Vol. XXIX,  n° 4 Le seul hebdomadaire de la région publié une fois par mois Le lundi 3 décembre 2018



Déménagement ? 

Hé oui ! L'Université de Napierville, en plus de son campus en la noble cité de Napierville, de son centre de recherche et d'archivistique qu'elle s'est fait un point d'honneur d'installer en la capitale intellectuel du Québec (à Montréal, rue Dominion, quartier Ste-Cunégonde) et de ses internationaux bureaux situés à St-Romuald-d'Etchemin (en la Chancellerie du Groupe Vatfair-Fair), occupera sous peu un quatrième emplacement où seront transférés les assises du Castor de Napierville™ dans l'ancien village de Côteaux-Station (aujourd'hui Les Côteaux) là où se tiendront dorénavant les réunions de la direction et d'où seront publiés ses mensuels numéros.

Et voilà, à cause de malhabiles déménageurs, la rasion du léger retard dans la worldwide diffusion du présent numéro, retard qui, nous l'espérons, n'a pas causé trop d'importants traumatismes chez les membres les plus assidus de la masse si fine et si intelligente de ses lecteurs (et lectrices).

Nos excuses.

En cette édition :

Les vêpres et les matines - Les mémoires d'Hadrien (et d'Énée) - Le chiffre 9 - D'autres fonds de tiroir de Mr. Popp. - Un roman satirique russe - Une lettre de la St-Vincent Millay Society - Une toiture qui coule - L'anniversaire du Professeur - Une maille dans des bas-culottes - La liberté - Un amour de Swann - Aragon, Justin André Gallant et Rémi Tremblay - De même que Gérard Darmon et sa jeunesse et plus encore (*).

(*) Anatole France, s'il nous reste du temps... .

Bref une édition dans tous ses états qui est dédié à une grande dame de la chansons : Sophie Tucker.

Évidemment, par conséquent fataque sa version corrigée, destinée au marché américain et qui devait paraître aujourd'hui suivra plus tard.

Bonne lecture


Chroniques


 

Pour les chroniques précédentes de nos correspondants cliquez sur ce lien .
      Simon Popp

Fond de tiroir 3 

- Avant que j'oublie : à mes amis décédés cette année, ce n'était pas gentil de votre part.

- Hermy (Pardon : Monsieur Herméningilde Pérec), se penchant exceptionellement sur son passé dans sa chronique d'aujourd'hui, mentionne un certain regret. Si j'ai des regrets ? Oui, mais j'ai toujours préféré être heureux.

- Je pensais sérieusement l'autre jour au nombre relativement restreint de femmes que j'ai connues et me suis rappelé, pour l'une d'entre-elle, la dernière phrase d'Un amour de Swann de Proust: «Dire que j’ai gâché des années de ma vie, que j’ai voulu mourir, que j’ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n’était pas mon genre !» - Heureusement, dans mon cas, ce ne fut pas un grand amour et ça n'a pas duré des années.

- Si j'ai déjà beaucoup aimé une femme en particulier ? Oui. Et je la revois toujours, régulièrement même, avec le même plaisir car, à mon âge, on ne dit plus avec le même envie.

- D'une femme qui meurt, quel que soit son âge, il ne faut jamais dire qu'elle était l'épouse [adorée de] ou la veuve [adorée de], mais on peut se permette de penser qu'au moins six hommes ne l'oublieront jamais.

- Je déteste les livres qui se veulent biographies, souvent écrits à la première personne, et dans lesquels il faut se demander si les personnages qui y sont décrits sont réels ou fictifs. - Deux exceptions : voir les notes de lectures du présent Castor™.

- J'ai remis à Madame Malhasti cette semaine - et à sa demande - la liste de mes poèmes favoris d'Edna St-Vincent-Millay lui demandant en même temps si elle ne pourrait les tradapter pour nos lecteurs. Elle s'est dite très occupée ces temps-ci, mais qu'elle allait voir ce qu'elle pourrait en faire dès la mi-janvier. - À suivre.

