse de la majorité des médecins - légistes pour la plupart - qui signent n'importe quel document pourvu qu'on ne leur en demande pas d'en faire davantage et, ofcoursément, mais que pour les anti-conservateurs, la propagande de Donald Trump qui peu à peu est en train de se répandre dans les régions les moins éducationnées de notre pays...

Mais tout cela, c'est sans compter que ça mousse les ventes de l'industrie pharmaceutique qui, depuis le scandale des opïodides en avait bien besoin. D'ailleurs, comment ne pas trouver suspectes que les informations sur le nombre de morts comptabilisés à ce jour à l'échelle mondiale se trouvent surtout dans les pays où sont situés leurs laboratoires. ? - Comme si l'Inde, le Mexique, le l'Iran, l'Afghanistan et tous ceux en voie de développement ne savaient pas compter...

Finalement, gardons sous silence les manufacturiers de masques, de pompes respiratoires, de kits de dépistage... et les vendeurs de hot-dogs, hamburgers et frites dont le marché premier était celui du take-out

M'enfin, ça explique pourquoi certains ne veulent pas être vaccinés.

Quand on dit que la moitié de la population est moins intelligente que la moyenne, ce n'est pas une simple figure de style.

La direction

Chroniques  

Le lien vers chroniques précédentes de nos correspondants vous reviendra sous peu.

    Simon Popp

Apprendrons-nous éventuellement quelque chose ? 

Mes bars, mes restaurants, c'est-à-dire ces endroits où j'ai toujours rencontré la plupart du temps et la plupart de mes amis étant, depuis un an, plus ou moins fermés, je n'ai pour me renseigner que ce que je peux lire ou regarder sur l'Internet.

Il est inutile, je crois, de parler de ce qui se passe aux USA où hier et avant-hier (au moment où ceci sera publié) des milliers de crétins se sont réunis à Orlando en Floride, sous la bannière d'une Conservative Political Action Conference (littéralement : Conférence relative aux politiques à être entreprises par les conservateurs ou CPAC). Clou de cette réunion : une statue en or (sic) de l'ex-président Donald Trump.

Ne manquait plus que Moïse, mais on sait que les crétins n'aiment pas beaucoup les juifs. Ils les tolèrent, un point, c'est tout. Parce que, quand même, ils parlent la même langue qu'eux et ils sont de la même couleur. Ce ne sont pas des voleurs, des violeurs, des paresseux comme des noirs et, surtout, ils ne proviennent pas du Mexique ou d'un de ces pays-bécosses qui sont trop contents de nous envoyer leurs pires citoyens.

Interviewés sur place, la plupart des gens qui assistaient à cette réunion ou ce congrès persistaient à dire qu'on leur avait volé les dernières élections, que leur héros - vous savez qui - n'avaient rien eu à voir avec ce qui s'est déroulé à Washington le 6 janvier dernier et qu'il allait reprendre sous peu le pouvoir. D'ici quelques jours disaient certains. - Vous l'aurez appris, ou non, quand vous aurez lu ceci. - Une prédiction ? Ce sera non.

Ce sera (la CPAC), selon la grande majorité des observateurs et journalistes américains, une des dernières manifestations (nous espérons) d'un véritable politicien-arnaqueur et de ses acolytes dont la cote de popularité est en phase déclinante, mais qu'il faudra encore plusieurs mois avant que la situation redevienne normale, ce que la popularité croissante d'un Biden semble indiquer.

Ce qui est inquiétant, c'est l'émergence tout-à-coup de ce genre de crétinisme qu'on croyait plus ou moins sous contrôle dans le pays qui, pour le moment, est toujours le plus puissant et le plus riche du monde.

Un effet de la COVID ? de l'appauvrissement graduelle depuis des années de la classe moyenne au profit des mieux nantis ? de la propagande pratiquée par les media d'information qui ne visent que les cotes d'écoute ? qui sait ? et le saura-t-on jamais ?

Personnellement, je me dis toujours que des manifestations semblables n'ont jamais eu, à long terme, une influence sur l'Histoire avec un grand «H». Même deux grandes guerres, Staline et Hitler, Michel Chartrand, Madonna et Réal Caouette n'ont pas réussi à changer de façon significative l'évolution normale de l'humanité. La possibilité de nous détruire, les changements climatiques, la globalisation de l'information, voilà des aspects qui pourraient avoir un effet mesurable sur notre destinée, mais dans la région où j'habite, à l'exception des stupidités courantes, la population continue de penser que tout est au beau fixe et que l'avenir de l'humanité vers un plus-que-brillant futur, accidentellement en pause, se remettra en marche bientôt.

 D'où la question que je posais au tout début : apprendrons-nous, éventuellement quelque chose ?

Pas à court terme, j'ai bien peur.

Avant que la pandémie qui nous frappe en ce moment, de quoi avions-nous à nous plaindre au juste ? - De beaucoup de choses. - Des mêmes dont on se plaignaient il y a vingt, trente, cinquante ans.

Prenez la qualité de vie dans les grands centre par exemple :

Qui, dans une ville comme Montréal, n'a pas eu, depuis des années à se poser les questions suivantes :

- qu'est-ce que c'est que ces tours à bureau où l'air, dans plusieurs d'entre-elles, est à peine supportable ?

- pourquoi doit-on consacrer tant d'heures à voyager soir et matin pour se rendre de son domicile au travail et de son travail à son domicile ?

- quelle est l'utilité de construire des ponts et des autoroutes qui, avant même d'être terminés sont déjà surchargés ?

- pourquoi n'y a -t-il pas de parcs, des écoles, des espaces communs prévus près des résidences qu'on construit un peu partout ?

- ...

Je m'arrête parce que vous avez compris où je veux en venir.

N'a-t-on pas réalisé, avec la pandémie, le travail à distance qu'elle a imposé, l'approvisionnement via des méga-entrepôts, l'omniprésence de l'internet dans chacun de nos foyers, que toutes ces tours, ces ponts, ces autoroutes ne sont pas essentiels à nos vies de tous les jours ? Certainement pas au fonctionnement de la société en général, de l'économie en particulier. 

Or qu'est-ce qui semble attirer l'attention de nos dirigeants qui se sentent prêts à la reprise post-pandémique ? 

Le comment-reprendre-nos-activités-comme-avant.

Un peu plus et l'on se croirait à une réunion de la CPAC, 

Pauvres crétins que nous sommes :

- Dans des rues qui ne reprendront jamais leurs activités comme avant - la rue Saint-Denis, par exemple - qui osera y ouvrir un nouveau restaurant ? D'autant plus qu'on vient d'y supprimer une bonne partie de son stationnement...

- Dans des tours à bureau dont 75% des espaces n'ont pas servi depuis 11 mois, qui sera tenté de renouveler son bail ?

 - Dans les banlieues où les habitants ont appris à connaître ce qu'est ne plus avoir à passer deux heures par jour dans son auto, qui voudra recommencer à faire le plein deux fois par semaine pour circuler à vingt à l'heure sur des routes à quatre voies, soir et matin ?

-...

