Vol. XXVIII,  n° 11 Le seul hebdomadaire de la région publié une fois par mois Le lundi 2 juillet 2018

Boucherville, Québec

À quelques minutes du centre-ville de Napierville...


Ce numéro

(Mais pas nécessairement dans l'ordre)

Penser ou ne pas penser - Saint-Simon - Fénélon - Raymond Bussières - La Robotique (et les Japonais) - Statistiques - Voyage - À la porte du garage - Football Fans - 2 et 2 font 4 - Post It's - Stream of consciousness - La mort - Le centre de l'univers - Asimov - Edgard Allan Poe - Charles Baudelaire - Henri Justin - Intelligence Artificielle - Acts of God - Narbonne - Mimi et Isabelle Perrin - Lire en Jazz - Georges Lemaître - John Le Carré et Charles Trenet.

Photos à l'appui

Bonne lecture !

La direction


Chroniques


 

Pour les chroniques précédentes de nos correspondants cliquez sur ce lien .
      Simon Popp

Pensées éparses

Numéro un

Beaucoup des gens qui me rendent visite - c'est-à-dire très peu, mais une grande majorité parmi ces très peu - se disent surpris en voyant sur mon espace de travail - en particulier dans la partie inférieure de l'écran de mon ordinateur - des post-it's sur lesquels sont inscrits : "X juillet - Marie 7h30", "Y août - Concert 14h00 C. du B.P.", "21 septembre A. de T" et autres notes tout aussi cryptiques. - "T'as pas un agenda ?", qu'ils me demandent.

Non. J'en ai déjà eus, pendant plusieurs années, mais je n'en ai plus. C'était pour les semaines où je devais être à New York le lundi, à San Francisco le mercredi et de retour le vendredi pour un meeting très important concernant quelque chose arrivée des mois auparavant à Chicago, Tout cela, (qui était d'une grande futilité - j'en ai déjà parlé) est bien loin derrière moi.

D'ailleurs, ce n'était pas des agendas, mais des bouts de papiers pour me rappeler que le mercredi 16, je devais envoyer un rapport à X, Y et Z ou que ça allait être Noël dans dix jours - Des post-it's, à l'époque auraient suffi amplement. - Surtout que les dates importantes, anniversaires et autres, on me les rappelait continuellement. - L'anniversaire de ma grand-mère par exemple : 20 avril. Même date que celui d'Hitler

Chose dont je me souviens très bien : c'est que chaque matin, je devais consulter mes "paperolles" pour savoir ce que j'avais à faire au cours de la journée. - Ce que j'avais fait dans les journées précédentes, je pouvais m'en souvenir très bien car je tenais un compte-rendu exact de tout mes déplacements. J'étais payé à l'heure.

J'ai essayé d'être un Sherlock Holmes : celui qui n'encombrait pas son cerveau de notions inutiles. - Est-ce que je réussis ? Pas du tout. Quelque part dans le disque fixe que sont mes neurones, il est toujours resté des choses comme Proust est décédé au 44 rue Hamelin, à Paris, Réjean Ducharme a habité longtemps dans la rue Quesnel, quartier Ste-Cunégonde, à Montréal et que Robert Quesnel fut un des mes camarades de classe au primaire. - Je réussis quand même à oublier ce que je dois faire au jour le jour. D'où ces bouts de papier pour me rappeler que c'est aujourd'hui lundi ou jeudi.

Le stress ?  - Jamais connu. - Et je demeure convaincu, pour avoir côtoyer de nombreux ex-collègues, tous aujourd'hui mangeant des radis par la racine, que le stress tue plus que le cancer, les maladies du coeur, l'hérédité, l'alcool et le tabac. Réunis.

Numéro deux

Je ne sais pas si les gens font par exprès pour ne pas penser.

Ma mère me vient à l'esprit quand j'écris des choses semblables. Je ne me souviens pas de plus de deux ou trois expressions d'une certaine idée qu'elle aurait pu avoir et exprimer au cours des quatre-vingt ou quatre-vingt-dix années qu'elle a vécu. - Et, à chaque fois qu'elle énonçait spontanément une vague opinion et qu'on lui soulignait que le contraire était tout aussi vrai, elle s'effondrait.

Or, à l'époque, c'était savoir s'il existait une autre vie après la mort, si ses enfants allaient tourner mal, si on allait apprécier ou non sa cuisine (ce qui était rarement le cas) et ainsi de suite.

Si encore elle avait été l'exception, mais non : mes oncles, mes tantes, tous les adultes que j'ai connus avant et au début de mon adolescence étaient semblables. Après quelques années quand même, sans doute parce qu'on m'avait appris à écouter, la proportion des pensants augmenta, mais je me suis aperçu très vite que la plupart de ces pensants ne faisaient que répéter ce qu'ils avaient entendu la veille, et parfois une heure auparavant, à la radio ou ce qu'il avait lu, le matin même, dans les journaux. C'est-à-dire que le Canadien avait été illuminé (sic), qu'il y avait eu un grave incendie sur la rue St-Vallier à Québec ou que le Bye Bye de l'année avait été moins drôle que celui de l'année précédente...

L'autre jour, je regardai sept, huit jeune femmes agées entre vingt et vingt-cinq ans et je me disais : «Mais où étaient-elles, ces dégourdies quand j'avais leur âge?» - Jusqu'à ce que je réalise qu'elles parlaient dans une langue et de sujets que je ne connaissais pas. Seules les répétitions de certaines expressions me rappelèrent qu'elle n'étaient pas si dégourdies.

Questions :

Combien de personnes connaissez-vous qui savent que la terre est une petite roche perdue dans un univers où les distances se calculent en milliards d'années-lumières (*) ?

(*) à raison de 300,00 kilomètres à la seconde, soixante secondes par minute, soixante minutes par heure, vingt-quatre heures par jour, trois-cent-soixante-cinq jours par année.

Combien de gens connaissez-vous qui n'ont jamais été, non pas en Afrique, en Asie ou même en Europe, mais qui ne sont jamais éloignés de plus que deux ou trois cents kilomètres de leur lieu de naissance ?

Combien de gens connaisez-vous qui croient qu'il existe, peut-être pas un Dieu avec une barbe fleurie qui vit dans les nuages, mais une main organisatrice (*) qui a créé tout ce qu'ils voient ? (Et souvent, il y a moins de six mille ans...)

(*) Sauf dans certaines parties du New Jersey, comme dit Woody Allen.

Numéro trois

Je n'y connais rien, mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi des individus apparement sensés crient et applaudissent à vous rompre les tympans une équipe de foot lors d'une partie qui se déroule à huit mille kilomètres du bar où ils se trouvent.

Numéro quatre

Vous savez qu'un des problèmes de la vie - et un important en ce qui me concerne -, c'est de ne pas savoir l'heure exacte et la journée où chacun de nous allons mourir. - Bien sûr, certains finissent par l'apprendre parce qu'ils vont se faire exploser dans un marché public ou qu'un juge leur a dit, mais pour des gens ordinaires, comme vous et moi, c'est un information qui nous est indisponible.

Si je savais, par exemple, que je vais mourir dans X semaines ou Y mois, je pourrais planifier mes lectures en conséquence, la quantité de films que je pourrais revoir ou le nombre de concerts auxquels je pourrai encore assister. Mais tout cela, parce que je ne sais ni où ni quand, je cesserai d'exister, m'est interdit.

Prenez l'argent, autre problème qui découle de cette ignorance : un sujet qui ne cesse de nous hanter dès qu'on prend sa retraite. - Combien m'en faudra-t-il ? Et pour combien de temps ? - Quelle est la limite en dépenses que je peux me permettre, par jour, par semaine, par mois, avant que cela n'ait plus aucune importance ?

Non pas que je veuille égoïstement tout dépenser avant de mourir, mais même en laissant quelques dollars à des personnes qui, je crois, seront heureuses, non pas d'apprendre mon trépas, mais satisfaites, quand même, un temps, d'apprendre que j'ai pensé à elles, je ne sais pas si je dois mettre de l'argent de côté pour mes vieux jours alors que j'en suis déjà là.

Non, l'incertain avenir n'est pas une chose agréable de la vie.

Y'a les statistiques, vous allez me dire. - Voir, cette semaine la chronique de Jeff. - Hé oui. Je les ai étudiées et, considérant ce que j'ai fait depuis que je suis au monde, ce que j'ai bu, mangé, fumé, marché, couru et même dansé, vous savez quoi ? Je ne suis pas plus avancé : mes calculs me disent que je suis mort depuis onze ans.

Simon

      Herméningilde Pérec


Vacances. Vous avez dit "vacances" ?

Dans un pays comme le nôtre, j'ai de la difficulté à comprendre pourquoi les gens insistent pour prendre leurs vacances au beau milieu de l'été. Demeurer dans au troisième étage d'un pâté de maisons en plein Plateau Mont-Royal, je ne dis pas non. Louer un chalet près d'un lac, m'y rende pour éviter la canicule, me semble être un choix qui s'impose, mais quand, comme moi et Madame Pérec, qui habitons non pas un pavillon de banlieue, mais une petite maison sur un terrain d'une grandeur respectable, ombragé de surcroît, je ne vois pas...

L'hiver, oui, quand les conditions de la température sont insupportables, que les routes sont enneigées, lorsqu'il faut mettre trois fois plus de temps pour se rendre à son travail à cause du verglas, de la glace sur la chaussée et des inévitables tempêtes, je préfère prendre mes jours de congé en restant tranquilement à la maison devant un feu de foyer.

Et puis y'a les "doubles" . Il faut, quand on a une habitation "en ville" et une autre "à la campagne", tous ses appareils de cuisine, sa vaisselle, sa literie, ses vêtements même, doivent exister en double copie. Sinon, c'est le chargement-déchargement continuel. Et que faire de ses livres de référence ? L'Internet ? Oui, mais encore là, il faut avoir deux comptes si - et je dis bien si - on a accès à un réseau aux deux endroits.