- De la Edna St-Vincent-Millay Society j'ai reçu récemment une lettre me demandant si je voulais contribuer au fonds nécessaire à sauvegarder le Steepletop (440 East Hill Rd., Austerlitz, NY) c'est-à-dire la dernière demeure de cette grande poétesse, demeure qu'on a transformée en musée suite à son décès en 1950 et auquel j'ai rendu visite l'an dernier. - Une petite note en bas de page m'indiquait que sur le million de dollars nécessaires à cette sauvegarde (sic), je voulais faire un don exceptionnel, je n'avais qu'à entrer en communication avec Madame A*** à l'adresse ***.millay.org. - Je suppose, après m'y être procuré deux chandails, un livre, un vidéo et autres souvenirs qu'on m'a cru très riche...

Faut dire qu'avec la quantité de chandails et de T-shirts que je possède (de musées, d'universités, de monuments, de restaurants, de places publiques et de villes - y compris trois des rarrisimes T-shirts de l'Université de Napierville) [je suis accroc], je dois passer pour un bonhomme qui a les moyens de voyager tout le temps. Vous en connaissez, vous des gens qui se promène avec des chandails de New York, Chicago, Paris, Londres, des universités de Sienne, de la Colombie Britannique ou de Singapour ?

Ben voilà.

Fama triset.

***

Liberty anyone ?

Un lecteur (qui réside en face du Parc Lafontaine, à Montréal - je donne son adresse pour qu'il puisse se reconnaître) m'a demandé, à moi, de parler de l'épineux problème de la liberté dans les pays dit libres.

Ma réponse en bref, je n'en pense rien.

Pour lui faire plaisir, quand même, j'ai fait des recherches.

Je n'ai pas eu le temps de les compter, mais il doit bien y en avoir une bonne cinquantaine dans le monde de ces pays libres et penser à cinquante pays à la fois...

Wikipedia me dit que sur 82 pays où la démocratie existe (c'est bien de cela dont il s'agit, Monsieur *** de la rue du Parc Lafontaine, non ?), 19 seulement sont considérés comme étant adeptes de la vraie démocratie car il ne faut pas se fier à leur(s) nom(s). - Ainsi, la Corée du Nord qui en est à sa sixième république a comme nom officiel République Démocratique de la Corée du Nord. - Idem pour la République Démocratique du Congo (Zaïre de 1965 à 1997).

Le site Statista donne une cote de 10 à 1 (du plus au moins démocratique) les pays comme suit :  

Aux tous premiers rangs est classé la Norvège avec une cote de 9,87, suivie de près par l'Islande, la Suède et la Nouvelle-Zélande (9,58, 9,39 et 9,26 respectivement).

Dix pays au total ont une cote supérieure à 9, le Canada arrivant au sixième rang, ex-aequo avec l'Irlande avec 9,15 en avance quand même sur la Suisse (9,03) toujours considéré comme un des pays les plus libres du monde... par rapport à l'Allemagne (8,61), l'Angleterre (8,53) ou même l'Espagne (8,08). - Quant au pays de la Liberté, de la Fraternité et de l'Égalité, la France a une cote de 7,8 arrivant derrière le Botswana (7,81).

Les USA, dans ce classement, se situe au 21e rang avec 7,98 (!) - Faut dire qu'avec son collège électoral et Trump, faut pas être trop surpris. D'autant plus que les États-Unis comptent parmi ses alliées (ventes de plusieurs milliards de dollars d'armes) l'Arabie Saoudite qui est classée 159ième sur 167 pays analysés (cote de 1,93)...

Alors quand on parle de Pays libres, faut pas croire tout ce qu'on lit dans les journaux.

(Pour plus de renseignements voir sur Wikipedi).

(Soit dit, en passant, les cotes sont établies en fonction des processus électoraux et de l'implication politique des citoyens dans ces processus, le pluralisme des libertés civiles, le fonctionnement des gouvernements et ce qu'on appelle la culture politique.)

En supposant que tout ce qui précède est exact et en supposant que la France est un pays où l'on peut, selon, la définition généralement admise, du type démocratique c'est-à-dire où tous les citoyens ont le droit de s'exprimer ouvertement (ce que les faits ne démontrent pas toujours, la diffamation y étant sévèrement punie), est-ce qu'on peut en déduire que la vraie liberté, celle qui n'a pas besoin d'être définie, n'existe que dans une dizaine de pays dans le monde ? - C'est à voir.

De là à en conclure que chaque citoyen de ces dix pays est tout à fait libre de ses gestes et surtout conscient de ceux qu'il pose - ne serait-ce qu'en allant voter - je ne fais pas partie de ceux qui le pensent.

