Volume XXIX, n° 1 Le seul hebdomadaire de la région publié une fois par mois Le mardi 5 septembre 2017
     

La rentrée

Deuxième édition

Quoi ? - Mardi et non lundi ?

Exact : hier, lundi, était un jour férié.

Comme disait le regretté Cardinal Paul-Émile Léger : «Dieu dans sa Providence a su, pour que nous puissions la consacrer à son triomphe faire débuter toutes les années scolaires par une journée fériée. Remercions-le.» - À ce propos, Simon Popp qui en est là, a bien voulu ajouté qu'un jour férié, pour un retraité, est, et sera toujours, un jour où il se doit de se rendre à son travail. - Oui, mais lequel ? - Pour nos chroniqueurs, la question ne semble pas s'être posée.


Paul-Émile Léger
par
Jean-Paul Lemieux.

À lire, dans ce numéro, mais pas nécessairement dans l'ordre :

Proust est de retour. Dans sa version corrigée, accompagnée de quatre appendices dans lesquelles vous trouverez la plus longue phrase que l'on peut lire à l'intérieur d'À la recherche du temps perdu (sic), la préface d'André Maurois pour l'édition de 1952, des notes sur le texte de cette même édition et une très éclairante première vision de son premier volume par Jacques Madeleine du comité de lecture de l'éditeur Fasquelle, un de ceux qui ont refusé de publier Proust en 1912. - Textes de Paul Dubé et Copernique Marshall - Voyez ICI.

Copernique ? Il a lu un des livres bizarres d'un dénommé Faulkner, William de son prénom. Son titre ? «Tandis que j'agonise» («As I lay dying.») - Il nous en donne un compte rendu. - Et pour accompagner ce compte-rendu, nous joignons la préface qu'en a écrite Valéry Larbaud lors de sa parution en France, en 1934.

Simon s'en prend aux curés «à la mode». Georges est... aux funérailles. Jeff est... en éducationnement. Un poème et une chanson de deux gagnants de Prix Nobel.

Et la rentrée.

BLANC

 
Les chroniques précédentes de nos correspondants peuvent être consultées en cliquant sur ce lien .
 
      Simon Popp

L'Église repentante ou Les curés à la mode

Au cours des dernières années, je ne sais pas combien de fois j'ai entendu parler de «curés à la mode», de «prêtres à la page», d'«aimables abbés», non pas d'«ecclésiastiques éclairés» mais des gens comme «vous et moi » - ce qui doit me laisser supposer que l'Église s'est modernisée et que, si jamais il m'arrivait de rendre visite à un ex-porteur-de-soutane au presbytère où il réside, je me ferais offrir un verre et peut-être même un cigare.

Décidément, le monde a bien changé depuis qu'on a introduit les guitares dans les églises et que l'on fait jouer des chansons populaires lors de funérailles.

Ce qu'on semble avoir oublié, c'est qu'il y a des ex-fidèles qui se souviennent encore de l'ancienne Église, de celle, entre autres, où l'Église «triomphait», d'une certaine Église d'un certain cardinal qui, rentrant chez lui après avoir été élu au Sacré Collège, fut content de constater que «sa ville s'était faite belle pour accueillir son prince». - Cette Église-là n'était pas gentille du tout. Elle était bête, hargneuse, revendicatrice, hautaine et dédaigneuse. - À peu près comme son Dieu - du moins celui de son Ancien Testament - qui, selon Richard Dawson, fut :

«... de tous les personnages fictifs, sans doute le plus désagréable. - Il était jaloux et orgueilleux tout en étant d'une petitesse injuste et impitoyable. C'était un génocide vindicatif et assoiffé de sang ; un misogyne, homophobe, raciste, infanticide, filicide, pestilentiel, mégalomaniaque, sadomasochiste en plus d'être une brute malveillante et capricieuse.»

The God of the Old Testament is arguably the most unpleasant character in all fiction: jealous and proud of it; a petty, unjust, unforgiving control-freak; a vindictive, bloodthirsty ethnic cleanser; a misogynistic, homophobic, racist, infanticidal, genocidal, filicidal, pestilential, megalomaniacal, sadomasochistic, capriciously malevolent bully

(The God Delusion)

Vous, les plus ou moins jeunes des deux (sont maintenant rendus à trois) générations qui me suivez, vous devez quand même vous rappeler du temps ou votre Église et ses curées insistaient pour que vous alliez - sous peine de souffrance éternelles - communier le premier dimanche après la première pleine lune qui suit le 21 mars, c'est-à-dire entre le 22 mars et le 25 avril de chaque année... - Pourquoi de la pleine lune ? Réponse : pas nécessairement de la lune observée, mais de la lune dite ecclésiastique.... - Ecclésiastique ? Réponse : une notion en lien avec l'Église... - C'est ce qu'on appelait tourner en rond ou : "Tais-toi, je sais ce que je dis.» - Personnellement, je me souviens de cette Église qui n'a jamais réussi à m'expliquer pourquoi son Christ est né le 25 décembre, mais n'a pas été crucifié pour mes péchés à une date fixe, une des premières questions que je me suis posé à son sujet.

