Vol. XXX,  n° 5 Le seul hebdomadaire de la région publié une fois par mois Le lundi 5 octobre  2020

La COVID-19 est toujours là. Soyez vigilant !



Ce numéro :

Niels Bohr - Tout sur les timbrés, toqués et tarés que sont nos chroniqueurs - Finnegan's Wake - Toulouse-Lautrec et Schubert - Zazie dans le métro - Simon qui mord ? - La Covid-19 -  Le chapeau de Napoléon - Les «AA» - Memphis et George Thorogood (and His Desroyers) - Srinivasa Ramanujan et Henry Ernest Dudeney -  James Joyce - Un incendie chez Denelis Canada - Bourne - Anna de Noailles - Les chanceux et les chanceuses - Victor-Lévy Beaulieu - L'Apple II (en 1981) - James Burke - Vieillir et mourir - Les ulcères d'estomac - Cioran - Evangelium vitae, la lettre encyclique de Jean-Paul II - Et le stress.

Bonne lecture !

Éditorial  


Il n'y a pas si longtemps, il me semble, nous indiquions avec une certaine incrédibilité le nombre de morts du COVID-19 aux États-Unis qui, de mois en mois, s'est mis à augmenter, passant de 20,000 à 40,000 puis à 50,000, pour atteindre 60,000 et même  100,000 (en juin). Hier, on en était à plus de 210,000.

210,000 !

C'est la population de la ville de Rennes, en France ; celle de Birmingham en Alabama ; de Derby, en Angleterre ; le quart de la population d'Amsterdam... 

Plus près de nous, les villes de Windsor en Ontario et de Regina en Sakatchewan, les villes de Valleyfield, Rouyn-Noranda, Boucherville, Saint-Eustache et Victoriaville réunies (Québec), presque la moitié de la ville de Laval, 90% de la population de Longueuil...

On s'attend à ce que ce nombre dépasse le 300,000 d'ici la fin de l'année. La moitié de la ville de Québec...

Et dans certaines parties des États-Unis - et même au Québec - ont lieu des manifestions contre le port de masques et la distanciation...

Qu'enseigne-t-on dans les écoles, les collèges, les universités de nos jours ? Mais surtout dans les familles ?

La direction



Chroniques


 

Pour les chroniques précédentes de nos correspondants cliquez sur ce lien .

      Simon Popp

Vous savez que...

Collectivement, nous, les chroniqueurs, qui oeuvrons au sein du  Castor™, passons pour des timbrés, des toqués, des tarés (quand on ne nous traite pas d'illuminés, de songe-creux et d'hallucinés) ? 

«Vous êtes peu lus. Vous écrivez sur des sujets qui n'intéressent personne, dans une langue souvent incompréhensible et vous êtes là à vous croire indispensables et, pire encore : au centre du monde. Vous me faites...» nous écrivait-on le mois dernier. 

(Je ne cite pas le reste au cas où de jeunes filles seraient à l'écoute.)

Difficile de répondre à de tels compliments. Tous mérités d'ailleurs. Un détail, quand même : nous nous considérons, mais vraiment, au centre du monde, mais uniquement dans le sens que, individuellement, tous les être humains sont au centre d'un monde.

Nous vivons tous avec la conviction qu'il serait tragique de passer le peu de temps que nous aurons sur cette planète sans tenter  d'y prendre et y donner tout ce que l'on peut.

La plupart d'entre-nous sommes trop âgés pour ne plus être en mesure de parcourir le monde et construire des puits, des abris, des cuisines pour les plus démunis, enseigner «la bonne nouvelle» aux peuples dont la religion n'est pas celle dans laquelle nous avons été éduqués et loin de nous est l'idée de nous mêler de la catastrophe qu'est devenue depuis quelques années la politique.

Nous avons, par ailleurs, tout le temps pour lire, écouter, regarder et apprendre ce que nous aurions dû plus tôt dans notre vie et mettre dans l'ordre nos idées sur ce que nous croyons être une façon de faire avancer l'humanité en espérant qu'une fois écrites ces idées puissent servir à quelque chose.

Si ce n'est pas sérieux ce que je viens de dire, ben, au moins, nous aurons fait rire et rire est une des choses les plus importantes que nous avons trouvée pour passer à (ou «au») travers ce qui pourrait être une tragédie ; la vie d'êtres qui pensent.

D'un autre côté...

Personnellement, vous savez que :

Dans ce qui m'apparaît de plus de plus être une vie d'une longueur qui me surprend, beaucoup de choses m'ont étonné. 

La toute dernière, depuis quelque temps, est d'entendre dire à mon sujet : «Ne vous en faites pas, Simon ne sait pas... Simon ne saura pas quoi vous répondre... Simon a de la difficulté quand plusieurs personnes lui adressent la parole en même temps... Simon n'a pas le sens de l'odorat... Simon, de temps en temps, boit un peu trop... Simon ne sait pas de quoi [ce dont] vous parlez...» Bref : «Simon est comme ceci... ou comme cela» avant même que j'ai {ou que j'aie} eu le temps de prononcer un seul mot...

Comme Sacha Guitry, dans Le Roman d'un tricheur, qui se disait irrité non pas parce que sa maîtresse le trompait, mais parce qu'elle le lui disait, il m'arrive d'être irrité non pas qu'on parle moi dans mon dos (s'il y a une chose à laquelle je me suis habitué...), mais qu'on ne se gêne pas pour me présenter aux autres comme si j'étais une pièce d'ameublement, un empêcheur de tourner en rond et même une bête dangereuse : «Surtout, ne lui touchez pas : il mord.»  .

Je peux comprendre que, extérieurement je peux ne pas avoir l'air de quelqu'un qui connaît toutes les bonnes manières en société ; qui ne sait pas la différence entre un salut amical de la main et une révérence ; qui est inconscient du fait que les autres ne sont pas de son avis ; et qui, surtout, ayant fait carrière dans un domaine, il est évident qu'il a aucune notion de ce en quoi peut consister une carrière dans un autre domaine.