Ce qui m'a fait penser à tout ça récemment ? - Mon voisin qui possède une maison semblable à la mienne et qui a décidé, cette année, de se louer un chalet quelque part dans les Laurentides. "Vous pourriez jeter un coup d'oeil sur mon terrain de temps à autres ?" m'a-t-il demandé. Un coup d'oeil ? Il me suffit de regarder par la fenêtre de la cusine (celle qui donne sur, justement, son terrain, adjacent au mien) pour entrevoir huit fois par jour, entre deux arbres, sa maison et son jardin.

Et ce qu'il y a de plus agréable dans cette proximité, c'est qu'elle est assez éloignée pour que j'entende, à peine, le cri des enfants de ses deux filles et de son garçon qui lui rendent régulièrement visite parce que, eux, ils demeurent en ville.

Peut-être pour ça qu'il a loué un chalet.

Herméningilde Pérec


       Copernique Marshall


Stream of consciousnes...

Quand j'ai écrit le mois dernier que...

«...s'il y avait une chose qui m'avait toujours paru évidente, c'est que les idées ne me venaient jamais clairement [parce que] d'abord, elles me parvenaient à une vitesse que ma pauvre main ne pouvait pas noter aussi rapidement [...] et que, de plus, elles ne me venaient pas séquentiellement [car] elles arrivaient en blocs de deux, trois à la fois et qu'il fallait [citant mon père et Simon]  des années d'apprentissage non seulement pour [les] noter correctement, mais autant d'années pour [les] organiser de façon à ce que je puisse m'y retrouver...»

... j'ai eu l'occasion de m'en rappeler au cours du mois qui se termine quand, en déjeunant, il y a une dizaine de jours de ça, j'ai entendu deux bonhommes assis derrière moi parler d'intelligence artificielle. Le temps de finir mon déjeuner et de rentrer au bureau - ce qui m'a pris, à pieds, quelques minutes et ce, en marchant plus ou moins lentement-,  me sont passées par l'esprit des choses aussi disparates que : les raisons que Paul m'a données pour m'expliquer pourquoi il ne lit pas les journaux ni ne regarde la télévision, l'expression Act of God, la robotique, Isaac Azimov, Edgar Allan Poe (et C. Auguste Dupin), Baudelaire, Henri Justin, les pièges de la traduction et la Chrétienté ; tous, presque en même temps. - Compte tenu de cette capitale (!) expérience, je me suis dit : «Tiens, puisque j'en suis là, autant tout noter et voir ce que je peux en tirer.»

Voici ce que ça a donné :

   Une citation d'abord :

«J'ai été enfant de choeur, légionnaire, militant communiste et je suis un pillier de bistrot. Ça te donne une idée des conneries que j'ai entendues dans ma vie.»

Cette réplique - qu'on a déjà citée ici, je crois - proviendrait, selon ce qu'on m'en a dit, d'un des dialogues de Michel Audiard et serait tirée d'un film où elle fut dite par Raymond Bussières.

Je la (re)cite parce que... ce que j'ai entendu cette journée-là !

   Un mot ensuite sur «l'intelligence artificielle»

Une des premières conneries que j'ai entendues lorsque les ordinateurs ont commencé à être de plus en plus présents dans nos activités quotidiennes fut avancée par un collègue qui, fièrement, m'a laissé sous-entendre qu'un ordinateur ne lui dirait jamais quelle musique il devait écouter ou quel livre il lui fallait lire... - J'étais encore aux études et malgré le peu de connaissance que j'avais de ce qu'on appelait à l'époque des «cerveaux électroniques» je fus quelque peu - je ne dirai pas étonné -, mais surpris par cette réaction en me disant qu'une machine qui pourrait m'aider à non seulement calculer mon budget me serait fort utile pour classer mes notes de cours et surtout ces inombrables cartons Bristol («Index cards») que j'accumulais dans le but de rédiger mon mémoire de maîtrise. Depuis, je ne sais plus au juste le nombre de calculettes, d'agendas électroniques et de micro-ordinateurs qui me sont passés entre les mains. Tous ont été, en leur temps, fort bienvenus et très appréciés ; même que ces appareils et me sont devenus aujourd'hui indispendables. Y compris mon téléphone intelligent dont je me sers continuellement, mais très rarement pour téléphoner.

(En passant «smart» comme dans «smart phone» a pour defintion, en anglais - par rapport à un appareil électronique ou autre - «capable of some independant action», i.e. : «qui a la capacité d'executer des choses sans surveillance». Pour l'intelligence, l'anglais a un mot tout désigné : «intelligent». - Mon téléphone n'est pas «intelligent» ! Point, à la ligne)

Or celui qui m'a fait cette remarque à propos de la musique - il est décédé aujourd'hui - serait fort surpris d'apprenre qu'une firme en Californie a soumis à l'analyse des dizaines de milliers de chansons ou de pièces musicales qui ont connues de grands succès à travers le monde et qu'elle offre aujourd'hui ses services à des vedettes de la musique populaire et à ceux qui veulent le devenir pour les aider à créer leurs répertoires. - L'idée de base est relativement simple: chacune des chansons qu'ils ont analysées ont été soumises à différents critères tels que les paroles, le rythme, les accords, la progession des accords, le type et le nombre d'instruments utilisés en arrière plan, le timbre de ces instrument et ainsi de suite. - Je ne souviens plus du nombre de ces critères, mais il dépassait la centaine. - Et puis, hop ! Voilà que j'apprends que de plus en plus de professionnels font appel aux résultats de leurs analyses pour décider lesquelles des chansons qu'on leur soumet seraient plus ou moins assurées d'un succès s'ils se permettaient de les jouer en concert ou de les endisquer. - Et vous savez quoi ? - Leur taux de réussite est apparemment quasi phénoménal.

Or, c'est à partir de ce genre de recherches (dans les domaines de l'électorat, les marques de commerce, les mouvements de stock dans les entrepôts, les installations commerciales, etc.) que mes deux interlocteurs discutaient d'«intelligence artificielle» l'autre jour ; l'un avançant que, bientôt, des robots allaient décider qui serait le prochain président des États-Unis, l'autre, les aliments que l'on trouverait au super-marché, la couleur de nos vêtements, jusqu'à son ou sa futur(e) conjoint(e)...

Et c'est là que je me suis dit que les gens se faisaient une drôle d'idé de cette «intelligence» qui consiste essentiellement à être en mesure, selon divers algorithmes (*), de classer, d'analyser et de trouver presque instantanément de l'information qui, humainement parlant, prendrait des heures et des heures de travail.

(*) Mot d'origine arabe (sic) qui signifie : «Ensemble de règles opératoires dont l'application permet de résoudre un problème énoncé au moyen d'un nombre fini d'opérations : tris, sélections, comparaisons, etc. - . Un algorithme peut être traduit, grâce à un langage de programmation, en une série d'instructions exécutables par un ordinateur.»

Le mot-clé dans cette définition est le mot «règles» et qui dit «règles» suppose une intelligence non-articielle qui définit lesquelles doivent être utilisées et de quelles fçons afin de créer un ensemble susceptible de donner un résultat ou, comme on l'avance, résoudre un problème. - Quand ces «règles» servent à créer des algorithmes qui, à leur tour, serviront à régler d'autres problèmes, on peut commencer à parler d'une intelligence «pseudo-artificielle», mais à l'heure actuelle, mis à par quelques découvertes (une meilleure façon de trier des nombres ou des listes, par exemple), on est loin de la coupe aux lèvres.

En ce moment, parce qu'un ordinateur est capable d'examiner des dizaines de milliers de possibilités de mouvements d'une pièce aux échecs en une fraction de secondes, ce genre d'exploits relève plus de l'électronique que d'une certaine intelligence au sens de «ensemble des fonctions mentales ayant pour objet la connaissance conceptuelle et rationnelle » ou de «l'aptitude d'un être humain à s'adapter à une situation et à choisir des moyens d'action en fonction des circonstances».

Idem en ce qui concerne les recherches dans une encyclopédie, les diagnostiques, les calculs (qui prendraient des heures et des heures au plus grand des mathématiciens)... quand tout les connaissances du monde sont accessibles en quelques micro-seconde à un ordinateur.

Voilà pour l'«intelligence artificielle» telle qu'elle existe aujourd'hui. Mais j'y reviens à l'instant.

   Paul (Dubé) et les nouvelles écrites ou télévisées.

C'est en pensant à ce qui précède qu'en retournant au bureau j'en suis venu à ce que Paul m'a toujours dit : qu'on apprend généralement rien de la bouche d'un journaliste quand il parle d'un sujet qu'il ne connaît pas ou sur lequel il n'a que des connaisances rudimentaires qu'il a, la plupart du temps, recueillies de non-spécialistes au cours de ses enquêtes.

"Quand, régulièrement, après le débordement d'une rivière ou un ouragan, répète-il souvent, j'entends à la radio ou que je lis à la une d'un journal, l'expression "Act of God" qui sous-entend que les Assureurs ne remboursent pas les dommages causés par ces débordements ou ces ouragans, les cheveux me dressent sur la tête."

"Non seulement, c'est faux, répète-t-il continuellement, mais l'expression "Act of God" n'est jamais utilisée dans le domaine de l'assurance (sauf exceptionellement et surtout pas dans le sens où l'on le laisse entendre), car les Assurent se feront un plaisir de vous assurer contre ce type de "risques".. à condition que c'en soit un."

Le mot-clé ici - le deuxième dans cette chronique - est "risque" :

"Si la rivière en face de votre maison déborde chaque année, ce n'est plus un "risque", mais une certitude et les Assureurs n'assurent pas les dommages qui vont invariablement être causés par des événements inévitables."

Contre les Actes de Dieu
assurez-vous chez

Vatfair-Fair Assurances

Ne vous faites pas voler
par n'importe qui

   Robotique

Revenons à mes interlocuteurs du début (vous voyez comme on peut perdre facilement la suite de ses idées) : 

Mon idée première fut qu'ils ne parlaient pas d'«intelligence artificielle», mais de robotique ou, au pis aller, des conclusions auxquelles en arrivent divers ordinateurs à qui on soumet des programmes pour résoudre certains problèmes ou pour trouver des informations qui prendraient trop de temps à un être humain et dont les exemples abondent depuis quelque temps :

- un ordinateur qui joue aux dames, aux échecs ou au jeu de Go

- un ordinateur à qui on a donné un corps et un visage humain (les Japonais excellent dans ce domaine) et dans lequel on a programmé diverses capacités telles que la reconnaissance vocale, une voix mécanique, diverses réponses à diverses questions, certains gestes qui imitent un corps humain, etc.