Faudrait à ces «curés à la mode», ces «prêtres à la page», ces «aimables abbés», ces gens «comme vous et moi» - ce que je ne manque pas de faire quand j'en ai la chance - rappeler que leur Église a, pendant plusieurs siècles (vous avez bien lu : siècles !) massacré tous ceux qui s'opposaient à elle, surtout lorsqu'ils lisaient la Bible ou, pire encore tous ceux qui voulaient la traduire en langue vernaculaire.

«Come on , comme on me dit souvent, t'es pas charitable. Apprécie au moins les efforts qu'elle fait depuis quelques années. »

J'apprécie, j'apprécie. Je n'ai pas l'intention d'être rancunier jusqu'à la fin des temps. Mettons que je fais autant d'efforts qu'ils en ont fait du temps des Croisades, des guerres de religions, de l'Inquisition... et je suis convaincu que d'ici une génération ou deux, nous leur aurons pardonné tout. - Tiens, par exemple, il y a longtemps que j'ai cessé de dire que les condoms sont une calamité pire que le SIDA.

Chose certaine - et dont je me suis douté du temps que j'étais servant de messe - l'Église a compris au cours des dernières années qu'il lui fallait reculer car, devant un laïcisme éclairé et les découvertes scientifiques, elle ne pouvait pu continuer comme elle le faisait sinon elle allait perdre tout, y compris non seulement son influence, mais sa face.

Simon

Un P.-S. :

Dernière et bonne nouvelle, compte tenu de ce qui s'y passe depuis que Trump y est, le pourcentage d'athées aux USA (ce qui comprend les cathos qui ne fréquentent plus leur Église) serait supérieur à trente pour cent !

Et une statistique :

Sur les grands malades qui visitent Lourdes depuis cent ans (80,000 par année depuis les années trente), 66 guérisons ont été déclarées miraculeuses ; 0.0002 %.

Simon

 

      Herméningilde Pérec


 Le titre

Le Professeur et celui qui a l'honneur de signer ces lignes en sont à leur septantième (et plus) rentrée et si les pompes et circonstances ont considérablement changé, c'est toujours avec le même optimisme que nous y avons participé. Directement ou indirectement.

Oh, les costumes ont changés. Les coutumes également.

Mais à l'UdeNap, nous n'avons pas de suprématistes blancs, ni de néo-nazis et n'avons certainement pas l'intention d'ériger un mur.

Herméningilde Pérec

 

       Copernique Marshall

 You know...

I keep thinking that I have very little opinion on anything. I'm a shrinking violet when it comes to proving my point and try to avoid conversations in which I have to ascertain things, not to mention debates. - The reason for this is simple : I'm more a believer in things that can be proven as opposed to proving things I believe in. Sort of a science guy who will do anything to demonstrate that any statement, theory or law is or are wrong as opposed to accumulating facts to demonstrate that a belief is right.

This usually puts me in all sorts of awkward situations because I keep asking questions when someone says anything : where did you hear this ? are your sure ? suppose it wasn't true ? can you trust that commentator, that magazine, that politician ? - And when one does that, one is automatically classified as being in the other camp.

What other camp ? 

All right I'm no George W. Bush who once said that between creationism and evolution, he wasn't too sure as «the jury was still out». - What jury ? Where ? (As Lewis Black retorted.) - But then asking an evolutionist where he gets his facts doesn't necessarily mean that I'm an creationists.

Let me put this another way :

I have problems with people who belong to the Flat-Earth Research Society, those who believe that a wall is necessary to keep Mexican out of the United States, the barroom experts who think that Trickle-Down Economy is a good idea and anybody who have voted for the same party for years when their party has changed its policies several times. No wonder I hang around with Simon.

Copernique

P.-S. 1 : BTW, go and read what Paul and I have worked on last month : Marcel Proust. Click HERE.