Mais voilà :

Parmi les sujets qui font l'objet de discussions en ce moment, y'a le futur tracé du REM dans l'est de l'Île de Montréal, avec des opinions aussi capitales que de savoir si, surélevé, ce REM ne détruira pas la valeur des édifices ou maisons d'habitation de chaque côté du boulevard René-Lévesque où, études faites, serait l'endroit idéal pour le construire dans le centre-ville...

Mais pas besoin d'aller plus loin : la station du REM actuel, celle qu'on devait construire à l'aéroport de Montréal vient à nouveau d'être remise en question parce que... faudra d'abord que le trafic aérien reprenne.. comme avant.

(Aux USA, les discussions sont plus sérieuses. Ainsi, une des graves questions de l'heure est de déterminer si renommer Mr. ou Mrs. Potato Head en tout simplement Potato Head n'était pas sexiste. - Et vous avez dû entendre parler de la blessure à la jambe droite d'un golfeur noir qui a trompé sa femme il y a plusieurs années...)

Mes suggestions ?

Supprimons quelques ponts. les plus récents. Ramenons les tramways. Développons de nouveaux Rosemont : duplex, triplex avec escaliers à l'extérieur, si pratiques l'hiver. Y'a plein d'endroits dans l'est comme dans l'ouest. Et dans ces nouveaux quartiers, ne pas oublier les ruelles, ces endroits conçus pour une véritable éducation de la jeunesse.

Et puis tant qu'à y être :

Supprimons l'Internet, remettons en marche le service postale dans ces deux phases du début : service le matin et service dans l'après-midi. Et puis, naturellement, construisons de nouvelles bibliothèques et de nouvelles écoles car l'Instructionnement, c'est important. Pour enrayer l'ignoranteté.

Comme avant.

Bizarre, hein, mais je n'ai pas vraiment le goût de me retrouver dans la situation d'avant-avant-hier, celle, justement, qui a fait qu'on s'est retrouvé avec cette foutue de pandémie.

 Simon

P.-S. : Pour ceux qui trouve le mot «crétin» trop fort dans ce qui précède, substituez-le par le mot «moron» qui fait l'objet (en partie) de ce qui suit. (*)

(*) «Ce qui suit» est une partie de la chronique de Monsieur Popp qui a dû être remise au mois prochain, faute d'espace dans ce numéro. - (Note de l'édieteur)

Courrier

À la dame qui me demandait récemment ce que j'ai appris depuis que je suis à la retraite :

Deux choses :

La première est qu'une carrière est d'une futilité indescriptible, mais ce qui m'a étonné le plus a été de réaliser que pendant des années mes clients ont cru que j'avais un certain talent.

  Herméningilde Pérec


Comment ai-je pu ne pas y penser avant aujourd'hui ?

Dans mon temps (une expression qu'il faut que je retienne), l'Alzheimer n'existait pas. On disait de ceux qui en étaient atteints (on l'a su après) qu'ils retournaient en enfance. D'ailleurs, compte tenu de l'espérance de vie de l'époque et de la Guerre qui avait quelque peu réduit le genre mâle de la population, on était vieux avant même d'atteindre sa soixantième année... pour décéder sans connaître ce troisième âge ou, si l'on l'atteignait, on était généralement immunisé contre ce genre de calamités.

Et puis, quand j'entends Simon nous dire que son père faisait semblant de radoter pour avoir la paix, je commence à comprends très bien ce qu'il veut dire.

Mais, comme disait le regretté Lamartine, toujours poussé vers de nouveaux rivages, dans la nuit éternelle emporté sans retour, je n'arrive pas sur l'océan des âges, à jeter mon ancre..

Je serai vacciné contre la COVID dans quelques jours. Vacciné, moi ! qui, sauf pour la grippe, certaines années et à seulement à l'insistante demande de mon médecin, n'a connu qu'un seul vaccin, contre je ne me souviens pas, il y a des décennies de cela.

Si encore je n'avais qu'à répondre à mon mince courrier ou écouter les conseils que me donnent chaque jour mes proches, je pourrais m'en tirer avec d'épisodiques radotages, mais non :

Du matin au soir, quand j'ouvre la radio, les journaux ou la télé, ce ne sont que les mêmes nouvelles que j'entends depuis des années.

Qu'est-il arrivé à des émissions comme Le sel de la semaine, pour n'en nomme qu'une, où une personne intéressante se faisait interviewer par un journaliste intelligent, ou aux talk-shows non pas animés par des clowns, mais des personnalités comme Dick Cavett et même Jean-Pierre Coallier ?

L'Alzheimer doit roder quelque part dans mes alentours car jusqu'à tout récemment, j'avais oublié qu'une télé, ça avait un bouton qui servait à l'éteindre , la rendre sans vie, la fermer, et qu'on pouvait se désabonner du Journal de Montréal et du Devoir

Je me disais justement hier qu'il était grand temps que je me remette à lire Le soulier de satin de Claudel.

H. Pérec

   Copernique Marshall 


The best of...

J'ai malheureusement tendance à répondre sans trop y penser aux questionnaires qu'on me soumet ou aux questions qu'on me pose sur ce que je crois être le meilleur de (the best of)... n'importe quoi sachant pourtant que ce que je crois être le meilleur de quelque chose un lundi sera différent de celui auquel je penserai le vendredi suivant. La preuve est dans cette série de chroniques que j'ai écrites, il y a plusieurs mois déjà, sur les meilleurs tableaux [de tous les temps], les meilleurs films, les meilleurs enregistrements de jazz, de musique classique... et même de documentaires télévisés. - Ce sont des chroniques qu'on me demande de réviser en ce moment et que je relis avec une certaine nervosité. - Chose certaine, elles devront être modifiées. Des noms, des oeuvres seront appelés à disparaître pour être remplacés par d'autres. De ça, j'en suis certain. Et je sens que je vais être obligé de m'expliquer différemment sur ceux ou celles que je conserverai.

Et puis voilà, contre tous les fibres de prudence que je possède et qui me disaient de ne pas modifier mon horaire actuel, déjà surchargé, j'ai répondu oui, je m'en occupe à Madame Tessier (Maude) sachant très bien que je n'aurai pas le temps de me pencher sur mes Best-of chroniques avant encore un certain temps et continuer ce que j'ai entreprise il y a plusieurs mois sur les romans policiers, brusquement interrompu par la fermeture des bibliothèques où je me procurais ceux qui en faisaient l'objet...

Dire qu'il y en a qui ne savent pas quoi faire de leur dix doigts...

*

Mais pour en revenir à mes meilleurs de, c'est sans hésitation que j'ai pu dire à celui qui me le demandait il n'y a pas longtemps que, la meilleure série télévisée qu'il m'a été donné de voir, et revoir, et revoir encore demeure, après des années, les épisodes de Yes Minister et de Yes, Prime Minister (BBC) qui datent des années quatre-vingt et qui n'ont pas vieilli d'une seconde.

On peut en trouver de larges extraits sur YouTube.

Une série, je me suis laissé dire, que la Reine d'Angleterre ne voulait jamais manquer.

J'y reviendrai.

Copernique

   Jeff Bollinger


En bref :
(Les écoles ont rouvertes leurs portes !)