Mais :

Je peux vous assurer que si ma mémoire peut sembler phénoménale (parfois), elle ne l'est pas - j'ai oublié pas mal de choses déjà, notamment celles que d'autres n'ont pas encore apprises - ; je m'exprime, il est vrai, dans un vocabulaire de plus en plus désuet, mais qui s'avère souvent être encore le bon ; que si j'ai l'air impatient, c'est que les conversations de tous les jours m'ennuient ; qu'effectivement, oui, je peux tout en étant sérieux dire des conneries. Ce qui me console, c'est que ce genre d'embrouillamini(s) semble être une des caractéristiques du genre humain dont, aux dernières nouvelles, je serais toujours membre. 

Aussi :

Quand vous me présenterez aux autres, laissez-moi m'exprimer un peu. Je ne suis ni pire, ni mieux que vous pouvez l'être.

Un détail :

Si je titube de temps à autres, que j'ai parfois de la difficulté à me redresser, ce n'est pas une question d'alcool (enfin : la plupart du temps), c'est que je souffre d'une usure prématurée du système nerveux. 

Et puis songez à ceci :

Il m'est arrivé souvent au cours de ma vie (que j'ai dite au début, d'une longueur qui me surprend) de prendre la main de quelqu'un, saisir son index, le mettre sur ma poitrine et lui dire de pousser en disant : «Tu vois : y'a comme une résistance.» - C'était pour démontrer que j'existais, que je n'étais pas une chose, un objet, un meuble.

Ne me forcez pas à me répéter. 

Finalement, vous savez que :

J'ai perdu deux amis aux «AA» ?

Rien contre. Je veux dire contre les «AA».

Quand, comme moi, on a de la difficulté à se tenir debout longtemps (et souvent marcher) et que c'est dû à une cause incurable, on se sert d'une béquille.

Et les «AAA», pour moi, c'est une béquille.

Or, il ne m'est jamais venu à l'idée de me servir de ma béquille pour assommer qui que ce soit ou exiger qu'on se plie à mes exigences.

Sauf que mes deux amis n'ont jamais toléré que je les considère comme des gens atteints d'une maladie incurable et qu'au fin fond de moi-même je rageais autant qu'eux.

Simon

      Herméningilde Pérec


Vieillir... et mourir

Pas très drôle ce titre, mais ce qu'on ne sait pas, généralement, c'est que les gens de mon âge n'ont pas peur de mourir. Ce n'est pas d'hier qu'on y pense. On n'y a pensé quand nos pères et mères sont décédés, quand nos amis, quand de plus jeunes que nous se sont mis à disparaître. Et puis nous y avons pensé quand nos fils et filles, quand nos neveux et nièces, quand nos petits enfants et même nos petits enfants sont venus au monde.

Ce n'est pas une question de tenir à tout prix à la vie. Même pas une question d'égoïsme. C'est tout simplement une affaire de regrets. D'un en particulier : celui de ne pas savoir ce qui s'en vient.

Mon dernier petit-fils vient d'avoir cinq ans. - Cinq ans ! - Et je ne verrai jamais ce qu'il sera dans vingt ans. Sera-t-il aussi sévère comme son père ou affectueux comme sa mère ? Sera-t-il plus beau que la moyenne ? plus intelligent ? manuel ou intellectuel ? fonceur ou stoïque ? dur ou sensible ? solide ou chétif ? - Je ne le saurai jamais.

Pire encore :

J'aurai beau avoir laissé, amoureux, des marques au couteau dans un arbre dans le boisé près d'ici, marché dans les rues de Paris, vu la Tour de Londres, inscrit mon nom dans d'innombrables documents, écrit des chroniques, aussi modestes que les plus modestes du moins célèbre des chroniqueurs du Castor™, m'être trompé, puis m'être remis à la tache dès le lendemain, espéré, prié, pleuré, chanté, perdu mon temps et même avoir survolé le Fyord-du-Saguenay en hélicoptère ... tout ce dont je me souviens n'existera plus.

C'est le prix que j'aurai eu, en mourant, à payer pour avoir vécu une chose tout à fait incroyable, indescriptible, inimaginable qu'est la vie. 

Je vous la souhaite longue et heureuse.

H. Pérec

Pst ! (Le conseil d'un vieux.) Mettez de côté que les biens qui vous seront nécessaires. Distribuez le reste de votre vivant. - Seuls les souvenirs compteront au seuil de votre disparition.


       Copernique Marshall


Vivre sans stress
Traduction française de «Some of You Might Remember»
(Traductrice : Madame Fawzi Malhasti)

Certains d'entre-vous doivent se souvenir des ulcères d'estomac d'antan. Elles étaient causées, disait-on, par la nervosité, le stress, l'abus de certains médicaments, l'alcool, le tabac, divers aliments et même une prédisposition génétique (facteurs héréditaires). Le traitement habituel était le repos, l'utilisation d'anti-acides  tels que le célèbre Maalox™, un liquide contenant de l'hydroxyde d'aluminium et d'hydroxyde de magnésium (sic) qui permettait de réduire ou de réduire l'acidité dans son système digestif. 

C'était avant la découverte, en 1982, de la bactérie Helicobacter pylori (H. pylori) par deux chercheurs australiens qui leur valut le prix Nobel de physiologie en 2005 (mieux vaut tard que jamais).

On estime aujourd'hui que, dans plus de 90% des cas, les ulcères causées par cette bactérie peuvent être guéries (sauf complications ou d'autres problèmes) en une dizaine de jours grâce à des anti-biotiques et même naturellement par certains aliments tels que la canneberge, le brocoli et d'autres méthodes.