- des automobiles sans chauffeur

   et même 

- des prothèses qui répondent à certaines pulsions neurologiques

Certains de ces ordinateurs ou appareils simulent (j'insiste) une certaine intelligence mais ils ne sont que des machines répondant à un ou une série de programmes et si leur capacité en tant qu'accès à des informations est quasi illimitée, il n'en demeure pas moins qu'ils ne sont que le résultat de directives qu'on leur a inculquées.

Est-ce que mon téléphone intelligent (celui dont je parlais il y a deux minutes) est intelligent parce qu'il peut répondre aux questions que, verbalement je lui pose ?

Oui, si vous croyez qu'il lui faut dépasser les algorithmes que sa programmation contient pour me donner les réponses à :

- Quel temps-fait-il à Paris ?
- Quel est la définition du mot "irréfragable" ?
- Synomymes de "gentil"
- Traduction anglaise (ou allemande, ou italienne) du mot "sorcier"
- Qui était pape du temps de Michel-Ange ?
- Quel était la monnaie utilisée en Italie au XVIe siècle ?
- Quelle est la hauteur en pieds de la Tour Eiffel ?
- Distance entre New York et Moscou, en kilomètres ?
- Résultats de la coupe du monde...

   Isaac Asimov :

Et puis j'ai pensé à Asimov qui a promulgué, en 1942, les trois lois de la robotique :

  • Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, en restant passif, permettre qu'un être humain soit exposé au danger ;

  • Un robot doit obéir aux ordres qui lui sont donnés par un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi ;

  • Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n'entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi.

Il s'agit là de lois fondamentales, mais comme l'erreur étant humaine, le programmeur d'"intelligence artificielle" peut oublier des les incorporer dans ses algorithmes, mais il peut également oublier de mentionner que son auto sans chauffeur doit s'arrêter à un feu rouge ; que son satellite de communication a été conçu aux USA en poids-et-mesures a.miricaines (pouces, pieds et milles) et non en centimètres, mètres et kilomètres et qu'en conséquence il ne saura pas se placer au bon endroit ; qu'il existe une différence entre de l'eau et de l'acide chlorydrique...

Et de là, je suis passé à :

   Edgar Allan Poe

Et son conte intitulé en anglais "The Murders in the Rue Morgue" (1841) et son début où il parle de l'esprit d'analyse et d'imagination.

J'en cite les détails dans la section "Extrait du mois" ci-dessous, détails qui ont attiré mon attention tout un après-midi !

D'où les noms de ses traducteurs que j'ai mentionnés au début de cette chronique

  Sauf que...

J'ai pensé à beaucoup d'autres choses au cours de cet après-midi :

  • À mon ami, Michel, qui m'a dit que je n'avais rien compris de ce que Yuval Noah Harari disait sur l'"intelligence artificielle" dans son Homo Deus, une brève histoire de l'avenir dont nous avons parlé dans notre numéro du 7 mai dernier (Voir à Lectures : Du sens de la vie) - Je ne crois pas car, en relisant le chapitre (son dernier) où il est question de «dataïsme», Harari soulève exactement les problèmes que je viens de mentionner : ceux qu'on peut résumer en une seule question : «Jusqu'où les programmeurs permettront-ils à leurs appareils (dans leurs algorithmes) de prendre des décisions ?» Exemple : doit-on leur donner le droit de vie ou de mort aux enfants atteints de sérieuses malformations, si, à la base, on leur a demandé de définir ce qu'était la santé des humains du futur ? - D'ailleurs - j'ai oublié de le noter - je crois que l'expression «intelligence artificielle» n'est mentionné qu'une seule fois par Harari et il a bien pris soin de la mettre entre guillemets.

    (C'est «Act of God» pour ceux qui ne connaissent pas l'assurance et «Intelligence artificielle» pour ceux qui ne connaissent pas la robotique.)

  • À un autre livre que je suis en train de relire où l'on parle de la Chrétienté, expression qu'on utilise de moins en moins (Christopher Hitchens) depuis le premier conflit mondial durant lequel la Chrétienté s'est entredéchirée
  • Et à son ami, Richard Dawkins, dont jai un livre qui m'attend sur ma table de travail
  • Et à Anaxagore qui disait que "la vie est un voyage"...
  • Que Proust citait dans une lettre qu'il me faudrait des heures à retrouver..

Et puis plus particulièrement à :

  • ceux qui s'inquiètent de la possibilité qu'un ordinateur puisse un jour devenir conscient...

Car, comme l'écrit Simon dans une de ces pensées éparses d'aujourd'hui :

  • Les gens qui pensent, qui prennent conscience qu'ils existent sont plutôt rares

Sauf qu' :

  • Il est facile de les faire taire.

En attendant, chacun a le droit de penser que les machines prendront un jour le contrôle de l'humanité et qu'ils feront mieux qu'Hitler, Pol Pot, Staline et compagnie.

J'en suis pas rendu là.

   Cordialement vôtre,

Copernique

P.-S. : Vous savez comment la CNIL définit l'«intelligence artificielle» ? Elle dit qu'elle est «le grand mythe de notre temps».

La CNIL ? - C'est la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés de France, une autorité administrative indépendante française. La CNIL est chargée :

Notez bien ceci :

"de veiller à ce que l’informatique soit au service du citoyen et qu’elle ne porte atteinte ni à l’identité humaine, ni aux droits de l’Homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques."

Pas tout le monde qui tire ses informations des films de science-fiction

       Jeff Bollinger


Statistiques ?

On pouvait lire dans La Presse du 26 juin dernier, ceci :

«Selon une enquête menée en 2014 et publiée en 2016 sur les pratiques culturelles au Québec (Ministère de la Culture et des Communications) 80 % des Québécois lisent des livres et les femmes seraient de plus grandes lectrices que les hommes (67 % contre 49 %)

C'était de la plume du journaliste Mario Girard.

J'ai refait les calculs : 

67% de 50% de la population (femmes) = 33.5% [de la population]

49% de 50% de la population (hommes) = 25% [idem]

33.5% + 25% = 58.5% de la population (hommes et femmes)

On est loin de 80% des Québécois...

À moins qu'il ait voulu écrire que 80% des lecteurs québécois lisaient des livres.

Or je lisais  récemment que 33% de la population québécoise était composé d'analphabètes fonctionnels... (Quelqu'un m'a dit que c'était plus près de 50%, mais 33% me semble plus raisonable) - Voir le P.-S. No. 2 à la fin.

Ce que Monsieur Girard a sans doute voulu dire est que  :

58.5 % de 80% de 67% de la population québécoise (ceux qui savent lire et qui lisent) lisent des livres :

Or, 67% de 80% de 58.5 est 31.36%. - Moins du tiers de la population 

Et on apprend en outre que parmi ceux qui lisent des livres, leur lecture est composée en majeure partie de  livres pratiques et des livres jeunesse (40% des ventes)...

Jeff

P.-S. (1) : J'eusse bien aimé citer ici l'adresse où lire le texte de Monsieur Girard, mais je crois que son article a été rapidement retiré...

P.-S. (2) : J'ai vérifié :

Selon la Fondation pour l'Alphabétisation du Québec
(https://www.fondationalphabetisation.org) :

Une personne sur cinq, soit 19 % de la population, est susceptible de se retrouver dans une situation où elle éprouvera de grandes ou de très grandes difficultés à lire et à utiliser l’écrit. En 2003, 16 % des répondants se trouvaient à ce niveau.

Une personne sur trois (34,3 %) au Québec est susceptible de se retrouver dans une situation où sa capacité à lire sera relative à la présence de conditions facilitantes ou d’environnements écrits non complexes. En 2003, 32,9 % des répondants se trouvaient à ce niveau.

Moins d’une personne sur deux (46,8 %) au Québec est susceptible de démontrer la maîtrise de compétences en littératie la rendant capable de lire en vue d’apprendre, de comprendre, d’agir ou d’intervenir en toute autonomie. En 2003, 51,1 % des répondants se trouvaient à ce niveau.

   Georges Gauvin


Festivals

Avez-vous des amis festivaleux ? - Vous savez de qui je veux parler : de ceux qui sont de tous les festivals : celui de la Francopholie, du Cirque, du Jazz, de la Musique Baroque, de la Bière, de la Galette... Il y en a une bonne centaine par année, au Québec. Ça ne me surprendrait pas qu'il y en ait un du "Gun à caulker".

Je n'ai rien contre. Allez, promenez-vous, dansez si vous le voulez. C'est votre affaire, mais moi, TOUS les festivals me dépriment.

J'étais sur la rue St-Denis (Montréal) smaedi ou dimanche dernier. Avec mon chum, son chum et son amie. Il a fallu faire la queue pendant une demi-heure pour manger une pizza dans un endroit particulièrement bondé. Mais nous étions près de la fenêtre et de temps à autres, je regardais les gens passer.

Bout de bon Dieu que j'ai pas hâte de vieillir, d'élargir, de marcher lentement et de me poenser de la dernière mode avec des robes «blanches et jaunes avec des fleurs de rideaux».

Georges

        Fawzi Malhasti


Morceau choisi

Voyage

quand on atteint les Alpes
il est déjèa trop tard
elles ont disparu

au-dessus des villes
des champignons de tristesse
de l'ouate un peu grise un peu rose
                 de poussièere et de sang
tels se manifestent les hommes

stromboli sans flamme
au bout du monde

à cette altitude soudain
quel que soit l'enfer d'où l'on sorte
resurgit l'hiver
la pierre et le glacier

puis sous s'abîme en villages
                             en vallées

aucun port de ce pays vieux comme le monde
ne donne directement sur la mer
mais par une bouche prudente
deux bras refermés presque
protégeant la rade
une mare où reconnaître les fruits de l'abîme
les cargos de l'au-delà

cyclades 
au niveau de la mer
ce profil de fumée serait une île
une autre
mais bientôt l'horizon l'engloutit

de la planète où je suis
m'apparaissent les îles
leurs façons multiples de posséder la mer
côtes velues dures arrêtes

ainsi la mer - selon ce qu'on peut croire de si haut -
cède-t-elle
au délire suspendue
par le priselis et le frisson

mobile éternité

les nuages sur le péloponnèse
empêchent la venue des dieux

le soir entre rhodes et jérusalem
les roses forment une muraille éphémère
autour du vide

l'ange que nous croisons
disparaît pour toujours

il faut venir de l'espace
pour savourer la terre

...