P.-S. 2 : And I know he won't mention it but check out Paul's new radio programs. Click HERE.

 

       Jeff Bollinger


Errata

Pas de moi, ni du Devoir, mais de Statistique Canada.

Vous vous en souvenez peut-être, mais le mois dernier, je me suis dit en désaccord avec un article de Guillaume Marois, démographe, paru dans Le Devoir du samedi-dimanche 6 août dernier. Cet article avait pour titre «Chronique d'anticipation de l'assimilation des francophones au Québec».

Voilà que j'ai lu par la suite, dans La Presse du 11 août, j'ai trouvé un entrefilet qui se lisait «Une erreur de Statistique Canada a fait bondir l'usage de l'anglais au Québec»

Le texte de cet entrefilet se lisait comme suit :

«Statistique Canada reconnaît qu'une erreur s'est glissée dans les plus récentes données du recensement de 2016 qui portent sur la langue. - Ces données dévoilées le 2 août faisaient état d'une nette progression de l'anglais dans plusieurs municipalités du Québec, ce qui avait fait réagir de nombreux intervenants.

Une semaine après la publication des chiffres, le président de l'Association d'études canadiennes, Jack Jedwab, s'était interrogé sur la fiabilité de
[ces] résultats.

Le quotidien a rapporté mercredi que plus de la moitié de la hausse de la population anglophone a été observée à l'extérieur de Montréal, dans des villes à forte majorité francophone, comme Drummondville, Trois-Rivières ou Shawinigan en vertu des données du recensement.

Dans un communiqué envoyé vendredi, Statistique Canada dit avoir constaté une erreur dans un programme informatique après un examen approfondi.

Les réponses d'environ 61 000 personnes aux questions du recensement portant sur la langue ont ainsi mal été classifiées...
»

Rien pour m'empêcher de penser que la langue française est appelée, comme toutes les langues, à disparaître, mais de là à lancer des cris comme ceux du journaliste du Devoir, à savoir «qu'en 2060, à l'exception des programmes de littérature, l'enseignement sera presque uniquement fait en anglais ; que la loi 101 sera abolie ; qu'en 2075, le terroir francophone n'existera plus.»...

En attendant :

Thomas. 14 ans cette année.

Pas très bon en français. pas mieux en anglais. Cinq étoiles en mathématiques, en géographie et en ce qu'on peut enseigner en sciences à son High School.

Son professeur me disait qu'il n'était pas «dissipé» (sic), mais qu'il avait l'air de trouver sans intérêt tout ce qui concerne les langues ou la culture en général. - J'ai pensé à cette boutade d'un vieux professeur qui disait qu'il ne fallait pas désespérer des élèves qui n'écoutent pas en classe et qui préfère regarder par la fenêtre : «Qui sait ? disait-il. Ces inattentifs feront peut-être, plus tard, de grands naturalistes.»

J'ai passé, moi !, deux heures samedi dernier à lui enseigner la vitesse de la lumière, la relativité (laissez-moi, au moins terminer ma phrase !) entre quelqu'un qui regarde et celui qui se déplace ; que les deux pouvaient se considérer immobiles alors qu'ils pouvaient être tous les deux en mouvement.

Ma surprise ? je ne savais pas que j'en connaissais autant.

Thomas rêve d'avoir un télescope. - Lui dire que s'il s'augmente ses notes en français, il se pourrait que... - Non.

Élyanne a raison : nos enfants, ils faut les aimer. Ce dont ils ont de besoin, ce ne sont pas des choses, mais de l'attention.

Et un télescope !

Mais parlant d'éducationnement...

Matisse. Dix ans, déjà, cette année. Dans six, sept ans, elle voudra suivre des leçons de conduite.Dans huit ou neuf, elle en sera à ses premiers amours. Dans sa tablette, elle tient déjà un journal qu'elle a su mettre dans un fichier protégé...  par un mot de passe ! Et mes premiers cheveux gris qui se pointent.

Je me demandais quand même ce qu'on enseignait dans les écoles aujourd'hui.

Lui a-t-on appris à dessiner ? Non. - Lui a-t-on appris le solfège ? Non. - Lui a-t-on enseigné les rudiments de la cuisine, de l'hygiène ? - Non. Lui a-t-on appris ce qu'on appelait, à mon époque, la politesse, la bienséance ? - Non. - J'imagine que tout cela a été depuis des années balancé du côté des parents. - Je n'ai pas cent ans, ni même cinquante et pourtant, cela faisait partie de ce qu'on m'enseignait à l'école... dans mon temps.