Adieu ulcères printanières parce qu'elles soulignent le besoin de vacances et ulcères automnales parce qu'il faut en rembourser le coût.

Pour de plus amples renseignements voir cet article de l'encyclopédie Wikipédia.

...

La plupart d'entre-nous avons connus des personnes dans notre entourage qui ont souffert de «dysthymie» souvent appelée «dépression», mais qui est une manifestation beaucoup moins sévère de la véritable dépression dite «majeure». Ses symptômes sont bien connus : perte d'appétit, insomnie, fatigue, faible estime de soi, difficultés de concentration ou de prises de décisions, découragement, etc. - Cette «situation» qu'on n'ose pas qualifier de  «maladie» (car il s'agit d'un dérèglement et non d'une affection altérant la santé physique ou psychique) est aujourd'hui traité de deux façons : par des antidépresseurs accompagnés d'une psychothérapie au sens qu'une fois, par exemple, on a retrouvé l'usage d'un membre blessé, il faut passer par la thérapie pour le remettre dans son état précédent.

...

Je cite ces deux exemples pour souligner que si la médecine est loin d'avoir réglé tous les problèmes qui semblent de nature exclusivement physiologique ou psychologique, elle a néanmoins depuis quelques années trouvé des solutions qui s'avèrent relativement efficaces contre des «maladies» que l'on a longtemps considéré incurables et que l'on est en droit aujourd'hui d'espérer qu'à long terme, on trouvera des solutions analogues à celles qu'on a trouvées pour combattre la peste bubonique, la pneumonie, la variole, le choléra et même des solutions presque permanentes contre certaines maladies mentales comme la schizophrénie ou la bipolarisation (bipolarisme ?).

Il est vrai qu'on peut reprocher la médecine d'avoir, dans certains cas, prolongé certains maladies plutôt que de les guérir, d'où l'expression très en vogue depuis quelques temps d'«acharnement thérapeutique» qui consiste à prolonger inutilement la vie de par des interventions disproportionnées par rapport aux résultats qu'on pourrait espérer ou encore - je cite : «parce qu'elles sont trop lourdes pour un patient ou sa famille.» (*)

(*) Evangelium vitae, lettre encyclique de Jean-Paul II «sur la valeur et l'inviolabilité de la vie humaine» (25 mars 1995).

Espérons qu'elle saura régler les problèmes de la COVID-19 avant que tout se gâte irrémédiablement. 

Copernique

P.-S. 1 : La direction vient de m'annoncer qu'elle a presque terminé la reclassification des mes plus-qu'anciennes (dans certains cas) chroniques et me demande si je pourrais pas vérifier ce qu'elle en a fait. - Je serai tenté de citer ce que Simon a dit des siennes quand on les a publiées pour la première fois... Voir son avant-propos. - À noter que la plupart de mes chroniques ont été rédigées, au départ, en langue anglaise... comme ce qui suit :

P.-S. 2 : Cleaning up an old filing cabinet not too long ago, I found this :

A copy of Interface Age, dating back to November 1981.

The then price price for a Apple II computer : 64K memory, 2 floppy disk reader-writer (100k each), standard monitor (40 characters, 24 lines), NO upper/lower case, optional serial port, optional system clock ? 2.500 $.

In today's money ? 6,800 $

       Jeff Bollinger


Aujourd'hui, oui, mais demain ?

En 1985 James Burke écrivait dans «Ce jour-là l'univers changea» [*] (voir la section «Lectures» de cette édition du Castor™) :

[*] Chapitre 7 - La vie sous ordonnance.

«On dit que le meilleur exemple du miracle de la médecine moderne réside dans le nombre de personnes âgées encore en vie de nos jours. Grâce aux progrès de la médecine, le pourcentage de la population ayant dépassé l'âge de la retraite excédera bientôt celui des gens encore assez jeunes pour travailler. Et il semble que, chaque jour, une nouvelle découverte permette de prolonger la vie.»

En précisant toute fois :

«En fait, le vrai miracle, c'est que la population toujours croissante des pays industrialisés n'ait pas eu à souffrir de grandes épidémies depuis le siècle dernier. Dans le monde moderne, des millions de personnes se trouvent quotidiennement en étroit contact, que ce soit dans les bureaux ou dans les magasins, dans les transports publics ou dans les rues des villes. Chacun de nous constitue ainsi une source potentielle de mort en série, mais médecine et pharmacologie préviennent tout danger d'extension fulgurante d'une maladie avant même que le processus ne s'enclenche.»

Bien sûr, il ne pouvait prévoir que 35 ans plus tard un virus du nom de COVID-19 allait, en l'espace de quelques mois, faire disparaître plus d'un million de personnes à travers le monde (plus de deux cent mille aux États-Unis), mais, dans les pays où certains dirigeants ont suivi les conseils de ceux spécialisés en médecine et pharmacologie, ce nombre est presque passé inaperçu (Nouvelle Zélance, Singapore...)

Ces conseils étaient pourtant simples : «Portez un masque, tenez-vous à distance et, dans la mesure du possible, évitez de vous déplacer.» - Sous-entendu : «Le temps que nous puissions trouver le remède approprié.» - Ce en quoi la plupart de ceux qui ne doutent pas des miracles accomplis par  ceux qui ont vaincu, jusqu'à présent la variole, la tuberculose, la peste bubonique et autres calamités, se sont empressés de suivre.

Sauf que... Est-ce que je dois continuer ?  

Jeff

   Georges Gauvin


J'ai même eu le temps de vider et réorganiser mes tiroirs

Y'en a qui sont chanceux. - Pardon : chanceuses.

Ma mère, par exemple. Elle a passé toute sa vie - menstruations, ménopose et hystérectomie - sans presque sans apercevoir.

Moi, je sais que ça s'en vient quand je me réveille de mauvaise humeur deux, trois jours auparavant. Des fois, je me dis que c'est peut-être le seul temps du mois où je suis moi-même sauf que je voudrais être quelqu'un d'autre quand les crampes me viennent.