Paul-Marie Lapointe 
(1930-2011)

Fawzi

         De notre disc jockey - Paul Dubé


Charles Trenet

Pour ceux qui n'ont pas l'occasion d'écouter notre émission sur la chanson française sur les ondes de Radiophile.ca (Anthologie de la chanson française), voici une chanson du plus grand des grands auteurs-compositeurs-interprètes de langue française du XXe siècle qui, exceptionnellement, pour la chanter a pris son accent de Narbonne :

À la porte du garage

Aux environs des belles années mille neuf cent dix 
Lorsque le monde découvrait l'automobile 
Une pauvre femme abandonnée avec ses fils 
Par son mari qui s'était enfui à la ville 
Dans une superbe Panhard et Levassor 
Qu'il conduisait en plein essor 
Lui écrivait ces mots d'espoir 
En pensant que peut-être un soir 
Il reviendrait tout comme avant 
Au lieu de partir dans le vent

Refrain :

 Je t'attendrai à la porte du garage 
Tu paraîtras dans ta superbe auto 
Il fera nuit mais avec l'éclairage 
On pourra voir jusqu'au flanc du coteau 
Nous partirons sur la route de Narbonne 

Toute la nuit le moteur vrombira 
Et nous verrons les tours de Carcassonne 
Se profiler à l'horizon de Barbeira 

Le lendemain toutes ces randonnées 
Nous conduiront peut-être à Montauban 
Et pour finir cette belle journée 
Nous irons nous asseoir sur un banc 

L'époux volage hélas ne revint pas si tôt 
Escamoté par son nuage de poussière 
Courant partout : Nice-Paris, Paris-Bordeaux 
Sans se soucier de sa famille dans l'ornière 
Il courut ainsi pendant plus de quarante ans 
Et puis un jour, tout repentant 
Il revint voir sa belle d'antan 
Qui avait appris à ses enfants 
Ce refrain que les larmes aux yeux 
Ils répétaient aux deux bons vieux 

Ah quel bonheur à la porte du garage 
Quand tu parus dans ta superbe auto 
Il faisait nuit mais avec l'éclairage 
On pouvait voir jusqu'au flanc du coteau 
Demain, demain sur la route de Narbonne 
Tout comme jadis heureux tu conduiras 
Et nous verrons les tours de Carcassonne 
Se profiler à l'horizon de Barbeira 
Pour terminer ce voyage de poète 
Et pour fêter ce retour du passé 
Nous te suivrons tous deux à bicyclette 
En freinant bien pour ne pas te dépasser 
En freinant bien pour ne pas te dépasser.

Charles Trenet

Cliquez sur la note : Second

Notes : 

Pour nos suggestions et enregistrements précédents, cliquez ICI.

paul

Lectures

Note :

Les textes qui suivent - et les précédents - ne doivent pas être considérés comme de véritables critiques au sens de «jugements basés sur les mérites, défauts, qualités et imperfections» des livres, revues ou adaptations cinématographiques qui y sont mentionnés. Ils se veulent surtout être de commentaires, souvent sans rapport direct avec les oeuvres au sujet desquelles les chroniqueurs qui les signent désirent donner leurs opinions, opinions que n'endosse pas nécessairement la direction du Castor™ ni celle de l'Université de Napierville.

Henri Justin : 
Edgar Allan Poe - Contes policier et autres
Classiques Garnier - 2014

Voir la chronique de Copernique et l'extrait du mois.

***

John le Carré
L'héritage des espions
(Traduction française de The Legacy of Spy par Isabelle Perrin)
Roman Seuil - 2018

 Babelio :

«Agrégée d'anglais, docteur ès lettres, Isabelle Perrin est maître de conférences à l'université Paris-III-Sorbonne-nouvelle où elle enseigne la linguistique, le thème et la version.

Elle mène une double vie depuis 1986, date à laquelle sa mère Mimi Perrin (1926-2010) a eu la riche idée de lui transmettre le virus de la traduction littéraire professionnelle. 

Le duo a cosigné la traduction de près d’une trentaine d’ouvrages, dont tous les romans de John le Carré depuis "La Maison Russie".

Le duo de Mimi et Isabelle Perrin est bien connu des amateurs de Le Carré qui lisent ses romans en français.

Je m'y réfère souvent quand, une expression intraduisible de Le Carré (qui s'y connaît) apparaît dans un des textes dont lui seul a le secret et que je me demande comment on peut les adapter dans une langue autre que la sienne et, à chaque fois, que j'en trouve une, je la note pour, ensuite, trouver son équivalent chez cette mère et sa fille et je suis rarement déçu. - On n'est pas là chez Google Translate.

Je suppose que Le Carré, qui parle un français fort respectable, ne les a pas pigées au hasard et, traduction pour traduction - il a effectué un choix judicieux.

Laissez-moi vous donner quelques exemples du vocabulaire, du type d'expressions utilisées par les personnages de Le Carré et de la façon dont il combine ces expressions dans un rythme syntaxique qu'Isabelle Perrin traduit généralement avec brio même si, par sa nature même, la langue de Le Carré est intraduisible : 

Le Carré :

«To cry cock-up.»

Isabelle Perrin :

«Crier au fiasco»

Le Carré :

«Alec fired up too easily.»

Isabelle Perrin :

«Il montait vite en mayonnaise.»

Le Carré :

«I had lulled myself into believing that with all this tittle-tattle we might be drifting into less perilous waters.»

Isabelle Perrin :

«J'avais relâché ma vigileance au point de penser que tout ce bavardage nous entraînait dans des eaux moins périlleuses.»

Le Carré :

... [She was no longer talking to me as one talks to a] «slow-witted older man who doesn’t hear too well.»

Isabelle Perrin :

... [Elle ne me parlait plus comme on parle à] «un senior un peu dur de la feuille et long à la détente.»

Le Carré :

... [She had] «"a child ?" I hear myself ask.» - «A feisty edition of herself, on present showing. She had just turned fifteen when she was knocked up by some oaf at her local grammar.»

Isabelle Perrin :

... [Elle a eu] «"un enfant ?"»  - «Une version d'elle un peu bagarreuse, à ce qu'on peut en voir.» [Elle] «avait tout juste quinze ans quand elle s'est fait engrossée par un crétin de son lycée.»

Le Carré :

«When you’re cornered, when you’ve tried all the tricks in your locker and they haven’t worked, there aren’t many ways left to wriggle. You can spin the story within the story. I’d done that, and it hadn’t worked. You can try a partial hangout and hope it ends there. I’d done that too, but it hadn’t ended there. So you accept that you’ve reached the end of the road, and the only option left to you is be bold, tell the truth, or as little as you can get away with, and earn a few Brownie points for being a good boy – none of which struck me as a very likely outcome, but it might at least get me my passport back.»

Isabelle Perrin :

«Quand on a le dos au mur, quand on a usé en vain tous les subterfuges qu'on avait en stock, on n'a plus beaucouop de marge de manoeuvre. On peut broder : je l'ai fait et ça n'a pas marché. On peut tenter des révélations partielles et espérer que cela suffira ; je l'ai fait aussi et ça n'a pas suffi. Alors il faut accepter qu'on a atteint le bout du chemin et que la seule option restante est d'avoir l'audace de dire la vérité, ou le minimun de vérité possible, et de gagner quelques bons points pour avoir été sage... Je n'y crois guère, mais au moins pourrai-je peut-être récupérer mon passeport.»

Essentiellement, on ne se trompe pas avec les Perrin traduisant Le Carré. - Ne manque que la musique !

 Copernique Marshall

***

À propos des livers sur la musique...

Je converse souvent avec les musiciens qui passent au Dièse Onze, un club de jazz sur la rue St-Denis, à Montréal . J'étais là justement la semaine dernière pour entendre Christine Tassan et les Imposteures ; je reviendrai d'ailleurs, le mois prochain sur Christine et les Imposteures sur son ou leur style de jeu. Tous sont surpris d'apprendre qu'un non-musicien comme moi s'intéresse avec passion à leur musique ; étonnés, parfois, du nombre de grands jazzmen que j'ai vus et entendus, ici à Montréal, à New York, à Chicago et même à Vancouver. J'ai, en effet, assisté à des prestations de : Louis Armstrong, Miles Davis, Dizzie Gillespie, du Modern Jazz Quartet, de Thelonius Monk, Gerry Mulligan, J. J. Johnson, Coleman Hawkins et une foule d'autres dont Charles Mingus, Errol Garner etc... y compris certains grands orchestres tels que ceux de Duke Ellington et de Count Basie. «Je suis vieux», que je leur dis. Mais pas assez pour avoir vu Charlie Parker, Billie Holiday, Django Reinhardt et plusieurs autres, quoique j'ai vu et entendu Sweet Emma Barrett.

Ce qu'ils ne savent pas, c'est que je m'intéresse à tous les genres de musique : du classique à la musique populaire française, anglaise, italienne, américaine, folklorique et même sud-américaine et quand je dis cela, je pense toujours - je crois l'avoir déjà mentionné dans une de mes chroniques - à Thelonius Monk qui s'est fait demander un jour quels genres de musique il écoutait. «Tous les genres» a-t-il répondu. - «Même le Country and Western ?» insista l'interviewer. - Monk se tourna alors vers son attaché de presse et lui demanda : «Est-ce que le Monsieur est sourd ?» - dans mon cas, quand même, y'a des exceptions :

Je déteste la musique hawaïenne ; au point où je me dis qu'une région qui a inventé une musique semblable ne mérite pas d'être visitée. - Pas très friands non plus de la muisque de l'Afrique du Nord ou du Moyen-Orient. Quant à la musique japonaise ou chinoise, je ne peux pas me prononcer car je n'y entends rien de rien. M'enfin...