En fait, compte tenu de l'ingérence dans les processus électoraux des parties politiques qui choisissent ceux pour lesquels il faut voter (ou non), de la popularité presque artificielle de ceux qui se présentent (un ex-joueur de foot, une vedette de la télé ou du grand écran ou tout simplement le fils d'un élu précédent) et, comme je le mentionnais ci-dessus, de stupidités comme le Collège électoral américain (où l'on peut, quand même constater une velléité de cohérence), les comtés protégés et le vote unique qui permet à un représentant d'être élu même si la majorité des électeurs ont voté contre lui, je me demande sérieusement si la démocratie existe vraiment et, en conséquence la vraie liberté dont veut que je l'entretienne mon correspondant de la rue face au Parc lafontaine.

Quant aux lois que se permettent de temps à autres les membres de ces élus démocratiques (loi du baillon à la Duplessis, loi anti-mesure de guerre de Trudeau [père], l'emprisonnement des Japonais aux États-Unis lors de la Deuxième Grande Guerre, etc.), y compris les dictats à la Pétain, les ordres présidentiells à la Trump et, pourquoi ne pas le dire, les mesures pour protéger le pays à la Hitler...

Non, la liberté n'est pas une chose acquise, mais un privilège accordées par un petit nombre à ceux qui se croient libres.

Et ne m'embarquez pas, cher Monsieur habitant en face du Parc Lafontaine, à Montréal, dans la question du libre arbitre car, né dans un pays comme la Syrie où tout autre dirigé par un Iman ou un Duce, je me demande où pourrait bien commencer votre liberté.

En attendant, vous pouvez exercer votre "droit" de vote.  

La Liberté guidant le peuple 
(Eugène Delacroix - 1830)

Simon

      Herméningilde Pérec


Entre les vêpres et les matines... 

Il m'arrive peu souvent de donner audience à mes souvenirs ayant, jeune, appris de notre ami à tous, le Professeur Marshall, qu'il était préférable de planifier son avenir que de se pencher, même avec une prudente retenue, sur son passé. Or, depuis quelque temps, ayant été informé par Saturne, ce dieu fort inquiétant, que j'allais être plus près du nonegariat que de l'octoriat le vingt-cinquième jour du présent mois, il m'a bien fallu autoriser mon cerveau à consentir à ce qu'il se soumette à cette délicate opération qui consiste à songer que le nombre de ses jours diminue proportionellement à l'augmentation de celui de ceux que l'on a vécus.

Je n'ai pas oser en parler à celui que j'ai nommé ci-dessus qui, lui, contrairement à celui qui rédige ces modestes lignes, semble rajeunir au fur et à mesure que les jours se transforment en semaines, de semaines en mois et de mois en années. J'ai failli pourtant ce faire car s'il y a une chose que le sort a voulu que je partage avec lui, c'est bien la date de son anniversaire même si la Providence m'a fait la faveur de ne point le précéder. Et de plusieurs heures grâce à l'intervention du Saint Esprit.

Quatre-vingt-cinq ans ! Déjà !

Hé oui, nous sommes tous les deux nés le même jour, en 1933, lui à l'aube et moi, à la brunante.

Souventes fois je lui ai demandé s'il allait, un jour, rédiger ses mémoires, mais sa réponse, devenue presque rituelle, a toujours été qu'il laissait à d'autres d'écrire ses actes qu'il a toujours qualifier de superfétatoires, mais que, patiemment, sachant leur importance, j'ai procès-verbaliser depuis des années au cours de mon humble existence sauf que ayant constaté avec une mortification non feinte, l'insuffisance de ma plume, force m'est de constater que je regrette infiniment le fait que je n'ai pas pu utiliser le style ampoulé que son auguste personne aurait mérité.

Que ceux qui nous lisent soient quand même assurés : nous célébrerons avec les pompes nécessaires son anniversaire et lui transmettant vos notables voeux qui ont déjà commencé à s'accumuler sur mon bureau.

Obédieusement vôtre,

Herméningilde Pérec
Secrétaire temporaire permanent
du professeur Euclide Marshall


       Copernique Marshall


Don't worry, everything is fine 

J'ai déjà écrit, ici, si je m'en souviens bien, que nous avions peu de livres à la maison. Que quelques livres de cuisine, deux ou trois sur le système d'exploitation Windows 10 et d'autres choses comme "Comment planter des choux", "Réparer une toiture qui coule" ou "L'art d'entretenir des plantes intérieures". J'ai menti.