Je ne sais pas combien de fois Monsieur Popp a mentionné dans ses chroniques qu'on s'aperçoit à quel point on dit n'importe quoi dans ces émissions de télévision où l'on invite de supposés experts à donner leur opinion un sujet quelconque. C'est quelque chose qu'on note particulièrement quand ces experts se mettent à parler d'un domaine qu'on connaît, comme on dit couramment, par coeur.

Excusez-moi, mais je dois planifier en ce moment la semaine de relâche...

Jeff


  George Gauvin


Titre

je viens d'apprendre que ma shop (comme Monsieur Popp appelle son ex-lieu de travail) va rouvrir ses portes dans de nouveau locaux... sous peu. «Within minutes to and from a Métro station» lisait le communiqué que j'ai reçu par courriel (lire : mail) du Head Office qui vient de déménager les trois-quart de son personnel de Toronto à Scarborough (en banlieue) tout en conservant sa prestigieuse adresse «in the heart of Canadian's Largest City».

Pas besoin d'êtr géniale pour comprendre que les big boss conserveront leurs plush offices downtown tandis que les slaves auront à se battre sur l'autoroute à 46 voies qui contournent cette ville pour se rendre à leur Spartiate but efficient location.

Mais nous, les pauvres, les humbles les sous-slaves, où vont-ils nous caser ? Car ce communiqué ne nous dit pas présément où.

J'ai l'impression que ce sera quelque part à Ville Saint-Laurent ce qui m'a poussé à lire les Petites Annonces de mon journal local.

À suivre.

George

  Fawzi Malhasti


À ceux qui sont tombés...

Note : Un peu coq à l'âne aujourd'hui, mais si vous me suivez jusqu'à la fin, vous allez comprendre pourquoi. Après tout, les bouffées qui nous remontent de l'âme, on ne les choisit pas.

Peu de gens en dehors de la communauté anglophone connaissent les noms de Wilfred Owen ou de Laurence Binyon, mais c'est à eux que j'ai pensé quand j'ai appris récemment la mort d'une amie d'enfance, décédée de la COVID, dans une de ces maisons anonymes où l'on traite les gens dans sa condition, mais qui n'était déjà plus là - je veux dire consciente -  depuis plusieurs mois, atteinte de la maladie d'Alzheimer et que j'ai vue disparaître, petit à petit, jusqu'à ce qu'elle ne me reconnaisse plus, jusqu'à ce qu'elle cesse d'être celle que j'ai connue, même pas son ombre.

«Tiens, ai-je tout de suite pensé, de ces morts dont on entend parler depuis des mois, voilà qu'ils ne me seront plus jamais, pour moi, des statistiques.»

Jeff me disait l'autre jour qu'entouré de pas plus de cinq personnes, les chances qu'on soit en présence de quelqu'un qui a connu un ou une proche décédé(e) dans un accident de voitures sont de 92%, mais qu'il fallait être dans un groupe d'une centaine pour faire partie d'un de ceux où se trouverait une personne qui aurait connu quelqu'un disparu dans l'écrasement d'un avion.

Je ne suis pas très forte en mathématique, mais, avec 500,000+ morts aux USA, il est plus que probable que tous les Américains ont depuis quelque temps déjà connu, ne serait-ce que pour en voir entendu parler, au moins une personne décédée de la COVID dans leur entourage.

De là ma référence aux deux poètes mentionnés au début de cette chronique :

Wilfred Owen, né en 1893, décédé dans une de ces dernières escarmouches de la Grande Guerre une semaine avant l'armistice. De son vivant, six poèmes sur la trentaine qu'il a écrit au cours de sa courte existence sur terre ont été publiés  dont celui le plus souvent cité, Anthem for a Doomed Youth (Hymne à une jeunesse condamnée) dans lequel on peut lire le vers suivant :

«What passing-bells for these who die as cattle ?»

Quel glas sonne pour ceux qui meurent comme du bétail ?»

Laurence Binyon, 1869-1943, auteur des deux vers qui suivent : 

«They shall not grow old, as we that are left grow old:
Age shall not weary them, nor the years condemn.
»

Ils ne vieilliront pas, comme nous, qui avons survécu, allons vieillir
L'âge ne les fatiguera pas, ni les années ne les atteindront.
»)

 Ce sont les vers les plus cités lors des discours prononcés au cours des cérémonies entourant la Première Grande Guerre.

 *

Évidemment, mon amie n'est pas morte, ni dans une grande guerre, ni dans la fleur de l'âge. Elle aura connu quand même, ne serait-ce qu'un temps, l'automne de sa vie. Mais je ne peux m'empêcher de penser, depuis qu'elle n'est vraiment plus là, qu'elle est décédée seule, sans voir revu ceux qu'elles aimaient, ni connu un autre printemps et cela m'attriste.

Et puis j'ai pensé à Edna St-Vincent-Millay également, qui, à la mort de son ultime compagnon, disait qu'elle n'aurait peut-être pas été celle qu'il aurait souhaitée, mais qu'elle lui avait quand même fait un cadeau hors-prix : celui de ne pas être morte avant lui. Un cadeau qu'elle constatait péniblement de ne pas avoir ni le courage, ni la force de lui avoir donné.

Adieu, Renée.

Fawzi


Voici en partie les deux poèmes mentionnés ci-dessus, suivis des traductions que j'ai pu retrouver sur Internet car il ne m'est pas venu à l'esprit, depuis le décès de mon amie, de les tradapter.

Wilfred Owen : Anthem for Doomed Youth

What passing-bells for these who die as cattle ?
Only the monstrous anger of the guns.
Only the stuttering rifles' rapid rattle
Can patter out their hasty horisons.
No mockeries for them; no prayers nor bells,
Nor any voice of mourning save the choirs,--
The shrill, demented choirs of wailing shells;
And bugles calling for them from sad shires.

What candles may be held to speed them all ?
Not in the hands of boys, but in their eyes
Shall shine the holy glimmers of goodbyes.
The pallor of girls' brows shall be their pall;
Their flowers the tenderness of patient minds,
And each slow dusk a drawing-down of blinds.

  Traduction : Hymne à une jeunesse condamnée

Quel glas sonne pour ceux qui meurent comme du bétail ?
Seule, la colère monstrueuse des canons,
Seul, le crépitement rapide des fusils hoquetants
Peuvent ponctuer leurs oraisons hâtives,
Pour eux, pas de prières ni de cloches dérisoires,
Nulle voix endeuillée hormis les chœurs, —
Les chœurs suraigus et démentiels des obus gémissants ;
Et les clairons appelant pour eux depuis de tristes comtés.

Quelles chandelles seront tenues pour leur souhaiter bon vent ?
Non dans la main des garçons, mais dans leurs yeux,
Brilleront les lueurs sacrées des adieux,
La pâleur du front des filles sera leur linceul,
Leurs fleurs, la tendresse d'esprits silencieux,
Et chaque long crépuscule, un rideau qui se clôt.

Laurence Binyon : For the Fallen

They went with songs to the battle, they were young.
Straight of limb, true of eyes, steady and aglow.
They were staunch to the end against odds uncounted,
They fell with their faces to the foe.