Le problème, c'est que, dans une famille moyenne, au Québec (s'il en existe encore !), tous les parents ne savent pas nécessairement dessiner ou lire une partition, balancer un compte de banque, remplir un bordereau, ce en quoi consiste un bail, une hypothèque et, à en juger par certains jeunes obèses, mal habillés et insolents, je ne sais pas si l'on devrait pas faire suivre de vrais cours de préparation au mariage ou faire passer des examens à ceux qui désirent avoir des enfants. Quant aux tatouages, aux nez, joues et lèvres percés...

Je ne tiens pas à bouleverser le monde, mais je pense que, dans quelques années - quelques mois à la vitesse où les choses se déroulent - je serai devenu un Simon de la famille des Popp.

Jeff

 

En beau maudit la semaine dernière.
Contre mon chum.
Et là je ne sais plus quoi lui dire.

Tout ça à cause de la mort de la mère de ma grande amie. - Il la connaissait, pourtant. - Sauf qu'il a refusé de se rendre à ses funérailles. - Oh, l'engueulade qu'on a eu ! - Puis le lendemain ou le surlendemain, je ne m'en souviens plus, je me suis enfermée dans la salle de bain pour pleurer comme une folle.

Il avait sept, peut-être huit ans, quand une amie de sa mère appris que son frère était décédé et qu'elle devait, de Québec, se rendre à l'hôpital St-Luc, à Montréal, pour l'«identifier». Train, gare, tramway - c'était l'été - lui, sa mère et son amie se pointent rue St-Denis, angle De Montigny où ils furent dirigés au sous-sol de l'immeuble dans une salle où il y avait une douzaine de portes avec de drôle de poignés le long d'un mur. Et voilà que le préposé en ouvre une, fait glisser un tiroir ou se trouve une forme recouvert d'un drap. Il en soulève un bout et dévoile le visage de celui qu'il avait si souvent vu à la maison. «Nous avons voulu lui donner une sorte de sourire...» furent les dernières paroles qu'il entendit.

Plus tard, il avait quinze ou seize ans, il était à l'étage de l'établissement où il travaillait les week-ends, En train de luncher lorsqu'il entendit le bruit d'une personne qui courrait dans l'escalier. Puis le bruit d'une chute. Il se leva pour aller voir ce qui se passait et vit un des employés de la boucherie appuyé sur un mur se tenant le bas du ventre où jaillissait du sang comme d'une fontaine. C'était un jeune à peine plus âgé que lui qui, en coupant une pièce de viande, s'était accidentellement perforé l'estomac. Il le regarda et en l'espace de quelque secondes, il constata que ce pauvre apprenti-boucher venait de rendre l'âme. Des gens arrivèrent en trombe. Puis l'ambulance, la police, l'enquête.... Finalement, on lui dit de rentrer chez lui car il n'avait pas l'air bien.

Des années plus tard, lorsque son père mourut, il refusa de s'approcher de son tombeau, mais se rendit quand même au salon funéraire où, au fumoir (ça existait à l'époque), il entendit les gens parler de la partie de hockey de la veille, de politique... certains riaient, même.

N'est jamais allé à des funérailles depuis ce moment-là.

Puis à des réunions «en l'honneur de»... 

Il finit par ne plus aller voir des mourants, ni des malades dans des hôpitaux.

Et puis ce fut le tour des églises.

Depuis qu'il m'a raconté tout ça, je ne sais plus quoi lui dire.

Et encore, vous auriez dû voir l'air qu'il avait quand il m'en a parlé

Georges

 

        Fawzi Malhasti


Texte choisi

Le temps perdu

Si peu d'oeuvres pour tant de fatigue et d'ennui !
De stériles soucis notre journée est pleine :
Leur meute sans pitié nous chasse à perdre haleine,
Nous pousse, nous dévore, et l'heure utile a fui...

"Demain ! J'irai demain voir ce pauvre chez lui,
"Demain je reprendrai ce livre ouvert à peine,
"Demain je te dirai, mon âme, où je te mène,
"Demain je serai juste et fort... pas aujourd'hui."

Aujourd'hui, que de soins, de pas et de visites !
Oh ! L'implacable essaim des devoirs parasites
Qui pullulent autour de nos tasses de thé !

Ainsi chôment le coeur, la pensée et le livre,
Et, pendant qu'on se tue à différer de vivre,
Le vrai devoir dans l'ombre attend la volonté.