Il aurait fallu que j'ajoutasse à cette courte liste les livres que nous empruntons régulièrement de la biblothèque, les livres scolaires des enfants, quelques livres décoratifs et un pan de mur (deux en fait) de livres que tous bons semi-intellectuels devaient posséder : l'oeuvre complète de Victor Hugo, les pièces de Shakespeare (et ses sonnets), les poèmes de Baudelaire, Verlaine et Rimbaud, ceux de Lord Byron et de Woodsworth, une Bible et une bonne centaine de volumes dédicacés à mon père, son père et mon grand-père dont une copie des Chauve-Souris de Montesquiou (deuxième édition, celle reliée en soie brochée dessinée par Whistler). Et j'en passe, dont des volumes qui n'ont pas été ouverts depuis des années : La petite Fadette de Georges Sand, The Complete Works of so and so et The History of Mankind par je-ne-me-souviens-plus-qui (en douze volumes reliés cuir), par les Frères Marx, j'espère.

J'ai même un livre auquel il suffirait d'ajouter des pattes pour qu'il devienne une table à café. Un de ces monstres du début du siècle dernier.

Et j'allais oublier les trois ou quatre encyclopédies d'un autre âge et la correspondance de Voltaire.

C'est que, plus ou moins à la vue, plus ou moins jamais consultés, ces livres ont fini par faire partie du décor au point où on ne les voit plus tout comme one ne regarde plus la tapisserie au-dessus du divan dans le salon où l'on ne va jamais, réservé peut-être pour la visite du pape, la famille se réunissant que dans la salle à manger ou la salle dite «de jeux» où se trouvent d'autres livres, mais qui ne comptent pas.

Je vous dis tout ça aujourd'hui non pas pour faire l'étalage de notre "kultur", mais pour vous faire comprendre que j'ai beau me forcer les méninges, je n'arrive pas à me concentrer depuis quelques jours où j'ai mal à des endroits - à des muscles ou des tendons - que je ne savais pas que j'avais. La raison de cet état est qu'à cause d'une fuite au niveau de la toiture (voir le premier paragraphe), il a fallu déplacer tous les meubles - ou à peu près tous - de la maison et que, même à l'âge peu respectable où j'en suis, je réalise que je n'ai plus vingt ans.

Ne vous en faite quand même pas, «La cusine raisonnée des Soeurs Grises» n'a pas été touchée et j'ai quand même eu le temps de lire un volume satirique en provenance de la Russie du régime stalinien.

Voir à «Notes de lecture».

Et comme le souligne Georges, y'a les Fêtes qui s'en viennent.

Copernique

       Jeff Bollinger


Le chiffre 9 

Vous saviez que si vous additionnez les nombres de 0 à 9  du premier au dernier, du deuxième à l'avant dernier, du troisième à l'avant-avant-dernier, etc., vous obtiendrez toujours comme somme, le chiffre neuf, i. e :

0
1
2
3
4
9
8
7
6
5
9
9
9
9
9

Sauf que ce n'est pas la seule caratéristique du chiffre 9.

Ainsi, quel que soit le nombre auquel vous pensez, si vous soustrayez de ce nombre la somme de ces chiffres, vous obtiendrez toujours un nombre dont la somme des chiffres sera 9.

Exemple :

La somme des chiffres du, mettons, nombre 48965, sera 4+8+9+6+5 ou 32.

48965 moins 32 = 48933 dont la somme des nombres est 4+8+9+3+3 ou 27 et la somme de 2 + 7 = 9.

Et ce n'est pas tout :

1 - Si vous multipliez n'importe quel nombre entier (sauf zéro) par 9, la somme du total des chiffres de votre réponse sera toujour égale à neuf, i.e. :

2 × 9 = 18 (1 + 8 = 9)

3 × 9 = 27 (2 + 7 = 9)

9 × 9 = 81 (8 + 1 = 9)

121 × 9 = 1089 (1 + 0 + 8 + 9 = 18 ; 1 + 8 = 9)

234 × 9 = 2106 (2 + 1 + 0 + 6 = 9)

578329 × 9 = 5204961 (5 + 2 + 0 + 4 + 9 + 6 + 1 = 27 ; 2 + 7 = 9)

2 - Si la somme des chiffres d'un nombre est 9, ce nombre est divisible par 9.