Y'en a qui sont vraiment chanceux. - Pardon : vraiment chanceuses.

Six mois que je n'ai pas vu mes collègues de travail... ou à peine et puis... masquée. De quoi défaire le plus simple des maquillages ou prter less regards vers d'autres appâts.

Depuis des mois, je suis enfermée entre quatre murs - mettons deux ou trois fois quatre murs : cuisine, salle de séjour (!) et chambre à coucher -  dans une de ces banlieues où personne ne se parle. - Y'appelle ça le «confinement». Autant dire le «bannissement».

On m'envoie des textes, des fichiers .wav, .mp3, des chiffriers qu'on me demande de finaliser, mettre en ordre, compléter, commenter... sans voir sur le visage de mon boss s'il est content ou mécontent de mon travail, sans même entendre un simple «merci».

Le pire... c'est que j'ai bien peur que ça devienne permanent, c't'affaire-là. Je vois mal les boss de mon boss renouveler leur bail dans une tour au centre-ville quand ils s'apercevront que louer des locaux pour soixante employé(e)s, c'est de l'argent gaspillée quand ça leur coûtera presque rien pour en faire travailler cinquante personnes à la maison.

Y'a pire. Je ne sais plus comment m'habiller, c'est quoi les vêtements qu'on porte, aujourd'hui, dans le centre-ville. J'peux même pas me promener sur l'heure du midi dans le Centre Eaton, à la Baie ou chez Simons et quand est-ce qu'avec mes copines, on ira prendre un verre au Reine Elizabeth... ?

Y'en a qui sont vraiment, mais vraiment chanceux. - Pardon : vraiment, mes vraiment chanceuses.

Les livreurs de chez Bureau en Gros, Amazon, Purolator, d'UPS (Use Purolator S'tie), les postiers... et ma cousine qui est hôtesse de l'air, la numéro sept en années de service d'un groupe de soixante-dix, qui s'est retrouvée «coincée» toute une semaine à Cuba, y'a pas longtemps, parce qu'il y a de moins en moins de vols... Elle est revenue avec un de ces bronzage...

Ne me reste plus qu'à me faire livrer des échelles pour grimper sur les murs.

Dites, Monsieur Pérec, y'a pas moyen d'organiser une réunion où nous pourrions tous nous revoir. Même à distance. 

Ça fait des mois que je n'ai pas vu Copernique, ou Simon, ou Paul...

George

        Fawzi Malhasti


Morceau choisi

J’écris pour que le jour où je ne serai plus

J’écris pour que le jour où je ne serai plus
On sache comme l’air et le plaisir m’ont plu,
Et que mon livre porte à la foule future
Comme j’aimais la vie et l’heureuse Nature.

Attentive aux travaux des champs et des maisons,
J’ai marqué chaque jour la forme des saisons,
Parce que l’eau, la terre et la montante flamme
En nul endroit ne sont si belles qu’en mon âme !

J’ai dit ce que j’ai vu et ce que j’ai senti,
D’un cœur pour qui le vrai ne fut point trop hardi,
Et j’ai eu cette ardeur, par l’amour intimée,
Pour être, après la mort, parfois encore aimée,

Et qu’un jeune homme, alors, lisant ce que j’écris,
Sentant par moi son cœur ému, troublé, surpris,
Ayant tout oublié des épouses réelles,
M’accueille dans son âme et me préfère à elles…

(L'ombre des jours)

Anna de Noailles
(1876-1933)

Fawzi

         De notre disc jockey - Paul Dubé


Christoph Graupner

Je mentionnais le mois dernier les compositeurs presque oubliés aujourd'hui parce que contemporains d'autres qui, par leur notoriété, production ou talent (?), occupent toute la place, citant Giovanni Paisello en exemple. En voici une autre :

Christoph Graupner qui appartient à la même période où ont vécu Jean Sebastien Bach, George Philippe Telemann et Handel. - Vous voyez ce que je veux dire...

Né en 1683, il est décédé en 1760 non sans avoir composé près de 200 cantates, une vingtaine de trio ou sonates pour divers instruments, 300 (+) pièces pour clavecin, une centaine de concertos, dix opéras...

Voici le début de sa Suite en fa mineur, GWV 451 L

Cliquez sur la note :

... que vous pourrez retrouver en entier sur YouTube à l'adresse qui suit :

https://www.youtube.com/watch?v=-i-Z9YVE9Hw

Memphis

Je serai prêt à parier que peu de nos lecteurs connaissent ou ont même entendu parler de George Thorogood and his Destroyers, un groupe, pourtant, fort populaire depuis le milieu des années 70 et qui, jusqu'à aujourd'hui, a enregistré une vingtaine d'albums dont deux certifiés «Platine» et six «Or», albums qui se sont vendus à plus de 15 millions d'exemplaires dans le monde. Parmi ses exploits, cinquante prestations dans les cinquante états américains en cinquante jours (en 1981) dont, un presque super-exploit, un jour en Hawai et le lendemain en Alaska.... - Cinquante et une, en fait, car lors de leur passage dans le Maryland, ses musiciens sont montés sur scène dans le District de Washington le même jour.

Vous pourrez en apprendre plus sur eux en consultant leur site :

https://www.georgethorogood.com/the-band.html

... où l'on vous dira qu'ils seront à Montréal en la salle MTELUS (ex-Metropolis), 59 est, rue Ste-Catherine, le 20 mai 2021. _ Profitez-en car ils seront la veille à Kitchener (Ontario) et le surlendemain à Niagara Falls...

Les voici dans une interprétation (une des meilleures, à mon avis) de Memphis, Tennessee de Chuck Berry.