They shall grow not old, as we that are left grow old:
Age shall not weary them, nor the years condemn.
At the going down of the sun and in the morning,
We will remember them.

They mingle not with their laughing comrades again;
They sit no more at familiar tables of home;
They have no lot in our labour of the day-time;
They sleep beyond England's foam

     Traduction : Pour ceux qui sont tombés au champ d'honneur

Ils sont allés avec des chansons à la bataille, ils étaient jeunes.
Droit du membre, vrai des yeux, stable et lumineux.
Ils ont été fidèles jusqu'au bout contre des probabilités innombrables,
Ils sont tombés face à l'ennemi.

Ils ne vieilliront pas, comme nous avons vieilli
L'âge ne les fatiguera pas, ni les années ne les atteindront.

Au coucher du soleil et le matin,
Nous nous rappellerons d'eux.

Ils ne se mêlent plus à leurs camarades rieurs;
Ils ne s'assoient plus aux tables familières de la maison;
Ils n'ont pas grand-chose dans notre travail de jour;
Ils dorment au-delà de la mousse de l'Angleterre

   Paul Dubé


Monique Paquin

Je vous ai promis, il y a un temps déjà, de vous parler de deux CD de cette auteure-compositrice et interprète :

                                

               D'abord, deux sites :

https://www.youtube.com/watch?v=WSOEVFdmHDs

   et

https://www.youtube.com/watch?v=XjbCrEBi00E

Où vous pourrez la voir et l'entendre, filmée en la Salle Claude-Léveillée (Place des Arts, Montréal) dans des extraits de deux récitals qu'elle y a  donnés en compagnie de :

A) à l'accordéon, Luzio Altobelli, Vanessa Marcoux au violon et Gabriel Paquin-Buki à la clarinette, le 20 octobre 2017.

et

B) Marc-André Cuierrier au piano et Gabriel Paquin-Buki à la clarinette, le 11 octobre 2012.

Quant aux deux CD mentionnés ci-dessus, avec les mêmes musiciens (mais pas tous à la fois, avec, en plus, Éric Lafrenière sur l'album Voler) vous pourrez vous les procurer sur les sites suivants :

Voler (2005) peut être commandé en écrivant à :

leonore@videotron.ca

Léonore ou L'accordéon s'en fout ! (2019-2020) est en vente sur Bandcamp :

https://leonore.bandcamp.com/releases (*)

(*) Retapez cette adresse dans votre furteur si ce lien ne fonctionne pas.

Sur ces deux CD, vous trouverez des chansons, paroles et musique de Monique Paquin, sauf quelques exceptions :

Sur l'album Léonore : paroles et musique de Jacques Higelin pour L'accordéon désaccordé.

Sur le même, Luzio Altobelli a composé les musiques de Valse féerique et Vie vaudeville

Et sur l'album Voler : la musique est de Marc-André Cuierrier pour la chanson Marcel et les paroles sont de Jean-Roger Caussimon pour Reviens tandis que Sérénade triste provient d'un poème d'Émile Nelligan.

Voilà pour les détails.

*

Et maintenant, passons à la partie cruelle de ma chronique, celle où, sans appel, je dis ce que j'ai aimé et ce que je n'ai pas aimé de ces deux CD :

J'ai aimé - j'ai tout de suite adoré - la voix : superbe, chaude, posée, toujours à point[*]. Pas d'exclamations inutiles ou d'insistances là où il n'en faut pas. Faut dire que les mélodies m'ont également plu et que j'ai apprécié énormément la diction qui est trop souvent galvaudée de nos jours. - Excellents arrangements, il m'a semblé... mais pour cela, il eut fallu que j'écoute l'interprétation avec moins d'attention, ce que je n'ai pas encore réussi à faire complètement.

[*] Une voix qui m'a rappellé, tout en étant différente, le même effet que celui que j'ai eu en en entendant pour la première fois celle de Carla Bruni. - Je dis bien «effet» car je serai malhonnête en disant que j'ai pensé à les comparer. - Écoutez les deux et vous comprendrez ce que je veux dire. - La découverte d'une nouvelle «voix» a de ses charmes...

Ce que je n'ai pas aimé, ou plutôt ce avec quoi j'ai eu et que j'ai toujours eu une certaine difficulté dans des cas semblables ce sont les paroles des chansons contenues dans ces deux CD - enfin : plusieurs - qui me semblent avoir été écrites avec trop de - comment dire ? - trop d'attention ?... ce qui n'est pas un véritable défaut, mais j'ai beau les avoir écoutées les unes après les autres, elles me laissent toujours l'impression qu'elles sont trop élaborées pour être du domaine de ce qui est convenu d'appeler la chanson par rapport à celui de la poésie ; qu'elles auraient pu être écrites pour être lues plutôt que pour être écoutées.

Vous allez me dire que de grands poèmes ont été mis en chansons et vous auriez raison. Vous n'auriez qu'à me citer Massenet, Gounod, Chausson, Reynaldo Hahn (et cie)... qui se sont inspirés de Lamartine, Hugo, Musset, Verlaine et même de Théodore de Banville, mais nous sommes, ici, compte tenu du contexte, des arrangements musicaux et de l'interprétation, beaucoup plus du côté de la chanson, Non ?

Pensez à : Les feuilles mortes, Pars, Hier encore, La mer, Non, je ne regrette rien, Avec le temps, Saturne...

Voici, quelques vers tirés de L'exil de Monique Paquin (album Léonore ou L'accordéon s'en fout !) :

Tous les printemps sont beaux sous l'aile du désir
J'en ai vu de splendides aux sèves bouillonnantes
...
Jardin de fleurs coupées où ma nostalgie veille
L'exil est un nuage où pleure le soleil
...
Je ne saurais compter les mondes qu'ils m'ont dits
Les joies qu'ils m'ont servies, les trains qu'ils m'ont fait prendre
...

Bien des jeux sont grisants pour qui en reste maître
Ceux de l'amour surgis sous les dés du hasard
...
Les paradis perdus sont douce souvenance
L'exil est un enfant que berce l'espérance

,...

 Faudrait être malhonnête pour dire que ces vers sont sans qualités. La plupart de ceux qu'on peut lire sur les dépliants joints aux CD de Monique Paquin (un plus, merci !) sont comparables à des haïkus, ces poèmes japonais extrêmement brefs et qui nous plongent dans un monde de sensations quasi magiques. Sauf que... Ayant appris il y a longtemps (une mauvaise habitude ?) à séparer chansons et poésie, j'ai un peu de difficulté à m'habituer aux chansons qui mêlent les deux... Surtout quand des haïkus surgissent à tous les quatre vers. - J'en ai déjà parlé. 

Par contre - et c'est là où je me suis retrouvé confus - la toute première chose qui m'a frappé en écoutant le Léonore de Monique Paquin, ce fut son interprétation de L'accordéon désaccordée d'un auteur que je n'ai jamais beaucoup apprécié, Jacques Higelin, quelqu'un dont, justement, les chansons m'ont rarement attiré pour la raison que je viens de décrire, la même, mais dans le sens contraire, qui me fait tant aimer Trenet ou Brassens. Et voilà que je suis resté accroc à cet Accordéon désaccordée... qui contient au bas mot, trente-six images.