3 - Si vous soustrayez d'un nombre son inverse (ex. : 87891 moins 19878) la somme des chiffres de votre réponse sera toujours 9.

4 - Sur une calculette, les chiffres sont disposés trois par trois comme suit : 789, 456 et 123. Si vous aditionnez chaque ligne et soustrayez le nombre obtenu en additionant la ligne suivante, la différence sera toujours de 9, i.e. :

789 - 456 = 333 ; 3 + 3 +3 = 9

456 - 123 = 333 ; 3 + 3 +3 = 9

5 - Il y a 360 degrés dans un cercle. 3+6+0 = 9

Rien de 9 sous le soleil...

Jeff

   Georges Gauvin


Hier encore (air connu) 

Je me disais qu'il me restait encore du temps avant Noël, le Jour de l'An, l'anniversaire du p'tit et le 15 décembre, date où il fallait que je change les pneus de ma voiture pour affronter l'hiver qui a débuté avant-hier.

Vous devinez le reste.

Et en plus, je me suis tapé une grippe et j'ai fait une maille au dernier bas-culotte que j'avais la journée - il y a trois jours - où je devais rencontrer le grand patron.

Quant à l'argent, je n'ai pas reçu encore les chèques de... et de... - Grève de la Poste...

Et ta chronique ? qu'on m'a dit.

Georges

        Fawzi Malhasti


Poésie choisie 

Les larmes se ressemblent

Dans le ciel gris des anges de faïence 
Dans le ciel gris des sanglots étouffés 
Il me souvient de ces jours de Mayence 
Dans le Rhin noir pleuraient des filles-fées

On trouvait parfois au fond des ruelles 
Un soldat tué d'un coup de couteau 
On trouvait parfois cette paix cruelle 
Malgré le jeune vin blanc des coteaux

J'ai bu l'alcool transparent des cerises 
J'ai bu les serments échangés tout bas 
Qu'ils étaient beaux les palais les églises 
J'avais vingt ans Je ne comprenais pas

Qu'est-ce que je savais de la défaite 
Quand ton pays est amour défendu 
Quand il te faut la voix des faux-prophètes 
Pour redonner vie à l'espoir perdu

Il me souvient de chansons qui m'émurent 
Il me souvient des signes à la craie 
Qu'on découvrait au matin sur les murs 
Sans en pouvoir déchiffrer les secrets

Qui peut dire où la mémoire commence 
Qui peut dire où le temps présent finit 
Où le passé rejoindra la romance 
Où le malheur n'est qu'un papier jauni

Comme l'enfant surprit parmi ses rêves 
Les regards bleus des vaincus sont gênants 
Le pas des pelotons à la relève 
Faisait frémir le silence rhénan.

Louis Aragon (1897-1963)
(Le fou d'Elsa - 1963) 

Fawzi

         De notre disc jockey - Paul Dubé


 Gérard Darmon... 

Darmon... Darmon... Mais oui, vous le connaissez : c'est lui qui jouait le rôle d'Amombofis dans Asterix et Obélix : Mission Cléopâtre d'Alain Chabat, en 2002.

Né en 1948, il a, depuis 1972, paru dans plus d'une soixantaine de films, la plupart du temps dans des seconds rôles, mais souvent volant la vedette les comédiens de premier plan. Exemple : en Eddy dans 37°2 le matin de Jean-Jacques Beinex (1986).

Sa gueule est inoubliable :


Darmon, à Cannes, en 2004
Photo : Wikipedia)

C'est qu'en plus, il est un fervent admirateur de Frank Sinatra et un excellent chanteur.

Trois albums à son crédit : Au milieu de la nuit, Dancing et On s'aime.

En voici un extrait de son troisième (2008) :

«Dans les rues de ma jeunesse» 

(Paroles de Marc Esposito, musique de Marc Lavoine)

Cliquez sur la note : Second

paul

Lectures


Note :

Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres, revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.

Entre Hadrien et Énée

Marguerite Yourcenar - Mémoires d'Hadrien - Gallimard - 1974 (Plon - 1958)

André Gide - Thésée - Gallimard - 1946

Dans les carnets de notes qui accompagnent l'édition courante des Mémoires d'Hadrien, Marguerite Yourcenar dit qu'elle a écrit ce livre en tout ou en partie, sous diverses formes, entre 1924 et 1929 (au moment où elle avait entre 21 et 26 ans) et qu'elle en a détruit tous les manuscrits pour recommencer son récit, dix aans plus tard, en 1939 et lui donner une certaine forme avant de l'abandonner à nouveau pour et y revenir en 1948 avant d'en publier une première version en 1951, puis, y ajoutant des notes, corrigeant des passages, en rédiger une version «définitive» en 1958. Elle avait alors 55 ans.