Cliquez sur la note :

P.-S. : Vous saviez que, parmi ceux et celles qui ont enregistré ce Memphis, Tennessee on retrouve, outre Jerry Lee Lewis, John Lennon, Johnny Rivers, Emmylou Harris et les Beatles, Elvis Presley ? - Hé oui : en 1963 une plage qui n'a été distribué qu'au début des années 90 (peut-être même plus tard) parmi ses «rejected». - Quant à Chuck Berry, une de ses meilleures prestations «live» se trouve sur YouTube à l'adresse suivante :

https://www.youtube.com/watch?v=KrbPlr4Wskc

La version «Presley» se trouve au même endroit.

paul

Lectures

Note :

Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres, revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.

James Burke :
The Day the Universe Changed  
(c) London Writers Ltd. et British Broadcasting Corporation
Publié en Amérique par : Little, Brown and Company - Boston, Toronto - 1985)

Traduit en français par Gérard Piloquet et René Bernex :

Ce jour-là l'univers changea
Sous-Titré : Les grandes découvertes qui ont révolutionné l'Occident
Albin Michel, 1985

Ce livre est basé sur une série de dix émissions de télévision présentées à l'origine sur les ondes de la BBC entre le 19 mars et le 21 mai 1985 et - mais nous n'avons pas pu le confirmer - en France, la même année sur FR3. Ces émissions ont, par la suite. fait le tour du monde et on peut, aujourd'hui, se les procurer en un coffret de huit DVD chez Amazon (entre autres), mais uniquement en anglais, la version française étant épuisée depuis longtemps. On peut cependant visionner le tout sur You Tube - toujours en anglais - en même temps que d'autres émissions écrites et animées par le même auteur, James Burke (dont trois séries de «Connections», un film en deux parties sur le réchauffement climatique, etc.)

Qui est James Burke ? C'est un animateur de radio et de télévision né en 1936 qui m'a toujours fait penser, en science, à ce que le Professeur Guillemin a été en histoire ou en littérature : une personne qui, sans jamais dénigrer ce que les autres ont fait ou dit avant lui, a toujours insisté sur des détails particuliers ou des côtés inexplorés [pour renouveler ce qui est généralement admis à propos] d'événements ou de personnages du passé, bref : un iconoclaste qui ne détruit rien, mais qui tient à ce que l'on regarde les choses sous un nouvel angle et, en même temps, se veut être un vulgarisateur de tout premier ordre (ce qu'il fut),

Le Washington Post a dit de lui qu'il possédait un des esprits les plus intrigants du monde occidental.

Voici comment il débute son «Ce jour-là, l'univers changea» :

«On fit un jour remarquer à l'éminent philosophe Wittgenstein combien les Européens du Moyen Âge qui avaient vécu avant Copernic devaient être stupides pour avoir cru, en observant le ciel, que le Soleil tournait autour de la Terre, alors qu'un grain de bon sens astronomique les eût convaincus du contraire. "Certes, aurait répliqué Wittgenstein, mais je me demande ce qui aurait changé si le Soleil avait réellement tourné autour de la Terre." - [Rien, naturellement.]

«Quand nous observons la nature, nous y découvrons ce que nous voulons y voir
(*), et nos découvertes s'accordent avec ce que nous croyons savoir d'elle à l'époque qui est la nôtre. La nature est désordre, puissance et chaos, et c'est la crainte du chaos qui nous pousse à lui imposer un ordre. Nous détestons ce qui est incohérent.»

(*) «Nous voyons ce que nos connaissances nous disent de voir» en anglais.

De là, il nous entraîne dans l'histoire de la pensée occidentale, de la redécouverte de la logique aristotélicienne dans l'Espagne mauresque à la nouvelle conception que nous avons du monde depuis la physique moderne des particules, en passant par :

  • L'impact qu'ont eu les lois de la perspective dans la Florence de la Renaissance

  • Le développement de l'imprimerie

  • La découverte de la loi de la gravitation universelle

  • Les causes religieuses et agricoles de la Révolution Industrielle

  • La rencontre de la médecine et de la statistique dans la France du XIXe siècle

  • Les découvertes géologiques du siècle dernier et la théorie de l'évolution

  • la bombe atomique...

Ce livre est divisé en dix chapitres :

1   The Way We Are - Qui sommes-nous ? D'où venons-nous ?
2   In the Light of the Above - Et la lumière fut
3   Point of View - Renversante perspective
4   Matter of Fact - Et voilà Gutenberg
5   Infinitely Reasonable - La raison des étoiles 
6   Credit Where It's Due - A toute vapeur
7   What the Doctor Ordered - La vie sous ordonnance
8   Fit to Rule - Maîtriser le destin
9   Making Waves - Les rayons et les ondes
10 Worlds Without End - Des mondes sans fin

Et voici un extrait de sa préface :

«Nous sommes ce que nous savons. Les Européens du XVe siècle "savaient" que le ciel était constitué de sphères de cristal concentriques portant les étoiles et les planètes et tournant autour de la Terre, centre de tout le système. Ce "savoir ", que la plupart des gens de l'époque tenaient pour vrai, déterminait l'ensemble de leurs actes et de leurs pensées. Jusqu'au jour où la lunette de Galilée vint révéler une autre vérité.

«Il en résulta qu'un siècle plus tard tout le monde "savait" que l'univers n'était pas clos, mais illimité, et qu'il fonctionnait à la façon d'un gigantesque mécanisme d'horlogerie. L'architecture, la musique, la littérature, la science, l'économie, la peinture, la politique - bref, toutes les formes d'expression - se modifièrent à leur tour pour refléter la nouvelle conception du monde procédant du changement survenu dans le savoir.