Je parle rarement de musique quand même, sauf irrégulièrement à des musiciens et toujours pour leur poser des questions. Ciel Dieu ! Ils en connaissent beaucoup plus que moi ! - Mon expérience quand même m'a enseigné que la plupart des gens, y compris de grands mélomanes, tendent à se limiter à un genre de musique et même à certaines périodes à l'intérieur de ce genre. Ainsi les amateurs de musique classique vont du pré-baroque au baroque, mais pas plus loin, ou encore ils écoutent Mozart et Beethoven, mais  ne font pas d'incursions du côté d'Haydn ou de Mahler, d'autres écoutent Scriabin, Shostakovitch et même John Cage, mais ils ont beaucoup de difficultés avec Ravel ou Debussy... - Même chose du côté de la musique populaire. Dans l'anglophone, ils sont à l'aise avec les Beatles, les Stones et les Beach Boys, mais s'arrêtent au disco. et ne remontent jamais à la grande période des crooners ou du Swing. - Dans la française, ils sont à l'aise (un exemple) avec Brassens-Brel-Ferré (et même Ferrat), mais ils ne les précèdent jamais de Trenet ni les suivent avec Renaud. - Et j'ai parlé du Blues le mois dernier.

Parfois, mais rarement (j'insiste !)-, out of nowhere, un ou une jeune me demande si je connais un bon livre sur la musique dans lequel il pourrait en apprendre un peu plus sur les symphonies de Beethoven, sur le jazz et même la chanson française.

De ces livres, j'en ai une bibliothèque pleine. Il en existe deux types, trois si l'on compte parmi eux les compilations d'enregistrements accompagnés d'énormes livrets : 1 - les livres généraux (L'époque Yé-Yé - Les grands moments du Rock, etc.) et 2 - ceux à base de biographies d'auteurs, compositeurs ou interprètes. Mais, au fil des ans, j'ai été à même de constater qu'à lire avec attention les notes accompagnant les disques, particulièrement du domaine du jazz ou du classique, on en apprend plus sur ce qui est considéré comme d'excellentes interprétations (ou compositions) que ce qu'on peut lire dans des volumes traitant d'un sujet, d'un interprète ou d'un compositeur en particulier. (Sans oublier les paroliers ou lyricistes).

Chose certaine : la musique est faite pour être écoutée et non être décrite que ce soit par de grands amateurs ou des spécialistes. Et l'on ne saurait trop insister, avant de passer à de la musique enregistrée, d'aller le plus souvent à des récitals ou des concerts. - Si vous n'avez jamais enetndu live une viole de gambe, vous ne saurez jamais être en mesure de reconstituer dans votre cerveau son unique sonorité car, inutile d'insister, les enregistreements ne sont là que pour nous rappeler ce qu'on a déjà entendu ou ce qu'on devrait entendre.

Il faut souligner quand même que, accompagnant certains disques, on retrouvera souvent des commentaires inutiles qui vous encourargera à acheter d'autres disques du même chef d'orchestre, pianiste, violoncelliste, soprano,  etc.  - Attention tout de même: les distributeurs d'enregistrements n'ont aucun intérêt à ce que les notes qui les accompagnent mentionnent que ce que vous allez entendre est une interprétation sans valeur. On dira dans ce cas : «historique»...

Cela étant dit, puisqu'on m'a demandé récemment de citer quelques bons livres sur le jazz, j'en ai relus six ou sept récemment et je vous reviendrai le mois prochain avec d'autres commentaires.

Paul Dubé

L'extrait du mois

Note :

L'extrait, ce mois-ci consiste en le début d'un conte d'Edgar Allan Poe paru pour la première fois dans le Graham's Magazine en 1841, The Murders in the rue Morgueet auquel Copernique Marshall fait référence dans sa chronique,

Nous en donnons trois versions : celle, originelle, de Poe, la traduction légendaire de Charles Baudelaire (édition de 1869) et une récente traduction par le spécialiste de la littérature américaine Henri Justin paru chez Garnier en 2014 (sans les notes en bas de page).

Le tout est précédé de commentaires de Copernique.

Edgar Allan Poe - The Murders in the Rue Morgue - 1841

Double assassinat dans la rue Morgue (Traduction de Charles Baudelaire)

Les meurtres de la rue Morgue (Traduction d'Henri Justin)

***

  Commentaires de Copernique Marshall :  

En rédigeant pour cette édition du Castor™ ma chronique sur L'intelligence artificielle (voir ci-dessus), je suis allé vérifier dans Le double assassinat dans la rue Morgue d'Edgar Allan Poe si je ne me trompais pas sur les propos qu'il y tenait, au tout début, en guise d'introduction à son célèbre détective amateur, C. Auguste Dupin, l'analyste par excellence. Or, n'ayant pas à ma disposition la version originelle anglaise ni sur papier et loin temporairement d'un accès à l'Internet, je me suis rabattu sur la seule traduction que j'ai pu trouver rapidement soit celle de Charles Baudelaire sur le titre de laquelle je vais revenir à la fin pour souligner que je n'ai pas compris sur le coup la dernière phrase de l'extrait que l'on cite aujourd'hui sous cette rubrique.

Cette dernière phrase, la voici :

"En somme, on verra que l’homme ingénieux est toujours plein d’imaginative, et que l’homme vraiment imaginatif n’est jamais autre chose qu’un analyste."

"Plein d'imaginative" ? Qu'est-ce que cela peut bien signifier, me suis-je dit car je ne savais pas que le mot "imaginative" pouvait exister en tant que substantif ou nom. Je l'ai retrouvé en tant que telle, par la suite, dans le disctionnaire de l'Académie Française de l'époque de Baudelaire où l'on disait, entre autres, que le mot imaginatif pouvait quelquefois être utilisé comme nom féminin [familièrement], i.e. : "Imaginative" en tant que "faculté, la puissance par laquelle on imagine.", mais qu' il "avait vieilli dans cette acceptation." - Cela ne m'éclaira guère. Alors je suis allé, par la suite, du côté de l version originelle où Poe disait :

"It will be found, in fact, that the ingenious are always fanciful, and the truly imaginative never otherwise than analytic."

Finalement, j'ai retrouvé une deuxième traduction par un spécialiste de Poe, le professeur Henri Justin qui a publié, en 2014, chez Classiques Garnier, "Edgar Allan Poe : Contes policiers et autres", un véritable délice non seulement pour les amateurs de Poe, mais sur la traduction en générale. Son livre, en effet, contient non seulement la traduction de douze contes de Poe, mais un appareil critique considérable sur le texte lui-même, tel que publié à l'origine, et sur le pourquoi il (le Professeur Justin) a traduit tel mot ou telle expression par tel ou telle autre en faisant beaucoup référence à la traduction de Baudelaire.

J'y reviens à l'instant, mais auparavant, voici sa traduction de la phrase ci-dessus que je finis par en comprendre le sens véritable :

"On constatera, en fait, que l'ingénieux fait toujours preuve de fantaisie et que le détenteur de la vraie imagination ne manque jamais de puissance d'analyse."

Évidemment, on ne peut pas reprocher  à Baudelaire d'avoir traduit Poe élégamment, mais souvent incorrectement, même avec sa connaissance de l'anglais (qui était beaucoup plus que sommaire), parfois en inversant le sens de certaines phrases ou en utilisant des mots de son époque car il n'avait pas à sa disposition les outils (dictionnaires, aides grammaticaux, pré-traductions, etc.) disponibles aujourd'hui à quiconque a accès à l'Internet, et le professeur Henri Justin lui rend en ce sens justice tout en approfondissant certains passages plus ou moins obscurs de Poe dont la langue était - disons-le - assez particulière où - permettez que j'avance ce qui suit - dans son utilisation de mots rares, d'expressions parfois surannées dont le but, justement, était de rendre mystérieux et fantastiques  ses Tales of the Grotesque and Arabesque, y compris son Arthur Gordon Pym.

Prenez le titre de ce conte "de la rue Morgue" par exemple :

En anglais, Poe l'intitula : "The Murders in the rue Morgue". Baudelaire traduisit ces Murders par le mot "Assassinats" ce qui, pour tous ceux qui n'ont pas lu ce conte, laisse supposer qu'il y a eu pour ces Murders un coupable. Or, son sait qu'il n'y pas de véritable coupable dans cette affaire. D'où la traduction plus exacte du Professeur Justen de "Les meurtres de la rue Morgue" qui précise ce genre de détails dans ses innombrables notes en bas de page qui, à elles seules, sont parfois plus intéressantes que les contes de Poe !

À propos de la phrase à l'origine de ces remarques, on trouvera, autre exemple, son commentaire suivant :

"L'origine distingue "fancy" de "imaginative". Poe avait trouvé la distinction chez Coleridge. La "fancy" disperse l'attention, l'"imagination" l'unifie au-delà des apparences."

Enfin, vous pourrez constater par vous-mêmes en comparant les trois versions, Poe-Baudelaire-Justin, dans les extraits qui suivent, extraits qui précède l'apparition, dans la fiction, du premier détective amateur, quarante-six ans avant la publication de "A Study in Scarlet" d'Arthur Conan Doyle qui nous fit connaître pour la première fois Sherlock Holmes.

   Copernique Marshall

P.-S. : Si ce genre de discussions vous intéresse, vous pourrez entendre le Professeur Justin dans une mini-conférence sur la Toile :

https://www.youtube.com/watch?v=AjdUDOupDjQ

***

Edgar Allan Poe :

The mental features discoursed of as the analytical, are, in themselves, but little susceptible of analysis. We appreciate them only in their effects. We know of them, among other things, that they are always to their possessor, when inordinately possessed, a source of the liveliest enjoyment. As the strong man exults in his physical ability, delighting in such exercises as call his muscles into action, so glories the analyst in that moral activity which disentangles. He derives pleasure from even the most trivial occupations bringing his talent into play. He is fond of enigmas, of conundrums, hieroglyphics; exhibiting in his solutions of each a degree of acumen which appears to the ordinary apprehension praeternatural. His results, brought about by the very soul and essence of method, have, in truth, the whole air of intuition.