Sully Prud'homme
Prix Nobel de littérature - 1901

Fawzi

 

         De notre disc jockey - Paul Dubé


Bob, né Zimmerman

Difficile à croire, mais l'album John Wesley Harding de Bob Dylan a eu, cette année, cinquante ans.

Bon, oui, OK, certains lui préféreront son Blonde on Blonde, publié deux ans auparavant, mais à éouter ce qui suit, je ne sais pas si je vais retourner à Sad Eye Ladies of the Lowland ou à son Like a Rolling Stones...

Cliquez sur la note : Second

Note : pour nos suggestions et enregistrements précédents, cliquez ICI.

paul

Book Review - Lectures


As I Lay Dying - Tandis que j'agonise
William Faulkner
( Publié à l'origine en 1930 chez Cape & Smith Inc.)
( Traduit en français par Maurice Edgar Coindreau - Gallimard 1934)

 

Un livre comme As I Lay Dying (ou Tandis que j'agonise) rappelle invariablement des choses comme  Les chants de Maldoror de Lautréamont, Une saison en enfer de Rimbaud, divers romans dits «gotiques» ou russes et même Ulysses et  Finnegan's Wake de Joyce. - De ce genre de littérature découlent invariablement suffisamment de quoi occuper pendant des vies entières des recherchistes, des essayistes, des professeurs de littérature et tous les critiques vivants ou à suivre.

La preuve réside dans la longueur démesurée des commentaires que l'on a fait et que l'on continue de faire sur eux, ne serait-ce que sur certains de leurs passages. J'ai, ici quelque part, par exemple, une étude de 300 pages sur le premier chapitre (!) de Finnegan's Wake et je n'ose plus penser aux livres que j'ai lu sur Proust, sur ses amis, sa servante et son chauffeur (sans compter sa fascination pour les objets de verre). Et, en écrivant cela, je me suis rappelé de Feydeau dont les intrigues des pièces étaient si compliqués que les critiques chargés de les résumer en étaient à deux colonnes à la fin du premier acte alors que leurs journaux leur en avaient allouer qu'une demi.

Aussi, je ne fus pas surpris de constater que, dans la dernière édition (en anglais) de As I Lay Dying (chez W. H. Norton, 2010) le texte de Faulkner (de 150 pages - son manuscrit n'en avait que 107) soit accompagné de 230 pages de critiques diverses sur : le contexte dans lequel Faulkner a rédigé ce «roman», certaines opinions émises sur sa valeur lors de sa sortie, des articles sur le contexte culturel dans lequel il a été publié et, naturellement, d'une introduction, de notes sur le texte lui-même, d'un bibliographie et d'une chronologie. - De ces documents, j'en ai retenu quelques remarques, mais auparavant, je voudrais préciser ceci :

1 - Écrire en français sur un livre que j'ai lu en anglais n'a pas été une de mes idées les plus brillantes des derniers mois ; sauf que, As I Lay Dying ou Tandis que j'agonise n'a pas été écrit en anglais, mais en américain ; et par n'importe quel américain : celui parlé par les péquenauds (hillbillies) du sud des États-Unis à une époque où peu de gens savaient à peine lire. Hillbillies ? - En voici quelques exemples :

                     


2 - Ainsi, si vous avez de la difficulté à comprendre - ne serait-ce qu'un peu - l'anglais, je vous conseille de passer directement à sa traduction française, quitte, après une lecture attentive à vous tourner vers l'anglais pour apprécier les qualités premières du texte original qui résident dans son style, ses tournures de phrases, son vocabulaire et la musique (sic) qui se dégage de ses dialogues.

Le fond est simple :  Une femme, mère de famille, se sait mourante. Elle demande à un de ses fils de lui construire un cercueil et à son mari de l'inhumer avec les siens à une trentaine de kilomètres d'où elle vit. La forme, cependant, ne l'est pas du tout :

Entrent en scène divers autres personnages : un médecin, un pasteur (qu'on apprend être le père d'un des enfants de  cette femme), une voisine (et son mari), ses trois autres enfants, un aide, des gens rencontrés en cours de route, etc. Chacun écrit son chapitre, dans sa langue (différente des autres) et, forcément, de son point de vue. Son mari, par exemple, pense au dentier qu'il pourra se procurer là où il s'en va. Sa fille, enceinte, cherche la drogue qui réglerait son «problème». Un de ses fils se brise une jambe en cours de route. Le dernier, le plus intelligent de tous finit par être enfermé dans une asile d'aliénés et ainsi de suite.. Quinze rédacteurs, cinquante-neuf chapitres aux longueurs variées. Un, par exemple, est un long monologue qui rappelle ceux de Mrs. Dalloway (Virginia Woolf ) ou de Molly Bloom (Ulysses de James Joyce), un autre qui ne contient non pas une phrase, mais un début de phrase :