«Nous réglons aujourd'hui notre existence sur la plus récente des interprétations apportée à la marche de l'univers, et cette conception du monde qui est la nôtre retentit sur nos conduites et sur nos pensées, tout comme les conceptions antérieures ont jadis modelé l'existence de nos prédécesseurs. À l'exemple des hommes du passé, nous refusons de prendre en compte les phénomènes qui ne trouvent pas leur, place dans notre interprétation du monde, et que, de ce fait, nous jugeons "faux" ou caducs. Comme pour nos ancêtres, seule compte pour nous la vérité vraie.

«De tout temps l'homme s'est donné du mode de fonctionnement de l'univers une vision qu'il estimait définitive, que cette vision soit fondée sur des mythes ou procède de recherches scientifiques. Et invariablement les changements survenus dans l'édifice du savoir sont venus transformer tôt ou tard cette vision.

«Ce livre examine divers moments de l'histoire au cours desquels pareils changements se sont produits, afin de montrer que la transformation des concepts a aussi donné naissance à des institutions majeures ou à des formes d'esprit qui ont survécu pour devenir des éléments fondamentaux de la vie moderne.

«Chacun des chapitres de l'ouvrage s'ouvre sur une époque particulière de l'histoire durant laquelle la conception du monde était sur le point de se métamorphoser : au xie siècle, à la veille de la découverte des extraordinaires trésors enfouis dans les bibliothèques de l'Espagne musulmane ; lors de l'essor économique des Florentins, au XIVe siècle, peu avant qu'une nouvelle manière de peindre n'amène Christophe Colomb à appareiller pour l'Amérique..

À lire, relire, visionner et revisionner plusieurs fois ne serait-ce que pour apprendre que notre conception de l'univers ne sera pas celle de nos petits enfants. Et au rythme où vont les choses aujourd'hui, peut-être même pas celle de nos enfants. 

Vous en doutez ? Demandez à ceux qui sont nés il y a une soixantaine d'années...

Jeff Bollinger

***

 Romans policiers 

Le cinquième volet de notre série sur les romans policiers qui a pour thème le successeur de Raymond Chandler sera disponible d'ici quelques jours, le temps que la traduction de deux documents soit terminée.

Nous en ferons l'annonce ici même. revenez nous lire.

 ***

Finalement, en supplément à mes commentaires sur :

James Joyce - Finnegans' Wake
(Traduit  de l'anglais par Philippe Lavergne - Gallimard, 1982)

Une réponse à notre ami qui habite... en face du Parc Lafontaine.

Cher M***,

Je comprends très bien que vous ayez passé par dessus ce que j'ai écrit le mois dernier sur ce «roman» plutôt inhabituel. Mon idée, n'était pas de dire «Voici un livre qu'il faut lire», mais plutôt de décrire comment un auteur qui, après avoir rédigé de façon tout à fait conventionnelle un «Gens de Dublin», en soit arrivé, après son surprenant Ulysse, à utiliser encore une fois une nouvelle forme d'écriture pour, à la façon des peintres cubistes et non-figuratifs du début du siècle dernier, passer d'une vision du monde à une autre, quitte, comme l'ont fait les amateurs de peinture à l'époque, à refuser ou accepter cette ou ces nouvelles formes littéraires et cette ou ces nouvelles visions.

Il semblerait, à cet égard, que la peinture et la musique précèderont toujours la littérature dans l' expressivité de la pensée humaine, mais cela pourrait l'objet d'une autre débat.

Entendez par là que je ne vous dis pas que vous être réfractaire à toutes nouveautés, mais que je me suis mal exprimé car à la relecture de mon texte, je vois que j'ai mal décrit ce en quoi a consisté le passage d'Ulysse à Finnegan's Wake en insistant plutôt sur son apport à la littérature qui, je suis prêt à en convenir, demeure, quatre-vingts ans après sa publication toujours problématique.

M'enfin, c'est fait et je ne peux certes pas nier ma maladroitesse.

P.-S. :

1 - Dans ma mini-bibliographie, j'ai oublié de mentionner le livre de Victor-Lévy Beaulieu paru aux Éditions Trois-Pistoles en 2006 :

James Joyce, l'Irlande, le Québec et les mots
«Essai hilaire» - Éditions Trois-Pistoles, 2006

Il s'agit d'une brique de plus de 1 000 pages divisés en 18 chapitres où il est question de Joyce, de l'Irlande, du Québec et des mots, bien sûr, mais en retirant toutes références directes à Victor-Lévy Beaulieu, surtout ses tentatives de pasticher Joyce en insérant deux, des fois trois, thèmes ou idées à l'intérieur de ses phrases, il est plus que possible (je ne l'ai pas lu, juste feuilleté, mais pendant plus de deux heures) qu'on n'apprenne rien de nouveau sur Joyce et ses écrits.

Pour cela, je m'en réfère au petit volume (moins de 200 pages) publié aux Éditions du Seuil en 1963 et que j'ai cité dans mes commentaires : Joyce par lui-même de Jean Paris.

Si quelqu'un s'est tapé le Beaulieu en entier et en a eu une autre opinion, je suis prêt à revoir la mienne.

2 - Films et documentaires

Dans mes commentaires, j'ai également oublié de mentionner divers documentaires sur Finnegans' Wake et Joyce qu'on peut visionner sur YouTube. Il en existe beaucoup :

  • Une lecture de la première partie de Finnegans' Wake

https://www.youtube.com/watch?v=6HgCjtd2iPU

  • Un court film :

https://www.youtube.com/watch?v=yUUp5AcrrNo

  • Un court débat :

https://www.youtube.com/watch?v=5SRdeE9I_Ps

  • Et même une comparaison entre Les frères Karamazov de Dostoïevski et Finnegans' Wake

https://www.youtube.com/watch?v=8-BJQJxskeA

 Pour amateurs seulement.

Simon

L'extrait du mois


Napoléon mon cul...

Il resaisit la valoche d’une main et de l’autre il entraîna Zazie.