Allez comprendre pourquoi. 

Voici, pour vous aider à démêler tout ça deux extraits tirés du CD Léonore de Monique Paquin : Le premier étant le début de son interprétation de la chanson de Jacques Higelin (sic !) 

Cliquez sur la note :  

Et le deuxième, le début de son Tu n'existes pas.

Cliquez sur la note :

Et puis, tant qu'à y être, voici le début de L'exil, cité ci-dessus, ne serait-ce que pour vous faire entendre le soin apporté aux accompagnements de ces deux CD.
- Au violon : Vanessa Marcoux.

 Cliquez sur la note :

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P.-S. : Sur le site https://leonore.bandcamp.com/releases cité ci-dessus, vous trouverez d'autres extraits...

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L'extrait du mois


Note : 

Oulipo : Ouvroir de Littérature Potentielle. - Groupe de littérature inventive et innovante qui naît au XXe siècle. Il a pour but de découvrir de nouvelles potentialités du langage et de moderniser l’expression à travers des jeux d’écriture. Le groupe est célèbre pour ses défis mathématiques imposés à la langue, obligeant à des astuces créatives. L’Oulipo est fondée sur le principe que la contrainte provoque et incite à la recherche de solutions originales. Il faut déjouer les habitudes pour atteindre la nouveauté. Ainsi, les membres fondateurs se plaisaient à se décrire comme des «rats qui construisent eux-mêmes le labyrinthe dont ils se proposent de sortir.»


L'homme invisible...

Les membres de l'Oulipo exercent tous une activité publique, notamment le jeudi en public, mais ils ont aussi dans l'intimité une vie plus ou moins secrète. Ainsi, moi, je ne sais pas si vous vous en êtes déjà aperçu, mais tel que vous me voyez, je suis invisible.

Vous vous dites certainement : il se fiche de nous, il n'est pas invisible du tout puisque nous le voyons !... C'est bien vite dit et ça demande à être examiné de plus près.

D'abord, comment suis-je devenu invisible ? Eh bien, je suis devenu invisible parce que je l'ai bien voulu. On ne devient pas un homme invisible par accident ou par caprice, mais volontairement. Rien du hasard là-dedans, c'est un acte volontaire et je le revendique.

Les apparences, dites-vous... mais les apparences sont trompeuses, et les appâts rances n'attirent pas tous les poissons. Si vous ne me croyez pas invisible, avouez-le, c'est parce que jusqu'ici vous n'aviez jamais vu ni rencontre un homme invisible.

Eh bien ! profitez-en, ça n'arrive pas tous les jours : vous avez devant vous un homme invisible avec tous les attributs de l'invisibilité. Et si vous ne me voyez pas invisible, c'est tout simplement parce que vous n'êtes pas encore habitués à ne rien voir. Comme la méditation transcendantale, cela demande un certain entraînement.

Bien sur, on ne devient pas invisible comme ça, du jour au lendemain, sur un coup de tête, pas plus qu'Harry Mathews n'est devenu membre de la CIA sans raison valable.

Je suis devenu invisible par nécessité. Disons que j'en avais marre d’être visible et de trimbaler un habitus, comme dit Raymond Roussel, un habitus compact et encombrant. C'est ce qui avait dû travailler Wells lorsqu'il publia son roman en 1897, ou Jules Verne Le Secret de Wilhelm Storitz.

En 1912, Georges Mélies fut pris de la même angoisse et réalisa Le Cycliste invisible, où l'on se plaît a reconnaître aujourd'hui le Président de l'Oulipo, le Régent Paul Fournel. Mais c'est le personnage créé par Claude Rains dans le film des studios Universal de 1933 qui me décida à sauter le pas.

(I1 est intéressant de remarquer et je dois être le premier à le faire, que le mythe de l'homme invisible a été adopté et répandu par l'art du visible par excellence, le cinématographe.)

Seulement, au lieu de m'affubler de bandes de sparadrap et de couvrir mes mains avec des gants blancs particulièrement salissants, je me suis contenté de conserver mon visage et mes mains habituelles, suscitant ainsi une exception à 1'exception, au nom de 1'épataphysique, c'est-à-dire l'exception de la pataphysique - sans son apostrophe à laquelle je ne suis pas mécontent de régler son compte.

Être homme invisible dans la société actuelle ne va pas sans inconvénients. L'homme, et en disant cela je pense d'abord à vous, 1'homme tolère rarement de ne pas voir son prochain, sauf encore au téléphone, mais ça ne durera pas longtemps. Être invisible vous expose aux chocs et aux coups qui ne manquent pas de vous infliger les passants. Dans le meilleur des cas, cela se traduit par des bleus et de feintes excuses

- Oh, pardon ! je ne vous avais pas vu...

Qu'on n'ait pas vu un homme invisible, cela va de soi ; main qu'on éprouve le besoin de lui dire qu'on ne 1'a pas vu, vous reconnaîtrez que ça manque de bon sens, comme dit Descartes.

Être bousculé dans la rue n'est pas le seul inconvénient de l’invisibilité. Je ressens la même gêne au sein de l'Oulipo. Il m'arrive parfois de tendre la main à mon voisin sans que celui-ci comprenne que je désire serrer la sienne.

Et encore, je n'évoque pas les manifestations de racisme à l'égard de l'homme invisible quand il est noir : un homme invisible blanc se fait beaucoup moins remarquer qu'un homme invisible noir. Question de pigmentation de la peau, sans doute ?

Bref, l’invisibilité est ce qu'à 1'Oulipo nous appelons une contrainte, mais je dirais plutôt une contraignure qui mène directement à la contraignance.

Être invisible d'accord, semble-t-on vous dire, mais à condition!on que ça ne se voie pas.

Or un pt'tit doigt, ça s'voit, comme dit Alfred Jarry, et il faut savoir ce qu'on veut. Pour moi, l’invisibilité est devenue ma vie secrète, bien mieux qu'une appartenance à la CIA ou à la SNCF. Elle m'a permis de m'introduire partout sans payer ma place : au cinéma, à condition que personne ne vienne s'asseoir sur moi, ou dans les transports en commun, avec la même crainte ; mais aussi dans les lieux les plus secrets de la République, sans me soucier d'être surpris par les caméras de surveillance. Vous avez peut-être entendu parler de la publication des photos de Cécilia dans Paris-Match ? Eh bien, pendant que je suis invisible et que la police ne me voit pas, je peux vous le dire, c’était moi le photographe. II existe d'autres photos de Cécilia seule. II n'y a personne à côté d'elle : eh bien, c'est moi...

Mais ces petits avantages et ces petits inconvénients de l'invisibilité ne doivent pas nous faire perdre de vue (c'est le cas de le dire) ce qui me conduit à me présenter aujourd'hui sous un aspect apparemment visible.