De son côté, Gide aurait mis vingt ans à écrire son Thésée qui fut mis en circulation en 1946, un des derniers livres importants publiés de son vivant, au moment où il a 77 ans.

                 

Les deux récits sont semblables en ce sens qu'ils sont écrits à la première personne et qu'ils se servent d'un personnage historique (Yourcenar) ou mythique (Gide) pour commenter le sens de l'existence humaine tel qu'on peut le percevoir après une relativement longue vie meublée de nombreux épisodes aussi variés qu'inattendus.

Les deux sont admirables, mais autant le texte de Gide est concis, dénudé de descriptions et ne s'attache qu'à l'essentiel, autant celui de Yourcenar est bourré de détails historiques au point où l'on pourrait le considérer comme étant un savant tableau de l'Empire Romain du premier siècle de notre ère.  

La différence entre les deux textes peut s'expliquer de bien des façons. On peut présumer, par exemple, que Gide publie son Thésée au moment où il sent que sa vie achève («Si je compare à celui d'Oedipe mon destin...») alors que Yourcenar n'en est pas rendue là, ce qui rend le dernier chapitre de son Hadrien (longue réflexion d'un homme qui sait qu'il va mourir) disons plus spéculatif que réaliste, mais cette explication ne met pas en lumière le colossal travail de recherche que Yourcenar a dû effectuer - pendant des années - pour écrire ce qui, sans doute, restera un monument à son oeuvre littéraire.

Le style de Gide est, comme tous ces écrits, admirable tandis que l'on se perd souvent dans les interminables paragraphes de Yourcenar (l'on en compte des dizaines qui ont trois, quatre et même cinq pages). C'est là, à peu près le seul reproche qu'on puisse lui faire.Tout dépend de ce que l'on recherche dans ses lectures : de l'inspiration pour se comporter avec plus de discernement dans sa vie ou apprendre comment a vécu un empereur romain à une certaine époque.

Un bémol ? Oui, mais il est personnel. - Si l'on veut réfléchir à sa vie, c'est Gide qu'il faut lire, mais si l'on veut en apprendre plus sur le monde romain, Yourcenar. Un bémol auquel, je m'empresse de préciser que dans ce dernier cas, j'aime mieux m'en remettre à la correspondance de Pline le Jeune. Mais qu'on me comprenne bien : le livre de Yourcenar se compare facilement au Thésée de Gide et est loin de lui être inférieur. Ses disgressions, si c'en sont, particulièrement sur l'art, l'architecture, l'urbanisation ou l'organisation d'un empire comme celui de Rome valent, comme le veut l'expression, leur pesant d'or.

En terminant, un seul et unique conseil : lire les deux. Yourcenar d'abord, puis Gide.

Et...

Rendu à un certain âge et n'en avoir qu'un à lire, j'opterai pour Gide, mais je viens de relire Yourcenar des années après l'avoir lu une première fois et si je n'y ai rien découvert de nouveau, j'en ai été ravi comme si ça avait été la première fois... nonobstant - vous me connaissez - ses longs paragraphes dont la cause - j'ai appris dernièrement - n'a peut-être été que des impératifs d'imprimerie.

Simon

***

A Russian Pynchon

Mikhail Bulganov - The Master and Margarita - Penguin Random House - 2016
(50th Anniversary Edition - Translated by Richard Pervear and Larissa Volokhonsky)

Not too long ago I mentioned in this, here, weekly-forthnightly (that comes out once a month), that I was through with Thomas Pynchon ; that I had had enough of his juggling words, facts, talking animals and unexpected historical characters appearing out of nowhere ; that I had learned how to foresee what was to happen next in his complicated and crazy plots, be it a joke, a pun, a turn of event or, surprizingly, nothing. T'was l ike watching W. C. Fields play pool or accidently hanging his hat on his cane. Well, believe it not after reading - what ? one half ? even less of - The Master and Margarita I began to have the same impression, a sort of a déjà vu feeling which lead me to believe that I was not reading what Jonathan Grimwood of the Independant called a «Book of a lifetime» nor an «Incandescent novel» as reviewed by Boris Fishman of The New York Times. To say it bluntly, I was beginning to be bored. And whilst I forced myself to read a bit more, I finally gave it up after two additional chapters, skipping everything else except the last which I found as interesting as watching paint dry.