Charles effectivement attendait en lisant dans une feuille hebdomadaire la chronique des cœurs saignants. Il cherchait, et ça faisait des années qu’il cherchait, une entrelardée à laquelle il puisse faire don des quarante-cinq cerises de son printemps. Mais les celles qui, comme ça, dans cette gazette, se plaignaient, il les trouvait toujours soit trop dindes, soit trop tartes. Perfides ou sournoises. Il flairait la paille dans les poutrelles des lamentations et découvrait la vache en puissance dans la poupée la plus meurtrie.

– Bonjour, petite, dit-il à Zazie sans la regarder en rangeant soigneusement sa publication sous ses fesses.
– Il est rien moche son bahut, dit Zazie.
– Monte, dit Gabriel, et sois pas snob.
– Snob mon cul, dit Zazie.
Elle est marante, ta petite nièce, dit Charles qui pousse la seringue et fait tourner le moulin. D’une main légère mais puissante, Gabriel envoie Zazie s’asseoir au fond du tac, puis il s’installe à côté d’elle.
Zazie proteste.
– Tu m’écrases, qu’elle hurle folle de rage.
– Ça promet, remarque succinctement Charles d’une voix paisible.
Il démarre.
On roule un peu, puis Gabriel montre le paysage d’un geste magnifique.
– Ah ! Paris, qu’il profère d’un ton encourageant, quelle belle ville. Regarde-moi ça si c’est beau.
– Je m’en fous, dit Zazie, moi ce que j’aurais voulu c’est aller dans le métro.
– Le métro ! beugle Gabriel, le métro ! ! mais le voilà ! ! !
Et, du doigt, il désigne quelque chose en l’air. Zazie fronce le sourcil. Essméfie.
– Le métro ? qu’elle répète. Le métro, ajoute-t-elle avec mépris, le métro, c’est sous terre, le métro. Non mais.
– Çui-là, dit Gabriel, c’est l’aérien.
– Alors, c’est pas le métro.
– Je vais t’esspliquer, dit Gabriel. Quelquefois, il sort de terre et ensuite il y rerentre.
– Des histoires.
Gabriel se sent impuissant (geste), puis, désireux de changer de conversation, il désigne de nouveau quelque chose sur leur chemin.
– Et ça ! mugit-il, regarde ! ! le Panthéon ! ! !
– Qu’est-ce qu’il faut pas entendre, dit Charles sans se retourner.
Il conduisait lentement pour que la petite puisse voir les curiosités et s’instruise par-dessus le marché.
– C’est peut-être pas le Panthéon ? demanda Gabriel.
Il y a quelque chose de narquois dans sa question.
– Non, dit Charles avec force. Non, non et non, c’est pas le Panthéon.
– Et qu’est-ce que ça serait alors d’après toi ?
La narquoiserie du ton devient presque offensante pour l’interlocuteur qui, d’ailleurs, s’empresse d’avouer sa défaite.
– J’en sais rien, dit Charles.
– Là. Tu vois.
– Mais c’est pas le Panthéon.
C’est que c’est un ostiné, Charles, malgré tout.
– On va demander à un passant, propose Gabriel.
– Les passants, réplique Charles, c’est tous des cons.
– C’est bien vrai, dit Zazie avec sérénité.
Gabriel n’insiste pas. Il découvre un nouveau sujet d’enthousiasme.
– Et ça, s’exclame-t-il, ça c’est…
Mais il a la parole coupée par une euréquation de son beau-frère.
– J’ai trouvé, hurle celui-ci. Le truc qu’on vient de voir, c’était pas le Panthéon bien sûr, c’était la gare de Lyon.
– Peut-être, dit Gabriel avec désinvolture, mais maintenant c’est du passé, n’en parlons plus, tandis que ça, petite, regarde-moi ça si c’est chouette comme architecture, c’est les Invalides…
– T’es tombé sur la tête, dit Charles, ça n’a rien à voir avec les Invalides.
– Eh bien, dit Gabriel, si c’est pas les Invalides, apprends-nous cexé.
– Je sais pas trop, dit Charles, mais c’est tout au plus la caserne de Reuilly.
– Vous, dit Zazie avec indulgence, vous êtes tous les deux des ptits marants.
Zazie, déclare Gabriel en prenant un air majestueux trouvé sans peine dans son répertoire, si ça te plaît de voir vraiment les Invalides et le tombeau véritable du vrai Napoléon, je t’y conduirai.
– Napoléon mon cul, réplique Zazie. Il m’intéresse pas du tout, cet enflé, avec son chapeau à la con...

 Raymond Queneau (1903-1976) - Zazie dans le métro - 1959

Il y a dix ans dans le Castor


Note :

Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres, revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.

Je le savais !

Suffit de mentionner quelques idioties du genre omniprésent dans la française langue pour se retrouver avec des pourfendeurs à la tonne qui fustigent tous ceux qui osent s'attaquer au plus beau langage créé depuis la fondation du monde.  - À se demander si le fils de Dieu n'a pas commis une erreur en venant au monde là où l'on parlait l'araméen. - Et que dire des évangélistes qui écrivirent en grec ou des scientifiques du XVIIe qui rédigeaint leurs théories en latin ?

Le français ?

«La langue la plus naturelle du monde car elle est l'expression qui colle (sic) le plus près à la pensée humaine...»

«Une langue qui a atteint la perfection au début du siècle dernier...» 

«Une langue qui a ramassé les plus beaux éléments de toutes les langues précédentes...»

Et j'en passe et des meilleures comme celle de la langue «qui sera toujours parlée par les vrais intellectuels» (ce qui me laisse supposer qu'il y en a des faux.)

Le plus surprenant dans tout ça, c'est que ces commentaires que j'ai entendus cent fois et même mille proviennent de gens sensés, qui peuvent vous expliquer - de façon presque cohérente - ce qui se passe au Moyen-Orient ou qui savent faire la part des choses entre le catholicisme et l'islamisme. Dans le lot, peut-être, un ou deux qui peuvent probablement faire des multiplications en chiffres romains, qui sait ?

