«Photius, oh Photius ! Ton nom aurait dû se lire
Fastidius !»
Quelques regards sur la pensée parallèle des moines
contestataires de Moravie lors du
Grand Schisme d'Orient.
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(A. Talon et M. Regnier - Dargaud, 1964).
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Issu d'une grande famille alliée à la famille
impériale byzantine, Photius ou Photios, né à Constantinople en 820 et décédé
au même endroit en 895, fut d'abord professeur puis secrétaire d'un des grands
personnages de la cour de Michel III dit l'Ivrogne (838 - 867, empereur
byzantin de 842 à 867).
En 858, il fut désigné par le régent Bardas pour remplacer le patriarche Ignace (qui venait de l'excommunier) sur
le siège de Constantinople. - Au Concile qui eut lieu dans cette même ville,
trois ans plus tard, les légats du pape (Nicolas Ier) ratifièrent cette
nomination mais, au Concile de Rome, deux ans plus tard, Nicolas Ier
désapprouva leur décision. - Appuyé par le nouveau basileus, l'Empereur Michel
III dit l'Ivrogne, toujours sous l'influence de Bardas, Photius réagit en
envoyant les futurs saints Cyrille et Méthode évangéliser la Moravie
(en 863) puis, ayant derrière lui l'appui de de l'épiscopat grec, il fit
excommunier Nicolas Ier lors d'un Concile tenu à Constantinople (encore une
fois) en 866.
Lorsque mourut Michel III, en 867, peu
après l'assassinat de Bardas, en 866, son successeur, Basile Ier, fit
déposer Photius et le remplaça à nouveau par Ignace qui, contre toutes
attentes poursuivit l'oeuvre missionnaire de son prédécesseur en sacrant un
évêque bulgare.
Le pape Nicolas Ier étant mort à son tour (en 867),
le successeur de son successeur, Jean VIII, envoya en 877 de nouveaux
légats à Constantinople où, Photius, rentré en grâce, à la mort d'Ignace (en
877 également), était à nouveau redevenu patriarche.
Approuvé par Jean VIII (décédé en 882) et par ses
successeurs (Martin Ier, Adrien III et Étienne V),
il le demeura jusqu'à la mort de Basile Ier et l'accession au trône de Léon VI dit le Philosophe (866 - 912, empereur byzantin de
886 à 912).
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C'est à ces différents entre Rome et Constantinople
qu'on attribue l'origine du Grand Schisme d'Orient qui aboutit, en
1054, par l'excommunication du pape Léon IX par le patriarche Keroularios et l'excommunication de Keroularios par Léon IX.
(À noter que ces exclusions mutuelles ont été levées
en 1965 mais l'union entre les deux Églises n'a pas encore été rétablie.)
Voir également la note 202 à Papes pour le Grand Schisme d'Occident.
Ont été, parmi les personnages précités, déclarés
saints :
Ignace, Nicolas Ier (dit Nicolas le
Grand) et Adrien III.