      It wasn't on a balance. I told them that if they wanted it to tote and ride on a balance, they would have to

     (Il n'était pas d'aplomb. Je leur ai dit que s'ils voulaient le transporter d'aplomb il faudrait)

Le tout, dans une sorte d'épopée d'où l'on sort bouleversé. ; bouleversé par ces êtres illettrés, sans culture, pauvres, misérables qui se défendent devant la vie avec le peu de moyens qu'ils ont à leur disposition et qui ont des aspirations vers des vies dont vous et moi considéreraient comme sous le seuil d'une extrême pauvreté de laquelle il leur faudra des générations à s'extirper.

***

Carson McCullers, dans un article paru en juille 1941 dans Decisions 2 mentionne à propos de As I lay Dying qu'il y avait dans ce roman qu'on a, à l'époque qualifié de «gotique», une certaine cruauté qu'il associait non pas à ce genre de littérature, mais à la littérature russe du siècle précédent où la vie avait peu de valeur.

Je n'ai pas trouvé. Ni n'ai trouvé un côté «comique» à cette histoire abracadabrante. Qu'un réalisme difficile à supporter. - Comparable à celui de l'Andréj Rublëv d'Andrei Tarkovski, mais sans la scène finale.

À ne lire que pour la forme et le style.

 Tout à fait grandioses (les deux).

Copernique

L'extrait du mois


William Faulkner
Tandis que j'agonise

Préface de Valéry Larbaud (1934)

Voici un roman de moeurs rurales qui nous vient, dans une traduction bien faite, de l'Étal de Mississipi où l'auteur, M. William Faulkner, naquit en 1897 et réside. Tandis que j'agonise présente certainement plus d'intérêt et possède, à mon avis, une beaucoup plus haute valeur esthétique que la grande majorité des livres parmi lesquels la librairie doit, pour la commodité du public, le ranger, c'est-à-dire sous l'étiquette « romans paysans ».

D abord, il nous décrit avec puissance et netteté des paysages, des conditions d'existence et des groupes humains d'une région des États-Unis que la littérature a jusqu'à présent assez rarement exploitée: la partie d'un État du Sud située à peu près à égale distance de l'Atlantique et du Golfe du Mexique et dont les principaux produits sont le coton et le maïs. Le climat est méridional et continental; c'est bien le Sud, mais un Sud encore assez éloigné de la mer des Antilles, de la région deltaïque du Mississipi que Paul Morand nous fait entrevoir à la fin de sa nouvelle intitulée Bâton-Rouge.

Le lecteur ne manquera pas d'être frappé du caractère purement agricole de ces vastes campagnes, de l'absence des grandes villes, de la mauvaise organisation des voies et services de communication, et du peu de densité d'une population de propriétaires cultivateurs dont la vie semble être beaucoup plus pénible que celle de la plupart des ruraux, fermiers et métayers, de l'Europe centrale et occidentale. Le contraste est grand entre ces États-Unis et ceux que nous montrent les romans dont l'action se déroule en Nouvelle-Angleterre, en Virginie, dans le Centre et dans l'Ouest.

Mais ce n'est pas dans cette teinture que réside tout le mérite de cet ouvrage. Les personnages de M. William Faulkner ont une qualité et une vérité humaines qui nous touchent plus profondément que l'exotisme de leur milieu. Anse Bundren et son voisin Vernon Tull, si misérables et dégradés qu'ils puissent à première vue nous paraître, sont des hommes dont les sentiments ne peuvent pas nous être indifférents, étrangers. Ce sont des chefs de famille à la manière « aryenne », des descendants d'émigrés européens, et il ne nous est pas difficile, dès que nous nous sommes familiarisés avec eux, de nous mettre à leur place et de partager imaginairement leur vie, leurs peines, leurs pauvres joies, leurs préoccupations.