Car, finalement, l'intérêt d'être un homme invisible est de pouvoir choisir 1'aspect sous lequel on se présente. Ainsi, vous, dans cette salle, qui, dans la majorité des cas, êtes apparemment visibles, vous n'avez guère le choix : vous êtes visibles, un point c'est tout. Pour ne pas être visibles, il faudrait que vous vous déplaciez et que vous sortiez de la salle. C'est ce qu'on dit généralement aux enfants et aux naïfs : «Va voir dehors si j'y suis.» Et curieusement, ça marche parfois : en effet, il vous suffit de sortir effectivement d'ici pour être dehors. Mais, sans déplacement, vous ne pouvez pas vous rendre invisible sur place.

Lorsque j'étais enfant, il arrivait parfois à ma mère de me proposer d'aller voir ailleurs, si elle y était. Eh bien, neuf fois sur dix, elle n'y était pas : elle était invisible. C'est donc un peu par atavisme que j'ai choisi l'âge adulte de devenir moi aussi invisible. Ce qui me permet de choisir mon aspect à mon gré : visible ou invisible, au point où à l'instar du caméléon, je deviens visible ou invisible selon mes interlocuteurs.

Ainsi, devant vous, j'ai choisi aujourd'hui d'être invisible, mais avec un petit chouïa de visibilité pour ne pas vous choquer la première fois.

Plus tard, dans les mois à venir, maintenant que vous êtes prévenus, je me permettrai de me présenter peu à peu de moins en moins visible. Un jeudi, ce sont les pieds que vous ne verrez plus sous la table, une autre fois, ce seront mes bras, et, si vous êtes bien sages, je vous ferai même le coup de la tête invisible, assez impressionnant, m'a-t-on dit, mais qui amuse toujours les enfants, surtout si je porte un chapeau.

Mais je dois m'arrêter, car à force d'évoquer l'invisibilité, il arrive ce qui devait arriver : le temps passe et si on n'y fait pas attention, on ne voit plus le temps passer. Or 1'essentiel, n'est-ce pas, c'est de le voir passer.

Où est-il, le temps? Il n'est pas loin, il s'approche, il s'approche, le voilà ! Il passe...ça y est : nous avons vu le temps passer.

François Caradec
Carnets trimestriels du Collège de Pataphysique,
21 pédale 133 EP (15 mars 2006), p. 15-18


P.-S. : Paul [Dubé], grand spécialiste de l'oeuvre de François Caradec, nous informe que ce texte a été repris dans «Entre miens, d'Alphonse Allais à Boris Vian» qui regroupait divers écrits de Caradec publiés dans des périodiques entre 1945 et 2008 (Chez Flammarion en 2010), non sans avoir été repris l'année précédente dans un recueil de contes, de Caradec toujours,  sous le titre de «Monologue pour Coquelin cadet» dans «Entrez donc, je vous attendais» dont nous citons un autre extrait dans le courrier d'aujourd'hui.

                     

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Lectures


Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres, revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être des commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endossent pas nécessairement la direction du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.

Paul Morand - Journal de guerre
(Londres-Paris-Vichy, 1939-1943)
Gallimard (Les cahiers de la nrf), 2020


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Pour être honnête, ce compte-rendu aurait être intitulé «Paul Morand» tout simplement car ce Journal de guerre, le premier de deux que Morand n'a pas voulu livrer au public avant l'an 2000 n'y fera l'objet que d'un bref commentaire.

Cela étant dit, ceux qui connaissent Morand savent qu'à quelques exceptions près, le contenu de ses textes est sans importance. On lit Morand pour son style. Il est brillant, plein d'images surprenantes, d'euphémismes qui font sourire et qui nous encouragent à poursuivre des récits qui, racontés dans un style neutre,  seraient, pour la plupart, sans intérêt. - Chez Morand, le style est tout.

Encore faudrait-il s'entendre sur ce qu'est un «style» :

*

«Morand est demeuré totalement imperméable au style d'écriture proustienne...» m'écrivait récemment un ami.

Le style proustien ! Ce que j'ai pu lire sur ce fameux style ! Ou celui de Céline, celui de Joyce ou de de Virginia Woolf...

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais on ne parle jamais du «style» de Victor Hugo ou de celui d'Apollinaire, ou de Queneau, des auteurs qui ont écrits de différentes façons sur différents sujets.

Et puis, y'a les «styles» neutres dont celui de Simenon qui est souvent cité en exemple. De ce point de vue, je dirais que Gide a toujours eu un «style» neutre : classique, grammaticalement de son temps, toujours à la recherche du mot juste, etc., mais pas tout-à-fait remarquable par sa distanciation (le mot est à la mode ces temps-ci) vis-à-vis les écrivains de son temps. - Et dans ce lot de plus ou moins neutres, j'ajouterais volontiers Zola, Balzac, Maupassant et même Saint-Simon quoiqu'il est facile de reconnaître Saint-Simon après deux paragraphes, non pas à sa façon d'écrire, mais plutôt à ce sur quoi il a écrit.

C'est qu'on ne s'entend pas exactement ce qu'est un «style» : une manière d'écrire ? une utilisation limitée de mots de vocabulaire ou plus spécifiquement un vocabulaire complexe, fait de mots rares ? S'agit-il de la fréquence de phrases courtes, longues, découpées par une ponctuation spéciale, pleine de - c'est le cas de le dire - «figures de style» ?

Si l'on parle d'une manière d'écrire qui correspond avec le fond de ce sur quoi on est en train d'écrire, alors là, oui, je veux bien parler du style proustien. Ou même de celui de Céline.

Car, à l'opposé, on retrouve le «style pour le style» qui, la plupart du temps est là pour remplir un certain vide : le manque de sujet précis ou de profondeur. Du début du siècle dernier, où ça semblé, un temps, être à la mode, deux représentants de cette méthode furent Jean Lorrain et Montesquiou dont on me parlait récemment, mais on peut pousser plus loin en avançant les noms de Cocteau et même de Boris Vian qui, entre vous et moi, n'ont jamais eu grand chose à dire. 

De ce point de vue - et là je me fie sur une connaissance très limitée de sa production - je dirais, pour le peu que je m'en souvienne, qu'on pourrait penser à Morand en tant que styliste, comme mon coiffeur qui se dit coiffeur-styliste. D'où mon objection à ce «demeuré totalement imperméable au style d'écriture proustienne» car leurs «styles» ne sauraient même pas se comparer.

Proust ET Céline (tant qu'à comparer Morand à Proust, autant le faire avec Céline) n'ont pas inventé des «styles» d'écriture : ils ont écrit d'une manière correspondant à ce qu'ils avaient à dire. D'où une quantité d'oeuvres d'écrivains qui se disaient des émules ou des descendants de l'un ou de l'autre et qui n'ont jamais dépassé la rampe car on se saurait prendrer la plume de l'un pour écrire autre chose.

Proust a écrit sur les intermittences du coeur, sur le temps... et sur ces «sujets», il n'a pas trouvé d'autres façons que d'écrire comme il l'a fait. C'était ça ou écrire un long texte sur la «Durée et simultanéité», froidement, à la Bergson.

Quant à Céline, combien de temps encore aurons-nous à lire qu'il a écrit dans une langue commune, une langue qu'on peut entendre partout... C'est archi-faux. Sa langue est une des plus difficiles à imiter car elle a pour sujet une vision du monde qu'on commence à percevoir de plus en plus, particulièrement depuis cette pandémie.