The faculty of re-solution is possibly much invigorated by mathematical study, and especially by that highest branch of it which, unjustly, and merely on account of its retrograde operations, has been called, as if par excellence, analysis. Yet to calculate is not in itself to analyze. A chess-player, for example, does the one, without effort at the other. It follows that the game of chess, in its effects upon mental character, is greatly misunderstood. I am not now writing a treatise, but simply prefacing a some-what peculiar narrative by observations very much at random; I will, therefore, take occasion to assert that the higher powers of the reflective intellect are more decidedly and more usefully tasked by the unostentatious game of draughts than by all the elaborate frivolity of chess. In this latter, where the pieces have different and bizarre motions, with various and variable values, what is only complex, is mistaken (a not unusual error) for what is profound. The attention is here called powerfully into play. If it flag for an instant, an oversight is committed, resulting in injury or defeat. The possible moves being not only manifold, but involute, the chances of such oversights are multiplied; and in nine cases out of ten, it is the more concentrative rather than the more acute player who conquers. In draughts, on the contrary, where the moves are unique and have but little variation, the probabilities of inadvertence are diminished, and the mere attention being left comparatively unemployed, what advantages are obtained by either party are obtained by superior acumen. To be less abstract, let us suppose a game of draughts where the pieces are reduced to four kings, and where, of course, no oversight is to be expected. It is obvious that here the victory can be decided (the players being at all equal) only by some recherche movement, the result of some strong exertion of the intellect. Deprived of ordinary resources, the analyst throws himself into the spirit of his opponent, identifies himself therewith, and not unfrequently sees thus, at a glance, the sole methods (sometimes indeed absurdly simple ones) by which he may seduce into error or hurry into miscalculation.

Whist has long been known for its influence upon what is termed the calculating power; and men of the highest order of intellect have been known to take an apparently unaccountable delight in it, while eschewing chess as frivolous. Beyond doubt there is nothing of a similar nature so greatly tasking the faculty of analysis. The best chess-player in Christendom may be little more than the best player of chess; but proficiency in whist implies a capacity for success in all these more important undertakings where mind struggles with mind. When I say proficiency, I mean that perfection in the game which includes a comprehension of all the sources whence legitimate advantage may be derived. These are not only manifold, but multiform, and lie frequently among recesses of thought altogether inaccessible to the ordinary understanding. To observe attentively is to remember distinctly; and, so far, the concentrative chess-player will do very well at whist; while the rules of Hoyle (themselves based upon the mere mechanism of the game) are sufficiently and generally comprehensible. Thus to have a retentive memory, and proceed by “the book” are points commonly regarded as the sum total of good playing. But it is in matters beyond the limits of mere rule that the skill of the analyst is evinced. He makes, in silence, a host of observations and inferences. So, perhaps, do his companions; and the difference in the extent of the information obtained, lies not so much in the validity of the inference as in the quality of the observation. The necessary knowledge is that of what to observe. Our player confines himself not at all; nor, because the game is the object, does he reject deductions from things external to the game. He examines the countenance of his partners, comparing it carefully with that of each of his opponents. He considers the mode of assorting the cards in each hand; often counting trump by trump, and honor by honor, through the glances bestowed by their holders upon each. He notes every variation of face as the play progresses, gathering a fund of thought from the differences in the expression of certainty, of surprise, of triumph, or chagrin. From the manner of gathering up a trick he judges whether the person taking it, can make another in the suit. He recognizes what is played through feint, by the manner with which it is thrown upon the table. A casual or inadvertent word; the accidental dropping or turning of a card, with the accompanying anxiety or carelessness in regard to its concealment; the counting of the tricks, with the order of their arrangement; embarrassment, hesitation, eagerness, or trepidation–all afford, to his apparently intuitive perception, indications of the true state of affairs. The first two or three rounds having been played, he is in full possession of the contents of each hand, and thenceforward puts down his cards with as absolute a precision of purpose as if the rest of the party had turned outward the faces of their own.

The analytical power should not be confounded with simple ingenuity; for while the analyst is necessarily ingenious, the ingenious man is often remarkably incapable of analysis. The constructive or combining power, by which ingenuity is usually manifested, and to which the phrenologists (I believe erroneously) have assigned a separate organ, supposing it a primitive faculty, has been so frequently seen in those whose intellect bordered otherwise upon idiocy, as to have attracted general observation among writers on morals. Between ingenuity and the analytic ability there exists a difference far greater, indeed, than that between the fancy and the imagination, but of a character very strictly analogous. It will be found, in fact, that the ingenious are always fanciful, and the truly imaginative never otherwise than analytic.

  Charles Baudelaire :  

Les facultés de l’esprit qu’on définit par le terme analytiques sont en elles-mêmes fort peu susceptibles d’analyse. Nous ne les apprécions que par leurs résultats. Ce que nous en savons, entre autre choses, c’est qu’elles sont pour celui qui les possède à un degré extraordinaire une source de jouissances des plus vives. De même que l’homme fort se réjouit dans son aptitude physique, se complaît dans les exercices qui provoquent les muscles à l’action, de même l’analyse prend sa gloire dans cette activité spirituelle dont la fonction est de débrouiller. Il tire du plaisir même des plus triviales occasions qui mettent ses talents en jeu. Il raffole des énigmes, des rébus, des hiéroglyphes ; il déploie dans chacune des solutions une puissance de perspicacité qui, dans l’opinion vulgaire, prend un caractère surnaturel. Les résultats, habilement déduits par l’âme même et l’essence de sa méthode, ont réellement tout l’air d’une intuition. 

Cette faculté de résolution tire peut-être une grande force de l’étude des mathématiques, et particulièrement de la très haute branche de cette science, qui, fort improprement et simplement en raison de ses opérations rétrogrades, a été nommée l’analyse, comme si elle était l’analyse par excellence. Car, en somme, tout calcul n’est pas en soi une analyse. Un joueur d’échecs, par exemple, fait fort bien l’un sans l’autre. Il suit de là que le jeu d’échecs, dans ses effets sur la nature spirituelle, est fort mal apprécié. Je ne veux pas écrire ici un traité de l’analyse, mais simplement mettre en tête d’un récit passablement singulier quelques observations jetées tout à fait à l’abandon et qui lui serviront de préface. 

Je prends donc cette occasion de proclamer que la haute puissance de la réflexion est bien plus activement et plus profitablement exploitée par le modeste jeu de dames que par toute la laborieuse futilité des échecs. Dans ce dernier jeu, où les pièces sont douées de mouvements divers et bizarres, et représentent des valeurs diverses et variées, la complexité est prise – erreur fort commune – pour de la profondeur. L’attention y est puissamment mise en jeu. Si elle se relâche d’un instant, on commet une erreur, d’où il résulte une perte ou une défaite. Comme les mouvements possibles sont non seulement variés, mais inégaux en puissance, les chances de pareilles erreurs sont très multipliées ; et dans neuf cas sur dix, c’est le joueur le plus attentif qui gagne et non pas le plus habile. Dans les dames, au contraire, où le mouvement est simple dans son espèce et ne subit que peu de variations, les probabilités d’inadvertance sont beaucoup moindres, et l’attention n’étant pas absolument et entièrement accaparée, tous les avantages remportés par chacun des joueurs ne peuvent être remportés que par une perspicacité supérieure. 

Pour laisser là ces abstractions, supposons un jeu de dames où la totalité des pièces soit réduite à quatre dames, et où naturellement il n’y ait pas lieu de s’attendre à des étourderies. Il est évident qu’ici la victoire ne peut être décidée, – les deux parties étant absolument égales, – que par une tactique habile, résultat de quelque puissant effort de l’intellect. Privé des ressources ordinaires, l’analyste entre dans l’esprit de son adversaire, s’identifie avec lui, et souvent découvre d’un seul coup d’œil l’unique moyen – un moyen quelquefois absurdement simple – de l’attirer dans une faute ou de le précipiter dans un faux calcul. 

On a longtemps cité le whist pour son action sur la faculté du calcul ; et on a connu des hommes d’une haute intelligence qui semblaient y prendre un plaisir incompréhensible et dédaigner les échecs comme un jeu frivole. En effet, il n’y a aucun jeu analogue qui fasse plus travailler la faculté de l’analyse. Le meilleur joueur d’échecs de la chrétienté ne peut guère être autre chose que le meilleur joueur d’échecs ; mais la force au whist implique la puissance de réussir dans toutes les spéculations bien autrement importantes où l’esprit lutte avec l’esprit. 

Quand je dis la force, j’entends cette perfection dans le jeu qui comprend l’intelligence de tous les cas dont on peut légitimement faire son profit. Ils sont non seulement divers, mais complexes, et se dérobent souvent dans des profondeurs de la pensée absolument inaccessibles à une intelligence ordinaire. 

Observer attentivement, c’est se rappeler distinctement ; et, à ce point de vue, le joueur d’échecs capable d’une attention très intense jouera fort bien au whist, puisque les règles de Hoyle, basées elles mêmes sur le simple mécanisme du jeu, sont facilement et généralement intelligibles. 