Du reste nous pouvons, sans aucune intention de parodier le sujet de ce roman, le transposer en un épisode de caractère épique: l'épisode des obsèques de la reine (homérique) Addie Bundren, conduites selon ses dernières volontés par son époux Anse et par les princes leurs enfants : l'aîné Cash le très habile charpentier, boiteux comme Héphaïslos; Darl en qui un esprit de démence et de prophétie habite; Jewel, cru fils d'Anse, en réalité le « vivant mensonge », le fils adutérin d'Addie et du Devin (entendez le Révérend) Whitfief; et le dernier-né, Vardaman, un enfant, et la princesse Dewey Dell, âgée de dix-sept ans, qui porte en ses flancs le fruit de ses amours clandestines avec un bel « étranger », Lafe, ouvrier venu de la ville pour aider à la récolte du coton (son prénom semblerait indiquer une origine scandinave : Leif ?).


Valéry Larbaud

La reine Addie Bundren, la Mère, a voulu que son cercueil fût construit sous ses yeux par Cash et que ses restes fussent conduits, sur la charrette familiale, entourés de tous les siens, à la « ville », à Jefferson, où ses parents sont enterrés. Et le roi Anse, le faible, le paresseux, le têtu Anse, - Ulysse paysan dont toute la ruse consiste à exploiter la pitié que sa faiblesse et ses défauts mêmes inspirent à ses voisins, à ses enfants, à tous ceux qui l'approchent, - Anse lui a donné sa parole qu'il serait fait ainsi.

Et tout l'épisode, à partir du moment où Addie rend le dernier soupir, n'est que le récit de ces étranges et interminables obsèques, du lent voyage de ce cercueil troué (on verra par qui et pourquoi) au long des mauvaises routes ravagées par un orage récent, à travers des rivières dont les ponts vermoulus viennent d'être emportés par les eaux, avec des haltes dans les granges, dans les fermes, sous un dur ciel de juillet et l'escorte aérienne des rapaces appelés par 1'odeur du cadavre, - jusqu'à l'arrivée à la ville où la dépouille de la reine Addie est déposée dans sa tombe, et où le roi Anse, ayant allégé sa famille du prince Darl qu'on expédie à l'asile d'aliénés de la capitale, et s'étant fait poser le râtelier qui lui permettra, - son rêve depuis des années, - de manger la nourriture que Dieu a faite pour tous les hommes, trouve aussitôt à remplacer sa reine défunte par une nouvelle Mme Bundren.

Autour de cet épisode central se groupent très naturellement des situations anecdotiques, actuelles les unes, les autres rétrospectives et biographiques: la construction du cercueil; la visite in extremis du médecin; l'adultère d'Addie et sa pénitence; comment Addie et Anse se sont connus et fiancés; comment Jewel a pu, sans argent, acheter un cheval; la confession manquée du Rév. Whilfield; et « le vertueux pharmacien de Molison »; et les progrès de la folie chez Darl; et l'aventure, digne sujet d'un conte de Boccace ou de La Fontaine, de Dewey Dell avec l'étudiant en pharmacie...Et à côté de la transposition en Épique, l'imagination du lecteur se trouve assez sollicitée pour inventer une transposition en dramatique: autour du roi et des princes, voici le choeur avec ses coryphées: Vernon Tuil côté des hommes et la pieuse Cora Tull du côté des femmes, les voisins et les voisines, les familles qui donnent asile au convoi funèbre, les gens rencontrés sur la route et, aux approches de la « ville », quelques noirs.

On peut, d'après ces brèves indications, concevoir à quel point la complexité de la vie est minutieusement et intensément représentée dans ce livre, et avec quelle précision les figures des personnages sont dessinées. Et cela nous amène à considérer la forme donnée par M. William Faulkner à ce roman. Elle est telle qu'on peut dire qu'il a joué le tout pour le tout : elle exige deux lectures très attentives, même d'un lecteur familiarisé avec le monologue dramatique de Robert Browning et le monologue intérieur d'Édouard Dujardin, d'Arthur Schnitzler et de James Joyce. Cet effort nécessaire peut rebuter le simple curieux, l'homme qui ne demande aux ouvrages d'imagination qu'un délassement. Tandis que j'agonise veut être regardé, considéré dans ses détails, examiné de près, étudié. Et pour le bien goûter et l'apprécier, il faut que le lecteur, arrivé disons à l'arrestation de Darl, songe aussitôt à la déception sentimentale d'Eula Tull lorsque celle nouvelle lui parviendra. « Il n'épousera pas Eula Tull. »

L'emploi du monologue intérieur dans les romans américains de langue anglaise est certainement une conséquence de la publication de l'Ulysse, de James Joyce; mais son introduction avait été préparée, comme dans la prose anglaise, par des monologues dramatiques. Dans les Ballads de Bayard Taylor, les deux pièces intitulées The Quaker Widow et The old Pennsylvania Farmer, montrent, tout comme les monologues de Robert Browning, par quelle extension d'usage le monologue intérieur en prose, ce nouveau moyen de « mettre la chose sous les yeux », est sorti du monologue dramatique. (On peut comparer, à ce point de vue, les chapitres intitulés « Addie » et « Whitfield » à ces deux morceaux de Bayard Taylor.)