Faut laisser aller parce qu'on n'en finira plus. - Kek'part, dans mille ans,il y aura kek'l'un en train d'enseigner à un p't'it clisse qui ne veut rien savoir la conjugaison au plus-que-parfait du verbe divaguer, j'en suis certain. Tout comme, il y a un demi-siècle, kek'lun essayait de me faire apprendre par coeur un discours de Ciceron («Quousque tandem, Catilina, abutere patienta nostra ?»), - Je m'en suis souvenu par dérision.) - Et puis l'on dira que le français est une langue morte ; morte de sa belle mort parce que on a tenu à ce qu'elle n'évolue plus, qu'il n'y ait absolument plus d'adéquation entre la langue parlée et la langue écrite, une des raisons pour lesquelles elle a existé d'ailleurs (cf. Rabelais).

Faudrait que j'ai dans mon sac un exemplaire dans le français du temps du «Cid» de Corneille et que je le fasse lire à tous ces casse-pieds (mot invariable) qui insistent pour que je dise «ascenseur» et non «élévateur» (*) ou mieux encore «ordinateur», un mot inventé de toutes pièces à partir d'un vieux mot français («ordonnateur»), plutôt que «computer» le nom sous lequel un ordinateur est connu dans 99% des régions du monde entier. - Vous avez lu récemment (je parle du «Cid») ? - Ne vous y aventurez pas sans une traduction : c'est illisible.

Cela étant dit, je m'en retourne là où l'on ajourne sans date et qu'on écrit «sine die».

Simon

(*) Pourquoi inventer un nouveau mot lorsqu'il en existe déjà un? - Voir le mot «hôte». - N'empêche que je cherche depuis plusieurs années une traduction des mots anglais «commuter» et «entrepreneur».

Le courrier


M. Gaston Houle - Trois-Rivières, Québec

Si nous en avons assez de Trump et ses acolytes ou des nouvelles sur Trump et de ses acolytes ? - Devinez.

M. Philippe Dubeau - Trois-Pistoles, Québec

Nous avons vérifié :

Il y a bien eu un incendie dans les locaux de la Compagnie Denelis Canada le lundi 14 septembre dernier, au 3498 avenue Broadway à Montréal. - TVA Nouvelles en a fait mention dans son édition électronique du 19 en stipulant qu' une dizaine de travailleurs avaient été évacués, mais que l'incendie avait été maîtrisé [peu de temps après]. - Quinze véhicules auraient été mobilisés pour cette intervention de même qu'une cinquantaine de pompiers..

«Tout est maîtrisé, la compagnie a continué de fonctionner», aurait confirmé vers 21 h Jean Chorette, porte-parole du Service de sécurité incendie de Montréal. «Il n'y a aucun blessé» aurait-il précisé.

À l'origine de l'incendie, un problème avec un catalyseur qui a ensuite entraîné le feu sur le toit de l'édifice. 

Selon nos sources, cette nouvelle qui a attiré plusieurs curieux sur les lieux n'aurait pas été signalée à l'Agence Reuters.

Rappelons que la compagnie Senelis Canada travaille sur des polymères, notamment du polyéthylène téréphtalate (PET).

Mme Hortense Noël - Forestville, Québec

Nous nous en remettons à Wittgenstein.

M. Elias Pelletreau - Long Island, New York

Non seulement à Wittgenstein, mais à Niels Bohr qui, sans être superstitieux, disait que l'on croit ou non à des  forces occultes ou surnaturelles, il est toujours possible qu'elles aient une influence directe sur notre comportement.

 Mme Avice Boulé - Soissons, France

Identity, 1980 - Supremacy, 1986 - Ultimatum, 1990 - Legacy, 2004 - Betrayal, 2007 - Sanction, 2008 - Deception, 2009 - Objective, 2010 - Dominion, 2011 - Imperative, 2012 - Retribution, 2013 - Ascendacy, 2014 - Enigma, 2016 - Initiative, 2017.

Mrs. Betty Slocombe, London, England

Tout comme, entre le rouge et le noir, il faut préférer l'impair, il faut entre l'optimisme et le pessimisme, préférer l'impasse. (Ou tout le contraire comme aurait dit Cioran. - À moins que ce soit ni l'une ni l'autre.)

Nous en sommes pas encore («passe-encore») là.

Dédicace


Cette édition du Castor est dédiée à :

Srinivasa Ramanujan

Henry Ernest Dudeney

(1857-1920)

(1857-1930)


Le mot de la fin


«Ce que la COVID-19 nous a enseigné jusqu'à présent, c,est que tout est futile : nos carrières, nos séances de mise en forme, le magasinage, les films, les randonnées en voiture, les vacances, la société.... Tout cela est disparu de notre univers et, si nous n'avions pas de conjoints, tout serait parfait.»

- Madame *** (et son mari) 

Autres sites à consulter 



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Webmestres : Paul Dubé et Jacques Marchioro


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De cet hebdomadaire publié sur les électroniques presses de la Vatfair-Fair Broadcasting Corporation grâce à une subvention du Ministère des Arts et de la Culture du Caraguay, il est tiré, le premier lundi de chaque mois, sept exemplaires numérotés de I à VII, sur papier alfa cellunaf et sur offset ivoire des papeteries de la Gazette de Saint-Romuald-d'Etchemin et trois exemplaires, numéroté de 1 à 3, sur offset de luxe des papeteries Bontemps constituant l'édition originale, plus trois exemplaires de luxe (quadrichromes) réservés au Professeur Marshall, à Madame France DesRoches et à Madame Jean-Claude Briallis, les deux du Mensuel Varois Illustré.

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colligerem plublicaremque. Superest ut nec te consilii nec me paeniteat obsequii...
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(Pline le Jeune à son ami Septicus)         )