To put this book in context (which is something I always dislike), it was written between 1928 and 1940 and meant to be a satire of a combination of Russia under Stalin and Christian philosophy. - It was published only after the writer's death - no need to explain why - partially at first (about 12% of its content removed)  and then, completely, in Paris in 1967 (hence its 50th-Anniversary last year).

The main story concerns a visit by the devil to the officially atheistic Soviet Union - during - don't forget - Stalin's regime - and alternates between two settings. The first is Moscow during the 1930's, where Satan appears in the guise of «Professor Woland» with a retinue that includes a grotesquely dressed valet,  a gun-happy, fast-talking black cat and a  female vampire. They wreak havoc here and there particularly in the then Moscovite literary elite and what passed to be their trade union. - The second setting is Jerusalem at the time of  Pontius Pilate during the trial of Jesus (Yeshua).

I can't say anything about the actual writing style used throughout the book 'cuz I read it in a translation which is straigthforward, neutral, practically bland but I know enough about the Russian culture to suspect that, considering the subject of this novel, it may have been written in a tongue-and-cheek sort of way with words and sentences that simply cannot be translated.On the anti-Christian aspect of of the novel, I can only add something personal : I hate anything that mocks religions, anything at all. I find that they invariably contain outrageous claims unworthy of not only comptents but comments. Jokes dealing with them are generally not funny unless mixed with something else. Funny is Woody Allen's explanation about the failure of his marriage : that he was married by a rabbi of the reformed chuch, a very reformed church, a very-very reformed church : a nazi. It does not deal with the Jewish faith but something else. - And, I have studied enough religions to know that they're all based on some sort of Euclidian dogmatic rules. If you don't believe the first two or three rules, the rest is senseless. So what's the point of dealing with them ? - That is very personal. There : I said it.

As to its criticisism of Stalin's regime, I barely know what happened in Russia between the two World Wars and therefore, can't comment nor understand what can be satirical about the devil attacking any of its elites be it literary or political. - Novels that deal with contemporary thistory never last very long anyway : once history facts become footnotes, novels have the tendency to follow. So, particularly compared to Thomas Pynchon, I just can't say that this book had an important effect of my reading habits.

A footnote ? Of course :

You wanna read a funny book ? Read Three Men in a Boat by Jerome K. Jerome or, better still, Finnegan's Wake.

Copernique

Les extraits du mois


The reunion 

"No offence, but you just weren't invited.
Billy said as he set down his beer.
"If you're thinking of talking,
To Mary keep walking,
We don't need none of that here.
"

"Takes guts to show face, that I'll give you,"
Johnny spat as he leaned on this chair.
With as much right as any,
He joined with the many,
Leaving Billy have to take in the air.

Johnny goes to tend to their Mamma,
Three brothers all raised hard as steel.
One a fence meander,
One a rule bender,
Last begging every meal.

He sat head in hands sat a table,
She reached out, he woke with a start.
"No fault to be feeling,"
She spoke while concealing
The rage running within her heart.

"Best you have words with Mr. Williams,
See that he's not left in doubt,
Maybe not now,
But make time somehow,
And just straighten all of this out.
"

Slowly he rose from his placement,
Drew a pistol, as if at play. 
Walked to the coffin
Knealed as he'd done often
And blew all his troubles away.

Mary, she wept by the corpses,
Struggling to understand,
Grieving a lover,
Then lose a brother,
Both taken by the same hand.

Justin André Gallant

***

Les darnes du jubilé

faux pli de fleur fauve
sous la coupe du ciel
je pique à la naissance

la finesse est d'estropier
la moire de sa mortalité
comme on incise un ange
pour extraire crocs et croix
sucs et plumes d'oreiller

je dilapide cette manne
et dévore mon chemin
de peur que la rémission n'avilisse
l'entaille vive de mon ventre
que l'ombre de la vierge
n'inverse l'atmosphère
et inonde mon histoire

à l'heure rouge salivent les louves
je chasse avant la prière
à elles le pardon
à moi l'oubli

Rémi Tremblay
(Le vif du sujet - 2001)

Note de l'éditeur :

Pour diverses raisons, ce poème a été originellement cité incorrectement. - Voir l'édition du 7 janvier 2019.