(Voir l'édition établie, présentée et annotée par Régis Tettamanzi du manuscrit du «Voyage au bout de la nuit» paru aux Éditions 8 en 2016, le même qui a fait paraître au même endroit une édition critique des Écrits polémiques de Céline en 2012)

                
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*

Si Morand a un «style» ?

Mais il n'a que cela.

Morand ce sont des images, des tournures de phrases, des bons mots, des trouvailles, des choses pour épater Cocteau qui ne demandait qu'à l'être.

Voici Morand :

- De burlesques organismes gouvernementaux

- Un corps qu'aucun litige le séparait de ses vêtements

- La sclérose de la vie bourgeoise

- L'apéro : la prière du soir des Français

- Des vêpres qui sonnaient aussi impérieusement qu'une sirène d'usine

- Des Ford mutilés

- Une mer dépolie par le soir

- Un petit bourgeois avec un grand sabre

- Sous le scenic du Luna Park qui est comme la cale d'un grand paquebot immobilisé dans un chantier en faillite

- ...

Ou des envolés comme :

- Ce fut un dimanche, vers la fin de la matiné, que j'arrivai à Perth [...] Mes yeux fatigués ne virent d'abord qu'une petite ville endormie sous un rêve d'asphalte, des maisons de briques de couleur plum-pudding, qui n'avaient pas eu le courage de monter jusqu'au premier, un petit commerce mesquin, qui renonçait en maugréant à n'être plus local, sans s'élever pour cela au lyrisme moderne de la camelote...


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Parfois, il s'oublie. Je suis, par exemple, depuis avant-hier, à relire... à écouter plutôt son Paris Tombouctou [format audio]... C'est d'une banalité...

Alors pourquoi le lire ?

Parce qu'il est brillant, surprenant, magnifique quand il invente de nouvelles expressions. Qui aurait pu décrire les édifices de New York comme ceci :

«Les maisons de New York ne grattent pas le ciel : elles le défoncent.»

 Or, j'ai eu beau lire, relire et relire encore des pages et des pages (j'en étais rendu au hasard quand j'ai cessé) de son Journal de guerre, je n'ai rien retrouvé que des «entrées» quotidiennes qui, sauf pour leur possible intérêt documentaire sur la France de Vichy, n'ont aucune dimension littéraire.

Et encore :

*

Que reste-t-il à découvrir sur ce que fut l'Occupation et qui n'a pas été dit, redit, expliqué, opinionisé depuis les documentaires qui nous ont donné les chaînes de télévision spécialisées tel que le Canal Histoire (qui aurait intérêt à payer des droits d'auteur au régime nazi, Pétain, Laval et à tous ceux qui ont participé à la deuxième grande guerre).

Pour cela, on n'a qu'à consulter :

- The Rise and Fall of the Third Reich : A History of Nazi Germany de William L. Shirer paru chez Simon & Schuster en 1960 et traduit en français sous le titre de Le Troisième Reich, des origines à la chute : Une histoire de l'Allemagne nazie


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- D'Henri Amoureux, La Grande Histoire des Français sous l'Occupation, en 10 volumes (!) aux Éditions Robert Laffont, Paris, 1975-1993


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Note : Cette «Grande Histoire» est également disponible en cinq volumes en  format  Bouquins chez Robert Laffont depuis 1997.

Et surtout :

La deuxième édition (revue et augmentée) de La France de Vichy 1940-1944, traduction de « Vichy France Old guard and new order, 1940-1944 » de Robert O. Paxton , aux Éditions du Seuil (coll. « Points Histoire »), 1997.


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(Ce qui évite, pour ce dernier volume, d'avoir à lire Robert Aron (Histoire de Vichy [1954], Histoire de la Libération [1959], Histoire de l'épuration [1967-1975]) qui faisait figure de l'autorité dans le domaine avant que les archives allemandes furent ouvertes à la consultation.)

*

En deux mots :

De Morand, je ne peux pas dire que ce fut un mauvais écrivain. Il était même brillant, souvent éblouissant jusqu'à nous faire oublier ce sur quoi il écrivait pour ne noter dans ses nouvelles, descriptions de lieux, de situations... - comme je viens de le faire - ses bons mots, ses tours d'esprit, ses euphémismes, ses exceptionnelles figures de style, bref : tout ce qui fait qu'après, parfois deux phrases, on sait qu'on est en train de lire du Morand et rien d'autre. Sauf qu'il n'avait rien à dire. Il avait, comme on a souvent dit d'Anatole France, un immense talent qui, tout compte fait, n'a servi qu'à dire des platitudes.

(J'essaie de retrouver, depuis plusieurs jours, ce que Cocteau (un autre que je mettrais dans le camp de ceux qui avaient peu à dire) a dit de Morand et qui consistait à lui reprocher «trop de lumières» (ou quelque chose dans le genre «trop de feux d'artifice, trop de "flash"») qui empêchaient ceux qui le lisaient de voir la clarté... - Si je retrouve, je l'insérerai ici)

Ajout 2 mars :

La citation de Cocteau ? - La voici :

« Évite la mitrailleuse de métaphores, on ne voit plus passer les balles. »

Un grand merci à Michel qui me l'a fait parvenir par courriel 

Simon

 

Il y a dix ans dans le Castor


Dead Poets Society

Why has everybody forgotten the anagram fodder name of Osgood C. Goodell, the Nineteenth Century poet who wrote zillions of verses on everything from how to write obituaries to the gentle art of polishing silver including no less than six poems on how to treat that dreadful of all diseases known, at the time, as housemaid knees and... twelve on the various ways to go from the City to the West-End ? - As a writer, he was on steroids, well before anybody knew about steroids.

No photos nor paintings exist of him. According to his contemporaries, he was a pencil-munching short fellow with thick glasses and frayed cuffs as well as the owner of eye wrinkles the size of saucepans. No big surprise there with him writing all night and all day like that, which is most likely what he did. - Rumors abound on the six years of minutiae he spent writing the definite (1 066 verses - what else ?) description of the battle of Hastings. But there was more : 2 400 verses consisting in a rewrite of Isaac Newton's works (for women readers), 1 600 more verses on solving the mystery of mallard's "quacks" not being echoed in wilderness, etc. - Talk about going from bad to verse (sorry for the pun).

Reading on further, I learned that he was the cause of not one but two failures (today, we would say bankruptcies) of an as-well anagram fodder named Tupper G. Putter - talk about coincidences - who happened to be, when he was not publishing, the owner of several coal mines in Wales (which explains why he could afford to be our friend's editor). - Story goes that, when transportation problems occurred in Wales and strikes were proliferating in Scotland, he did manage to sell the unsold copies of Goodell's books as a fuel substitute. Boffo success.

I guess some talents should be outlawed (sorry, Simon, that should have been one of your lines) but then, one could write unbelievable novels on characters such as Goodell or his friend, Sylvanus Silliman [See note at the end]. (Now who would want to invent names like that ?)

Anyway, looks like he never went beyond the jugular-vein literary reviews that was all the fashion at the time... to rise, like that, from obscure beginning to become a poet-writer that sank without trace in the history of literature.