Aussi, avoir une mémoire fidèle et procéder d’après le livre sont des points qui constituent pour le vulgaire le summum du bien jouer. Mais c’est dans les cas situés au-delà de la règle que le talent de l’analyste se manifeste ; il fait en silence une foule d’observations et de déductions. Ses partenaires en font peutêtre autant ; et la différence d’étendue dans les renseignements ainsi acquis ne gît pas tant dans la validité de la déduction que dans la qualité de l’observation. L’important, le principal est de savoir ce qu’il faut observer. Notre joueur ne se confine pas dans son jeu, et, bien que ce jeu soit l’objet actuel de son attention, il ne rejette pas pour cela les déductions qui naissent d’objets étrangers au jeu. Il examine la physionomie de son partenaire, il la compare soigneusement avec celle de chacun de ses adversaires. Il considère la manière dont chaque partenaire distribue ses cartes ; il compte souvent, grâce aux regards que laissent échapper les joueurs satisfaits, les atouts et les honneurs, un à un. Il note chaque mouvement de la physionomie, à mesure que le jeu marche, et recueille un capital de pensées dans les expressions variées de certitude, de surprise, de triomphe ou de mauvaise humeur. À la manière de ramasser une levée, il devine si la même personne en peut faire une autre dans la suite. Il reconnaît ce qui est joué par feinte à l’air dont c’est jeté sur la table. Une parole accidentelle, involontaire, une carte qui tombe, ou qu’on retourne par hasard, qu’on ramasse avec anxiété ou avec insouciance ; le compte des levées et l’ordre dans lequel elles sont rangées ; l’embarras, l’hésitation, la vivacité, la trépidation, – tout est pour lui symptôme, diagnostic, tout rend compte de cette perception, – intuitive en apparence, – du véritable état des choses. Quand les deux ou trois premiers tours ont été faits, il possède à fond le jeu qui est dans chaque main, et peut dès lors jouer ses cartes en parfaite connaissance de cause, comme si tous les autres joueurs avaient retourné les leurs. 

La faculté d’analyse ne doit pas être confondue avec la simple ingéniosité ; car, pendant que l’analyste est nécessairement ingénieux, il arrive souvent que l’homme ingénieux est absolument incapable d’analyse. La faculté de combinaison, ou constructivité, à laquelle les phrénologues – ils ont tort, selon moi, – assignent un organe à part, en supposant qu’elle soit une faculté primordiale, a paru dans des êtres dont l’intelligence était limitrophe de l’idiotie, assez souvent pour attirer l’attention générale des écrivains psychologistes. Entre l’ingéniosité et l’aptitude analytique, il y a une différence beaucoup plus grande qu’entre l’imaginative et l’imagination, mais d’un caractère rigoureusement analogue. En somme, on verra que l’homme ingénieux est toujours plein d’imaginative, et que l’homme vraiment imaginatif n’est jamais autre chose qu’un analyste.
 

   Henri Justin :

Les facultés mentales que l'on qualifie d'analytiques ne sont, en elles-mêmes, que fort peu susceptibles d'analyse. Nous ne les apprécions qu'en leurs effets. Nous savons d'elles, entre autres choses, que dès qu'elles occupent une part disproportionnée de l'esprit, elles sont source, pour leur détenteur, des joies les plus vives. De même que l'athlète puise dans ses aptitudes physiques un sentiment de triomphe et fait son régal des exercices qui appellent ses muscles à l'action, de même l'analyste exulte dans cette activité mentale qui consiste à démêler. Il tire plaisir des activités même les plus banales dès lors qu'elles sollicitent son talent. Il a le goût des énigmes, des rébus, des hiéroglyphes; il fait preuve, dans la résolution de chaque problème, d'un degré de pénétration qui apparaît à la raison commune comme surnaturel. Ses résultats, obtenus par la quintessence de la méthode, ont tout l'air, en vérité, de tenir de l'intuition.

Il est possible que cette faculté de résolution soit fortement stimulée par les études mathématiques et plus particulièrement par leur branche la plus haute, celle qui, improprement et sur la seule considération de ses opérations rétrogrades, a été nommée analyse comme si elle était l'analyse par excellence`. Mais le calcul n'est pourtant pas, en soi, l'analyse. Le joueur d'échecs, par exemple, pratique l'un sans s'inquiéter de l'autre. D'où il suit que le jeu d'échecs, dans ses effets sur la tournure de l'esprit, est l'objet d'une grande méprise. Comme je ne suis pas ici en train de rédiger un traité, mais simplement de préfacer un récit quelque peu spécial par des observations jetées comme elles me viennent, je vais prendre cette occasion d'affirmer que l'intelligence réflexive, sommet de l'esprit, est plus incontestablement et plus utilement requise par le modeste jeu de dames que par toute la futile technicité du jeu d'échecs. Dans ce dernier, où des pièces différentes ont des mouvements différents et bizarres ainsi que des valeurs variées et variables, c'est la simple complexité qui est prise - erreur fort commune - pour de la profondeur. C'est l'attention qui, en ce cas, est puissamment sollicitée. Qu'elle fléchisse un instant, une étourderie est commise, entraînant revers ou défaite. Les coups possibles étant non seulement nombreux, mais intriqués, les risques de pareilles erreurs sont multipliés et dans neuf cas sur dix c'est le joueur le plus concentré, plutôt que le plus pénétrant, qui l'emporte. Dans le jeu de dames, au contraire, où les déplacements suivent une règle unique qui n'engendre que peu de variantes', les probabilités d'inadvertance sont réduites et, la simple attention restant relativement inoccupée, les avantages conquis par l'un ou l'autre joueur le sont par sa plus grande pénétration. Mais sortons des abstractions : supposons une partie où la totalité des pièces a été réduite à quatre dames et où, par conséquent, il n'y a pas lieu de s'attendre à la moindre étourderie. Il est évident qu'en ce cas (et en supposant les deux joueurs de force comparable) seule pourra décider de la victoire quelque manoeuvre subtile résultant d'un puissant effort de l'intelligence. Privé des ressources ordinaires, l'analyste se projette dans l'esprit de son adversaire, s'identifie à lui et bien souvent découvre ainsi d'un coup d'oeil l'unique tactique (ridiculement simple, parfois) par laquelle il va pouvoir attirer dans un piège ou précipiter dans un faux calcul.
Le whist, quant à lui, a depuis lontemps la réputation d'agir sur ce qu'on nomme la faculté dit calcul; or on a vu des hommes de l'ordre intellectuel le plus élevé y goûter des délices apparemment inexplicables, alors qu'ils fuyaient les échecs, les jugeant futiles`. En fait, il est hors de doute que rien de comparable au whist n'exige autant de la faculté d'analyse. Le meilleur joueur d'échecs de la chrétienté peut ne pas être beaucoup plus que son meilleur joueur d'échecs - alors qu'une vraie compétence au whist implique l'aptitude à réussir dans toutes ces entreprises autrement importantes où l'esprit est aux prises avec l'esprit. Quand je dis compétence, j'entends cette perfection de jeu qui inclut la conscience de toutes les sources où puiser un avantage légitime. Elles sont non seulement multiples, mais multiformes, et gisent fréquemment dans des replis de la pensée totalement inaccessibles à l'entendement ordinaire. Lobservation attentive fait le souvenir distinct : à ce stade, le joueur d'échecs capable de concentration réussira fort bien au whist; d'ailleurs, les règles de Hoyle (fondées elles aussi sur la seule mécanique du jeu) sont d'une clarté dont la plupart des gens peuvent se contenter. Ainsi, une mémoire solide et une procédure orthodoxe sont communément considérées comme l'alpha et l'oméga du bien jouer. Mais c'est au-delà des limites de la règle que se manifeste la compétence de l'analyste. Il fait en silence une foule d'observations et d'inférences. Ses partenaires aussi, peut-être. Létendue des informations obtenues dépendra moins de la validité des inférences que de la qualité de l'observation. Ce qu'il faut savoir, c'est quoi observer. Notre joueur ne se ferme à rien : ce n'est pas parce que le jeu est l'objet visé qu'il va rejeter des déductions faites à partir d'éléments extérieurs. Il examine la physionomie de son partenaire, la compare soigneusement avec celle de chacun de ses adversaires. Il étudie le mode de regrotjpement des cartes dans chaque main, comptant souvent un à un les atouts et les honneurs en fonction des regards qui leur sont réservés. Il note chacune des nuances (lui passent sur les visages au cours du jeu, capitalisant les différences observées dans l'expression , de la certitude, de la surprise, du triomphe ou de la contrariété. À sa manière de ramasser une levée, il juge si la personne peut en faire une autre dans la couleur. Il reconnaît ce qui est joué par feinte à l'air dont c'est jeté sur la table. Le mot de simple conversation comme le mot qui échappe, la carte qui tombe comme celle qui se retourne par accident - et l'anxiété ou l'insouciance du geste de la dérober aux regards, - le comptage des levées comme l'ordre dans lequel elles sont disposées, l'embarras, l'hésitation, l'empressement ou la nervosité, tout fournit à sa perception - intuitive en apparence - des indications sur la vraie configuration de la partie. Après deux ou trois tours, il possède à fond le détail de chaque main et dès lors il abat ses cartes selon un plan d'une précision aussi absolue que si les autres joueurs avaient tourné vers l'extérieur la face lisible des leurs.

La puissance analytique ne devrait pas être confondue avec la simple ingéniosité, car alors que l'analyste est nécessairement ingénieux, souvent l'homme ingénieux est remarquablement incapable d'analyse. La faculté de combinaison, ou constructivité, par laquelle se manifeste habituellement cette ingéniosité et à laquelle les phrénologues ont assigné (à tort, je crois) un organe à part, en faisant une faculté élémentaire', a si souvent été observée chez des sujets dont l'intelligence frisait par ailleurs l'idiotie que le fait a été noté par tous les auteurs traitant de l'esprit'. Entre l'ingéniosité et l'aptitude à l'analyse il existe une différence bien plus grande, c'est vrai, qu'entre la fantaisie et l'imagination', mais une différence de nature rigoureusement analogue. On constatera, en fait, que l'ingénieux fait toujours preuve de fantaisie et que le détenteur de la vraie imagination ne manque jamais de puissance d'analyse.

Portrait


François de Salignac de La Mothe-Fénelon dit Fénelon, né le 6 août 1651 au château de Fénelon à Sainte-Mondane et mort le 7 janvier 1715 à Cambrai

On reproche souvent à Saint-Simon d'avoir fait des portraits souvent caricaturaux et même vitrioliques. Il en fit plusieurs, mais quand il rencontra des personnages digne de son admiration, il se se limita pas à le décrire en quelques traits. En voici un qu'il fit, de Fénélon, et qui excuse tout ce qu'on peut, parfois lui reprocher. (Note de l'éditeur)

Ce prélat était un grand homme maigre, bien fait, pâle, avec un grand nez, des yeux dont le feu et l'esprit sortaient comme un torrent, et une physionomie telle que je n'en ai point vu qui y ressemblât, et qui ne se pouvait oublier, quand on ne l'aurait vue qu'une seule fois. Elle rassemblait tout, et les contraires ne s'y combattaient pas. Elle avait de la gravité et de la galanterie, du sérieux et de la gaieté; elle sentait également le docteur, l'évêque et le grand seigneur; ce qui y surnageait, ainsi que dans toute sa personne, c'était la finesse, l'esprit, les grâces, la décence et surtout la noblesse. Il fallait effort pour cesser de le regarder.