Dédicace


Cette édition du Castor est dédiée à :

Sophie Tucker
The last of the Red Hot mamas
(1903-1965)


Le mot de la fin


«La femme est un roseau dépensant.»

- Un homme riche devenu pauvre

Autres sites à consulter 



Webmestre : France L'Heureux


Webmestre : Éric Lortie

 
Webmestres : Paul Dubé et Jacques Marchioro


Notes et autres avis


Clauses et conventions :

Le Castor™ de Napierville est le fruit de plusieurs interventions de la part d'une multitude d'intervenants :

  • En tête, son programmeur qui a pour tâche de transformer son contenu en fichiers HTML de telle sorte à ce qu'il puisse être diffusé en textes lisibles sur Internet

  • En arrière-plan, son éditeur qui réunit dans un ordre pré-établi les textes et images qui en font parti

  • Les chroniqueurs, chercheurs, concepteurs qui en rédigent chaque numéro.

  • Viennent ensuite les correcteurs, vérificateurs, inspecteurs et surveillants qui en assurent la qualité.

mais d'abord et avant tout :

  • Ses lecteurs dont les suggestions, apports directs et indirects en assurent la qualité et l'ordonnance.

Autres informations, conditions et utilisation

Le Castor™ de Napierville est publié une fois par mois, le premier lundi de chaque mois.

En haut, à gauche, à côté de la date, est indiqué le numéro de sa version ou de son édition. Le numéro1.0 indique sa première et suivent, selon les correctifs, ajouts ou autres modifications, les numéros 1.2, 1.3, 1.4.... 2.0, 2.1, 2.2 etc. - La version 3.0 indique qu'il s'agit de son édition finale qui, généralement, coïncide avec sa version destinée au marché américain, celle qui paraît en principe avant ou le jeudi suivant sa première édtion.

Si le Castor™ de Napierville a un siège social, il n'a pas de salle de rédaction et compte tenu de la situation géographique de chacun de ses collaborateurs, tout le ci-dessus processus se déroule in auditorium c'est-à-dire en présence du public via l'Internet.

Nous prions nos lecteurs, etc. 

Historique :

Fondé en 1900 par le Grand Marshall, le CASTOR DE NAPIERVILLE fut, à l'origine, un hebdomadaire et vespéral organe créé pour la défense des intérêts de l'Université de Napierville et de son quartier. - Il est, depuis le 30 septembre 2002, publié sous le présent électronique format afin de tenir la fine et intelligente masse de ses internautes lecteurs au courant des dernières nouvelles concernant cette communauté d'esprit et de fait qu'est devenu au fil des années le site de l'UdeNap, le seul, unique et officiel site de l'Université de Napierville.

De cet hebdomadaire publié sur les électroniques presses de la Vatfair-Fair Broadcasting Corporation grâce à une subvention du Ministère des Arts et de la Culture du Caraguay, il est tiré, le premier lundi de chaque mois, sept exemplaires numérotés de I à VII, sur papier alfa cellunaf et sur offset ivoire des papeteries de la Gazette de Saint-Romuald-d'Etchemin et trois exemplaires, numéroté de 1 à 3, sur offset de luxe des papeteries Bontemps constituant l'édition originale, plus trois exemplaires de luxe (quadrichromes) réservés au Professeur Marshall, à Madame France DesRoches et à Madame Jean-Claude Briallis, les deux du Mensuel Varois Illustré.

Autres informations :

1 - Sauf indications contraires : Tous droits réservés. - Copyright © UdeNap.org. - La reproduction de tout ou partie du matériel contenu dans cette édition du Castor™ est interdite sans l'autorisation écrite des auteurs.

2 - Malgré l'attention portée à la rédaction de ce journal, ses auteurs ou son éditeur ne peuvent assumer une quelconque responsabilité du fait des informations qui y sont proposées.

3 - Tel que mentionné ci-dessus : les erreurs de frappe, de date et autres incongruités contenues dans ce Castor™ seront ou ont déjà été corrigées dans sa version destinée au marché américain.

4 - La direction du Castor™ tient à préciser qu'aucun enfant n'est victime d'agressions sexuelles au cours de la préparation, pendant la rédaction et lors de la publication de son hebdomadaire.

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