But there is a coda :

I happened to stumble on his diary the other day ; a four thousand page manuscript, in verse, of course, which he bequested to my great grandfather, le Grand Marshall. - Seems like the two meet each other briefly sometimes in the late 80's (1880's that is). Why ? - Don't know. - Perhaps to discuss the great Anthony Trolloppe (1815-1882) who wrote such masterpieces as "The Macdermots of Ballycloran", "The Kelly's and the O'Kelly's", "Sir Harry Hotspur of Humblethwaite" and other - geddit ? - major works.

Had enough ?

Just let me quote this out of one of Trolloppe's riveting novels : "None of us is untouched by the swirl and maelström of serendipity..."

Ah ! the stuff that drives human endeavors !

Copernique Marshall 

March 12, 2011

Note : Sylvanus Silliman is, for those of you who might be interested, the one that designed a method for folding paper so that, if you took one sheet, the other would pop up or down which is a fact that some preachers tried to demonstrate that God - or at least angels - existed. So, the next time you use a Kleenex...

Le courrier


Mme. Victorine Tisserand - La Plaine-Saint-Denis, France

  :

Le yagérisme se réfère à Carol Ann Yager, une américaine, née en 1960, décédée en 1994, dont le poids, à son apogée, aurait été de 727 kilogrammes (1 603 livres). - Qu'on vous dit être atteinte de yagérisme est peut-être dû au fait que vous préférez la couleur bleu à toutes les autres, Madame Yager ayant insisté tout au long de sa vie à porter des vêtements de cette couleur, vêtements toujours fabriqués sur mesure, une autre de ses caratéristiques. 

M. Stéphane Rémillard - Brossard, Québec

  :

Non : le mot «pandémique» ne provient pas de «panique» et «académique». Quoique...

M. Fernand Lassonde - Godmanchester, près Huntingdon, Québec

  :

Cher Monsieur,

Ce qui vous est arrivé, bien qu'inusité, n'est cependant pas unique. François Caradec dans son «Entrez donc, je vous attendais» (Édition Mille et une nuits, 2009) en raconte une version semblable :

«La banque lui a téléphoné en Toscane où il passe ses vacances avec Janine.

  - Cher Monsieur, nous vous félicitions de l'importance des dons que vous versez à la Croix-Rouge, à l'abbé Pierre et à Médecins sans frontières ; mais nous sommes toutetois obligés de vous informer - simple négligence de votre part, sans doute - que vous avez légèrement dépassé votre crédit à notre banque et que nous allons devoir débiter votre compte d'agios relativement importants.

- Nom de Dieu ! C'est le chéquier qu'on m'a volé au Décaméron. Le salaud s'en est servi pour faire des dons aux associations charitables !...»

Malheureusement, dans votre cas, on ne saurait vous considérer, comme l'a souligné Georges du Garage Esso, Esplanade du Grand Marshall, qui en a parlé avec le propriétaire de la Bijouterie Petiot-Landru, rue du Grand-Marshall, quand on lui ait eu fait part de la chose, «aussi chanceux dans votre malchance», car celui qui vous a dérobé votre carte bancaire s'en est servi pour faire des dons à des partis politiques.

M. Robert De la Courtemanche - Québec, Québec.

  :

 Iegor Hôtel des Encans, 1456 ouest rue Sherbrooke , Montréal H3 G 1K4.

https://www.iegor.net/

 Mme Clémence Bouvier - Trois-Rivières, Québec
  :

Madame,

Il ne faut pas croire tout ce qui est imprimé dans les journaux. Ainsi, que vous ayez lu qu'un peu partout au pays des chercheurs sont en train de «déployer un réseau de forêts intelligentes en colligent une foule de données en temps réel, afin de mieux comprendre comment elles vont réagir aux changements climatiques», il y a lieu d'être un peu sceptique. Le Professeur Marshall, notre bien-aimé recteur, a été le premier à dénoncer ce genre de projet. Selon lui, la construction d'une salle de cours pouvant accueillir une forêt lui semble quelque peu du domaine de la science-fiction. Surtout avec les normes de distanciation actuelles... 

Ms. Debra Planck - London SW3, England

  :

 Chère Debra,

Aux dernières nouvelles, Charles Darwin, l'auteur de l'Origine des espèces, aurait été, à son origine, un enfant adopté.

Dédicace


Cette édition du Castor est dédiée à :

 

Louis-Honoré Fréchette
(1839-1908)

Pages recommandées


 Toulouse-Lautrec : L'oeuvre lithographique complète  
370 photos des lithogravures de Toulouse-Lautrec     

Schubert
un essai de Paul Dubé
94 extraits sonores, 45 photos, 5 vidéos, 7 annexes, de nombreux liens...

Le mot de la fin


Tôle galvanisée

Ô tôle galvanisée
Si commune, si racée
Tu couvres autant les chaumières
Que les gentilhommières.
Et quand l'automne vient
Sur tes toits et tes solins,
Quand la pluie tombe et fait plouc,
On se croirait sur une houque,
En Hollande, entre Sheverigen
'S-Gravenhague ou Leiden.

Il s'agit là d'un poème extrait d'un recueil sur les métaux usinés de la série «Poésie industrielle» de Madame Fawzi Malhasti, la poétesse de renom, à qui un jeune admirateur lui signale qu'elle a bien fait de ne pas se servir d'alexandrins dans non seulement ce poèmem mais la plupart de ses écrits

«Ce sont des vers trop longs pour des gens de notre génération» précisa-t-il dans une lettre d'à peine quelques lignes.

Et Madame Malhasti de lui répondre :

«Tout dépend. Je débutais justement, avant-hier, un épigramme sur la pression du rouble sur l'Euro par le vers suivant :

"De 96 à 99..."

«Dit à haute voix, je comprendrais votre objection, mais lu ?»

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Notes et autres avis :


Fondé en 1900 par le Grand Marshall, le CASTOR DE NAPIERVILLE fut, à l'origine, un hebdomadaire et vespéral organe créé pour la défense des intérêts de l'Université de Napierville et de son quartier. - Il est , depuis le 30 septembre 2002, publié sous le présent électronique format afin de tenir la fine et intelligente masse de ses internautes lecteurs au courant des dernières nouvelles concernant cette communauté d'esprit et de fait qu'est devenu au fil des années le site de l'UdeNap, le seul, unique et officiel site de l'Université de Napierville.

De cet hebdomadaire publié sur les électroniques presses de la Vatfair-Fair Broadcasting Corporation grâce à une subvention du Ministère des Arts et de la Culture du Caraguay, il est tiré, le premier lundi de chaque mois, sept exemplaires numérotés de I à VII, sur papier alfa cellunaf et sur offset ivoire des papeteries de la Gazette de Saint-Romuald-d'Etchemin et trois exemplaires, numéroté de 1 à 3, sur offset de luxe des papeteries Bontemps constituant l'édition originale, plus trois exemplaires de luxe (quadrichromes) réservés au Professeur Marshall, à Madame France DesRoches et à Madame Jean-Claude Briallis, les deux du Mensuel Varois Illustré.

Nous rappelons à notre aimable clientèle que :

1 - L'édition régulière du Castor™ paraît le 1er lundi de chaque mois.

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