Du reste, le traitement de celte forme par M. William Faulkner lui est assez personnelle: il suggère l'image d'une machine à lire et à projeter la pensée, d'une sorte de réflecteur, que le romancier braquerait sur chacun de ses personnages à tour de rôle. Il convient de dire aussi que ce procédé n'est pas systématiquement employé par notre auteur: un de ses plus récents romans, Sanctuary, est écrit sous la orme narrative.M. Maurice Coindreau, qu'on doit féliciter d'avoir mené à bien une tâche épineuse, a fait sagement en ne cherchant pas à rendre les caractéristiques du patois que parlent les personnages de Tandis que J'agonise. Ce patois peut être curieux pour le lecteur de langue anglaise (le verbe to aim y joue le rôle d'un auxiliaire), mais ce n'est guère qu'un anglais dégradé, entaché de négligence et de mauvaises habitudes, qui nous a paru plus difficile que savoureux, bien qu'il reflète les conditions d'existence de ceux qui le parlent et soit bien dans l'atmosphère du livre.

D'autre part, on jugera peut-être que la langue des monologues intérieurs comporte des passages en style soutenu et souvent d'une grande beauté qui détonnent parmi la simplicité d'allure et la gaucherie voulue, de narration scolaire, qui compose le fond du langage pensé de la plupart des personnages. Mais il convient de remarquer que ces ruraux possèdent une culture littéraire qui, toute rudimentaire qu'elle soit, est de haute origine: formée de bribes et de morceaux des deux Testaments, d'hymnes basées sur les Psaumes, et du commentaire clérical de la secte protestante à laquelle les Bundren et leurs voisins appartiennent, il n'est pas surprenant qu'elle leur permette de trouver parfois, et spontanément, le ton de l'épopée et de la prophétie.

Il faut souhaiter que le succès obtenu en pays de langue française par celle version de As I lay dying engage l'éditeur à publier une traduction de Sanctuary.

Valery Larbaud.

 

Le courrier


M. Wlodomir de la Sainte-Croix-Brisey

Monsieur, comme le soulignait George Carlin :

«Qu'est-ce que c'est que cette folie de vouloir sauver la planète ?

La planète va très bien. Les gens qui l'habitent, ah là, c'est une autre histoire ! Comparée à eux, la planète est en pleine santé. Elle est là depuis quatre milliards d'années et demi. Nous ? Nous sommes là depuis quand ? Cent mille ans ? Deux cent mille ans ? Et nous sommes passé à l'âge industriel que depuis deux cents ans. - Pensez-y : deux cents ans versus quatre milliards et demi... - Et nous sommes là à penser que nous sommes une menace pour elle.

Hé : la planète a passé de bien pires moments que ce que nous pouvons lui imposer. Elle a connu des séismes, des éruptions volcaniques, des mouvements de plaques tectoniques, des déluges, des tempêtes de toutes sortes, des éruptions solaires... Des centaines de millions d'années de chutes de météorites, d'astérides, de comètes ; elle a été soumise à des rayons cosmiques ; elle a connu des feux de forêts, des périodes glaciaires, des déluges, des glissements de terrains... - Et nous pensons qu'avec nos sacs en plastiques et nos cannettes en aluminium...

La planète continue son petit chemin, Nous, c'est différent. Peut-être que nous pourrions penser à faire nos malles car nous ne laisserons pas grand chose. Du polystyrène, peut-être, mais qui sait ? Peut-être que notre planète, un jour, s'est dit : "Tiens, du polystyrène. me semble que ça pourrait m'être utile....
»

Mr. Absalon la Coupe

Les deux :

Duce                         ou                      Chief

Ms. Naphatalie de la Senteur-Dubois

Un Excel en chiffres romains pour historiens. 

M. Jérémie Pilate de la Flute-Abeck

Taylor Swift

 

Cette édition du Castor est dédiée à :



Réjean Ducharme
(1941-2017)
 

c

 

«Ne lisez pas 
comme les enfants lisent, pour vous amuser,
ni comme les ambitieux lisent, pour vous instruire. 
Non. 
Lisez pour vivre !»

Gustave Flaubert.

 

Webmestre : France L'Heureux

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