Tous ses portraits sont parlants, sans toutefois avoir pu attraper la justesse de l'harmonie qui frappait dans l'original, et la délicatesse de chaque caractère que ce visage rassemblait. Ses manières y répondaient dans la même proportion, avec une aisance qui en donnait aux autres, et cet air et ce bon goût qu'on ne tient que de l'usage de la meilleure compagnie et du grand monde, qui se trouvait répandu de soi­ même dans toutes ses conversations; avec cela une éloquence naturelle, douce, fleurie, une politesse insinuante, mais noble et proportionnée, une élocution facile, nette, agréable, un air de clarté et de netteté pour se faire entendre dans les matières les plus embarrassées et les plus dures; avec cela un homme qui ne voulait jamais avoir plus d'esprit que ceux à qui il parlait, qui se mettait à la portée de chacun sans le faire jamais sentir, qui les mettait à l'aise et qui semblait enchanter, de façon qu'on ne pouvait le quitter, ni s'en défendre, ni ne pas chercher à le retrouver.

C’est ce talent si rare, et qu'il avait au dernier degré, qui lui tint tous ses amis si entièrement attachés toute sa vie, malgré sa chute, et qui, dans leur dispersion, les réunissait pour se parler de lui, pour le regretter, pour le désirer, pour se tenir de plus en plus à lui, comme les Juifs pour Jérusalem, et soupirer après son retour, et l'espérer toujours, comme ce malheureux peuple attend encore et soupire après le Messie.

[...]

Retiré dans son diocèse, il y vécut avec la piété et l'application d'un pasteur, avec l'art et la magnificence d'un homme qui n'a renoncé à rien, qui se ménage tout le monde et toutes choses. Jamais homme n'a eu plus que lui la passion de plaire, et au valet autant qu'au maître; jamais homme ne l'a portée plus loin, avec une application plus suivie, plus constante; plus universelle; jamais homme n'y a plus entièrement réussi. Cambray est un lieu de grand abord et de grand passage; rien d'égal à la politesse, au discernement, à l'agrément avec lequel il recevait tout le monde.

[...]

Ses aumônes, ses visites épiscopales réitérées plusieurs fois l'année, et qui lui firent connaître par lui-même à fonds toutes les parties de son diocèse, la sagesse et la douceur de son gouvernement, ses prédications fréquentes dans la ville et dans les villages, la facilité de son accès, son humanité avec les petits, sa politesse avec les autres, ses grâces naturelles qui rehaussaient le prix de tout ce qu'il disait et faisait, le firent-adorer de son peuple, et les prêtres, dont il se déclarait le père et le frère et qu'il traitait tous ainsi, le portaient tous dans leurs cœurs.

[...]

Lui-même était un exemple toujours présent, mais auquel on ne pouvait atteindre; partout un vrai prélat, partout aussi un grand seigneur, partout encore l'auteur de Télémaque. Jamais un mot sur la cour, sur les affaires, quoi que ce soit qui pût être repris, ni qui sentît le moins du monde bassesse, regrets, flatterie; jamais rien qui pût seulement laisser soupçonner ni ce qu'il avait été, ni ce qu'il pouvait encore être. Parmi tant de grandes parties, un grand ordre dans ses affaires domestiques, et une grande règle dans son diocèse, mais sans petitesse, sans pédanterie, sans avoir jamais importuné personne d'aucun état sur la doctrine.

[...]

Il fit un court voyage de visite épiscopale ; il versa dans un endroit dangereux; personne ne fut blessé; mais il vit tout le péril, et eut dans sa faible machine toute la commotion de cet accident. Il arriva incommodé à Cambray ; la fièvre survint, et les accidents tellement coup sur coup qu'il n'y eut plus de remède; mais sa tête fut toujours libre et saine. Il mourut à Cambray le 7 janvier de cette année, au milieu des regrets intérieurs, et à la porte du comble de ses désirs.

Le courrier


Michel Guillemette - St-Joseph-de-la-Rive, Québec

Comment traduire en français l'expression «A stick and bubble gum contraption» ?

Le professeur Olaf de Huygens-Tremblay suggère : «Patente à gosse» ou, plus prosaïquement, «Un bidule» ou encore «Un truc à la noix».

Mme Ludmida Marquis - Winnipeg, Manitoba

Mille regrets, Madame, mais les dernières données scientifiques démontrent que l'univers n'a pas de centre et vous pouvez conséquemment en déduire que vous n'y vous trouvez pas.

M. Oscar Legendre

La meilleure diète sera toujours la même :

C55H104O  +   78O  +   exercice   ---->   55CO2   +   52H20

M. Théobald de Pierre - Paris 11e

Deux et deux font quatre. Depuis que l'humanité a découvert les mathématques, deux choses aditonnées à deux autres n'ont jamais été, en nombre, d'une quantité supérieure à cinq et inférieure à trois.  Statistiquement, donc, mais également empériquement, historiquement et en pratique (il ne faut pas oublier le côté pratique de l'existence), comme personne, à ce jour, a pu démontrer que deux et deux était autre chose qu'un nombre situé entre trois et cinq, vous n'avez aucune raison de vous en faire.

Dédicace


Cette édition du Castor est dédiée à :

Georges Lemaître
(1894-1966) 


Le mot de la fin


«Si j'ai réussi ? Je crois bien : je dois plus d'un milliard de dollars ! »

Walt Disney, peu avant de mourir. 

Bientôt, dans un cinéma près de chez vous :


Les trois vampires



Un film de propagande
©Trump Media Corp.

Autres sites à consulter 



Webmestre : France L'Heureux


Webmestre : Éric Lortie

 
Webmestres : Paul Dubé et Jacques Marchioro

Notes et autres avis


Clauses et conventions :

Le Castor™ de Napierville est le fruit de plusieurs interventions de la part d'une multitude d'intervenants :

  • En tête, son programmeur qui a pour tâche de transformer son contenu en fichiers HTML de telle sorte à ce qu'il puisse être diffusé en textes lisibles sur Internet

  • En arrière-plan, son éditeur qui réunit dans un ordre pré-établi les textes et images qui en font parti

  • Les chroniqueurs, chercheurs, concepteurs qui en rédigent chaque numéro.

  • Viennent ensuite les correcteurs, vérificateurs, inspecteurs et surveillants qui en assurent la qualité.

mais d'abord et avant tout :

  • Ses lecteurs dont les suggestions, apports directs et indirects en assurent la qualité et l'ordonnance.

Autres informations, conditions et utilisation

Le Castor™ de Napierville est publié une fois par mois, le premier lundi de chaque mois.

En haut, à gauche, à côté de la date, est indiqué le numéro de sa version ou de son édition. Le numéro1.0 indique sa première et suivent, selon les correctifs, ajouts ou autres modifications, les numéros 1.2, 1.3, 1.4.... 2.0, 2.1, 2.2 etc. - La version 3.0 indique qu'il s'agit de son édition finale qui, généralement, coïncide avec sa version destinée au marché américain, celle qui paraît en principe avant ou le jeudi suivant sa première édtion.

Si le Castor™ de Napierville a un siège social, il n'a pas de salle de rédaction et compte tenu de la situation géographique de chacun de ses collaborateurs, tout le ci-dessus processus se déroule in auditorium c'est-à-dire en présence du public via l'Internet.

Nous prions nos lecteurs, etc. 

Historique :

Fondé en 1900 par le Grand Marshall, le CASTOR DE NAPIERVILLE fut, à l'origine, un hebdomadaire et vespéral organe créé pour la défense des intérêts de l'Université de Napierville et de son quartier. - Il est, depuis le 30 septembre 2002, publié sous le présent électronique format afin de tenir la fine et intelligente masse de ses internautes lecteurs au courant des dernières nouvelles concernant cette communauté d'esprit et de fait qu'est devenu au fil des années le site de l'UdeNap, le seul, unique et officiel site de l'Université de Napierville.

De cet hebdomadaire publié sur les électroniques presses de la Vatfair-Fair Broadcasting Corporation grâce à une subvention du Ministère des Arts et de la Culture du Caraguay, il est tiré, le premier lundi de chaque mois, sept exemplaires numérotés de I à VII, sur papier alfa cellunaf et sur offset ivoire des papeteries de la Gazette de Saint-Romuald-d'Etchemin et trois exemplaires, numéroté de 1 à 3, sur offset de luxe des papeteries Bontemps constituant l'édition originale, plus trois exemplaires de luxe (quadrichromes) réservés au Professeur Marshall, à Madame France DesRoches et à Madame Jean-Claude Briallis, les deux du Mensuel Varois Illustré.

Autres informations :

1 - Sauf indications contraires : Tous droits réservés. - Copyright © UdeNap.org. - La reproduction de tout ou partie du matériel contenu dans cette édition du Castor™ est interdite sans l'autorisation écrite des auteurs.

2 - Malgré l'attention portée à la rédaction de ce journal, ses auteurs ou son éditeur ne peuvent assumer une quelconque responsabilité du fait des informations qui y sont proposées.

3 - Tel que mentionné ci-dessus : les erreurs de frappe, de date et autres incongruités contenues dans ce Castor™ seront ou ont déjà été corrigées dans sa version destinée au marché américain.

4 - La direction du Castor™ tient à préciser qu'aucun enfant n'est victime d'agressions sexuelles au cours de la préparation, pendant la rédaction et lors de la publication de son hebdomadaire.

.

 

Liens :


Le Castor™ - Index (2018, 2019, 2020)

Le Castor™ - Fondation et équipe originelle

Le Castor™ - Organes affiliés

*

Le Castor™ - Édition précédente

Le Castor™ - Édition suivante

Le Castor™ - Édition courante